Chapitre III, les questions controversées I La « coopération » de Marie au salut et le rapport de la grâce à la liberté 1 La conviction catholique [207] Les Catholiques affirment que Marie a « coopéré » au salut de l’humanité. Utilisation abusive par les théologiens de termes « co-rédemptrice », et de médiation a propos de Marie. Ce qui donne à penser que le rôle de Marie est du même ordre que celui de Jésus. [213] Utilisation depuis Vatican II du terme de coopération qui signifie que Marie n’a rien ajouté au salut. Marie intervient en vertu de la grâce du salut qu’elle a reçue comme tous les autres croyants. Marie est rachetée au même titre que chacun de nous. 2 La conviction protestante Pour les protestants le Christ est le seul sauveur. Le terme « coopération » pour les protestants véhicule l’idée d’une collaboration sinon à égalité entre le Christ et Marie, ce qui est réfuté. Notion de rôle indépendant de Marie. 3 Vers une réconciliation [226] Les protestants devraient comprendre par « coopération » que Marie a coopéré par la réponse de sa foi comme tout être justifié a travers son obéissance, sa maternité et toutes ses œuvres de servantes. [La croix] Le groupe des Dombes fait jouer deux principes désormais acquis : la justification par la grâce moyennant la foi, principe intangible pour les protestants ; … ceci a permis un accord substantiel sur la « coopération » de Marie a l’œuvre du Salut : Marie y intervient non pas du coté des sauveurs mais des sauvés. II La virginité perpétuelle de Marie et la mention des frères et sœurs de Jésus dans les évangiles Virginité perpétuelle : vierge toute sa vie compréhension large par les catholiques du terme « frères et sœurs » Ne remet nullement en cause notre foi commune au Christ (car celui-ci est premier né de la vierge). L’étonnement (voire le scandale) de certains Orthodoxes et catholiques lorsque l’on donne au sens strict des frères et sœurs de Jésus vient de leur conviction de foi en la virginité perpétuelle de Marie. L’église de la reforme prend acte de ce point de vue et estime qu’on ne peut fonder une affirmation de foi certaine sur une attestation scripturaire incertaine. La virginité perpétuelle de Marie pourrait garder un sens spirituel a ne pas écarter, en tout état de cause, la distinction entre les données de l’histoire et la conviction de la foi est à respecter. III Les dogmes catholiques de l’Immaculée Conception et de l’Assomption Définition : Immaculée Conception : Marie est née indemne du pêché originel (avant le péché originel, ni mal ni mort) Assomption : Marie a été enlevée - en corps et en âme - a la gloire céleste (Orthodoxes parlent plutôt de dormition) 1 Difficultés communes aux deux dogmes Les chrétiens de la réforme mettent souvent en avant que ces deux dogmes n’ont aucun fondement biblique explicite Problème concentré de la normativité du témoignage scripturaire Orthodoxes reconnaissent Assomption (en tant que dormition), pas du au fait de sa conception mais par ce qu’il lui a été accordé de ne pas se laisser dominer par la nature pécheresse. Les Orthodoxes refusent les deux dogmes et la façon dont ils ont été établis 2 Rappels historiques Immaculée conception [7eme siècle] Marie a été rachetée par le Christ en étant préservée du péché originel en prévision des mérites de son fils. [14eme siècle] vives débats, interdiction de qualifier d’hérétique l’une ou l’autre des positions (quant à l’Immaculée conception) Fervent culte marial [17eme siècle] le magistère approuve le culte de l’Immaculée conception sans pour autant l’imposer [1854, dogme] Pie IX, définition de Immaculée conception, qui correspond au retour de la dévotion mariale au 19eme siècle (précédé par une consultation mondiale de l’épiscopat, large majorité) Assomption [Concile d’Ephèse, 431] premières discussions sur le destin final de Marie. [6eme siècle] la fête de la mémoire de Marie devient la fête de la dormition, suggère une mort spéciale et que Marie ne vit pas la mort. [8eme siècle, 254] la tradition d’Orient parle la première de l’Assomption en même temps que la mort de Marie, ils affirment que son corps (qui a porté virginalement le verbe incorruptible de Dieu) n’a pas pu connaître la corruption de la mort charnelle [Moyen âge] débat de l’Eglise d’occident (à partir des traditions orientales) autour de deux textes apocryphes (Jérôme : considère que l’assomption corporelle de Marie comme trop aventureuse pour être tenue comme vérité de Foi, Augustin : se réfère aux légendes et justifie cette Assomption corporelle par des arguments spéculatifs) [1950] seul écrit magistériel, publié par Pie XII 3 Réflexions théologiques sur l’Assomption problématique de l’Église reformée Assomption n’est pas attestée par l’écriture Est comprise comme un don exclusif de Dieu a Marie, ce qui semble arracher celle-ci a la condition humaine Il est curieux qu’une affirmation appartenant à la foi n’aie pas reçu de promulgation avant le 20eme siècle problématique de l’Église romaine malentendu sur la compréhension du dogme risque de confondre l’Assomption avec l’ascension risque d’être associé à la croyance selon laquelle la vierge n’aurait pas connu la mort Pour une meilleure compréhension de l’Assomption [264] l’Assomption que Marie, non pas par mérite personnel mais en vertu de la grâce divine a déjà connu la destinée finale de ceux qui appartiennent au Christ et sont ressuscités en lui. Si l’Assomption n’est explicitement reconnue qu’à Marie, elle n’en signifie pas moins l’accomplissement d’un salut qui n’est pas réservé a elle seule mais que Dieu souhaite communiquer à tous les croyants 4 Réflexions théologiques sur l’Immaculée Conception Les données du problème [267] les protestants pensent que la préservation du pêché originel n’était pas nécessaire pour que Marie puisse prononcer son Fiat. L’Immaculée conception est en contradiction avec la révélation biblique. Pour les protestants, il faut que la mère du sauveur ait été marquée de la faute originelle. [268] les catholiques admettent que Marie a été préservée du pêché originel dès sa conception Les éléments de consensus [269] les 2 Eglises reconnaissent et honorent la souveraineté du Christ [271] les 2 Eglises reconnaissent que Marie a vécu la condition de l’homme [270] Dieu a fait don de sa grâce à Marie [272] Les catholiques admettent que le Fiat de Marie lors de l’annonciation n’est possible que moyennant la grâce Dieu. Ils peuvent justement présenter l’Immaculée conception comme une expression radicale de sa grâce par laquelle il a plu à Dieu dès le commencement de donner ce qui permettrait à Marie d’acquiescer au dessein du Seigneur. Les protestants reconnaissent que le don de la grâce ne dispense pas Marie de répondre librement et activement à la volonté. L’Immaculée conception n’a pas pour effet d’arracher Marie à la condition humaine mais plutôt de la préparer à pouvoir un jour, comme toute créature rachetée, apporter sa réponse active à l’initiative de Dieu. Les divergences qui demeurent [273] Les reformes ne reconnaissent pas que Marie ait été conçue exempte du pêché sinon comment aurait-elle pu être touchée par la grâce si elle n’avait pas fait l’expérience du pêché. [274] Pour Les Catholiques, Marie a été préservée du pêché des le premier instant « par pure grâce » parce qu’elle était appelée à devenir la mère du sauveur. Cette vision dépasse toute nécessité logique, elle est de l’ordre de l’excès divin. Conclusion [275] Les Catholiques reçoivent et inscrivent les dogmes dans la hiérarchie des vérités en fonction de leur apport avec le centre même de la foi chrétienne. Les protestants pensent en revanche que ces dogmes n’aident pas à mieux comprendre l’essentiel de la foi et qu’ils donnent souvent lieu a une dévotion sans lien direct avec l’Evangile. IV L’invocation de Marie et des saints Les données du problème [277] Le contentieux entre catholiques et protestants demeurent au sujet de la prière de Marie comme prière par Marie c’est a dire l’invocation adressée a Marie pour qu’elle intercède en notre faveur auprès de Dieu. [279] « Je voudrais qu’on évacue totalement le culte de Marie seulement à cause de l’abus qu’on en a fait » (Luther) [283] Les Catholiques reconnaissent qu’il y a eu des abus, ils l’ont nommée la quatrième personne de la sainte trinité et même la déesse de la foi catholique sans jamais être combattu avec la netteté qui s’imposait Les éléments de consensus Il faut avec les écritures vénérer, c’est-à-dire, aimer, respecter, honorer la vierge Marie et louer Dieu pour elle et louer Dieu pour elle Les divergences qui demeurent Au moment de l’invoquer : la tradition protestante lui refuse tout rôle d’intercession tandis que les catholiques se confient à son intercession maternelle et lui disent quotidiennement « Priez pour nous, pauvres pêcheurs » Conclusion [287] La prière à et par Marie doit demeurer comme et avec Marie c’est-à-dire Marie n’intervient pas du côté du sauveur mais des sauves À Marie -> comme Marie (Marie modèle des chrétiens) Par Marie -> avec Marie Chapitre IV, pour la conversion des Églises [289] du coté protestant, on reconnaît qu’une droite confession du Christ exige une parole sur Marie, au nom même de l’incarnation, ??? I la conversion catholique 1 Une conversion d’attitude [291] Les catholiques doivent tenir compte des jugements sévères des théologiens protestants. Même s’il ne s’agit pas d’aligner les sensibilités spirituelles, ce regard oblige à un approfondissement. [292] dans l’église catholique, Marie assume un triple rôle : proximité (mère attentive a tous ses enfants), défense de l’identité culturelle (célébrée sous les traits de chaque peuple), rôle de protection et guérison. Il faut éviter qu’une déesse mère ne se cache sous les traits de la mère de Dieu. [293] dialogue au sujet de Marie très avancé aux Etats-Unis, pas encore commencé avec les Orthodoxes. [294] les théologiens catholiques ont eux-aussi une grande responsabilité dans la manière de présenter le rôle de Marie dans la foi chrétienne. Il serait souhaitable de renoncer a toute « mariologie » mais il faudrait retrouver une « théologie mariale », intégrée au mystère du Christ de l’Eglise (+ critique de certains livres). 2 Une conversion doctrinale coopération [295] clarification sur la « coopération » de Marie, permet d’aboutir a une communion dans la foi les deux dogmes catholiques récents [296] l’Eglise Romaine s’est engagée par ses propres convictions et déclarations ; elle doit donc reconnaître que ces deux dogmes ne peuvent être obliges aux autres chrétiens. (2eme partie pas claire). [297] ce qui n’a pas été un problème de foi mais d’opinion théologique dans l’Eglise pendant 19 siècles ne saurait être estime au XXeme siècle comme un point séparateur [298] accord : l’Eglise catholique ne ferait pas l’acceptation de ces deux dogmes un préalable à la pleine communion entre les deux Eglises. Elle demanderait seulement aux partenaires avec qui elle renouerait cette communion de respecter le contenu de ces dogmes, de ne pas les juger contraire à l’Evangile ni à la foi, mais de les considérer comme des conséquences libres et légitimes d’une réflexion de la conscience catholique. La virginité perpétuelle [302] Est-ce que l’acceptation de la virginité perpétuelle de Marie est un obstacle à une appartenance à la même Eglise, ils pensent que non mais il faut aller plus avant sur ce point. 3 Une conversion du culte marial Les orientations [303] la difficulté de la conversion catholique vient de ce que l’authentique doctrine catholique aurait du éviter les excès de la dévotion mariale. Le concile de Vatican II a présenté cette dévotion comme un fruit de la foi et non l’inverse ( ?) [304] le peuple catholique est invité à un meilleur discernement de la piété mariale [305] aspect christologique (il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme, un Christ Jésus). Dans la vierge, tout se rapporte au Christ et tout dépend de lui. [306] 4 orientations : une orientation biblique, une orientation liturgique (la piété doit s’harmoniser avec la liturgie et non se confondre avec elle), une orientation œcuménique, une orientation anthropologique (Marie est un modèle pour sa foi courageuse et son amour actif) Les prières [307] Angélus et Rosaire doivent être ramenés à la liturgie et se dissocier de la « récitation » Les apparitions [308] L’Eglise catholique les considèrent comme des « révélations privées » qui ne sauraient être comparées à la révélation consignée dans l’écriture. Elles n’appartiennent pas à la foi, c’est à dire que chaque catholique garde à leur sujet sa liberté d’appréciation. [311] les apparitions n’ont pas pour rôle de fonder la foi mais de la servir [312] il faut orienter les pèlerins vers une conversion authentique qui les fasse progresser de la croyance a la foi au message du Christ Prédication et catéchèse [313] il faut se libérer des excès de langage dans un discours théologique et pastoral et des excès dans le culte et la pratique populaire. Il faudrait corriger reformuler les cantiques et textes pour ne pas attribuer à Marie ce qui est le propre de Dieu (ex de pardonner) II la conversion protestante 1 Une conversion d’attitude [315] D’abord reconnaître qu’un frère en Jésus-Christ peut avoir une piété mariale sans que cela soit une coupure dans la communion de foi. L’important c’est de savoir ce qui chez les uns et chez les autres fait écran entre le croyant et Jésus. Les protestants doivent se demander si leur trop fréquent silence sur Marie n’est pas préjudiciable à leur relation à Jésus-Christ -> appel à la conversion [319] cette réévaluation/réhabilitation n’est pas le fruit d’un compromis œcuménique mais un retour à l’Evangile. Certains réformateurs reconnaissaient que l’histoire de Marie est un évènement unique sans analogie (Karl Barth). [320] c’est à un nouveau regard sans surévaluation que sont invités les protestants : quand ils parlent de l’Eglise catholique, ils n’ont pas à confondre le centre, l’essentiel de l’expression de la foi avec la périphérie. 2 Une conversion doctrinale [322] la place de Marie est dans la communion des saints La coopération ou la réponse active de Marie [324] les protestants pourraient trouver dans la « coopération » un autre sens : « imitation » de Marie (a laquelle Calvin appelle tout chrétien) Les deux dogmes catholiques récents [326] l’interprétation (coopération, justification par la grâce) de ces deux dogmes ne comporte plus rien qui soit contraire à l’annonce évangélique La virginité perpétuelle de Marie [327] Les protestants restent respectueux a l’égard d’une affirmation qui appartenait à notre foi commune avant la séparation 3 Marie dans la louange et la prière chrétienne [328] à Dieu seul la gloire [329] les protestants ont encore à donner une vraie place doctrinale et liturgique à Marie [332] veiller à notre façon de prier est un exercice de conversion qui nous concerne tous Conclusion et envoi [334] il reste des différents mais ils ont été éclairés et diminués du poids des malentendus en allant au plus près de la compatibilité des points de vue [335] conclusion du Groupe des Dombes : « en tant que membres du groupe des Dombes, compte tenu des propositions de conversion qui clôturent notre parcours, nous ne considérons plus comme séparatrices les divergences relevées. Nous ne trouvons plus au terme de notre réflexion –historique, biblique et doctrinale- d’incompatibilités irréductibles, en dépit de réelles divergences théologiques et pratiques » [336] tout ce travail a montré que rien en Marie ne permet de faire d’elle le symbole de ce qui nous sépare Questions Qu’est-ce que « la justification par la grâce moyennant la foi » Que veut dire « Marie est née indemne du pêché originel ? » [267] Pourquoi les protestants affirment-ils qu’il faut que la mère du sauveur ait été marquée de la faute originelle ? Définitions ( ?) Christotypique : tendance a assimiler Marie au Christ Ecclesiotypique : tendance a réintroduire Marie dans l’Eglise du coté des rachetés Fiat : acceptation de Marie a l’annonciation Assomption : Hiérarchie des vérités : http://www.portstnicolas.org/oec/oec14.htm Protestants et catholiques s'accordent sur Marie Entre catholiques et protestants, les positions sont en train de bouger. Le récent document sur Marie, publié par le Groupe des Dombes, en est un nouveau signe. On ne saurait assez souligner l'importance de ce texte. Non pas qu'il supprime d'un trait de plume tous les points de divergence. Mais, estiment les auteurs, on peut être en communion sans partager une foi uniforme. "Nous croyons en des termes qui se veulent non. pas conciliants, mais accueillants." Cet accueil réciproque devrait être possible au sujet de la place que les uns et les autres reconnaissent à Marie dans le dessein de Dieu, en dépit des divergences. C'est ce qui ressort du présent document. Deuxième étape d'une recherche qui avait commencé par scruter : l'histoire et l'Ecriture, il ne fait l'impasse sur aucune des questions controversées - la "coopération" de Marie au salut, sa virginité perpétuelle, l'Immaculée Conception et l'Assomption, ou encore la vénération de Marie pour conclure, au terme d'une confrontation des positions respectives, qu'aucune de ces questions ne justifie les divisions entre les Eglises. L'argumentation, aussi audacieuse que rigoureuse, ne laisse rien au hasard. Pour faire progresser le débat, le Groupe des Dombes fait jouer deux principes, désormais acquis : la justification par la grâce moyennant la foi, principe intangible pour les protestants, et la "hiérarchie des vérités", principe posé par le Concile de Vatican II, Le premier a permis un accord substantiel sur la "coopération" de Marie à l'oeuvre du salut : Marie y intervient non pas du côté du sauveur, mais des sauvés. Le second, qui évite de mettre tous les énoncés de foi sur le même plan, exclut de considérer la foi et la piété mariales comme des tests décisifs de l'appartenance à la foi chrétienne. Un obstacle à l'unité Prenons les deux dogmes controversés - Immaculée Conception et Assomption - qui n'ont jamais reçu l'aval des protestants. Ira-t-on jusqu'à en faire un obstacle à l'unité ? Le Groupe des Dombes répond clairement par la négative. Bien que l'Église romaine les considère comme partie intégrante de sa foi, ces dogmes n'en sont pas le foyer incandescent, encore qu'ils n'y soient pas étrangers. A preuve : la foi a pu s'exprimer pendant des siècles sans que ces deux dogmes aient été définis et ne s'imposent. Ils n'ont été proclamés qu'après la séparation. On ne devrait donc pas exiger des protestants qu'ils y adhèrent formellement. Voici comment s'exprime le Groupe des Dombes : "Sur le plan dogmatique, la proclamation des dogmes de l'Immaculée Conception et de l'Assomption concerne la seule Église romaine qui les a formulés. Dans la mesure où cette Église s'estime engagée par ses propres déclarations sur la "hiérarchie des vérités", elle devrait reconnaître que ces deux dogmes, puisqu'ils n'appartiennent pas à l'expression commune de la foi au moment des séparations, ne peuvent obliger les autres chrétiens." Et d'ajouter : "Ce qui n'a pas été un problème de foi mais d'opinion théologique dans l'Eglise pendant dix-neuf siècles ne saurait être estimé au XXème comme un point séparateur." A réciprocité pour les protestants "de ne pas les juger contraires à l'Évangile ni à la foi, mais de les considérer comme des conséquences libres et légitimes de la conscience catholique sur la cohérence de la foi". Mais ils devront aussi "accepter que leur frères catholiques les considèrent comme dogmes de foi", et que leur interprétation ne comporte "rien qui soit contraire à l'annonce évangélique". "En ce sens, ces dogmes n'engendrent pas de divergence séparatrice." Les protestants sont également invités à "sortir de leur réserve prudente et à redonner à Marie sa vraie place dans l'intelligence de la foi et dans la prière de l'Église". Exprimer ses convictions Le Groupe des Dombes fait oeuvre de pionnier. Mais sur chacune des questions controversées, il donne à chacun le temps d'exprimer ses convictions. On voit ainsi tomber pas mal de préjugés, Mais il ne se limite pas à la seule réflexion théologique. L'obstacle est aussi "affectif". Chacun est invité à changer d'attitude, à se convertir non pas à la position de l'autre, mais à une écoute plus fidèle de la Parole de Dieu, dans le respect de ce que l'Esprit dit à l'autre et par l'autre. Au sujet de Marie, une conviction commune se dégage pour le Groupe : "Tout notre travail a montré que rien en Marie ne permet de faire d'elle le symbole de ce qui nous sépare." Fondé en 1937 et regroupant des théologiens catholiques et protestants, le Groupe des Dombes - du nom de la Trappe des Dombes (Ain) où il se réunit -, n'en est pas à un coup d'essai. Il a déjà plusieurs accords majeurs à son actif ; l'eucharistie (1972), les ministères (1973), les sacrements (1980), le ministère de communion dans l'Eglise universelle (1986), etc. Sans revêtir un caractère officiel, ces accords ont toujours eu un retentissement considérable. Celui que le Groupe des Dombes vient de réaliser au sujet de Marie est un modèle du genre : ils indiquent la seule issue aux impasses doctrinales. Un pas de géant vient d'être accompli sur la voie de l'unité. Marcel NEUSCH (Source : La Croix des dimanche 25 et lundi 26 janvier 1998)