cherchaient le sens caché sous le sens littéral : pour les Juifs, le cantique des cantiques est la
parabole de l’amour de Dieu pour son peuple, pour le Chrétien, il faut interpréter ce poème
comme l’expression de l’amour du Christ pour son Eglise. L’interprète, l’herméneute, tenait à
dévoiler le sens religieux caché sous le sens littéral. De même que selon les pays ayant une
même religion par exemple musulmane, les traditions ne seront pas les mêmes car les
interprétations des versets du Coran ne seront pas les mêmes.
D’une manière plus générale, des mots dans une conversation peuvent être source de
mauvaises interprétations. Aussi bien à l’oral qu’à l’écrit certains mots ou phrases peuvent
avoir plusieurs sens, provoquant une divergence d’interprétation voire une incompréhension.
L’interprétation auditive n’est pas chose facile car certains mots ont la même consonance ou
parfois un mot n’est pas suivi d’un autre mot pour donner une signification plus ciblée.
Par exemple, le métier d’« opérateur de défense sol-air » dit à l’oral peut induire la personne
en erreur puisqu’elle aura interprété le même objet par « opérateur de défense solaire » ce qui
ne signifie pas du tout la même chose. Ou encore, plus fréquemment surtout chez les enfants,
l’expression « perdre les eaux » quand leur maman va accoucher, sera interprétée cette
expression par « perdre les os » ce qui est au fond une image horrible !
Un défaut d’interprétation peut amener à des conflits plus graves que des images horribles.
Lors d’un discours pour apaiser les conflits en Algérie le 4 juin 1958, le Général De Gaulle
prononça les mots « je vous ai compris », il était loin de penser que cette phrase causerait une
guerre civile, le « vous » étant la source du conflit. En effet, le pronom personnel « vous »
peut devenir impersonnel selon l’expression, les personnes qui étaient en conflits de pensé et
d’idées politiques n’ont pas accepté d’être comprises de la même manière que leurs
adversaires.
Aussi bien dans la littérature que dans les chansons, les mots peuvent prendre de multiples
significations selon celui qui l’interprète. Prenons l’exemple de la chanson : un texte chanté
n’a pas la même signification que quand il est écrit. L’interprétation des « fans » diverge selon
leur sensibilité face aux mots en eux-mêmes et l’impact que font les mots sur leur être.
Les auteurs-compositeurs-interprètes aiment donner un sens caché à leurs textes, qu’ils
expriment le plus souvent par l’interprétation (le chant et le clip).
Dans la peinture, les interprétations divergent également. Certains, par de mauvaises
interprétations, ont pu amener au final à la vérité. Par exemple, le peintre Vincent Van Gogh
reconnu mondialement a eu « plusieurs périodes » qu’il exprime dans ses peintures. Des
amateurs de peinture ne partagent pas l’avis que Van Gogh était fou vers la fin de sa vie, car
ils interprètent ses peintures comme non pas le reflet de son âme mais une extravagance du
peintre comme l’a fait Picasso. Pour Gadamer, comprendre une œuvre d’art, c’est interpréter
un sens passé dans une expérience présente, du point de vue de notre tradition. Gadamer
s’oppose à la critique de la tradition par les penseurs des Lumières. Se défaire de nos préjugés
est impossible en ce qu’ils sont la condition de possibilité de la compréhension.
La psychopathologie connaît bien les formations extrêmes de ce pli du mental dans les délires
d’interprétation. L’exemple le plus remarquable est le délire paranoïaque. Dans la paranoïa, le
sujet est enfermé dans une bulle de constructions mentales nouées dans la peur. Dans la
relation avec autrui, les détails des expressions vont très rapidement prendre la valeur de
« signes » auxquels le sujet attache la plus grande importance, persuadé qu’ils le concernent
en propre. Comme le superstitieux, le paranoïaque voit des « signes » partout. Freud dit à ce
sujet que: « Les paranoïaques présentent dans leur attitude ce trait frappant et généralement
connu, qu'ils attachent la plus grande importance aux détails les plus insignifiants, échappant