La loi gaussienne de moyenne m et d’écart type
est définie par sa densité
:
(il s’agit de la célèbre « courbe en cloche »). On la rencontre si souvent
dans toutes les disciplines scientifiques qu’elle est aussi appelée loi normale et notée N (
,
). Actuellement
la loi normale n’est pas enseignée en mathématiques au lycée probablement car,
contrairement à la loi exponentielle, on ne connaît pas de primitive de sa densité et elle ne peut pas donner lieu à
des calculs; elle est tabulée à l’aide de valeurs approchées d’intégrales, voir ci-dessous deux valeurs de sa table.
Les dessins ci-contre montrent les deux
valeurs concernant la loi normale N (
)
qui sont les plus connues.
Pour simplifier l’exposé, on va, suivant
l’usage, surtout utiliser le dessin de droite.
On dira alors qu’on s’accorde une marge
d’erreur de 5 % .
Le dessin de droite signifie que lorsque notre scientifique effectue une mesure, il a
environ 95 % de chances pour que son résultat soit entre
et
.
Ceci s’écrit aussi, en termes de probabilités, en désignant par
le résultat (aléatoire)
d’une mesure, sous la forme
: P (
) =
.
La dispersion des mesures autour de leur moyenne
est mesurée par l’écart type
(théorique pour l’instant)
. Ce nombre
dépend du protocole utilisé pour effectuer les
mesures (plus le protocole est bon, plus
est petit). Son carré
est appelé variance de la
loi. Il est facile de prouver que
s’annule en changeant de signe pour les valeurs
et
qui correspondent donc aux points d’inflexion de la courbe en cloche.
Brève justification du modèle de la loi normale pour une mesure
Ce modèle ne heurte pas l’intuition : il suppose qu’on ne commet pas d’erreur systématique (symétrie autour de
la « vraie valeur
», les physiciens les plus pointilleux évitant d’utiliser cette expression et préférant parler de
valeur standard ou de valeur de référence) et que les petites erreurs sont plus fréquentes que les grandes
(concentration autour de
). Il est surtout confirmé, approximativement , bien sûr, par un grand nombre
d’expériences. Un autre argument repose sur le théorème dit de limite centrale5.
En cas de doute sur la validité de ce modèle, on peut utiliser un test dit de normalité sur la série des mesures
. Un tel test, indiquant si l’hypothèse que les mesures
sont bien distribuées suivant une loi
normale est raisonnable, est systématiquement effectué par le logiciel évoqué à la fin de ce texte.
Soient
les résultats de
mesures indépendantes et suivant le même
protocole d’une quantité, désignée par
, dont on sait qu’elle est fixée. Comme on l’a dit, on
estime
par la moyenne empirique (on dit aussi : moyenne observée)
. La LOI
DES GRANDS NOMBRES permet d’affirmer que cette estimation est d’autant meilleure que n est
Il est permis d’espérer qu’il en ira autrement dans les programmes enseignés à partir de 2010.
On verra plus loin dans un tableau que la valeur 2 intervenant ici est en fait une valeur approchée de la valeur
approchée elle aussi) 1,96 mais pour l’instant ça n’a aucune importance.
Ce théorème dit en substance que toute somme ou moyenne de
nombres aléatoires indépendants suivant la
même loi (loi normale ou autre loi, d’écart-type fini) suit approximativement une loi normale lorsque
est
assez grand et il est une explication de l’omniprésence des lois normales « dans la nature ». Il justifie l’utilisation
de la loi normale pour les mesures en physique dans la mesure où on considère que l’erreur commise sur une
mesure est la somme de petites erreurs indépendantes et incompréhensibles pour l’observateur.
On verra plus loin que ce théorème prouve aussi qu’on peut s’affranchir de cette hypothèse de normalité dès
qu’on prend un assez grand nombre
de mesures, une borne courante étant
> 30.
Une autre justification de l’utilisation de la loi normale est le théorème de Lindeberg qui est plus général.