SYNTHESE DE LA CONFERENCE-DEBAT DU 06-06-2013 QUEL TRAVAIL DEMAIN EN BRETAGNE ? Participants : M. Jean HAMON Mme Danielle EVEN M. Olivier BOURQUARD M. Christian QUEFFELEC Mr MARTIN Vice-président du CESER Vice-présidente de la chambre régionale d’agriculture DRH Groupe Triballat Industries alimentaires PDG ASTELLIA Dr de l’ECAM (Ecole Catholique des Arts et Métiers) M. Jean HAMON A. Emploi et économie sont liés La Bretagne en est un bon exemple. L’histoire économique de la Bretagne peut se résumer en 4 temps : du 10ème au 16ème siècle : économie commerciale et rouliers des mers. Activités textiles. Les villes sont des lieux d’échange. Transport par mer « la mer tire la terre » Le duché d’Anne de Bretagne produit 10% des richesses du Royaume. du 16ème au 18ème siècle : économie commerciale. Production agricole , minerais, construction navale. Compagnie des Indes. Période de guerres. Du 19ème à 1950, la Bretagne est à l’écart du développement industriel ; elle n’a pas de charbon et se replie sur l’agriculture. Seconde moitié du 20ème siècle : en 1950, le PIB représente 40% de la moyenne nationale. La PAC oblige à une mutation vers une agriculture performante. CELIB- IAC. Industrie et agriculture. Conclusion : la Bretagne est prospère lorsqu’elle s’ouvre sur l’extérieur. - - B. Mondialisation Irréversible. L’informatique, outil de communication incontournable. La révolution numérique a fait tomber les frontières. Fragmentation irréversible de la chaîne des valeurs : ex : La fabrication des pièces du Boeing à travers les différents continents. En agriculture, naissance des porcs au Danemark ou en Hollande, engraissage et abattage en Allemagne. Il en est de même de la main d’œuvre qui circule de continent en continent. C. Dernière période : deux mutations Agriculture Tertiaire 1954 53% 27% 1975 24% 47% 2011 05% 74% Conclusion : Chute spectaculaire de l’agriculture au bénéfice du tertiaire. De 2001 à 2012, la baisse moyenne du nombre d’emplois a été supérieure en Bretagne à celle observée au niveau national. Mme Danielle EVEN - A. Période de mutation et d’instabilité. Navigation à vue Variation des prix et incapacité de répercuter les hausses Changement climatique Augmentation de la demande alimentaire Concurrence avec des pays qui n’ont pas les mêmes contraintes (avec l’Allemagne sur le porc par exemple) Evolution des politiques publiques. La PAC a entraîné de grands changements en termes d’activités agricoles et de travail. La société a des demandes nouvelles. Respect de l’environnement. La réglementation évolue sans cesse, exigeant d’énormes investissements. Société sensible aux risques sanitaires, favorisant la production locale. Les agriculteurs doivent partager leur territoire avec les villes, les zones industrielles… Les modes de consommation, de vente, se multiplient. Recherche de circuits courts. B. - - - - C. Le contexte a changé Contexte technologique : beaucoup de nouvelles technologies ; réseaux sociaux, internet, information au quotidien, innovation Recherche et Développement. Contexte économique : Les investissements ne peuvent pas être compensés par une production croissante. Concurrence avec l’Allemagne pour la vente des porcs. Contexte administratif : Les structures, les pôles décisionnaires se régionalisent. D. Quelques chiffres La surface des exploitations augmente sans cesse : 60 ha en moyenne Age moyen d’installation : 29 ans Niveau moyen d’instruction : bac + 2 30% des agriculteurs sont des femmes 30% des agriculteurs travaillent hors du cadre familial 30% exercent en société Age moyen des agriculteurs : 47 ans Baisse des effectifs salariés: 38.000 aujourd’hui contre 45.000 en 2000, ce qui entraîne un agrandissement des surfaces cultivées. 50% des exploitants partent en retraite dans les dix ans ; la baisse de l’effectif des exploitants entraîne une augmentation de l’effectif des salariés. E. Principales préoccupations Sécuriser le revenu des agriculteurs Baisser les niveaux d’astreinte ( intérêt des robots de traite ; les jeunes refusent les astreintes). Apprendre à intégrer le management. Comment trouver le bon niveau de concertation ? Travailler la stratégie d’adaptation des entreprises ( programmer les investissements, opter pour association ou salariat, respecter la réglementation) Maîtriser la chaîne du travail Intégrer le changement de la relation au temps alors qu’il faut toujours du temps pour produire Produire plus et mieux F. Ce qui doit changer Le monde agricole est en tension par rapport aux emplois. La transmission des entreprises est en jeu. Il faut faire connaître les possibilités de déroulement de carrière dans l’agriculture. Il faut que le monde agricole renoue le dialogue avec le reste de la population bretonne. L’accélération des rythmes exclut. Tous les agriculteurs n’ont pas la faculté de s’adapter aux nouveaux rythmes. Trois mots paraissent essentiels : compréhension, respect, confiance. M. Olivier BOURQUARD Triballat : 900 personnes, 220 millions de chiffre d’affaires ; présent en Asie et en Afrique. En Bretagne tout comme en France, le quart des emplois est dans le secondaire et le tiers de ceux-ci se trouve dans l’agroalimentaire. Dans l’emploi, il faut raisonner, de plus en plus, en terme de SAVOIR ETRE. Le niveau d’exigence est croissant et ce phénomène va s’accentuer dans l’avenir. - - A. Raisons de privilégier le « savoir être » Activité économique en accélération. L’adaptation au changement est-elle une contrainte ou une opportunité ? La globalisation. On raisonne de plus en plus en termes de village mondial. Ne pas se concentrer sur notre propre expérience. Des pays moins développés que le nôtre ont des choses à nous apprendre, ce qui nécessite un effort d’empathie. Le monde du travail est de plus en plus complexe, le niveau de travail diminue, les niveaux hiérarchiques sont moins importants, la latitude du salarié plus grande. D’autres compétences que le savoir faire, liées au savoir être. Des groupes d’écoute se constituent. Les idées venant de la base sont prises en compte. La révolution numérique a modifié nos comportements. Elle a entraîné l’externalisation de notre mémoire. Les savoirs sont disponibles sur internet. Il s’agit moins de maîtriser les connaissances que d’ordonner les savoirs, de les combiner entre eux. Il faut être capable de manipuler le savoir plutôt que de le posséder. B. Conséquences au niveau de l’entreprise Le salarié jouira d’une autonomie de plus en plus grande au sein de l’entreprise. On passe du salariat au prestataire de services. Le « vivre ensemble » prend une place importante dans l’entreprise. C’est un lieu où il doit se développer. Il appartient aux dirigeants d’entreprise d’en réunir les conditions, de faire preuve d’humanisme, de psychologie positive. Le manager doit donner confiance à l’équipe. M. Christian QUEFFELEC A. Présentation d’ASTELLIA en quelques chiffres ASTELLIA est un des leaders mondiaux en performance de réseaux de téléphonie mobile. Entreprise de 320 personnes, 270 à Rennes, 50 à l’étranger (Afrique, Moyen Orient, Amérique du Nord, Europe). « Médecins » des réseaux, monitoring d’ordinateurs, logiciels, services, échanges entre abonnés. 85% de chiffre à l’export 90% de cadres et ingénieurs 1 milliard d’abonnés 30% investis en Recherche et Développement En 2012, 4 quarts également répartis entre Afrique, Moyen Orient, France et Amérique. Langue parlée : l’anglais partout 85% d’hommes (à l’école d’ingénieurs, 25% de femmes au temps de ses études, seulement 15% aujourd’hui) 21 nations dans l’entreprise. 6,8 milliards d’abonnés aux mobiles dans le monde, plus que d’habitants ASTELLIA est montée très vite et peut retomber aussi vite. Aucun concurrent français, c’est un nain dans un monde de géants. - B. Comment gérer une entreprise dans un monde en changement ? Conserver un socle de valeurs, donner du sens aux mots en plaçant le client au centre des valeurs que sont : L’ambition : synonyme de performance économique. Entretenir des relations positives avec les fournisseurs. La performance économique est la garantie d’une certaine indépendance. L’excellence : Les erreurs ne sont pas pardonnées L’innovation : Grande vitesse technologique. Il faut se projeter à 3 ans. Atmosphère de travail : 21 nationalités dans l’entreprise ; relations sans frontières ; monde de communications virtuelles, sans contact physique. - C. Conséquences de la vitesse et de la mondialisation : Des changements très profonds qui engendrent le stress entre personnes et en équipes, à l’origine de conflits. Une évolution des outils de management (parcours d’intégration, tutorat, universités d’entreprises pour traiter les écarts culturels). Les managers doivent être proches du terrain. Les valeurs de notre société, de notre région sont adaptées aux enjeux d’aujourd’hui. D. Traits communs aux salariés de l’entreprise La mondialisation entraîne une accélération. Moyenne d’âge : 34 ans Jeunes ouverts à l’international Génération Y, ouverte sur le virtuel. Quel type de management face à cette accélération ? Offrir une formation au management, détecter les futurs managers et repérer les collaborateurs qui n’ont pas les compétences nécessaires. Conclusion : Les valeurs humanistes sont adaptées à cet enjeu. M. MARTIN Génération internet, les jeunes doivent être capables d’utiliser les informations dont ils disposent aisément, d’établir des liens, des connexions. Il faut leur opposer des règles justes et réellement applicables. La confrontation les frustre mais la frustration construit le jeune. Il lui donne une colonne vertébrale. M. Jean HAMON - - A. Lien entre travail et économie 4 déterminants : Internationalisation d’où : Rapidité Complexité Compétitivité Conséquences pour le salarié : Stress et exclusion Réponses du manager : savoir être, humanisme, sur mesure, richesses individuelles fortes mais méconnues. C’est la responsabilité des dirigeants que de les détecter. On forme des experts, pas des leaders. Le manager est celui qui a la vision et qui mobilise sur la vision. B. Atouts de la Bretagne 3 domaines dans les chances : l’alimentation le numérique la mer (réserves naturelles ; espaces considérables) C. Conclusion Eviter de raisonner par filière. L’innovation est à la frontière entre les mondes. C’est en s’alliant, en conjuguant nos compétences que nous gagnerons les batailles. -------------------------------------