TERRITOIRES & EPARGNE DE SOLIDARITE L’EPARGNE DE PROXIMITE SOLIDAIRE A L’AUNE ET A L’AUBE DU TERRITOIRE vec ce troisième numéro, les cahiers de l’épargne solidaire poursuivent leur double objectif consistant d’une part, à alimenter le débat portant sur les usages alternatifs de l’épargne au profit de la solidarité et d’autre part, à diffuser au plus grand nombre les résultats des travaux réalisés sur ces pratiques de citoyenneté économique. Après avoir précédemment évoqué le cas de l’entreprise solidaire, pilote d’une économie plus « humaine », le nouveau cahier que vous découvrez aujourd’hui s’intéresse quant à lui aux territoires de l’économie solidaire. A Contrairement aux économies libérales pour lesquelles le territoire n’est qu’un facteur de production parmi d’autres, facilement interchangeable en fonction de la conjoncture du moment, l’économie solidaire est, quant à elle, liée à la notion de territoire de manière indéfectible. Mais quels sont ces territoires sur lesquels se bâtit jour après jour l’utopie d’un monde plus juste et plus solidaire ? Bien que le commerce équitable liant producteurs du Sud et consommateurs du Nord représente bien souvent, auprès du grand public, la vitrine de l’économie solidaire, celle-ci semble néanmoins considérer le territoire de proximité comme le territoire pertinent pour son action, essentiellement locale auprès des CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 3 communautés concrètes1. Elle présuppose même, comme le clament les partisans d’une alter-mondialisation réunis récemment à Porto Alegre, que le territoire de proximité, avec ses spécificités, est un élément clé dans la construction d’une « mondialisation à visage humain » qui s’enrichirait des différences au lieu de les uniformiser. Elle permet de redonner du sens à celui-ci, loin de toute logique protectionniste, en restant au contraire ouvert sur le monde. Le territoire de proximité, c’est le territoire où l’on vit, le territoire de vie, « c’est le lieu de la mobilisation, de la coopération et de l’émergence de projets collectifs porteurs de valeurs partagées qui donnent sens à un futur commun »2. Cette dernière définition résonnera sûrement de manière particulière à l’oreille de l’épargnant solidaire averti. En effet, la double proximité dont on parle ici n’est-elle pas celle là même qui fonde l’intervention des clubs CIGALES3 ? Une proximité à la fois géographique mais aussi de « cœur », témoignant de la convergence des valeurs qui unissent l’épargnant et le créateur aidé. Concrètement, ce territoire vécu peut recouvrir plusieurs réalités géographiques, économiques ou sociale, mais une des constantes est justement la possibilité que s’y expriment des solidarités « naturelles ». Ainsi, ce territoire de proximité peut être le bassin de vie, le massif, l’agglomération ou encore le « pays ». Ces « pays », berceaux des cultures qui font la diversité de nos régions ont retrouvé, il y a peu, le devant de la scène avec le vote de la Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire (LOADDT, dite aussi Loi Voynet), en juillet 1999. De survivance un peu folklorique d’une époque révolue, les pays deviennent aujourd’hui, la construction de l’Union Européenne aidant, les échelons de base de la politique nationale de développement du territoire. Mais en quoi une énième loi visant le développement du territoire peut-elle bien intéresser le militant d’une autre économie, souvent sceptique vis à vis des législateurs donneurs de leçons ? Et 1 Pour reprendre les propos d’Anne Marie ALCOLEA, économiste initiatrice du concept d’Economie Solidaire Territoriale et Cigalière à Chevilly Larue (94). 2 Id 3 Club d’Investisseur pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire. 4 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE bien justement parce que cette loi veut marquer une rupture. Rupture avec une logique de planification qui privilégiait le guichet au projet, avec des procédures qui plaçaient face à face des développeurs (élus et techniciens) et des développés (société civile), rupture enfin avec une conception de la démocratie qui n’était parfois plus que l’ombre d’elle-même. Les nouveaux territoires appelés à recomposer l’espace national seront proposés de manière concertée par les acteurs locaux, ils seront construits autour d’un projet, s’inscrivant dans une démarche de développement local, durable et solidaire. Plus pragmatiquement, l’enjeu est de taille puisque la charte coconstruite qui consignera les orientations stratégiques choisies par chaque territoire pour les dix années à venir, est appelée à devenir le cadre de référence des diverses actions d’aménagement et de développement conduites par les acteurs locaux et leurs partenaires extérieurs (Europe, Etat, Région, voir Département). Par la place centrale qu’elle accorde au projet et à la concertation locale, cette « révolution tranquille » telle que l’on qualifie communément la LOADDT, pourrait bien entraîner des changements profonds dans la manière de gérer les territoires et de conduire le développement local. Mais ceci ne sera possible que si tous les acteurs des territoires, qu’ils soient élus, socioprofessionnels, associatifs ou simples citoyens s’emparent dès aujourd’hui des opportunités offertes pour faire progresser la démocratie locale. Depuis les premières discussions autour du projet de Loi, les enjeux sous-tendus par cette nouvelle politique d’aménagement du territoire n’avait pas échappé à la Fédération des CIGALES. Un partenariat avec la DATAR et la rencontre avec un étudiant disponible pour s’investir dans une étude sur la problématique ont permis de lancer la réflexion sur l’inscription territoriale de l’épargne de proximité solidaire. L’étude est partie d’un constat simple relevé au cours de l’assemblée générale des CIGALES de 2001 à Dijon. Plus de 3/4 des Cigaliers interrogés déclaraient habiter dans un périmètre de pays ou d’agglomération tout en ignorant les tenants et aboutissants CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 5 de ces nouveaux territoires. De plus, seul un club parmi les présents était à l’époque investi dans les démarches en lien avec la LOADDT. Avant toute action visant à promouvoir le développement de l’outil CIGALES dans le cadre des pays, deux questionnements devaient trouver des éléments de réponse : - Quels sont les apports des pratiques d’épargne de proximité solidaire aux dynamiques locales ? - Quelles sont les conditions permettant la prise en compte de ces pratiques dans les projets des nouveaux territoires en formation ? Pour ce faire, trois territoires engagés dans une démarche de transcription locale de la LOADDT et comptant en leur sein des outils d’épargne de proximité solidaire ont été approchés : le Pays de Vesoul Val de Saône (70), l’agglomération de Dunkerque (59) et le Pays de la Haute Vallée de l’Aude (11). Une soixantaine d’acteurs (élus, épargnants solidaires, porteurs de projet, socioprofessionnels, etc.) auront au final été interrogés. Leurs témoignages auront permis de faire émerger des éléments de réponse particulièrement intéressants au regard de notre questionnement initial. Ce troisième numéro des cahiers de l’épargne solidaire utilise donc quelques uns des apports de l’étude menée courant 20014, il se fait aussi l’écho des autres activités de la Fédération dans le champ territorial et intègre quelques réflexions et apports externes sur le thème du territoire. Sylvain Péchoux 4 Ce travail sera disponible en téléchargement sur le site de la Fédération des CIGALES, http://www.cigales.asso.fr. 6 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE LES PAYS ET L’EPARGNE SOLIDAIRE D epuis quarante ans de nombreux facteurs sont venus modifier la réalité et l’image du territoire national. L’évolution de la société et de ses attentes par rapport à l’espace conduit ainsi à repenser les valeurs attachées aux territoires. Le territoire devient le lieu de partage et de mise en commun pour les habitants s’articulant autour de l’élaboration de projets permettant de travailler et d’inventer de nouveaux territoires ouverts sur la société, à l’image des pays. Adoptée en juin 1999 la Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire (LOADDT), en créant les Conseils de Développement aussi bien pour les zones rurales que pour les agglomérations, constitue une avancée fondamentale sur la place de la société civile dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des démarches de développement local. Cette avancée serait d’impact réduit si elle ne s’accompagnait de pratiques sociales multiples. Il importe que la création du conseil de développement tienne compte des lieux et forme de mobilisation et d’organisation qui participent déjà à la vie locale et qui contribuent à la dynamique de développement. Il a donc vocation à mobiliser des habitants du territoire, actifs et / ou intéressés par son développement : cela nécessite que l’ensemble de la population soit largement informé pour qu’émergent ces habitants. Il a aussi vocation à mobiliser les acteurs organisés, il s’agit donc de mobiliser des personnes ayant une capacité à CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 7 formuler avec d’autres des propositions, à identifier et mobiliser des compétences au service du projet de territoire et à être des relais auprès de la population, ses travaux donnent lieu à la mise en place de groupe de travail par appels répétés à la population. Et l’épargne solidaire dans tout cela ? Le contenu des textes de la loi du 25 juin comporte donc toutes les raisons d’inciter les CIGALES à se lancer dans aventure territoriale. En effet les objectifs de fond du mouvement rejoignent, en bien des points, les orientations énoncées par la loi. C’est notamment le cas en ce qui concerne les valeurs associées au territoire défini comme un lieu de solidarité cohérent s’inscrivant dans une démarche de développement durable. Cette loi ambitionne, entre autres, de créer les conditions favorables au développement des emplois, de réduire les inégalités entre les citoyens et de soutenir des projets économiques porteurs d’investissement et d’emplois. C’est précisément ce que font les clubs CIGALES depuis 20 ans : ils investissent dans des projets économiques locaux répondant à des critères éthiques, sociaux, culturels ou écologiques. Si l’on ajoute à cela que les Conseils de Développement comptent parmi leurs fonctions le repérage des porteurs de projets sur le territoire, les clubs CIGALES peuvent apporter un précieux concours à ces comités d’animation des territoires. En fonction de l’avancée de la mise en place du conseil de développement et de la présence sur le terrain de CIGALES ou d’Associations Territoriales plusieurs cas de figure peuvent se présenter : 1. Le Conseil de développement est mis en place, un ou plusieurs clubs existent sur le territoire mais il ou ils ne sont pas représentés au sein du Conseil. Il est souhaitable que le ou les clubs CIGALES se manifestent auprès du Président de la structure représentant les élus pour expliquer ce qu’est l’épargne solidaire et demander de participer à un groupe de travail ou créer un groupe « économie solidaire ». 8 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 2. Le Conseil de développement est mis en place, un ou plusieurs clubs existent, et sont représentés au sein du Conseil. Il est conseillé aussi que le ou les Clubs CIGALES aient une stratégie de communication bien au point de manière que la notion d'épargne solidaire soit bien comprise de tous, qu’elle rentre bien dans une dynamique de renforcement de lien social par l’économique et qu’elle complète mais ne remplace pas les outils financiers existants. L’objectif est de créer d’autres clubs. Si, pour ces deux cas de figure, les clubs n’existent pas sur le territoire, la Fédération ou des Associations Territoriales proches de ces PAYS peuvent prendre contact avec d’autres partenaires associatifs. En effet la Fédération des CIGALES fait partie des associations membres de la plate-forme d’avenir de l’UNADEL impliquées dans une action d’accompagnement de 46 PAYS sur l’ensemble de la France intitulée « Pour des conseils de développement participatif ». Certaines de ces associations peuvent faire partie de Conseils de Développement et peuvent servir de relais pour réfléchir à des stratégies visant à sensibiliser le territoire à la notion d’épargne solidaire. 3. Le Conseil de développement n’est pas encore constitué. Si un ou des clubs existent, ils peuvent se manifester auprès du Président de l’association d’élus pour l’informer qu’ils souhaitent faire partie de ce Conseil. S’il n’existe pas de clubs, il est possible d’attendre la constitution du Conseil de Développement et repérer quelles sont les associations membres de la plate-forme pour les contacter. L’objectif de cette possibilité donnée aux cigaliers ou porteurs associatifs d’une certaine conception de la solidarité d’être présents soit dans les Conseils de développement, soit dans des groupes de travail centrés sur l’économie, c’est de montrer que l’on peut durablement mobiliser l’énergie citoyenne sur l’accompagnement et le financement de petits projets économiques. Les clubs CIGALES l’ont démontré depuis le premier club qui date de 1983. Cette démonstration n’en sera que plus aisée dans le cadre d’un projet de développement économique global porté par un territoire, comme cela s’est déjà engagé sur une dizaine de pôles CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 9 d’économie solidaire. Un projet de territoire nécessite, en effet, cette action de proximité, complémentaire, souvent levier d’autres financements. Henri Isabey « Dans le cadre de l’action d’accompagnement coordonnée par l’UNADEL, j’accompagne, en tant qu’administrateur de la Fédération, trois territoires avec Véronique Da Silva de l’AFIP (Association de Formation et d’Information pour le développement d’Initiatives rurales). Il s’agit du pays de Val de Loire / Nivernais central (Nièvre), du pays de l’Autunois Morvan (Saône et Loire) et du pays de Langres (Haute Marne). Nous avons déjà rencontré chaque territoire. Ils nous ont donné des informations sur la manière dont se mettait en place le conseil de développement puis organisé une rencontre entre les trois territoires qui a permis de confronter les expériences de chacun. Plusieurs comités techniques rassemblant l’ensemble des accompagnateurs à Paris permettent d’avoir une vision encore plus large des conditions de mise en place de ces conseils de développement. Cette initiative se déroulera sur 3 ans (sous réserve de financement pour la troisième année). Le lancement a eu lieu en février 2002. Le bilan d’étape aura lieu le 22 novembre à Paris. » 10 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE EXPERIENCE D’UN TERRITOIRE : DUNKERQUE, UN CAS D’ECOLE F inanceurs solidaires et acteurs institutionnels sur un même territoire, c’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule. L’antériorité est parfois difficile à définir. Qui donne l’impulsion initiale : le politique ou l’associatif ? Celui qui voit émerger un potentiel de création d’activités ou celui qui tisse du lien social ? Force est d’abord de reconnaître qu’il n’existe pas d’outil financier solidaire miracle à imposer sur une zone particulière : l’une verra naître un pôle d’économie solidaire, l’autre un système de capital risque de proximité, l’autre encore une structure d’accompagnement à la création d’activités. Ce qui conditionne la présence de l’une ou de l’autre : le contexte social et politique, la volonté des acteurs, la géographie du territoire. Avec le fourmillement des expériences d’économie solidaire, les élus ont fini par se rendre compte que, oui : ça pouvait marcher et qu’il était possible de les accompagner (au risque de les instrumentaliser !) dans les cadres définis du zonage territorial. Prometteuses furent ainsi les tentatives lancées par Michel Delebarre à Dunkerque peutêtre parce qu’il était géographe de formation et parce que l’histoire administrative de la Cité de Jean Bart s’y prêtait. La Communauté urbaine de Dunkerque a déjà trente ans en 1998 (ce fut la première à naître en France de la volonté des élus locaux) lorsqu’une mission épargne de proximité y fut créée. Comme le rappelle Marc Lamoureux, alors secrétaire général du Comité de bassin d’emploi CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 11 qui pilote le projet : “ la collectivité locale s’est contentée d’accompagner le projet dans un premier temps. Ensuite, elle a ouvert ses réseaux et sa logistique pour donner un coup d’accélérateur”. La CUD regroupe 18 communes de l’agglomération avec la délégation de la politique de la ville et de l’action économique ; un contrat d’agglomération existe depuis 1991. Parti sous de bons auspices en 1998, qu’est devenu quatre ans plus tard le partenariat entre les acteurs de l’économie solidaire et les élus locaux ? On essayera de l’appréhender au travers d’un tableau de la situation réalisée à la naissance du projet et d’un état des lieux en 2002, repris largement de l’enquête de terrain réalisée par Sylvain Pechoux (Pays et agglomérations : les nouveaux territoires de la solidarité ?/Tome 3 : Agglomération de Dunkerque, avril 2002). En 1998 Proximité, insertion, développement des quartiers, création d’entreprises : à la croisée de tous ces enjeux, communes et Cigales ne pouvaient que se rencontrer. Encore fallait-il volonté politique d’un côté et coopération vigilante de l’autre. Contrairement à une expérience malheureuse à Poitiers (Vienne) au début des années 90 et sans doute parce que les besoins se font plus pressants, les conditions semblent réunies à Dunkerque (Nord) pour faire de cette rencontre un succès. Grâce au partage de deux idées-forces qui trouvent leur application sur le terrain : disposer d’un outil de financement adapté aux très petites entreprises (TPE) et recréer du lien social dans les quartiers en difficulté. La municipalité de Dunkerque n’en est pas à un paradoxe près. A y regarder rapidement, transplanter des Cigales dans la commune française la plus septentrionale pourrait paraître saugrenu! La réalité est moins amusante. Plusieurs des quartiers de Dunkerque ont été classés en DSU (éligibles à la dotation de solidarité urbaine) : des crédits apportés par l’Etat, la ville et la région et gérés par une mission leur ont été affectés spécialement. Une première étude est mise en place en août 1996 et aboutit au constat étonnant qu’il existe une épargne de précaution, y compris dans un quartier particulièrement maltraité par la crise comme le Carré de la Vieille (900 habitants, 70 % de taux de chômage). 12 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE L’idée fait alors son chemin que cet argent peut être mis au service d’initiatives de développement local. La mission DSU est remplacée par une mission épargne de proximité en novembre 1996 et est rattachée directement au cabinet du maire Michel Delebarre, qui, ancien ministre de la Ville, va donner un coup d’accélérateur à cette démarche. Dans le même temps, un comité de pilotage, présidé par le maire - adjoint chargé des finances, Philippe Nouveau, rassemble tous les opérateurs locaux de la création d’entreprises : chambre de commerce et d’industrie, PLIE, boutique de gestion, unions patronales, syndicats et associations. Avec pour objectif de trouver la solution la plus à même de créer des emplois dans les quartiers. Il ne faut pas beaucoup plus d’une réunion pour que soit prononcé le nom des CIGALES, dont la majorité des participants ignore pourtant l’existence. Pour les CIGALES, ce n’est pas faute d’exister depuis une bonne décennie et d’avoir quelques belles réalisations à son actif dans la région (Cité de l’initiative : 12 emplois, SRTB, entreprise de bâtiment : 15 emplois). Pour une meilleure compréhension des clubs d’investisseurs CIGALES, Georges Frère, président de l’AT du Nord, vient plancher à cette époque devant le comité de pilotage. Il se montre si convaincant, notamment en dressant le tableau des entreprises créées à Roubaix, grâce à l’appui financier des clubs, que le comité décide d’adopter immédiatement la Charte des CIGALES. “J’ai expliqué, se souvient Georges Frère, que les clubs étaient un outil financier supplémentaire, à côté d’autres investisseurs potentiels et non concurrents, mais que nous avions la spécificité de pouvoir apporter des fonds propres aux petits projets qui en sont totalement démunis.” Fort de cet accord, Marc Lamoureux, chargé de la mission épargne de proximité, prend son bâton de pèlerin pour susciter des vocations de petits investisseurs au sein du Dunkerquois. Tant et si bien qu’en juin 1997, ils ne sont pas moins de 80 curieux à se presser à la réunion d’information sur les CIGALES, organisée à la Maison du développement économique qui regroupe tous les acteurs du développement local et de l’insertion. “Je pense que l’appui de la mairie a rassuré tout le monde, explique Marc Lamoureux, devenu depuis secrétaire CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 13 général du Comité de bassin d’emploi, y compris sur l’aspect alternatif des clubs. Malgré ce soutien jamais démenti, nous avons tout de même été surpris par l’ampleur du mouvement.” D’autant que la publicité sur la réunion n’avait pu se faire que par les réseaux ou le bouche-à-oreille, pour ne pas contrevenir à la stricte réglementation sur l’appel public à l’épargne. Comme une majorité des 80 semble adhérer au projet, la municipalité décide de s’associer encore plus directement à l’opération en proposant ses locaux pour les réunions des clubs. Quatre veulent en effet se créer sans plus attendre. “Je crois que les personnes présentes, qu’elles soient chef d’entreprise, membre d’une association ou même chômeur (un quart des épargnants mobilisés le sont !), affirme Michelle Clesse, secrétaire de la CIGALES Coup de vent et déléguée de la MDE, avaient envie d’être acteurs dans les domaines du développement et de la solidarité. Ce que permettent les CIGALES qui redonnent de l’initiative aux citoyens, en complément de ce que propose la PFIL5 et les investisseurs privés.” Comme Michelle Clesse, déjà partie prenante dans une des 2 CIGALES nées quelques années auparavant à Dunkerque, les adhérents des 4 nouvelles CIGALES, qui naissent entre octobre et décembre 1997, sont particulièrement sensibles à la création d’emplois. Avec certaines spécificités : Coup de vent cherchera par exemple à favoriser l’emploi des jeunes. Avec l’installation des clubs la collecte s’est mise en place : 200 F en moyenne par mois dans chaque CIGALES (pour une moyenne de quinze cotisants à l’indivision). Au début de l’année 1998, Georges Frère est venu proposer des cycles de formation pour les gérants et trésoriers des clubs afin de leur assurer une première année sereine avant l’arrivée des premiers projets. “Je faisais partie d’une des CIGALES pionnières à GrandeSynthe, rappelle Laurence Joly, adhérente de la CIGALES Le Phare et chargée de mission à la boutique de gestion Flandre création. Notre CIGALES s’était éteinte petit à petit faute de projets. Nous sommes dans une région où le marché de l’emploi était monopolisé par l’industrie lourde et où la création d’entreprises était faible. Les 5 Plate Forme d’Initiatives Locales. 14 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE emplois doivent désormais venir des PME. C’est dire que j’attends avec impatience les premières idées !” Pour y aider, là encore, la mairie s’est engagée à mobiliser ses réseaux pour faire remonter un maximum de projets jusqu’aux CIGALES. “De plus, l’apport concomitant de la municipalité et des CIGALES, poursuit Laurence Joly, provoquera un effet de levier auprès des banques.” Cette coopération s’est concrétisée par la mise à disposition auprès des CIGALES d’une chargée de mission du Comité de bassin d’emploi de Dunkerque, au moment de l’ouverture des premières Cigales. C’est désormais le CBE (qui couvre 61 communes du Dunkerquois, soit 270 000 habitants) qui offre sa logistique et ses réseaux aux cigaliers. Un partenariat somme toute logique, dans la mesure où les CBE qui rassemblent sur une base tripartite collectivités, syndicats et entreprises, avec souvent en plus les associations, ont eux aussi pour perspectives le développement d’activités et l’insertion. Plus largement, toutes les structures réunies à la MDE ont donné leur accord pour travailler avec les CIGALES pour des projets à leur échelle : les petites sociétés par actions qui manquent de fonds propres. Même si ce n’est qu’au moment du choix des premiers projets (c’est-à-dire à l’été 1998) qu’on mesurera la viabilité de ces CIGALES (on annonce la naissance prochaine de deux autres !), il semble qu’elles aient répondu à une attente locale, aussi bien des pouvoirs publics que des personnes privées. En conservant leur indépendance, comme le certifie Marc Lamoureux : “l’AT 6 est bien l’opérateur du dossier. La municipalité dunkerquoise apporte son soutien à une dynamique engagée par les CIGALES”. Dès le courant de l’année 1998, un chercheur en économie de l’Université du Littoral va étudier l’apport de ces nouveaux intervenants au tissu économique local. L’expérience est en tout cas suivie avec beaucoup d’attention, notamment grâce au parrainage de Michel Delebarre. Elle ne devrait pas tarder à trouver d’autres lieux d’expérimentation, si l’on en croit le CLCBE, qui a lancé une étude sur le financement alternatif dans les territoires. “A la suite d’une 6 Association Territoriale CIGALES. CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 15 première étude sur l’activation des dépenses passives du chômage, retrace Sophie Robert, chargée de mission au CLCBE, nous nous sommes demandés quelles étaient les structures adaptées au financement de petites entreprises. Parmi d’autres (ADIE, PFIL), les CBE nous ont bien sûr indiqué les CIGALES. Plusieurs comités ont d’ailleurs facilité leur émergence, comme à Chevilly-Larue, dans le Nord-est toulousain, à Brest et bientôt en Bourgogne. Le CBE est un bon outil pour convaincre certains élus que les CIGALES peuvent trouver un public particulier de créateurs, sans être en concurrence avec d’autres structures et en répondant vraiment à des nécessités locales.” Le CBE remplit ainsi parfaitement son double rôle de concertation et d’action, en amont en favorisant l’éclosion de CIGALES auprès des municipalités concernées et en aval en leur apportant un flux de projets. Par l’entremise ou non des CBE, la coopération CIGALES-municipalités ne fait que commencer. La dimension municipale est un cadre de travail nouveau pour les CIGALES. Ce qu’elles recherchent d’abord, c’est l’implication des citoyens sur un territoire et dans un deuxième temps le soutien éventuel d’une collectivité locale. Elles ne sont aucunement désireuses de rester dans leur coin, mais veulent conserver leur souplesse d’intervention. En 2002 L’euphorie locale est moins grande ! Deux CIGALES sur les quatre créées se sont évaporées, tout comme la tontine solidaire. De plus, les CIGALES rescapées (Coup de vent et JMD Expansion) n’ont pas connu une activité débordante, puisqu’elles ont financé, tontine comprise, 6 projets ; seuls les porteurs ont manifesté leur enthousiasme face à des personnes qui ont su les accompagner dans leur création d’activités. Face à un si faible bilan, les acteurs locaux se sont demandés rapidement si les dispositifs choisis étaient adaptés au territoire et à sa réalité économique. Un cigalier explique ainsi que “ la CIGALES est un outil très excluant (EI, EURL). Or, la SARL est très peu représentée sur l’agglomération. Si on cumule avec les critères d’activité, la cible concernée devient très étroite ”. L’outil n’est-il pas resté trop plaqué sur une réalité qui ne voulait pas s’y contraindre et trop isolé des autres structures de la création 16 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE d’entreprises ? Il faut dire que la concurrence est vive, avec l’une des plus grandes PFIL de France. Les CIGALES semblent payer le prix de leur indépendance et de résultats mi-figue mi-raisin qui ne se satisfont pas de la simple comptabilité économique. Au-delà des six projets aidés, les CIGALES mettent en effet l’accent sur la création de lien social au travers de réunions et sur la présentation d’une autre vision du système économique local. Hasard ou coïncidence, la lente déréliction de l’épargne solidaire en Dunkerquois a été contemporaine du départ de Michel Delebarre pour la présidence du Conseil régional dès 1998, ainsi que de la démission un peu plus tard de la chargée de mission Epargne de proximité. L’économie solidaire s’est retrouvée diluée dans le vaste ensemble du développement économique et les acteurs institutionnels (chambres consulaires, élus à la vie économique, réseaux d’accompagnement) ont perdu l’habitude d’envoyer les porteurs de projets vers les financeurs solidaires. Et les choses ne semblent pas devoir évoluer avec l’arrivée du Conseil de développement prévu par la LOADDT : pas de fauteuil en vue pour l’économie solidaire dans ce nouveau conseil, mais plutôt un strapontin... La Communauté urbaine de Dunkerque, avec Michel Delebarre, décidément incontournable, revenu à sa tête, semble avoir récemment fait le choix d’apporter son soutien à l’antenne locale de l’ADIE et à la Caisse solidaire Nord-Pas-de-Calais. Des décisions qui résultent là encore d’une approche plus technocratique que citoyenne ! C’est ce qu’exprime en substance l’association GEANTS (Générons ensemble des acteurs pour des nouveaux territoires solidaires, plate forme régionale de l’UNADEL) : “ l’agglomération de Dunkerque est l’agglomération la plus avancée du territoire au regard de la LOADDT. Le gros problème de Dunkerque est qu’ils ont payé des gens pour travailler sur la mise en application de la loi Voynet sur leur territoire. Ce qui sort de leur étude n’est pas mal, mais c’est de la matière grise qui sort d’un cabinet d’experts. Au niveau de la communication avec la population, ça n’a pas été fait et ça va finalement à l’inverse de la volonté affichée par l’agglomération de plus de démocratie CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 17 participative. Ils n’ont pas pris de contact avec les acteurs du territoire autres que ceux avec qui ils travaillaient déjà ». Mais au regard de l’économie solidaire, déjà bien quadrillée au sein des zonages locaux, la LOADDT semble devoir apporter bien peu d’avancées. Et au final, les relations, faites d’intérêt autant que de suspicion, avec les partenaires politiques, semblent revenues à la case “ départ ” pour les acteurs les plus anciens et les plus petits de l’économie solidaire sur le territoire du Dunkerquois. Dommage, car les spécialistes du développement local ne cessent de plaider pour un meilleur dialogue entre élus et associations du tiers secteur : “ il y a deux pôles à l’intérêt général : d’un côté le service public et les élus, de l’autre les citoyens. Avoir un pôle fort de citoyens avec des propositions de dialogue social est positif. C’est de la différenciation que naît la qualité. Mais cette conception est loin d’être partagée par tous, et en particulier par les élus ” (Jacqueline Lorthiois, interview pour le réseau 21 de l’Université de Valenciennes). Eric Larpin Agence de presse Epices 18 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE PAROLES DE GERANT(E)S Rencontre avec Pascale Berger, gérante de la Cigales La Saônoise A u cours du mois de mai 2001, alors que les négociations autour de la mise en place des « pays » en Haute Saône battaient leur plein, le petit territoire des Hauts du Val de Saône, fief de la CIGALES La Saônoise, se prêtait lui aussi à mon petit jeu de questions - réponses. Premier des pays en réflexion à compter un club d’épargnants solidaires de type CIGALES investi dans les démarches issues de la LOADDT, le pays de Vesoul Val de Saône pouvait à juste titre jouer le rôle du précurseur. Au moment de l’enquête, la CIGALES La Saônoise (voir fiche d’identité) était en bonne voie pour obtenir une représentation au sein du conseil de développement, avec un espoir de saupoudrer d’économie solidaire le projet de territoire à bâtir et ce, malgré la volonté manifeste des acteurs politiques et institutionnels locaux de privilégier d’abord leurs outils de financement. Pour les cigaliers interrogés alors, l’enjeu d’une inscription dans le cadre du pays était de « faire passer ce message qu’à côté des outils traditionnels, il y a des gens qui se regroupent et qui peuvent apporter une aide modeste mais qui a l’avantage d’être rapide, souple et simple », et qu’à ce titre « l’Epargne de Proximité CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 19 Solidaire pourrait faire partie du projet de territoire, en tant qu’outil de financement complémentaire ». Le Pays devait être aussi, pour le club, un moyen d’officialiser son action pour « servir de base de lancement au développement du concept ». Quinze mois plus tard, les objectifs du club semblent partiellement atteints puisque celui-ci est représenté au sein du conseil de développement du Pays de Vesoul Val de Saône par deux de ses membres, dont sa gérante, depuis le début de l’année 2002. Pour cette dernière, cette représentation est déjà une petite victoire qui témoigne en tous cas que les épargnants solidaires n’entendaient pas rester à côté d’une dynamique « par laquelle le territoire devait nécessairement passer ». Cependant, ici comme ailleurs, les premiers mois suivant la mise en place officielle du conseil sont un peu laborieux et peuvent conduire à un effritement du dynamisme des premiers jours. L’inertie est importante et les cigaliers regrettent « de n’avoir eu qu’une réunion depuis la mise en place début 2002 » et surtout que « rien de concret » ne soit encore sorti. Pas évident en effet de faire se rencontrer et travailler ensemble des mondes (les associatifs et les socioprofessionnels) qui n’ont ni les mêmes objectifs, ni les mêmes façon de travailler. Avec plus de 70 participants, originaires de tout le territoire, le conseil de développement du Pays de Vesoul Val de Saône est une structure imposante dont l’animation demande un peu de doigté et beaucoup de bonne volonté : « A vrai dire, on n’a pas vraiment eu la parole, il y a quelques difficultés au niveau de l’animation, l’état d’esprit des animateurs était plus « on fait le conseil de développement et après on verra ». La prise de parole n’est pas évidente, il y a toujours des grosses têtes qui monopolisent un peu les discussions. » L’expérience montre en tous cas que la très en vogue « démocratie participative » se manie plus facilement dans les textes et les discours que sur le terrain, la « participation » n’étant pas une pratique naturelle, ni pour les animateurs, ni pour les « animés ». De ce fait, au cours des premières réflexions sur le projet de territoire, les cigaliers n’ont pas encore trouvé d’opportunité 20 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE pour introduire un projet d’économie solidaire entre les « sujets « lourds » comme les transports ou les sports et loisirs » qui alimentent les tous premiers débats. Cependant, malgré ces débuts difficiles, les épargnants solidaires Hauts Saônois prennent les choses avec philosophie. Ainsi pour Pascale Berger, « Le conseil de développement est encore très jeune, il faut que tout cela se mette en place, que ça rentre dans les mentalités. C’est une nouvelle façon de travailler qui n’est par acquise, mais on garde tout de même espoir de pouvoir faire passer notre message ». Au sein du conseil de développement, la CIGALES « veut essayer de transmettre des choses », et puis, si l’efficacité n’est pas encore au rendez-vous, Pascale Berger estime que cette présence est « importante car, en tant que bénévole, on amène quand même un autre regard ; au politique, c’est autre chose. » Mais inversement, que peuvent apporter les politiques publiques, et notamment la politique des pays, à l’action essentiellement militante des cigaliers ? Pour Pascale Berger, bien que « le monde associatif ait montré qu’il fonctionnait très bien sans le politique », c’est peut être de « reconnaissance » qu’il peut s’agir. Reconnaissance du travail mené depuis longue date pour le développement économique et social du territoire, reconnaissance de la légitimité de la société civile à participer aux décisions concernant précisément ce développement. A terme, c’est aussi la possibilité de « développer des partenariats, de se faire connaître et d’essaimer », surtout dans un contexte où, proche du terme de son deuxième quinquennat, la CIGALES La Saônoise aimerait bien passer le relais… Alors, quel avenir pour l’économie solidaire et les CIGALES dans le cadre du Pays de Vesoul Val de Saône ? Pascale Berger explique : « L’économie solidaire, c’est sûr que ça ne compte pas parmi les priorités du pays. Mais on reste confiant car ce que je dis pour l’économie solidaire est aussi vrai pour toutes les autres associations du territoire : le Pays n’a pas encore eu de retombées concrètes. Et puis l’association de développement des Hauts du Val de Saône [structure dont la CIGALES constitue le « bras » économique] a du poids, elle n’est pas écrasée et est bien CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 21 vivante. A terme elle fera passer ses projets dans le cadre du Pays, c’est sûr, mais il faut du temps. Il faut être patient et surtout pas fataliste ! » Patients et optimistes, ces cigaliers Hauts Saônois ont raison de l’être. Notre étude montre en effet, que si l’inscription de l’économie solidaire dans le cadre des pays n’est pas forcément évidente, en Haute Saône notamment, dans d’autres territoires les dynamiques enclenchées sont enthousiasmantes. C’est le cas par exemple du Pays de la Haute Vallée de l’Aude, qui fut notre troisième territoire d’étude, où l’obstination des militants d’une économie solidaire s’est traduite par la création d’une commission spécifique au sein du conseil de développement. Outre la mise en place d’un marché solidaire et celle d’un observatoire économique et social, les premières réflexions de cette commission devraient aboutir à la création de plusieurs outils de financements solidaires, CIGALES notamment, outils désormais « officiels » du développement du territoire pour les dix années à venir. Sylvain Pechoux FICHE D’IDENTITE DE LA CIGALES Nom : La Saônoise Année de création : 1994 (deuxième quinquennat entamé) Nombre de membres : 16 Investissements : 10 projets très divers (SARL de production de bateaux solaires, exploitation agricole en maraîchage biologique, apport avec droits de reprises dans des associations du territoire, etc.) Particularités : Bras économique de l’Association de Développement des Hauts du Val de Saône, qui regroupe, professionnels, élus et acteurs associatifs de ce petit territoire au nord de la Haute Saône. 22 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE TROIS QUESTIONS A : MAX ALBIZATTI, MEMBRE DU COMITE DE BASSIN D’EMPLOI DE VIERZON, MAIRE ADJOINT DE VIERZON JD : Le CBE de Vierzon est actif en matière d’économie solidaire. Quelles en sont les raisons ? Le bassin d’emploi de Vierzon est le lieu de profondes mutations : traditionnellement pays rural, avec des industries de mécanique, de textile ou de porcelaine, le bassin a perdu plusieurs milliers d’emplois dans les trois dernières décennies. Le comité de bassin d’emploi s’est créé il y a 17 ans en réaction à cette hémorragie et pour aider à la création d’entreprise alors que la mentalité d’entrepreneur existait peu. Une pépinière d’entreprises a ainsi été mise en place avec l’idée de solidariser l’ensemble des acteurs économiques. Les syndicats de salariés, notamment la CGC et la CFDT, ainsi que la chambre de commerce et d’industrie, ont été moteurs dans cette transformation socio-économique du bassin. JD : Mais comment passe-t-on de l’idée de création d’entreprises et de solidarité économique à la pratique de l’épargne solidaire ? Par la rencontre avec des personnes impliquées dans l’épargne de proximité. La pépinière a très rapidement posé la question du financement de la création de petites entreprises. CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 23 Parallèlement, sur un quartier de Vierzon, la collecte de l’épargne de proximité s’est mise en place à l’initiative de Francis Vit et d’une partie du milieu associatif. Cette rencontre entre les actions du CBE et les interventions individuelles a été très fructueuse sur le plan de la solidarité pour entreprendre et sur le plan pédagogique. L’innovation a permis de mobiliser davantage d’habitants du bassin d’emploi et ainsi apporter un environnement favorable aux créateurs d’entreprises. San un bon terreau, il n’y a pas de création. JD : Quel a été l’apport du comité de bassin d’emploi dans la collecte de l’épargne de proximité ? Nous n’avons pas souhaité en faire un instrument de politique locale car immanquablement la nature de cette initiative en aurait été modifiée : le réflexe aurait été de faire appel aux pouvoirs publics, commune mais aussi conseil général ou conseil régional et de demander des financements publics pour cette initiative citoyenne. Nous avons préféré apporter une aide logistique aux créateurs d’entreprises, aux CIGALES en créations et aux épargnants solidaires et compléter le dispositif, en lien avec la chambre de commerce. Depuis, une plate-forme d’initiative locale, dispositif institutionnel, a été créée ; des prêts bancaires ont été mis en place pour les activités industrielles ; mais nous savons que si nous voulons trouver des accompagnateurs et des parrains pour de nouvelles petites entreprises ou si nous voulons travailler dans le secteur artisanal, au-delà de l’apport financier, nous pouvons nous adresser à la CIGALES. Les résultats en terme de création d’entreprise sont à la mesure de cet investissement citoyen et bénévole. Plusieurs entreprises existent grâce à cet apport. A titre d’exemple, une entreprise de textile qui emploie 5 à 6 salariés, est actuellement gérée par une conseillère municipale. Mais plus globalement, si le bassin d’emploi (10% de la population du Cher) compte aujourd’hui la moitié des créations d’entreprises, c’est certainement dû à cet environnement favorable dans lequel les CIGALES ont eu leur part. Le bassin d’emploi 24 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE compte quelques entreprises importantes dont certaines ont été accompagnées par le bassin d’emploi. Le CBE étudie actuellement la création d’une nouvelle pépinière qui serait ciblée davantage sur des créateurs qualifiés et sur les services, continuant à jouer son rôle de développeur économique local et de moteur pour un développement plus participatif et plus solidaire. Jacques Dughera CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 25 26 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE LA L.O.A.D.D.T, UNE CHANCE POUR LES CLUBS CIGALES L a L.O.A.D.D.T, ou loi « Voynet » du nom de son auteur, a l’ambition de recomposer les territoires dans la perspective d’un développement durable ; autrement exprimé : que le développement local s’inscrive dans un territoire pertinent (les « pays », les « agglomérations ») et dans la durée. Les clubs CIGALES n’ont pas attendu la loi « Voynet » pour s’impliquer dans le développement local ce, avec des fortunes diverses d’ailleurs. Tout bon connaisseur du mouvement sait que le L de Local prend souvent le pas (trop ?) sur les autres lettres du sigle. Mais l’insertion dans le local n’est pas toujours évidente, il s’agit souvent d’un terrain miné entre des élus imbus d’eux-mêmes et de leur importance (mais pas tous heureusement), des acteurs institutionnels jaloux de leurs prérogatives (mais pas toujours) octroyées par les « instances supérieures », d’autres acteurs associatifs qui ressentent (parfois) les autres comme des concurrents plutôt que des partenaires. Pas facile donc d’exister et de travailler dans un milieu où les enjeux de pouvoir et les rapports de force priment sur la coopération et le partenariat. Ceci étant, il ne faut pas systématiquement noircir le tableau et bien prendre conscience que le mouvement de l’économie solidaire a de nombreux atouts pour faire valoir ses idées et ses actions, les expériences relatées dans ce numéro le montrent bien. CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 27 Sans entrer dans le détail de cette loi, il faut en souligner ses deux apports majeurs : - D’abord la définition de nouveaux territoires, plus importants que la commune (forcément limitée), mais plus proches et mieux adaptés que les régions et départements dont les limites sont la plupart du temps artificielles. - Le mode de construction des territoires et les fonctions qui leurs sont assignées par des conseils de développement composés d’élus et de membres de la société civile. Il y a là un enjeu de démocratie locale et participative qui doit interpeller les militants et les sympathisants de l’économie solidaire. Malgré ses imperfections, ses insuffisances et ses lourdeurs la L.O.A.D.D.T donne l’occasion de faire progresser nos idées et nos pratiques sur des territoires à notre échelle. Les atouts de l’économie solidaire résident principalement en sa légitimité à intervenir contre l’exclusion et pour le développement durable. Depuis quelques années elle a démontré sa capacité de réflexion face à un modèle qui exclut et qui écrase. C’est aussi la cohérence entre cette réflexion et ses pratiques qui fait la force de notre mouvement. Par contre, d’autres facteurs freinent la progression de l’économie solidaire, au rang desquels sa dispersion et son inorganisation qui amoindrissent la lisibilité et la visibilité de nos idées et actions et par là même notre développement. Il y a aussi une certaine incapacité à travailler en réseau et en partenariat avec d’autres structures qui nous sont proches. Il est évident qu’il faut s’investir dans les conseils de développement et participer ainsi à la construction et au développement des pays et agglomérations concernés. Mais dans un contexte souvent difficile, du fait des différents statuts des acteurs, cette participation n’a de valeur et de sens que sous les conditions suivantes : - Avoir un discours fort et clair sur l’économie solidaire et une cohérence entre ce discours et les pratiques qu’il sous-tend, 28 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE - Avoir un positionnement plus lisible par les autres partenaires pour permettre un vrai travail en réseau local (ne pas croire qu’on est les meilleurs, qu’il n’y a que nous qui avons raison, etc…). - Avoir une nécessaire structuration de notre mouvement ; disposer d’un réseau régional et national présente plus d’un avantage : éviter le repli sur soi, favoriser les synergies et les échanges, éviter un face à face stérile avec les élus locaux en s’appuyant sur un réseau dépassant la seule dimension locale. Car le local seul rencontre très vite ses limites, alors que relié au global il n’en a que plus de force et de légitimité. Puis, sur ces bases on peut alors communiquer, échanger, avancer… avec les autres partenaires, sans se renier et pour le bien de tous. La fédération des clubs CIGALES, qui a soutenu le passionnant travail de Sylvain Péchoux, devra poursuivre et amplifier son action « un pays/un club CIGALES » pour renforcer la crédibilité et la dynamique de ces nouveaux territoires que sont les pays et agglomérations et de leurs conseils de développement. Cette action se révèle aussi très importante pour accroître le nombre de clubs CIGALES en s’appuyant sur des territoires qui correspondent à nos attentes tant par leur taille que par les pratiques qu’ils mettent en œuvre. Ainsi ces nouveaux territoires (pays et agglomérations) seront certainement, à court et moyen terme, les principaux vecteurs de croissance de notre mouvement. Olivier Nicol CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 29 Projet « Un pays, une CIGALES » Ce projet a été préparé par la Fédération et présenté à la DATAR, en 2001. Il a fait l’objet d’une convention, signée en novembre 2001, avec la DATAR qui apporte un financement de 200.000 F (30.200 euros). Cette action est programmée pour une durée de 3 ans. Ce projet vise à : - Sensibiliser localement les clubs à la constitution des pays et encourager leur participation aux conseils de développement pour que l’épargne solidaire de proximité ne soit pas oubliée dans les projets de territoire. Accompagner les clubs dans leurs démarches auprès des territoires et leurs conseils de développement. - Favoriser l’organisation territoriale des clubs (constitution d’A T) et leur essaimage. - Communiquer sur l’économie solidaire en général et l’épargne de proximité en particulier, en direction des élus et des autres acteurs du territoire. Proposer des formations sur ces domaines. Etat d’avancement : Dans un premier temps la Fédération a soutenu et accompagné le travail d’étude de Sylvain Péchoux dont le troisième cahier rend compte. Grâce aux conclusions de cette étude et après un état des lieux établi en fonction des thèmes retenus, la Fédération a mis en place une stratégie pour réaliser les objectifs de la convention ainsi que pour mobiliser les clubs CIGALES et les A T concernés. L’Assemblée Générale de septembre 2002 est un temps important pour cette mobilisation. 30 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE EXPLICATION DE TEXTES a Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire (LOADDT) du 25 Juin 1999, introduit un nombre conséquent d’innovations dans les modes d’organisation et de gestion des territoire infradépartementaux. Pour la première fois en effet, la société civile est invitée à prendre part aux discussions concernant le développement de ses espaces de vie. Les termes de Pays, Conseils de Développement ou Charte de Territoire ne vous sont pas encore familiers ? Qu’à cela ne tienne, voici une rapide revue de détail. L Que veut la LOADDT ? La Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire doit permettre de construire les territoires de demain en s’appuyant sur deux concepts forces : le développement durable et la participation de la société civile (la démocratie participative). Elle vise ainsi l’association des citoyens aux décisions publiques, la création de nouvelles formes d’organisation territoriale adaptées aux réalités économiques et aux modes de vie (les pays et agglomérations), la mise en place d’espaces de projets caractérisés par de fortes solidarités humaines, sociales et économiques et enfin la délégation de nouvelles compétences aux communes et à leurs groupements aux départements et aux régions afin de satisfaire les besoins et leur permettre de mieux coopérer. CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 31 Pour ce faire, la LOADDT s’articule autour de quatre principes : - Une planification nationale sous forme de schémas de services collectifs (passage d’une politique d’équipement à une politique de services) - L’amélioration des services publics - Les régions deviennent les pivots de l’organisation territoriale - La constitution de pays et agglomérations pour des espaces de projet. Qu’est-ce qu’un Pays ? Un pays est : - un territoire caractérisé par une cohésion géographique, économique, culturelle ou sociale, - un lieu d’action collective qui fédère des communes, des groupements de communes, des organismes socioprofessionnels, des entreprises, des associations…autour d’un projet commun de développement (voir plus loin « Qu’est ce qu’une Charte de Développement »?), - un niveau privilégié de partenariat et de contractualisation qui facilite la coordination des initiatives des collectivités, de l’Etat et de l’Europe en faveur du développement local. Un pays n’est pas : Ce n’est ni une nouvelle circonscription administrative, ni une nouvelle collectivité locale, il ne dessaisit aucun organisme de ses compétences et n’a pas de fiscalité propre. Le pays s’organise dans une logique de mission, à travers des tâches de coordination, d’animation et de mobilisation des différents acteurs publics et privés du territoire qui le compose. L’initiative de la création d’un pays relève des communes ou de leurs groupements. Un pays se fonde par conséquent sur le volontariat local. Il a par ailleurs besoin de rechercher, dès sa création, l’adhésion la plus large des collectivités locales dans la mesure où sa charte devra être approuvée par l’ensemble des communes. Dans un souci de cohérence avec les autres échelons 32 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE d’intervention de l’Etat, son périmètre doit être reconnu par la Conférence Régionale d’Aménagement et de Développement du Territoire et c’est le préfet de région qui l’arrête au final. Qu’est ce qu’une agglomération ? Une agglomération est une aire urbaine d’au moins 50 000 habitants, avec une ville centre d’au moins 15 000 habitants. La politique des agglomérations a pour but de renforcer les solidarités entre les différentes composantes spatiales du territoire urbain (commune centre, couronne sub-urbaine, tissu périurbain), de maîtriser les conséquences de l’étalement et d’assurer un développement plus durable des agglomérations. L’échelle de l’agglomération est considérée comme le niveau pertinent pour concevoir les choix d’aménagement et d’urbanisme, l’organisation des transports collectifs, la localisation des activités industrielles et commerciales ou la politique de mixité sociale. Une agglomération peut faire partie d’un pays. Qu’est-ce qu’une Charte de Développement ? La charte de pays (d’agglomération) est un document de référence qui détermine la stratégie du territoire en matière de développement socio-économique, de gestion de l’espace et d’organisation des services et ce pour les 10 années à venir (le projet de territoire). Elle est élaborée à l’initiative des communes et de leurs groupements en association avec d’autres collectivités et la société civile (via le conseil de développement). La charte est le véritable document fondateur du pays (de l’agglomération) puisqu’elle conditionne sa reconnaissance effective et la délimitation de son périmètre définitif. Elle est élaborée après un diagnostic qui dégage les principaux enjeux du territoire. Qu’est-ce qu’un Conseil de Développement ? Suivant qu’on se situe dans le cas d’un pays ou d’une agglomération, les définitions diffèrent quelque peu. Dans le cas des pays : Le Conseil de Développement est un organe d’animation du pays par lequel la loi incite au renforcement du partenariat entre élus, milieux socio-professionnels et associatifs. Il consacre la CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 33 participation de la société civile aux décisions concernant l’avenir des territoires. De ce fait, il est composé de manière équilibré de représentants des milieux économiques, sociaux, culturels et associatifs présents sur le territoire. Au niveau de ses fonctions, celles-ci ne se limitent pas à la consultation, mais elles peuvent porter sur l’élaboration des projets, la participation à la prise de décision, la prise de responsabilités, le suivi des action, l’évaluation des programmes. Articulé avec la structure de gestion du pays, composée en partie d’élus, le conseil de développement n’en a pas moins une capacité de fonctionnement propre avec des moyens financiers et humains appropriés. Dans le cas des agglomérations : Le principe est le même mais la loi s’est montrée ici moins ambitieuse puisque les fonctions du conseil sont limitées à un rôle consultatif ; le conseil de développement est ainsi consulté (et non associé) pour l’élaboration du projet d’agglomération et pour toute question relative à l’agglomération, notamment sur son aménagement et son développement. 34 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE POUR ALLER PLUS LOIN… Des documents pour se renseigner - Lois, décrets et circulaires disponibles sur le site du Journal Officiel (http://www.journal-officiel.gouv.fr). - Guide méthodologique pour la mise en œuvre des Pays, Paris : DATAR/MATE. Mars 2001 téléchargeable sur le site de la DATAR (http://www.datar.gouv.fr). - Tout ce qu'il faut savoir sur la Loi Voynet, La lettre de la DATAR. supplément au n°167. automne 1999 - Guide méthodologique sur le conseil de développement, ETD / Comité national de suivi des Pays, Octobre 2000 téléchargeable sur le site de ETD. - Loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999 : fiches pédagogiquespays et agglomérations. Mairie Conseils/CDC. Octobre 2000. - Dynamiser le développement local participatif, UNADEL, Octobre 1999. - La participation des acteurs associatifs au conseil de développement du pays ou de l’agglomération. 10 démarches locales à la loupe. Plateforme Territoires d’Avenir, UNADEL, juin 2002. CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 35 - Le premier rapport de l’expérimentation nationale « Pour des Conseils de Développement Participatifs » à laquelle participe la fédération des CIGALES. Téléchargeable à partir du site de l’UNADEL. - Intercommunalité, chartes, pays…Qu’est-ce qu’un projet de territoire ? Supplément au n° 397, « Territoires, » avril 1999. « Territoires » est une revue éditée par l’ADELS. Les numéros 412 (Conseils de développement, l'an 00) et 419 (Acteurs économiques et sociaux, élus, habitants... Développer ensemble le monde rural) sont des sources d’informations précieuses sur le thème qui nous intéresse aujourd’hui. Des Pays et des Cigales - ALCOLEA A.M. « Les apports de l’économie solidaire aux dynamiques locales », CBE de Dunkerque, mars 1999. - PECHOUX S., « Pays et Agglomérations : les nouveaux territoires de la solidarité ? L’apport des pratiques d’Epargne de Proximité Solidaire - expériences du Pays de la Haute Vallée de l’Aude (11), du Pays de Vesoul Val de Saône (70) et de l’Agglomération du Dunkerque (59)», Mémoire de Fin d’Etudes, ISARA-Fédération des CIGALES. Année 2001-2002. 207 p + annexes, Téléchargeable prochainement sur le site de la fédération des CIGALES. - PLESSIS S., « Le CBE et l'Economie solidaire : un projet de développement du territoire ». mémoire DESS DLES, université de Valenciennes, 1999. Des réseaux pour échanger - ADELS - Association pour la Démocratie et l’Education Locale et Sociale, 108-110 rue Saintt Maur - 75 011 Paris, Tél : 01 43 55 40 05, http://www.adels.org, 36 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE - CLCBE - Comité de Liaison des Comités de Bassin d’Emploi 12-16, rue Brancion - 75 015 Paris, Tél : 01 53 86 11 50, http://www.clcbe.com. - ETD - Entreprise Territoire et Développement 5, rue Sextius Michel - 75 015 Paris, Tél : 01 43 92 67 67, http://www.etd.asso.fr. - RTES - Réseau des Territoires pour l’Economie Solidaire 1, allée Thirode – 71380 Saint Marcel, Tél : 03.85.42.72.42, [email protected] - UNADEL - Union Nationale des Acteurs et Structures de Développement Local 1, rue du Pré St Gervais - 93 500 Pantin, Tél : 01 41 71 30 37, www.unadel.asso.fr. - MES - Mouvement d’Economie solidaire 3 place Valois - 75001 Paris, Tél : 01 42 96 55 39, www.inter-reseau-solidaire.org. Des outils pour agir - Allô Territoires-Conseil : 01 41 85 93 16, service téléphonique gratuit créé dans le cadre d’un partenariat entre la DATAR, la Caisse des Dépôts et Consignations et son service MairieConseils, en collaboration avec ETD. Territoires-conseil répond aux questions relatives à la mise en œuvre de la politique des pays (procédure, charte, conseil de développement, contractualisation…). - Expérimentation nationale Pour des conseils de développements participatifs, www.unadel.asso.fr/TA/experimentation.html, Expérimentation à laquelle participe la Fédération des CIGALES. - L’observatoire des pays, Entreprise, territoire et développement. CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 37 Vous avez un projet à vocation solidaire ? Vous recherchez un financement www.bourse-solidaire.org Votre partenaire 38 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE SOMMAIRE Présentation : L’épargne de proximité solidaire à l’aube et à l’aune du territoire. Sylvain Péchoux 3 Les pays et l’épargne solidaire Henri Isabey 7 Expérience d’un territoire : Dunkerque, un cas d’école Eric Larpin 11 Parole de gérant(e) Sylvain Péchoux 19 Trois questions à Max Albizatti, comité de bassin d’emploi de Vierzon Jacques Dughera 23 La LOADDT, une chance pour les CIGALES Olivier Nicol 27 Annexes : Explication de textes Pour aller plus loin 31 35 Achevé de rédiger le 28 août 2002 Comité de rédaction : Jacques Dughera, Eric Larpin, Nicolas Meunier, Olivier Nicol, Marie Pichevin, Sylvain Pechoux, Fanny Richard CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 39 Fédération des CIGALES Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative Locale de l’Epargne Solidaire Les CIGALES sont des clubs d’investisseurs privés au service des créateurs respectueux de la place de l’homme dans son environnement social, écologique, culturel et local. Les Cigales se situent au carrefour de l’Epargne de proximité, de l’Epargne éthique et de l’épargne solidaire. Elles veulent contribuer à développer la citoyenneté active de leurs membres et à inciter à toujours plus de démocratie économique et de démocratie locale. En 2000, Un réseau de 105 Cigales réparties sur le territoire français 1.700 cigaliers investissent et accompagnent des créateurs d’entreprises. 141 778 Euros ont été investis Plus d’une centaine d’emplois a été créée ou maintenue grâce à l’intervention des CIGALES. Fédération des Cigales 61 rue Victor Hugo 93 500 Pantin Tél/Fax : 01 49 91 90 91 www.cigales.Asso.fr 40 CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE CONTACTS REGIONAUX DES CIGALES Fédération des CIGALES Président : Jean Pierre Dumoulin 61 rue Victor Hugo, 93 500 Pantin Tél/Fax : 01 49 91 90 91 Mail : [email protected] Association Territoriale d’Ile de France Président : Yves Barnoux Tél/Fax : 01 41 71 00 92 Mail : [email protected] Association Territoriale du Nord et du Pas de Calais Présidente : Christiane Bouchart Tél : 03 20 68 17 83 Mail : [email protected] Association Territoriale d’Ile et Vilaine Président : René Troprès Mail : [email protected] Association Territoriale de Bourgogne Président : Olivier Mazué Tél : 03 80 50 90 47 Mail : [email protected] Association Territoriale de l’Essonne Présidente : Monique Bredel Tél : 03 29 24 36 23 Mail : [email protected] Association Territoriale Lorraine Franche-Comté, Présidente : Eliane Vilanova Tél : 03 29 24 36 23 Mail : [email protected] APEAS, Bouches du Rhône Tél : 04 91 90 99 02 40 Mail : [email protected] CAHIER DE L’EPARGNE SOLIDAIRE 41