onshore-offshore a donné lieu à d'importantes importations intermédiaires et moins de produits fabriqués en
Tunisie donc moins de valeur ajoutée créée localement».
Nonobstant les motivations réelles qui ont poussé la Banque Mondiale, qui semble jadis plutôt satisfaite de ce
modèle, à émettre ce diagnostic réel et acerbe, il convient de souligner que la réalité dépasse de loin ce
diagnostic. Car, si on ajoute à ce diagnostic le développement outrageux de l'économie parallèle (estimé peut
être à plus de 50% du PIB), la prolifération de la corruption et du népotisme, la multiplication des fuites
fiscales et des fuites de capitaux (33,8 milliards de US dollars entre 1987 et 2010, selon une étude du PERI,
institut de recherche en politique économique rattaché à l'Université du Massachussetts aux Etats-Unis), le
tableau s'assombrit beaucoup plus.
En outre, ce système a ruiné le tissu industriel local et l'on compte plus de 3500 entreprises disparues dans
presque tous les secteurs d'activité.
Il s'agit donc d'une économie sclérosée, dépourvue totalement d'un système productif, et qui s'est tournée vers
des importations massives qui profitent à certains groupes qui ont investi dans des activités purement
commerciales de distributions, encouragés par des multinationales avides de marchés et de débouchés pour
leurs productions qui sont soutenues par des puissances mondiales et régionales.
Dans ce cadre, est-il judicieux et sage de décider d'une dévaluation du dinar qui ne pourra engendrer qu'une
aggravation de la situation économique et sociale du pays : avec comme conséquence immédiate la relance de
la spirale inflationniste, la détérioration du pouvoir d'achat notamment au niveau des couches sociales les plus
démunis et de la classe moyenne d'où le risque d'une explosion sociale. Sans parler du risque certain de
l'aggravation du déficit commercial, de l'endettement en plus du reflux de l'investissement local public et privé
déjà moribond.
Dans le paragraphe 18 du Mémorandum de politiques économiques et financières (MPEF) joint à la lettre
d'intention adressée conjointement à la directrice générale du FMI par le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari,
et le ministre des Finances, Slim Chaker, en date du 2 mai 2016, nos responsables semblent déterminés à
appliquer les recettes du FMI en affirmant leur décision de «limiter les interventions de la BCT sur le marché
des changes au lissage des fluctuations excessives du taux de change». Traduire : «Nous n'allons plus défendre
le dinar dans sa chute». Ils ajoutent clairement: «Pour ce faire, nous sommes résolus à strictement limiter les
ventes nettes de change et uniquement lorsque les solutions de marché ont été épuisées (ceci explique le
dernier laisser-faire qui a fait chuter la parité du dinar). Un taux de change plus flexible contribuerait à
résorber progressivement la surévaluation du dinar (traduire sans équivoque qu'ils sont convaincus avec le
FMI qu'il faut dévaluer) et à favoriser un meilleur alignement sur les fondamentaux macroéconomiques», sans
oublier de conclure dans leur lettre d'intention par ceci : «Nous consulterons les services du FMI sur l'adoption
de ces mesures, et en avance de toute révision des politiques macroéconomiques contenues dans ce
Mémorandum de PEF, conformément aux politiques de consultations du FMI. Toutes les informations et
données nécessaires pour le suivi du programme seront fournies aux services du FMI».
C'est tout simplement une déclaration de soumission pathétique et humiliante.
A titre comparatif, lors d'une intervention organisée à la Sorbonne Rafael Correa, président de la république
d'Equateur, en réponse à une question posée par un jeune espagnol qui lui demandait : «En Espagne le taux de
chômage est de 26%, comment avez-vous fait pour avoir stabilisé le taux de chômage à 4,3%?», a répondu :
«C'est simple je n'ai pas appliqué les recettes du FMI».
Quelles solutions pour sauver l'économie nationale ?
En partant de ce diagnostic et tenant compte du déséquilibre alarmant de notre balance de paiement,
conséquence logique du déficit commercial structurel et dangereux qui s'élève à environ 20 milliards de dinars