Acireph colloque octobre 2001 Compte rendu de l’atelier STT
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Phase 3 : La provision de mots
J’écris tous les qualificatifs du bon vendeur sous la dictée des stagiaires, sans discuter ni classer. Ces
adjectifs reflètent à nouveau des approches diverses aussi bien positives que négatives. Ils sont
significatifs d’une certaine culture du groupe.
« Le bon vendeur doit vendre n’importe quoi à n’importe qui. Il est patient, aimable,
convaincu, disponible, diplomate, efficace, rhétorique, psychologue, sans scrupules, de
mauvaise foi, rusé, flatteur, pas collant, franc, il connaît son produit, il est séducteur,
séduisant, perspicace, intuitif, bien habillé, pas trop habillée (femme), crédible, complice, pas
cooljeuniste, observateur, convaincant, pas raciste, attentif, souple, type européen,
souriant. »
Les mots apportés par mes élèves étaient plus crus, moins corrects et plus axés sur les
caractéristiques physiques. Ils reflètent bien les problèmes de langue liés au trilinguisme du
pays. Par exemple : « gentil, il ne se ronge pas les ongles, il ne se tripote pas et ne tripote
pas les clientes, il n’a pas mauvaise haleine, bien tenu, ne fait pas attendre, il montre ce qui
peut t’aller, il négocie le prix, il parle la langue du client, travailleur, etc. »
Les modèles théoriques sont très riches sur ce sujet. Lendrevie et Lindon
mettent l’accent
sur quatre qualités de base : l’ego ou besoin ardent de réussir, l’empathie ou sens
psychologique qui est presque opposée à l’ego, un aspect physique agréable et un sens
développé de l’organisation. Marc Corcos
met l’accent sur le niveau de l’intérêt que le
vendeur porte à son produit et à son client. Il montre qu’en possédant des qualités identiques
un vendeur peut être efficace ou inefficace. Par exemple, un vendeur portant un fort intérêt
pour le produit et un faible intérêt pour le client sera soit « dynamique et super-technicien »
soit « agressif ou haute pression ». S’il montre des dispositions moyennes dans ces deux
domaines, il sera soit « réaliste ou débrouillard » soit « manipulateur ou roublard ».
Ces classifications sont unanimes pour démontrer que le bon vendeur est celui qui écoute le
client et qui connaît bien son produit. Ces qualités lui permettent de privilégier la fidélisation
du client et non l’achat immédiat.
Phase 4 : La discussion collective
Je souhaitais que les participants échangent sur ce qu’ils avaient ressenti au cours des différentes
étapes du travail, qu’ils réfléchissent sur ce qu’ils avaient appris sur le métier de vendeur, qu’ils
questionnent les consignes de travail proposées. Pendant toute la discussion j’ai essayé de recentrer le
débat sur la dimension formatrice (ou non) de jeux de rôles, sur l’intérêt du champ culturel du marketing.
Par la suite, en analysant les productions réalisées, je me suis rendu compte que tous les germes
étaient présents pour que ces thèmes soient abordés. Pourtant, la première partie de la discussion a
porté essentiellement sur la dénonciation de la vente et sur le manque d’éthique des vendeurs
. Ensuite
une intervention a renversé la situation et enfin d’autres approches ont pu s’exprimer. J’ai été étonnée
de l’importance des prises de pouvoir dans le débat. Elles ont permis l’expression parfois passionnée
des contradictions.
Au cours de la discussion, j’ai ressenti que les professeurs de philosophie se situaient entre deux
extrêmes par rapport à leurs collègues d’économie et gestion : à un pôle ils se considèrent comme
porteurs (peut être exclusifs ?) d’éthique
, à l’autre ils cherchent à explorer ce qui peut être formateur
dans ce champ culturel.
a) Quelques éléments de la première partie de la discussion:
dans le Mercator éditions dalloz
dans Les techniques de vente qui font vendre aux éditions Dunod
A ce sujet, la revue française du marketing a publié un numéro spécial passionnant marketing et éthique n°153-154 1995 ; la
revue française de gestion a également édité sur ce thème un dossier éthique et pratique de la gestion n°74 juin, juillet, août
1989
Alors qu’une partie de l’assistance dénonçait vigoureusement les limites de l’éthique du vendeur, j’ai été étonnée que
personne ne se questionne sur le fait que le colloque était sponsorisé (bien légitimement à mes yeux) par une société privée !
Sur ce thème, le livre de Naomi Klein No logo Editions Actes Sud 2001 dénonce la tyrannie des marques et s’inquiète du poids
grandissant des firmes sur toutes les formes d’éducation sous prétexte d’activités de parrainage !