Pierre Brodiez Matthias Brillant DCEO1 LE RIDEAU STYLIEN PLAN I)Introduction, définition. II)Le processus styloïde III)Les muscles du rideau stylien III)1)Le ventre postérieur du muscle digastrique III)2)Le muscle stylo-hyoïdien III)3)Le muscle stylo-pharyngien III)4)Le muscle stylo-glosse IV)Les ligaments du rideau stylien IV)1)Le ligament stylo-hyoïdien IV)2)Le ligament stylo-mandibulaire V)Pathologie : le syndrome d’Eagle V)1)Introduction, définitions V)2)Sémiologie V)3)Thérapeutiques : V)4)Conclusion : I)Introduction, définition Le rideau stylien, appelé aussi diaphragme stylien, est un septum oblique en bas et médialement, constitué du processus styloïde, du ventre postérieur du muscle digastrique, des muscles stylo-hyoïdien, stylo-pharyngien et stylo-glosse, des ligaments stylo-hyoïdien et stylo-mandibulaire, et du fascia qui les unit. Il se fixe : -en avant, au fascia bucco-pharyngien ; -en arrière, au fascia du muscle sterno-cléido-mastoïdien ; -en haut, au processus mastoïde, à la partie pétro-tympanique du temporal, en avant du formen carotidien ; -en bas, à l’os hyoïde. II)Le processus styloïde Le processus styloïde est un processus acéré, vertical et long de 25 mm, situé à la face inférieure de la partie pétreuse de l’os temporal, plongeant en position inférieure, antérieure et médiale dans l’espace péri-pharyngien. Il divise sagittalement l’espace péri-pharyngien en deux régions : rétro-la région rétrostylienne et pré-stylienne. La région pré-stylienne est en rapport très étroit avec la région paratonsillaire. Cette région est la moins riche des deux en éléments vasculo-nerveux ; elle comporte l’artère maxillaire, le nerf lingual et le nerf auriculo-temporal. La région rétrostylienne comporte les artères carotides, la veine jugulaire interne, les lymphocentres du cou, le nerf facial, le nerf glosso-pharyngien, le nerf vague, le nerf accessoire, le nerf hypoglosse et la glande parotide. III)Les muscles du rideau stylien III)1)Le ventre postérieur du muscle digastrique Le muscle digastrique naît de l’incision mastoïdienne. Les ventres antérieur et postérieur sont séparés par un tendon intermédiaire, maintenu dans une poulie fibreuse fixée sur l’os hyoïde. Il se termine dans la fosse digastrique de la mandibule. Le ventre postérieur est innervé par le nerf facial, il tire en arrière l’os hyoïde. III)2)Le muscle stylo-hyoïdien Le muscle stylo-hyoïdien est fusiforme et grêle. Il naît du versant postéro-latéral du processus styloïde de l’os temporal. Il descend en avant et médialement. Il se termine sur le bord latéral de l’os hyoïde par un tendon dédoublé qui entoure le tendon intermédiaire du muscle digastrique. Son innervation est assurée par le nerf facial. Il tire l’os hyoïde en arrière et en haut lors de la déglutition. III)3)Le muscle stylo-pharyngien Le muscle stylo-pharyngien est long et grêle. Il naît de la face médiale du processus styloïde. Il descend en s’élargissant obliquement en bas et en dedans. Il passe entre les constricteurs supérieur et moyen. Il se termine sur le fascia pharyngo-basilaire, l’épiglotte et le cartilage thyroïde. Il est innervé par le glosso-pharyngien(IX). Il est élévateur du pharynx et du larynx. III)4)Le muscle stylo-glosse Le muscle stylo-glosse est long et grêle. Il naît sur la partie antéro-latérale du processus styloïde de l’os temporal et sur la partie adjacente du ligament stylo-mandibulaire. Il se termine dans le bord latéral de la langue jusqu’à l’apex. Il porte la langue en haut et en arrière contre le voile du palais et est innervé par l’hypoglosse(XII). IV)Les ligaments du rideau stylien IV)1)Le ligament stylo-hyoïdien Le ligament stylo-hyoïdien est long et grêle. Il naît du processus styloïde et chemine dans l’espace péri-pharyngien en direction inférieure, antérieure et médiale, pour aller s’insérer sur la petite corne de l’os hyoïde. IV)2)Le ligament stylo-mandibulaire Le ligament stylo-mandibulaire, de forme triangulaire, naît de la face antéro-latérale du processus styloïde, et s’étale pour se terminer sur le bord postérieur de la branche de la mandibule. V)Pathologie : le syndrome d’Eagle V)1)Introduction, définitions Le syndrome d’Eagle est une pathologie à la symptomatologie polymorphe, secondaire à un allongement du processus styloïde, ou à une ossification du ligament stylohyoïdien. Watt W. Eagle le décrit en 1937 comme « une sensation douloureuse, harcelante au niveau de la gorge, quelque chose similaire à une pharyngite chronique…La douleur peut irradier à l’oreille moyenne et à la région mastoïdienne. Fréquemment, une sensation de corps étranger logée dans le pharynx est citée. Il peut aussi y avoir des difficultés à la déglutition. ». Le syndrome d’Eagle en 2008 est défini comme une sensation inconfortable, voire douloureuse, de la région cervicale et amygdalienne, liée à une apophyse styloïde anormalement longue ou à un complexe stylo-hyoïdien ossifié. Cette ossification peut être expliquée par trois hypothèses : la théorie de l’hyperplasie réactive, la théorie de la métaplasie réactive, la théorie de la variance anatomique. V)2)Sémiologie Signes cliniques primaires : dysphagie, sensation de corps étranger, douleurs pharyngées. Signes cliniques secondaires : otalgie, céphalées, carotidynie, douleur au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire, névralgie du nerf glosso-pharyngien (IX), dysphonie, dysphagie, claquement de « l’articulation stylo-hyoïdienne ». V)3)Thérapeutiques : Trois types de traitements : -préventif post-amygdalectomie -conservateur avec des injections locales, traitement médicamenteux par voie orale (AINS) ou traitement occlusal (gouttière, rééquilibration des arcades dentaires) qui rend le syndrome plus supportable. -chirurgicaux : fracture manuelle du processus styloïde décrite en 1872 et rapidement abandonnée, styloïdectomie par approche intra-orale ou trans-pharyngée décrite par Eagle en 1937, styloïdectomie par approche extra-orale. V)4)Conclusion : Devant toute dysphagie associée à une sensation de corps étranger, l’odontologiste devra toujours penser à la présence d’un syndrome d’Eagle. Il lui sera difficile de trouver d’emblée, malgré l’interrogatoire et un examen clinique rigoureux, l’étiologie de cette gêne voire douleur. C’est à ce niveau qu’interviendront son expérience, son jugement ainsi que les examens complémentaires. Références : Précis d’anatomie clinique, tome II, deuxième édition, Pierre KAMINA, Ed. Maloine. Thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en chirurgie dentaire, Antonin DURANCEAU. Gray’s Anatomie pour les étudiants, R.L. DRAKE, W. VOGL, A.W.M. MITCHELL, Ed. Elsevier.