Ornicar12

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Mais où est donc Ornicar ?
Atelier de réflexion sur la langue française
On s’interroge, on fait des recherches, on échange et on partage. On essaie de nourrir sept
rubriques : les bizarreries, des précis linguistiques, les fautes de langue, les expressions
imagées, les astuces mnémotechniques, les étymologies étonnantes, les devinettes et les jeux
de mots et de lettres.
Site internet : http://jacge.nguyen.free.fr/ornicar/
Séance du 18 novembre 2010
Précis linguistiques
Impératif
À la deuxième personne du singulier de l’impératif, les verbes du premier groupe ont une
terminaison en e, sans s : donne-lui ; regarde-le. Cependant, si le verbe précède le pronom en
ou le pronom y, eux-mêmes non suivis d’un infinitif, on lui ajoute un s euphonique afin
d’éviter le contact entre deux voyelles : manges-en.
Quant au trait d’union, il se place entre le verbe et le ou les pronoms personnels qui s’y
rapportent, à moins qu’on ait déjà une apostrophe due à une élision : dites-le-moi ; parle-luien ; mettez-m’en dix kilos.
Cependant, si le pronom se rapporte à un infinitif qui le suit, on ne mettra pas de trait
d’union : ose le dire (« ose dire cela »).
Enfin, en ou y, employés dans une tournure impérative, se placent toujours après le pronom
conjoint, qui est inséparable du verbe. On dira bien mettez-m’en (et non pas, comme on
l’entend trop fréquemment, mettez-en-moi). [http://www.academie-francaise.fr/langue/]
Ne dites pas, n’écrivez pas
Réclamer à corps et à cris.
C'est une médaille bénie.
Nous étions bourrés de remords.
Le peintre a capturé la magie du lieu.
Les cieux tourmentés de ce peintre...
Dites, écrivez
Réclamer à cor et à cri (= en insistant bruyamment).
Loc. Chasser à cor et à cri, avec le cor et les chiens.
C'est une médaille bénite. Bénir a deux participes, et
c'est une affaire de sens : 1. béni(e) = sur qui a été
appelée la protection divine (« Soyez tous bénis... »).
2. bénit(e) = qui a reçu la bénédiction rituelle d'un
prêtre (« Pain bénit et eau bénite... »).
Nous étions bourrelés de remords. Bourreler (de
bourreau) = tourmenter, faire souffrir moralement.
Bourrer = à l'origine, « emplir de bourre » ; d'où
« emplir complètement » (« Il se bourre de
chocolat »).
Le peintre a capté la magie du lieu. Capturer =
s'emparer par la force d'un être vivant, voire d'une
chose mobile (« capturer un gangster, un chien
enragé, une colonne de chars... »). Capter =
chercher à obtenir quelque chose à force d'attention,
de ténacité, voire de ruse. On capte aussi une
émission de radio sur telle longueur d'onde.
Les ciels tourmentés de ce peintre... Les peintres
figuratifs ne peuvent que rendre des ciels, car les
cieux sont hors de leur portée, ce terme désignant
l'immensité de l'espace (« L'infini des cieux... »), ou
un point éloigné (« Sous d'autres cieux... »), ou
encore un concept religieux chrétien (« le royaume
des cieux... »), etc.
Expressions imagées
Mi-figue, mi-raisin : d'un air à la fois satisfait et mécontent, ou à la fois sérieux et en
plaisantant. Origine : pendant un moment, vers le XVIe siècle, il a pu y avoir opposition entre
le raisin savoureux et sucré et la figue, qui avait le sens de crotte ou fiente. Il existe une
explication, quelque peu controversée cependant, de l'origine de la locution : elle serait liée
aux Corinthiens qui, de temps en temps, lorsqu'ils livraient des raisins à Venise, y
mélangeaient 'par inadvertance' des figues, moins chères et plus lourdes, histoire de gruger un
peu leurs clients.
Petite nouvelle scatologique utilisant des expressions ou des mots provençaux (Françoise
Rebuffel)
La garouille1
Au matin du 1er juillet 2010, je me trouvais dans le train Orange-Valence ; nous étions
tous esquichés2. Il y avait plein de braves gens partout, même assis par terre dans le couloir,
moi aussi d'ailleurs. Soudain, mon voisin s'est levé. Étonnée par un geste qui défiait certaines
difficultés, je faisais le gobi3 en le regardant se frayer un chemin. Sans doute avait-il un
besoin pressant comme de changer l'eau des olives4 ou d'aller du corps5.
Je pensais que, pour se rendre là où ses fonctions organiques l'appelaient, il aurait le
temps de tuer un âne à coups de figues6 ! Observant sa progression parmi les voyageurs, je
me mis à m'estrasser de rire7 en pensant à ce qui pouvait lui arriver avant qu'il n'atteigne son
but.
Malgré tout, il avait le biais8, ce tron de l'air9, pour se déplacer. Même que deux
amoureux en train de s'embrasser comme des cougourdes10 lui firent esquinette11 pour le
laisser passer. Par contre, un autre voyageur, qui parlait pointu12 avec une donzelle, lui
chercha garouille13, et ne voulait pas bouger d'un pouce. Je voyais le moment où l'embrouille
allait en arriver aux mains ! Là, je pensais que c'était les figues d'un autre panier14 ! Fan de
chichourle15 !
Heureusement, le contrôleur est arrivé, tout en eau16, et signifia au Parisien que de se
conduire ainsi n'était pas des manières, et que c'était faire de mauvaises figures17 au regard
des autres voyageurs, et qu'il devait s'esquicher comme les autres ! Qu'il fallait laisser passer
cet homme, peuchère18 ! Sinon, ses brailles... Coquin de sort !!!
1. La querelle.
2. Serrés.
3. Avoir l'air ahuri, stupide.
4. Uriner.
5. Aller à la selle.
6. Se dit d'une action qui prend beaucoup de temps.
7. S'esclaffer.
8. Avoir de l'habileté, de la dextérité.
9. Tonnerre de l'air, foudre de guerre, homme intrépide.
10. S'embrasser de tout coeur.
11. Courber le dos pour aider à monter ou à franchir un obstacle.
12. Parler sans l'accent méridional, d'une manière affectée, en simulant l'accent parisien.
13. Chercher querelle, chercher noise.
14. C'est une autre paire de manches.
15. Littéralement « enfant de jujube ». Exclamation marquant l'étonnement ou l'admiration.
16. Être en nage, en sueur.
17. Avoir une conduite inconvenante.
18. Exclamation marquant l'apitoiement, la commisération, l'attendrissement.
Les ramages des oiseaux et des insectes
L'aigle trompette ou glatit.
L'alouette tirelire.
La caille margotte ou carcaille.
La cigale craquette, claquette ou stridule.
La cigogne craquette ou claquette.
La colombe roucoule.
Le coq coquelique, coquerique ou coqueline.
Le dindon glouglote, glougloute ou glousse.
Le geai cajole.
Le grillon grésille ou grésillonne.
La grue craquette ou trompette.
Le hibou hue, hulule ou ulule.
L'hirondelle gazouille.
La huppe pupule.
Le jars jargonne.
Le milan huit.
Le paon braille ou criaille.
La perdrix cacabe.
Le perroquet cause ou jase.
La pie cause, jacasse ou jase.
Le pigeon caracoule ou roucoule.
Le pinson frigote ou ramage.
La poule cagnette, caquette (quand elle pond), claquette (avant la ponte), cloque (quand elle
parle à ses poussins dans l'œuf), clousse (quand elle couve), cocaille, coclore, codèque,
coucasse, crételle (après la ponte), glousse (lorsqu'elle veut couver ou appelle ses poussins).
Le poulet piaille ou piaule.
Le rossignol gringotte ou gringuenote.
La tourterelle gémit.
Liste propsée par Dominique Louette.
On pourrait ajouter : les fourmis cro-ondent. Ça ne fait pas beaucoup de bruit, mais ça
réchauffe.
Quelques expressions populaires, plus ou moins détournées, dans les chansons de Brassens :
S'en soucier comme de colin-tampon (Le vent, Jeanne) : Colin-Tampon désigne l'ancienne
batterie de tambour des Suisses au service de la France, qui s'illustra pendant la bataille de
Marignan (1515). Colin diminutif de Nicolas, signifie en langage paysan le nigaud et tampon
représente le tambour. Colin-tampon remonte à l'époque où l'on transmettait les ordres
(rassemblement ! A la soupe ! extinction des feux !) dans les casernements, avec des batteries
de tambour bien codifiées. "Colin tampon" est l'onomatopée censée reproduire le bruit du
tambour des mercenaires suisses au service de la France, plus gros que celui des troupes
régulières. De ce fait, il rendait un son plus sourd et moins "sec" que le "rantanplan !" des
gardes françaises, qui le laissaient donc retentir et donner ses ordres dans la plus parfaite
indifférence. Cf. les expressions familières « S'en tamponner le coquillard », « S'en battre
l'œil ». Cette dernière expression est employée dans Auprès de mon arbre.
Comme nous dansons devant / Le buffet bien souvent... (La femme d'Hector). Loc. fam.
Danser devant le buffet : n'avoir rien à manger.
Son pain ressemble à du gâteau / Et son eau à du vin comme deux gouttes d'eau (Jeanne).
Une jolie fleur... qui vous mène par le bout du cœur.
Je ne savais pas, ne savais plus où donner de la bouche (Une jolie fleur).
Que je ne sache plus où donner de la corne... (Le cocu).
Chez l'épicier, pas d'argent, pas d'épices, / Chez la belle Suzon, pas d'argent, pas de
cuisse...(Grand-père). Détournement du proverbe : Point d'argent, point de Suisse (portier,
concierge d'un hôtel particulier, aux XVIIe et XVIIIe s. ; son costume rappelait celui des
mercenaires suisses).
Ces empêcheurs d'enterrer en rond (Grand-père). Détournement de la locution (peut-être
empruntée au pamphlet de P.-L. Courier qui dénonçait le curé et le préfet pour avoir voulu
empêcher les villageois de danser) : Empêcheur de danser (vieilli), de tourner (mod.) en rond,
personne qui empêche les autres de faire ce qu'ils aiment, d'exprimer leur gaieté, de prendre
du plaisir.
Ne jetons pas les morceaux / De nos cœurs aux pourceaux (La femme d'Hector).
Détournement de la locution (d'origine biblique) Jeter des perles aux pourceaux, aux cochons
[= accorder à qqn une chose dont il est incapable d'apprécier la valeur (cf. De la confiture aux
cochons)].
Cœur d'artichaut, tu donnes une feuille à tout le monde (Embrasse-les tous). Loc. fam. Avoir
un cœur d'artichaut : être inconstant en amour.
De Pierre à Paul, en passant par Jules et Félicien / Embrasse-les tous, / Dieu reconnaîtra le
sien ! (Embrasse-les tous). Détournement de l'expression : Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les
siens. Cette phrase aurait été prononcée lors du terrible massacre de Béziers dirigé contre la
religion cathare en 1209. Parfois attribué à Simon de Montfort, elle aurait en fait été
prononcée par Arnaud Amalric, légat du pape Innocent III, chargé de réprimer l'hérésie
cathare. Comme il avait investi la ville de Béziers, ses hommes lui demandèrent comment
distinguer les Cathares des Catholiques. Il aurait résolu le problème en recommandant à ses
hommes de tuer tout le monde, Dieu devant ensuite reconnaître les "bons Catholiques"...
En suivant ton petit bonhomme de bonheur (Pénélope). Détournement de la locution Aller,
poursuivre son petit bonhomme de chemin : poursuivre ses entreprises sans hâte, sans bruit,
mais sûrement.
Quelques périphrases pour désigner le vin : le jus d'octobre, la chaude liqueur de la treille, le
bon lait de l'automne, le gros bleu qui tache (Le vin).
Astuces mnémotechniques
Dans le vocabulaire théâtral, le côté cour est le côté droit de la scène, vu de la salle, par
opposition au côté jardin. Ces deux termes permettent au metteur en scène et aux comédiens
de communiquer plus facilement que s'ils parlaient des côtés "gauche" et "droit", qui varient
selon l'orientation du locuteur. Les machinistes situés à la cour sont appelés « couriers », et
ceux du jardin « jardiniers ». Les moyens mnémotechniques les plus connus, pour savoir où
se situent le jardin et la cour, consistent pour le public à se rappeler les initiales de JésusChrist (« J.-C. » comme Jardin/Cour) en regardant la scène ; et pour les acteurs se remémorer
la formule « côté cour/côté coeur » en regardant la salle. [Wikipédia]
Étymologies étonnantes
 Dollar de l'allemand thaler « ancienne monnaie allemande d'argent ».
 Coqueluche étym. 1414 « capuchon »; origine inconnue, peut-être rattaché à coque,
coquille « coiffe », et dernier élément de capuche : 1. (xve « grippe »; d'après coq à cause
de la toux) Maladie contagieuse, caractérisée par une toux convulsive, évoquant le chant
du coq. Avoir la coqueluche. Adj. et n. coquelucheux, euse. 2. (1625; cf. béguin) Être la
coqueluche de : être aimé, admiré de. « Beau, vigoureux, gaillard, la coqueluche des
femmes » (France). Béguin « coiffe que portaient les béguines ». Fig. et fam. Vieilli :
Passion passagère. Avoir le béguin pour qqn. Personne qui en est l'objet. C'est son béguin.
 Clopin-clopant, de l'ancien français clopin « boiteux » et clopant, p. prés. de cloper «
boiter ». Fam. En clopinant. Aller clopin-clopant. Cahin-caha. Rien à voir avec la famille :
clope « cigarette », cloper « fumer une, des cigarettes », des clopinettes « rien ».
 Coltiner, étym. 1835; « prendre au collet » 1790; 1725 colletiner; de collet : 1. Porter (un
lourd fardeau) sur le cou, les épaules (la tête étant protégée par un coltin, coiffure
prolongée d'une pièce de cuir protégeant le cou et les épaules). Par ext. Porter.
Transbahuter. « Quand il apportait un paquet, même lourd et encombrant, il le coltinait
tout seul » (Duhamel). 2. Fam. Se coltiner (qqch.). Exécuter, faire. Se coltiner la vaisselle,
tout le boulot. Se farcir, se taper.
 Chandail, de chand (« marchand ») d'ail, nom du tricot des vendeurs de légumes aux
Halles.
 Le latin camera « chambre » est à l'origine d'une vaste famille : cabaret, camarade,
cambrioleur, cambrousse, caméra, camérier, camériste, camerlingue, chambellan,
chambranle, chambre, chambrée, chambrer.
 Quel est le point commun entre arme et orteil ? La racine indo-européenne aer- / ar- (idée
d'ajustement), augmentée d'un suffixe en -m-, a donné en latin le pluriel arma dont est issu
arme. Avec un autre suffixe, en -t-, la racine a fourni au latin le radical art-. Ainsi ars,
artis = « aptitude », « ajustement », « habileté », « talent ». Le nom artus, « jointure » ou
« membre » a donné le diminutif articulus, « petit membre », « doigt de la main ou du
pied ». Articulus a donné arteil, altéré en orteil.
 Quel est le point commun entre assassin et haschich ? Au Moyen Age, en Syrie, les
membres d'une secte rançonnaient ou tuaient des chefs chrétiens et musulmans de la
région. La cruauté de ces bandits était provoquée ou exacerbée par l'absorption massive
d'une boisson à base de haschich. On les appelait les hachîchi ou hachâchi. Les Croisés
ont déformé le nom en Hassissis, Hachichins, Assassins.
 Quel est le point commun entre poison et potable ? L'adjectif potabilis, dérivé du verbe
potare « boire », signifiait « qui peut être bu sans dommage pour la santé ». Potabilis
devint potable en français. Le nom potio, lui aussi dérivé de potare, signifiait « boisson »,
et plus spécialement « boisson douée de vertus magiques ». Potio a donné deux doublets
en français. La forme populaire poison désigne la boisson aux vertus maléfiques ; la forme
savante potion désigne la boisson aux vertus bénéfiques.
Devinettes, jeux de mots, jeux de lettres
1. Quel mot pourrait suivre la série : Mikado – bigarré – blêmi – sofa ?
2. On est « mithridatisé » quand on est un peu immunisé contre un danger. Que fit le roi
Mithridate pour se protéger ?
a. Il s'infligeait des blessures pour devenir plus résistant.
b. Il se couvrait d'un baume censé le protéger contre le soleil.
c. Il absorbait de petites quantités de poison pour pouvoir résister à une plus forte dose.
3. Pourquoi battre quelqu'un à plate couture renforce le côté écrasant de la victoire ?
a. Les prisonniers de guerre recevaient une vareuse dont les coutures étaient plates.
b. Les coutures plates révélaient un vêtement de très peu de valeur.
c. Pour pouvoir plier certains ouvrages, on tapait sur les coutures pour les aplatir.
4. Rébus : A première vue, ça n'a pas de sens.
ab
ttttttttttSolutions
1. Entresol, tournesol ... C'est-à-dire, un mot finissant par -sol, les quatre premiers mots
finissant par do, ré, mi, fa.
2. Réponse : c. Persuadé qu'on voulait l'empoisonner, il se mithridatisait pour échapper à
son sort.
3. Réponse : c. Les étoffes étant très épaisses à une certaine époque, il fallait aplatir les
coutures en tapant vigoureusement.
4. Absurdité. Ab sur 10 t.
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