3) Sens de la vie et Destinée
Zadig assiste à son apprentissage du monde et à la découverte du sens de sa destinée réglée par la
Providence. Voltaire pose une interrogation philosophique sur la destinée humaine à travers les
lignes du texte. Zadig se pose ces questions philosophiques : quel est le rôle de la Providence?
Pourquoi le mal existe-t-il? Il rencontre vite les limites de la liberté, chose dont il jouissait au début
du conte. Zadig devient prisonnier des événements et victime de sa destinée qu’il subit avec
innocence. Le hasard et le mal l’emportent et prennent diverses forme dans le récit : l’ingrate
Sémire brise le cœur de Zadig pour Orcan, Arimaze complote contre lui et Arbogad est un brigand.
Ou encore, Itobad ment, en se faisant passer pour Zadig. Tous ces personnages que Zadig rencontre
sont la preuve irréfutable du mauvais sens du peuple. Au chapitre VIII, Zadig réfléchit sur sa
destinée: « Qu’est ce donc que la vie humaine ? Ô vertu ! à quoi m’avez vous servi ? […] Tout ce
que j’ai fait de bien a toujours été pour moi une source de malédictions, et je n’ai été élevé au
comble de la grandeur que pour tomber dans le plus horrible précipice de l’infortune » (Chapitre
VIII, l.134-140). Les péripéties dramatiques s’accumulent, sans livrer le sens de sa destinée à Zadig,
jusqu’à sa rencontre initiatique avec l’ermite qui tien dans la main un livre des destinées. La
multiplication des événements brouille le sens de la vie comme dans le conte. Quand Zadig croit
avoir atteint son but, il est ensuite plongé dans le malheur. Sa destinée ne cesse de s’inverser, mais
peu à peu, elle adopte une courbe ascendante. Seul l’ermite, livre la clé de l’énigme: « il n’y a point
de hasard, tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance » (Chapitre XVIII, l.194-
196). Cet ermite accomplit de mauvaises actions : vol, incendie meurtrier et assassinat, pour ensuite
expliquer, sous les traits de l’ange Jesrad, qu’il « n’y a point de mal dont il ne naisse un bien »
(Chapitre XVIII, l.179-180). Tout le périple de Zadig prend alors un sens, c’est l’ange Jesrad qui
livre la connaissance sacré… un voyage plutôt gratifiant pour Zadig qui a le mérite d’être celui qui
peut recevoir ce bien précieux. Il existe donc un ordre de l’univers, une logique dissimulée, même si
le monde apparaît à chacun comme un chaos, ce n’est qu’apparence. Les malheurs de tous sont en
fait dépassés. Zadig ne doit pas contester cet ordre, mais refouler ses objections et ses hésitations,
face à cet ordre téléologique. Voltaire articule ainsi l’ordre de la Providence et la liberté de
l’homme.
III- Un récit satirique
1) La caricature du despotisme et de la justice
Voltaire parsème le conte de notes satiriques contre la cour, les financiers, les hommes d'église,
bref tous ceux qui détiennent le pouvoir. Pour lui, une réforme du système politique est nécessaire.
La critique implicite par Voltaire du totalitarisme et de la société est écrite à travers une satire des
pouvoirs établis. Zadig ne nous donne aucune connaissance précise et crédible sur la politique en
Orient au XVIII siècle. Il nous offre une vision caricaturale du despotisme oriental. Dans Zadig, le
despotisme est réduit à l’expression de caprices personnelles et de volontés arbitraires, sans qu’à
aucun moment n’apparaissent les raisons ou les motivations proprement politiques du pouvoir.
Possédé par la jalousie et par sa passion pour Missouf, le roi Moabdar devient fou et violent.
Arimaze représente pour sa part le stéréotype du mauvais conseiller, tel que la littérature humaniste
et pacifiste aime à le peindre. Au fond, ce n’est pas le monarque qui est mauvais, mais bien plutôt
les influences exercées sur lui. A cette autorité diabolisée, Voltaire oppose la sagesse et la raison
incarnée par Zadig. Quant à la justice, elle est arbitraire et expéditive. Elle ne mène aucune enquête,
n’écoute pas les accusés et leur inflige des peines disproportionnées. Dans le chapitre VIII, le roi
Moadbar condamne Zadig sans un réel fondement ; il le ‘‘soupçonne d’aimer et d’être aimé’’ par
Astarté, la femme du roi. Ce ‘’crime’’ ne fait appelle à aucune enquête et sous la colère et suite à
une déduction du roi, il décide d’en finir avec Zadig et Astarté : « Le monarque ne songea plus qu’à