Eloge de la raison - Association ALDERAN

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CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
ÉLOGE DE LA RAISON
La raison comme Lumière pour l’existence humaine
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org
conférence N°1600-152
ÉLOGE DE LA RAISON
La raison comme Lumière pour l’existence humaine
conférence d’Éric Lowen donnée le 21/04/2007
à la Maison de la philosophie à Toulouse
L’intérêt du rationalisme n’est pas seulement dans le domaine épistémologique, il peut
s’appliquer dans tous les domaines des activités humaines, donc dans des domaines tels que
la politique, le social, l’économie, l’écologie ou même la religion. L’éclairage de la raison peut-il
aussi s’appliquer dans le domaine privé de l’intime, à l’égard de soi, de nos émotions ou de
nos désirs ? Une conférence pour traiter les utilisations extra-épistémologiques de la raison.
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Conférence 1600-152 : “Éloge de la Raison, la raison comme Lumière pour l’existence” - 21/04/2004 - page 2
ÉLOGE DE LA RAISON
La raison comme Lumière pour l’existence humaine
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Il faut chercher le vrai pouvoir de la raison
non dans la possession de la vérité mais dans son acquisition.
Gotthold Ephraïm Lessing (1729-1781)
I
L’IMPORTANCE SOUS-ESTIMÉE DE LA RAISON
1 - L’émergence des Voies de la Raison, un seuil décisif dans l’aventure de l’Humanité
2 - Mais la raison est victime de confusions, méconnaissances et rejets - les antirationalismes
3 - Importance et fragilité de la raison, qu’il est donc urgent de défendre et de promouvoir
4 - Une triple importance de la raison, qui va bien au-delà des considérations logiques
II
LA RAISON, UNE APTITUDE HOMINIENNE - HOMMAGE À ARISTOTE
1 - La raison comme fait anthropologique, une aptitude hominienne
2 - Une expression des facultés cognitives naturelles de l’Etre Humain
3 - Une faculté qui nous fonde en tant qu’être conscient et pensant, en tant que sujet
4 - Une faculté naturelle et universelle à l’Être Humain, partagée par tous les êtres humains
5 - Une faculté qui se développe par l’apprentissage et l’utilisation
III
LA RAISON, SOURCE DE CONNAISSANCE - HOMMAGE À DESCARTES
1 - La raison comme origine de la connaissance
2 - La raison comme moyen de connaissance (raison opérative)
3 - Le raison comme méthode, le passage à la raison méthodique pour bien penser
4 - La raison est plus qu’un moyen, elle est aussi une règle de connaissance
5 - Le développement de la logique et des processus démonstratifs
6 - La rationalité de la connaissance, toute connaissance est rationnelle
IV
LA RAISON POUR ÉCLAIRER L’EXISTENCE HUMAINE - HOMMAGE AUX LUMIÈRES
1 - La dimension supra-épistémologique de la raison, la raison pour éclairer l’existence humaine
2 - La raison permet de fonder une relation nouvelle et novatrice de l’Être Humain avec le monde
3 - L’éclairage anthropologique de la raison : le dévoilement de la nature réelle de l’Être Humain
A - Un être pensant, réfléchissant, connaissant et se déterminant librement par lui-même
B - L’usage de la raison amène l’Être Humain à sa véritable nature, à sa spécificité
C - La raison est un élément participatif de la dignité humaine
D - La raison s’oppose aux attitudes ignorantistes, magico-religieuses et aux croyances
4 - La raison comme règle de notre relation au Cosmos : le réenchantement rationaliste du monde
5 - La raison comme règle fondatrice de l’éthique : le dépassement de la morale
6 - La raison comme règle de conduite des affaires sociétales : politique, éducation, justice, etc.
7 - La raison comme règle de conduite de l’individu vers la sagesse : la philosophie
V
CONCLUSION
1 - Défense de la Raison, défense de l’Humanité
2 - La valeur de la raison, la raison comme source de valeurs
3 - Le choix de la raison, la raison comme enjeu civilisationnel
ORA ET LABORA
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Document 1 : La raison comme élément participatif de la dignité humaine.
L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il
ne faut pas que l'univers s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour
le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le
tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui ; l'univers n'en sait rien.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever et non
de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser :
voilà le principe de la morale.
Blaise Pascal (1623-1662)
Pensées
Document 2 : La raison comme fondement de la connaissance.
Assurons-nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette
méthode est bien lente pour la plupart des gens qui courent naturellement à la cause, et
passent par-dessus la vérité du fait ; mais enfin nous éviterons le ridicule d'avoir trouvé la
cause de ce qui n'est point.
Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siècle passé à quelques savants
d'Allemagne, que je ne puis m'empêcher d'en parler ici.
En 1593, le bruit courut que, les dents étant tombées à un enfant de Silésie [au sudouest de la Pologne] âgé de sept ans, il lui en était venu une d'or à la place d'une de ses
grosses dents. Horstius, professeur en médecine dans l'université de Helmstad, écrivit en
1595 l'histoire de cette dent, et prétendit qu'elle était en partie naturelle, en partie
miraculeuse, et qu'elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens
affligés par les Turcs ! Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de cette dent aux
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chrétiens ni aux Turcs ! En la même année, afin que cette dent d'or ne marquât pas
d'historiens, Rullendus en écrit encore l'histoire. Deux ans après, Ingolsteterus, autre
savant, écrit contre le sentiment [l'opinion] que Rullandus avait de la dent d'or, et
Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique. Un autre grand homme, nommé
Libavius, ramasse tout ce qui avait été dit de la dent, et y ajoute son sentiment particulier.
Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai que la dent était
d'or. Quand un orfèvre l'eut examinée, il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à
la dent, avec beaucoup d'adresse : mais on commença par faire des livres, et puis on
consulta l'orfèvre.
Rien n'est plus naturel que d'en faire autant sur toutes sortes de matières. Je ne suis pas
si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est
inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Cela veut dire
que, non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en
avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux.
Fontenelle (1657-1757)
Histoire des oracles, 1686
Document 3 : Le pouvoir de la raison fait apparaître aussi la déraison qui prévaut habituellement dans les
affaires humaines.
Un jour, se promenant auprès d'un petit bois, il vit accourir à lui un eunuque de la reine,
suivi de plusieurs officiers qui paraissaient dans la plus grande inquiétude, et qui
couraient ça et là comme des hommes égarés qui cherchent ce qu'ils ont perdu de plus
précieux. «Jeune homme, lui dit le premier eunuque, n'avez-vous point vu le chien de la
reine ?» Zadig répondit modestement : «C'est une chienne, et non pas un chien. - Vous
avez raison, reprit le premier eunuque. - C'est une épagneule très petite, ajouta Zadig ;
elle a fait depuis peu des chiens ; elle boite du pied gauche de devant, et elle a les
oreilles très longues. - Vous l'avez donc vue ? dit le premier eunuque tout essoufflé.
- Non, répondit Zadig, je ne l'ai jamais vue, et je n'ai jamais su si la reine avait une
chienne.»
Précisément dans le même temps, par une bizarrerie ordinaire de la fortune, le plus beau
cheval de l'écurie du roi s'était échappé des mains d'un palefrenier dans les plaines de
Babylone. Le grand veneur et tous les autres officiers couraient après lui avec autant
d'inquiétude que le premier eunuque après la chienne. Le grand veneur s'adressa à
Zadig, et lui demanda s'il n'avait point vu passer le cheval du roi. «C'est, répondit Zadig,
le cheval qui galope le mieux ; il a cinq pieds de haut, le sabot fort petit ; il porte une
queue de trois pieds et demi de long ; les bossettes [ornements] de son mors sont d'or à
vingt-trois carats, ses fers sont d'argent à onze deniers. - Quel chemin a-t-il pris ? Où estil ? demanda le grand veneur. - Je ne l'ai point vu, répondit Zadig, et je n'en ai jamais
entendu parler.»
Le grand veneur et le premier eunuque ne doutèrent pas que Zadig n'eût volé le cheval
du roi et la chienne de la reine ; ils le firent conduire devant l'assemblée du grand
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Desterham, qui le condamna au knout, et à passer le reste de ses jours en Sibérie. À
peine le jugement fut-il rendu qu'on retrouva le cheval et la chienne. Les juges furent
dans la douloureuse nécessité de réformer leur arrêt ; mais ils condamnèrent Zadig à
payer quatre cents onces d'or [soit 12 kg d'or] pour avoir dit qu'il n'avait point vu ce qu'il
avait vu. Il fallut d'abord payer cette amende ; après quoi il fut permis à Zadig de plaider
sa cause au conseil du grand Desterham ; il parla en ces termes :
«Étoiles de justice, abîmes de science, miroirs de vérité, qui avez la pesanteur du plomb,
la dureté du feu, l'éclat du diamant, et beaucoup d'affinité avec l'or, puisqu'il m'est permis
de parler devant cette auguste assemblée, je vous jure par Orosmade [dieu du Bien,
chez les anciens Persans] que je n'ai jamais vu la chienne respectable de la reine, ni le
cheval sacré du roi des rois. Voici ce qui m'est arrivé. Je me promenais vers le petit bois
où j'ai rencontré depuis le vénérable eunuque et le très illustre grand veneur. J'ai vu sur le
sable les traces d'un animal, et j'ai jugé aisément que c'étaient celles d'un petit chien.
Des sillons légers et longs, imprimés sur de petites éminences de sable entre les traces
des pattes, m'ont fait connaître que c'était une chienne dont les mamelles étaient
pendantes, et qu'ainsi elle avait fait des petits il y a peu de jours. D'autres traces en un
sens différent, qui paraissaient toujours avoir rasé la surface du sable à côté des pattes
de devant, m'ont appris qu'elle avait les oreilles très longues; et, comme j'ai remarqué
que le sable était toujours moins creusé par une patte que par les trois autres, j'ai
compris que la chienne de notre auguste reine était un peu boiteuse, si je l'ose dire.
À l'égard du cheval du roi des rois, vous saurez que, me promenant dans les routes de
ce bois, j'ai aperçu les marques des fers d'un cheval ; elles étaient toutes à égales
distances. Voilà, ai-je dit, un cheval qui a un galop parfait. La poussière des arbres, dans
une route étroite qui n'a que sept pieds de large, était un peu enlevée à droite et à
gauche, à trois pieds et demi du milieu de la route. Ce cheval, ai-je dit, a une queue de
trois pieds et demi, qui, par ses mouvements de droite et de gauche, a balayé cette
poussière. J'ai vu sous les arbres, qui formaient un berceau de cinq pieds de haut, les
feuilles des branches nouvellement tombées; et j'ai connu que ce cheval y avait touché,
et qu'ainsi il avait cinq pieds de haut. Quant à son mors, il doit être d'or à vingt-trois
carats : car il en a frotté les bossettes contre une pierre que j'ai reconnue être une pierre
de touche, et dont j'ai fait l'essai. J'ai jugé enfin, par les marques que ses fers ont
laissées sur des cailloux d'une autre espèce, qu'il était ferré d'argent à onze deniers de
fin.»
Tous les juges admirèrent le profond et subtil discernement de Zadig ; la nouvelle en vint
jusqu'au roi et à la reine. On ne parlait que de Zadig dans les antichambres, dans la
chambre, et dans le cabinet ; et quoique plusieurs mages opinassent qu'on devait le
brûler comme sorcier, le roi ordonna qu'on lui rendît l'amende de quatre cents onces d'or
à laquelle il avait été condamné. Le greffier, les huissiers, les procureurs, vinrent chez lui
en grand appareil lui rapporter ses quatre cents onces ; ils en retinrent seulement trois
cent quatre-vingt-dix-huit pour les frais de justice, et leurs valets demandèrent des
honoraires.
Zadig vit combien il était dangereux quelquefois d'être trop savant, et se promit bien, à la
première occasion, de ne point dire ce qu'il avait vu.
Voltaire (1694-1778)
Le chien et le cheval, Zadig, chap. III, 1747
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Document 4 : L’usage de la raison, une exigence aussi en ce qui concerne la religion.
Considère, avec audace, l’existence même de Dieu ; car s’il existe, il ne fait aucun doute
qu’il préfère l’hommage de la raison à celui de la peur aveugle. (...) Lis donc la Bible
comme on lit Tite-Live ou Tacite (...) Là tu dois revenir sur les prétentions de l’écrivain qui
dit être inspiré de Dieu. Cherche les preuves sur lesquelles sont fondées ses prétentions
(...) Par exemple, dans le livre de Josué, on nous dit que le soleil s’immobilisa pendant
plusieurs heures. Si cet épisode était raconté dans Tite-Live ou Tacite, on le classerait
avec les pluies de sang, les statues qui parlent, les monstres, etc. Mais l’on nous dit que
l’auteur de ce livre était inspiré. Examine par conséquent, avec franchise, quels sont les
faits qui prouvent qu’il a été inspiré. Cette prétention doit être examinée car des millions
de gens y croient. Ne crains pas les conséquences de cette enquête. Si elle débouche
sur la croyance qu’il n’y a pas de Dieu, tu trouveras une incitation à la vertu dans le
confort et l’agrément que tu ressentiras en l’exerçant, ainsi que dans l’amour des autres
qu’elle te procurera. Si tu trouves des raisons de croire qu’il y a un Dieu, la conscience
que tu agis sous son regard et qu’il t’approuve sera une incitation supplémentaire à la
vertu (...). En conclusion, je le répète, tu dois mettre de côté tous tes préjugés (...). Ta
raison est le seul oracle que t’a donné le ciel.
Thomas Jefferson (1743-1826)
Lettre à son neveu Peter, 1787
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Document 5 : L’application de la raison sur les questions sociales donne naissance à de nouvelles
manières de penser et de faire de la politique. Entre autre chose, cela donnera naissance à la démocratie et
à nos idéaux politiques contemporains.
Mais il y a autre chose que les événements et les lois temporelles dans la vaste
humanité. Il y a la raison humaine.
Les orages de la nature, les lois des saisons, les lentes destructions de la vieillesse, sont
sourdes, aveugles et passives. On ne peut rien contre les déluges du monde, ou contre
l'évolution des atomes dans les infinis intérieurs. On ne peut rien non plus contre les
drames par lesquels le cœur humain en sa gangue terrestre et sa sublime et affreuse
liberté, se persécute lui-même d'un bout à l'autre d'un destin empoisonné par la
séparation insondable des êtres, la pauvre sauvagerie de l'égoïsme, l'idée de la mort et
l'oubli, mort vivante. Il n'en est pas de même des institutions humaines. Ce qui a été
faussé par les hommes peut être redressé par les hommes ; disons d'abord pour mettre
de l'ordre dans notre grand tâtonnement : peut être redressé par la pensée des hommes.
La raison humaine doit d'abord se conquérir, approcher des faits et des choses son
interrogation, juger et créer. C'est la révolte sacrée qui s'impose avant tout. Je disais :
"Nous qui avons la honte de vivre ces jours-ci”. Je dis maintenant, en m'adressant à tous
mes frères universels :” Vous qui avez la responsabilité de vivre aujourd'hui.” On n'a pas
le droit d'être fataliste tant qu'on n'est pas absolument sûr de se heurter à l'impossible. Le
malheur doit toujours faire penser. Chacun de nous est un être de raison, et la raison est
dans la nature une divine ligne droite, et la lumière de la lumière.
Henri Barbusse (1873-1935)
La lueur dans l'abîme
N'acceptons pas comme base de l'ordre social, le mysticisme, la croyance religieuse, si
libérée qu'elle puisse paraître.
Il y a en ce moment un grand réveil néochrétien. Souvent, des jeunes gens, des femmes,
sont venus nous trouver et nous ont dit : “Nous sommes des chrétiens, mais des
chrétiens selon l'Évangile. Nous sommes détestés et traités d'anarchistes par l'Église
régnante, et nous venons à vous à cause de la conformité de votre morale avec la nôtre."
Nous leur répondons "Nous respectons en vous des bonnes volontés sincères, honnêtes
et courageuses. Votre idéal - quoique la croyance apporte une singulière contribution à
cette notion d'autorité et de tradition qui a fait le malheur incalculable du genre humain, et
une résignation foncière qui encourage la funeste indifférence des hommes en matière
sociale - votre idéal s'exprime. Pourtant dans les mêmes termes que le nôtre, puisqu'il n'y
a qu'une seule vérité morale. Les révolutionnaires farouches et purs ressemblent par plus
d'un point aux premiers chrétiens. Il se peut que vous fassiez dans le monde une œuvre
parallèle à la nôtre que nous travaillions plus où moins longtemps dans le même sens.
Mais nous ne fondrons pas notre effort avec le vôtre, nous ne ferons pas œuvre
commune, parce que nous ne voulons pas introduire dans l'harmonie des idées
rationnelles le principe qui est à la fois trop personnel et trop souverain. Vous amenez
avec la foi un commandement constitutif qui rend inutile la raison, la met hors de
question, s'impose despotiquement par des voies surnaturelles. Il y a antagonisme entre
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la foi et la raison et même lorsqu'elles sont d'accord. De plus, la religion, intégrale, ou
dénudée jusqu'à sa formule la plus élémentaire, le simple théisme apparaît à trop
d'hommes comme une touchante fiction. Discutable et discutée, elle n'a comme foyers
que des convictions éparses, vivantes, mortelles, sur lesquelles on ne peut pas fonder
solidement un ordre social renouvelé.“
D'ailleurs, nous voyons le désordre que cette force terrible et mystérieuse a apporté dans
l'histoire des foules, le trop facile abus qu'ont fait les hommes d'une puissance spirituelle
qui n'a point de contrôle fixe ni de critérium sensible, et qui ne ressortit, en définitive, que
de quelques décisions individuelles ; nous voyons le contraste si dramatique qui sépare
aujourd'hui les églises sorties jadis innocemment de l'Évangile, avec l'Évangile lui-même,
le secours formidable accordé sans cesse et partout, en bloc, par l'Église catholique ou
protestante à l'action conservatrice, et le petit nombre même des hommes purs qui voient
distinctement les sources originelles. L'effrayant passé de fanatisme et de corruption
nous défend d'engager l'avenir dans cette voie - qui nous garantit que celui-ci ne répétera
pas celui-là ? nonobstant l'estime due aux âmes exceptionnelles et aux nobles bonnes
volontés. Que les croyants viennent à nous, s'ils veulent, mais que leur croyance
demeure strictement personnelle et intime et n'intervienne jamais à aucun titre dans la
construction objective de la règle commune.
Dès qu'il ne s'agit plus de vie intérieure, d'intimité passionnelle, nous ne voulons nous
appuyer que sur la raison. La raison est inflexible. Elle est commune à tous les hommes.
Elle est une mesure fixe. Elle fait que tous ceux qui s'ignorent et ne se voient pas
peuvent se reconnaître comme des amis perdus. Voilà le seuil net, positif et ferme d'où
nous contemplons du côté de l'inconnu et du soir la réalité face à face. La raison ordonne
par dessus le chaos agité où se déforme chaque regard particulier, un rite d'une sérénité
et d'une lente majesté démesurées, comme la danse des astres.
Henri Barbusse (1873-1935)
La lueur dans l'abîme, 1920
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POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS
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Revue de philosophie “ALDÉRAN”
N°14 - Des peurs primitives à la magnificence du monde”, par William Ruthenford
N°27 - Le plus vaste horizon du monde, par William Ruthenford
N°28 - Le réenchantement du monde, par William Ruthenford
N°29 - La seconde mort de dieu, par William Ruthenford
Conférence sur l’histoire de la Philosophie
en relation avec la raison et sa défense
- Aristote et l’Éthique à Nicomaque
- Avicenne et la raison, par Dominique Urvoy
- Descartes et la méthode, par Mickaël Dubost
- Hume et l’habitude, par Mickaël Dubost
- Voltaire et la religion
- L’affaire du chevalier de la Barre, par Michel Lafosse
- Diderot, un homme sans étiquette, par Jérémy Forst
- L’Encyclopédie et l’aventure des Lumières
- Condillac et la sensation, par Mickaël Dubost
- Victor Schœlcher et l’abolition de l’esclavage
- Popper et la connaissance, par Mickaël Dubost
1000-176
1000-131
1000-137
1000-147
1000-156
1000-199
1000-186
1000-074
1000-155
1000-133
1000-135
Conférences sur l’aventure de la Raison
et les grandes révolutions scientifiques
- Les grandes révolutions scientifiques
- L’invention de la science et des sciences, le début de la conquête des savoirs
- L’invention des chiffres et des mathématiques, la construction des outils de la pensée
- La révolution historique, révolution hérodotienne
- La révolution astronomique, la découverte de la nature ordonnée du cosmos
- Les grandes découvertes maritimes, révolutions géographiques et humaines
- La révolution copernicienne, le début du décentrage du monde
- La révolution galiléenne, l’explosion des limites du cosmos
- La révolution newtonienne, la mise en formulation mathématique des forces naturelles
- La révolution naturaliste : Linné, Buffon, Cuvier et les autres
- La révolution chimique, la découverte de la puissance interne de la matière
- La révolution biologique, le début de l'exploration de la corporalité des organismes vivants
- La révolution de la thermodynamique, le début de la physique de l’énergie
- La révolution de l’électromagnétisme, les pouvoirs de l’électricité et du magnétisme
- La révolution géologique, la découverte de l’extraordinaire ancienneté de la terre
- La révolution préhistorique, la découverte d'une humanité avant l'humanité
- La révolution darwinienne, le choc des origines animales de l'humanité
- La révolution archéologique, la découverte du passé de l’humanité
- La révolution freudienne, la découverte de l'inconscient et de l'origine immanente de l'esprit
- La révolution atomiste, la découverte de la puissance intérieure de la matière
- La révolution einsteinienne, la naissance de la cosmologie moderne
- La révolution quantique, les surprises de la physique quantique
- La révolution cosmologique, la découverte du big bang et des premiers instants de l’univers
- La révolution génétique, l’accès aux mécanismes intimes de la vie
- La révolution des neurosciences, l’exploration de la matière pensante, le cerveau humain
1600-287
1000-071
1000-161
1000-233
1000-119
1000-151
1000-052
1000-038
1000-148
1000-163
1000-082
1000-118
1000-190
1000-205
1000-206
1000-192
1000-041
1000-213
1000-042
1000-200
1000-072
1000-193
1000-209
1000-073
1000-083
Conférences sur la raison
- La raison dans l’Être Humain
- La genèse de la raison humaine
- De la raison au rationalisme, ou l’art de bien conduire la raison humaine
1600-221
1600-232
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- La pensée philosophique
- Philosophie et raison
- Intuition et Raison dans les voies de la connaissance
1600-285
1600-198
1600-018
Conférences en relation avec les notions présentées dans cette conférence
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- Qu’est-ce que la démocratie ? Introduction à la démocratie
- Qu’est-ce que les Droits de l’homme ?
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- Philosophie et connaissance
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- Le réenchantement du monde
- La magnificence du monde
1600-096
1600-045
1600-099
1600-084
1600-204
1600-187
1600-210
1600-157
1600-078
1600-126
1600-094
Conférences sur la déraison et les antirationalismes
- Croyance, superstition, obscurantisme
- L’obscurantisme, les idéologies de l’ignorance
- La pensée magique
- Croyance et foi, ou de l’aveuglement volontaire
- Le New-Age, ou le temps des confusions
- L’Orient des illusions, le mirage de l’orientalisme spirituel
1600-039
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1600-023
1600-019
1000-053
1000-054
Les mots de la philosophie
- Le prêt-à-penser
- La raison et le rationalisme
- La croyance
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Quelques livres sur le sujet
- Ce qui nous fait penser, la Nature et la Règle, Changeux et Ricoeur, Odile Jacob, 2000
- Intelligence de la complexité, Edgar Morin, Harmattan, 1999
- Les origines de la pensée grecque, Jean-Pierre Vernant, PUF, 1983
- Le macrocospe, vers une vision globale, Joël de Rosnay, Seuil, 1977
- Solitude de la raison, Ferdinand Alquié, Terrain vague, 1966
- Les âges de l’intelligence, Léon Brunschvicg, (1937)
- La lueur dans l’abîme, Henri Barbusse, Clarté, 1920
- Critique de la raison pure ; Critique de la faculté de juger, Emmanuel Kant (1790)
- Lettres philosophiques, Voltaire (1733), Garnier-Flammarion, 1964
- Histoire des oracles, Fontenelle, 1687
- Pensées diverses sur la comète, Pierre Bayle (1682)
- Méditations ; Discours de la méthode, René Descartes (1637)
- Métaphysique, Aristote
- Éthique de Nicomaque, Aristote, Flammarion, 1992
Association ALDÉRAN ©
Conférence 1600-152 : “Éloge de la Raison, la raison comme Lumière pour l’existence” - 21/04/2004 - page 12
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