coup de main il voulut parlementer avec le gouverneur; mais son envoyé ayant été
mis à mort, il battit en retraite, vivement poursuivi par un corps de cavalerie
numide qu’il ne contint qu’à grand’peine. Heureusement pour lui, le gros des
troupes ennemies se trouvant à quelque distance, il eut le temps de recevoir les
renforts que lui amenaient les navires restés en arrière.
Quelques jours après, il se vit attaqué en rase campagne par Labienus, à la
tête d’une nombreuse cavalerie soutenue par cent vingt éléphants. L’action se
prolongea et la victoire resta indécise depuis le matin jusqu’au coucher du soleil
Par une tactique due à Labienus, la cavalerie numide, mêlée à de l’infanterie
légère qui chargeait et se retirait avec elle, portait surtout le trouble parmi les
troupes romaines, habituées à combattre de pied ferme les soldats de nouvelle
levée, qui composaient la plus grande partie des légions de César, étaient
effrayés de la multitude des ennemis, et les vétérans eux-mêmes paraissaient
ébranlés par cette étrange manière de combattre, qui consistait, alors comme
aujourd’hui, à attaquer et à fuir avec une égale rapidité. Ces vieux soldats se
demandaient l’un à l’autre comment ils s’y prendraient pour vaincre des ennemis
insaisissables. Mais, dans cette situation difficile, César prouva mieux que jamais
qu’aucune des qualités d’un grand général ne lui était étrangère. Résolu de ne plus
accepter de combat qu’il n’eût reçu de nouveaux renforts de Sicile et d’Italie, il
se renferma dans son camp, et tandis que ses ennemis l’y croyaient retenu par la
crainte, il y préparait en silence la victoire, rendant sa position inexpugnable au
moyen de grands ouvrages, faisant élever deux lignes de retranchements, l’une
de la ville de Ruspina, près de laquelle il se trouvait, jusqu’à la mer, l’autre de la
mer à son camp, afin d’assurer ses communications avec ces deux points d’une
égale importance. Les manœuvres de la politique vinrent aussi se joindre aux
ressources de l’art militaire connaissant l’inconstance et la mobilité des Numides
et des Maures, les rivalités qui existaient entre les tribus, leur indocilité au joug,