2 – Traitement curatif et préventif de l’anaphylaxie de l’enfant : enseignements des études cliniques
2.a – Toutes les réactions anaphylactiques sont-elles sévères ? (2)
Il est important de préciser la signification du terme anaphylaxie : il s’agit d’une réaction générale liée
à un taux sanguin circulant élevé d’histamine. Les manifestations en sont le choc dont il existe des
formes d’intensité moyenne, sévère voire suraigue. Le risque d’une évolution rapidement mortelle
distingue ce choc des autres réactions allergiques comme l’urticaire, le simple angio-œdème ainsi que
l’eczéma, la rhinite, ou l’asthme. Cependant, l’œdème de Quincke, dans sa forme avec œdème de la
glotte, est inclus dans l’anaphylaxie en raison du risque vital par asphyxie aigue.
Les signes du choc anaphylactique sont les suivants : cutanéo-muqueux (urticaire, exanthème,
œdème de Quincke), respiratoires (oppression thoracique, bronchospasme), circulatoires
(tachycardie, pouls filant, hypotension, malaise, perte de connaissance), digestifs (nausées,
vomissements, diarrhées), neurologiques (angoisse, sensation de mort imminente, vertiges,
confusion). Plus il y a de signes associés plus le choc est sévère.
Les diagnostics différentiels sont en pratique peu nombreux : le malaise vagal s’accompagne d’une
bradycardie, l’œdème angio-neurotique et les mastocytoses sont rares.
2.b – Les enfants peuvent ils faire une réaction anaphylactique mortelle ?
Il semble que la survenue d’une anaphylaxie avant l’age de 1 an soit rarissime. Ensuite on observe
une augmentation de fréquence avec l’age. Les données sont cependant différentes selon qu’elles
proviennent de population adressées pour bilan allergologique ou de services d’urgence qui ont eu à
traiter des réactions anaphylactiques sévères. Pour ces derniers, l’anaphylaxie se manifeste en réalité
à tout age avec un délai de survenue de la réaction par rapport au contact allergique inversement
proportionnel à l’age. Il faut donc une intervention d’autant plus rapide que l’enfant est plus âgé.
La littérature rapporte 2 difficultés cliniques : (3)
- la confusion possible entre asthme aigu et anaphylaxie chez un enfant ayant une allergie alimentaire
et un asthme : la non reconnaissance de l’anaphylaxie est alors responsable du décès par choc
irréversible. L’association à l’asthme de signes cutanés mêmes mineurs comme une urticaire ou un
angio-œdème, de troubles digestifs comme une diarrhée, et l’absence anormale de réponse au
traitement par béta2mimétique doit faire envisager la possibilité d’une réaction anaphylactique.
- des chocs en 2 temps, avec une première réaction d’intensité moyenne, puis une deuxième réaction
beaucoup plus sévère. Tout patient ayant fait une réaction anaphylactique même mineure doit donc
être surveillé 24 heures, et l’injection préventive d’adrénaline doit être recommandée, même si la
réaction n’est pas de forte intensité selon la nature de l’allergène et les antécédents allergiques
(anaphylaxie antérieure).
2.c – Quels sont les facteurs de risque d’une anaphylaxie mortelle chez l’enfant ? (4, 5, 6)
- Le plus souvent le décès est lié au retard d’utilisation de l’adrénaline auto injectable.
Ce retard à des causes multiples :
° Mauvaise connaissance de l’allergie : l’absence d’exploration précise conduit à multiplier les
contacts accidentels avec l’allergène, conduisant à des réactions de plus en plus sévères
° L’absence de prescription d’adrénaline auto injectable par méconnaissance de la sévérité de
l’allergie
° L’absence d’éducation du patient et surtout de sa famille : le dispositif injectable ne sera utilisé
correctement que s’il y a une éducation des parents et de l’enfant, avec démonstration du
fonctionnement et entraînement régulier. Enfin, le matériel doit suivre l’enfant dans tous ses
déplacements en particulier à l’école et dans les activités para-scolaires.
- Parfois c’est la technique d’utilisation de l’adrénaline qui est en cause :
° Voie d’administration : la voie orale (adrénaline per os sur un sucre) ne peut pas être recommandée
en raison des grandes variations observées dans l’absorption du produit. La voie sous-cutanée est
beaucoup moins performante que la voie IM qui est la meilleure voie d’administration, permettant
d’obtenir le plus rapidement un pic sérique efficace.
° Péremption de l’adrénaline : l’efficacité décroît avec le temps. Si la coloration brunâtre du contenu de
la seringue auto-injectable (Anahelp) traduisant l’oxydation de l’adrénaline conduit à renouveler le
traitement, ce contenu n’est pas visible dans les stylos auto injectables (Anapen) : il faut donc bien
surveiller la date de péremption.