Séance 2 : La guerre froide.
Pb : Pourquoi l’affrontement des grandes puissances n’a-t-il pas dégénéré en guerre
« chaude » ?
Introduction :
1945 date de la fin de la Seconde Guerre mondiale le 9 novembre 1989, le mur de Berlin
tombe, point de départ de la dislocation du Monde communiste. Après quarante-cinq ans
d’ordre bipolaire, la fin du XX siècle est marquée par l’effondrement de l’URSS, ce qui
inaugure un nouvel ordre mondial où les États-Unis restent la seule superpuissance.
I. La guerre froide.
A. La rupture de 1947
1. L’escalade de la méfiance
Le 5mars 1946, Winston Churchill dénonce la naissance du « rideau de fer descendu à travers
le continent ». En effet, Staline cherche à installer un glacis défensif à l’ouest de l’URSS les
communistes prennent les postes clef de l’administration et du gouvernement en Europe
orientale. En janvier 1947, en Pologne, des élections douteuses donnent la victoire aux
communistes.
2. La politique d’endiguement (containment)
En mars 1947, Truman, dans un discours au Congrès, annonce qu’il est du devoir des
États-Unis de « soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives
d’asservissement, qu’elles soient le fait de minorités armées ou de pressions étrangères
». L’objectif est d’endiguer l’expansion du communisme la doctrine Truman annonce
l’entrée des États-Unis dans la guerre froide.
Le 5 juin 1947, le plan Marshall propose d’aider à la reconstruction des pays
européens. Il est rejeté par l’URSS qui oblige les pays d’Europe de l’Est à le refuser; il
est accepté par 16 pays d’Europe occidentale.
3. La doctrine Jdanov et le Kominform
En septembre 1947, Jdanov expose la vision soviétique du Monde, divisé en deux blocs. Le
Kominform (Bureau d’information des partis communistes), créé en octobre, a pour but réel
de renforcer le contrôle soviétique sur les partis communistes. En février 1948, le coup de
Prague (coup de force des communistes tchécoslovaques et instauration d’une dictature)
illustre la division du Monde en deux blocs.
B. L’affrontement des deux blocs.
1. Le blocus de Berlin et la guerre de Corée
En juin 1948, les Occidentaux décident d’unifier leurs zones d’occupation en
Allemagne et d’y instituer une monnaie commune. UURSS proteste et réplique par le
blocus de Berlin-Ouest. Au bout de onze mois de pont aérien organisé par les États-
Unis pour ravitailler la ville. Staline cède. Les trois zones d’occupation occidentales
forment la RFA en mai 1949, et l’URSS réagit en suscitant la création de la RDA en
octobre.
La guerre de (Dorée donne une dimension mondiale à la guerre froide. Le 25 juin
1950, la Corée du Nord (communiste) attaque le Sud. Truman riposte immédiatement
par l’envoi d’un corps expéditionnaire. Après trois ans de conflit et plus d’un million
de morts, l’armistice est signé à Pam Mun Jon en juillet 1953; la frontière entre les
deux Corées est très proche de celle de 1950.
2. La formation de pactes d’alliance renforce les deux blocs.
Le bloc de l’Ouest est structuré autour des États-Unis par le traité de l’Atlantique nord
(avril 1949) et l’OTAN (1950) qui instaure une véritable unité militaire entre les
membres de l’alliance sous la direction des États- Unis. Elle est complétée par
l’OTASE, l’équivalent de l’OTAN pour l’Asie.
L’URSS renforce aussi son camp. En 1949, le CAEM (COMECON en anglais) intègre
économiquement les démocraties populaires à l’espace soviétique, et en 1955, c’est
l’intégration militaire par le pacte de Varsovie.
C. Le reflux de la guerre froide: 1953-1962
1. Vers la coexistence pacifique.
La mort de Staline, en mars 1953, ouvre une période de dégel : les nouveaux dirigeants
soviétiques proposent une « coexistence pacifique », ce qui ne signifie pas la fin des rivalités.
Pour Khrouchtchev, successeur de Staline, la compétition doit se déplacer vers le domaine
économique et scientifique afin de rattraper l’adversaire puis de le dépasser.
2. Le chaud et le froid.
En 1956, deux crises montrent les nouvelles règles du jeu les deux grands s’entendent
pour éviter l’escalade.
Lors de la crise de Suez ils contraignent les Anglais et les Français à reculer et à évacuer
l’Egypte.
Quelques jours plus tard, le camp occidental laisse les Soviétiques écraser l’insurrection
en Hongrie.
À partir de 1958, pour arrêter la fuite de nombreux Allemands de l’Est ,par Berlin-
Ouest, Khrouchtchev déclenche la seconde crise à Berlin, et le 13 août 1961, un mur,
édifié en une nuit, matérialise la coupure de l’Europe en deux blocs.
La crise la plus grave est celle de Cuba, en octobre 1962. Fidel Castro chasse en 1959
le dictateur pro-États-Unis Batista. Devant l’hostilité des États-Unis, il demande l’aide
de l’URSS qui commence à installer des rampes de lancement de missiles dirigées
vers le territoire des États-Unis. Kennedy réagit en mettant en place un blocus de l’île.
Finalement, Khrouchtchev cède. Cette crise a fait prendre conscience aux deux grands
du danger atomique.
II. La détente : apaisement et conflits localisés.
A. La fissuration des blocs.
1. Dans le camp occidental.
De Gaulle mène une politique d’indépendance nationale et refuse un « partenariat » Etats-
Unis/Europe, que le Royaume-Uni accepte.
En 1963 et 1967, de Gaulle refuse au Royaume-Uni l’entrée dans la CEE.
Depuis 1960 la France possède une force nucléaire indépendante, et en 1966 de Gaulle décide
de se retirer du commandement intégré de l’OTAN.
Il reconnaît la Chine populaire en 1964.
En 1965, il condamne l’intervention américaine au Viét Nam.
2. Dans le camp socialiste.
À la suite de la déstalinisation, les rapports entre la Chine et l’URSS s’enveniment.
En 1962, l’URSS met fin à la coopération entre les deux pays, et en 1969 des problèmes
frontaliers dégénèrent en affrontement sur l’Oussouri.
En Europe, la Roumanie de Ceausescu refuse de s’aligner sur Moscou et se désolidarise de
l’intervention en Tchécoslovaquie des troupes du pacte de Varsovie qui mettent fin à
l’expérience d’un « socialisme à visage humain (1968).
Ces tensions à l’intérieur des blocs menacent leur cohésion.
B. Les manifestations de la détente.
1. Le contact est rétabli.
En 1963, le téléphone rouge est installé entre Moscou et Washington.
Détente ne signifie pas désarmement; Kennedy débloque des crédits énormes pour accélérer
la recherche spatiale et la fabrication de fusées stratégiques, mais en même temps des
négociations sont entamées. En 1968 des accords sont conclus sur la non-prolifération des
armes nucléaires ;la France et la Chine refusent de les signer.
2. L’apogée de la détente (1969-1973).
Des négociations débutent en 1969 sur la limitation des armes nucléaires, qui
aboutissent, en mai 1972. à la signature des accords SALT (Strategic Armament
Limitation Talks) à Moscou entre Brejnev et Nixon.
À partir de 1969, en Allemagne, le chancelier social-démocrate WiIly Brandt lance
l’Ostpolitik (politique d’ouverture à l’Est). il reconnaît la frontière Oder-Neisse avec
la Pologne. En 1972, la RDA et la RFA reconnaissent former deux pays différents, et
elles sont admises à l’ONU en 1973.
La conférence sur la sécurité et le désarmement en Europe débute à Helsinki en 1973
et s’achève par la signature de l’acte final le 1er août 1975, qui reconnaît le statu quo
des frontières issues de la Seconde Guerre mondiale. La coopération économique entre
l’Est et l’ouest est renforcée ; tous s’engagent à respecter les droits de l’homme et les
libertés.
C. La permanence des conflits périphériques.
1. La guerre du Viêt Nam.
Les États-Unis soutiennent le gouvernement dictatorial du Sud, et interviennent par l’envoi
massif d’hommes, des bombardements meurtriers, l’utilisation d’armes chimiques à partir de
1965.
Dans le Monde entier et surtout aux États-Unis se développent des manifestations de
protestation. En 1969, Nixon annonce un retrait progressif des forces américaines, et en
janvier 1973, les accords de Paris prévoient le retrait des forces américaines dans un délai de
trente jours. Le Conseil national de la réconciliation doit décider de l’avenir du pays ; en fait
la guerre se poursuit entre Vietnamiens.
2. Les guerres israélo-arabes
En juin 1967, lsraël déclenche une guerre préventive contre ses voisins : la guerre des Six
Jours.
Malgré la résolution 242 de l’ONU, lsraël refuse d’évacuer les territoires occupés.
En 1973, le successeur de Nasser, Sadate, attaque l’État hébreu pendant la fête juive du
Kippour.
Un arbitrage américano-soviétique impose un cessez-le-feu le 14octobre 1973.
III. La mise en cause des équilibres de la détente.
A. L’URSS reprend l’initiative.
1. La poussée communiste en Asie du Sud-Est.
En avril 1975, les Nord-Vietnamiens entrent à Saïgon, le Viét Nam est réunifié sous l’égide
du Nord, communiste.
La même année, les Khmers rouges s’emparent de Phnom Penh et instaurent un régime de
terreur au Cambodge. En 1979, ils sont chassés par l’armée vietnamienne. Le Laos devient
également communiste.
2. En Afrique.
À partir de 1975, l’URSS s’implante en Afrique. Elle profite des troubles liés à la
décolonisation des colonies portugaises (Angola, Mozambique) pour soutenir les guérillas
marxistes (envoi de soldats cubains) et de la prise du pouvoir par des officiers en Êthiopie.
3. L’Afghanistan.
En décembre 1979, l’URSS intervient militairement en Afghanistan pour sauver un régime
communiste au pouvoir depuis 1978. Cette intervention est condamnée par l’ONU et
provoque le réveil des États-unis.
B. Le retour à l’affrontement.
1. La réaction américaine.
Le président des États-Unis, Carter, réagit à l’invasion de l’Afghanistan par le boycott des
Jeux olympiques de Moscou en 1980 et par un embargo sur la livraison de céréales à l’URSS.
En 1980, Reagan est élu président des Etats-Unis, après une campagne électorale dénonçant
« l’empire du mal. ». Il veut faire oublier la défaite au Viet Nam et l’humiliation subie en Iran
lors de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Les Américains aident
partout les mouvements contre-révolutionnaires et les régimes dictatoriaux en Amérique
latine.
2. La relance de la course aux armements.
A partir de 1977, l’URSS déploie en Europe des fusées SS 20, les Etats-Unis dotent l’OTAN
de fusées Pershing.
En 1983, Reagan annonce le projet de I’IDS (Initiative de défense stratégique) appelé aussi
guerre des étoiles ».
Les dépenses militaires des deux grands augmentent et pèsent sur leur économie, surtout en
URSS.
C. Le recul de l’influence des deux grands.
En 1979, le nouveau régime iranien condamne la civilisation occidentale mais aussi le
communisme.
En 1980, l’Irak entre en guerre contre l’Iran. Pour la première fois depuis 1945, une guerre
ayant des répercussions mondiales (pétrole) échappe à la logique Est-Ouest et au contrôle des
deux grands.
Après les accords de Camp David (1978), à l’initiative de Carter, qui scellent la paix entre
l’Égypte et Israël, les États-Unis n’arrivent pas à imposer une paix au Proche-Orient.
IV.Vers un nouvel ordre mondial ?
A. La fin du monde bipolaire.
1. La perestroïka.
À partir de 1985, (Gorbatchev lance la perestroïka (restructuration) et veut diminuer les
dépenses militaires de l’URSS. Il renoue le dialogue avec les États-Unis.
Dans le Tiers-monde, l’URSS se replie en février 1989, les troupes soviétiques commencent à
quitter l’Afghanistan.
2. La fin du rideau de fer.
En Europe de l’Est, la chute du mur de Berlin, en novembre 1 989, donne le signal de
l’effondrement des régimes communistes. L’Allemagne est réunifiée en 1990; le pacte de
Varsovie est dissous le 1er juillet 1991, ainsi que le CAEM. En décembre I 991, l’URSS cesse
d’exister.
B. Les accords de désarmement.
Par 1e traité de Washington, signé en décembre 1987, les deux grands détruisent des missiles
pour la première fois, en particulier les SS 20 et les Pershing, et acceptent un contrôle par
l’autre camp.
En 1988, de nouvelles négociations sont engagées sur la réduction du nombre des armes à
longue portée. Elles débouchent sur les accords Start 1 (1991) et Start 2 (1993).
En 1993, 130 pays, sous l’égide de l’ONU, signent la convention sur les armes chimiques qui
en interdit l’emploi, la fabrication et le stockage, et, en 1997, 144 États signent le traité
d’interdiction globale des essais nucléaires.
C .Les États-Unis « seul supergrand » ?
La disparition de l’URSS laisse les États-Unis en position de seule superpuissance.
La Russie garde le siège de l’URSS au conseil de sécurité, mais c’est un État affaibli qui
ne peut empêcher en 1991 les États-Unis de libérer, à la tête d’une force internationale, le
Koweït envahi par l’Irak en août 1990.
Quant à l’Union européenne, elle est incapable d’imposer son influence diplomatique et
militaire, comme la crise yougoslave l’a montré.
Nouvel ordre ou nouveau désordre
Ni l’ONU ni les organisations régionales ni les États-Unis ne semblent capables de faire
régner un nouvel ordre international.
L’exacerbation des nationalismes dans les anciens pays de l’Est, la montée de l’intégrisme
religieux dans le monde musulman, la poudrière du Moyen-Orient menacent la paix. Les
guerres civiles se multiplient en Afrique, continent qui bat le record du nombre des
réfugiés.
La situation internationale semble être devenue incontrôlable et plus dangereuse qu’au
temps de la guerre froide.
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