REPUBLIQUE DU SENEGAL MINISTERE DE L`Enseignement

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REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’ENSEIgNEMENT préscolaire élémentaire - moyen secondaire
OFFICE DU BAC
UCAD DAKAR
Inspection académique de DAKAR
LYCEE DE MBAO
TERMINALE S1
Groupe 5
DOSSIER DE
PHILOSOPHIE
Thème : INDIVIDU ET SOCIETE
Membres :
1-DEMBA TAHIROU DIOP
2-YOUSSOUFA MAR
3-IBRAHIMA MBENGUE
4-MADICKE MBODJIE
5-BABACAR NDOYE
Encadreur :
MR TALIBOUYA MBAYE PROFESSEUR DE
PILOSOPHIE AU LYCEE DE MBAO
COORDONNATEUR :
DEBUT DU TRAVAIL :
Vendredi 23octobre 09 14H53min
Fin du travail :
A présenter le :
NOTE ET APPRECIATIONS DU
CORRECTEUR :
PRESENTATIONS DU TRAVAIL
La réflexion
Le travail est une chose très difficile. Réfléchir en philosophie peut
paraître très ambiguë surtout sur une chose qui s’avère être déjà
discuter auparavant par des savants bien plus expérimentés. Donc il ne
serait pas surprenant que notre travail comme tout ce d’humains
présente certaines erreurs ou d’omissions. Nous nous en excusions et
vous prions de bien vouloir nous en faire part afin que nous les
rectifiions ; car l’erreur est humaine mais seulement persévérer dans
celle-ci après correction est diabolique.
Sachez aussi que le travail se fera suivant une organisation la plus
parfaite que possible.
Le sujet
Le sujet soumis à notre réflexion est très important. En effet discuter
de L’individu et de sa société ne s’avère pas si facile qu’on le pense.
Car elle requiert d’abord la connaissance des termes essentielles qui
composent notre sujet : « individu » et « société ».il faudrait aussi
discuter des types de personnes, de le comportement individuel aussi
bien qu’a l’égard de la société qu’a son propre statut. Nous ne
pourrions aussi nous empêcher de retracer l’histoire en d’autres termes
les origines de la société, ses loi et ses règlements même s’ils sont
parfois bafoues par des immoraux. Force et de reconnaître que parler
de la société sans parler des problèmes qui entravent sont
fonctionnement serait une erreur psychologique monumentale. Donc
nous essaierons aussi de parler des déperditions des valeurs, les
déviances sociales, bref des maux dont souffre notre société pour
ensuite essayer de les solutionner. Ce sujet est évidemment très vaste, il
correspond à l’objet de l’ensemble de la sociologie. La première tâche, et la première
difficulté, est donc de le circonscrire. Pour cela, on peut mettre en oeuvre deux
principes méthodologiques applicables à pratiquement tous les sujets de
dissertation :
- Tout d’abord il faut s’interroger sur ce que dit la littérature sociologique sur le
sujet. Il faut notamment se préoccuper des publications récentes qui peuvent ouvrir
de nouvelles perspectives sur un thème ancien. Par exemple, pour ce sujet, les
travaux de F. Dubet, de F. de Singly, de B. Lahire, de Ph. Corcuff etc. sont l’occasion
de prolonger les réflexions fondamentales de Marx, Durkheim, Simmel et Weber.
- Ensuite, quels sont les exemples empiriques (résultant d’enquêtes
sociologiques) que l’on peut mobiliser pour traiter le sujet. Le risque serait grand en
effet de s’en tenir à des considérations « théoriques » générales. Il faut au contraire
montrer en quoi les concepts et les théories sont des instruments qui permettent de
rendre compte du réel (en même temps qu’ils le construisent comme objet
scientifique).
Le sujet doit être envisagé dans deux dimensions essentielles :
- d’une part, du point de vue historique, anthropologique et sociologique, il
faut se demander en quoi la société a produit l’individu. Cela renvoie à un débat
fondateur de la sociologie et d’abord à la distinction de F. Tönnies entre
« communauté » et « société ». Cette réflexion est prolongée par une étude sur la
modernité et le processus d’individualisation.
- d’autre part, d’un point de vue épistémologique et méthodologique, il
convient de s’interroger sur le débat holisme méthodologique/individualisme
méthodologique. Pour comprendre les sociétés faut-il partir de la totalité ou des
actions individuelles ? On montrera alors que la sociologie contemporaine est très
largement marquée par une volonté de dépassement de ce débat.
Remarque importante : Sur un tel sujet, il est évidemment impossible
d’être exhaustif. D’autres auteurs ou d’autres ouvrages pouvaient être mobilisés. Les
exemples cités sont souvent présentés de façon allusive. Les utilisateurs de ce corrigé
sont donc invités à repérer dans le texte les auteurs, les concepts, les ouvrages qu’ils
connaissent peu ou mal et à préciser leurs connaissances en utilisant les ouvrages
originaux, des dictionnaires de sociologie et/ou des manuels.
Plan
INTRODUCTION
I-L’INDIVIDU
1-definition
2-l’individu comme produit de la société
3- Principe d’individualisation
4-aprroche ontologique et épistémologique
Indépendance détermination sociale et individualité
II- LA SOCIETE
1-une tentative de définition
2-l’homme un animal politique
3-etat de nature et contrat social
4-la société disposition naturelle ou contrainte
5-societe et échange
6-societe et communauté
7-societe ouverte société close
8-ce qu’il faut retenir
III-INDIVIDU ET SOCIETE
1-la modernité en péril ?individualisme et crise du lien social
2-individualisme
3-partir de l’individu ou de la société
CONCLUSION
LEXIQUE
FAQ
BIBLIOGRAPHIE
Traitement du sujet
INTRODUCTION
La question des rapports entre individu et société fait souvent l’objet de commentaires
médiatiques. On attribue à la montée de l’individualisme des phénomènes aussi divers que la
crise de la famille, la délinquance juvénile, la montée de l’abstention etc. A l’inverse on
s’inquiète d’une société de plus en plus technique, rationnelle, bureaucratique qui prive
l’individu de son autonomie et le manipule à son insu. Entre nostalgiques de la tradition et
pessimistes de la modernité ou de la post-modernité, les commentaires vont bon train et ne
sont pas toujours un modèle de rigueur dans l’argumentation. Mais cette question des rapports
entre individu et société peut et doit être traitée sérieusement, elle est de fait la question
fondatrice de la sociologie : comment la société est-elle possible ? Comment « tiennent » les
sociétés alors que les individus sont de moins en moins contraints, que la liberté et les droits
individuels sont les valeurs centrales ? L’individu, en effet, c’est étymologiquement ce qui ne
peut pas être divisé, c’est l’unité élémentaire d’un ensemble. On peut parler d’un individu
dans un troupeau de bétail voire dans un ensemble d’objets (une collection par exemple), mais
le terme est le plus souvent utilisé aujourd’hui à propos de l’individu humain. L’idée
d’individu est alors liée à celle de « sujet » ou de « personne », elle renvoie à la capacité de
faire des choix, de mener une réflexion autonome. Au sens le plus général, la « société » est
un ensemble d’individus. Là encore, le terme n’est pas réservé à l’espèce humaine puisqu’on
parle de sociétés animales. Pour les sociologues, l’existence d’une société est liée aux
interactions entre les individus qui la composent et aux institutions qui l’organisent. Il faut
garder à l’esprit que le terme « société » désigne un type-idéal, en réalité, il n’existe que DES
sociétés qui ont chacune leurs spécificités. Le terme « société » est très polysémique : on parle
de « société commerciale », de « société française », de « société démocratique », de « société
secrète » etc Dans chacune de ces expressions le mot « société » a un sens différent.
La tentation est grande d’opposer l’individu (la partie) à la société (le tout). Pourtant, comme
nous le verrons, d’un point de vue historique, l’individu est un produit de la société et ce
dernier terme renvoie à une étape particulière de l’histoire de l’Humanité. La société, pas plus
que l’individu, ne sont des réalités éternelles et immuables. Mais les rapports entre
« individu » et « société » doivent être aussi envisagés d’un point de vue méthodologique.
Dans le cadre de leurs recherches, les sociologues doivent-ils partir de l’individu (de l’acteur
social) ou de la société (de la structure, du système) ? Ce débat est constitutif de la sociologie
et il conserve une grande importance même s’il est souvent présenté de façon trop convenue.
Cependant, la sociologie contemporaine s’efforce de dépasser cette opposition entre individu
et société.
Bien évidemment, les deux débats sont liés : la montée de l’individu comme réalité sociale,
l’affaiblissement des contraintes et des traditions, oblige à modifier le « regard sociologique ».
Pour autant, doit-on considérer que l’individu contemporain est « sans appartenance », qu’il
peut être pensé indépendamment de toute contrainte sociale ? Assistons-nous vraiment,
comme le pensent certains sociologues, à la fin de l’idée de société ?
I-
L’INDIvIDu
1-DEFINITION
La notion d'individu est complexe. Le Robert fournit deux éléments. L’approche
psychologique définit l'individu comme «l'être humain en tant qu’unité et identité
extérieures biologiques; en tant qu’être particulier, différent de tous les autres».
L’approche sociologique, écrit Lalande, considère l'individu comme « l'unité dont se
compose les sociétés ». Aucune de ces définitions n’est évidente en soi. La première est
le fruit d'un long travail historique, débuté sous l'Antiquité, repris par les théologiens du
Moyen Age et achevé lors de la Réforme et de la Renaissance. En effet, avant cela, écrit
Bernard Vlade, l'individu ne possédait pas d'identité propre. «Au sein de la société
chrétienne, l'homme n’est pas en relation immédiate avec lui‑ même. Il explique sa
situation par tout ce qui dépasse le personnel et l'individuel. [ ... ] Si l'être individuel du
chrétien acquiert la dignité d'un être permanent, indestructible, c'est dans sa relation à
Dieu, c'est‑ à-dire dans sa participation à la Personnalité divine, que prend forme sa
personne. » L’individu et, dans son prolongement théologique, la personne, constituent
l'une des originalités les plus fortes de la philosophie et de la civilisation occidentales.
La Renaissance a rompu avec cette conception holiste de la société et de la personnalité.
Puis les Lumières ont valorisé l'individu en tant qu'être distinct ‑ non soumis aux
contraintes des groupes familiaux et sociaux qui encadraient sa vie ‑ et protégé par des
règles juridiques écrites. Comme Karl Polanyi l'a montré, l'avènement de l'économie
marchande a achevé ce processus. « Le modèle économique fournit les paramètres du
modèle social: la société est conçue sous forme de rapports d'échanges entre
propriétaires libres et indépendants; elle est réputée, préposée à la protection des droits
de l'individu sur sa personne et sur ses biens, ainsi qu’au respect de l'ordre dans toutes
les transactions. » A partir de cette conception de l’ individu, la Révolution française a
posé que chaque homme possède des droits naturels inaliénables, du seul fait qu'il est
individu. Indépendamment donc de tout rapport à la collectivité dans laquelle il est
inséré. Et c’est l'individu qui, par le consentement qu’il donne, lors de la formation du
contrat social fondateur, qui devient la source de tout pouvoir. Le XIX ème siècle a vu
s'étendre les droits reconnus à l'individu, avec l'acquisition de certains droits politiques
dont l'extension progressive du suffrage universel. Puis le préambule de la Constitution
de 1946 a affirmé solennellement l'existence de droits sociaux, comme celui du droit à
une retraite payée ou à un travail.
Le mot
Du latin individuum, « ce qui est indivisible »1, le mot individu désigne aujourd'hui, selon le
dictionnaire de l'Académie française, « une unité organisée ».
On trouve aussi comme définition de l'individualité « un être qui a une existence distincte de
celle des autres êtres ».
Le principe d'individu
En métaphysique il désigne l'être, et le terme est alors une notion associée à des
questionnements dans des disciplines philosophique, comme l'ontologie.
L'individu statistique
En statistique, un individu est le constituant d'un ensemble, représenté par sa caractéristique
étudiée. Pour une étude sur les catégories professionnelles, un individu peut être par exemple
« un enseignant », « un médecin », « un secrétaire », etc. Pour une étude sur la vue, l'individu
sera « un myope », « un astigmate »...
L'individu biologique
En biologie on distingue plusieurs définitions de l'individu suivant le contexte d'étude :



Dans le règne du vivant c'est la plus petite unité (appartenant a une espèce, un genre,
une variété, etc ).
Dans le cycle de reproduction c'est un spécimen vivant (ou ayant vécu) issu d'une
seule cellule.
En génétique, c'est une unité d'information génétique.
L'individu biologique possède deux caractéristiques essentielles :2


il est original : il n'existe pas deux individus totalement identiques.
il est solidaire : toutes ses parties sont interdépendantes et coopèrent à la vie de
l'ensemble (ce fait peut amener à assimiler les sociétés à des êtres vivants).
L'individu en psychologie
En psychologie l'individu désigne l'être pensant, une considération psychique de l'individu
biologique.
Des nuances sont apportées par la psychanalyse qui distingue la partie que l'individu perçoit
de lui-même, le moi, de l'individu complet, le soi.
En psychologie analytique on parle de processus d'individuation pour désigner la prise de
conscience qui consiste a étendre la vision du moi (vers le soi).
L'individu en sociologie
L'individu s'emploie en sociologie à la fois dans le sens commun d'humain et en tant qu'objet
d'analyse sociologique. Il fait référence au processus d'individualisation. En analyse des
réseaux sociaux, l'individu désigne une entité sociale spatio-temporellement situable: un
acteur social typique des sociétés individualistes. Se considérer comme étant un « individu »
n'est pas une réalité qui s'est retrouvée à chaque époque ni dans chaque culture. L'idée d'être
un individu inclut une vision de l'humain comme étant autonome et indépendant. Dans
certaines cultures les gens se considèrent au contraire comme étant interdépendants et liés les
uns aux autres. Par exemple, durant l'époque féodale en Europe, les gens se considéraient
comme étant des « sujets » et non comme étant des individus. Aussi, ils s'exprimaient
davantage à la première personne du pluriel (« nous ») qu'à la première personne de singulier
(« je »).
L'individu en droit
L'individu est aussi une notion centrale en matière de droit puisque le droit est relatif à celuici. L'individu social (dans un sens commun) peut alors être une personne morale, qui n'est pas
représentative d'une personne physique. Mais la définition stricte du mot (et sont applicabilité
aux personnes morales) dépend des lois de chaque nations.
En droit international, le terme d'individu doit être exclusivement réservé aux personnes
physiques selon l'ONU.
2-L’INDIvIDu coMME pRoDuIT DE La
société
L’idée même d’individu est liée à la modernité et elle est le produit d’une longue histoire
qui commence avec la Renaissance, passe par la Réforme et le Siècle des Lumières. Cette
histoire est très largement une histoire occidentale, même si les valeurs individualistes sont
universalistes et marquent progressivement l’histoire de l’ensemble de l’espèce humaine. La
sociologie est née, dans une grande mesure, pour rendre compte de ce processus
d’individualisation et pour en apprécier les conséquences.
3-pRINcIpE D’INDIvIDuaTIoN
L’individu est pensé à la fois par rapport à lui-même — en tant qu’indivisible — et à un
tout dont il est une partie. L’individualité, ce qui distingue un être de tous les autres, est
définie par le principe d’individuation, à savoir par la disposition de la matière dans le temps
et dans l’espace, selon Thomas d’Aquin, ou par l’unité de la matière et de la forme, selon
saint Augustin. La distinction individu-tout conduit à l’opposition singulier-universel.
Guillaume d’Occam développa sa théorie nominaliste à partir de la singularité absolue de
l’individu.
4-approche ontologique et
épistémologique
L’ambition de connaître l’individu atomique et unique participe de la volonté de saisir
des réalités ultimes en biologie, en chimie, en logique, en philosophie ou dans les sciences
humaines. Se posent alors, explicitement ou implicitement, les problèmes ontologiques
fondamentaux : les réalités élémentaires et originaires qui composent le réel sont-elles
individuelles, comme chez Guillaume d’Occam, en interdépendance, comme les monades de
Leibniz, ou bien en relation avec des réalités transcendantes, comme chez Platon ? De plus,
cette connaissance de l’individu est-elle possible ?
Si l’individu dépend dans son fond même d’autres individus ou de réalités
transcendantes, la connaissance de l’individu ne peut être ni première, ni totale ; si l’individu
est relativement autonome, sa connaissance est aussi problématique. En effet, dans les deux
cas, affirma Aristote dans la Métaphysique, il n’y a de connaissance que du général et jamais
du particulier, donc de l’individu. Leibniz devait recourir à l’entendement divin pour penser
l’essence même de l’individu (Discours de métaphysique, 1686). Cette solution mit en
évidence un problème à partir duquel deux types de philosophie se développèrent : d’une part,
celles qui prétendent penser l’individualité de l’individu, comme les systèmes de pensée de
Leibniz ou de Hegel ; d’autre part, celles qui trouvent dans l’individu et dans l’existence
singulière une limite au système et au concept, comme le soutenaient Rousseau, Kierkegaard
ou Nietzsche. Le concept d’individu est donc fondamental en philosophie : son enjeu est la
limite même de la philosophie.
5-independance- détermination
sociale et individualité
L’individu désigne principalement un être vivant possédant une unité intérieure,
fonctionnant comme un système et doté d’une certaine autonomie par rapport au tout
dans lequel il évolue ; il existe grâce à la fois à son propre mode d’être, à l’espèce dont il
fait partie et au milieu dans lequel il vit ; en ce sens, une fourmi peut être considérée
comme un individu.
Toutefois, la notion d’individu se rapporte plus précisément à l’être humain, dans sa
dimension psychologique et sociale, c’est-à-dire en tant qu’il se distingue des autres
hommes et en tant qu’il ne se réduit pas à la société, ni au groupe dans lequel il est
placé ; au contraire, l’individu peut s’opposer aux autres individus et à la société.
L’individu humain a donc une dimension et une valeur non seulement ontologiques, mais
aussi existentielles, comme chez Kierkegaard, et morales, comme chez Kant : il est un
existant unique, bénéficiant d’une liberté qui l’individualise et dont il est moralement
responsable. Ainsi, il possède et incarne une individualité qui le fait apparaître comme
différent et partiellement indépendant des autres. Cette individualité, qui caractérise la
personnalité de l’Homme, se manifeste d’autant plus fortement que le sujet s’oppose aux
autres et à la société. Il y a donc un conflit entre l’individu considéré comme une personne
morale et l’individu envisagé comme un être individualiste
II-
La société
La société (du latin socius : compagnon, associé) est l'« ensemble des modèles d'organisation et
d'interrelation, des individus et des groupes, des associations, des organisations et des institutions qui
concourent à la satisfaction concertée des besoins de la collectivité.»
Une variété d'usages
Il existe des sociétés animales dont l'étude est effectuée par l'éthologie sociale ou la
sociobiologie, comme les sociétés de fourmis ou de celles de primates.
Les sociétés humaines sont étudiées par les sciences sociales.
En science politique le terme est employé dans la signification de rapports humains en
relation avec l'État et le pouvoir, c'est à dire l'appareil des règles, des institutions et leurs
applications du gouvernement sur un territoire.
Une « société » peut se référer à un peuple en particulier, à un état nation ou à un large
groupe culturel. On compte aussi les entreprises, les organisations de personnes. Certaines
peuvent être secrètes.
On retrouve aussi le terme dans un certain nombre d'expressions courantes
1-UNE TENTETIVE DE DEFINITION
La notion de société désigne en premier lieu tout groupement d’individus,
dépendant les uns des autres et agissant selon des schèmes communs. En ce sens, il est
possible de parler de sociétés animales. Pourtant, le plus souvent, le terme de société désigne
exclusivement les groupements humains caractérisés par leur dynamisme, leur capacité à
changer, à évoluer, à se donner de nouvelles formes et de nouvelles règles, à se doter
d’institutions, etc. Lorsque l’on traite de la société, il semble difficile de ne pas faire
intervenir la notion d’individu. Les différentes formes de société semblent pouvoir être
caractérisées par le rôle qu’y joue l’individu, par la reconnaissance dont il jouit en tant qu’être
singulier, par la considération de ses intérêts particuliers, etc. Ce qui est en question, c’est
donc la relation de la partie au tout de la société. On aurait ainsi, d’un côté, des sociétés
individualistes reposant sur l’utilité, le bénéfice que retire chaque individu de sa participation
à la vie en commun, et de l’autre côté, des sociétés qu’on pourra dire « communautaristes » (à
condition de délester ce terme de toutes ses connotations péjoratives), dans lesquels le lien
social est premier, précède la définition de ceux qui sont « liés », autrement dit dans lesquels
la visée de l’intérêt individuel est subordonnée à celle du bien commun. Si l’on se place à
présent du point de vue des théories de la société, on constatera une division analogue. En
effet, lorsqu’on se pose la question de savoir ce qu’est une société, quelles en sont les
conditions d’existence et les formes possibles, on peut débuter par la considération de ses
constituants ultimes, les individus séparés, pour ensuite examiner la manière dont leur
association fait naître la société. Mais on peut aussi considérer cette même société comme un
tout dont la réduction à ses éléments ferait perdre ce qui la constitue en propre, un tout qui est
bien plus que la somme de ses parties. Ces deux perspectives sur la société peuvent être
respectivement qualifiées d’individualisme et de holisme. Notons enfin que le fait qu’on
retrouve une scission similaire de l’individuel et du social tant dans les formes de société que
dans les théories de la société nous rappelle ceci qu’il ne saurait exister d’indépendance
complète entre les unes et les autres. Mais ceci nous incite également à être prudent à l’égard
de la théorisation d’une telle scission en ce qu’elle est elle-même située dans un contexte
historique et social.
2-L’HoMME uN aNIMaL poLITIQuE
« C’est pourquoi toute cité est un fait de nature, s’il est vrai que
les premières communautés le sont elles-mêmes. Car la cité est la fin
de celles-ci, et la nature d’une chose est sa fin, puisque ce qu’est
chaque chose une fois qu’elle a atteint son complet développement,
nous disons que c’est là la nature de la chose, aussi bien pour un
homme, un cheval, ou une famille. En outre, la cause finale, la fin
d’une chose, est son bien le meilleur, et la pleine suffisance est à la
fois une fin et une excellent. Ces considérations montrent donc que la
cité est au nombre des réalités qui existent naturellement et que
l’homme est par nature un animal politique » Aristote, La politique.
Débutons avec Aristote dont on peut affirmer qu’il est le premier théoricien du
fait politique, fait qu’il décrit sans ignorer la contingence qui l’affecte (à la différence de
Platon qui s’était avant tout consacré dans La République à prescrire une forme idéale de cité,
gouvernée par les philosophes, et réglée sur la science du Bien). Pour Aristote, les hommes se
regroupent tout d’abord en famille ou foyer (lieu des relations homme/femme, maître/esclave,
père/enfant) puis en village et enfin en cité, celle-ci n’étant rien d’autre que la communauté
politique. Si l’analyse aristotélicienne part des constituants ultimes de la cité, de sa matière, à
savoir des hommes en tant qu’individus, cela ne signifie en aucun cas que ceux-ci puisse être
définis adéquatement si on les considère à l’état isolé, en tant qu’être solitaire. Que la cité ne
soit pas originelle (au sens où elle présuppose des formes antécédentes de réunion des
hommes) n’implique pas qu’elle ne soit pas naturelle. En effet, pour Aristote, ce qui définit la
nature d’un être, ce n’est pas ce qui se dévoile originellement en lui. La nature d’un être est
constituée de puissances ou de possibilités qui attendent leur réalisation. (par exemple, le
langage appartient à la nature de l’homme et pourtant l’homme ne parle pas à sa naissance).
La nature d’un être, c’est ce à quoi il tend. Or les formes inachevées de la réunion des
hommes (foyers, villages) montrent déjà cette tendance de l’homme à la vie dans la cité.
L’homme « solitaire » est incapable de pourvoir à lui seul à certains de ses besoins : pour se
reproduire, l’homme doit se lier à une femme ; pour exécuter les tâches qu’il conçoit, le
maître doit se lier à un esclave. Ainsi, l’homme couvre ses besoins vitaux… mais
exclusivement ceux-ci. Il existe d’autres besoins qui ne peuvent être comblés que par la
réunion des foyers dans des villages. Mais le village à son tour appelle son dépassement dans
la cité. Seule cette dernière est en mesure d’être autarcique, c’est-à-dire de subvenir à tous ses
besoins. Elle est ainsi à elle-même sa propre fin (au sens à la fois d’achèvement et de finalité).
On comprend donc que, pour Aristote, ce n’est pas par contrainte que les hommes s’associent
mais par nature. L’homme est un animal politique, c’est-à-dire que tant qu’il ne vit pas dans
la communauté politique, c’est un être inachevé. On est très loin de Protagoras pour qui
l’homme ne vivait en société que pour son intérêt particulier. Bien au-delà de celui-ci, ce que
permet la cité aristotélicienne (et qu’elle est la seule à permettre), c’est la réalisation du
bonheur.
On trouve également chez les stoïciens une conception selon laquelle la société
est un fait naturel. Selon eux, nous participons à deux républiques : la première regroupe
l’ensemble des hommes et des dieux (c’est le monde) ; la seconde, ne regroupe qu’un nombre
déterminé d’hommes attachés à elle par le hasard de la naissance. Pour les stoïciens, l’homme
doit vivre en conformité avec la nature et cela signifie participer pleinement au gouvernement
de la cité du monde. Certes, on a là une identification de la nature et de la cité, mais cette
dernière ne semble n’avoir aucune signification politique et être tout à fait étrangère à la
« petite cité » dans laquelle nous vivons concrètement. Cependant, cela ne remet aucunement
en cause le caractère naturel de l’association des hommes. Vivre conformément à la nature,
c’est tout d’abord vivre conformément à sa propre nature. Or, il y a en tout être un instinct
d’appropriation qui le pousse à suivre sa nature, à choisir ce qui lui est approprié. Le corps et
ce qui permet sa conservation forment le premier cercle dans lequel est inscrit l’individu.
Mais ce dernier est également inscrit dans un second cercle (plus éloigné du centre) qui
enveloppent les parents, frères, femmes et enfants. Il y a ainsi une série de cercles : celui des
concitoyens, celui des habitants des villes, celui des membres du même peuple, celui du genre
humain tout entier. Certes la distance qui sépare l’individu de la circonférence des derniers
cercles fait qu’il ignore le plus souvent ce qui le lie à tout ce qu’embrassent ces cercles. Mais
vivre en conformité avec la nature, ce sera justement reconnaître cette communauté naturelle.
3-ETAT DE NATURE ET CONTRA SOCIALE
« La cause finale, le but, le dessein, que poursuivirent les
hommes, eux qui par nature aiment la liberté et l’empire exercé sur
autrui ; lorsqu’ils se sont imposé des restrictions au sein desquelles on
les voit vivre dans les Républiques, c’est le souci de pourvoir à leur
propre préservation et de vivre plus heureusement par ce moyen :
autrement dit, de s’arracher à ce misérable état de guerre qui est, je
l’ai montré, la conséquence nécessaire des passions naturelles des
hommes, quand il n’existe pas de pouvoir visible pour les tenir en
respect, et de les lier, par la crainte des châtiments, tant à l’exécution
de leurs conventions qu’à l’observation des lois de nature. » Hobbes,
Léviathan.
Venons-en à présent à une conception toute différente de la société, de sa
naissance comme de sa nature et de sa fonction. Cette conception trouve son point de départ
dans une description de ce qu’est l’homme à l’état de nature (ou ce qu’il serait si on le
considère comme une hypothèse logique ou méthodologique et non comme une réalité
passée). Pour Hobbes, l’état de nature est un état d’isolement complet de l’individu. Autrui
n’est présent que sous la forme d’une menace constante ; il est présent comme celui dont la
puissance peut provoquer la mort ; pour parvenir à se détacher d’une telle crainte de la mort,
l’individu manifeste sa propre puissance aux yeux des autres. Ce jeu de la puissance ne peut
que conduire à un état de guerre perpétuelle : « l’homme est un loup pour l’homme ». À l’état
de nature, chacun a un droit illimité sur toutes choses, celles-ci devenant l’enjeu de luttes
incessantes ; l’égalité du droit (identifiée à la force) ne signifie rien d’autre qu’une égalité
dans le droit à se nuire mutuellement. Hobbes refuse catégoriquement l’idée d’une sociabilité
naturelle de l’homme. Si les hommes en viennent néanmoins à former des États, c’est
seulement parce qu’en vertu d’un calcul de la raison, ils jugent que leur situation est
intolérable et que dans leur intérêt particulier, il vaudrait mieux que chacun se défasse d’une
partie de sa puissance et la transfère à un souverain. Telle est la source du pacte ou contrat
social. L’origine de la société est ainsi purement artificielle.
Rousseau conçoit quant à lui l’état de nature comme une condition primitive de
l’homme, dans laquelle il ne connaît aucune forme de vie en commun. Ce sont certains
évènements fortuits, telles les catastrophes naturelles, qui conduisent à la formation des
premières sociétés, à l’intérieur desquelles se développent le langage, les techniques, le
travail, et les passions. C’est indissociablement la naissance d’une inégalité fondée non en
nature mais sur des actes d’appropriation (usurpation) des biens par certains individus. La
formation de l’État s’enracine dans cette inégalité ; l’État naît lorsque l’individu renonce à sa
liberté sans limites et ce afin que tous les autres en fassent de même. Les volontés
individuelles cèdent la place à la volonté générale.
4-LA SOCIETE DISPOSITION NATURELLE OU
CONTRAINTE
« L’homme veut la concorde, mais la nature sait mieux que lui ce
qui est bon pour son espèce : elle veut la discorde. Il veut vivre
commodément et à son aise ; mais la nature veut qu’il soit obligé de
sortir de son inertie et de sa satisfaction passive, de se jeter dans le
travail et dans la peine pour trouver en retour les moyens de s’en
libérer sagement. Les ressorts naturels qui l’y poussent, les sources de
l’insociabilité et de la résistance générale, d’où jaillissent tant de
maux, mais qui en revanche provoquent aussi une nouvelle tension des
forces, et par là un développement plus complet des dispositions
naturelles, décèlent bien l’ordonnance d’un sage créateur, et non pas
la main d’un génie malfaisant qui se serait mêlé de bâcler le
magnifique ouvrage di Créateur, ou l’aurait gâté par jalousie. » Kant,
Idée pour une histoire universelle au point de vue cosmopolitique.
Les deux parties précédentes dévoilent l’opposition entre la théorie
aristotélicienne de la société et la pensée de l’état de nature du contrat social. Pour Aristote, la
nature de l’homme ne pouvait être pensée en dehors de son inscription dans la cité, en dehors
de ses relations à autrui, au concitoyen. L’homme « solitaire » est un homme qui n’a pas
réalisé sa nature, un homme inachevé. Au contraire, la postulation d’un état de nature
implique que l’homme se définisse premièrement en tant qu’individu séparé de ses
semblables ; l’humanité de l’homme n’engage pas son association avec d’autres hommes en
ce que cette association est contractuelle et donc artificielle. L’homme à l’état de nature est un
être achevé. Au lieu de partir de la cité ou de la société pour comprendre l’individu et ses
actions comme le faisait Aristote, on part de l’individu pour comprendre ce qui le conduit à
créer la société. Ce n’est plus les conditions d’existence de l’homme qui définissent celui-ci ;
c’est au contraire la nature de l’homme qui est l’origine de ses conditions d’existence. Il
semble que l’on se trouve acculé à l’alternative suivante : ou bien la société est une
disposition fondamentale de l’homme et elle est naturelle, ou bien elle s’impose à lui, elle est
contrainte : il en est alors le créateur, mais c’est une création qui ne repose que sur le désir
d’éviter un plus grand mal.
De telles oppositions ne sont pas cependant irrémédiables. Citons l’exemple de
Spinoza qui prend lui aussi pour point de départ l’homme à l’état de nature, dont le droit est
défini par la puissance, mais ce sans considérer pour autant que la société est un artifice.
Certes, l’homme recherche ce qui lui est utile en propre mais s’il parvient à se libérer des
passions qui le trompent sur ce qu’il lui est réellement utile, il ne pourra que reconnaître
qu’ « il n’y a dans la Nature aucune chose singulière qui soit plus utile à un homme qu’un
autre homme vivant conduit par la Raison ». Mais même les relations conflictuelles
témoignent du fait que l’homme est toujours lié aux autres hommes. L’homme n’est peut-être
pas naturellement sociable ; il n’en demeure pas moins qu’il est d’emblée socialisé. Kant
pour sa part offre la possibilité de dépasser l’opposition de la nature et de la contrainte. Il pose
l’insociable sociabilité de l’homme. Ce qui rend les hommes insupportables les uns aux yeux
des autres, ce qui les oppose (la vanité, l’envie, etc.) est indissociablement ce qui suscite en
eux le désir de se dépasser eux-mêmes, de cultiver leurs facultés et par-là même rend possible
le progrès. L’homme aimerait se reposer dans la concorde, mais la nature lui prescrit la
discorde qui, en lui interdisant le repos et la passivité, lui permet de poursuivre le
développement de ses dispositions naturelles. C’est par le détour du mal que la société
progresse.
5-SOCIETE ET ECHANGE
« Mais l’homme a presque continuellement besoin du secours de
ses semblables, et c’est en vain qu’il l’attendrait de leur seule
bienveillance (…) Il sera bien plus sûr de réussir, s’il s’adresse à leur
intérêt personnel et s’il leur persuade que leur propre avantage leur
commande de faire ce qu’il souhaite d’eux. (…) Ce n’est pas de la
bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que
nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs
intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur
égoïsme ; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons,
c’est toujours de leur avantage. » Smith, Enquête sur la nature et les
cause de la richesse des nations.
La société peut également être définie non plus d’un point de vue exclusivement
politique mais économique, depuis l’axe des échanges. L’objet n’est plus alors l’État mais la
société civile. Certes, pour Aristote, le domaine de l’économie ne pouvait en aucun cas
prétendre à former un corps social. On sait que le mot « économie » vient du grec « oikos »
qui signifie famille ou foyer. Cette communauté domestique relève de ce qu’on appellerait
aujourd’hui la sphère du privé. Il en va tout autrement depuis quelques siècles ; l’économie a
une fonction politique éminente et l’expression d’économie politique en est un indice.
Pour Smith, ce qui est le propre d’une société humaine, c’est l’échange des biens
tandis que l’animal ne connaît que la force et la plainte. L’homme ne peut que produire et
échanger des biens dans la mesure où, à la différence de l’animal, il ne saurait assurer seul la
conservation de sa vie. Mais dans une telle société des échanges, chacun ne vise que son
utilité propre, son intérêt égoïste ; il ne recherche qu’un profit dont il pourra jouir seul. Tous
les sentiments altruistes sont bannis ou plutôt ils sont inutiles, ils ne définissent en rien le
mode de fonctionnement de cette société. Mais comment alors peut-on continuer à parler de
« société » ? Pourquoi ne s’effondre-t-elle pas étant donné qu’elle est fondée sur des actes
égoïstes ? La réponse de Smith est décisive : la société des échanges assure mieux l’intérêt
collectif qu’une société fondée sur l’altruisme. Elle fait donc beaucoup plus que présenter les
réquisits minimaux d’une société ; elle en est la forme optimale. C’est ici qu’intervient la
main invisible qui fait que la somme des intérêts particuliers se transforme en intérêt général.
La concurrence assure l’association.
Cette conception libérale, Marx entreprend d’en saper les fondements. Il est illusoire
de penser que la société forme un tout indifférencié. Au contraire, elle est divisée en classes
sociales dont les intérêts sont opposés. La société est conflictuelle (cela est manifeste dans la
société capitaliste dans laquelle s’opposent les propriétaires des moyens de production et les
travailleurs). C’est ce que Hegel disait déjà de la « société civile » : la somme des égoïsmes ne
peut donner lieu à l’unité (il voyait alors dans l’État une unité supérieure dépassant les
confrontations individuelles). Terminons ici en soulignant que Marx n’a cessé d’affirmer la
nature sociale de l’homme. Celui-ci ne peut être défini en dehors de son rapport aux autres, de
son travail, etc. « l’essence humaine n’est pas une abstraction inhérente à l’individu singulier.
Dans sa réalité effective, elle est l’ensemble des rapports sociaux. »
6-SOCIETE ET COMMUNAUTE
« La décomposition de l’humanité en individus proprement dits
ne constitue qu’une analyse anarchique, autant irrationnelle
qu’immorale, qui tend à dissoudre l’existence sociale au lieu de
l’expliquer, puisqu’elle ne devient applicable que quand l’association
cesse. Elle est aussi vicieuse en sociologie que le serait, en biologie, la
décomposition chimique de l’individu lui-même en molécules
irréductibles, dont la séparation n’a jamais lieu pendant la vie. (…)
Suivant un principe philosophique posé, depuis longtemps, par mon
ouvrage fondamental, un système quelconque ne peut être formé que
d’éléments semblables à lui et seulement moindres. Une société n’est
donc pas plus décomposables en individus qu’une surface
géométrique ne l’est en lignes ou une lignes en points. » Comte,
Système de politique positive.
Comte, que l’on peut considérer comme le fondateur de la sociologie, pense que
la société forme une totalité organique dont on ne saurait rendre compte à partir de ces
éléments, les individus. Plus encore, l’individu est inséparable de cette totalité qui le précède,
le dépasse, lui fournit ses conditions d’existence, de telle manière qu’en dehors d’elle il n’est
qu’une abstraction. Le fait social est irréductible ; la sociologie devra être une discipline qui
classe et explique le fonctionnement des différents types de société.
Il est impossible ici de donner un aperçu adéquat sur la pensée sociologique.
Contentons-nous de relever une distinction qui a joué un rôle important dans le
développement des sciences sociales. Pour Tönnies, les groupes sociaux se différencient
selon la volonté qui ordonnent les rapports entre leurs membres. Lorsque la volonté naturelle
est première, lorsque prédominent les liens familiaux, amicaux, ou de voisinage, on est alors
présence de la Gemeinschaft, de la communauté. Lorsqu’au contraire c’est la volonté
rationnelle qui est première, lorsque le lien social repose sur le calcul permettant d’adapter
des moyens à des fins, on est en présence de la Gesellschaft, de la société (de marché).
Tönnies fournit ainsi une forme scientifique à des idées ou intuitions qui parcouraient la
pensée allemande depuis le romantisme qui opposait aux intérêts individuels régissant la
société, l’unité sociale de la communauté. La société est un groupe d’individus qui ne
partagent pas d’objectifs communs mais trouvent dans leur association les moyens de
poursuivre des objectifs individuels tandis que la communauté unifie le rapport au monde
qu’entretiennent ses membres, leur confère une vision commune.
Durkheim fonde une typologie des sociétés qui sans recouper celle de Tönnies
ne lui est néanmoins pas tout à fait étrangère. Il s’agit pour lui de relever les différents types
de solidarité qui gouvernent les sociétés. Il faut opposer dit-il la solidarité mécanique à la
solidarité organique. La solidarité mécanique est à l’œuvre lorsque les règles, les valeurs et
les activités sont les mêmes pour tous les individus, à quelques exceptions près. Le lien social
y est alors très fort et la considération de l’individu quasi inexistante. La solidarité organique
est à l’œuvre dans les sociétés qui connaissent une forte division du travail, sociétés dans
lesquelles les activités des individus sont diverses et complémentaires. Le lien social réside
alors dans cette nécessité qu’a chacun du travail de l’autre pour exécuter le sien propre. Pour
Durkheim, l’évolution des sociétés consiste dans un passage progressif de la solidarité
mécanique à la solidarité organique.
-
Communauté et société : la montée de l’individualisme sociologique
C’est le sociologue allemand Ferdinand Tönnies qui, le premier sans doute, a proposé une
conceptualisation de cette évolution historique. Il propose de distinguer « communauté » et
« société ». La communauté correspond à ce que nous nommons parfois les « sociétés
traditionnelles » (on parlait jadis de « sociétés primitives » mais le terme a été abandonné)
aussi bien qu’aux sociétés pré-modernes en Occident. Il s’agit de groupes humains dans
lesquels l’idée d’individu autonome n’existe pas. Les contraintes collectives sont très fortes,
la place de chacun en fonction de son âge, de son sexe, de son statut est strictement
déterminée (on peut penser au système des castes en Inde par exemple). Les relations au sein
des communautés sont contraignantes, mais elles correspondent aussi à des liens sociaux
intenses, à des formes diverses de solidarité. Les logiques collectives l’emportent qu’il
s’agisse de la répartition des biens, des mariages, de l’éducation des enfants etc. Ce qui
prévaut, selon Tönnies, c’est la « volonté organique » : les comportements sociaux sont liés
d’abord à la nécessité d’assurer la survie du groupe, les exigences du clan, de la lignée sont
premières, de même que la fidélité à la corporation ou à l’Eglise. Pour parler des
communautés, Tönnies utilise l’image de la chaleur du foyer, l’idée d’affectivité. Au
contraire, l’idée de « société » correspond à la période moderne. Les sociétés sont des groupes
humains fondés sur le primat de l’individu et les rapports entre ces individus reposent sur des
compromis entre leurs intérêts. Ces relations sont impersonnelles et elles reposent sur une
« volonté réfléchie ». On ne peut donc en toute rigueur parler de société que pour une période
déterminée de l’histoire et, au sein de cette période, la situation évolue : la place des
contraintes et l’autonomie individuelle ne sont pas les mêmes au XVIIIe siècle et dans la
deuxième moitié du XXe siècle par exemple. C’est pour éviter cette coupure tranchée entre
l’état de communauté et l’état de société que Max Weber a introduit les concepts de
« communalisation » et de « sociation ». Pour lui les relations sociales à un moment donné
sont plus ou moins marquées par une dimension communautaire ou par une dimension
sociétaire. Mais Max Weber est lui aussi un penseur de la modernité. Il souligne l’importance
du processus de rationalisation des activités sociales, la dissolution progressive de la tradition,
le « désenchantement du monde ». En fait tous les sociologues classiques ont apporté leur
contribution à l’interprétation de ce mouvement historique par lequel le passage de la
« communauté » à la « société » correspond en même temps à l’émergence de l’individu. La
relation est, au demeurant, dialectique : l’individualisation est un facteur de passage de la
communauté à la société et les transformations sociales globales produisent la naissance et le
développement de l’individu. Alexis de Tocqueville, l’un des premiers, attire l’attention sur la
montée de l’individualisme qu’il met en relation avec la démocratie et le mouvement
historique d’extension de la liberté. Marx, même si sa philosophie de l’histoire le pousse à
souligner le caractère progressiste du développement du capitalisme, déplore que cela
conduise à plonger l’individu dans les « eaux glacées du calcul égoïste ». Il exprime parfois
une nostalgie pour l’ordre des sociétés pré-capitalistes où régnait la solidarité corporative, la
loyauté par rapport au suzerain, la fidélité aux croyances etc. Durkheim, quant à lui, cherche à
rendre compte de cette évolution historique à travers sa théorie de la division sociale du
travail. Le passage de la « solidarité mécanique » à la « solidarité organique » correspond bien
à un processus d’individualisation où les choix collectifs des individus, l’organisation
consciente de la société, l’emportent progressivement sur les formes contraignantes et
traditionnelles de la coopération.
Cette réflexion convergente des fondateurs de la sociologie est symptomatique. Le XIXe
siècle, avec la Révolution industrielle et le renforcement des formes démocratiques
d’organisation politique, marque l’achèvement d’une longue transformation qui a conduit, à
partir de la Renaissance, à mettre l’accent sur la Raison, sur la liberté de conscience, sur
l’affranchissement par rapport aux traditions. Qu’il s’agisse de l’importance du doute chez
Descartes, de l’accent mis sur la pluralité des formes d’organisation sociale chez
Montesquieu, de la remise en cause des conceptions du monde par Copernic, Galilée ou
Giordano Bruno, l’individu affirme son droit au libre examen, à la réflexivité, à la remise en
cause des idées admises et des arguments d’autorité.
Comme l’ont souligné de nombreux sociologues (et pas seulement Max Weber) la Réforme
protestante a joué un rôle important dans ce processus de modernisation. Luther en effet
oppose la foi individuelle à l’autorité du magistère romain. Plus généralement, le
protestantisme relativise le rôle des clercs et insiste sur la relation personnelle de chaque
individu avec Dieu. Certes, le protestantisme prend parfois à l’origine des formes
communautaires très contraignantes (dans certaines sectes puritaines notamment), mais
l’importance qu’il accorde au libre arbitre, à la lecture personnelle de la Bible (et donc à
l’alphabétisation), la relativisation du rite et de l’émotion au profit d’une approche plus
rationnelle du religieux, contribuent indiscutablement à la montée de l’individualisme. Enfin,
le siècle des Lumières, à partir notamment d’une réflexion sur la tolérance (chez Locke par
exemple), à partir de l’accent mis sur le lien politique, à partir de la diffusion du savoir (avec
les encyclopédistes) etc., contribue à affirmer les droits de l’individu contre la contrainte
étatique. Progressivement, l’idée que l’ordre social doit reposer sur le consentement des
individus et non sur la contrainte va s’imposer. La « Glorieuse révolution » anglaise (1688)
débouche sur une « déclaration des droits » qui renforce les droits civils des individus, mais
qui institue aussi une monarchie parlementaire où les droits du Parlement sont garantis. La
Révolution américaine, outre qu’elle remet en cause le rapport colonial avec l’Angleterre,
affirme le « droit au bonheur ». La Révolution française enfin proclame les droits de
l’Homme et du Citoyen. La Révolution industrielle est donc une troisième étape de
transformations qui ont d’abord été culturelles (scientifiques, philosophiques, religieuses),
puis politiques et qui prennent une dimension économique et sociale. Le capitalisme industriel
remet en cause l’organisation de l’espace (exode agricole puis rural, urbanisation) et la
structure sociale (l’aristocratie décline au profit de la bourgeoisie, le prolétariat industriel se
constitue). L’organisation du travail se transforme, les échanges se développent et ces
bouleversements sont pensés bien souvent à travers le libéralisme économique qui, à la suite
des physiocrates et d’Adam Smith, théorise l’idée que la poursuite par l’individu de ses fins
privées coïncide avec l’intérêt général. Il n’y a donc plus de contradiction entre individu et
société puisque la démocratie d’une part, l’économie de marché d’autre part, assurent la
cohérence entre choix individuels et nécessité de l’organisation collective. Et, loin de penser
« société » et individu » en opposition, on doit comprendre que c’est la naissance et le
développement de la société (contre l’ordre traditionnel fondé sur une justification
surnaturelle) qui émancipe l’individu, en même temps que les aspirations individuelles
développent et institutionnalisent l’organisation sociétaire de la vie collective.
7-SOCIETE OUVERTE SOCIETE CLOSE
La distinction entre société close et société ouverte fut d’une certaine manière un
« lieu commun » de la pensée du 20ème siècle. Plutôt que de tenter d’exposer le noyau
commun aux différentes formulations de cette distinction, il sera plus utile de présenter la
pensée de deux philosophes, Bergson et Popper. Pour Bergson, la société close est la société
qui développe les dispositions naturelles de l’homme ; les individus y participent comme les
cellules participent à un organisme. Une telle société a des règles intangibles, des traditions
inaliénables qui interdisent toute nouveauté. Son principe d’organisation est hiérarchique, il
repose sur des rapports de commandement et d’obéissance. La société close vise avant tout à
sa propre conservation et celle-ci suppose la défense à l’égard de l’extérieur, la guerre contre
les voisins, etc. Le tableau dressé par Bergson est « pessimiste » et il l’est d’autant plus que la
société close est naturelle et qu’on voit mal comment pourrait s’y substituer un autre type de
société. Cependant, Bergson constate qu’il existe des sociétés qui peu à peu substituent à la
clôture l’ouverture, au caractère statique un caractère dynamique. Un tel mouvement est selon
lui initié par l’action de grands hommes qui arrachent leur congénère à leur immobilisme.
L’action est bien le moteur de la société ouverte dans la mesure où elle est refus du pur calcul
visant la conservation (une répétition du même) et création d’une situation nouvelle. Elle
ouvre la possibilité d’une morale ouverte qui exige un effort, une mobilité pour résister aux
instincts qui ne peuvent cesser de tendre à un retour à la société close.
Popper va lui aussi se livrer à une défense de la société ouverte. Il s’appuie pour
cela sur son travail épistémologique et notamment sur la thèse selon laquelle une théorie
scientifique est une théorie qui accepte de se soumettre à des tests de falsification ou
réfutation par l’expérience (à la différence du marxisme et de la psychanalyse qui se refusent
à tout contrôle par l’expérience). La connaissance scientifique est ainsi un symbole de la
société ouverte et de ses valeurs en ce sens qu’elle est « ouverte » au débat et à la discussion
et ne craint pas d’être modifié, amélioré, etc. Défendant une position libérale, Popper
s’oppose au marxisme, dans la mesure où celui-ci, affirmant l’unicité et l’absoluité d’un
certain savoir, ne peut que favoriser une société close, et même totalitaire. D’une manière
similaire, le philosophe-roi de la République de Platon, homme possédant l’unique savoir
véritable (et immuable) et gouvernant en ne suivant que celui-ci, interdit irrémédiablement le
jeu (discussion, débat, etc.) nécessaire à toute société ouverte.
8-cE Qu’IL FauT RETENIR
-
L’homme, animal politique : Pour Aristote, l’homme est un
animal politique. Autrement dit, la société ou cité n’est que le
développement des dispositions naturelles de l’homme. La
famille et le village subviennent à certains besoins de l’homme,
mais il n’y a que dans la cité que l’autarcie est atteinte.
L’homme, à l’état isolé ne serait qu’un être inachevé, n’ayant
pas réalisé ses possibilités.
-
État de nature et contrat social : Le point de départ de Hobbes,
pour penser la société et l’État, est l’individu à l’état de nature.
Cet individu est isolé et en perpétuel conflit avec les autres ;
leurs rapports ne sont que des rapports de puissance ; leur égalité
est une égalité dans la capacité à se nuire. La formation de la
société repose sur un calcul (égoïste) de la raison qui pousse les
individus à reconnaître que la soumission à une autorité
commune serait un moindre mal.
-
La société : nature ou contrainte : On voit bien ce qui distingue
les deux modèles présentés ci-dessus. Dans le premier, la cité
accomplit la nature de l’homme si bien que celui-ci ne saurait se
définir en dehors de ses conditions d’existence dans la société.
Dans le second, le choix du contrat social est le choix que fait un
individu, déjà achevé à l’état de nature, de ses propres conditions
d’existence. La société est alors une contrainte (puisqu’elle est
soumission à un souverain) mais elle libère de la crainte de la
mort. La pensée de Kant est une tentative pour dépasser
l’opposition de la nature et de la contrainte. L’homme se
caractérise par son insociable sociabilité. Certes les hommes
s’opposent et se nuisent, mais cette discorde est ce qui, par un
détour, oblige à l’homme à refuser la passivité et à développer
ses facultés naturelles. Le progrès suppose le conflit.
-
Sociétés et échanges : Smith pense que ce qui différencie la
société humaine des sociétés animales, c’est qu’elle est
organisée autour de l’échange des biens. Dans une telle société,
chaque acteur ne fait que poursuivre son intérêt propre. Smith
affirme que l’égoïsme est plus à même d’assurer l’intérêt
commun que les sentiments altruistes. En effet, il existe une
main invisible par laquelle la somme des intérêts particuliers
devient intérêt général. Marx fustige la conception libérale en ce
qu’elle pose l’unité de la société et méconnaît les rapports de
force qui s’exercent entre les classes sociales. Ajoutons que pour
Marx la nature de l’homme est sociale.
-
Société et communauté : Tönnies distingue la communauté de la
société. Dans la communauté prédominent les liens familiaux,
amicaux, de voisinage, etc. La communauté est traversée par des
intérêts et des valeurs communes. Dans la société, le lien social
repose sur le calcul rationnel permettant l’adaptation des moyens
aux fins ; les objectifs individuels occupent le devant de la
scène.
-
Société close et société ouverte : Pour Bergson, la société close
est la société naturelle de l’homme. Y règnent des règles
intangibles qui visent avant tout à la conservation (et donc à la
répétition) et à la protection à l’égard de l’extérieur. Toute
nouveauté est interdite. Une société ouverte est néanmoins rendu
possible par l’action des grands hommes, action qui est création
de situations nouvelles. Pour Popper, la société ouverte est celle
qui laisse une place à la discussion, au débat, à la réfutation des
idées, celle dans laquelle aucun savoir ou opinion ne peut
prétendre à l’exclusivité et à l’ « intouchabilité ».
.
III-
Individu et société
L’idée même d’individu est liée à la modernité et elle est le produit d’une longue
histoire qui commence avec la Renaissance, passe par la Réforme et le Siècle des
Lumières. Cette histoire est très largement une histoire occidentale, même si les valeurs
individualistes sont universalistes et marquent progressivement l’histoire de l’ensemble
de l’espèce humaine. La sociologie est née, dans une grande mesure, pour rendre compte
de ce processus d’individualisation et pour en apprécier les conséquences.
1-la modernité en péril ?
individualisme et crise du lien
social
Si l’idée d’un individu comme produit de la société est largement admise, de nombreuses
controverses se sont déroulées quant au jugement que l’on pouvait porter sur cette
transformation sociale et sur le devenir de cette dynamique. Il y eu d’abord les penseurs
conservateurs critiquant la Révolution Française, l’Eglise catholique condamnant le
« modernisme » et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. En pleine Affaire Dreyfus, alors que
certains attribuent à la montée de l’individualisme la responsabilité d’une affaire dans laquelle
ils voient d’abord la remise en cause de l’autorité de l’Etat, Durkheim répond à ces critiques
en montrant qu’il y a deux individualismes : un individualisme égoïste et utilitariste qui risque
certes de saper les fondements du lien social, mais aussi un individualisme reposant sur la
solidarité et la coopération qui est, pour Durkheim, le seul fondement possible de la cohésion
sociale dans les sociétés modernes. A l’inverse, certains sociologues ont vu dans le déclin de
la tradition et des communautés la cause de l’émergence d’un individu désocialisé, victime
potentielle de toutes les manipulations. A la suite de Gustave Le Bon, les théoriciens des
foules ou des phénomènes de masse, considèrent que la modernité, au lieu d’accoucher d’une
société d’individus libres et autonomes, de citoyens délibérant des affaires publiques et
cherchant le bien commun a, au contraire, débouché sur l’emportement des foules, le
totalitarisme, la « loi d’airain de l’oligarchie », le pouvoir plus ou mains camouflé des élites
etc. Si le XXe siècle est indiscutablement celui des totalitarismes, on a aussi assisté à la
victoire des démocraties, au renforcement de l’Etat-providence, à la diffusion des savoirs, a
une plus grande informalité de la vie sociale, au respect croissant du pluralisme des valeurs, à
la reconnaissance de droits nouveaux (droits des femmes, des homosexuels etc.). Les régimes
totalitaires de l’Europe de l’Est se sont effondrés, l’apartheid a disparu en Afrique du sud etc.
Une autre critique de l’individualisme inspirée, à la fois de Marx et de Weber et représentée
par l’Ecole de Francfort, met l’accent sur le fait que cette montée des droits et des libertés
individuelles est dans une large mesure une illusion puisque l’emprise de la société sur
l’individu ne cesse de se renforcer à travers la rationalité instrumentale qui s’exprime aussi
bien par les logiques marchandes et capitalistes que par les logiques étatiques et
bureaucratiques. Dans cette perspective, la Raison aurait servi à justifier les pires dictatures et
le développement scientifique produirait des effets pervers tant sur la nature que sur le
fonctionnement de la société (développement d’une technocratie qui monopolise le pouvoir).
Le projet émancipateur de la modernité serait épuisé, l’idée d’une harmonie possible entre
individus libres et coopération sociale aurait fait long feu dans sa version libérale comme dans
sa version socialiste. Cette perspective pessimiste, dont s’est éloigné un auteur comme Jurgen
Habermas, n’est guère corroborée par les travaux sociologiques. On constate en effet que la
démocratie n’a pas épuisé ses vertus subversives et que les mouvements sociaux en
revendiquent l’approfondissement à travers le concept de démocratie participative ou
délibérative. Les enquêtes (celle de Anne Muxel en France par exemple) montrent qu’il n’y a
pas un refus de la politique et de l’engagement, mais la recherche d’un autre rapport au
politique. De même, la sociologie des religions montre que l’on assiste à une individualisation
ou à une « privatisation du religieux » : on parle de « religion à la carte » ou de « bricolage
religieux ». La plupart des travaux sociologiques infirment aussi l’idée d’une crise de la
famille ou d’une anomie familiale. Certes, là encore, l’individu (enfant, conjoint etc.) voit ses
droits et ses libertés se renforcer et, dans une certaine mesure on assiste à un phénomène de
désinstitutionalisation de la famille. Mais d’un autre côté, l’importance sociale des relations
de parenté reste grande, les solidarités familiales se renforcent et on assiste à des formes de réinstitutionnalisation de la famille (création du PACS en France, reconnaissance des droits des
enfants naturels et adultérins etc.). On ne peut pas non plus conclure à un déclin de l’action
collective, comme le montre la persistance des mouvements sociaux, ni à une massification
culturelle (mais au contraire à une diversification des pratiques culturelles et à des formes
diverses d’appropriation individuelle de la culture de masse). Loin de voir le projet de la
modernité remis en cause, nous sommes plutôt entrés (selon Anthony Giddens) dans une
seconde modernité ou une « modernité réflexive ». S’il est vrai que l’individualisation fait
surgir un certain nombre de problèmes (par exemple en matière de rapport à l’autorité), il
s’agit moins de renoncer au projet de la modernité que de l’approfondir. Certains spécialistes
(comme Olivier Roy par exemple) font observer que les fondamentalistes religieux, bien
qu’ils se réclament de la tradition, jouent en fait un rôle modernisateur puisqu’ils mettent en
avant leurs choix individuels pour le radicalisme religieux contre les autorités constituées des
diverses religions. Nous sommes indiscutablement entrés, selon la formule de Norbert Elias
dans « la société des individus ». Assistons-nous pour autant, comme le soutiennent François
Dubet et Danilo Martuccelli, au « déclin de l’idée de société ». Pour ces auteurs, l’idée de
société est au cœur de la sociologie classique. Dans cette perspective l’idée de société a quatre
dimensions principales : la société est moderne (c'est-à-dire qu’elle est liée à un récit de la
modernité), la société est un système (c’est-à-dire une totalité organisée qui ne repose pas sur
un fondement méta-social), la société est travail (c’est-à-dire que l’idée de société est
fortement liée à l’industrialisation et à la place du travail dans l’intégration sociale), la société
est l’Etat-nation (c’est-à-dire que ce dernier est le lieu où s’organise la vie collective). Pour la
sociologie classique, les individus sont donc intégrés par les normes et les valeurs, par les
contraintes sociales, par les institutions. Or, pour Dubet et Martuccelli on assiste à
l’épuisement des récits de la modernité, à une remise en cause de l’idée de système (avec la
montée en puissance de l’individualisme méthodologique), à l’entrée dans une société post-
industrielle où la place du travail est relativisée, à une mutation de l’Etat-nation pris en
tenaille entre décentralisation et particularismes locaux d’une part, et mondialisation d’autre
part. S’ils remettent en cause l’idée de société au sens de la sociologie classique, les auteurs
cités ne renoncent pas pour autant à toute idée de société, ils proposent de conserver cette idée
de totalité sociale tout en mettant d’avantage l’accent sur les théories de l’action sociale, sur
l’expérience des acteurs sociaux (plutôt que sur les rôles sociaux sur lesquels insistaient les
sociologies fonctionnalistes et culturalistes).
Ainsi, quelle que soit la perspective retenue, la sociologie contemporaine place au coeur de sa
réflexion le processus d’individualisation et les rapports entre individu et société, au prix,
éventuellement, d’évolution conceptuelle dans la définition de ces deux termes. La
convergence des analyses sociologique quant à la place croissante de l’individu dans la vie
sociale pose inévitablement la question de la connaissance sociologique et des méthodes
mises en œuvre pour construire cette connaissance.
2-L’INDIvIDuaLISME
Selon qu’elles accordent la priorité à la société ou à l’individu, deux tendances distinctes
se développèrent dans les domaines de la philosophie et de la politique : d’un côté surgit
une tentative de maîtrise de la société, de l’État et du pouvoir, représentée par le
communisme, de Platon à Marx, ainsi que par le socialisme, le républicanisme, le
personnalisme communautaire d’Emmanuel Mounier et l’étatisme de Hobbes ; de l’autre
apparut une critique de l’État et de l’influence trop forte de la société, et non seulement
de la société totalitaire ; critique qui déboucha sur l’individualisme.
L’individualisme revêtit trois formes radicalement différentes les unes des autres, leur
point commun étant la mise en avant de l’individu contre le groupe. L’anarchisme
représente la forme politique de l’individualisme : l’individu, comme le proclamaient
Mikhaïl Bakounine et Max Stirner, doit être totalement indépendant à l’égard de toute
autorité, en particulier de l’État et de l’autorité religieuse ; l’une de ses devises célèbres,
formulée par l’anarchiste Jean Grave (1854-1939), est « Ni Dieu, ni maître, chacun
n’obéit qu’à sa propre volonté ».
Le libéralisme est la forme essentiellement économique de l’individualisme : il cherche à
réduire au maximum toute intervention de l’État dans le domaine économique et même
politique, privilégiant à l’instar de Joseph Schumpeter et de Friedrich von Hayek, la libre
entreprise et le libre-échange, ainsi que la dérégulation au niveau mondial, qui doit
remplacer les lois faites par les hommes pour tempérer la loi du marché.
La troisième forme de l’individualisme, qui se distingue par son caractère amoral, est
l’égoïsme : l’individu qui s’en inspire se considère lui-même comme la valeur suprême en
se montrant indifférent à l’égard de tous ceux qui n’ont pas d’intérêt pour lui (Gilles
Lipovetsky, Essais sur l’individualime contemporain, 1983).
Les sciences humaines, en particulier la théorie de la connaissance, l’éthique et la pensée
politique, en cherchant à cerner l’existence unique de chaque homme, contribuent à
établir l’harmonie entre l’individu et la société.
3-paRTIR DE L’INDIvIdu ou de la
société
*
Holisme et individualisme méthodologiques : un débat fondateur en
sociologie
Emile Durkheim, nous l’avons vu, est un penseur de l’individualisme. Sa réflexion porte pour
l’essentiel sur les moyens permettant d’assurer l’intégration et la cohésion sociale dans une
société qui devient de plus en plus individualiste. Pourtant, mais le paradoxe n’est
qu’apparent, Durkheim est aussi l’un des théoriciens du holisme méthodologique. Pour lui, la
sociologie ne peut exister comme discipline spécifique que si elle étudie un objet qui lui est
propre. Cet objet ne peut pas être l’individu, dont les comportements sont déjà étudiés par la
psychologie. La sociologie doit donc étudier les faits sociaux, c’est à dire les contraintes
sociales qui déterminent les comportements individuels. Dans les « Règles de la méthode
sociologique », Durkheim insiste sur le fait que les individus qui naissent dans une société se
voient imposer un langage, l’usage d’une monnaie, des croyances et des pratiques religieuses
etc. Lorsqu’un individu exerce tel ou tel rôle social (ouvrier, père de famille, électeur etc.) il
met en œuvre des comportements, se conforme à des normes, qui lui sont imposées de
l’extérieur. Les pratiques alimentaires ou vestimentaires, les comportements démographiques,
les activités de loisir etc. seront progressivement étudiés par la sociologie dans cette
perspective visant à établir des relations causales pour « expliquer le social par le social ». Il
faut insister tout d’abord sur le fait que cette posture durkheimienne se heurte à de vives
résistances (dont témoignent les préfaces de Durkheim aux éditions successives des
« Règles »). Dans les milieux universitaires conservateurs, chez les philosophes spiritualistes,
on s’oppose à cette approche qui met l’accent sur le déterminisme social et on en appelle à la
liberté humaine. Durkheim ne cessera d’expliquer, et à sa suite de nombreux sociologues
comme Pierre Bourdieu par exemple, que la connaissance des déterminismes sociaux est la
condition d’une liberté authentique. La connaissance du social et la diffusion de cette
connaissance ont donc un effet libérateur. En ce sens, l’investigation sociologique est une
composante de la modernité et du processus d’individualisation puisqu’elle conduit à ne plus
considérer les structures sociales, les normes, les valeurs comme naturelles, mais au contraire
comme historiques et relatives. Il faut aussi insister sur le fait que cette posture durkheimienne
a eu une indiscutable portée heuristique. Durkheim lui-même, dans son étude sur le suicide,
met en évidence la pertinence de l’approche en terme de variations concomitantes. Le suicide
est certes un acte individuel (et comme tel il relève de la psychologie ou de la médecine),
mais c’est aussi un fait social construit comme objet d’étude par le sociologue. On ne pourrait
pas, sur une base individuelle, comprendre pourquoi le taux de suicide varie en relation avec
d’autres variables sociologiques : variables géographiques (à l’époque de Durkheim on se
suicide davantage à la ville qu’à la campagne), variables religieuses (les protestants se
suicident davantage que les catholiques), variables familiales (les hommes mariés se suicident
moins que les veufs et les célibataires) etc. Si des critiques et des enrichissements ont pu être
apportés à l’approche de Durkheim, de nombreux travaux (notamment ceux de Ch. Baudelot
et R. Establet) témoignent du fait que les analyses de Durkheim rendent compte de façon
satisfaisante des statistiques de suicide. L’approche prônée par Durkheim a aussi permis des
travaux particulièrement riches dans le domaine de l’étude de la délinquance et de la
criminalité. Contre les auteurs de son temps qui mettaient en avant les « criminels-nés », qui
recherchaient l’explication des comportements déviants dans des traits physiques ou
« raciaux », Durkheim va montrer que les comportements déviants relèvent eux aussi du
déterminisme social. De nombreuses études conduites jusqu’à nos jours confirment les liens
que l’on peut établir (en moyenne) entre les propriétés sociales des individus (origine sociale
et familiale, parcours scolaire, lieux de résidence etc.) et leurs comportements déviants. Au
passage, Durkheim souligne la nécessité d’une étude positive des phénomènes sociaux : la
déviance est un fait qu’il faut définir, mesurer, expliquer. Lorsqu’il affirme que « le crime est
un fait social normal », cela ne signifie pas, précise-t-il, qu’il approuve le crime, mais qu’il
constate que dans toute société on trouve des comportements qui sont désignés comme
déviants. Cette approche holiste a été aussi illustrée par l’étude des comportements
matrimoniaux : alors que le choix du conjoint est de plus en plus libre (les mariages arrangés
et à plus forte raison forcés disparaissent dans les sociétés modernes où le « mariage
d’amour » devient une norme), on constate la persistance d’une forte endogamie sociale.
Cupidon, a-t-on dit, ne frappe pas au hasard. La sociologie de l’éducation, elle aussi, a tiré un
grand profit de la recherche de corrélations et d’explications causales. Le lien très fort entre
origine sociale et réussite scolaire a été à maintes reprises corroboré. Il faut se garder
cependant de tout « sociologisme » ou de tout « fatalisme sociologique » : le fait que les
enfants d’ouvriers réussissent moins bien à l’école (en moyenne) que les enfants de cadres, ne
signifie pas que tel enfant d’ouvrier en particulier est condamné à l’échec scolaire. La
sociologie, précisément parce qu’elle a pour objet les faits sociaux et non les individus, ne
peut prétendre expliquer les comportements singuliers de chaque individu. Elle n’a recours
qu’à une causalité probabiliste : un enfant d’ouvrier a en moyenne moins de chance de réussir
le bac qu’un enfant de cadre.
En dépit de la portée heuristique que nous venons de souligner, l’approche holiste a fait
l’objet de nombreuses critiques. La première concerne le « réalisme totalitaire » (Jean
Piaget) : les entités collectives ne sont le plus souvent que des constructions du sociologue et
non des acteurs (sauf s’il s’agit d’une entité collective dotée d’une structure de direction
comme une entreprise par exemple). La « bourgeoisie » ou « les enfants d’ouvriers » ne sont
que des groupes d’individus constitués par le sociologue. Mais pour comprendre les
comportements sociaux, il faut se situer au niveau des acteurs, de ceux qui font des choix.
Comme l’indique Raymond Boudon : « l’acteur individuel est l’atome logique de l’analyse
sociologique ». Le primat des structures et du système est donc remis en cause au profit de
l’individu. Une seconde critique porte sur le caractère hypersocialisé de l’individu dans
l’approche holiste. L’accent mis par cette approche (notamment dans ses versions culturaliste
et fonctionnaliste) sur l’intériorisation des contraintes sociales, sur les rôles qui contraignent
les individus, sur le contrôle social conduit à penser l’individu comme un « homosociologicus
éponge » (J.-G. Padioleau), comme un simple « support de structures ». Cette vision très
déterministe conduirait donc à passer à côté de phénomènes essentiels. Par exemple, Michel
Crozier montre que l’on ne peut pas rendre compte du fonctionnement des organisations
(même les plus bureaucratisées) en partant uniquement des normes, des règles, des
contraintes. Il est au contraire indispensable de faire toute sa place aux comportements
stratégiques des acteurs qui jouent des marges que leur laisse l’organisation, qui construisent
des zones d’incertitudes au sein desquelles ils peuvent faire des choix et contourner ou
infléchir les règles formelles. Certaines études dans le domaine de la sociologie du travail
montrent même que le non respect par les acteurs de certains aspects de leur rôle ou de
certaines normes est une condition d’efficacité de l’activité de production. C’est si vrai que
l’application stricte des règles (« grève du zèle ») peut être a contrario un facteur de blocage.
Pour les tenants de l’individualisme méthodologique (que l’on retrouve par exemple au sein
du marxisme analytique ou de l’économie des conventions et pas seulement chez des auteurs
qualifiés de « libéraux »), il s’agit donc d’étudier les résultats collectifs des comportements
individuels dont on doit saisir le sens qu’ils ont pour les acteurs.
*
Penser la co-construction de l’individu et de la société
Le débat holisme méthodologique/individualisme méthodologique conduit à opposer individu
et société dans la construction du savoir sociologique. C’est pourquoi certains sociologues
rejettent avec force cette opposition (Pierre Bourdieu par exemple). Cependant, comme nous
l’avons vu, ce débat qui marque l’histoire de la pensée sociologique a eu une indiscutable
portée heuristique. L’approche holiste a eu le mérite au XIXe siècle de montrer que l’on
pouvait rendre compte de façon rigoureuse des faits sociaux comme de l’action sociale. La
volonté de mettre en cause les approches philosophiques qui faisaient de l’action humaine un
objet relevant de l’ineffable, à conduit les sociologues à multiplier les travaux statistiques et
les enquêtes de terrains pour montrer la fécondité de leur approche causaliste. Les critiques
des individualistes ont contraint les holistes à prendre en compte leurs objections et à affiner
leurs arguments. Les tenants de l’individualisme de leur côté ont produit des travaux visant à
montrer la fécondité de leur approche. C’est ainsi que Raymond Boudon, par exemple, s’est
intéressé à l’idéologie et aux valeurs pour montrer que, même dans ce domaine qui semblait
holiste par nature, la démarche individualiste était féconde.
Mais de nombreux sociologues aujourd’hui manifestent leur volonté de dépasser ce débat et
refusent donc d’opposer l’individu et la société, l’acteur et le système. A dire vrai cette
volonté n’est pas nouvelle, on la trouve déjà chez Norbert Elias à travers le concept de
« configuration ». La sociologie historique de Norbert Elias constitue une analyse percutante
de la montée de l’individualisme sociologique qu’il met en relation avec l’influence croissante
de l’Etat et avec la capacité d’autocontrôle des individus. Dans le cadre de ses analyses, Elias
est conduit, comme tous les penseurs de la modernité, à s’interroger sur la cohésion sociale, il
propose alors le concept de configuration pour désigner le fait que toute situation sociale
suppose l’existence de règles ou de contraintes qui encadrent le comportements des acteurs,
mais suppose aussi que les acteurs fassent des choix et développent des stratégies. Il propose,
pour illustrer ce concept, l’exemple d’une partie de carte : les joueurs forment un groupe
soumis à des règles (formelles et informelles) et, dans ce cadre, ils développent des stratégies
de telle façon que les mêmes acteurs jouant au même jeu à des moments différents ne vont pas
faire la même partie. Il y a donc bien contrainte sociale et, dans le même temps des acteurs
autonomes. Une approche très différente, celle de Erving Goffman, de Howard Becker et de
l’interactionnisme symbolique se situe dans la même optique du point de vue des rapports
entre individu et société. Certes, ces auteurs se situent clairement en rupture par rapport aux
approches illustrées par Talcott Parsons et le culturalisme. Ils insistent sur le fait que
l’investigation sociologique doit porter sur les interactions sociales elles-mêmes. S’inspirant
de l’Ecole de Chicago (et notamment du concept de « définition de la situation »), ils
montrent qu’il faut penser l’articulation réciproque de l’individu, de la culture et de
l’organisation sociale. Lorsque Goffman, par exemple, étudie les interactions au sein d’un
asile, ces dernières ne se déroulent pas dans un vide social : l’asile est une institution où
existent des règles, des normes et des rôles. Pour autant, les interactions qui s’y déroulent sont
décisives pour comprendre comment se construit la maladie mentale et comment l’asile
constitue une institution totale. De la même façon, l’étude de la déviance par Becker souligne
l’importance des interactions entre policiers, travailleurs sociaux, magistrats, avocats et
délinquants. Tel acte accompli par tel personne ne fera l’objet du même type de poursuite s’il
est commis par une autre personne. Les « entrepreneurs de morale » contribuent à ce que tel
ou tel type de comportement soit considéré comme déviant, alors que le même comportement
sera considéré comme licite à un autre moment ou dans un autre pays. Les contraintes sociales
ne sont donc pas données, la société n’est pas une réalité immuable qui s’impose aux
individus, tout au contraire la réalité sociale est construite dans l’interaction. Mais, pour
autant, la structure sociale existe, elle constitue une contrainte au sein de laquelle se déroulent
les interactions (par exemple les magistrats sont contraints par l’état du droit et de le
jurisprudence tout en disposant d’une capacité d’appréciation et d’interprétation quant aux
faits incriminés et à leur traitement juridique).
On peut inscrire aussi l’œuvre de Pierre Bourdieu dans cette volonté de dépassement de
l’opposition entre individu et société. Beaucoup de commentateurs reprochent à Bourdieu sa
vision déterministe. Il est vrai que dans ses travaux sur l’école (« Les héritiers » et « La
reproduction »), ce dernier met l’accent sur des processus sociaux (la contribution de l’école à
la reproduction et à la légitimation des inégalités) qui s’imposent aux individus. De même
dans « La distinction », il montre que de nombreuses pratiques (manières de table, activités
culturelles ou sportives) sont le produit de la position sociale des individus. Mais la réflexion
épistémologique de Bourdieu n’a pas cessé tout au long de son œuvre et, s’il est un héritier de
la sociologie classique, il s’est également efforcé d’innover en mettant de plus en plus
fortement l’accent sur le « relationnisme méthodologique » : l’objet du sociologue n’est pas
l’étude d’entités prises en elles-mêmes (« l’individu », « la société ») mais l’étude des
relations. C’est dans cette perspective que Boudieu a développé le concept de « champ » qui
désigne un ensemble de positions et de relations entre ces positions. Cela conduit à prendre en
compte les stratégies des agents qui occupent les diverses positions, mais ces positions ne
peuvent être pensées qu’au travers de l’étude des relations qui existent avec les autres
positions. Par exemple, les positions dominantes au sein d’un champ donné sont inséparables
de l’existence de positions dominées. Dans la même perspective, Bourdieu insiste sur le fait
que le concept d’habitus désigne d’abord l’habitus individuel qui résulte pour chaque agent
d’une multitude d’expériences sociales et d’influences qui constituent un ensemble toujours
singulier. Lorsque Bourdieu parle « d’habitus bourgeois » par exemple, il s’agit d’un type
idéal et non d’un modèle culturel unique qui serait incorporé par les individus. La dimension
individuelle du concept d’habitus permet de comprendre qu’il existe des bourgeois
progressistes et d’autres conservateurs, que certains sont fortement dotés en capital culturel et
d’autres pas etc. Les travaux menés par Bourdieu et son équipe dans « La misère du monde »
illustrent bien cette volonté de mieux prendre en compte l’expérience sociale des individus et
pas seulement les déterminismes sociaux.
Un certain nombre de jeunes sociologues français, tout en se réclamant de la tradition de
Bourdieu, se sont employés à pousser plus loin la prise en compte des singularités
individuelles. C’est le cas par exemple de Philippe Corcuff qui poursuit une réflexion sur la
« question individualiste » et qui affirme la nécessité de penser la co-construction de l’acteur
et du système, de l’individu et de la société. Il illustre cette démarche dans ses études des
mouvements sociaux en montrant l’importance de la subjectivité des acteurs ou dans l’étude
des relations sociales entre usagers et fonctionnaires aux guichets des administrations. Pour
Corcuff, il existe un vaste courant en sociologie que l’on peut qualifier de « constructiviste »
et qui vise précisément à dépasser l’opposition entre individu et société en mettant l’accent
sur la construction sociale de la réalité par les acteurs qui interagissent au sein de contraintes
sociales. Bernard Lahire a illustré un type de démarche voisin dans ses divers travaux. Par
exemple, pour comprendre le rapport à l’école et à la réussite ou à l’échec scolaire des enfants
des milieux populaires, il a conduit des études qualitatives auprès de familles de la banlieue
lyonnaise et il s’efforce de rendre compte des multiples interactions (rôle de la mère, des
sœurs aînées etc.) qui permettent de rendre compte des « réussites paradoxales ». On ne peut
en effet rendre compte de la réussite scolaire des enfants d’ouvriers immigrés qu’en
« descendant » au niveau microsociologique, l’approche macrosociologique se limitant à dire
que cette réussite est atypique. Dans « Portraits sociologiques », Lahire publie une série de
longs entretiens biographiques pour cerner la subjectivité des acteurs. Il s’appuie sur le
concept de « disposition », désignant par là ce qui met en cohérence les comportements des
individus, une façon de voir et de sentir qui constitue leur singularité. Les dispositions sont
acquises au cours de la socialisation, elles résultent des expériences sociales de l’individu,
mais elles ne déterminent pas de façon mécanique les comportements. Lahire se prononce
donc en faveur d’une « sociologie psychologique » qui permettrait de rendre compte des
variations interindividuelles (tous les ouvriers n’ont pas les mêmes pratiques culturelles) et
intra individuelle (les individus n’adoptent pas les mêmes comportements dans différents
contextes sociaux).
On le voit, le point commun de tous ces travaux, c’est la volonté de mieux prendre en compte
le caractère réflexif des acteurs sociaux, leur subjectivité, l’autonomie de leurs décisions, sans
renoncer aux acquis de la sociologie classique qui souligne la prégnance de la totalité sociale,
des structures du système. Il y a donc un enrichissement de la sociologie, une approche plus
dialectique, qui vise, comme l’écrit François de Singly, à rapprocher le sens objectif et le sens
subjectif de l’action sociale.
CONCLUSION
Alors que le sens commun tend à opposer « individu » et « société » parfois pour exalter la
liberté individuelle, parfois pour déplorer l’affaiblissement des normes et des valeurs, parfois
pour s’inquiéter de la massification d’individus sans appartenance, la sociologie nous invite à
une approche plus nuancée de ce débat fondamental.
Tout d’abord la sociologie historique nous a appris (notamment avec Elias) que l’individu est
un produit de la société. C’est dans le cadre d’une dynamique globale qui a conduit à
l’affaiblissement de la tradition et à l’essor de la modernité que la « question individualiste »
s’est posée avec de plus en plus de force. Cette transformation, qui s’est déroulée sur une très
longue durée et qui a affecté tous les domaines de la vie sociale (famille, religion, politique,
culture etc.), confronte les sociologues à un défi. Dans les communautés (les indiens
Nambikwara étudiés par Claude Levi-Strauss par exemple) ou lorsque la vie sociale était
fortement dominée par une logique de communalisation (l’Eglise catholique sous l’Ancien
régime par exemple) il était relativement aisé de rendre compte des comportements
individuels par les contraintes sociales. Le processus d’individualisation a fait émerger deux
problèmes : d’une part la réalité sociale est de plus en plus le résultat de l’action d’individus
auxquels les normes sociales enjoignent d’être libres, autonomes etc ; d’autre part les
comportements des individus sont de moins en moins le produit mécanique des contraintes
sociales et on observe, au sein d’un même groupe social, d’importantes différenciation des
comportements. Ces transformations conduisent le sociologue à prendre au sérieux la montée
de l’individualisme, l’importance du « soi réflexif », la dimension subjective de la vie sociale.
Pour autant, l’individu moderne n’est pas un individu sans appartenance. Les régularités que
l’on continue à observer (en matière de vote, de pratiques culturelles, de choix du conjoint,
d’espérance de vie etc.) ne peuvent s’expliquer que par l’existence d’un déterminisme social.
Mais ce déterminisme est médiatisé par le vécu individuel, par l’expérience singulière de
chaque acteur. L’intégration sociale, la socialisation constituent toujours des éléments
essentiels de la vie sociale. Michael Walzer insiste sur le fait que la liberté de l’individu
moderne doit être articulée avec l’existence de « contraintes involontaires » qui s’imposent
aux individus. Il en distingue quatre : les contraintes d’ordre socio familial (rôle de
l’éducation parentale et des institutions auxquelles on est rattaché du fait de son appartenance
familiale) ; les contraintes liées à la culture (c’est-à-dire aux normes et aux valeurs qui servent
de cadre à nos comportements) ; les contraintes de nature politique (par exemple nous
appartenons à une nation déterminée) ; les contraintes de nature morale (par exemple les
individus s’efforcent d’agir conformément à une certaine éthique). On peut considérer que ces
contraintes ont leur source dans la société et que ce sont elles qui ont fait l’objet de l’essentiel
des études de la sociologie classique. Aujourd’hui, les travaux sociologiques s’efforcent, par
des voies diverses, de mieux articuler la prise en compte des contraintes sociales et de la
subjectivité des acteurs. Il s’agit là indiscutablement d’un signe du progrès du savoir
sociologique.
LEXIQUE
Faq
ALAIN (Emile Auguste Chartier, dit)
| Bio express : Philosophe et essayiste français (1868-1951)
<< Les nations étant inévitablement plus bêtes que les individus, toute pensée a le devoir de se sentir en
révolte. >>
| Source : Correspondance avec Romain Rolland
| Mot(s)-clé(s) : Individu - Nation - Pensée - Révolte
ARISTOTE
| Bio express : Philosophe grec (-384/-322)
<< Le bien certes est désirable quand il intéresse un individu pris à part ; mais son caractère est plus beau et
plus divin, quand il s’applique à un peuple et à des États entiers. >>
| Source : Éthique à Nicomaque
| Mot(s)-clé(s) : Bien - Dieu - Etat - Individu - Peuple
CARREL (Alexis)
| Bio express : Chirurgien et physiologiste français (1873-1944)
<< Certes, les êtres humains sont égaux. Mais les individus ne le sont pas. L’égalité de leurs droits est une
illusion. Le faible d’esprit et l’homme de génie ne doivent pas être égaux devant la loi. >>
| Source : L’Homme, cet inconnu
| Mot(s)-clé(s) : Droit - Egalité - Faible - Homme de génie - Humain - Individu
CONSTANT (Benjamin Constant de Rebecque, dit Benjamin)
| Bio express : Homme politique et écrivain français d’origine suisse (1767-1830)
<< Les gouvernements ont de nouveaux devoirs ; les progrès de la civilisation, les changements opérés par les
siècles, commandent à l’autorité plus de respect pour les habitudes, pour les affections, pour l’indépendance
des individus. Elle doit porter sur tous ces objets une main plus prudente et plus légère. >>
| Source : De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes
| Mot(s)-clé(s) : Autorité - Changement - Civilisation - Devoir - Gouvernement - Habitude - Indépendance Individu - Modération - Progrès - Respect
CONSTANT (Benjamin Constant de Rebecque, dit Benjamin)
| Bio express : Homme politique et écrivain français d’origine suisse (1767-1830)
<< Perdu dans la multitude, l’individu n’aperçoit jamais l’influence qu’il exerce. Jamais sa volonté ne s’empreint
sur l’ensemble ; rien ne constate à ses propres yeux sa coopération. >>
| Source : De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes
| Mot(s)-clé(s) : Individu - Influence - Participer - Volonté
LE BON (Gustave)
| Bio express : Médecin et sociologue français (1841-1931)
<< Pour l’individu en foule, la notion d’impossibilité disparaît. >>
| Source : Psychologie des foules
| Mot(s)-clé(s) : Foule - Impossible - Individu
LE BON (Gustave)
| Bio express : Médecin et sociologue français (1841-1931)
<< Les progrès d’un peuple ne sont déterminés ni par les gouvernements ni par les révolutions, mais par la
somme des efforts des individus qui le composent. >>
| Source : Psychologie des foules
| Mot(s)-clé(s) : Effort - Gouvernement - Individu - Progrès - Révolution
MAUGHAM (William Somerset)
| Bio express : Romancier et dramaturge britannique (1874-1965)
<< Dans sa lutte contre l’individu, la société dispose de trois armes : loi, opinion publique et conscience. >>
| Source : Servitude humaine
| Mot(s)-clé(s) : Conscience - Individu - Loi - Opinion publique - Société
MILL (John Stuart)
| Bio express : Philosophe et économiste britannique (1806-1873)
<< La liberté de l’individu doit ainsi être bornée : il ne doit pas se rendre nuisible aux autres. >>
| Source : La Liberté
| Mot(s)-clé(s) : Individu - Liberté
MILL (John Stuart)
| Bio express : Philosophe et économiste britannique (1806-1873)
<< La valeur d’un État, à la longue, c’est la valeur des individus qui le composent. Un État qui rapetisse les
hommes, afin qu’ils puissent être entre ses mains les instruments dociles de ses projets (même bienfaisants),
s’apercevra qu’on ne peut faire de grandes choses avec de petits hommes. >>
| Source : La Liberté
| Mot(s)-clé(s) : Etat - Grande chose - Individu - Soumission - Valeur
MUSSOLINI (Benito Amilcare Andrea)
| Bio express : Homme d’État italien (1883-1945)
<< L’État est l’absolu devant lequel les individus et les groupes ne sont que le relatif. Le libéralisme niait l’État
dans l’intérêt de l’individu, le fascisme réaffirme l’État comme la véritable réalité de l’individu. >>
| Source : Discours, entretiens et autres sources
| Mot(s)-clé(s) : Etat - Fascisme - Individu - Libéralisme
MUSSOLINI (Benito Amilcare Andrea)
| Bio express : Homme d’État italien (1883-1945)
<< Tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État. L’individu n’existe qu’autant qu’il fait partie de
l’État et qu’il demeure subordonné aux nécessités de l’État. >>
| Source : Discours, entretiens et autres sources
| Mot(s)-clé(s) : Etat - Individu
ROUSSEAU (Jean-Jacques)
| Bio express : Écrivain et philosophe genevois de langue française (1712-1778)
<< Il faut distinguer la liberté naturelle qui n’a pour bornes que les forces de l’individu, de la liberté civile qui
est limitée par la volonté générale, et la possession qui n’est que l’effet de la force ou le droit du premier
occupant, de la propriété qui ne peut être fondée que sur un titre positif. >>
| Source : Du contrat social
| Mot(s)-clé(s) : Force - Individu - Liberté - Naturel - Propriété - Volonté générale
SIEYÈS (Emmanuel Joseph, dit l’abbé)
| Bio express : Homme politique français (1748-1836)
<< Qu’est-ce que la volonté d’une nation ? C’est le résultat des volontés individuelles, comme la nation est
l’assemblage des individus. Il est impossible de concevoir une association légitime qui n’ait pas pour objet la
sécurité commune, la liberté commune, enfin la chose publique. >>
| Source : Qu’est-ce que le Tiers-État ?
| Mot(s)-clé(s) : Association - Communauté - Individu - Liberté - Nation - Sécurité - Volonté
SPINOZA (Baruch)
| Bio express : Philosophe hollandais (1632-1677)
<< Si deux individus s’unissent ensemble et associent leurs forces, ils augmentent ainsi leur puissance et par
conséquent leur droit ; et plus il y aura d’individus ayant ainsi formé alliance, plus tous ensemble auront de
droit. >>
| Source : Traité politique
ALAIN (Émile-Auguste Chartier, dit)
| Bio express : Philosophe et essayiste français (1868-1951)
<< La société est une merveilleuse machine qui permet aux bonnes gens d’être cruelles sans le savoir. >>
| Source : Propos
| Mot(s)-clé(s) : Cruauté - Société
ALTHUSSER (Louis)
| Bio express : Philosophe français (1918-1990)
<< L’idéologie fait organiquement partie, comme telle, de toute totalité sociale. Tout se passe comme si les
sociétés humaines ne pouvaient subsister sans ces formations spécifiques, ces systèmes de représentation (de
niveaux divers) que sont les idéologies. Les sociétés humaines sécrètent l’idéologie comme l’élément et
l’atmosphère même indispensables à leur respiration, à leur vie historique. Seule une conception idéologique du
monde a pu imaginer des sociétés sans idéologies, et admettre l’idée utopique d’un monde où l’idéologie (et
non telle de ses formes historiques) disparaîtrait sans laisser de trace, pour être remplacée par la science...
L’idéologie n’est donc pas une aberration ou une excroissance contingente de l’Histoire : elle est une structure
essentielle à la vie historique des sociétés. >>
| Source : Pour Marx
| Mot(s)-clé(s) : Histoire - Idéologie - Science - Société
ARON (Raymond)
| Bio express : Philosophe et sociologue français (1905-1983)
<< Entre la formule de la démocratie ou de la société sans classes et la réalité de la lutte pour le pouvoir et de
stratification, l’intervalle demeure toujours assez large pour que l’analyse de ce que chaque société se dissimule
à elle-même enseigne l’irrespect plutôt que l’obéissance. >>
| Source : De la condition historique du sociologue
| Mot(s)-clé(s) : Classe - Démocratie - Irrespect - Lutte pour le pouvoir - Obéissance - Société
BAINVILLE (Jacques)
| Bio express : Historien français (1879-1936)
<< Le pouvoir d’oublier, très fort chez les individus, l’est encore plus dans les sociétés humaines. >>
| Source : Lectures
| Mot(s)-clé(s) : Oubli - Société
BERGSON (Henri)
| Bio express : Philosophe français (1859-1941)
<< La cohésion sociale est due en grande partie à la nécessité pour une société de se défendre contre d’autres.
C’est d’abord contre tous les autres hommes qu’on aime les hommes avec lesquels on vit. >>
| Source : Les Deux Sources de la morale et de la religion
| Mot(s)-clé(s) : Cohésion sociale - Homme - Société
BERNANOS (Georges)
| Bio express : Écrivain français (1888-1948)
<< Les vrais ennemis de la société ne sont pas ceux qu’elle exploite ou tyrannise, ce sont ceux qu’elle
humilie. >>
| Source : Nous autres Français
| Mot(s)-clé(s) : Ennemi - Exploiter - Humilier - Société - Tyrannie
BLUM (Léon)
| Bio express : Écrivain et homme politique français (1872-1950)
<< Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté doit commencer par leur garantir l’existence. >>
| Source : Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann
| Mot(s)-clé(s) : Existence - Liberté - Société
BONAPARTE (Napoléon)
| Bio express : Premier consul à vie puis empereur des Français (1769-1821)
<< Nulle société ne peut exister sans morale. Il n’y a pas de bonne morale sans religion. Il n’y a donc que la
religion qui donne à l’État un appui ferme et durable. >>
| Source : Maximes et Pensées
| Mot(s)-clé(s) : Etat - Morale - Religion - Société
BOURGEOIS (Léon)
| Bio express : Homme politique français (1851-1925)
<< Trois faits essentiels nous apparaissent tout d’abord : 1) L’homme vit dans un état de solidarité naturelle et
nécessaire avec tous les hommes. C’est la condition de la vie ; 2) La société humaine ne se développe que par
la liberté de l’individu. C’est la condition du progrès ; 3) L’homme conçoit et veut la justice. C’est la condition
de l’ordre. >>
| Source : Solidarité
| Mot(s)-clé(s) : Homme - Justice - Liberté - Ordre - Progrès - Société - Solidarité
BURDEAU (Georges)
| Bio express : Écrivain français (1905-1988)
<< Pas de société sans règles, pas de règles sans pouvoir. >>
| Source : Traité de science politique
| Mot(s)-clé(s) : Pouvoir - Règle - Société
CAMUS (Albert)
| Bio express : Écrivain français (1913-1960)
<< La société politique contemporaine : une machine à désespérer les hommes. >>
| Source : Actuelles
| Mot(s)-clé(s) : Désespoir - Société
CHURCHILL (Winston)
| Bio express : Homme politique britannique (1874-1965)
<< La dictature dévotion fétiche pour un homme est une chose éphémère. Un état de société où l’on ne peut
exprimer ses pensées, où des enfants dénoncent leurs parents à la police, un tel état de société ne peut pas
durer longtemps. >>
| Source : Sang, Sueur et Larmes
| Mot(s)-clé(s) : Dictature - Durer - Exprimer - Pensée - Société
CLAUDEL (Paul)
| Bio express : Poète et auteur dramatique français (1868-1955)
<< Il n’y a de société vivante que celle qui est arrivée par l’inégalité et l’injustice. >>
| Source : Conversations dans le Loir-et-Cher
| Mot(s)-clé(s) : Inégalité - Injustice - Société
DIDEROT (Denis)
| Bio express : Écrivain et philosophe français (1713-1784)
<< La puissance qui vient du consentement des peuples suppose nécessairement des conditions qui en rendent
l’usage légitime, utile à la société, avantageux à la République, et qui la fixent et la restreignent entre des
limites. >>
| Source : Encyclopédie
| Mot(s)-clé(s) : Consentement - Légitimité - Limitation de pouvoir - Puissance - République - Société
DIDEROT (Denis)
| Bio express : Écrivain et philosophe français (1713-1784)
<< Le consentement des hommes réunis en société est le fondement du pouvoir. Celui qui ne s’est établi que
par la force ne peut subsister que par la force. >>
| Source : Encyclopédie
| Mot(s)-clé(s) : Consentement - Force - Pouvoir - Société
DIDEROT (Denis)
| Bio express : Écrivain et philosophe français (1713-1784)
<< Entendez-vous qu’il faut se soumettre aux lois de la société dont on est membre ? Il n’y a pas de difficulté à
cela ; prétendez-vous que si ces lois sont mauvaises, il faut garder le silence ? Ce sera peut-être votre avis,
mais comment le législateur reconnaîtra-t-il le vice de son administration, le défaut de ses lois, si personne
n’ose élever la voix ? Et si par hasard une des détestables lois de cette société décernait la peine de mort
contre celui qui osera attaquer les lois, faudrait-il se courber sous le joug de cette loi ? >>
| Source : Pages contre un tyran
| Mot(s)-clé(s) : Administration - Désobéissance - Législateur - Loi - Participer - Peine de mort - Se soumettre Société
DURKHEIM (Émile)
| Bio express : Sociologue français (1858-1917)
<< Le devoir de l’homme d’État n’est plus de pousser violemment les sociétés vers un idéal qui lui paraît
séduisant, mais son rôle est celui du médecin ; il prévient l’éclosion des maladies par une bonne hygiène et,
quand elles sont déclarées, il cherche à les guérir. >>
| Source : Les Règles de la méthode sociologique
| Mot(s)-clé(s) : Devoir - Homme d’Etat - Idéal - Rôle - Société - Violence
ENFANTIN (Barthélemy Prosper)
| Bio express : Ingénieur et socialiste français (1796-1864)
<< Organiser la société en vue de la lutte entre l’ordre et la liberté, c’est restaurer le passé ; l’organiser pour
l’association de ces deux principes (je ne dis pas seulement leur conciliation), c’est édifier l’avenir. >>
| Source : Correspondance philosophique et religieuse
| Mot(s)-clé(s) : Avenir - Liberté - Ordre - Passé - Société
FERRY (Jules François Camille)
| Bio express : Avocat et homme politique français (1832-1893)
<< L’égalité, c’est la loi même du progrès humain ! C’est plus qu’une théorie : c’est un fait social, c’est
l’essence même et la légitimité de la société à laquelle nous appartenons. >>
| Source : Discours et Opinions
| Mot(s)-clé(s) : Egalité - Humain - Légitimité - Progrès - Social - Société
GUIZOT (François)
| Bio express : Homme politique et historien français (1787-1874)
<< Le mépris du travail, l’orgueil de l’oisiveté sont des signes certains, ou que la société est sous l’emprise de
la force brutale, ou qu’elle marche à la décadence. >>
| Source : De la démocratie en France
| Mot(s)-clé(s) : Décadence - Force - Mépris - Orgueil - Société - Travail
HUME (David)
| Bio express : Philosophe britannique (1711-1776)
<< La nécessité de la justice pour le maintien de la société est l’unique fondement de cette vertu. >>
| Source : Enquête sur les principes de la morale
| Mot(s)-clé(s) : Justice - Société - Vertu
IBSEN (Henrik)
| Bio express : Poète et auteur dramatique norvégien (1828-1906)
<< La société est comme un navire ; tout le monde doit contribuer à la direction du gouvernail. >>
| Source : Un ennemi du peuple
| Mot(s)-clé(s) : Participer - Société
KOESTLER (Arthur)
| Bio express : Écrivain britannique d’origine hongroise (1905-1983)
<< La maturité des masses consiste en leur capacité de reconnaître leurs propres intérêts. Mais cela
présuppose une certaine compréhension du processus de production et de distribution des biens. La capacité
d’un peuple de se gouverner démocratiquement est donc proportionnelle à son degré de compréhension de la
structure et du fonctionnement de l’ensemble du corps social. >>
| Source : Le Zéro et l’Infini
| Mot(s)-clé(s) : Bien - Démocratie - Intérêt - Masse - Peuple - Social - Société
LAMENNAIS (Félicité Robert de)
| Bio express : Écrivain et penseur français (1782-1854)
<< Aucune violence ne parviendrait à hâter d’une seconde la croissance d’un brin d’herbe, pas davantage ne
peut-elle hâter la croissance d’une société. >>
| Source : De l’esclavage moderne
| Mot(s)-clé(s) : Société - Violence
LÉNINE (Vladimir Illitch Oulianov, dit)
| Bio express : Homme d’État et théoricien révolutionnaire russe (1870-1924)
<< L’État pourra disparaître complètement lorsque la société aura réalisé le principe : « de chacun selon ses
capacités, à chacun selon ses besoins », c’est-à-dire lorsqu’on sera tellement habitué à observer les règles
primordiales de la vie sociale et que le travail sera devenu tellement productif que tout le monde travaillera
volontairement selon ses capacités. >>
| Source : L’État et la Révolution
| Mot(s)-clé(s) : Besoin - Capacité - Etat - Règle - Société - Travail
LÉNINE (Vladimir Illitch Oulianov, dit)
| Bio express : Homme d’État et théoricien révolutionnaire russe (1870-1924)
<< Dans une société fondée sur le pouvoir de l’argent, dans une société où les masses laborieuses végètent
dans la misère, tandis que quelques poignées de riches ne savent être que des parasites, il ne peut y avoir de
« liberté » réelle et véritable. >>
| Source : L’Organisation du parti et la Littérature du parti
| Mot(s)-clé(s) : Argent - Liberté - Masse - Misère - Riche - Société - Travail
LÉVI-STRAUSS (Claude)
| Bio express : Anthropologue français (1908-)
<< Aucune société n’est parfaite. Toutes comportent par nature une impureté incompatible avec les normes
qu’elles proclament, et qui se traduit concrètement par une certaine dose d’injustice, d’insensibilité, de
cruauté. >>
| Source : Tristes Tropiques
| Mot(s)-clé(s) : Cruauté - Injustice - Insensibilité - Perfection - Société
MARX (Karl)
| Bio express : Philosophe, économiste et homme politique allemand (1818-1883)
<< L’histoire de toute société se résume dans le développement des antagonismes de classes, antagonismes
qui ont revêtu des formes différentes à de différentes époques. >>
| Source : Manifeste du parti communiste
| Mot(s)-clé(s) : Classe - Histoire - Société
MAUGHAM (William Somerset)
| Bio express : Romancier et dramaturge britannique (1874-1965)
<< Dans sa lutte contre l’individu, la société dispose de trois armes : loi, opinion publique et conscience. >>
| Source : Servitude humaine
| Mot(s)-clé(s) : Conscience - Individu - Loi - Opinion publique - Société
MAURRAS (Charles)
| Bio express : Écrivain et homme politique français (1868-1952)
<< L’État, quel qu’il soit, est le fonctionnaire de la société. >>
| Source : La Démocratie religieuse
| Mot(s)-clé(s) : Etat - Fonctionnaire - Société
MAUSS (Marcel)
| Bio express : Sociologue et ethnologue français (1873-1950)
<< Nous entendons par nation une société matériellement et moralement intégrée, à pouvoir central stable,
permanent, à frontières déterminées, à relative unité morale, mentale et culturelle des habitants qui adhèrent
consciemment à l’État et à ses lois. >>
| Source : La Nation
| Mot(s)-clé(s) : Etat - Loi - Morale - Nation - Société - Unité
MAUSS (Marcel)
| Bio express : Sociologue et ethnologue français (1873-1950)
<< Une nation complète est une société intégrée suffisamment, à pouvoir central démocratique à quelque
degré, ayant en tous cas la notion de souveraineté nationale et dont, en général, les frontières sont celles d’une
race, d’une civilisation, d’une langue, d’une morale, en un mot d’un caractère national. >>
| Source : La Nation
| Mot(s)-clé(s) : Caractère - Civilisation - Démocratie - Langue - Morale - Nation - Pouvoir - Race - Société Souveraineté nationale
MIRABEAU (Honoré Gabriel Riqueti de)
| Bio express : Orateur et homme politique français (1749-1791)
<< Réprouver les capitalistes comme inutiles à la société, c’est s’emporter follement contre les instruments
mêmes du travail. >>
| Source : Discours, entretiens et autres sources
| Mot(s)-clé(s) : Capitalisme - Inutile - Société - Travail
MITTERRAND (François)
| Bio express : Homme d’État français (1916-1996)
<< Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort. >>
| Source : Discours, entretiens et autres sources
| Mot(s)-clé(s) : Avoir raison - Avoir tort - Jeunesse - Société
MONTESQUIEU (Charles de Secondat de)
| Bio express : Écrivain et philosophe français (1689-1755)
<< On dit que l’homme est un animal sociable. Sur ce pied-là, il me paraît qu’un Français est plus homme
qu’un autre, c’est l’homme par excellence ; car il semble fait uniquement pour la société. >>
| Source : Lettres persanes
| Mot(s)-clé(s) : Français - Homme - Société
MUSSOLINI (Benito Amilcare Andrea)
| Bio express : Homme d’État italien (1883-1945)
<< Que la société n’existe que pour la liberté ne semble pas être conforme aux plans de la nature ; libéralisme
signifie individualisme. >>
| Source : Discours, entretiens et autres sources
| Mot(s)-clé(s) : Individualisme - Libéralisme - Liberté - Nature - Société
PLATON
| Bio express : Philosophe grec (-428/-348)
<< Ce qui donne naissance à la société, c’est l’impuissance où chaque homme se trouve de se suffire à luimême, et le besoin qu’il éprouve de beaucoup de choses. La multiplicité de ses besoins a réuni dans une même
habitation plusieurs hommes en vue de s’entraider : et nous avons donné à cette société le nom d’État. >>
| Source : La République
| Mot(s)-clé(s) : Besoin - Etat - Société
PROUDHON (Pierre Joseph)
| Bio express : Journaliste et essayiste socialiste français (1809-1865)
<< Toute société se forme, se réforme ou se transforme à l’aide d’une idée. >>
| Source : De la capacité politique des classes ouvrières
| Mot(s)-clé(s) : Idée - Réforme - Société
PROUDHON (Pierre Joseph)
| Bio express : Journaliste et essayiste socialiste français (1809-1865)
<< La propriété et la royauté sont en démolition dès le commencement du monde ; comme l’homme cherche la
justice dans l’égalité, la société cherche l’ordre dans l’anarchie. >>
| Source : Qu’est-ce que la propriété ?
| Mot(s)-clé(s) : Anarchie - Egalité - Justice - Ordre - Propriété - Royauté - Société
PROUDHON (Pierre Joseph)
| Bio express : Journaliste et essayiste socialiste français (1809-1865)
<< La plus haute perfection de la société se trouve dans l’union de l’ordre et de l’anarchie. >>
| Source : Qu’est-ce que la propriété ?
| Mot(s)-clé(s) : Anarchie - Ordre - Perfection - Société
RENARD (Jules)
| Bio express : Écrivain français (1864-1910)
<< Ne comptez pas trop sur la société pour faire des réformes : réformez-vous vous-mêmes. >>
| Source : Journal
| Mot(s)-clé(s) : Réforme - Société
ROUGEMONT (Denis de)
| Bio express : Écrivain suisse d’expression française (1906-1985)
<< La décadence d’une société commence quand l’homme se demande : « que va-t-il arriver ? » au lieu de se
demander : « Que puis-je faire ? » >>
| Source : L’Avenir est notre affaire
| Mot(s)-clé(s) : Agir - Décadence - Société
ROUSSEAU (Jean-Jacques)
| Bio express : Écrivain et philosophe genevois de langue française (1712-1778)
<< La famille est donc si l’on veut le premier modèle des sociétés politiques ; le chef est l’image du père, le
peuple est l’image des enfants, et tous étant nés égaux et libres n’aliènent leur liberté que pour leur utilité.
Toute la différence est que dans la famille l’amour du père pour ses enfants le paye des soins qu’il leur rend, et
que dans l’État le plaisir de commander supplée à cet amour que le chef n’a pas pour ses peuples. >>
| Source : Du contrat social
| Mot(s)-clé(s) : Chef - Commander - Egalité - Etat - Famille - Liberté - Libre - Peuple - Politique - Société Utile
ROYAL (Ségolène)
| Bio express : Femme politique française (1953-)
<< Quand le lien social se délite, c’est la Nation qui se fragilise. >>
| Source : Discours, entretiens et autres sources
| Mot(s)-clé(s) : Communauté - Nation - Social - Société
SAND (Aurore Dupin, dite George)
| Bio express : Romancière française (1804-1876)
<< La société ne doit rien exiger de celui qui n’attend rien d’elle. >>
| Source : Indiana
| Mot(s)-clé(s) : Attendre - Société
SIMENON (Georges)
| Bio express : Écrivain belge d’expression française (1903-1989)
<< Il faut croire que l’homme a voulu vivre en société puisque la société existe, mais aussi, depuis qu’elle
existe, l’homme emploie une bonne part de son énergie et de son astuce à lutter contre elle. >>
| Source : Le Grand Bob
| Mot(s)-clé(s) : Homme - Société - Vivre ensemble
SOLON
| Bio express : Législateur et poète athénien (-640/-558)
<< La société est bien gouvernée quand les citoyens obéissent aux magistrats et les magistrats aux lois. >>
| Source : Fragments
| Mot(s)-clé(s) : Citoyen - Gouverner - Loi - Magistrat - Obéir - Société
SPINOZA (Baruch)
| Bio express : Philosophe hollandais (1632-1677)
<< Comme les hommes, barbares ou civilisés, s’unissent partout entre eux et forment une certaine société
civile, il s’ensuit que ce n’est point aux maximes de la raison qu’il faut demander les principes et les fondements
naturels de l’État, mais qu’il faut les déduire de la nature et de la condition commune de l’humanité. >>
| Source : Traité politique
| Mot(s)-clé(s) : Barbarie - Civilisation - Etat - Homme - Humanité - Nature - Principe - Raison - Société
TOCQUEVILLE (Charles Alexis Clérel de)
| Bio express : Historien et homme politique français (1805-1859)
<< Lorsque l’inégalité des conditions est la loi commune de la société, les inégalités les plus marquées ne
frappent pas le regard ; mais quand tout est presque au même niveau, les plus légères sont assez marquées
pour le blesser. Il en ressort que le désir d’égalité devient plus insatiable à mesure que l’égalité est plus
complète. >>
| Source : De la démocratie en Amérique
| Mot(s)-clé(s) : Egalité - Inégalité - Société
TOURAINE (Alain)
| Bio express : Sociologue français (1925-)
<< Ce qui permit indirectement la formation de l’État dans le monde moderne, c’est l’apparition de la catégorie
du social. La société n’est plus un ordre, une hiérarchie, un organisme ; elle est faite de rapports sociaux,
d’acteurs définis à la fois par leurs orientations culturelles, leurs valeurs, et par leurs relations de conflit, de
coopération ou de compromis avec d’autres acteurs sociaux. >>
| Source : Qu’est-ce que la démocratie ?
| Mot(s)-clé(s) : Compromis - Conflit - Etat - Hiérarchie - Ordre - Social - Société - Valeur
VICO (Giambattista)
| Bio express : Historien, juriste et philosophe italien (1668-1744)
<< La législation considère l’homme tel qu’il est, pour en tirer bon parti dans la société humaine ; de la
férocité, de l’avarice, de l’ambition, les trois vices qui portent au mal le genre humain tout entier, elle fait
l’armée, le commerce, la cour, et par conséquent la force, la richesse, la sagesse des États ; sur ces trois vices,
propres à détruire l’espèce humaine sur la terre, elle constitue la félicité publique. >>
| Source : La Science nouvelle
| Mot(s)-clé(s) : Ambition - Armée - Commerce - Etat - Force - Homme –
Législation - Richesse - Sagesse - Société - Vice
ZOLA (Émile)
| Bio express : Écrivain français (1840-1902)
<< Le travail écrasant qui rapproche l’homme de la brute, le salaire insuffisant qui décourage et fait chercher
l’oubli, achève d’emplir les cabarets et les maisons de tolérance. Oui, le peuple est ainsi, mais parce que la
société le veut bien. >>
| Source : L’Assommoir
| Mot(s)-clé(s) : Homme - Peuple - Société - Travail
2 Concept philosophique
Le mot « individu » (du latin individuum, traduction du mot grec atomon) désigne, dans Timée de Platon, une
chose indivisible matériellement : on peut certes matériellement découper un corps, mais on n’a plus affaire à
un individu, seulement à des morceaux de corps. L’indivisibilité à laquelle renvoie le terme est donc
essentiellement conceptuelle, et dans une moindre mesure matérielle.
BIBLIOGRAPHIE
Indications bibliographiques
Aristote, La Politique ; Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion ; Comte,
Système de politique positive ; Durkheim, De la division du travail social ; Hobbes,
Léviathan ; Kant, Idée pour une histoire universelle du point de vue cosmopolitique ; Long et
Sedley, Les philosophies hellénistiques – II Les stoïciens ; Marx, Thèses sur Feuerbach ;
Popper, La société ouverte et ses ennemis ; Rousseau, Du contrat social ; Smith, Recherche
sur la nature et les causes de la richesse des nations ; Spinoza, Éthique ; Tönnies,
Communauté et société
Corcuff Ph., Les nouvelles sociologies, Coll. 128, Nathan, 1995
Crozier M. et Friedberg E., L’acteur et le système, Seuil, 1977
(réédition dans la collection Points)
Dubet F., Sociologie de l’expérience, Seuil, 1994
Dubet F. et Martuccelli D., Dans quelle société vivons-nous ?, Seuil,
1998
Dumont L., Essais sur l’individualisme, Seuil, 1983 (réédition
collection Points)
Elias N., La société des individus, Fayard, 1987
Kaufmann J.-C., Ego. Pour une sociologie de l’individu, Nathan,
2001
Lahire B., L’homme pluriel, Nathan, 1998
Lahire B. (éd.), Le travail sociologique de Pierre Bourdieu, La
découverte, 1999
Lahire B., Portraits sociologiques. Dispositions et variations
individuelles, Nathan, 2002
Lahire B., La culture des individus. Dissonance culturelle et
distinction de soi, La découverte, 2004
Martuccelli D., Grammaires de l’individu, Coll. Folio-Essais,
Gallimard, 2002
Singly F. de, Les uns et les autres. Quand l’individualisme crée du
lien, Armand Colin, 2003
Singly F. de, L’individualisme est un humanisme, Editions de l’Aube,
2005
Touraine A., Le retour de l’acteur, Fayard, 1984
Walzer M., Raison et passion. Pour une critique du libéralisme, Circé,
2003
http://www.wolton.cnrs.fr/FR/dwcompil/glossaire/individu.html
http://www.aixmrs.iufm.fr/formations/filieres/ses/fc/individusociete.htm
http://www.citationspolitiques.com/theme.php3?id_mot=98
http://www.unige.ch/lettres/philo/thumos/Page_perso/Individus_et_so
ciete.html
http://www.maphilo.net/dossiers-cours.html
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