
C’est vraiment un thème standard qui fait de Smith le père de l’économie et surtout de l’économie
politique classique (Smith, Ricardo, Say, Stuart Mill, …). Ensuite, la contestation socialiste a pris le pas
(Saint Simon, Marx, …), le courant marginaliste (Walras, Jevons, Menger) qui va être à l’origine de la
microéconomie. A la fin du XIXème siècle, l’Ecole Historique conteste un des aspects importants de
l’abstraction, qu’on ne peut concevoir que des lois en fonction des populations pour lesquelles elles
s’appliquent (institutionnalistes). Sa théorie de la valeur et des prix examine l’origine de la richesse et
la fonction des prix. La richesse est issue de la division du travail est automatiquement associée à
l’échange et l’échange va avoir lieu au travers des prix sur un marché. Cet échange est possible parce
que les marchandises échangées possèdent deux qualités : l’utilité (rapport aux besoins) et la seconde
est qu’elle permet l’acquisition d’autres marchandises. Sur cette base, Smith va distinguer la valeur
d’usage et la valeur d’échange de la marchandise.
A- Valeur d’usage, valeur d’échange.
La valeur d’usage définit l’utilité d’un objet. C’est une condition nécessaire pour qu’un bien soit
échangé mais elle ne permet pas à elle seule de mesurer la valeur d’échange de la marchandise. En
effet, certains biens qui ont une grande utilité s’échangent à de faibles prix. La valeur d’échange est la
faculté que donne la possession d’une marchandise d’acheter d’autres marchandises, pouvoir
d’acquisition d’une marchandise contre une autre. Pour Smith, la valeur d’échange est décisive
puisqu’elle va déterminer le prix naturel de la marchandise. La théorie de la valeur est l’explication
des règles fondamentales de l’échange marchand, pourquoi une marchandise s’échange contre une
autre. Pour répondre à cette question, il faut trouver un étalon commun et invariable mesurant la
valeur d’échange d’une marchandise. Cet étalon commun est le travail.
B- Valeur travail et prix naturel.
La mesure de la valeur des marchandises est le travail au sens où cette valeur est commandée par le
travail que la marchandise permet d’acheter. La théorie de Smith est la théorie de la valeur travail
commandée (qu’on oppose à la valeur travail incorporée). Smith avance que ce n’est pas la quantité de
travail incorporée dans la marchandise qui explique sa valeur mais c’est le rapport entre la quantité de
travail incorporée dans une marchandise et celle qui est incorporée dans une autre marchandise.
Si pour produire le bien A, il faut 5 heures de travail.
Si pour produire le bien B, il faut 10 heures de travail.
Smith dit qu’avec cinq heures de travail incorporée dans le bien A, on peut commander une demi
unité du bien B.
Si pour produire le bien B, il faut maintenant cinq heures de travail, on peut commander alors une
unité du bien B avec le bien A. Ce qui varie, c’est la valeur de la marchandise et non la valeur du
travail.
La valeur d’échange s’exprime en quantité de travail qui forme donc son prix réel. La monnaie ne
constitue pas un étalon invariable. Elle ne peut que traduire en signes monétaires le prix réel lié à la
quantité de travail. La valeur d’échange est une mesure objective indépendante de l’appréciation
individuelle de l’agent économique. C’est le travail et sa quantité objectivement mesurable qui fondent
l’échange et finalement le prix. Donc, le prix naturel n’est pas un prix de marché mais c’est un prix qui
est seulement l’expression monétaire de la valeur d’échange travail. La valeur d’échange ne concerne
que les objets reproductibles par le travail. Pour les objets non reproductibles, air, eau, œuvre d’art, la
théorie de la valeur travail ne s’applique pas et c’est la rareté qui déterminer la valeur d’échange.
C- Prix naturel et prix de marché.
Le prix naturel est le prix issu de la valeur travail. C’est donc ce que coûte réellement la marchandise à
celui qui l’apporte sur le marché. Ce prix se détermine donc à l’intérieur de la sphère de la production
et il est donc indépendant du niveau de la demande. C’est un prix d’offre ou de production.
Cependant, Smith indique qu’il n’y a aucune raison pour que le prix naturel soit celui auquel la
marchandise se vend sur le marché. En effet, la détermination du prix sur le marché suit une logique
différente du prix naturel. Ce prix de marché est déterminé par une logique d’offre et de demande. La
notion de demande chez Smith exprime la demande effective, celle qui vient des consommateurs qui
ont un revenu suffisant pour amener les producteurs à vendre leurs marchandises. Les pauvres sont
exclus de l’expression de la demande. C’est la demande sauvage. A partir de cette demande effective,
un prix de marché va se former. Le mécanisme est le suivant. Lorsque le volume de production (offre)