Appel à communications

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Appel à communications
ETHNOGRAPHIER LE « BRUIT »
- Journée des Doctorants 2006/2007 -
- Lundi 23 avril 2007 Organisée par le L.A.M.I.C.1,
Université de Nice Sophia-Antipolis.
« Tout étudiant qui n’a jamais attendu un coup de fil dans son dortoir un vendredi soir
sait combien un téléphone silencieux peut être bruyant. »
Ray Birdwhistell
Nos disciplines, les sciences humaines et sociales, invitent les étudiants-chercheurs à adopter une
posture de recherche active par une ethnographie de terrain : observer les communautés et les acteurs
insérés dans leur vie quotidienne, s’engager dans des observations participantes au plus près de nos
informateurs. L’objet d’étude le bruit, que nous proposons pour cette journée, demande à être circonscrit :
d’une part, il semble que l’événement sonore et perturbateur que représente le bruit nécessite d’être
ethnographié car l’enjeu perceptif qui, dès lors, le définit, semble permettre, d’autre part, d’interroger la
place de l’événement bruit dans tout processus interprétatif et d’analyse scientifique. Ce faisant, cet objet
d’étude donne également l’occasion de proposer un questionnement sur la nature du contexte observé
dont les acteurs et chercheurs en sciences sociales font alors l’expérience.
Le bruit peut- il être vécu ?
Comme le laisse entrevoir la citation, la dualité ‘silence/son’ pointe le sens le plus évident du bruit :
celui d’une manifestation sonore, mais nous engage également vers une interprétation plus métaphorique,
bien au-delà d’une appréhension uniquement auditive du phénomène. Cet événement profite ainsi d’un
statut ambigu dans tout processus de production sociale et culturelle. Le bruit peut autant être une
interférence rendant difficile la communication, qu’un moyen d’expression ou encore, un élément
indésirable.
Toutefois, les acteurs comme les chercheurs doivent gérer ces bruits, prendre conscience des écarts
de traitement symbolique ou conceptuel, qui font « qu’il y a du bruit » comme, par exemple, lorsque l’on
ne parle pas de la même chose. Il sera dès lors intéressant d’analyser ces différences qui font aussi que
nous avons parfois des difficultés à nous faire comprendre et à comprendre nos interlocuteurs. L’enjeu
perceptif du bruit nous renvoie ainsi directement à son orchestration (« faire du bruit »), mais tout ce qui
détourne l’attention, tous les « à-côtés » qui parfois dérangent peuvent-ils entrer dans un tel cadre
interprétatif ? À partir de la pratique de terrain et des données, il sera ainsi question de revoir la position
que nous, acteurs et chercheurs, entretenons avec cet objet, considéré a priori comme « marginal ».
Le bruit est donc vécu comme un détail qui ne se remarque pas de prime abord - que l’on ne traduit
pas - mais qui intervient presque inévitablement dans l’expérience et l’observation de terrain (« bruit de
fond »). Ainsi, nous considérerons aussi qu’un bruit est tout ce qu’on ne veut pas voir et qu’un participant
rejette ou qu’un chercheur écarte.
Multipliant les exemples d’enquête, nous chercherons à dresser le portrait ethnographique d’un bruit
vécu entre son et interférence, acte et marginalité. Il s’agit de considérer le bruit non seulement en tant
qu’élément sonore, mais également de l’envisager de manière métaphorique, qui le présenterait comme un
phénomène de rupture par rapport à une vision habituelle.
Laboratoire d’Anthropologie “Mémoire, Identité et Cognition sociale” (LAMIC, E.A. 3179)
http://www.unice.fr/LAMIC
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Le bruit peut-il être oublié ou étudié ?
Cerner les multiples facettes du bruit en tant que percept rencontre donc une autre orientation, celle
plus méthodologique de la posture de recherche et des intérêts analytiques du chercheur. Il s’agit dès lors
d’interroger le bruit dans et hors champ de la recherche. Aussi on se demandera si l’on peut dissocier ce
double mouvement de définition de l’objet social « bruit » comme percept, de l’aspect plus
méthodologique de la démarche d’enquête et d’objectivation qui décide de faire - dans et hors champ de
l’expérience - du bruit réel et perceptible un élément ou un corpus d’enquête pour le chercheur ?
Les perspectives de l’acteur et celles du chercheur sont-elles semblables face au « bruit » ? N’y a t-il
pas une différence d’investissement dans l’action structurée en terme de différences de buts (pratique vs
analytique) qui jouerait sur les modalités d’appréhension et d’interprétation du bruit ?
L’ethnographie du « bruit » est-elle une ethnographie d’une expérience vécue comme un « détail » (cf.
Albert Piette) ou perçu comme tel, et par qui (l’acteur, le chercheur, ou les deux simultanément ?)?
Comment s’articule le « souci du détail » dans l’ethnographie des percepts d’un bruit avec le contexte
social ? De plus, comment ces processus de « catégorisation » et de « typification » de la réalité sociale parfois oubliés et parfois étudiés - permettent de réévaluer l’intervention de cet environnement social dans
l’analyse scientifique en sciences humaines et sociales ?
Les bruits entraînent le regard, soulignent les déplacements et parfois conduisent l’étude sur une piste
nouvelle ou différente que le chercheur ne voudrait peut-être pas emprunter, mais qui pourtant existe et
s’impose à lui. Le bruit, propice à s’ouvrir à toute forme de terrain et de démarche, permet une double
entrée, de méthodologie et d’objet.
Afin d’obtenir une implication commune vis-à-vis de cet objet de recherche, nous proposons une
journée de discussions où les contributions de chacun s’articuleront autour de deux axes de recherche :
AXE 1 : le bruit comme expérience perceptuelle et pragmatique
 Comment le bruit est-il géré dans l’interaction interpersonnelle ? Le bruit est-il un problème
interactionnel ?
 Le bruit se définit-il uniquement en opposition à des situations organisées et contrôlées ?
 Est-il possible de dégager la logique et d’appréhender la multiplicité des déterminants qui
structurent les phénomènes de communication ?
 Le bruit comme écart différentiel, objet et support de créativité pour qui s’en saisit.
AXE 2 : le bruit comme métaphore du « hors champ » de la recherche
 Le bruit comme expérience sensorielle, une modalité de la présence au monde hors champ et
pourtant saisie et structurée par certains contextes, acteurs sociaux, etc.
 Comment circonscrire l'expérience pertinente ? Quelle place pour l'observateur ? Qu'est-ce que
l'expérience ?
 Comment catégoriser le bruit en sciences humaines ?
Le thème de la journée d’étude : Ethnographier le bruit
Date : Lundi 23 avril 2007.
Format : 40 minutes par intervention (20 min de présentation et 20 min de questions).
Lieu : Salle du conseil, UFR Lettres et Sciences Humaines (Carlone), LAMIC, UNSA.
Les propositions (une page maximum) doivent être envoyées au plus tard le 15 mars.
Contacts : VOILMY Dimitri ([email protected]) ; OTTAVI Marie-Noëlle ([email protected])
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