COP 21 :
J’AIME MA PLANETE ET L’HUMANITE, JE COMBATS LE CAPITALISME et l’IMPERIALISME !
Déclaration du POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE 24 novembre 2015
A l’approche de la conférence mondiale sur le climat, l’oligarchie capitaliste et les médias à sa
dévotion propagent l’idée que « la technique », la « production » et l’ « insouciance de chacun d’entre
nous » seraient les principales causes du dangereux réchauffement climatique d’origine humaine* ; en clair,
« le progrès », l’ « industrie » en général indépendamment des finalités sociales pour lesquelles elle est
organisée et, pour finir, « l’Humanité », sans considération de sa division en classes sociales, seraient les
principaux responsables des dérèglements et des pollutions qui affectent l’environnement et qui, par
contrecoup, mettent en péril la survie de l’humanité, de la biodiversité et peut-être même à terme de
l’ensemble des êtres vivants qui peuplent la planète bleue. Les militants franchement communistes et/ou
franchement progressistes que nous sommes ne nient nullement la gravité de la situation climatique et des
autres dérèglements d’origine humaine qui caractérisent les rapports de l’homme avec son milieu naturel à
l’époque de ceux que d’aucuns nomment l’Anthropocène**. Rejetant cette approche dépolitisante des
questions écologiques, les militants franchement communistes et progressistes du PRCF et ceux qui
s’associent à lui dans cette déclaration refusent de voir dans la lutte contre le réchauffement climatique
l’occasion d’une union sacrée derrière les féodalités financières et les Etats prédateurs qui dirigent le
monde et qui le pillent ces mêmes dirigeants qui occuperont vertueusement la tribune pendant la COP
21 ; refusant le piège consistant à opposer la fense du climat d’une part, le progrès social, le
« produire en France » et les avancées scientifiques d’autre part, le PRCF invite à mettre en accusation
l’impérialisme, ce stade de développement du capitalisme que Lénine qualifiait déjà de « réaction sur toute
la ligne » ; plus fondamentalement encore, le PRCF invite à dénoncer le mode de production
capitaliste dont Marx, le premier penseur qui, avec Engels, ait approché la dialectique de la nature et de
l’histoire de manière scientifique, disait déjà dans Le Capital :
« Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès, non seulement dans l’art d’exploiter le
travailleur, mais dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un
temps est un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité (…). La production capitaliste ne
développe donc la technique et la combinaison de processus de production sociale qu’en épuisant en même
temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur ».
Loin donc de faire chorus avec Hollande, que ce soit sur le terrain environnemental ou sur tous les
autres terrains, et pas davantage avec Obama, A. Merkel, Al Gore, etc., le PRCF appelle au contraire à :
Dénoncer en tous domaines le caractère exterministe du capitalisme contemporain ; il faut entendre
par que le capitalisme-impérialisme « moderne » est de plus en plus incompatible avec un
développement sain des forces productives, et plus généralement, avec la survie de l’humanité et de ses
conditions naturelles et socio-historiques d’existence ; on l’a vu sur le plan politico-militaire dans les
années 1980 où, dans le droit fil de la Seconde Guerre froide engagée par Reagan contre l’ « Empire du
Mal » (c’est-à-dire contre le camp socialiste), l’humanité a été aux portes de l’affrontement nucléaire mondial ;
le bloc occidental et lui seul portait alors le terrifiant slogan exterministe « plutôt morts que rouges » qui
servait à justifier la stratégie clairement revendiquée par Washington d’une « première frappe nucléaire
désarmante » contre l’U.R.S.S., et cela au risque de déclencher une escalade nucléaire qui eût à coup sûr mis
en péril l’avenir de l’homme et des autres vivants sur terre ; les mouvements pacifistes occidentaux
comme Pugwash démontraient alors qu’il eût suffi que les deux superpuissances nucléaires utilisent 15%
des stocks fuséo-nucléaires existants pour que les rejets de déchets radioactifs dans l’atmosphère
provoquent l’« hiver nucléaire » pendant plusieurs années, c’est-à-dire l’interruption prolongée de la
photosynthèse indispensable aux organismes tant soit peu complexes. Le chantage exterministe à la mort
de l’humanité n’ayant pas joué un petit rôle dans l’involution contre-révolutionnaire de l’U.R.S.S.,
l’exterminisme capitaliste a pris de nouvelles formes qui n’en mettent pas moins en péril l’avenir de notre
espèce et de l’ensemble de la biosphère. On le voit avec la mondialisation du chaos économique, la
déstabilisation de régions entières de la planète par l’aventurisme insensé de Washington et des pays de
l’O.T.A.N., le soutien direct ou indirect apporté par les puissances capitalistes et par leurs vassaux (Turquie
d’Erdogan, pétromonarchies, mais aussi gouvernement pronazi de Kiev…) aux pires mouvement fanatiques,
apocalyptiques et néonazis rêvant d’asservir l’humanité ou de l’anéantir. On le voit aussi avec
l’irresponsable politique économique « néolibérale » des sociétés multinationales : appuyé par l’O.T.A.N. et
par la toile d’araignée mondiale des bases états-uniennes, portée par les mécanismes monétaires et
financiers dictatoriaux du dollar, de la zone euromark et de la prétendue « dette souveraine », le
néolibéralisme cher à l’U.E. et au Grand Marché Transatlantique en gestation piétine le droit des nations à
disposer d’elles-mêmes, déclasse des millions d’ouvriers et de techniciens industriels à coups de
délocalisations, saccage la souveraine alimentaire (et la souveraineté en général…) ainsi que l’agriculture
paysanne et vivrière, déstabilise l’artisanat et le commerce de proximité, tout cela au seul bénéfice des
transnationales empoisonneuses de l’agroalimentaire et des prédateurs de la grande distribution
capitaliste.
Ajoutons à cela que l’euro-mondialisme néolibéral transforme la Santé, l’Education et les autres
services publics en marchandises en sacrifiant usagers et personnels, qu’il démolit la diversité culturelle et
linguistique mondiale en imposant partout sa langue unique (l’anglo-américain des affaires), sa « culture »
unique (celle de CNN, de Mac Do et d’Hollywood), sa politique et son économie uniques. Et comme l’avait
anticipé Marx, cette offensive générale du Capital, provisoirement débarrassé du contrepoids que
constituaient le camp socialiste et le Mouvement communiste international, n’attaque pas seulement
l’homme travailleur : n’ayant d’autres vraies règles que la marchandisation et la profitabilité universelle,
soumettant comme jamais la valeur d’usage à l’argent, elle va de pair avec d’immenses saccages
environnementaux provoqués par la course absurde au profit maximal : utilisation pernicieuse des O.G.M.
pour fidéliser, vassaliser et éliminer les petits paysans, détournement de l’agriculture pour favoriser les
agro-carburants, destruction des productions locales et explosion du transport (routier, maritime, aérien)
sous ses formes les plus polluantes et les plus dangereuses, privatisation insensée de l’électronucléaire
(Fukushima), marchandisation des « droits à polluer » dans le but de bloquer le développement des pays
pauvres, bref, absence totale de souci des besoins de la majorité des humains (près d’un milliard d’affamés !),
de l’avenir du vivant, de la terre, de l’eau, de l’air… et du corps humain lui-même que la techno-barbarie
capitaliste envisage de trafiquer dans le sens fascisant et néo-eugéniste du « transhumanisme ».
Stigmatiser le prétendu « capitalisme vert » : en particulier, il faut refuser la prétendue
« agriculture climato-intelligente » prônée par la Banque mondiale et portée par nombre de
transnationales et d’Etats capitalistes (dont la France) désireux de farder de vert leurs prédations anti-
écologiques. En réalité, ce projet qui risque d’être au cœur de la COP 21 a pour fin principale de
détourner vers les monopoles capitalistes de l’agroalimentaire et de la grande distribution capitaliste
d’énormes financement publics locaux, nationaux et supranationaux. Sous prétexte de « moderniser »
l’agriculture avec l’appui de « syndicats » agricoles aux mains des gros céréaliers, ce projet est typique du
redéploiement du capitalisme monopoliste d’Etat à l’échelle européenne et mondiale. Justement
dénoncé par la Confédération paysanne et par Via Campesina***, ce capitalisme vert vise hypocritement à
démanteler ce qui subsiste de l’agriculture paysanne, y compris en France, à détruire les productions
vivrières tournées ou pas vers le marché.
Porter ensemble une perspective révolutionnaire et communiste centralement porteuse d’un
souci écologique universel.
En France, il faut nationaliser les banques et le CAC-40, planifier démocratiquement la production,
étendre les droits des travailleurs et des usagers dans la Cité et à l’entreprise, remettre en perspective
l’urgence de la révolution socialiste pour la France ; c’est indispensable pour que les gains de productivité
permis par les avancées techniques et par le travail humain servent à reconstituer le « produire en
France » sur des bases éco-compatibles, pour en finir avec l’aberration anti-écologique de la loi
Macron, renationaliser à 100% EDF-GDF, les barrages, ports et aéroports, taxer le fret international
autoroutier transitant par la France pour financer la reconstitution d’un transport ferroviaire bon marché
et de qualité, remettre en place d’authentiques services publics, en particulier un O.N.F. et un ministère de
l’Equipement, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire dignes de ce nom. Et tout cela est
impossible sans que la France sorte au plus tôt de ces broyeurs capitalistes et impérialistes que sont la
zone euro, l’U.E. supranationale et l’OTAN. C’est dans cet esprit que le PRCF propose de forger un
F.R.A.P.P. (Front de Résistance Antifasciste, Patriotique et Populaire) qui est diamétralement opposé à l’ « union
sacrée » réalisée autour de Hollande, et, de plus en plus, autour de l’U.E. à laquelle se rallie rapidement
Marine Le Pen, par l’U.M.-Pen-S****.
Dans le monde, face aux projets visant à la fois à presser « intelligemment » la planète comme un
citron tout en déclassant massivement les ouvriers, les paysans, les agents des services publics, les artisans
et commerçants de proximité, il faut qu’ensemble, la classe ouvrière et la paysannerie revitalisent
l’alliance d’avenir de la faucille et du marteau, non seulement pour résister aux prédateurs exterministes,
non seulement pour que les travailleurs de la ville et des champs ne soient pas massivement réduits au rôle
dégradant de plèbe « rurbaine » abêtie et vivant dans un univers empuanti, mais pour porter le projet d’un
communisme de nouvelle génération fort d’une dimension écologique axiale ; il faut entendre par là, non
pas une quelconque répudiation des expériences communo-socialistes du passé (de Babeuf à l’expérience
mondiale née d’Octobre 1917***** et, s’agissant de la France, du Congrès de Tours, en passant par la Commune de
Paris), non pas la mise au rencart des principes marxistes-léninistes concernant la transition du capitalisme
au communisme, mais la prise en compte centrale, par le communisme de l’avenir, de cette nécessité
vitale pour l’humanité travailleuse de l’avenir : « commander à la nature en lui obéissant » (Francis
Bacon).
Cela nécessite d’écarter à la fois l’idée d’un impossible et très réactionnaire retour à « l’état de
nature » et l’idée symétrique d’une guerre à mort entre l’homme et la nature dont l’histoire humaine
est elle-même un dérivé. En effet, la production de demain, organisée sous l’autorité du Travail par des
nations libres coopérant à égalité et co-planifiant leur développement, devra à la fois en finir avec la loi de
la jungle dans le domaine social (c’est-à-dire avec la sauvagerie du capitalisme-impérialisme), et avec le mépris
théorique et pratique des conditions naturelles du développement humain. Une alliance stratégique des
véritables communistes prolétariens et des écologistes sincères, en entendant par là les écologistes
citoyens qui ne confondent pas la cause environnementale avec une posture de « distinction » sociale et de
ralliement à l’euro-fédéralisme, est donc pensable. Car pour porter un nouveau mode de production et de
consommation capable d’assumer la reproduction socialement construite des conditions
environnementales de la vie humaine, il faudra, non pas moins mais PLUS ET MIEUX de progrès humain et
de « lumières communes » : davantage de sciences et de technologies tournées au service de l’humain,
davantage de relocalisations nationales et locales, davantage de souverainetés nationales et de
coopération internationale, davantage de progrès social et de démocratie populaire, davantage de
socialisation en profondeur des moyens de production et d’échange, de rôle dirigeant de la classe ouvrière
associée aux autres couches travailleuses.
* Il est possible qu’une partie du réchauffement climatique ne provienne pas de l’activité humaine mais, par ex.
de l’activité solaire ; c’est un débat scientifique que les politiques comme tels n’ont pas à trancher ; mais il revient
aux politiques responsables d’agir sur ce qui pend d’eux : sur ce qui revient aux émissions de gaz à effet de serre
émis par l’homme par exemple.
** On entend par la nouvelle ère géologique que, selon nombre d’auteurs, la révolution industrielle a ouverte
en grand en faisant de l’homme un acteur (involontaire) du changement climatique, de l’acidification de l’Océan, etc.
*** cf. la Déclaration du 21 septembre 2015
**** Le débat existe dans le PRCF pour savoir si, étant donné les urgences environnementales, il ne faut pas que
le F.R.A.P.P devienne un « F.R.A.P.P.E. » (avec le E de « écologique ») pour que les écologistes qui refusent l’euro-
fédéralisme néolibéral et antirépublicain d’ « Europe-Ecologie-les Verts » puissent être partie prenante, autour du
mouvement ouvrier de lutte, du rassemblement des couches populaires et moyennes, des syndicalistes de lutte, des
patriotes républicains, des amis de la paix, de la démocratie, de la culture et du progrès social... Tel serait pour nous
l’esprit d’un « nouveau C.N.R. ».
***** Le monde entier reconnaît par ex. le rôle pionnier de Cuba socialiste dans le domaine environnemental.
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