Pour plus d’informations ou pour obtenir une interview, veuillez contacter : Saburi Chirimi : [email protected] ou + 254 721 569 369 Waiganjo Njoroge : [email protected] ou + 254 723 857 270 NE PAS PUBLIER AVANT LE 6 SEPTEMBRE 2016 À 00:01 GMT Selon un nouveau rapport, les pays africains ayant misé sur l’agriculture il y a dix ans ont enregistré une augmentation de leur production alimentaire, de leur PIB et de leur alimentation À l’occasion d’un sommet historique sur l’agriculture, un nouveau rapport préconise de miser sur les agriculteurs africains, tout en mettant clairement en garde sur les nombreux défis à venir NAIROBI, KENYA (6 septembre 2016) —Une décennie d’intense attention portée aux agriculteurs et à la production alimentaire au niveau national a permis « l’effort de développement le plus réussi » de l’histoire de l’Afrique, avec, pour les pays ayant fait les plus gros investissements, des bonds considérables dans la productivité agricole et la performance économique générale, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA). Ces éléments font partie des conclusions principales du Rapport sur le statut de l’agriculture africaine en 2016 (AASR) de l’AGRA, intitulé « Progrès vers une transformation de l’agriculture de l’Afrique subsaharienne ». Ce document fait un examen approfondi et implacable d’une période de dix ans qui s’est avérée incroyablement active pour l’agriculture africaine – une période que l’AGRA voit comme un prélude potentiel à de futures grandes avancées. L’analyse sert de lever de rideau au Forum de très haut niveau sur la révolution verte en Afrique (AGRF), qui se tiendra à Nairobi en présence de chefs d’État et de hauts responsables venant du monde entier. Cette analyse pourrait assurer des investissements se chiffrant à des centaines de millions de dollars à destination des agriculteurs africains souvent en difficulté. « Les dix dernières années ont démontré que l’agriculture est le chemin le plus sûr pour parvenir à une croissance économique durable et tangible dans tous les secteurs de la société – et particulièrement parmi les Africains les plus pauvres », estime la présidente de l’AGRA, Agnes Kalibata. « Les performances passées sont loin d’être parfaites », ajoute-telle. « De nombreux gouvernements font face à d’importantes contraintes budgétaires et beaucoup trop de familles d’agriculteurs ne disposent toujours pas des moyens de production de base comme les semences améliorées et les engrais. Mais les faits sont là : quand nous investissons dans nos agriculteurs et dans tout ce dont ils ont besoin pour réussir, l’ensemble de l’économie en bénéficie ». En Afrique, l’agriculture progresse enfin Le rapport relève que, « après des décennies de stagnation, une grande partie de l’Afrique jouit, depuis 2005, d’une croissance durable de la productivité agricole dont résultent des taux de pauvreté en baisse dans des pays comme le Ghana, le Rwanda, l’Éthiopie et le Burkina Faso. Le rapport note aussi que l’agriculture a eu l’impact le plus fort dans les pays qui ont rapidement adopté le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) créé en 2003. L’appel aux gouvernements africains à allouer 10 % du budget national à l’agriculture et à obtenir une croissance annuelle de 6 % dans le secteur a été l’une des composantes clés du PDDAA. Le rapport de l’AGRA explique que, même s’ils n’ont pas atteint la hausse escomptée de 10 %, les pays ayant rapidement adopté les objectifs du PDDAA ont vu la productivité des terres agricoles augmenter de 5,9 % à 6,7 % par an. Cette augmentation a ensuite contribué à faire progresser le PIB global à hauteur de 4,3 % en moyenne chaque année. Les pays ayant tardé à rejoindre le PDDAA ont enregistré entre 3 % et 5,7 % de croissance de la productivité agricole, et entre 2,4 % et 3,5 % de hausse de PIB. Pendant ce temps, les pays n’ayant pas suivi le PDDAA ont vu leur productivité agricole augmenter de moins de 3 % et leur PIB de seulement 2,2 %. La baisse de la malnutrition connaît une tendance similaire : les pays ayant rejoint le PDDAA enregistrent à ce sujet des baisses annuelles comprises entre 2,4 % et 5,7 %, contre seulement 1,2 % en moyenne pour les autres. Le gros avantage à soutenir rapidement l’agriculture en Afrique Les pays ayant mis en œuvre le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) ont enregistré une productivité agricole et une croissance du PIB plus importantes ainsi que des baisses de la malnutrition plus nettes que dans les pays n’ayant pas adopté le programme en signant les conventions du PDDAA. Les différences sont particulièrement significatives quand on compare les pays ayant signé ces conventions dans les premiers temps, entre 2007 et 2009, et les pays ne les ayant pas signées. Ces signataires précoces sont le Bénin, le Burundi, le Cap-Vert, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigéria, le Rwanda, la Sierra Leone et le Togo. Hausse annuelle de la production agricole et de la productivité des terres Adoption précoce : 5,9 % 6,6 % Non-adoption : 2,1 % - 2,9 % Hausse annuelle du PIB par habitant Adoption précoce : 4,3 % Non-adoption : 2,2 % Baisse annuelle de la prévalence de la malnutrition Adoption précoce : 3,1 %. Non-adoption : 1,2 % Source : rapport sur le statut de l’agriculture africaine en 2016, chapitre 2 « L’agriculture étant de nouveau une priorité du programme de développement de l’Afrique, les fondations ont été clairement établies pour permettre la renaissance de l’agriculture africaine, laquelle pourrait rapidement profiter à l’ensemble de l’économie », se félicite David Ameyaw, l’un des principaux auteurs du rapport et par ailleurs responsable du suivi et évaluation pour l’AGRA. Il indique que le rapport démontre que de nombreux agriculteurs « ont plus de choix dans les semences qu’ils plantent, dans les engrais qu’ils utilisent et dans les marchés disponibles pour l’achat de leurs produits. » Mais les experts de l’agriculture africaine qui ont contribué au rapport tiennent à préciser qu’on est encore loin du compte. Le rapport souligne que l’Afrique demeure « le continent ayant la plus forte insécurité alimentaire, avec des niveaux relativement faibles de productivité agricole, de faibles revenus en milieu rural, de forts taux de malnutrition et une balance commerciale alimentaire qui se dégrade. » Des tendances inquiétantes, mais des opportunités en nombre « Le développement agricole est très inégal à travers le continent », affirme Thomas S. Jayne, professeur d’économie spécialisé dans l’agriculture, l’alimentation et les ressources à l’université de l’État du Michigan et coauteur du rapport. « Là où il y a une bonne combinaison d’interventions, il procure des opportunités économiques considérables et permet des progrès vers des étapes fondamentales de développement telles que l’amélioration de la nutrition. Mais là où il est négligé, l’agriculture continue de faire obstacle à la création d’une croissance économique plus durable et équitable en Afrique subsaharienne. » Dans l’ensemble, le RSAA 2016 détaille un large éventail de tendances touchant l’agriculture africaine, certaines inquiétantes et d’autres révélant des opportunités pour transformer un secteur, dont les faibles réussites demeurent éloignées de son fort potentiel. Parmi les conclusions clés du rapport : Si les investissements publics dans l’agriculture ont augmenté, le financement public devrait tout de même être quatre fois supérieur à ce qu’il est actuellement. Les investissements publics annuels dans l’agriculture ont augmenté sensiblement à travers l’Afrique, passant d’une moyenne de 186,4 millions USD par pays entre 1995 et 2003, à 219,6 millions USD entre 2008 et 2014. Pourtant, seulement 13 pays africains ont atteint ou dépassé leur engagement à investir au moins 10 % des fonds publics dans l’agriculture. Si tous ceux qui s’y étaient engagés pouvaient tenir leur promesse – ce que les demandes concurrentes et les contraintes budgétaires rendent difficile –, le financement public de l’agriculture en Afrique passerait de 12 milliards USD (le montant alloué en 2014) à 40 milliards USD. Une croissance agricole diversifiée va générer de l’emploi et de la richesse à long terme ; l’industrie agricole doit se développer au-delà des champs. L’agriculture, qui constitue une source clé de revenus pour 60 à 65 % de la population active subsaharienne, va demeurer une source majeure d’emplois dans la plupart des pays pendant au moins une décennie, en particulier pour les plus pauvres du continent. C’est pourquoi la croissance agricole est beaucoup plus efficace que celle d’autres secteurs en matière de réduction de la pauvreté. Le rapport relève cependant que, pour obtenir une poussée économique sur le long terme, la croissance agricole doit déclencher une hausse des emplois industriels. Cela a été le cas en Asie du Sud-Est, mais pas encore en Afrique. L’industrie représente seulement environ 10 % des emplois de la région, moins que partout ailleurs dans le monde, à l’exception des États arabes. Exploiter le potentiel de l’agriculture africaine aura un coût. Cela pourrait nécessiter 315 à 400 milliards USD d’investissements publics et privés au cours des dix prochaines années, à destination de tous les aspects de la production et de la transformation alimentaire, du marketing et du transport. L’agriculture africaine doit réduire l’écart entre les rendements actuellement obtenus et la quantité pouvant être effectivement récoltée. Dans près de 65 % des terres arables de l’Afrique, le sol ne dispose pas des nutriments nécessaires. De plus, de nombreux agriculteurs n’ont pas les moyens de production et le savoir technique pour leur redonner vie. Ces pertes de po revenus potentiels s’élèvent à 68 millions USD pour les agriculteurs africains. À titre d’exemple, les agriculteurs africains cultivant des variétés nouvelles et améliorées de maïs et autres cultures améliorent leurs rendements de 28 % en moyenne, contre 88 % en Asie. L’Afrique rurale et urbaine est de plus en plus connectée à l’agriculture. Les consommateurs urbains représentent un marché lucratif pour les produits alimentaires, lesquels pourraient valoir 1000 milliards USD d’ici 2030 et générer ainsi d’importantes opportunités de revenus et d’emplois pour les agriculteurs africains et les entreprises alimentaires – même si la demande est actuellement satisfaite grâce à une forte importation de produits alimentaires. L’agriculture est de plus en plus perçue par les citadins comme un business. Les données provenant du Ghana, du Kenya, du Malawi, du Rwanda, de la Tanzanie et de la Zambie montrent que les foyers urbains contrôlent 15 à 35 % des terres agricoles de l’Afrique. Cela permet d’injecter davantage de capital et de technologie dans l’agriculture africaine, mais cela accroît aussi la concurrence pour les terres. Obtenir des financements pour améliorer la production reste un important défi pour les Africains résidant en milieu rural. Si le rapport note un développement prometteur de produits tels que l’assurance-récolte liée aux indices météorologiques, les programmes de prêts agricoles qui partagent les risques entre les participants et les utilisations innovantes de services bancaires et de microfinance sur téléphonie mobile, seulement 6 % des foyers ruraux subsahariens empruntent auprès d’institutions financières traditionnelles. Les investissements alloués à la recherche agricole et aux services de vulgarisation ont chuté précisément au moment où ils étaient le plus indispensables. Alors que le changement climatique entraîne une forte demande de variétés de cultures et d’autres innovations pouvant aider les agriculteurs à s’adapter, les investissements ne suivent pas. Par exemple, les dépenses en Zambie, au Malawi et en Tanzanie en 2014 ne représentaient que 1,4 % ou moins de l’ensemble du budget alloué à l’agriculture. L’Afrique a la plus vaste population de personnes âgées de moins de 20 ans. Ces dernières pourraient fournir le capital intellectuel nécessaire à une croissance majeure du secteur agricole. Souvent vue comme un fardeau plutôt qu’un avantage, la bonne combinaison de politiques et d’investissements publics peut créer une large gamme d’opportunités économiques de nature à permettre à l’Afrique de récolter les dividendes démographiques d’une population active incroyablement jeune. Inversement, si les gouvernements ne se concentrent pas sur des politiques intégrant la jeunesse à l’agriculture, les auteurs estiment qu’un taux élevé de chômage ainsi qu’un fort désenchantement des jeunes pourrait être à prévoir. En fin de compte, l’Afrique est, en 2016, un continent qui réalise des progrès notables en vue de la pleine exploitation de son potentiel agricole, mais il reste un long chemin à parcourir. Les ambitieux objectifs d’éradication de la faim et de réduction drastique de la pauvreté en Afrique d’ici 2030 sont atteignables. Mais cela nécessite un leadership politique fort au niveau national, soutenu par des engagements importants des pays donateurs et des institutions internationales ainsi que des investissements fiables en provenance du secteur privé. « Malgré une décennie sans précédent de très forte croissance à travers le continent, beaucoup reste à faire pour consolider ces améliorations et véritablement mener la transformation agricole nécessaire au développement de l’Afrique et assurer une vie meilleure à tous », précisent les auteurs. « La bonne nouvelle est que le dynamique secteur agricole, même s’il n’est pas la solution à tous nos problèmes, va manifestement promouvoir la sécurité alimentaire et les opportunités économiques pour tous les Africains. » L’ancien président de l’AGRA, le Dr Namanga Ngongi, qui préside le conseil d’administration du Partenariat africain pour l’engrais et l’agrobusiness, explique que le rapport doit jeter les bases d’une réunion fructueuse entre les responsables politiques et les experts agricoles à Nairobi cette semaine. « J’espère que cette analyse incisive de l’état actuel de l’agriculture africaine entraînera un débat passionné et approfondi sur les types d’investissements et d’initiatives dorénavant requis pour faire de la transformation de ce secteur une réalité », dit le Dr Ngongi. ###