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La culture et l'économie étaient liées dans le passé, mais aujourd'hui il semble qu'elles soient
inextricablement liées, de sorte que certains auteurs pensent que la culture et l'économie ne
peuvent être considérées comme des systèmes indépendants l'un de l'autre et que les frontières
qui les distinguent traditionnellement ont été gommées. Peut-être dira-t-on la même chose des
autres systèmes, mais ce n'est pas l'objet de notre propos dans ce rapport. Ce lien entre la
culture et l'économie se reflète dans deux processus connexes : l'" acculturation " de
l'économie et l'économisation du culturel.
La culture a toujours joué un rôle majeur dans l'économie, en définissant l'orientation et les
dimensions du développement économique. Les types d'organisation, le rapport au travail, les
modèles de distribution, la production et le transfert des connaissances, et d'autres facteurs
économiques essentiels sont indissociables de la culture. Pourtant, lorsque nous disons que
l'économie est " acculturée ", nous ne soulignons pas le rôle de la culture, mais le fait que
celle-ci a été le moteur de l'économie dans la seconde moitié du XXe siècle, tout comme le fut
l'automobile dans la première moitié. Et de fait, la croissance de ce secteur de l'économie que
nous appelons l'industrie culturelle a été formidable, et cette industrie demeure la composante
la plus prospère des économies européennes, son taux de croissance annuelle pouvant
atteindre 8 %. Nul besoin de statistiques pour vérifier cette assertion : le cinéma,
l'enregistrement sur disque ou sur bande, les médias imprimés et électroniques et l'édition,
pour ne nommer que ceux-là, sont devenus ces dernières années les facteurs économiques les
plus importants. C'est le segment le plus visible de l'économie culturelle, mais il est
intéressant de mentionner cet autre segment, non moins important, qui fait de plus en plus de
place au design et au marketing dans la vente des produits. La transformation esthétique du
produit le plus banal et le rapprochement du marketing avec les habitudes de vie et les
ensembles de définitions forment aujourd'hui une composante majeure du processus
économique. À titre d'exemple, on se bornera à dire que dans beaucoup de cas, les entreprises
qui sont considérées comme des producteurs ne produisent en réalité que des images (au sens
originel du terme), ce qui est fondamentalement un processus culturel.
Or, qu'arrive-t-il à la culture dans ces circonstances, c.-à-d. lorsqu'elle devient un facteur
économique de plus en plus important? C'est la question qui nous intéresse ici. Par-dessus
tout, les mesures et les critères qui régissent le système économique deviennent de plus en
plus importants dans le domaine culturel. Les recettes des salles de cinéma, les recettes des
ventes et la fréquentation sont les mesures fondamentales du succès dans les industries
culturelles. Les termes utilisés dans les discussions sur la culture sont des termes
économiques, p. ex. ressources, viabilité, développement, faisabilité, etc. Cet usage a
naturellement un impact sur la démarche créatrice dans la culture et sur les critères appliqués
dans ce domaine. Par exemple, les artistes, les érudits, les chercheurs, les écrivains et les
philosophes se livrent de nos jours à des activités de création en étant pleinement conscients
de l'effet commercial que peuvent avoir leurs oeuvres. Avant même que ne débute la
démarche créatrice, on définit les groupes cibles auxquels sont destinés les oeuvres ou les
ouvrages, on fait des analyses coûts-avantages, on met sur pied des groupes de discussion et
on emploie tous les mécanismes disponibles dans l'économie. Cette façon de faire découle de
la logique du marché, à laquelle obéit également le domaine de la culture. Donc, dans une
perspective de paradigme, le cadre de notre analyse est défini ici par l'acculturation de