iii. les troubles du developpement du langage - Sylvie Castaing

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Sylvie CASTAING
Enseignante Spécialisée
2004/2005
1
Sommaire :
I. Langue, langage, parole et communication : définitions.
A) Langage
B) Parole
C) langue
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II. Le développement normal du langage chez l’enfant et
limites pathologiques
A) Quelques repères généraux
B) La période du langage
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III. Les troubles du développement du langage
A)
B)
C)
D)
E)
Repères généraux :
Les troubles de l’articulation
Le retard de parole
Voix et débits de parole
Retard simple de langage
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IV. pathologies de langage oral
A) Repères généraux
B) Dysphasies
c) Aphasies
d) Autisme
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V. Les pathologies particulières
A) Le bégaiement
B) Le mutisme
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I. Langage,
définitions.
langue,
parole
et
communication :
A) Langage :
Capacité cognitive permettant à l’être humain d’exprimer sa pensée et de
communiquer au moyen de signes oraux.
Par extension, les signes non verbaux servant à communiquer.
B) Parole :
« Usage concret de la langue par les locuteurs, celle ci étant conçue comme un
système abstrait » (Grand Larousse ling.)
La parole est un phénomène individuel.
C) Langue :
Code de communication abstrait, sous tendant tout acte de communication orale.
« La langue est un phénomène social. C'est une convention de communication qui
permet aux membres d'une même communauté de se comprendre ».
( http://www.fsj.ualberta.ca/beaudoin/LINGQ200.htm )
II. Développement normal du langage chez l’enfant et
limites pathologiques :
A) Quelques repères généraux :
Le pré
langage
jusqu'à 12-13 mois, parfois
18
Le petit
langage
de 10 mois à 2 ans ½ - 3 ans
Le langage
à partir de 3 ans.
3
Age
Indications
Limites pathologiques
Absence ou perte du babillage:
3-7
mois
Babillage: sons et vocalisations
Syllabes redupliquées: bababa,
papapa…
 surdité
 Infirmité Motrice
Cérébrale
 Encéphalopathie
 Trouble de la personnalité
A
partir Premiers mots-prédicats (lien mot- Aucun mot à 24 mois + problème de
de
objet-intention)
compréhension
9mois
Premières combinaisons: phrases à
18mois 2-3mots juxtaposés sans termes
grammaticaux ("pati papa")
Grammaticalisation du discours :
 premières prépositions (à, de,
27 mois
pour)
 pronoms personnels (je, tu, il
puis nous)
3 ans
Acquisition du genre et du nombre
dans l'emploi des articles,
Adverbes et prépositions spatiales,
Pronoms personnels singuliers et
pluriels 1ères et 3ème personne.
Utilisation des auxiliaires être et
3ans1/2 avoir,
Adverbes et prépositions de temps.
6 ans
Plus de 1500-2000mots,
Usage des pronoms compléments
avec adéquation du genre et du
nombre: "cette pomme, je vais la
manger" ,
Utilisation correcte du conditionnel
et du subjonctif.
Non employées à 30 mois
Retard de structuration de
l'expression.
Non maîtrisé à 2 ans et demi.
Non maîtrisés à 3 ans et demi 4ans.
Non utilisés à 3 ans et demi
Non maîtrisés après 6 ans.
Non maîtrisé à 7 ans.
D’après Jérôme GRONDIN.
http://perso.wanadoo.fr/jerome.grondin/
4
B) La période du langage :
2½ ans à 3 ans
(30 à 36 mois)
3½ ans à 4 ans
(42 à 48 mois)
4 ans à 5 ans
(48 à 60 mois)
Est au stade du
jeu symbolique,
jeu en interaction.
Précurseurs
Est capable de
catégoriser par
champs
sémantiques.
Fait encore
quelques erreurs
de sons mais
devrait être
compris la plupart
du temps par les
étrangers.
A encore de la
difficulté avec les
groupes de
consonnes (train,
porte, fleur,
plancher)
A encore de la
difficulté avec les
CH, J, R et les
groupes de
consonnes
A encore de la
difficulté avec les
mots longs et
complexes
Sons
Tous les sons sont
présents à 4 ans
sauf les CH, J, R
Peut parler "sur le
bout de la langue"
Indice de
problème: vous ne
le comprenez pas
Utilise des mots
plus longs (3-4
syllabes) mais des
erreurs peuvent
se retrouver dans
la prononciation
Mots
5
Fait des phrases
de 3 à 5 mots
Fait des phrases
simples complètes
Fait des phrases
complexes avec
des qui, que, parce
que, et (pis), après
Tous les mots sont
présents (pas
d'omissions)
Phrases
Respecte l'ordre
des mots
Les verbes sont
conjugués
Vocabulaire
Utilise les mots
moi/toi, un/une,
le/la mais peut
faire des erreurs
de genre
Utilise les mots
je/tu, il/elle (i/a)
Indice de
problème: Cherche
beaucoup ses
mots, au point de
nuire à la
compréhension du
message
A le goût de
parler
Est capable de
raconter un
événement qui
l'intéresse
Peut exprimer ses
sentiments, ses
idées
Utilisation
Peut raconter une
histoire à partir
d'images et être
attentif à une
histoire plus
longue
Peut voir ce qui
est absurde sur
une image et
l'expliquer
A moins besoin
du contexte
Compréhension
Comprend bien
sauf les notions
plus abstraites
(temps)
Indice de
problèmes:
écholalie, enfant
dans la lune.
Indice de
problème: répond
en dehors du sujet
6
Peut suivre 2-3
consignes en ordre
Mécanisme oral
périphérique
Indice de
problème:
mauvais contrôle
salivaire
Peut avoir des
hésitations
normales
Indices de
problème de
bégaiement:
blocages,
tensions,
mouvements
associés
hésitations
ou
répétitions
tellement
importantes
qu'on ne
comprend
plus le
message
Parole
Attention: il peut
s'agir d'un
problème même si
ces difficultés
apparaissent de
façon
intermittente ou
lorsqu'elles
semblent liées au
stress ou à la
fatigue
7
Indice de
problème:
beaucoup
d'hésitations dans
le discours
Indices de difficultés à tous les âges

Audition

1-1½ an : ne se retourne pas quand on l’appelle
par son nom (dos, intensité normale)
3-4 ans : confond des mots qui se ressemblent
(ex. : bateau-auto-moto)

Attention: un enfant ayant une perte légère à
modérée peut entendre mais ne pas percevoir
certaines subtilités auditives (bruit ambiant,
faible intensité, fréquences variées)
Contact visuel



Ne regarde pas la personne qui lui parle
Regard " étrange "
Souvent indice de trouble de compréhension
Comportements




Passif, peu curieux
Ne recherche pas le contact avec les gens
Crises
Autostimulation et fascinations (miroir, objets
qui tournent, aligner des objets)
Peu de conscience du danger

Mutisme

À 2 ans, ne parle pas encore ou s’exprime
seulement par des gestes
Goût de communiquer

ne fait pas de demandes, n'attire pas notre
attention pour montrer quelque chose, ...
Conscience des
difficultés



frustration
gêne
refus de parler
Voix

voix rauque ou éteinte qui persiste
8
III. LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT DU
LANGAGE:
A) Repères généraux :
Trouble d'articulation isolé:


1. sygmatisme: (schlintement,
zézaiement.;etc)
2. assourdissement des
consonnes sonores


Associé on non selon les cas à:
une dysmorphose dentaire
un trouble des fonctions buccales
(déglutition, habitudes de succion,
respiration buccale etc.)
brièveté du frein de la langue
une dyspraxie bucco phonatoire
 dysmorphoses labio-palato-vélaire:
(division palatine, division sousmuqueuse, bec de lièvre)
 insuffisance vélaire
 surdité de transmission (otites
récidivantes, dysperméabilité
tubaire..etc)
Troubles de la prononciation et de
l'articulation:l'articulation, le timbre
de voix et parfois la voix elle-même,
la prononciation peuvent être
touchées.
 Problème d'attention et de
perception auditive, ambiance
familiale bruyante,
 Otites récidivantes.
Retard de parole simple:
l'ensemble de la prononciation est
approximative et présente des
erreurs sur les mots.
 Facteurs bio-psycho-sociaux:
carences éducatives, relationnelles,
mère dépressive, manque de repères
affectifs, problèmes culturels, retard
de maturation, inhibition,
hyperactivité avec attention
déficitaire.
Retard de parole et de langage:
persistance du parler du jeune
enfant, morphosyntaxe simple
 Facteurs bio psychosociaux:
inhibition/hyperactivité, retard de
langage, aspects socio émotionnels,
conditions de communication intra
familiale, trauma psychique
souvent invoqués
Bégaiement et dysfluences
9
B) Les troubles de l'articulation:
1. Repères :
 Déformations phonétiques isolées
 Généralement déformation des consonnes
 Généralement un même phonème est toujours déformé, et de la même
manière.
2. A distinguer :
 zozotement ( ou zézaiement ou sigmatisme interdental): l'extrémité de la
langue reste trop près des incisives ou entre les dents.
 schlintement (ou sigmatisme latéral) caractérisé par un écoulement d'air
uni ou bilatéral.
 repérage des confusions: ch/z, ch/s, j/z, f/v, f/s, t/k.
 confusion sourde/sonore: p/b, f/v, t/d, ch/j, s/z. (pouvant laisser entrevoir
une difficulté d'audition).
 l mouillé ill.
3.Indications :
 fréquent et banal jusqu'à 5 ans.
 Au delà de 5 ans, proposer une aide. L’aide proposée sera fonction des
hypothèses effectuées.
4. Quelques hypothèses possibles :
 Difficultés psychoaffectives : immaturité psychologique, refus de grandir,
refus de la séparation, régression, jalousie…
 Difficultés auditives
 « Maladresses motrices de la zone linguo-buccale. »
C) Le retard de parole:
1. Repères :
 Modification du nombre, de la quantité, de la succession des phonèmes
d’un mot.
 Les transformations vont dans le sens d’une simplification et de l’économie
articulatoire (ex : train/crain).
 Les erreurs ne sont pas constantes
 Chaque phonème peut être prononcé correctement de manière isolée.
 Pas de retard dans l’apparition de la parole
 Souvent associé aux troubles articulatoires
 Souvent associé au retard de langage
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2. A distinguer :
 des confusions phonématiques portant soit sur les consonnes constrictives
(j ch, z s) ou occlusives (d t, g k), soit sur l'inversion de ces dernières (f,
p, z d), soit sur les voyelles (an a, in é, oua a);
 Une absence de modification de point d’articulation d’une syllabe à l’autre
(couteau/touteau).
 l'omission des finales (pour pou).
 la simplification de phonèmes complexes en finale ou à l’intérieur d’un
groupe complexe : arbre/abe.
 le déplacement de certains phonèmes (lavabo valabo);
 des assimilations.
3. Repères généraux :
Âge de l'enfant
Indices et Manifestations du retard de parole
3 ans
Laisse tomber la dernière syllabe des mots.
4 ans
Ne prononce pas les sons « f, v, s, z, k, g » (le «g» dur comme
dans « garçon »).
Déforme tellement la prononciation des mots qu'on ne
comprend pas ce qu'il dit.
5 ans
Change certains sons pour d'autres, de façon inconstante (il
peut dire « t » dans « tapis », mais il dira « poi » plutôt que
« toi »).
Oublie des syllabes dans les mots longs (3 syllabes et plus).
L'enfant de 5 ans peut avoir encore des difficultés avec les sons
« ch, j et r », prononcer les « s et z » « sur le bout de la langue »
et ne pas avoir de retard de parole, car c'est à 7 ans que l'enfant
devrait posséder correctement tous ces sons.
7-8 ans
Parle « sur le bout de la langue » pour les sons « s, z » et souvent
pour le « ch, j ».
On appelle ce phénomène un sigmatisme interdental et il est
souvent associé à une déglutition atypique, c'est-à-dire que
l'enfant pousse sur ses dents quand il avale.
Tableau de Carmen PHENIX
Orthophoniste canadienne.
4. Quelques hypothèses :
 difficultés motrices,
 déficit auditivo-perceptif,
 trouble de la structuration auditivo-temporelle (rythme),
 difficultés de repérage spatio-temporel,
11
 mauvaise intégration du schéma corporel,
 difficultés de mémorisation,
 problèmes de maturation psychoaffective avec symbiose langagière
mère/enfant. Hypothèses de difficulté de séparation et d’individuation.
Dans ce cas, une prévention est possible au moment même de l’entrée de
l’enfant à l’école.
5. Indications :
 Sans signification jusqu'à 5 ans mais pouvant faire l’objet de prévention
des facteurs de risque
 Persistance après 5 ans : proposition d’aide adaptée en fonction des
hypothèses effectuées.
D) Voix et débits de parole:
1. Phonation hypertonique ou raucité chronique infantile :
Fréquente de 4 à 14 ans.
 Registre grave
 Intensité forte,
 Articulation réduite,
 Débit rapide
 Timbre rauque
Quelques hypothèses :
 effort vocal ponctuel ou permanent,
 mimétisme chez les enfants du père ou mère dysphoniques.
2. Insuffisance vélaire :
Elle est soit organique soit acquise et se traduit par des troubles articulatoires et
des troubles de la voix.
E) Retard simple de langage:
1. Définitions :
Retard dans la chronologie normale des acquisitions langagières sans déficience
intellectuelle, surdité ou organisation psychotique et se distinguant par
l’apparition la première phrase après 3 ans, et un « parler bébé » durable avec
perturbation de l’organisation syntaxique de la phrase.
2. Repères généraux :
 Apparition tardive du premier mot, du mot-phrase, de l’assemblage des
mots, des pronoms (ex du « je » utilisé vers 4 ans.
 Vocabulaire réduit.
 Pas d’utilisation de phrases complexes, non respect de l’ordre des mots,
utilisation de la troisième personne au lieu de « je ».
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3. Manifestations variables :
 trouble dans l'ordination des mots de la phrase;
 erreur de construction grammaticale (agrammatisme);
 verbe employé à l'infinitif;
 mauvaise utilisation du pronom personnel;
 confusion masculin / féminin;
 omissions de mots, fausses liaisons, barbarismes etc... (ature papa pati la
voiture de papa est partie).
La compréhension est en général assez bonne ou souvent meilleure que
l’expression, mais son évaluation chez le jeune enfant est parfois difficile.
Âge de l'enfant
12 à 15 mois
Manifestations de retard de
langage expressif
Manifestation de retard de
langage réceptif
Ne fait pas de gestes pour Ne comprend pas ce qu'on lui dit.
exprimer ce qu'il veut.
Ne pointe pas du doigt.
18 mois
Ne dit pas de mots.
N'imite pas les gestes ou les
mots.
Ne se retourne pas quand on dit
son nom.
2 ans
Ne parle pas ou ne dit que Ne comprend pas des petits
quelques mots.
ordres simples (va chercher le
camion).
N'est pas compris par les
membres de sa famille.
Ne peut pointer les images
d'objets courants dans un livre.
N'a
pas
le
goût
de
communiquer.
3 ans
Ne fait pas de petites phrases Ne comprend pas des phrases
à 3 mots.
longues (va chercher ton pyjama
dans ta chambre).
N'est pas compris pas les
étrangers.
Ne comprend pas les questions
(où ?, quand ?), les adjectifs (gros,
petit), les prépositions de lieu
(sous, sur, dans, etc.).
13
4
Fait des erreurs de grammaire
ans dans la phrase (ex. il emploie le
« moi » plutôt que le « je », il oublie
les mots de relation, les auxiliaires
verbaux).
Ne comprend pas le sens d'une histoire.
Ne comprend pas les concepts de
quantité (un peu, plusieurs, beaucoup,
etc.) ou les notions de temps (passé,
présent, futur) au niveau des verbes (il a
mangé, il mange, etc.).
5
A peu de vocabulaire.
Ne comprend pas
ans
données en groupe.
N'a pas une grammaire et une
syntaxe comme l'adulte.
les
explications
Ne peut raconter une histoire.
6
Ne fait pas de phrases élaborées Ne comprend pas le vocabulaire
ans (parce que, avant que, etc.).
abstrait, les figures de style, etc.
Tableau de Carmen PHENIX
orthophoniste.
4. Difficultés pouvant être associées :
 perturbation dans l'espace;
 perturbation dans le temps;
 mauvaise organisation du schéma corporel;
 nécessité d'apports extra verbaux pour une compréhension satisfaisante;
 intelligence portant sur une saisie concrète des problèmes.
5. Indications :
 Evolution souvent moins favorable que les troubles de la parole.
 Dans le cas d’un retard sévère : rééducation orthophonique dès 4 ans.
 Un bégaiement, une dyslexie ou une dysorthographie peuvent succéder au
retard de langage.
IV. PATHOLOGIES DU LANGAGE ORAL :
A) Repères généraux :
Dysphasies:
 Notion de langage retardé
Facteurs cérébraux constitutionnels (origine
 Notion de durabilité
génétique?) aggravés par facteurs
malgré stimulation et
psychosociaux
rééducation
 Signes de déviance
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Dyspraxies:
Trouble des coordinations motrices
internes=>"mauvais équipement pour agir" :
 conséquences sur la parole si
dyspraxie bucco faciale,
 conséquences sur le langage si tr.
d'attention, hyperactivité,
perturbations émotionnelles,
 problème de référencialisation de
l'action qui a du mal à être
mentalisée et mise en mots.
Facteurs cérébraux
constitutionnels (origine
génétique?) aggravés par facteurs
psychosociaux
Troubles à étiologie connue :
Trouble touchant l'ensemble du développement de
la parole et du langage selon la gravité de la
surdité, sa précocité, son caractère évolutif ou non,
les facteurs bio-psycho-sociaux associés.
Q.I. performance et verbal abaissés mais
spécificités cognitivolangières (jusqu'à
l'impossibilité d'un développement du langage)
suivant le type et la gravité de la déficience
mentale et les facteurs bio-psycho-sociaux
associés.
Problème des déficiences mentales éventuelles
associées et du développement moteur et
psychomoteur.
 IMC-IMOC-Polyhandicap
 aphasie congénitale
 retard, absence ou régression du
développement du langage
 Aphasie acquise de l'enfant
 Troubles de la communication verbale, de
la parole et du langage après traumatisme
crânien
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 Surdités de perception
 Déficiences mentales
 Pseudo débilités
environnementales
 Lésions cérébrales
congénitales
 Syndromes
épileptiques (West,
Lennox-Gastau,
Landau-Kleffner)
 Lésion cérébrale acquise
 Autisme et autres syndromes autistiques:
trouble du langage, trouble de la
communication, de l'intentionnalité et de la
cognition sociale accompagnés ou non de
troubles psychomoteurs et cognitifs ou de
retard mental
 Problème des traits comportementaux:
inhibition, hyperactivité réactionnelle,
appétence à la communication verbale ou
non verbale, à l'assimilation d'un code
linguistique.
 Dysharmonies cognitives
 Troubles envahissants
du développement
(TED)
 Pathologies
psychiatriques de
l'enfant: psychoses,
anxiété, trauma
psychique, dépressions,
névroses
Jérôme Grondin
http://perso.wanadoo.fr/jerome.grondin/
B) Dysphasies :
1. Repères généraux :
Les dysphasies de développement se définissent comme un trouble sévère et
spécifique du développement du langage oral (TSDLO) et correspondent à des
dysfonctionnement précoces, graves et durables.
On peut trouver des difficultés allant du simple retard de langage aux
perturbations graves et à l'absence totale de langage.
On peut distinguer
 des troubles portant sur l’expression,
 des troubles touchant à la fois la compréhension et l’expression
 des formes altérant le processus de traitement central et de la formulation.
Sous le terme de "dysphasies graves" on regroupe des perturbations sévères du
langage altérant l'expression, mais aussi la compréhension et persistant après 6
ans.
2. Repérer et dépister :
Repérer de manière précoce demande d’être au clair avec le développement des
compétences langagières et de leurs précurseurs..
L'analyse du langage (niveau de compréhension, capacité phonologique, richesse
du vocabulaire, qualité syntaxique) ne permet pas toujours de distinguer le
retard simple de langage qui disparaîtra progressivement vers 6/7 ans, d'une
dysphasie grave qui persistera une grande partie de l'enfance.
16
Si la forme phonologique reste pure, l’atteinte limitée à quelques aspects de
l’expression, et le retard modéré le pronostic tendrait à être favorable. Si le
trouble s’étend à tous les aspects de l’expression et à la compréhension, le
pronostic tendrait à être défavorable. Le diagnostic de retard simple, qui
implique un pronostic favorable, reste délicat.
La survenue de difficultés d’apprentissage du langage écrit (dyslexie de
développement) est rare dans l’évolution d’un retard de langage (environ 10 %)
mais est beaucoup plus fréquente dans les dysphasies (quasi 90% des cas)
Indices prédictifs et facteurs de risque pour les
enfants présentant un retard de langage.
Productions verbales :
 taille du lexique
 composition du lexique
De la compréhension:
 Un retard de six mois ou plus dans le développement du
langage réceptif et expressif.
 Déficit de la compréhension,
De la phonologie:
 un nombre limité de vocalisations pré linguistique,
 babillage constitué d'un répertoire limité de consonnes
 premier lexique constitué de moins de 50% des
consonnes correctement produites avec des erreurs dans
la production des voyelles (répertoire limité) et des
structures syllabiques restreintes ou réduites
De l'imitation:
Impossibilité à imiter des combinaisons de mots même avec
l'utilisation d'indices ou de moyens de facilitation
De jeu:
Enfant restant dans des jeux de manipulation, sans investir le jeu
symbolique
Des gestes:
En résumé, les enfants utilisant peu ou pas de ces gestes
complémentaires ou symboliques pour accompagner leurs mots
isolés, dans le but de communiquer un sens plus complexe.
17
Des habiletés sociales:
 les enfants présentant des problèmes de comportement.
 les enfants rencontrant des difficultés de socialisation et
d’intégration par rapport aux pairs et davantage en
interaction avec l’adulte
Autres :
 Une histoire familiale avec des troubles de langage ou
d'apprentissage
 Parents très inquiets ou disqualifiés
D’après la présentation de Jacinthe Dupré SAVOY
de l’article suivant :
« Recommending Intervention for Toddlers With Specific Language Learning Difficulties: We May
Not Have All the Answers, But we Know a Lot"
(L.B. Olswang, B. Rodriguez, G. Timler. University of Washington, Seattle. American Journal of
Speech-Language Pathology,
1998, Vol 7, N° 1.
3. Description clinique:
Signes communs constants :
 Le Q.I. non verbal est normal.
 La communication non verbale est normale et souvent accompagnée d’une
gestuelle riche.
 Pas de troubles relationnels massifs. Hyperkinésie réactionnelle fréquente.
 L’expression reste inintelligible au-delà de 6 ans : avec des difficultés
phonologiques, et syntaxiques .
 Pas de retard mental associé, de trouble massif du comportement et de la
communication non verbale, pas de déficit sensoriel (en particulier auditif),
pas d'atteinte motrice, pas de carences affectives ou éducatives graves.
4. Indications :
Pour établir un diagnostic de dysphasie il est nécessaire de vérifier les points
précédents, et pour ce faire, il est nécessaire de conseiller :
 Un bilan orthophonique
 Un examen médical
 Un examen ORL
 Des examens neurologiques et neuroradiologiques (EEG, IRM)
 Un examen psychiatrique
 Un examen psychométrique
 Un examen psychomoteur (hyperactivité ou dyspraxie associée)
18
5. L'approche
thérapeutique:
 Suivi orthophonique régulier, intensif (trois séances et plus par semaine)
et long, accompagné d’actions thérapeutiques diversifiées (psychomotricité,
groupe rythmique, rééducation, psychothérapie etc…) . Travail de synthèse
entre les différents partenaires de l’aide, et accompagnement de la famille
C) Aphasies :
1. Définition de l’aphasie acquise :
C’est un trouble du langage survenant (chez un sujet ayant déjà acquis un certain
niveau de compréhension et d’expression verbale) après une atteinte du système
nerveux central.
Chez l’enfant aphasique il y a prédominance des difficultés d’expression sur les
difficultés de réception.
2. Description :
 réduction du langage spontané pouvant aller jusqu’au mutisme,
 syntaxe simplifiée,
 stock lexical réduit,
 possibilité de troubles articulatoires associés.
Les troubles aphasiques de l’enfant régressent mieux que ceux de l’adulte.
D) Autisme :
1. Signes précoces de l'autisme infantile
Les premiers troubles touchent l’émotion, l’attention conjointe
l’imitation.
Période 1-2 ans
Période 18-24 mois Période 12-30 mois
Ignore les autres
Ignore les autres
Préfère être seul
Préfère être seul
Interaction insuffisante
Interaction insuffisante
Pas de sourire
Pas de sourire
Pas de contact par le
regard
Ne manifeste pas
d'émotion Absence de
gestes et mimiques
expressifs
Ne regarde pas les
personnes
Ne regarde pas les visages
Ne fait pas alterner son
regard
Ne manifeste pas d'émotion
19
et
Attention difficile à fixer
N'imite pas les gestes, la
voix d'autrui
N'imite pas les
verbalisations
Absence de communication
par la voix
N'exprime pas de mots
Attention difficile à fixer
Ne montre pas des yeux Ne
suit pas les directions
verbales
Utilisation inappropriée des
Ne montre pas les objets
objets
Ne différencie pas les
personnes
Activité motrice réduite,
hypotonie Attitudes
posturales inhabituelles
2. Signes recueillis chez les enfants autistes :
Ils permettent de différencier l'autisme d'un retard de développement ou
d'un trouble sévère du développement du langage
Interaction sociale
Pauvreté de l'imitation
Contact oculaire anormal
Pauvreté des relations sociales
Absence de réponse / Ignore les autres
Peu d'intérêt pour les liens sociaux
Préfère être seul
Peu d'intérêt pour être porté
Peu de sourire / Peu d'expressions faciales
Communication
Retard de langage
Peu d'utilisation des gestes
Manque d'attirer l'attention sur ses activités
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Caractère restreint et répétitif
des comportements et des
intérêts :
Stéréotypies motrices / Postures inhabituelles
Usage inapproprié des objets / Jeux insolites
Attachements à des objets peu communs
Intérêts visuels inhabituels
Réaction paradoxale au bruit / Suspicion de surdité
Insensibilité à la douleur, au froid ou à la chaleur
Hypersensibilité au goût
V. LES PATHOLOGIES PARTICULIERES:
A) Le bégaiement:
1. Description:
 Perturbation dans le domaine des interactions orales,
 Trouble de débit élocutoire et non du langage lui-même.
 Il se rencontre chez 1% des enfants environ, en majorité des garçons (3 à 4
pour une fille).
2. Distinction :
 Le bégaiement tonique : blocage et impossibilité d'émettre un son associé
à une forte tension musculaire ( lèvres, mâchoires, yeux et parfois parfois
corps)
 Le bégaiement clonique : répétition involontaire d'une syllabe, (souvent la
première de la phrase) associée à des contractions des muscles du visage.
 Le bégaiement tonico-clonique qui fait coexister les deux types précédents,
et est la forme la plus fréquente.
 Le bégaiement dit primaire, apparaissant vers 3 ans chez les enfants
commençant à faire des phrases. C’est une phase durant laquelle l’enfant
répète des syllabes, mais sans tension et qui disparaît de manière
spontanée.
3. Mouvements moteurs et manifestations émotives associées:
 crispation du visage;
 tics;
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 gestes variables plus ou moins stéréotypés du visage, de la main ou des
membres inférieurs;
 rougeurs;
 malaises;
 transpiration.
4. Repères généraux :
 Apparition en général entre 3 et 5 ans.
 Après cet âge on peut voir apparaître brutalement des épisodes de
bégaiement consécutifs à un choc affectif ou émotionnel.
 A l’heure actuelle les recherches neurophysiologiques n'ont permis de
découvrir aucune anomalie fonctionnelle.
5. Psychopathologie du bégaiement:
Suivant les auteurs, les hypothèses concernent soit l’enfant lui-même, soit son
environnement
Actuellement, on étudie l'interaction mère-enfant, le bégaiement étant compris
comme « l'incapacité initiale d'introduire la distance que la communication
langagière permet normalement entre deux individus ».
Certains auteurs ont recensé des facteurs pouvant déclencher ou aggraver le
bégaiement :
 événement familiaux pouvant être traumatiques : maladie, deuil,
séparation, déménagement, divorce, placement..
 naissance d’un puîné
 scolarisation etc.….
6. Evolution et traitement:
Le traitement doit être le plus précoce possible, de préférence entre 5 et 7 . Il est
nécessaire, pour poser l’indication de l’aide la plus adaptée, d’évaluer les facteurs
déclencheurs des tensions et émotions.
Si la famille est inquiète il est primordial de l’accompagner pour alléger la
pression qui pèse sur l’enfant.
Si la période de bégaiement dure, on court le risque de voir s’y superposer des
troubles réactionnels, avec dégradation de l’image de soi etc….
Après 10 ans, à l'adolescence ensuite, les traitements deviennent difficiles et les
résultats, du moins quant au symptôme, aléatoires.
 Pour l'enfant jeune : rééducation orthophonique.
 Pour l'enfant plus âgé, et avec son accord une psychothérapie peut être
utile.
22

Des techniques ne travaillant pas sur le symptôme et utilisant la stratégie
du « détour » comme la relaxation, psychodrame, le jeu symbolique,
peuvent être utiles et nécessaires.
B) Le mutisme:
1.Description:
Arrêt brusque et persistant de l’activité langagière chez un enfant ayant un
développement linguistique normal.
Dans le DSM-IV, le diagnostic de mutisme sélectif nécessite la présence des 5
critères suivants :
 Absence persistante du langage dans des situations sociales spécifiques
 Le trouble interfère avec la réussite scolaire, et avec la communication
sociale.
 La durée d’évolution du trouble est au moins égale à un mois.
 L’absence de parole n’est pas due à l’incapacité de parler, ou à comprendre
le langage parlé.
 Le trouble ne relève pas d’une pathologie de la communication (comme le
bégaiement) et ne rentre pas dans le cadre d’un trouble envahissant du
développement, d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique.
2. Distinction :
 Mutisme total acquis :
o Consécutif à un choc affectif.
o Plutôt à l'adolescence.
o Durée variable, souvent suivi d’une période de parole chuchotée, ou
d’un bégaiement.
 Le mutisme électif durable.
o Le lieu du mutisme est variable, intra familial ou scolaire et extra
familial.
o Apparition de 3 à 14 ans, coïncidant souvent avec l’entrée à la
maternelle ou au primaire.
o Durée variable jusqu’à plusieurs années.
3. Symptômes pouvant être associés :
 inhibition motrice,
 inhibition intellectuelle,
 grande sensibilité avec pleurs fréquents,
 oppositions,
 énurésie, encoprésie,
 hyperactivité et tics..
Le mutisme scolaire n’empêche pas un apprentissage harmonieux de l’écrit et les
productions écrites.
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4. Hypothèses :
Le mutisme électif global est considéré comme difficile à accompagner.
 Symbiose mère/enfant forte, et l’entrée dans le langage peut signifier
rupture du lien.
 mutisme pouvant dissimuler des troubles profonds de la personnalité.
 Souvent un "secret familial", un non-dit. autour d'un drame familial:
naissance illégitime, folie, mort, viol, inceste etc.….
5. Traitement:
Chez la plupart des enseignants, rééducateurs et thérapeutes le mutisme électif
suscite un contre-transfert violent.
Un suivi psychothérapeutique est conseillé parfois un psychodrame, ou une
séparation familiale, peuvent accompagner la modification du symptôme.
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