La mesure de l`accès aux autoroutes de l`information et son

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Statistique, Développement et Droits de l‘Homme
Session C-Pa 8a
La mesure de l'accès aux autoroutes de
l'information et son impact sur les stratégies
de développement
Fortuné Evariste VIGAN
Montreux, 4. – 8. 9. 2000
Statistique, Développement et Droits de l‘Homme
La mesure de l'accès aux autoroutes de l'information et son
impact sur les stratégies de développement
Fortuné Evariste VIGAN
Service statistique de la Direction de la programmation et de la prospective, Ministère du
développement rural
03 BP 4249
Cotonou, Bénin
T. + 229 30 35 79 F. + 229 21 46 31
[email protected]
RESUME
La mesure de l'accès aux autoroutes de l'information et son impact sur les stratégies de
développement
Un thème d'actualité, dont l'exposé permettra aux conférenciers/séminaristes de cerner les
dimensions de l'accessibilité de l'Internet aux populations des pays en voie de développement, et ce
faisant à l'heure où la mondialisation s'affirme comme un processus incontournabls aux pays du
tiers monde. Ainsi la passerelle qui relie les inforoutes aux stratégies de développement sera
analysée de sorte à faire ressortir les avantages des nouvelles technologies de l'information et de
la communication (NTIC) pour nos pays.
En somme, quelle sera l'utilisation optimale souhaitable des NTIC qui puisse garantir au
mieux le développement à la base pour nos populations?
ABSTRACT
Measurement of Access to Information Highways and Their Impact on Development
Strategies
This is topic of current importance. This article will permit conference and seminar
participants to determine the dimensions of accessibility of the Internet to the populations in
developing countries at a time when globalization is proving to be an irreversible process in the
countries of the third world. In this way, the link that ties the information highways to development
strategies will be analyzed to show the advantages of the new information technologies and
communication (NTIC) for our countries.
All in all, what is the most desirable and optimum use of NTIC, which could guarantee basic
development for our populations?
1. Contexte et justification
A l’instar de la fin du 18ème siècle où l’on a assisté à la naissance de la révolution industrielle
en Europe, la veille du 21ème siècle n’a pas échappé à cette logique; en ce sens que l’informatique a
contribué énormément au relèvement de la productivité dans bien nombre de domaines. Avec les
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Statistique, Développement et Droits de l‘Homme
autoroutes de l’information encore appelées le réseau Internet, l’humanité se voit désormais dotée
d’immenses potentialités et d’opportunités pour l’accomplissement des programmes devant
concourir au développement économique et social intégral. Ainsi, les nouvelles technologies de
l’information et de la communication (NTIC) deviennent les nouveaux outils du développement
pour les nations modernes. Eu égard à cette réalité, il importe de s’interroger sur les opportunités
qu’offrent ces technologies de l’information et de la communication aux pays en voie de
développement (PVD) dans l’élaboration des stratégies de développement pendant que la
mondialisation s’affirme davantage.
Dans ce contexte de NTIC où le soucis de toute nation est d’y participer et de l’animer, il est
légitime voire impérieux pour les pays en voie de développement d’œuvrer pour la popularisation
des NTIC afin d’assurer le plein épanouissement des populations. Le développement humain étant
un facteur déterminant du devenir des nations, les citoyens des PVD ont le droit d’être éduqués,
formés et informés. Aussi, les décideurs des PVD doivent-ils garantir l’accès de tous aux autoroutes
de l’information. C’est en effet la problématique de la présente communication intitulée : «La
mesure de l’accessibilité de l’Internet aux populations et leur impact sur les stratégies de
développement dans les PVD».
Nul n’ignore que les services offerts par les TIC sont sources de gain de temps et d’économie,
lesdits services constituent également un élément prometteur du secteur tertiaire. Les TIC
permettent de communiquer le plus largement possible à coût réduit. Du coup, les frontières
disparaissent entre les nations pour faire du monde un village planétaire où les individus peuvent
échanger des informations de façon rapide et efficiente sans avoir à débourser des fortunes. Le
besoin de s’insérer dans le réseau mondial n’est plus un luxe mais une nécessité pour les PVD pour
ne pas tirer le diable par la queue. La connexion sur le réseau n’étant pas à coût nul, il importe dès
lors d’analyser les possibilités réelles d’accès des populations PVD à l’Internet, sinon identifier les
actions susceptibles d’être conduites pour favoriser ou améliorer l’accessibilité des sujets aux
autoroutes de l’information.
L’intérêt de la démarche est de faire des NTIC un outil de développement à la portée de tous
et non seulement du ressort de l’élite des PVD. C’est pourquoi il importe d’analyser les corrélations
effectives existant entre les NTIC et les stratégies de développement sans occulter la
mondialisation, dans le cas d’espèce des pays en voie de développement à l’instant où les
partenaires au développement notamment la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International
revoient leur copie en matière de conception de programmes de développement dans lesdits pays.
2. Accessibilité aux NTIC
Une frange importante de l’opinion publique en PVD utilise le vocable NTIC, c’est à croire
que l’utilisation des TIC constitue déjà le vécu quotidien des populations à la base.
Malheureusement, il n’en est rien, dans la mesure où la maîtrise des démarches liées à la connexion
sur le réseau Internet échappe au commun des mortels. L’exposition ou l’inventaire des facteurs
explicatifs d’un tel constat s’impose afin de faciliter la mise en œuvre de processus visant à
l’amélioration de l’existant.
2.1 Déterminants de l’accessibilité aux NTIC
L’enjeu des NTIC est de taille, car les TIC sont dores et déjà le leitmotiv des décideurs ayant
la charge de conduire les plans de développement des nations, conscients que la prospérité sous
toutes ses formes implique une maîtrise des nouveaux outils de développement pour être au
diapason des nations modernes. Si en Occident les NTIC s’assimilent déjà aux mœurs, on observe
un cas opposé dans les pays en voie de développement où l’on est à l’étape du balbutiement entaché
de schémas de régression, étant donné que la connexion au réseau Internet suppose de façon
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classique, la possession de d’un micro ordinateur, d’une ligne téléphonique et d’un modem
généralement. Et du fait que le coût réel de cet équipement est hors de portée du commun de toute
personne physique, il est convenable donc de hisser la réalisation du routage à l’Internet au niveau
macro toute considération faite à l’Etat et aux Entreprises dans un premier temps puis aux acteurs
du développement (Institutions intervenant à la base, les Organismes Non Gouvernementales …)
niveau méso (intermédiaire). Suite à cette observation, il convient de rappeler la situation de
l’existant en matière de NTIC dans les PVD pour approcher les goulots d’étranglement ou les
facteurs limitants de l’accès aux autoroutes de l’information (info routes) à la grande majorité des
populations de ces pays.
D’ailleurs, l’idéal en la matière est que les fournisseurs d’accès Internet (FAI) c’est-à-dire
les prestataires de services Internet puissent couvrir, sinon satisfaire au mieux les demandes
exprimées. Mais devant le petit nombre des prestataires pour des raisons multiples, la demande reste
partiellement satisfaite ce qui cause un préjudice à un grand nombre d’individus de la société les
privant ainsi de leur droit de jouir pleinement des opportunités de l’Internet. Pour être plus
expressif, on estime que 20 % des entreprises sont connectées en PVD contre 75% dans les pays
industrialisés d’après les recherches documentaires.
Il ne s’agit pas certes ici de comparer deux entités ne jouissant pas des mêmes
environnements, mais ceci permet de voir le chemin à parcourir. Néanmoins, on peut se permettre
d’expliquer cet écart par notre position de consommateur de technologies dans laquelle se trouve la
plupart des pays en voie de développement. On doit ajouter également que le manque d’initiatives
qui caractérise l’ensemble des décideurs des pays en voie de développement ne favorise pas outre
mesure l’expansion des nouvelles technologies de l’information et de la communication. A cet effet,
bon nombre de décideurs à divers niveaux ne comprennent pas encore l’utilité ou l’usage
éminemment important des TIC, puisqu’il n’est pas rare d’assister à la confiscation des connexions
à usage publique par ces mêmes décideurs/ responsables à des fins inavouées. Pour illustration, dans
l’administration publique des pays en voie de développement le réseau Internet se voit être
fonctionnel exclusivement au sommet de la hiérarchie dirigeante et faisant des autres collaborateurs
et autres substituts les damnés de nouveaux outils de développement que sont les info routes.
Hormis cet handicap, il faut aussi relever que les études de projet portant sur la connexion au
réseau mondial de certaines structures publiques souffrent des lenteurs administratives
empiriquement reconnues dans les pays en voie de développement. Comme on le voit les facteurs
qui limitent l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication sont de
plusieurs ordres. Les facteurs s’énumèrent comme suit :
 Sur le plan institutionnel
• L’absence de texte juridique instaurant l’adoption des TIC;
• La crainte de la non maîtrise du réseau par les autorités
 Sur le plan administratif
• La volonté manifeste des cadres supérieurs à s’approprier exclusivement la connexion;
• Les lenteurs administratives dans la mise en œuvre des projets sur le web.
 Sur le plan financier
• Les difficultés inhérentes à l’obtention de financement pour l’exécution des projets de
création de site web pour l’administration publique;
• La réticence des entreprises du secteur privé à se mettre sur le réseau pour des raisons de
coût d’opportunité par méconnaissance des avantages de l’Internet.
 Sur le plan culturel
• La non perception de l’utilité des autoroutes de l’information par la société;
• La méfiance séculaire des sociétés aux changements.
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2.2 Univers des NTIC dans les PVD : cas du Bénin
Avant de décrire cet univers il est bienséant de présenter brièvement le Bénin. Le Bénin est un
pays de l’Afrique occidentale couvrant une superficie de 114.760km2 pour une population estimée à
5,7 millions d’âmes en 1997 selon les projections du recensement général de la population et de
l’habitat de 1992. La densité de la population est de 49,6 habitants / km2. L’agriculture contribue à
hauteur de 40% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Le secteur agricole utilise d’ailleurs
environ 80% de la population active.
Au Bénin, l’univers des NTIC est constitué de fournisseurs d’accès Internet et de cybercentres
qui dépendent des premiers cités. L’Internet a fait ses premiers pas au Bénin au début des années
quatre vingt dix où l’on a assisté timidement à la connexion de quelques ministères d’Etat au
réseau, ce qui a permis l’emploi par nombre de personnes du vocable Internet. En ces années de
démarrage de l’Internet, seul l’Office des Postes et Télécommunications (OPT) détenait le
monopôle de par sa position d’opérateur Internet principal. A partir de l’année 1995 le phénomène
s’est légèrement amplifié après que l’OPT ait cédé un segment du marché notamment à d’autres
fournisseurs d’accès Internet de façon officielle. Jusqu’à cette date les prestataires de services
Internet à savoir les cybercentres, les cybercafés n’existaient presque pas, exception faite au centre
SYFED implanté à l’Université Nationale du Bénin qui est subventionné et dédié aux étudiants en
fin de cycle (4500FCFA soit 45FF/ trimestre) et aux enseignants de l’Université (7500FCFA soit
75FF/ trimestre). Il ressort donc du cas du SYFED que l’accès est limité et réservé aux privilégiés.
Dans ce contexte, il est évident que le préjudice subi par le grand nombre d’étudiants est
énorme; car l’environnement béninois des autoroutes de l’information et de la communication n’est
pas de nature à permettre à ceux-là de trouver d’autres centres cybernétiques. Aussi l’Etat a-t-il pris
de nouvelles dispositions institutionnelles pour remédier pour remédier à cet état de chose, en
libéralisant le secteur depuis la fin de l’année 1998. L’effet ne s’est pas fait attendre, puisque le
nouveau dispositif est pourvu de fournisseurs d’accès Internet et de cybercentres. Ici les
cybercentres offrent souvent leurs services aux clients ne disposant pas d’un ordinateur connecté à
domicile ou au bureau, sur leurs propres installations. Ils sont au Bénin généralement connectés par
les fournisseurs d’accès Internet qui disposent d’une connexion (entrée) directe sur l’Internet. ceux
qui disposent d’un ordinateur auprès des fournisseurs d’accès Internet. Aujourd’hui, les
cybercentres pullulent dans les grandes villes du pays surtout dans la principale ville au grand
plaisir des populations. Il faut mentionner que les coût d’abonnement ou de navigation sur le web
sont relativement abordables pour les mordus des nouvelles technologies de l’information et de la
communication. L’état des lieux fait en septembre de l’année 1999 donne le tableau suivant :
Tableau 1. Univers des fournisseurs d’accès Internet (FAI) au Bénin
N°
1
FAI
OPT
2
3
SECNI
SOBIEX
4
EIT
5
6
FIRST NET
ARTS BOBO
SERVICES OFFERTS ET COUTS
1. Accès RTC coût de la communication 51FCFA la minute, HT
2. Création de boîte E-mail 10.032FCFA/ mois, HT
3. Accès permanent PPP 400.026FCFA /mois HT
4. Accès permanent par LS routeur (classe C) 2.800.050FCFA / mois HT
Abonnement mensuel : 12.500FCFA pour dix heures de connexion
1. 18.000FCFA HT : une boîte e-mail, connexion illimitée
2. 10.000FCFA HT : abonnement mensuel
1. Forfait de 30.000FCFA HT / mois, connexion illimitée
2. Forfait de 10.000FCFA HT / mois (facturation de 500FCFA/heure proportionnelle à
la durée de la connexion.
Mêmes services destinés aux particuliers, les entreprises, les ONG et Ecoles, cf n°4
Idem que le précédent
Source: ONG Oridev, sept 99
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Au regard du tableau 1, il ressort que six fournisseurs d’accès Internet desservent la société
béninoise avec une gamme variée de produits allant de l’accès RTC (communication sur le Net) en
passant par la création d’adresses électroniques (E-mail) à la création de site web et autres services
connus.
Du moment où les services résultants des nouvelles technologies de l’information et de la
communication sont relativement moins coûteux par rapport aux anciens moyens de
communication, nous vous parler du téléphone, les courriers par la poste pour ne citer que cela ;
l’on est en droit de manifester une préférence certaine aux NTIC. Ainsi avec les info routes le Bénin
dispose d’un atout considérable à même de lui permettre de rattraper un tant soit peu son retard
dans la révolution communicationnelle qui sous-tend la mondialisation qui fait jour. La notion de
mondialisation d’après le dictionnaire le Robert, pouvant être définie comme le processus visant à
faire de la planète une seule et même entité. L’implication économique est que les grandes
entreprises internationales essaient d’absorber les petites afin d’avoir des tentacules dans la plupart
des pays. Le paramètre de la mondialisation sera débattu plus loin.
Pour récapituler, il faut faire remarquer que malgré la floraison des cybercentres au Bénin ces
trois dernières années; l’effet de boule de neige reste à réaliser dans les autres villes du pays. Les
statistiques manquent cruellement pour essayer de connaître par exemple les indicateurs du
développement humain1. Il en résulte qu’un grand nombre de béninois n’a pas encore accès aux
merveilles du réseau Internet, on en déduit qu’un principe fondamental de la Charte des Nations
Unies sur les droits de l’homme est violé de façon consciente ou non par l’Etat garant du plein
épanouissement des ses sujets.
Ce constat nous amène à aborder amplement cet aspect juridique de l’accès aux NTIC comme
une expression du droit à l’information.
2.3 Accès aux NTIC, expression du droit à l’information
En se référant à l’article 13, alinéa 1 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme qui
stipule que «les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droit de toute personne à l’éducation.
ils conviennent que l’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et du
sens de sa dignité et renforcer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Ils
conviennent en outre que l’éducation doit mettre toute personne en mesure de jouer un rôle utile
dans une société libre, favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et
tous les groupes raciaux, ethniques ou religieux et encourager le développement des activités des
Nations Unies pour le maintien de la paix».
Il va de soi que l’information doit être mise à la portée de toute âme humaine jouissant de ses
droits civiques et de ses facultés intellectuelle et morale. Autrement dit, le citoyen a le droit de
s’instruire et partant doit également bénéficier de l’information par le canal y afférent. Dans notre
cas où il s’agit des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui constituent
d’ailleurs le canal par excellence de circulation de l’information il ne saurait être admis que une
frange considérable des populations des pays en voie de développement soit privée de cette source
immensément riche d’informations. Lorsqu’on sait que l’investissement dans le capital humain est
un facteur indispensable à la réalisation des objectifs de développement socio-économiques, il
résulte que le développement humain durable, qui fait l’objet d’une attention toute particulière des
partenaires au développement à savoir la Banque mondiale, le Fonds Monétaire International,
l’Union Européenne et les autres bailleurs de fonds, ne constitue pas une priorité pour les
Gouvernements des pays en voie de développement dans la conception de leurs stratégies de
développement. Cet amer constat est renchéri par un éminent penseur qui dit ce qui suit : «il n’est
Les statistiques peuvent être estimées par rapport au nombre moyen d’internautes par cybercentre et/ou le nombre
d’adresses électroniques fonctionnelles à ce jour.
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de richesse que d’hommes.». C’est dire que la richesse des nations réside dans les ressources
humaines, et ces dernières doivent être nanties de compétences techniques conséquentes pour
pouvoir mener les programmes de développement tant sur le plan social, économique,
environnemental que de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.
Par la formation et l’information les ressources humaines améliorent qualitativement leur
compétence technique au bénéfice de la nation. La pertinence du sujet qui retient l’attention de la
présente communication selon que le respect du droit à l’information participe à l’édification d’une
société prospère ne souffre d’aucune contestation. D’une manière générale notre contribution à
l’amélioration de ce qui semble être le nouveau défi à relever par les pays en voie de
développement, est de formuler le souhait que désormais les technologies de l’information et de la
communication doivent constituer une préoccupation majeure des décideurs des pays en voie de
développement au même titre que la santé ou l’éducation.
Les Gouvernements des pays concernés doivent faciliter l’appropriation des nouveaux outils
de développement par le biais d’une politique conséquente afin d’offrir un cadre susceptible de
combler les attentes des populations des villes et des campagnes pour un accès aux autoroutes de
l’information. La formulation d’un tel souhait n’occulte aucunement l’existence de difficultés qui
entravent l’accomplissement de cet idéal.
3. Impact des NTIC sur les stratégies de développement dans les PVD
Il est inconcevable d’étudier les nouvelles technologies de l’information et de la
communication sans faire allusion à leur rôle et à l’apport inestimable de ces technologies pour
l’humanité entière en général et les pays en voie de développement en particulier. Le
développement des nations étant imputable aux ressources humaines de par leur qualification et leur
compétence technique, il s’avère impérieux que la concrétisation du développement socioéconomique repose sur une formation continue du capital humain. Les technologies de
l’information et de la communication constituent du coup une véritable occasion nouvelle qui
s’offre aux acteurs du développement des pays en voie de développement comme des outils
novateurs. C’est d’ailleurs le lieu de s’interroger sur les relations opérationnelles susceptibles
d’exister entre les nouvelles technologies de l’information et de la communication et les stratégies
de développement pour les pays en voie de développement.
3.1 Stratégies de développement et NTIC
La définition des politiques de développement ne devant pas faire l’objet d’une gestion
hasardeuse, il vient que les ressources informationnelles représentent l’épine dorsale dans la
conception de tout programme de développement qui se veut être durable. Ainsi, en définissant les
stratégies de développement comme l’ensemble des moyens à mettre en œuvre pour la réalisation
des objectifs spécifiques dans le temps et dans l’espace, il est légitime que leur élaboration doit
reposer sur une base rationnelle et efficiente. La synergie entre les technologies de l’information et
de la communication et les stratégies de développement est idoine pour la réussite des programmes
de développement dans pays considérés. De nos jours les nouveaux outils de développement que
sont les TIC favorisent:
• l’accès à des ressources informationnelles de qualité;
• la publication documentaire pour la capitalisation et la démultiplication des expériences de
développement;
• la collaboration entre les opérateurs de développement distants; etc.
C’est par le truchement des NTIC que la mondialisation a pris son envol, car les frontières
n’existent plus en termes économiques et les échanges se réalisent avec célérité assortie d’une
efficience certaine grâce au réseau Internet. Ce faisant l’internationalisation/ mondialisation de
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l’économie n’est qu’un aboutissement logique des avantages liés aux autoroutes de l’information.
La diffusion des connaissances afférentes à ces TIC est une opportunité en or que les planificateurs
du développement des pays en voie de développement doivent saisir. Du coup, on assistera à la
révision des copies de développement qui ont toujours souffert de certaines insuffisances du fait de
la non maîtrise des aspects essentiels desdites stratégies. Malgré la petite taille des connexions
existantes dans les pays en voie de développement, une utilisation rationnelle des TIC va concourir
à une nette amélioration de la qualité des stratégies de développement. Pour preuve en prenant le
domaine de la santé où le défi actuel est l’éradication du sida, la conception de stratégie de lutte
contre ce fléau ne peut être efficace si l’on ne s’informe pas des expériences faites dans d’autres
pays. A cet effet, le premier réflexe est d’envoyer les cadres désignés pour l’élaboration de la
stratégie dans un pays tiers qui a réalisé une fois l’expérience. Les coûts du voyage et de la durée du
séjour sont exorbitants et les résultats attendus dans la mise en œuvre de la stratégie peuvent ne pas
convaincre. Comparativement au ce schéma, les TIC offrent toutes ces informations sans pouvoir se
déplacer à coût presque nul. Des possibilités multiples existent sur le réseau Internet pour accéder
aux informations sectorielles devant contribuer à la conception et à la mise en œuvre de
programmes de développement efficients.
Sur un autre plan, on doit souligner que les TIC constituent également un secteur prometteur
de l’économie à savoir les services. Ici, on assiste à l’installation d’une économie de la
communication si l’on peut l’appeler sous ce vocable. Les opportunités d’emplois pour la main
d’œuvre des pays en voie de développement sont réelles pour peu que les autorités veuillent
favoriser effectivement l’usage des TIC. Partant, le chômage qui sévit dans les pays en voie de
développement va être résorbé significativement.
Une remarque se doit d’être faite car l’existence des nouveaux outils de développement ne
suffit pas en elle-même. Il faut, dans l’optique d’un développement durable et véritablement
endogène, promouvoir un mécanisme novateur et efficace de diffusion et d’échange d’informations
sur les actions communautaires et de vulgarisation d’outils méthodologiques d’appui aux initiatives
locales. Ainsi, les stratégies de développement sont doivent être tributaires des NTIC pour assurer la
réussite des programmes de développement à la base.
3.2 Contribution des NTIC aux stratégies de développement
Nonobstant l’évidence de la contribution des NTIC aux stratégies de développement, il est
indispensable de répertorier les actions susceptibles de concourir effectivement à l’amélioration
desdites stratégies. Dans ce registre, il sera question de l’optimisation de l’utilisation des TIC pour
augurer un développement à la base. Pour y parvenir, les groupements associatifs, les Organisations
Non Gouvernementales (ONG), les cadres administratifs et techniques sont les premiers concernés
car étant chargés de la mise en œuvre des axes de développement. Ainsi, toute politique de maîtrise
et de contrôle des opérations de développement doit passer par la formation et le perfectionnement
des ressources humaines au truchement des ressources informationnelles disponibles sur le réseau
Internet. Prenons l’exemple des ONG qui sont en contact permanent avec les populations à la base,
en procédant à une restitution d’informations issues des TIC aux populations des milieux ruraux par
des séances de formation, il est certain de que ces populations vont s’approprier les connaissances
ainsi transmises. Le développement endogène va prendre son envol du coup. L’utilité des diverses
banques de données du réseau Internet serviront de mine d’informations dans le cadre de la
conception des plans sectoriels de développement. Les échanges d’expériences par les TIC sont des
tremplins que les groupements associatifs doivent saisir pour améliorer leur méthode
organisationnel. Aujourd’hui les transferts d’argent se font de façon électronique et rapide, c’est
ainsi que les transactions commerciales se réalisent sur le réseau Internet entre les opérateurs
économiques tapis aux quatre coins de la planète.
Les atouts des TIC sont considérables; les NTIC permettent de :
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•
communiquer plus loin, abolir les distances, les frontières et de donner la capacité
d’observer et d’intervenir au delà des capacités humaines;
• communiquer plus vite, atteindre, traiter et diffuser les informations plus rapidement;
• communiquer plus largement, avoir accès à plus de sources d’informations et pouvoir
diffuser vers un plus grand nombre de destinataires.
Par conséquent les échanges d’informations via les NTIC sont de nature à accroître les
capacités des compétences techniques afin d’élaborer des stratégies de développement améliorées
dans les domaines de :
• la santé;
• l’éducation;
• l’économie;
• l’agriculture;
• l’environnement; et
• la science.
A ce propos il importe de rappeler l’impact de la diffusion des découvertes scientifiques et
techniques dans les médias d’alors que sont simplement la presse écrite et la radio. C’était un
facteur catalytique qui a concouru à la réalisation de la révolution industrielle en Europe à la fin du
18ème siècle. Ce rappel montre à quel point les TIC constituent un atout majeur aux pays en voie de
développement pour assurer le développement endogène. Le transfert de technologies tant souhaité
par ces pays se concrétisent aisément avec ses nouveaux outils de développement, puisque les TIC
tendent à supprimer le concept de technologies nationales. Il revient à nos chers pays en voie de
développement de profiter rationnellement de cette opportunité.
3.3 Stratégies pour une vulgarisation des NTIC dans les PVD
Vu les facteurs limitants de l’accessibilité des populations aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication et considérant l’importance attachée à ces nouveaux outils, il
urge de définir des politiques sectorielles visant faciliter l’appropriation des TIC par une frange
importante des populations des villes et campagnes des pays en voie de développement en général
et de ceux d’Afrique en particulier. L’importance de l’enjeu des NTIC exclut tout errement des
sphères dirigeantes. Nous estimons que l’objectif à court terme pour les planificateurs du
développement de ces pays est de mettre les bouchées doubles en vue de faciliter l’accès des
autoroutes de l’information à l’ensemble de l’élite des PVD. Ce sera la première phase des
stratégies à même de contribuer sensiblement à la vulgarisation des NTIC au niveau de
l’administration publique. La deuxième phase consistera à définir des modalités réalistes pouvant
stimuler l’accès au réseau Internet : du secteur privé, des groupements d’intérêt communautaire, des
ONG et autres groupements associatifs. La spécificité de la deuxième phase s’articulera autour de la
sensibilisation des bénéficiaires sur les enjeux des nouveaux outils de développement, car
l’ignorance des avantages des NTIC constitue également un frein à leur adoption par la société.
Enfin, la troisième phase sera exécutée par les bénéficiaires de la seconde phase qui auront pour
tâche de définir des objectifs opérationnels autour des NTIC à l’endroit des populations. Ainsi, des
ateliers de formation sur l’utilisation des services accessibles à l’Internet seront promus de même
que la réalisation de supports interactifs de communication sociale intégrant les NTIC.
La mise en œuvre diligente des stratégies précitées contribuera graduellement à augmenter le
taux d’utilisation des services Internet par l’ensemble de la population. Il faut ajouter que les Etats
des pays en voie de développement doivent favoriser l’acquisition du matériel informatique par
l’entremise d’une politique fiscale souple.
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4. Conclusion
L’analyse de la problématique de l’accessibilité des populations des pays en voie de
développement aux autoroutes de l’information a permis d’identifier les facteurs limitants du sujet
ainsi que les nombreuses opportunités qui résultent des nouveaux outils de développement que sont
les NTIC. Ces opportunités sont à saisir par les acteurs du développement des pays considérés en
vue d’améliorer la planification du développement au moyen d’une intégration judicieuse des NTIC
dans l’élaboration des stratégies de développement. L’avenir des pays en voie de développement est
tributaire de l’adoption des TIC par ceux-ci. Les Gouvernements desdits pays devront à court terme,
définir des politiques d’incitation pouvant permettre la visibilité des organismes, des associations et
des acteurs du développement sur le réseau Internet. Il est donc indispensable d’augmenter la taille
du parc informatique existant.
L’imbrication des économies du monde actuel exige également des pays en voie de
développement que les ressources informationnelles soient connues afin d’assurer les échanges
d’informations susceptibles de concourir à la définition de stratégies de développement pertinentes.
Enfin, le développement humain durable qui semble être le cheval de bataille des partenaires au
développement ces cinq dernières années, est réalisable par le biais des investissements dans le
capital humain; cet objectif se concrétise au moyen des NTIC qui contribuent largement à la
formation et à l’information des ressources humaines vecteur du développement.
GLOSSAIRE DES ABBREVIATIONS
NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication
PVD : Pays en Voie de Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PIB : Produit Intérieur Brut
HT : Hors Taxe
OPT : Office des Postes et Télécommunications
REFERENCES
1. Guy LAGELEE et Gilles MANCERON, La conquête mondiale des droits de l’homme, Editions
Unesco Paris, septembre 1998
2. Robert REICH, L’économie mondialisée, Editions Nouveaux Horizons Paris, 1993
3. Victor SANDOVAL, Les autoroutes de l’information, Editions Hermès Paris, 1995
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