Le Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes
présentation du mouvement, présupposés, revendications et
actions depuis novembre 2008
Le Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes qui s’était constitué au cours
de l’hiver 97-98, hiver marqué par les multiples manifestations et actions qui avaient alors lieu sur tout
le territoire, renaît de ses cendres, tout juste dix ans plus tard.
La situation n’a depuis pas cessé de se détériorer pour les salariés, chômeurs et précaires, et
la crise de l’économie apporte chaque jour à l’ANPE son lot de salariés « invités» à partir et
d’intérimaires « remerciés ». Dans un tel contexte, le pouvoir s’évertue à contraindre chômeurs et
salariés à accepter des conditions de travail de plus en plus précaires, pour masquer l’aggravation du
chômage et de la pauvreté. Il nous semble donc urgent de nous organiser pour ne plus continuer à
subir les attaques d’un gouvernement qui, malgré son apologie démagogique de la « valeur-travail »,
s’est fait l’ennemi résolu des classes populaires. Nous voulons lancer ici à Rennes un mouvement
capable à la fois de s’organiser localement dans la durée, et de faire tâche d’huile à l’échelle nationale.
Nous faisons appel à tous les chômeurs, travailleurs précaires, étudiants, et plus généralement à tous
ceux qui refusent les actuelles politiques de l’emploi à nous rejoindre pour élaborer ce mouvement qui
n’est encore qu’à l’état naissant.
Si nous luttons aujourd’hui contre l’Offre Raisonnable d’Emploi, le RSA et la fusion
ANPE-Unedic, nous jugeons également qu’il y a urgence à ce que chaque personne privée d’emploi
ait droit à un revenu minimum d’existence inconditionnel, que soit mis radicalement en question le
bien-fondé de la « valeur-travail » vantée par Sarkozy, et qu’ainsi puisse être abordée la question du
travail et de son organisation comme une question politique, inséparable de la communauté de vie à
laquelle nous aspirons, de sa subsistance et de ses besoins. En ce sens, nous pensons qu’il est temps
que les services publics deviennent effectivement accessibles à tous et soient gérés collectivement par
leurs salariés et usagers, en vue d’une rupture avec le capitalisme. Il serait alors possible pour chacun
de travailler librement, selon ses aspirations et en accord avec une collectivité affranchie de
l’économie et de ses crises.
Nous pensons qu’un tel mouvement pour être à la hauteur de ses ambitions, doit se montrer
capable de mettre en œuvre dès maintenant un certain nombre de processus. Il doit se doter d’une
capacité d’intervention politique : nous voulons lutter immédiatement contre les réformes actuelles
avec les chômeurs et précaires, mais également en lien avec les salariés des différentes administrations
auxquelles nous avons régulièrement affaire (Pôle Emploi bien sûr, mais aussi les CCAS, la CAF, la
Sécurité Sociale…), salariés qui, en plus de leurs grèves ponctuelles, mènent souvent une résistance
souterraine à la mise en place de ces réformes. Nous voulons également nous joindre aux salariés
luttant contre les licenciements, et plus généralement, à tous ceux qui refusent de jouer le rôle de
victimes dans la crise actuelle, victimes vouées encore et toujours à se serrer la ceinture.
Un mouvement de chômeurs doit également être une source d’information et de
documentation. Nous voulons mettre à disposition de tous ceux qui sont sensibles à ces questions une
information détaillée sur les mesures gouvernementales, sur les droits des chômeurs opposables aux
manœuvres coercitives que ces mesures amplifient, ainsi que sur les formes de lutte et de résistance
qu’elles ne manquent pas de susciter. Nous voulons aussi recueillir et développer des analyses plus
approfondies, en particulier sur ces questions du travail et de l’emploi.
Il doit encourager l’autodéfense et la solidarité parmi les classes populaires : il n’est pas
facile d’agir isolément contre une radiation, la baisse de nos allocations, la pression de certains
conseillers ANPE, les coupures d’électricité ou de téléphone… Mais collectivement, nous pouvons
agir pour faire valoir nos droits, en faisant pression sur les institutions responsables. Nous voudrions
également constituer une caisse de solidarité pour faire face ponctuellement à des difficultés
financières, et mettre en place une forme d’entraide non monétaire (notamment, en cultivant ensemble
un ou plusieurs jardins potagers…)
Enfin, il doit développer une pensée et des pratiques émancipatrices : force est de constater
qu’avec l’écrasement du mouvement ouvrier se sont désagrégées les diverses formes de culture
populaire porteuses d’une éthique antagoniste au monde de l’entreprise. De la même façon, les lieux