Son fils, un autre Andreas, qui avait étudié le droit à Tübingen et occupait en 1576 la
fonction greffier-syndic de Colmar en 1576, contribuera activement à y introduire la Réforme ;
voici comment :
Malgré une pratique défaillante de la religion traditionnelle, et l’intérêt manifesté par une
tranche importante de la population pour les idées nouvelles, Colmar était restée jusqu’alors l’un
des derniers bastions de la religion romaine en Alsace. L’empereur Charles-Quint ayant menacé les
habitants d’une punition sévère s’il adoptaient les doctrines de Luther, le magistrat (le conseil qui
administrait la ville) demeurait prudent. Aussi les Colmariens couraient-ils en foule entendre les
prédicateurs dans les villes voisines de Horbourg et de Riquewihr, où le duc de Wurtemberg avait,
dès 1535, imposé la Réformation.
L’arrivée à Colmar, au sein du magistrat, de personnalités expulsées de Sélestat a cause de
leur foi, va s’avérer determinante : en 1560, à leur instigation et prétextant de travaux
d’entretien, on procède à la démolition de sept autels latéraux dans la collégiale Saint-Martin, sans
le consentement de l’évêque. Dix ans plus tard, le dimanche de l’Epiphanie 1571, Jean Schuler,
qu’Andreas Sandherr avait contribué à faire nommer curé de la collégiale Saint-Martin, fait, à la
grande indignation du chapître, un pas décisif en stigmatisant du haut de la chaire les mœurs
reprochés au clergé de son temps. Aussi, devant l’accroissement indéniable des adhérents au
protestantisme, et estimant que les dispositions de la Paix d’Augsbourg de 1555 accordait à la ville
libre de Colmar le droit d’avoir la religion de son choix, le magistrat, sur la proposition de
l’Obristmeister Michael Buob, prend la décision d’autoriser le libre exercice du culte
: le
dimanche 15 mai 1575, cette décision est formellement signifiée à chacune des corporations (le
greffier Andreas Sandherr leur en ayant fait la lecture dès cinq heures du matin!
), et, trois
heures plus tard seulement, est célébré, dans l´église des Franciscains, vide depuis plus de trente
ans, et devant une assemblée de plus de trois mille personnes, le premier culte évangélique de
Colmar, présidé par le pasteur Jean Keller, de Jebsheim. La foule émue et enthousiaste y chante
pour la première fois, en allemand, les paroles d’un choral luthérien : “Es ist das Heil uns kommen
her von Gnad und lauter Güte.”
A la suite d’un incendie à la collégiale Saint-Martin en 1572, il avait fallu fondre de nouvelles cloches. Un membre du
magistrat avait alors commenté : “ Man musse zu den neuen Glocken auch neue Predicanten aufstellen” = “Aux nouvelles
cloches, il faut de nouveaux prédicateurs.”
le texte comportait la convocation suivante : “"N'ayant pu trouver des prédicateurs capables, il a été décidé, your
satisfaire ceux qui se rendent les dimanches au service religieux dans des églises extérieures à la ville, de nommer un
homme pieux et honorable, acquis a la confession d'Augsbourg, pour prêcher dans 1'andenne église des Franciscains.
Comme il est impossible de trouver séance tenante une telle personne, Jean Cellarius, pasteur à Jebsheim, fera de ce fait la
première prédication dans cette église à huit heures. Libre à chacun de venir y assister. L'honorable conseil n'entend
absolument pas forcer qui que ce soit à embrasser contre son gré I'une ou I'autre religion. Chacun doit au contraire
conserver sa pleine et entière liberté."
“Le Salut nous est venu par grâce et pure miséricorde.”