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Chap.VII : L’entrée du Laos dans ASEAN
Pourquoi ASEAN a-t-elle intégle pays le plus petit en terme économique, le plus marginal
en terme politique et le plus pauvre de l’association ?
Les enjeux sont-ils seulement géographique ou existent-ils des enjeux plus larges ?
Depuis 1975, l’économie du Laos a évolué en deux phases de logique inverse :
- 1976-86 : mise en place d’un régime socialiste et de son aménagement.
- 1986-99 : abandon du socialisme au profit de l’économie de marché.
I/ 1976-1986 :
Nous pouvons découper cette période en deux phases :
* 1975-79 : l’ensemble de la production du Laos est collectivée. Le Laos soutenant à la fin de
l’année 1978 l’intervention du VN au Cambodge, en 1979 ses relations avec la Chine sont
rompues. L’aide chinoise est suspendue, cette dernière représentait 1/5 de son PNB.
* La rupture de 1979 : Révision du socialisme puisque la perte de l’aide chinoise rend
encore plus importante les difficultés de la collectivisation, à commencer par l’agriculture. La
production du riz en 1979 est ¼ plus faible que celle de 1970, alors qu’en 1970 le pays était en
guerre civile. Le gouvernement du Laos adapte alors le socialisme et assouplit la
collectivisation et encourage les entreprises privées dès le dévut des années 80’s. L’opération
s’avère insuffisante. La situation continue à se dégrader surtout dans les villes.
II/ 1986-1999 :
Devant l’ampleur du phénomène, le gouvernement en 1986 change de politique, décide
d’abandonner le socialisme et de passer à l’économie de marché. Le gouvernement laotien
commence les réformes essentielles et se dote en 1987, d’un instrument monétaire. Il unifie
les taux de change et se dote d’une Banque Centrale. Avant les taux de change variaient d’une
province à l’autre, avec des droits de douane.
En 1988, le Laos se dote d’un taux de change variable dont le point de départ est le taux de
change parallèle.
Le gouvernement décollectivise progressivement la production . Il abandonne les coopératives
et autonomise les entreprises d’Etat. A l’époque, il y a moins de 200 entreprises d’Etat (ce qui
n’est pas énorme).
Il libéralise les prix et adopte une fiscalité incitative. Le gouvernement décollective les
échanges extérieurs à partir de 1988. Les exportations sont libéralisées et les importations le
sont que progressivement. Les réformes s’accompagnent de la libéralisation des prix, d’une
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augmentation des salaires, d’une réorganisation administrative et d’une réforme budgétaire.
Le train des réformes est à peu près achevé en 1994. En 1997, le Laos intègre ASEAN.
BILAN : Passage à l’économie de marché.
Il y a une accélération de la croissance. Entre 1976-86, le PNB du Laos est multiplié par 2.
Entre 1986-96, son PNB est multiplié par 3. Les échanges extérieurs ont été multiplié par 4
entre 1986-96. Les investissements étrangers augmentent de manière régulière. Cela dit cette
évolution reste stratégiquement inquiétante parce que la croissance reste limitée à certains
secteurs.
Pour le riz, sa progression est juste équivalente à la croissance démographique. La production
de riz du Laos est tout juste autosuffisante.
Le tissu industriel est réduit. Son industrie se résume à la production de l’électricité, de bois et
d’agrume. A partir de 1990, le Laos produit également du textile. Et se développent la
production de bière, de cigarettes, de ciment et de sac en plastique.
Problème : Ce développement s’opère par une dépendance structurelle vis à vis de l’extérieur,
essentiellement d’ordre financier. La dette extérieure s’élève aujourd’hui à plus de 120% du
PNB. (Le seuil toléré étant de 60% du PNB). Le Laos ne vit que grâce à l’aide extérieure. Son
erreur est d’avoir contractée trop de crédit. Or ces emprunts ne permettent même pas de
couvrir l’ensemble des besoins externes cumulés du pays d’où les déficits commerciaux.
La Laos ne survit donc que grâce à des éléments non enregistrés statistiquement. Or des pans
entiers de l’économie du Laos ne sont pas enregistrés.
III/ Relation entre le Laos et ASEAN :
Traditionnellement, le Laos est un pôle du trafic caravanier. Son commerce extérieur est
fortement déficitaire. Cela dit le taux de couverture des échanges extérieurs laotien s’est
amélioré, de la fin des années 80’s à 1994, il a atteint 70% des échanges.
Depuis 1995, ce déficit recommence à augmenter. Aujourd’hui, il est déficitaire à 50%. Le
Laos est le pays l’aide par tête reçue est le plus élevée. Les importations sont financées
sous forme de dons. Et si on regarde ce que paye réellement le Laos son déficit s’élève alors à
30%.
a) Poids de ASEAN dans son commerce extérieur :
Aujourd’hui, ASEAN représente 20% des exportations du Laos, les pays occidentaux 30% et
le monde chinois-Corée et le Japon 40%.
70% des importations du Laos proviennent de ASEAN, 15% des pays occidentaux et 15% du
monde chinois-Corée et Japon.
L’ASEAN est donc un débouché secondaire pour le commerce du Laos cependant il est son
premier fournisseur. Les échanges avec ASEAN sont déficitaires à 80%. Et 90% des échanges
avec ASEAN s’effectuent via la Thaïlande.
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Bilan : l’entrée du Laos ne correspond pas à une régionalisation de son commerce mais plutôt
à la création de sa dépendance vis à vis de la Thaïlande. Et il y a une même logique de
dépendance sur le plan financier.
b) Les investissements :
Les investissements étrangers sont importants au Laos. Fin 97, ils s’élevaient à 1 MM$. En
terme de investissements étrangers / PNB, le Laos et le Viêt Nam ont un taux investissement
étranger parmi les plus élevés de ASE après Singapour.
* Les investissements étrangers fin 97 :
N°1 : pays de ASEAN avec plus de 50% des investisssements étrangers cumulés au Laos.
N°2 : EU : 26%
N°3 : Corée : 8%
N°4 : Europe : 6%
Le Japon ne représente que 1% et on peut remarquer que Taiwan n’est pas présent. Et que le
poids des pays occidentaux est dérisoire.
46% des investissements de ASEAN sont réalisés par la Thaïlande. La structure des
investissements du Laos est différente du reste des pays de ASEAN car les chinois d’outre
mer sont très peu nombreux. En revanche, les thaïlandais et sino-thais sont très présents. Donc
on voit que le Laos est extrêmement dépendant de la Thaïlande sur le plan commercial et au
niveau des investissements directs.
L’ouverture économique du Laos vers l’extérieur se traduit alors par un retour à l’économie
traditionnelle, d’un Etat tributaire du Siam. On assiste donc à une thailandisation du Laos.
c) L’intérêt de l’entrée du Laos dans ASEAN :
ASEAN est un partenaire incontournable du Laos vu sa position géographique (option
siamoise ou vietnamienne). L’ASEAN lui donnerait une sortie diplomatique en cas de friction
avec la Thaïlande et le VN.
d) L’intérêt de ASEAN :
Sur le plan économique, le Laos n’est d’aucun intérêt pour ASEAN puisque qu’il ne
représente que 0,14% de son commerce extérieur. Le Laos ne représente que 1,5% des
investissements de ASEAN à l’étranger. Cependant, ASEAN manisfeste beucoup plus
d’intérêt à long terme.
Sur le plan stratégique et politique, l’entrée du Laos faciliterait la gestion des problèmes
frontaliers, ce dernier ayant des litiges avec la Thaïlande et le VN. ASEAN se proposerait
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donc de jouer le médiateur. S’ajoute à cela une raison de cohérence géopolitique, géoculturel,
et géographique avec la Chine.
Les raisons premières sont donc d’ordre stratégique, voire même sécuritaire mais en
aucun cas économique.
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