Mémoire DANS LE CADRE DE LA CONSULTATION Rendez-vous de la solidarité 2009 Vers un deuxième Plan d'action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale PRÉSENTÉ AU MINISTÈRE DE L’EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ SOCIALE 9 NOVEMBRE 2009 PRÉSENTATION La Table nationale des Corporations de développement communautaire (TNCDC) est le regroupement des 49 corporations de développement communautaire (CDC) réparties dans 14 régions du Québec, lesquelles regroupent un peu plus de 2 000 organismes communautaires oeuvrant dans les champs d’activité tels que : santé et services sociaux, éducation populaire, solidarité internationale, environnement, famille… La mission de la TNCDC est de soutenir les CDC du Québec dans leur mission tout en faisant la promotion de la place incontournable qu'occupe le mouvement communautaire autonome dans le développement local, et ce, dans une perspective de justice sociale et de développement global et durable de notre société. Depuis quelques décennies, les CDC œuvrent sur une grande partie du territoire québécois au développement d’un projet social qui vise l’élimination de la pauvreté et de l’exclusion sociale en s’inspirant des valeurs regroupées communément dans l'expression « justice sociale » : elles incluent l'autonomie, la démocratie, la dignité de la personne humaine, l'équité, la prise en charge et la solidarité. La TNCDC et ses membres préconisent une vision globale du développement qui tient simultanément compte des contextes économique, politique, social, culturel et environnemental dans lesquels les gens vivent, par des stratégies de développement endogène qui reposent sur la mise à contribution optimale des ressources du milieu. Nous croyons que la participation au développement des milieux requiert également une analyse sociopolitique constante des conjonctures locales, régionales, nationales, et même mondiales, dans une perspective d’actions visant la défense des droits sociaux et la transformation sociale. Notre participation au développement du milieu se traduit donc par des actions concrètes pour le développement général et particulier des collectivités, et ce, en solidarité d’actions entre les territoires, au nom de l’intérêt général et particulier des citoyens et des citoyennes. Nous sommes des témoins privilégiés des possibilités qu’offre le développement local : des concertations multisectorielles; des projets innovants, alternatifs, inclusifs et structurants pour les milieux. Table nationale des Corporations de développement communautaire 255, rue Brock, bureau 403 Drummondville (Québec) J2C 1M5 Téléphone : 819 478-9647 Courriel : [email protected] Site Web : www.tncdc.qc.ca 1 INTRODUCTION Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale invite actuellement tous ses partenaires à réfléchir aux conditions de mise en œuvre pour le second Plan d’action de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. La TNCDC a déjà participé au Rendez-vous national, tenu le 15 juin 2009. En continuité à cette participation, nous déposons ce mémoire qui a pour principal objectif de présenter nos positions en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. PROPOSITIONS DU MINISTÈRE Objectifs généraux Nous partageons la vision du Ministère concernant la place du développement social et de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale au cœur de la stratégie de développement durable, et ce, au même titre que le développement économique ou environnemental. En ce sens, nous croyons essentiel aussi de faire les bilans qui s’imposent et de convenir avec tous les acteurs des enjeux prioritaires pour les prochaines années. Objectifs spécifiques Nous considérons signifiante la volonté du Ministère d’obtenir les points de vue de l’ensemble des acteurs sur : les problèmes et les interventions à prioriser dans leur région ou localité; les conditions pour rendre leurs interventions plus efficaces; la capacité de leur région d'adopter ou d'adapter leurs propres politiques, leur propre plan d'action pour assurer la meilleure adéquation entre les besoins et les moyens à leur disposition; les meilleures pratiques gouvernementales pour y arriver; leur capacité et volonté d'assumer, avec les ministères intéressés et avec les personnes en situation de pauvreté, un leadership unique menant vers des approches innovantes et socialement efficaces. Notre pratique et notre expertise en développement local communautaire et en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale nous permettent de confirmer l’importance de réfléchir ensemble et d’apporter des réponses collectives pour optimiser nos capacités d’agir. Ainsi, nous croyons fermement que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale est renforcée par un développement local concerté qui invite tous les acteurs locaux, sans hiérarchie, et dans le respect de leur propre expertise. Nous croyons que la participation citoyenne, et en particulier celle des gens qui sont touchés par la pauvreté et l’exclusion sociale, peut jouer un rôle signifiant, et ce, pour un Québec fort de tout son monde! 2 Nous croyons donc au développement local qui se veut global et durable, qui vise dès maintenant l’amélioration des conditions de vie pour toutes et tous, sans nuire aux générations futures. Nous sommes convaincus de l’importance d’innover, entre autres, par le déploiement d’une économie sociale et solidaire. Les organisations communautaires et les entreprises d’économie sociale sont des éléments incontournables pour un développement alternatif des collectivités, toujours dans une perspective de justice et d’inclusion sociales. Le développement local concerté devrait contribuer à résorber certaines causes et conséquences de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Il devrait permettre la mise en place ou le maintien de divers services de proximité, d’aide à la personne (toxicomanie, violence, etc.), d’intégration au travail; d’intégration sociale; des mécanismes de participation citoyenne ainsi que le développement d’infrastructures sociales nécessaires à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Pensons au développement des centres de la petite enfance (CPE), de logements sociaux, de transports collectifs, etc. Cependant, le développement local concerté prend sa force et devient significatif si l’action gouvernementale est congruente. Ainsi, l’État a un rôle majeur à jouer, non seulement pour soutenir les collectivités, mais également pour assurer une répartition équitable des richesses collectives. De fait, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale nécessite que le gouvernement y contribue, à son niveau, par le renforcement du filet social. De plus, le gouvernement a la responsabilité d’assurer une surveillance et la mise en place de mécanismes de régulation pour éviter les écarts de développement et de prise en charge entre les territoires du Québec. Enfin, pour assurer une cohérence étatique, le gouvernement a la responsabilité d’établir des pratiques d’intersectorialité entre les différents ministères. Par ailleurs, l’État doit continuer à convier les différents partenaires à travailler collectivement à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, avec ce que cela implique en termes d’analyse, de mise en œuvre d’interventions et de soutien aux différentes démarches de développement local concerté. Thématiques À l’instar du gouvernement, nous croyons que les partenaires locaux et régionaux ont aussi des responsabilités, en grande partie ciblées par les thématiques abordées dans le document pour les consultations régionales. 1. Une intervention territoriale à renforcer Une des grandes forces du développement local concerté est certainement au plan du processus. Ces démarches sont aux antipodes des méthodes statiques et en silos. Elles doivent viser la prise en charge des collectivités et des personnes. Pour ce faire, elles doivent être inclusives et permettre à tous, même aux acteurs qui ne se sentent pas toujours concernés, de s’approprier une analyse commune de la situation de la pauvreté et de l’exclusion sociale du territoire ainsi qu’une vision commune du développement souhaité. Elles doivent favoriser la reconnaissance de l’apport de tous, la mise en commun des pistes d'action, la mise en œuvre et le suivi des actions entreprises. Elles doivent tenir compte des conditions gagnantes, comme un leadership fort et inclusif, déterminé collectivement; l'adaptation des programmes publics aux besoins des 3 collectivités; le rôle central de l'État; la combinaison de l'économie sociale, de l'économie publique et de l'économie privée. 2. Une bonne connaissance des besoins des collectivités et des moyens existants Une autre des grandes forces du développement local concerté mené avec rigueur est certainement d’assurer une bonne connaissance des besoins des collectivités et des moyens existants. Un diagnostic territorial est un préalable incontournable à l'élaboration de toute planification d’interventions et à la mise en œuvre de projets concrets. À ce niveau, nous pensons que l’État a un rôle important à jouer en vue de soutenir les milieux. Le soutien peut être nécessaire pour différents aspects : le financement d’une ressource experte en diagnostic territorial, l’accès à des données statistiques gouvernementales ou à des outils d’analyse spécifique (ex. : ADS – analyse différenciée selon les sexes – et groupes de discussion). Un soutien particulier devrait également être considéré afin d’assurer la diffusion de ces analyses auprès de l’ensemble des partenaires, la mise en place de mécanismes d’évaluation sur l’ensemble de la démarche (évaluation de la concertation, de la mise en œuvre de la planification d’interventions, des projets ciblés). 3. L’adéquation entre les besoins et les moyens En toute logique, une troisième grande force du développement local concerté est certainement d’assurer l’adéquation entre les besoins et les moyens. De cette adéquation émergent souvent l’innovation et la créativité sociales. Il s’agit donc de moyens concrets qui peuvent pallier des facteurs de pauvreté ou d’exclusion sociale correspondant à la réalité spécifique du territoire. Les milieux doivent donc pouvoir compter sur le gouvernement pour soutenir cette innovation. Ce soutien peut être financier, par divers programmes, mais également administratif, par une souplesse au plan des règles. 4. Les conditions nécessaires pour appuyer la prise en charge à l’échelle régionale et locale Plusieurs conditions nécessaires au développement local concerté ont déjà été nommées dans le traitement des autres thématiques. Néanmoins, il est toujours utile de rappeler l’importance de convier tous les partenaires à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale pour assurer ainsi la pérennité du développement de nos collectivités avec des principes de gouvernance qui ne laissent personne de côté et qui encouragent l’expertise sectorielle au profit du développement collectif. En somme, il faut une intervention territoriale concertée, soutenue par les acteurs régionaux et nationaux aux plans financier, administratif, professionnel et, surtout, dans le temps… 4 CONCLUSION Dans le cadre de la présente consultation, nous espérons que le Ministère tiendra compte de nos positions et commentaires. Comme énoncé en présentation, la TNCDC et ses membres préconisent une vision globale du développement qui tient simultanément compte des contextes économique, politique, social, culturel et environnemental dans lesquels les gens vivent, par des stratégies de développement endogène qui reposent sur la mise à contribution optimale des ressources du milieu. Ainsi, pour nous, il ne fait aucun doute que l’État a un rôle majeur à jouer, non seulement pour soutenir les collectivités, mais également pour assurer une répartition équitable des richesses collectives. Ces deux plans d’intervention sont indissociables. L’absence de l’un rend l’autre caduc. 5