Audiométrie vocale Une audiométrie tonale ne cadre pas toujours avec les dires du patient. Un examen audiométrique après traitement ne donne pas toujours d’amélioration mais la patient est moins gêné. Il existe un facteur objectif qu’il est difficile d’apprécier par une audiométrie tonale ; il y a aussi des éléments fonctionnels que l’audiométrie tonale ne révèle pas et qui influent sur l’intelligibilité. On a donc recours à l’audiométrie vocale plutôt qu’à des sons. L’intelligibilité des mots fait appel à l’audition, à la culture, à la connaissance, à la langue, à l’intelligence et au pouvoir de suppléance mentale. L’oreille est faite pour entendre la voix et la parole. Les sons perçus ne nous permettent pas de définir la gêne sociale du sujet, c’est pourquoi on va définir des seuils : 1er seuil de détectabilité : le patient entend mais ne comprend pas. 2e seuil d’audibilité : le patient reconnaît le son mais ne comprend pas la signification. 3e seuil d’intelligibilité : le sujet entend et comprend le mot. 1. Le matériel Une cabine double ou simple si on a une bande enregistrée. Si on fait une audiométrie vocale à voix nue, il faut une cabine double. On va utiliser des mots composés de syllabes elles-mêmes composées de phonèmes. Fournier et Lafon ont crée des listes. Pour Fournier l’unité phonétique est la syllabe, il existe des listes de mots monosyllabiques, des listes dissyllabiques et des listes de phrase. Les mots comportent le même nombre de syllabes, plus le mot est long, plus il est facile à reconnaître par suppléance mentale. Les mots ne doivent pas avoir de double signification, ne doivent avoir qu’une seule prononciation et doivent être connus du sujet. Ce sont des listes équilibrées en mots faciles et difficiles. a / les listes monosyllabiques Ce sont des listes difficiles car le sujet ne peut pas avoir recours à la suppléance mentale (lac, fève, court, …) Ce sont des listes peu utilisées. b / les listes dissyllabiques Ce sont les plus utilisées, il existe 40 listes de 10 mots (bouchon, couper, jumeau …) c / les listes de phrases Surtout réservées à l’enfant car l’examen est plus facile (le gamin est parti à l’école) 2. Les conditions d’examen - Il faut choisir une liste qu’on va garder pendant toute la durée du test. - Choix en fonction du patient - Expliquer ce que vous attendez du patient (répéter même si le mot semble insignifiant) - Pour les enfants et les personnes âgées, de préférence simple cabine à vois nue - Eviter les examens trop longs - Tracer la courbe d’intelligibilité en CA au casque oreilles séparées. On note les mots mal répétés et lors de la deuxième lecture c’est à nouveau faux, alors on compte faux. De cette manière on établit un pourcentage d’intelligibilité pour les différentes intensités que l’on reporte sur un graphe. On pu faire ce test en CO avec assourdissement controlatéral ou en champ libre avec ou sans lecture labiale. C’est d’ailleurs la seule technique qui permet de mesurer la qualité de la lecture labiale. Chaque élément de la liste est passé à des intensités différentes en commençant par 90 dB (100 dB théoriquement) et en évoluant par pas de 10 dB. On compare donc l’audiométrie obtenue avec celle d’une oreille normale ici tracée en noire. Audiométrie vocale Pourcentage 100 80 60 Oreille normale 40 Oreille pathologique 20 0 10 90 80 70 60 50 40 30 0 10 20 0 Intensité La courbe a la même forme mais elle décalée sur la droite, c’est donc une surdité de transmission. Audiométrie vocale Pourcentage 100 80 60 Oreille normale 40 Oreille pathologique 20 0 10 90 80 70 60 50 40 30 0 10 20 0 Intensité La courbe est décalée vers la droite et n’a plus la même pente, c’est une surdité de perception. Audiométrie vocale Pourcentage 100 80 60 Oreille normale 40 Oreille pathologique 20 0 10 90 80 70 60 50 40 30 0 10 20 0 Intensité On a une courbe en plateau qui correspond à une surdité de perception avec recrutement (distorsion sur l’axe des intensités). Audiométrie vocale Pourcentage 100 80 60 Oreille normale 40 Oreille pathologique 20 0 10 90 80 70 60 50 40 30 0 10 20 0 Intensité On a une courbe en cloche, c’est une surdité de perception avec un fort recrutement. Dans ce cas la marge de manœuvre pour l’appareillage est très réduite. Pour une surdité rétro-cochléaire, la vocale est plus dégradée que la tonale. En audiométrie clinique on préférera la vocale de Lafon car elle utilise le phonème comme unité phonétique. Toutes les listes sont composées de mots de 3 phonèmes comportant un phonème caractéristique, c’est celui-ci qui constitue la différence entre certains mots et qu’il faut absolument avoir entendu pour comprendre les mots. Il existe différents types de listes, à balayage, cochléaire, de recrutement ou d’intégration Listes de balayage Cette liste a pour but de rechercher s’il y a des distorsions et de savoir par quel autre test il faut continuer l’examen. Il existe 2 liste A et B émises en bio auriculaire à une intensité de 90 dB. Liste A en bio auriculaire à 90 dB sans bruit perturbant. Liste B en bio auriculaire à 90 dB avec un bruit perturbant de 70 dB environ. On compte le nombre de phonèmes faux lors de la première lecture de la liste A, on fait la même chose pour B et on établit le résultat par l’opération suivante : Nbre phonèmes faux avec liste B – Nbre phonèmes faux avec liste A Si le nombre obtenu est < 3, le résultat est normal Si le nombre obtenu est > 3, il existe un problème d’intégration Si il y a autant d’erreurs pour chaque liste, il y a un problème cochléaire Listes cochléaires Ce sont les plus utilisées, elles permettent de tracer la courbe d’intelligibilité. Chaque liste de mots comporte 1è mots de 3 phonèmes soit 51 phonèmes. On a à notre disposition 20 éléments de listes. Lors d’un passage à une intensité donnée, on compte le nombre de phonèmes mal répétés lors de la 2ème lecture et on multiplie par 2 pour avoir un pourcentage. On arrête de diminuer l’intensité lorsque le pourcentage est inférieur à 50 %, on a le seuil d’intelligibilité. Listes de recrutement Elles mettent en évidence la distorsion donc le recrutement. On a quatre listes pour lesquelles seul le phonème caractéristique du début de mot compte. Les listes I et II testent les phonèmes situés entre 1000 et 2000 Hz. Les listes III et IV testent les phonèmes de 4000 Hz. On passe ces listes à 30 dB au dessus du seuil tonal moyen ((f 500 +f1000 +f2000 + f4000)/4). On fait une lecture horizontale et on compte le nombre d’erreurs, si celui-ci est supérieur à 3 il y a un problème de recrutement. Listes d’intégration Elles permettent d’observer le comportement de l’oreille dans des situations difficiles. Lors de ce test l’intensité du mot émis est de 80 dB et l’intensité du bruit est de 65 dB. - OD sans bruit + assourdissement controlatéral avec liste 1 - OG avec bruit + assourdissement controlatéral avec liste 1 - OD avec bruit + assourdissement controlatéral avec liste 2 - OG sans bruit + assourdissement controlatéral avec liste 2 - OD sans bruit + assourdissement controlatéral avec liste 3 - OG avec bruit + assourdissement controlatéral avec liste 3 Une fois les 5 listes effectuées, on refait le test en changeant le départ, c'est-à-dire : - OD avec bruit + assourdissement controlatéral avec liste 1 - OG sans bruit + assourdissement controlatéral avec liste 1, etc … C’est une épreuve longue et fatigante. On fait le total d’erreurs avec et sans bruit pour chaque oreille puis on effectue le calcul suivant : Nbre erreurs avec bruit – Nbre d’erreurs sans bruit pour chaque oreille également On tolère un nombre ≤ 3 pour une oreille normale, au-delà, on peut parler de problème d’intégration. 3. Les tests vocaux spéciaux méthode de Bocca Elle repose sur le rythme de passation. Soit le message est passé en accéléré, soit on modifie l’intelligibilité, soit on fait des interruptions régulières au niveau du message (trous dans le message). Cette audiométrie est une étude globale de l’audition, c'est-àdire les différents stades de l’audition. Elle permet de chiffrer l’intelligibilité des mots et par conséquent de montrer la gêne sociale. Elle a un intérêt diagnostic car elle permet de localiser la lésion (surdité de transmission, de perception, et si perception, si c’est cochléaire ou rétro-cochléaire). Elle étudie le spectre sonore dans sa partie médiane entre 200 et 4000 Hz c'est-à-dire dans la zone conversationnelle. Toutes atteinte au-delà de 6000 Hz passerait complètement inaperçue lors de l’audiométrie vocale. C’est un test qui se révèle plus long qu’en audiométrie tonale. En revanche, il a un intérêt social qui est une mesure objective et plus précise de la véritable gêne. Il a aussi un intérêt prothétique car il permet la visualisation par la courbe d’intelligibilité des performances réelles de l’oreille. méthode d’Elbaz Elle permet d’évaluer des difficultés d’intelligibilité dans le bruit même chez des personnes dont l’audiométrie tonale et vocales sont bonnes. Elle permet entre autre de quantifier la capacité auditive non explorée par l’audiométrie tonale ou vocale dans le silence. Avant de réaliser ce test, il faut impérativement avoir effectuer une audiométrie vocale classique avec les listes de Fournier en champ libre. Ensuite on peut envoyer par des haut-parleurs les mots et le bruit. On prend l’intensité minimale pour laquelle on avait 100 % de bonnes réponses avec Fournier et on fixe l’intensité de sortie 10 dB au dessus, on gardera cette intensité tout au long du test. On fera varier l’intensité du bruit blanc à partir de Isortie + 5 dB, en augmentant par pas de 5 dB jusqu’à ce qu’on n’ait plus d’intelligibilité. Normalement on a une intelligibilité jusqu’à ce que le bruit soit supérieur de 15 dB au niveau de sortie.