Pourquoi ne plus faire des dictées de mots... ?

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Pourquoi ne plus faire des dictées de mots... ?
Pour plusieurs raisons pédagogiques fondamentales :

Les mots issus de listes "officielles" sont hors contexte. On n'est plus dans une pédagogie de
l'intégration

Parmi les mots proposés, les enfants n'ont pas tous des représentations du sens de ceux-ci.

Pour mémoriser la graphie de ces mots, les enfants ne font souvent appel qu'à leur
mémorisation à court terme. Sauf certains qui ont de bonnes bases et qui les relient à des mots
de la même famille. On valorise ainsi les enfants qui ont déjà une bonne orthographe et qui ont
fait des liens parmi leur masse de vocabulaire.

Contrairement à des travaux à partir de texte, l'enfant n'a pas l'occasion de rattacher les
graphies à divers contextes : la situation fonctionnelle liée au texte, le sens (thème) du texte,
divers mots du texte...

Bien souvent, on ne travaille pas sur les listes de mots en classe, les enfants sont donc livrés
à eux-mêmes ou les parents font le travail à notre place. On risque de coter plus l'implication du
niveau familial que l'apprentissage d'une compétence.
Et en plus, si je fais confiance dans l'expertise de ceux qui rédigent les programmes :
Le Programme Intégré est explicite sur le développement des compétences en langue française
 Toutes les activités prennent comme référence le texte1 plutôt que la phrase isolée. Cela permet de
travailler autant que possible sur l’usage réel de la langue et ainsi de respecter les fréquences2 (lexicales
et grammaticales). p.19
 Les activités de structuration sur une compétence spécifique (autre que l’élaboration de significations)
sont organisées sur des textes déjà rencontrés, et sur lesquels les enfants ont déjà « fait du sens ». Il
s’agit de ne pas ajouter d’obstacles à l’apprentissage. Des textes utilisés ou produits dans les autres
disciplines sont souvent des supports très intéressants pour d’autres apprentissages. p.19
 Les diverses listes orthographiques élaborées par des chercheurs et des pédagogues mettent l’accent sur
les éléments fondamentaux du vocabulaire. Elles permettent donc aux enseignants de prendre conscience
des priorités (sans exclure un élargissement de la demande). Mais il va de soi qu’en aucun cas, elles ne
peuvent être utilisées comme des instruments d’apprentissage : la dictée systématique de mots hors
contexte est à éviter. p. 40
Enfin, je me pose des questions...
 Dans les listes de mots, y a-t-il le déterminant?
 Comment peut-on retenir, sans avoir tissé des liens, 25 mots + 25 mots + 25 mots + ... soit
environ 750 mots ?
 Quand on voit comment ils orthographient dans des textes personnels, je me demande à
quoi ça sert?
 A force de passer du temps sur cette demi compétence, quand est-ce qu'on travaille sur les
6,5 autres? Elle ne devrait occuper que 1/14 du temps consacré au SAVOIR ECRIRE.
1
Le mot texte est utilisé dans son sens le plus large de suite de phrases organisées en un ensemble cohérent, tant à l’oral
qu’à l’écrit.
2
Il n’y a, par exemple, aucune raison d’étudier le pluriel ou le féminin de mots inusités (landau, sarrau, etc…), pas plus
que l’accord du verbe avec des pronoms sujets de personnes différentes (Toi et moi partirons demain).
- 8-Hoeben-Dictée mots - Stéphane HOEBEN - page 1 -
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