Mais on est confronté au problème de la sous-représentativité des gènes faiblement exprimés (souvent les plus
importants!). On peut construire une banque ADNc et hybrider de façon successive avec les ADNc femelles. On
élimine les hybrides et on recommence. C'est une banque soustractive, qui peut de plus être couplée à un
criblage différentiel.
On a ainsi mis en évidence une famille de gènes, les gènes MEN (MEN9) (man enhanced), qui sont
effectivement exprimés dans la fleur mâle et peu dans les fleurs femelles. Mais ce n'est pas très spécifique,
d'autant plus qu'il semble que leur expression soit assez tardive et que les produits de ces gènes ne semblent pas
jouer un rôle biochimique et finalement leur expression est limitée à l'épiderme de l'anthère. Il faut chercher
d'autres gènes déterminant le sexe plus en amont.
On a essayé de trouver des gènes MADS box, pour bâtir un modèle ABC. On a trouvé les gènes SLM, exprimés
préférentiellement dans les bourgeons floraux mâles ou femelles et pas dans les feuilles. Mais ces résultats sont
pondérés par d'autres expériences et on pensent à l'heure actuelle que ces gènes SLM ne sont pas non plus
déterminants dans le sexe de la plante Silene latifolia.
On a pu mettre en évidence aussi le rôle de la méthylation de l'ADN. Un des deux chromosomes X de la plante
femelle est hyperméthylé, se réplique tardivement et est très condensé (donc transcriptionnellement peu actif).
On a alors pensé que la méthylation pouvait jouer un rôle dans le déterminisme sexuel.
On connaît chez les mammifères des mécanismes de régulation de la dose des gènes (car on a 2X), dont fait
partie la méthylation.
On peut essayer de modifier le taux de méthylation du chromosome X chez la plante.
Pour cela on la fait pousser en présence de azacytidine: le carbone 5 de la cytidine (site de méthylation) est
remplacé par un N). Cette base modifiée va être incorporée dans l'ADN. Il faut savoir que la méthylation se fait
préférentiellement sur les cytidines. On aura ainsi une hypométhylation de l'ADN.
On a alors deux possibilités:
L'hypométhylation permet de déréprimer l'expression de certains gènes
Ou plus rare elle induit l'inhibition de l'expression de gènes. (Cela peut être dû à la dérépression d'inhibiteurs
de gènes).
On observe que les plantes femelles hypométhylées restent femelles mais que les plantes mâles hypométhylées
donnent deux populations de plantes: mâles à majorité et des plantes à fleurs hermaphrodites (80-20%). Aucune
plante XX ne devient hermaphrodite: cela confirme le rôle prépondérant de Y dans le déterminisme sexuel.
On peut analyser la descendance de ces plantes hermaphrodites:
L'autofécondation ne donne pas de plantes mâles mais uniquement des plantes femelles et hermaphrodites.
femelle sauvage * mâle/hermaphrodite plantes mâles, femelles et hermaphrodites. On maintient de
caractère hermaphrodite en apportant le gamète mâle de la fleur hermaphrodite (l'hyperméhylation n'est pas
perdue).
mâle/hermaphrodite * femelle sauvage on conserve le caractère hermaphrodite, quelle que soit la
génération d'hermaphrodite donneur de gamètes mâles.
femelle/hermaphrodite * mâle sauvage caractère hermaphrodite perdu. Il y a correction de l'état
hypométhylé chez la femelle à la génération suivante.
On met ainsi en évidence un mécanisme de méthylation, l'imprinting ou empreinte parentale, chez la femelle. En
effet, la déméthylation est reversée chez la femelle par le passage à travers le sporophyte et le gamétophyte,
comme s'il y avait un "pattern" de méthylation chez la femelle. Pour dire les choses en français: il y a
probablement un mécanisme d'empreinte maternelle qui impose la méthylation lors de la méiose.
Le taux de méthylation joue donc un rôle dans le déterminisme sexuel.
Ces résultats suggèrent un effet sur les gènes qui suppriment le développement du gynécée, situés sur le chY. La
déméthylation bloquerait ces gènes, ce qui permettait au gynécée de se développer, d'où la fleur hermaphrodite.
On est dans le cas rare où l'hypométhylation induit l'inhibition de l'expression de gènes (du chY impliqués dans
l'inhibition du gynécée…).
On peut penser qu'il y a aussi une induction de quelques gènes clés importants pour le développement du
gynécée, ce qui peut se produire plus fréquemment. (il doit y avoir beaucoup de gènes impliqués dans le
développement du gynécée donc c'est peut-être pas bête de penser à l'activation de gènes clés plutôt qu'à
l'inhibition des inhibiteurs…)
Il y a aussi