Fin de vie : considérations éthiques et pratique déontologique
Intervention du Dr J-M FAROUDJA
Président de la section Ethique et Déontologie
Conseil national de l’Ordre des Médecins
Mes chers Collègues et Amis,
Le serment médical en vigueur depuis 1996
édicte déjà tout ce qu’il convient de retenir de
la Loi actuelle (2005) et de celle de 2016 dont
l’application n’interviendra qu’après la
parution des décrets en cours d’écriture, c’est-
à-dire soulager, pas d’obstination
déraisonnable, pas d’euthanasie.
Serment médical :
Hippocrate déjà énonçait :
« Jamais je ne remettrai du poison, même si on
me le demande, et je ne conseillerai pas d’y
recourir » ; dans une autre mouture « …je
n’administrerai un médicament mortel à
aucun prix et même si cela m’était ordonné, ni
je ne prescrirai rien de tel en consultation…. ».
Le Code pénal (221-1, 223-6, 221-5) punit
toute personne qui donne la mort ou la
permet, meurtre, non- assistance,
empoisonnement.
Le Code de Déontologie et le CSP sont jusque-
là explicites et cohérents. Ils répondent aux
principes édictés dans la Loi Léonetti de 2005,
laquelle était une incontestable avancée face
à ce qu’il était convenu d’appeler auparavant
l’acharnement thérapeutique tout en
maintenant bien évidemment l’interdiction de
provoquer délibérément la mort.
RELISONS LES ARTICLES 37 ET 38…
Article 37 (actuel) du CDM… L’essentiel…
- En toutes circonstances le médecin doit
s’efforcer de soulager les souffrances…
s’abstenir de toute obstination
déraisonnable…
- Importance des Directives anticipées
- La décision de limitation ou d’arrêt du
traitement est prise par le médecin en charge
du patient après concertation avec l’équipe de
soins si elle existe et sur l’avis motivé d’au
moins un médecin appelé en qualité de
consultant
- Tous ces éléments sont inscrits dans le
dossier du patient. La personne de confiance
si elle a été désignée, la famille ou à défaut un
des proches du patient sont informés de la
nature et des motifs de la décision de
limitation ou d’arrêt des traitements
Le médecin met en œuvre les traitements
notamment antalgiques et sédatifs
permettant d’accompagner la personne …
L’entourage du patient est informé de la
situation et reçoit le soutien nécessaire.
Article 38 (actuel) du CDM… L’essentiel
Le médecin doit accompagner le mourant
jusqu’à ses derniers moments, assurer par des
soins et mesures appropriés la qualité d’une
vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du
malade et réconforter son entourage.
IL N’A PAS LE DROIT DE PROVOQUER
DELIBEREMENT LA MORT
L’Institution ordinale réfléchit depuis bien
longtemps à ce problème de la Fin de Vie et
elle s’est demandée pourquoi cette Loi de
2005, votée à la quasi-unanimité au Parlement
ne permettait toujours pas de moins « mal
mourir » en France.
J’ai, comme vous sans doute, le souvenir de
ces tristes fins, au fond d’un couloir peu
éclairé, une porte entr’ouverte sur les
gémissements de douleurs non contrôlées,
une chambre où l’on n’entre plus que sur la
pointe des pieds de peur de mesurer son
impuissance à soulager… et cette agonie
parfois prolongée sous le regard des proches,
de l’équipe soignante… Des souvenirs qui
hantent encore… la peur de prescrire de la
morphine… c’était cela il y a 20 ou 30 ans… et,
hélas, parfois c’est encore le cas aujourd’hui…
En Février 2013, la Section Ethique et
Déontologie a recherché le pourquoi de
l’échec d’une Loi qui pourtant apportait des
solutions au « mal mourir ».