CABINET Forum Med Suisse No19 8 mai 2002 470
rentiel d’une syncope chez l’enfant ou l’adoles-
cent, mais très marginale chez l’adulte.
Etats d’hypovigilance
Définition: vigilance amoindrie avec un
trouble qualitatif de la conscience, caracté-
risé par des gestes automatiques, une inat-
tention et un comportement inadéquat.
Les états d’hypovigilance sont en principe étio-
logiquement non spécifiques et se manifestent
au cours de diverses maladies entraînant une
hypersomnie (besoin exagéré de sommeil
diurne) telles que le syndrome d’apnée obs-
tructive du sommeil, la narcolepsie ou encore
l’hypersomnie idiopathique. Dans ce cadre, il
faut également prendre en considération
l’amnésie globale transitoire, qui correspond à
un trouble bénin de la mémoire déclarative (ré-
cente et ancienne) d’une durée de quelques
heures et qui n’est souvent identifiée qu’après
la disparition de l’épisode. Ici aussi, il est clair
qu’il ne s’agit pas d’une perte de connaissance.
Finalement, dans le cadre des états crépuscu-
laires de genèse non épileptique (comme par
exemple les hypersomnies), il faut encore men-
tionner la migraine basilaire qui représente une
forme particulière de la migraine accompagnée
et entraîne typiquement un vertige, une ataxie,
des symptômes sensitivo-moteurs des extrémi-
tés et, dans 75% des cas, des troubles de l’état
de conscience [3, 4]. La maladie, globalement
très rare, atteint, tout comme la migraine en gé-
néral, surtout des femmes jeunes et doit surtout
être différenciée d’une ischémie vertébro-basi-
laire.
Dans le diagnostic différentiel de la syncope, il
faut encore penser à d’autres syndromes tels
que l’hypoglycémie, les crises d’hyperventila-
tion ainsi qu’une hémorragie aiguë, principale-
ment au niveau du tractus gastro-intestinal.
Diagnostic différentiel
étiologique
Si l’anamnèse met en évidence une perte de
connaissance d’installation soudaine, de courte
durée, régressant spontanément, comportant
une perte du contrôle postural dans le sens
d’une syncope, la vraisemblance qu’il ne s’agit
pas d’une affection neurologique au sens res-
trictif reste élevée. Selon de grandes études
bien que déjà anciennes portant sur des pa-
tients ayant présenté des syncopes, une cause
neurologique était présente dans environ 10%
des cas; un pourcentage aussi élevé favorise
une origine psychiatrique (ces cas sont traités
dans l’article de C. Cottier dans Forum Médical
Suisse 2002;2:430–43).
Les étiologies les plus fréquentes sont sans
doute les syncopes vaso-vagales (nouvelle no-
menclature: syncopes cardioneurogènes) avec
les sous-groupes correspondants (syncopes de
pression, réflexes, de situation, syndrome du
sinus carotidien), les syncopes d’hypotension
orthostatique ainsi que les syncopes consécu-
tives à une maladie cardiaque. Avant l’intro-
duction du test de la table basculante ainsi que
de l’ECG de longue durée corrélé à l’événement
(continuous-loop event monitoring), un tiers
des syncopes étaient qualifiées d’étiologie
indéterminée; aujourd’hui, ce pourcentage
devrait nettement diminuer [1].
Etant donné que du point de vue neurologique,
les entités IT, migraine basilaire ainsi que «sub-
clavian-steal-syndrom» ont déjà été discutées
ci-dessus, nous nous arrêterons maintenant
principalement sur les crises épileptiques et
pseudo-épileptiques.
Une syncope secondaire à une ischémie céré-
brale transitoire globale présente un tout autre
mécanisme qu’une crise épileptique de quelque
forme que ce soit. La crise épileptique corres-
pond à une décharge hypersynchrone d’une
partie ou de tout le cerveau, c’est-à-dire à un
événement électrique cérébral primaire, qui
ne conduit que secondairement à une éven-
tuelle modification de la perfusion cérébrale
(d’ailleurs dans le sens d’une hyperperfusion de
l’aire épileptogène). Pour autant, la différen-
tiation clinique est fréquemment nécessaire et
souvent difficile, surtout lorsqu’on ne dispose
pas du tout ou de manière insuffisante de ren-
seignements anamnestiques de tiers.
On ne parlera ici que brièvement des crises
pseudo-épileptiques (= dissociatives = fonction-
nelles = hystériques), notamment pour mieux
les opposer aux vraies crises épileptiques. Les
crises pseudo-épileptiques appartiennent éga-
lement au groupe des troubles psychiatriques
pouvant causer des syncopes (cf. plus haut).
Elles se manifestent typiquement par des alié-
nations motrices ou par des troubles de la
conscience, sont phénoménologiquement très
variables (non stéréotype), leur durée est éga-
lement variable mais inhabituellement longue
(de nombreuses minutes) pour une crise épi-
leptique; les troubles surviennent la plupart du
temps en relation avec une situation (toujours
devant des témoins ou au contraire toujours
sans observateur), il n’y a pratiquement jamais
de blessure en dépit de nombreux accès sur de
nombreuses années, la perte des urines est
rare, les mouvements sont bizarres et non co-
ordonnés, les morsures de langue sont rares et
ne concernent pas le bord latéral de la langue,
la coloration de la peau ne se modifie pas, les
patients présentent souvent des signes de dé-
fense (l’ouverture passive des yeux est impos-
sible, le contact visuel est consciemment évité).
A la fin de la crise le patient est tout de suite à
nouveau complètement éveillé et orienté [5].