Les crises financières sont-elles inévitables ? Cerner le sujet - la diversité des crises financières 1) Crises souveraines ou crises de la dette souveraine : lorsqu’un Etat rencontre des difficultés majeures pour le remboursement de sa dette ; - remarque : chez R&R, il y a en fait 6 types de crise, car ils séparent crises souveraines internes (défauts sur les obligations intérieures) et crises souveraines externes (défauts sur les obligations étrangères). 2) Crises bancaires : lorsque de nombreuses banques et/ou certaines grandes banques (systémiques) sont en difficulté, illiquides à court termes ou, plus structurellement, insolvables. - « Lors d’une crise bancaire, majeure, en général, un pays s’aperçoit qu’un vaste pan de son secteur bancaire est devenu insolvable par suite de lourdes pertes sur ses investissements, de paniques bancaires ou des deux. 3) Crises de change : ajustement violent des taux de change (changes flexibles), dévaluation forcée (changes fixes) car attaques spéculatives des détenteurs d’actifs à l’échelle internationale ; « Une autre catégorie importante est celle des crises monétaires, ou crises de change, à l’instar de celles qui ont frappé l’Asie, l’Europe et l’Amérique latine dans les années 1990. Classiquement, une telle crise voit chuter à pic la valeur d’une devise nationale, même si souvent le gouvernement a « garanti » qu’il ne le permettrait jamais. » 4) Les krachs boursiers : lorsque se produit un ajustement à la baisse de vaste ampleur sur les marchés boursiers ou les marchés obligataires ; - Reinhart et Rogoff ne retiennent que les krachs boursiers « type Kindleberger » : - « c’est-à-dire les épisodes de krach associés à des turbulences et des crises financières internationales » 5) Les accès marqués d’inflation « Nous examinerons aussi les crises marquées par des épisodes d’inflation très élevée. Il va sans dire qu’un bond inattendu de l’inflation équivaut de facto à un défaut de paiement pur et simple, puisqu’il permet à tous les débiteurs (Etat compris) de rembourser leurs dettes dans une monnaie dont le pouvoir d’achat est bien moindre qu’à la date où elles ont été souscrites. » - R&R retiennent comme seuil : 20% pour le taux d’inflation annuel avant 1914 et 40% après 1914. - remarque : définition de l’hyperinflation : taux d’inflation supérieur à 40% par mois (R&R p.25) - « inévitables » : - le sujet porte davantage sur les mesures permettant d’éviter l’apparition des crises financières, - plutôt que sur la question de la ‘gestion’ des crises financière (après leur déclenchement) - tension entre les gains d’efficacité (microéconomiques) attendus de la libéralisation et le risque systémique. ⇒ question ‘peut-on lutter’ est indissociable de celle ‘veut-on lutter’. - croyance dans l’efficacité des systèmes financiers libéralisés ⇒ parallèlement, développement d’arguments en faveur de l’idée que les crises financières, si elles existent, ne trouvent pas leur source dans les mécanismes de marché au sein de la sphère financière. - les éventuelles crises financières trouveraient leur source dans les fondamentaux, autrement dit dans les déséquilibres de la sphère réelle, déséquilibres qui seraient eux-mêmes dus à des erreurs de politique économique. - remarque : système financier contrôlés (et peu développés) dans les pays émergents (Chine) ⇒ pas de crises financières mais… - interdépendance - entre les différents types de crises financières (ex : crises de change impliquant une crise bancaire, une crise de la dette souveraine…) - entre les crises financières des différents pays. - distinguer : 1) les crises financières dont l’origine se trouve dans les fondamentaux - la sphère financière reflète la sphère réelle - bien que les bulles spéculatives ne soient pas impossibles dans ce cas (bulles rationnelles), la cause ‘fondamentale’ d’une crise financière se trouve dans la sphère réelle. ⇒ les crises financières (crise de la dette, de change…) peuvent être évitées dans la mesure où les déséquilibres de la sphère réelle peuvent être résorbés. - de plus, dans ce cadre théorique, on préférera souvent parler de fluctuations financières (‘normales’) plutôt que de crises 2) les crises financières inhérentes à la sphère financière elle-même ⇒ les crises financières peuvent être évitées dans la mesure où une réglementation efficace de la sphère financière peut être mise en œuvre. Proposition de plan I. Les crises financières dont les causes se trouvent dans les fondamentaux sont évitables dans la mesure où les autorités publiques ne commettent pas d’erreurs de politique économique. A. Les crises financières peuvent être la conséquence de déséquilibres dans la sphère réelle, déséquilibres que les autorités publiques n’ont pas su prévenir, voire ont favorisé B. Trois types de crise financière semblent pouvoir être considérées comme relevant de ce cas : les crises des dettes souveraines, les crises de change et les crises inflationnistes. II. Les crises financières dont les causes se trouvent dans la sphère financière elle-même sont évitables dans la mesure où les autorités publiques parviennent à mettre en place une réglementation financière efficace. A. Certains dysfonctionnements de la sphère financière sont susceptibles de générer des crises si la réglementation financière ne permet pas de limiter ces dysfonctionnements. B. Deux types de crise financière semblent pouvoir être considérées comme relevant de ce cas : les krachs boursiers et les crises bancaires. III. L’absence de consensus possible sur l’origine des crises financières ainsi que sur leurs conséquences rend (finalement) peu crédible l’idée que les crises financières puissent être inévitables. A. Tous les types de crises s’avèrent avoir eu des causes liées dans certains cas aux fondamentaux et dans d’autres cas aux dysfonctionnements de la sphère financière. B. De ‘peut-on’ à ‘doit-on’ (donc ‘veut-on’) : les crises financières sont inévitables dans la mesure où elles sont souvent considérées comme le ‘prix’ de l’efficacité économique à long terme.