Géométrie différentielle : exercices Séance 2 Exercice 1. Démontrer si nécessaire : 1. L’image d’un compact par une fonction continue à valeur dans un espace séparé est compacte. 2. Dans un espace compact, les parties fermées sont compactes. 3. Dans un espace séparé, les parties compactes sont fermées. 4. Une fonction est continue si et seulement si l’image réciproque de tout fermé est un fermé. Correction. 1. Voir cours. 2. Voir cours. 3. Soit K ⊂ Y où K est compact et Y est séparé. Soit x ∈ Y \ K. Pour chaque point k ∈ K, choisissons Uk 3 k et Vk 3 x séparant k et x. Les Uk recouvrent K, et il en existe donc un sous-recouvrement fini Uk1 . . . Ukn . Mais alors l’intersection des Vk1 . . . Vkn ne contient pas de point de K, et est pourtant ouvert (et contient x). Ceci montre que Y \ K est ouvert. 4. Voir cours. Exercice 2. Soit f : X → Y une bijection continue. Montrer que si X est compact et Y est séparé, alors f est un homéomorphisme. Correction. Soit F un fermé de X. Par compacité de X, F est compact. Dès lors f (F ) est compact et donc f (F ) est fermé (car Y est séparé). Exercice 3. Comprendre et démontrer que si on a le diagramme commutatif A? ?? ?? ?? ? π ?? ?? ? f¯ C /B ? f 2 où f¯ est continue et π une application quotient, alors f est continue. Rappel Une surjection π : A → C est une application quotient si, pour tout U de C, U est ouvert ⇐⇒ π −1 (U ) est ouvert. Correction. Soit U un ouvert de B, alors f −1 (U ) est ouvert si et seulement si π −1 (f −1 (U )) est ouvert (application quotient). Or π −1 (f −1 (U )) = f¯−1 (U ) (diagramme commutatif) est ouvert car f¯ est continue. Dès lors f est continue. Exercice 4. Montrer l’un des homéomorphismes suivants : 1. Dn /Sn−1 ' Sn , où Sn−1 est le bord de la boule fermée Dn ⊂ Rn . 2. RP (n) ' (Sn /∼), où x ∼ −x. 3. RP (3) ' SO(3, R) Correction. 1. Commençons par remarquer que Dn /Sn−1 est compact (il faut voir qu’il est séparé !), et que Sn est compact également. Il suffit donc de trouver une bijection continue de l’un dans l’autre, au choix. Regardons Dn comme la boule fermée de rayon π, et définissons f par f : Dn /Sn−1 → Sn ⊂ R × Rn : x 7→ (cos(r), sin(r) x ) r (1, 0) si r 6= 0 si r = 0 def où r = kxk. Géométriquement, dans le cas n = 2, on emballe la sphère dans le disque de rayon π, tangent au point (1, (0, 0)). Le bord du disque se retrouve alors en (−1, (0, 0)). Réciproquement, définissons g : Sn ⊂ R × Rn → Dn /Sn−1 : (t, y) 7→ y arccos(t) kyk 0 Sn−1 si t2 6= 1 si t = 1 si t = −1 Pour montrer que f est continue, remarquons que la fonction auxiliaire (cos(r), sin(r) x ) f¯ : Dn → Sn : x 7→ r (1, 0) si r 6= 0 si r = 0 3 (où r = kxk) est continue et s’inscrit dans le diagramme f¯ Dn? ?? ?? ?? ? π ?? ?? ? / Sn ? f Dn /Sn−1 ce qui montre que f est continue. 2. Nous avons le diagramme commutatif suivant Rn+1 \ {0} π O / / RP (n) O f i // Sn Sn /∼ où i est l’inclusion, dès lors π ◦ i est une application continue (composée d’applications continues) qui induit l’application f , et p est une application quotient, donc f est continue. La bijectivité de f étant claire, c’est donc un homéomorphisme. 3. En combinant les deux premiers exercices, l’espace projectif de dimension 3 est homéomorphe à la boule fermée de rayon π de R3 quotientée par la relation : deux points colinéaires à distance π sont identifiés. Par ailleurs, une rotation est caractérisée par son axe et son angle. On peut donc définir une projection de R3 dans SO(3, R) en associant au vecteur x la rotation dont l’axe est engendré par x, et donc l’angle est la norme de x (si x = 0, c’est la rotation identité). Deux vecteurs sont équivalents (ont même image) si ils sont colinéaires et à distance 2π. On peut donc voir SO(3, R) comme la boule fermée de rayon 2π, dont les points colinéaires à distance 2π sont identifiés. Ceci donne l’homéomorphisme voulu. Exercice 5. Montrer que l’ensemble E = E1 ∪ E2 où E1 = E2 = (0, s) t.q. s ∈ [−1, 1] n n est connexe mais pas connexe par arc. t, sin 1 t o t.q. t ∈ ]0, 1] o 4 Correction. Si E était connexe par arc, il existerait γ : [0, 1] → E : t 7→ γ(t) = (γ1 (t), γ2 (t)) un chemin continu tel que γ(0) = (0, 0) et γ(1) = (1, 0). Par continuité, γ1−1 (0) ⊂ [0, 1] est fermé, donc compact ; notons t̄ son maximum. Mais alors la limite ! 1 lim γ2 (t) = lim+ sin γ1 (t) t→t̄+ t→t̄ n’existe pas puisque γ11(t) → +∞. Contradiction. Montrons à présent que E est connexe : E est la réunion d’ensembles connexes E1 et E2 , donc si, par l’absurde, E est l’union disjointes de deux ouverts non-vide U et V , alors E1 ⊂ U et E2 ⊂ V (ou l’inverse). Par ailleurs, si U est un ouvert contenant un point de E2 , il contient aussi des points de E1 . Ceci est une contradiction.