La cellule tumorale 2017

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DFGSP3 UE11 Cancérologie
La cellule tumorale
JP Brouillet – 2017
INCA (Institut National du Cancer ) : http://www.e-cancer.fr/
Principes généraux de cancérologie: http://www.oncoprof.net/
UNICANCER : http://www.unicancer.fr/
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé : http://ansm.sante.fr/
Ligue Nationale contre le Cancer : http://www.ligue-cancer.net/
Fondation ARC pour la recherche sur le cancer : http://www.arc-cancer.net/
2
Cancer
dérèglement des mécanismes qui régissent le comportement normal de la cellule :
▪ prolifération cellulaire anarchique ininterrompue
altérations géniques :
▪ oncogènes
▪ gènes suppresseurs de tumeurs
Propriétés des cellules tumorales
immortelles
mortelles
sensibles à l’apoptose
inhibition de contact
besoins de milieux nutritifs
soumises au cycle cellulaire
croissance en milieu solide
résistent à l’apoptose
de l’inhibition de contact
des besoins en milieux nutritifs
perte du contrôle du cycle cellulaire
croissance en milieu semi-solide
altérations géniques (gènes clés)
in vivo : néo-angiogenèse
Types de tumeurs
Tumeur bénigne
confinée à son point d’origine
Tumeur maligne
envahissement des tissus voisins
Classification des tumeurs selon le type de cellules dont elles proviennent
▪ cellules épithéliales : carcinome, épithéliomas (90% des tumeurs)
- poumon, sein, prostate, colon….
▪ cellules hématopoïétiques : (8% des tumeurs)
- leucémies, lymphomes, myélomes
▪ tissus conjonctifs (muscle, os, cartilage…) : sarcomes
▪ tissus neuro-ectoblastiques
▪ tumeurs embryonnaires
Cancérogenèse et tumorigenèse
initiation
progression
promotion
radiations
Epithélium
normal
Hyperplasie
atypique
Cancer
in situ
Cancer invasif
Métastases
chimie
virus
cancérogenèse
tumorigenèse
6
Etapes de la tumorigenèse
initiation
progression
promotion
radiations
Epithélium
normal
chimie
virus
• lésion irréversible
l’ADN
::de
Hyperplasie
atypique
Cancer
in situ
Cancer invasif
Métastases
Carcinogènes chimiques
« agents génotoxiques »
Structures et origines variées
hydrocarbures polycycliques aromatiques (combustion incomplète du pétrole, du charbon, des
aliments, du tabac…)
- benzopyrènes et dérivés
amines aromatiques (colorants, caoutchouc, tabac, gaz d’échappement, pyrolyse ..)
nitrosamines, nitrosamides, nitrosurées (aliments, boissons, cosmétiques, tabac…)
l'aflatoxine B1 (grains et céréales mal stockés),
La mutation irréversible produite est le
résultat d'une interaction entre le
génotoxique chimique et un nucléotide de
l’ADN
La lésion définitive de l’ADN
sera transmise aux cellules
filles.
carcinogène
Détoxification
intermédiaires
électrophiles
Réparation
- adduits
- alkylations
- radicaux libres
Apoptose
cellule initiée
Excrétion
Effet des radiations
Rayonnements UV
Les bases pyrimidiques adjacentes (thymine et cytosine) sont les sites les plus réactifs de l’excitation
de l’ADN par des photons UVC et UVB
formation de dimères pyrimidiques
Rayonnements ionisants
- formation de radicaux libres qui donnent des lésions irréversibles
- lésions simples brins ou doubles brins
Virus oncogènes
Connus depuis le début du 20ème siècle : virus du sarcome de Rous (poulet)
Chez l’homme
▪ virus à ARN :
- HTLV1 (rétrovirus)
- VHC (flaviviridae)
▪ virus à ADN :
- VHB (hepnaviridae)
- HPV (papovaviridae)
- EBV (herpesviridae)
Mécanismes d’initiation
▪ Insertion dans le génome et activation d’oncogènes
▪ Synthèse de protéines virales inhibant des gènes suppresseurs de tumeurs
Gènes touchés lors de l’initiation
activation
gain de fonction
mode dominant
oncogènes
(proto-oncogènes)
désactivation
perte de fonction
mode récessif
gènes suppresseurs de tumeurs
« anti-oncogènes »
Oncogènes
très conservés au cours de l’évolution
assurent des fonctions clés dans la cellule
signalisation cellulaire
prolifération
différenciation
Facteurs de croissance : EGF, VEGF, IGF2, PDGF…
Récepteurs de facteurs de croissance : EGFR (HER1), HER2…
Protéines de transduction (protéines G, protéines kinases) : ras, src, abl...
Facteurs de transcription nucléaires : myc, erbA, fos, jun…
Mécanismes d’activation des oncogènes
mutation ponctuelle
amplification génique
Réarrangement chromosomique
délétion
ADN
ADN
ARN
ARN
+
Protéine hybride
Protéine hyperactive
Her2 (cancer du sein)
RET (CMT)
N-myc (neuroblastome)
Ras (CCR, CPNPC)
BCR/ABL (LMC_ X Philadelphie)
HBV/RARb (CHC)
t(8,14) IgH, IgL/myc
ALK/EML4 (CPNPC)
Lymphome de Burkitt
BRAF (CCR, CPNPC)
EGFR (CPNPC)
Gain de fonction
Gènes suppresseurs de tumeurs
Gènes impliqués dans la prolifération et la survie cellulaire (« gatekeepers ») :
- P53, pRb, p27…
réintroduction de l’allèle normal
réversion du phénotype tumoral
Gènes impliqués dans le maintien de l’intégrité du génome cellulaire (« caretakers ») :
- hMSH, hMLH, CHK2, BRCA1, ATM…
réintroduction de l’allèle normal
pas de réversion du phénotype tumoral.
Inactivation des gènes suppresseurs :
double
altération
mutations, délétions,
anomalies de la mitose …
gène inactif au
niveau des 2 allèles
accumulation de
lésions génétiques
15
Rappels sur le cycle cellulaire
Dommages de
l’ADN
Cdk 1 /
Cycline B
p53
G2
M
+
P
p21
Cdk 1 /
Cycline A
Rb
P
E2F Rb
S
(quiescence)
E2F
Cdk 2 /
Cycline A
p27
G0
G1
Cdk 2 /
Cycline E
Cdk 4/6 /
Cycline D
Point de
p15
contrôle +++
TGFb
p16
Signaux
extracellulaires
Rappels sur les mécanismes de réparation de l’ADN
E. Rass et al. Cancer/Radiothérapie, 2012,
Hanahan and Weinberg, Cell, 2000
cancers humains
> 150 oncogènes identifiés
> 50 gènes suppresseurs de tumeur identifiés
Hanahan and Weinberg, Cell, 2000
Signalisation cellulaire de l’EGFR
20
Normanno et al, Nat Rev Clin Oncol, 2009
Etapes de la tumorigenèse
initiation
progression
promotion
radiations
Epithélium
normal
Hyperplasie
atypique
Cancer
Cancer invasif
Métastases
in situ
chimie
virus
•lésion irréversible
de l’ADN
• prolifération contrôlée
• différenciation
• sénescence
• apoptose
• exposition prolongée à une substance qui entretient et stabilise la lésion initiée
Promotion
L’initiation n’est pas suffisante pour provoquer un cancer, mais le risque de voir apparaître de
nouvelles mutations transmissibles dans une cellule initiée, augmente avec le nombre de divisions
cellulaires.
Un agent promoteur va activer, pendant des années, la prolifération de cellules initiées, facilitant
l’apparition d’une nouvelle mutation dont l’action va s’ajouter à la première.
Exemples d’agents promoteurs
▪ la nutrition
▪ alcool
▪ hormones (estrogènes, androgènes…)
▪ infections (bilharziose, paludisme…)
▪…
Estrogènes et cancer du sein
Données des études épidémiologiques
▪ puberté précoce
▪ ménopause tardive
▪ age de la première grossesse > 30-35 ans
facteurs de risque
▪ absence d’allaitement
▪ obésité, alcool
▪ THS
rôle des estrogènes
prolifération des cellules
épithéliales mammaires
Mécanismes d’action des estrogènes
co-activateurs
estrogènes
gènes
cibles (RP)
TAFs
ARNpol2
REα
+
TFIID
TATA
REβ
anti-estrogènes
co-répresseurs
-
Etapes de la tumorigenèse
initiation
progression
promotion
radiations
Epithélium
normal
Hyperplasie
atypique
Cancer
in situ
Cancer invasif
chimie
virus
•lésion irréversible
l’ADN
::de
• prolifération contrôlée
• différenciation
• sénescence
• apoptose
• exposition prolongée,
à une substance qui
;;entretient et stabilise la ::lésion
initiée
• autosuffisance en facteurs de croissance
• insensibles aux antiprolifératifs
• échappent à l’apoptose
• angiogenèse
• invasives
• métastatiques
Métastases
Etapes de la progression tumorale
- apport en oxygène
- apport en métabolites
- élimination des déchets
- dégradation de la membrane basale
- migration tumorale
- envahissement du stroma
- formation du stroma tumoral
- intravasation
- “homing”
- extravasation
-“seed and soil”
angiogenèse
invasion locale
invasion à distance
métastases
Angiogenèse tumorale
- variabilité des mécanismes ++
- vasodilatation et perméabilité de capillaires pré-existants
- dégradation de la membrane basale
- migration des cellules endothéliales (chémotactisme angiogénique)
- multiplication et assemblage lâche
- vaisseaux en perpétuelle croissance, borgnes
- organisation chaotique, architecture irrégulière, tortueuse, dilatée
- réseau avec de nombreuses fuites, hémorragique
- intégration de cellules tumorales aux parois des vaisseaux
Tumours are wounds that never heal !
Bergers et Benjamin, 2003, Nature Reviews Cancer
Bergers et Benjamin, 2003, Nature Reviews Cancer
Ferrara, 2002, Nature Reviews Cancer
Facteurs angiogéniques naturels
Protéines
- VEGF
- αFGF
- angiogenine
- βFGF
- EGF
- GCSF
- Hepat. GF
- IL8
- PGF
- PDGF
- TGF α
- TNF α
Petites molécules
- adenosine
- 1-butyryl-glycerol
- nicotinamide
- Prostaglandines E1 et E2
- produit par tout type de tumeur
- augmente la perméabilité capillaire
- favorise la migration des cellules endothéliales
- augmente la synthèse des enzymes protéolytiques
- rôle dans la maturation et la survie des cellules endothéliales
Jain RK. Normalization of tumor vasculature: an emerging concept in
antiangiogenic therapy. Science. 2005;307(5706):58-62.
D’après Huang Y, Stylianopoulos T, Duda DG, et al. Benefits of
Vascular Normalization Are Dose and Time Dependent-Letter.
Cancer Res. 2013.
Invasion locale : la membrane basale
- forme spécialisée de la matrice
extracellulaire (ECM)
- collagène IV, laminine, héparanessulfates, protéoglycanes
- 50 à 100 nm d’épaisseur
- sépare l’épithélium du stroma
- support de structure et sépare
les tissus en compartiments
Kalluri, Nature Reviews Cancer, 2003
Destruction de la membrane basale
Mueller, Nature Reviews Cancer, 2004
L’invasion tumorale nécessite une dégradation de la membrane
basale et de la matrice extracellulaire
Expression de protéases dans les tumeurs
La destruction des protéines de structure de la MB
est l’œuvre de protéases :
les métalloprotéinases (MMP)
et leurs inhibiteurs tissulaires (TIMP)
le système urokinase plasminogène activateur
(uPA) et son récepteur
les cathepsines
Egeblad, Nature Reviews Cancer, 2002
Crosstalk entre cellules tumorales et stromales
Mueller, Nature Reviews Cancer, 2004
Transition Epithéliale-Mésenchymateuse
et Mésenchymateuse-Epithéliale au cours
de la progression tumorale
Thiery, Nature Reviews Cancer, 2002
Intravasation des cellules métastatiques
dans les vaisseaux sanguins
Condeelis, Nature Reviews Cancer, 2003
Dissémination vasculaire des cellules tumorales
Chambers, Nature Reviews Cancer, 2002
Localisation métastatique
Métastase
révélatrice
Tumeur primitive
Foie
digestif, sein ovaire,
poumon
Poumon
sein, digestif, bronches,
testicule, sarcome
Os
sein, prostate, rein,
thyroïde, bronches
Cerveau
bronches, sein, digestif
Liotta, Nature, 2001
Chémokines et localisation métastatique
Epstein, Nature Reviews Cancer, 2004
Le processus métastatique
Chambers, Nature Reviews Cancer, 2002c
Le paradigme de la graine et
du terreau
1889 : Stephen Paget : " seed and soil "
" An attempt is made in this paper to consider
metastasis in malignant disease, and to show that the
distribution of the secondary growths is not a matter
of chance.
What is it that decides which organs shall suffer in a
case of disseminated cancer ?
When a plant goes to seed, its seed are carried in all
directions; but they can only live and grow if they fall
on congenial soil "
compatibilité entre cellule métastatique et le tissu "receveur“
le mécanisme métastatique est heureusement peu efficace
la dormance des micrométastases peut être très longue
qu’est ce qui réveille ces micrométastases dormantes ?
- angiogenèse ?....
Aguirre-Ghiso , Nature Reviews Cancer, 2007
Cellules souches cancéreuses
Bjerkvig et al, Nature Reviews Cancer, 2005
An integrative model of breast cancer metastasis
Weigelt et al, Nature Reviews Cancer, 2005
Points de contrôle du système immunitaire (immune checkpoints )
Pardoll DM, Nature Reviews Cancer 2012
Points de contrôle du système immunitaire (immune checkpoints )
Prieto J, Melero I and Sangro B, Nature Reviews Gastroenterology and Hepatology, 2015
Facteurs génétiques
Concernent ≈ 5%-10% des cancers
Exemples de cancers familiaux avec anomalie génétique identifiée
▪ 5 à 10 % des cancers du sein (BRCA1, BRCA2)
▪ 10 à 15 % des cancers colorectaux
- non polyposiques (hMSH2, hMLH1)
- polyposiques (APC)
▪ Néoplasie Endocrine Multiple de type II (RET)
▪ Rétinoblastome (Rb)
Susceptibilités ethniques
Conseil génétique
prévention, surveillance
Facteurs environnementaux
Alimentaires
Cancer du sein en Europe et USA
1 femme sur 9
Cancer du sein en Asie
1 femme sur 50
Immigrés asiatiques aux USA
1 femme sur 9
Exercice physique
Tabac
.
.
.
.
Conclusion
D’après Steeg, Nature Reviews Cancer, 2003
Le cancer est un processus multi-étapes, mettant en jeu différentes activités cellulaires depuis
une prolifération intense, en passant par des activités spécifiques nécessaires à la progression
tumorale.
Toutes sont des cibles thérapeutiques potentielles identifiées ou à identifier.
Diagnostic, Suivi,
Stratégie Thérapeutique
51
Démarche diagnostique
dépistage
signes d’appel
découverte fortuite
cytoponction – biopsie
(radioguidée ou non)
anatomo-pathologiste
diagnostic
52
Rôle de l’anatomo-pathologiste
▪ affirmer la présence de cellules tumorales (biopsies)
▪ typer la tumeur après exérèse (TNM) :
- mesurer sa taille
- évaluer son niveau de différenciation (grade)
- examiner les ganglions
- donner le stade
▪ examen des marges tumorales
53
Exemples du sein
Canal normal
Cancer canalaire invasif
Cancer canalaire in situ
Cancer canalaire peu différencié
54
Marqueurs tumoraux tissulaires
Différents types de marqueurs tissulaires
Utiles au diagnostic
- spécificité tissulaire
Utiles au pronostic
- propriétés tumorales :
différenciation
prolifération
potentiel métastatique
réponse thérapeutique
55
Marqueurs tissulaires dans les cancers du sein
Marqueurs de différenciation
- Les récepteurs des oestrogènes et de la progestérone
"dosage" immunohistochimique sur coupes histologiques
RE
RP
Marqueurs de bon pronostic
Marqueurs de réponse thérapeutique aux antioestrogènes
56
Réponse thérapeutique et expression
tumorale des RE et RP
Statut des récepteurs
Incidence
Réponse à
l’hormonothérapie
RE+ RP+
60%
75%
RE+ RP-
20%
25%
RE- RP +
5%
45%
RE- RP-
15%
10%
Allred et al, Cancer, 1991
57
Marqueurs tissulaires dans les cancers du sein
Marqueurs de réponse thérapeutique :
HER2
HER2 et cellules tumorales mammaires
Si sur expression +++
HERCEPTIN©
58
HER2 dans les tumeurs
Immuno histochimie 3+
FISH > 4 spots/cellule
59
Marqueurs tumoraux circulants
Immuno-histochimie
Tissulaires
Circulants
Dosages
immuno-enzymatiques
60
Nature et fonctions
des marqueurs tumoraux
Tissulaires
Récepteurs hormonaux
Protéases
Protéines du cycle cellulaire
Facteurs apoptotiques
Fonctions
Différenciation
Circulants
Hormones
Enzymes
Cytokératines
Protéines d'adhésion
Glycoprotéines membranaires
Protéines de transport…
Fonctions
Prolifération
Connues (hormones, enzymes…)
Potentiel métastatique
? Antigènes de tumeurs
Rôle dans la carcinogenèse
Rôle / cancer ?
61
Propriétés demandées à un MT
Indétectable chez le sujet sain
Détectable précocement
Dépistage
Spécifique de la tumeur
Diagnostic
Lié à la masse tumorale
Pronostic
Reflet de la réponse thérapeutique
Suivi thérapeutique
62
Répartition des valeurs d'un MTc
Nombre de sujets
seuil
sains
malades
VN
VP
FN
FP
concentration
63
Utilisation des MTc
1- Dépistage dans une population asymptomatique : très rare
2- Aide au dépistage/diagnostic dans une population
symptomatique ou à risque : rare
3- Apport pronostique : tous mais intérêt faible
4- Contrôle de l’efficacité thérapeutique et dépistage
des récidives/métastases : tous
64
Marqueurs utiles au dépistage de cancer
Population asymptomatique à risque :
- thyrocalcitonine (CT) dans les cancers médullaires de la thyroïde à risque familial
- alpha foeto protéine (AFP) dans le suivi des cirrhoses
Population symptomatique :
- PSA
- AFP dans les tumeurs testiculaires germinales non séminomateuses
- bHCG dans les tumeurs testiculaires germinales non séminomateuses
65
Marqueurs du cancer de la prostate (dépistage ?)
PSA : Prostate Specific Antigen
Sérine-protéase = Human kallicrein 3
Substrat : fibronectine et séménogéline sécrétées par les vésicules séminales
Fonction : liquéfaction du coagulum séminal
Régulé par les androgènes
3g d’adénome = 1ng/ml PSA
1g de cancer = 3ng/ml PSA
Normales :
Avant 50 ans < 2,5 ng/ml
50-59 ans < 3,5 ng/ml
60-69 ans < 4,5 ng/ml
70-79 ans < 6,5 ng/ml
Conditions de dosages :
après toucher rectal ?, activité sexuelle ?, vélo ?
PSA circule sous trois formes :
- libre
- lié à des inhibiteurs :
a1 antichymotrypsine
a2 macroglobuline
PSA total
Spécifique d’organe !
PSA libre/PSA total :
PSA total entre 4 et 10ng/ml
PSA libre > 25% bénin
< 15% malin ?
66
Principaux marqueurs de suivi par cancer
Sein : CA 15-3 (MUC1),
ACE (Antigène Carcino Embryonnaire)
Ovaire : CA 125
Poumon : NSE (cancer bronchique à petites cellules)
Cyfra 21-1 (cancer bronchique NPC)
Colorectal / digestif: ACE, CA 19-9
Neuroblastome : NSE
Vessie, Rein : ?
67
CA 15-3 / MUC1
MUC1 (Mucin 1) est une glycoprotéine épithéliale transmembranaire
(PM > 200 kD)
Taux normal : < 30 U/ml
cancers
- 30% des cancers du sein au moment du diagnostic
- colo-rectal
- bronchique
- ovarien
- pancréatique
- hépato-biliaire
- gastrique
- thyroïdien
affections bénignes (<60 U/ml)
- hépato-biliaires
- affections respiratoires
- maladies inflammatoires
- diabète
Intérêt :
- pronostique (faible)
- surveillance (doit se normaliser en 2 mois)
68
Exemple de suivi clinique
CA 15-3
Uml
600
hormonothérapie
radiothérapie
chimiothérapie
200
100
<30
mois
chirurgie
récidive
rémission partielle
69
ACE - Antigène Carcino Embryonnaire
Protéine d’adhésion, PM 180kDa, ½ vie 6-8 jours
Taux normal : < 5 ng/ml
cancers
- tous les carcinomes
- surtout digestifs
affections non cancéreuses
- hépatites
- cirrhoses
- adénomes coliques
- recto-colites
- obstructions biliaires
- bronchites chroniques
- IRC
- tabagisme
Intérêt :
- pronostique
- surveillance (doit se normaliser en 4 à 6 semaines)
70
CA 19-9 / Carbohydrate antigen
Système Lewis, PM > 360 kDa
Taux normal : < 37 U/ml, dosage difficile
cancers
- estomac (38%)
- colo-rectal (29%)
- pancréas (87%)
- foie (46%)
- voies biliaires (70%)
- bronches (27%)
- sein (14%)
affections non cancéreuses
- hépatites
- cirrhoses
- pancréatites
- gastrites
- ulcères gastro-duodénaux
- diabète
Intérêt :
- diagnostic différentiel cancer du pancréas/pancréatite
- pronostique ?
- surveillance
71
NSE – Enolase Neuro Spécifique
Enzyme, PM 90kDa, ½ vie qques heures
Taux normal : < 12,5 ng/ml, exprimée par les neurones et les cellules neuro-endocrines
du système APUD (Amine Precursor Uptake and Decarboxylation)
ATTENTION A L’HEMOLYSE
cancers
-cancers bronchiques à petites cellules (sensib. 57 à 78%, spécif. 85 à 97% )
- neuroblastomes
- APUDomes (CMT, glucagonomes…..)
- mélanomes
affections non cancéreuses
- rarement : prostate et rein
- pathologies bronco-pulmonaires bénignes
- cancers bronchiques non
- affections du SNC (accidents vasculaires
cérébraux,
à petites cellules (10 à 25%)
comas)
Intérêt :
- diagnostique en oncologie pédiatrique
- pronostique ?
- surveillance
72
CYFRA 21-1
Fragments de la Cytokeratine 19
PM 40kDa, ½ vie qques heures
Taux normal : < 3,6 ng/ml, exprimé par les épithélium pseudo stratifiés (pulmonaire)
cancers
-cancers bronchiques non à petites cellules (sensib. 55%, spécif. 96% )
- cancers bronchiques épidermoïdes (60%)
- cancers bronchiques à petites cellules (15%)
- vessie (30%)
- col (25%)
affections non cancéreuses
- tête et cou (25%)
- pathologies bronco-pulmonaires bénignes
- sein (30%)
- IR (34%)
Intérêt :
- diagnostique ?
- pronostique
- surveillance
73
Récapitulatif
MARQUEUR
VALEURS USUELLES
CANCER
CT (calcitonine)
< 10 ng/ml
• cancer médullaire de la thyroïde
AFP
< 15 ng/ml
• carcinome hépatocellulaire
• tumeurs germinales testiculaires
HCG et
βHCG libre
< 0,4 ng/ml
< 0,2 ng/ml
• tumeurs placentaires
• tumeurs germinales testiculaires
PSA
< 2,5 à 4 ng/ml
• cancer de la prostate
CA 19-9
< 33 à 37 U/ml
• cancer du pancréas
• cancer de l’estomac
Cyfra 21-1
<3,3
• cancer du poumon non à petites cellules
NSE
< 12,5 ng/ml
• tumeurs neuroendocrines
• cancer du poumon à petites cellules
ACE
< 2,5 à 5 ng/ml
• cancer gastro-intestinaux
CA-125
< 35 U/ml
• cancer de l’ovaire
CA 15-3
< 30 U/ml
• cancer du sein
TG (thyroglobuline)
< 29 ng/ml
• cancer différencié de la thyroïde
74
Règles d'utilisation des MTc
A faire :
- doser les marqueurs avant tout traitement
- confirmer le taux (si positif)
- doser dans le même laboratoire
- adapter le rythme de dosage à la tumeur
- toujours tenir compte du contexte clinique
A éviter :
- doser si pas de geste ultérieur
- doser des marqueurs complémentaires
n'apportant aucune information supplémentaire
75
Marqueurs moléculaires :
Génétique Moléculaire des Cancers
Au niveau somatique : recherche dans la tumeur d’une cible thérapeutique
ou d’un mécanisme d’inactivation de la thérapeutique ciblée
oncogénétique somatique
Au niveau constitutionnel : recherche de facteurs génétiques affectant
l’efficacité thérapeutique voire induisant la toxicité
pharmacogénétique
76
Les thérapies ciblées : une définition ?
INCA : Traitement à l'aide de médicaments qui, selon leur cible,
visent à freiner ou à bloquer la croissance de la cellule cancéreuse,
en l’affamant, en provoquant sa destruction, en dirigeant le
système immunitaire contre elle ou en l’incitant à redevenir
normale. On parle aussi de thérapeutique ou de traitement ciblé.
Hormonothérapie : première thérapie ciblée en cancérologie
(cible : ensemble d’organes-cibles pourvus des récepteurs correspondants à une hormone donnée)
Des molécules et des cibles
RAS
RAS Sauvage
RAS
ITThK
RAS Sauvage
Signalisation cellulaire de l’EGFR et thérapies ciblées
AcM
IK
Marqueur de
sensibilité ou résistance
Marqueur
émergent ou pronostique
(d’après Janku et al. Nat. Rev. Clin. Oncol. 2010)
Mais encore …
Hanahan and Weinberg, Cell, 2000
Prise en charge de la prescription d’Ac anti
EGFR dans les cancers colorectaux
Les molécules et leur cible
Erbitux® (Cetuximab) : indiqué dans le traitement
des patients présentant un cancer colorectal
métastatique avec gène RAS de type sauvage
exprimant le récepteur du facteur de croissance
épidermique (EGFR).
Vectibix ® (panitumumab) : est indiqué pour le
traitement des patients adultes atteints d’un
cancer colorectal métastatique (CCRm) avec
un statut RAS non muté (type sauvage)
(d’après Janku et al. Nat. Rev. Clin. Oncol. 2010)
KRAS ?
*
Les gènes de la famille RAS (RAt Sarcoma)
GTPASEs membranaires
3 gènes : HRAS (Harvey)
KRAS (Kirsten)
NRAS (neuroblastoma)
les plus fréquemment mutés dans de nombreux
cancers
mutations activation permanente en aval de
l’EGFR
d’après Normanno et al, Nat Rev Clin Oncol, 2009
Séquençage de l’exon 2 de KRAS
au niveau des codons 12 et 13
Ainsi que des exons 3 et 4 de
KRAS et 2,3 et 4 de NRAS
En pratique !
G12D
G13D
Résultats mutations RAS
KRAS
n=452
Exon 2
Exon 3
Exon 4
G12D (62)
G12V (33)
G12C (14)
G12S (9)
G12A (8)
G12R (3)
Q61H (1)
Q61R (1)
A146P (3)
A146T (2)
A146V (1)
G13D (30)
G13R (1)
G13V (1)
NRAS
RAS sauvage
Exon 2
Exon 3
Exon 4
G12D (2)
G12A (1)
Q61K (4)
Q61L (3)
Q61R (3)
Q61H (2)
Non muté
Prise en charge de la prescription
d’Inhibiteurs de Tyrosine Kinase (ITK) dans
les carcinomes pulmonaires
Les molécules et leurs cibles
Erlotinib (Tarceva®), Géfitinib (Iressa®) : en première
ligne de traitement des formes localement avancées ou
métastatiques du cancer bronchique non à petites
cellules chez les patients présentant des mutations
activatrices de l’EGFR.
Afatinib (Giotrif®) : en monothérapie dans le
traitement des patients adultes naïfs de TKI atteints
d’un cancer bronchique non à petites cellules
localement avancé ou métastatique qui présente une
mutation activatrice de l’EGFR (+HER2 !).
Osimeritinib (Tagrisso®) :
traitement des patients adultes atteints d'un cancer
bronchique non à petites cellules (CBNPC) localement
avancé ou métastatique avec mutation EGFR T790M.
Crizotinib (Xalkori®) : traitement du cancer du poumon
non à petites cellules de type adénocarcinome avancé
(localement ou métastatique) chez des patients prétraités présentant un réarrangement du gène ALK (ALK
positif), ne pouvant être inclus dans un essai clinique
en cours et pour lesquels il n’existe pas d’alternative
thérapeutique appropriée
(d’après Janku et al. Nat. Rev. Clin. Oncol. 2010)
Mutations activatrices/résistances de EGFR
Sharma et al, Nat Rev Cancer, 2007
En pratique !
747
748
749
750
EGFR exon 19 : p.leu747_ala750delinsPro
Mutations activatrices de EGFR et thérapie ciblée
(In : Mutations de l’EGFR dans le cancer du poumon : mise en évidence d’une cible moléculaire permettant un
accès spécifique aux thérapies ciblées, INCA, Boulogne Billancourt, février 2010).
Mutations activatrices de EGFR
(In : Mutations de l’EGFR dans le cancer du poumon : mise en évidence d’une cible moléculaire permettant un
accès spécifique aux thérapies ciblées, INCA, Boulogne Billancourt, février 2010).
Résultats mutations EGFR
Exon 18
A698A + L707S
A722T
E709K + G719S (3)
G719A
G719A + L833F +
V834L
G719A + L861Q
G719C + S768I
G719S (2)
G719S + S768I
G721D
I706T + L858R
L703F
N= 1114
Exon 20
R803Q
T785A + C797L
T785I + R803Q
A763V
A767T
D807N + S811S
G779F
L788F + G857E
L792P
Q791Stop
R803Q
S768I + V769L (2)
T790A
T790M + L858R
Y764Y + V774A + N816S
Exon 21
G824D
G857V
H850Y
L833V + L858R
L858R (20)
L858R + L747S
L861Q
P848L
Q849L
T847I
T854I + A854V
Exon 19
E746G (1)
A755V (1)
c.2235_2249del (14)
c.2235_2250del (2)
c.2235_2250del + T790M (1)
c.2235-2249del + T790M (1)
c.2236_2250del (3)
c.2236_2257delinsCTCT (1)
c.2237_2255delinsT (3)
c.2238_2252del (1)
c.2238_2255del (1)
c.2239_2248delinsC (4)
c.2239_2248delinsC (1)
c.2239_2250delinsCCA (1)
c.2239_2256del (1)
c.2239_2256del (1)
c.2239_2256del + T790M (1)
c.2239_2257del (1)
c.2239_2263delinsGCAA (1)
c.2240_2257del (2)
c.2240_2264delinsCGAGAGA (1)
c.2308_2309insCCAGCGTGG (1)
Recherche d’anomalies moléculaires dans
les mélanomes
Anomalies moléculaires dans les mélanomes
40% des patients atteints de mélanome ont des cellules tumorales porteuses de la
mutation BRAF V600E.
des mutations de KIT sont présentes avec des fréquences variables selon le sous-type
tumoral :
- 36 à 39 % respectivement pour les types acral et mucosal
- 28 % pour les mélanomes dus à une exposition solaire chronique
- 0 % chez ceux sans exposition solaire
anti c-KIT (imatinib, nilotinib, sunitinib, dasatinib) en phase II/III
mutations dans les exons 2 et 3 de NRAS (25%) : Protocoles de phase I/II
Thérapies ciblées et mélanomes
40% des patients
atteints de
mélanome ont des
cellules tumorales
porteuses de la
mutation BRAF
V600E
Molécules ayant l’AMM :
- vémurafenib (Zelboraf®)
- dabrafénib (Tafinlar®)
- tramétinib (Mekinist®)
Before
(Wagle N et al, J. Clin. Oncol. 2011)
15 weeks
23 weeks
En pratique
• NGS (next generation sequencing)
o séquençage exhaustif des tumeurs…
o l’analyse moléculaire massive en parallèle
• ADN tumoral circulant (biopsie liquide)
o répétabilité, simplicité
o recherche de mutations
o intérêt pronostique ?
o dépistage ?
En perspective
• Cellules tumorales circulantes
o répétabilité
o approche moléculaire ?
o intérêt pronostique ?
o dépistage ?
ADN libre circulant : origine
• La présence d’acides nucléiques dans le plasma est connue depuis 1948.
• La libération spontanée d’ADN par des lymphocytes humains a été observée in vitro depuis 1975.
- apoptose
- nécrose
- sécrétion
- inflammation
(Crowley et al. Nat Rev Clin Oncol. 2013)
cellules saines et
tumorale
NGS + ADNc
Exon 19 Tumeur janvier 2014
ADNc juin 2015
Tumeur exon 20 janvier 2014
ADNc exon 20 juin 2015
Stratégie thérapeutique
Basée sur les facteurs pronostiques
- stade tumoral
- marqueurs de réponse thérapeutique
- état du patient (age, condition physique…)
Thérapeutiques à visée curative :
- chirurgie en première intention (si possible)
- traitement néo-adjuvant (administré avant la chirurgie)
- traitement adjuvant (administré après la chirurgie)
(néo-adjuvant et adjuvant : chimiothérapie, thérapeutique ciblée, radiothérapie)
Thérapeutiques à visées palliatives (non curative) :
- administrées dans le cadre d’une maladie métastatique, non curable.
Plusieurs lignes thérapeutiques seront amenées à se succéder au cours du traitement si
l’évolution de la maladie le nécessite.
99
Pour conclure …
(Munoz et al, Nat. Rev. Clin. Oncol. 2012)
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