Muscles obliques et enophtalmie

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2010-2011
UNIVERSITE DE NANTES
Muscles obliques et enophtalmie
Par
Raimbeau Alizée
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
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•
•
•
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•
Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
1
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2010-2011
UNIVERSITE DE NANTES
Muscles obliques et enophtalmie
Par
Raimbeau Alizée
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
2
REMERCIEMENTS
Au Pr Roger Robert pour m’avoir soutenu tout au long des dissections et de
l’élaboration de ce mémoire , pour ses conseils et sa disponibilité.
A Stéphane Lagier et Yvan Blin pour leurs conseils avisés, pour leur savoirfaire , leur patience et pour leur bonne humeur.
A tous mes camarades dans ce master sans qui ces nombreuses heures de
travail n’auraient pas été aussi plaisantes .
3
SOMMAIRE
I-Introduction……………………………………………p.6
II- Rappels anatomiques…………………………………...p.7
1)Données générales
•
Vue supérieure de l’orbite
2)Glande lacrymale
• Vue frontale de la glande lacrymale gauche
• Innervation de la glande lacrymale
3)Insertion bulbaire des muscles droits
A)Muscle Droit supérieur
B) Droit latéral
•
Insertion bulbaire du droit supérieur droit en vue supérieure
•
Insertion bulbaire du droit latéral droit en vue latérale
C) Droit inférieur
D) Droit médial
•
Insertion bulbaire du droit inférieur droit en vue inférieure
•
Insertion bulbaire du droit médial droit en vue médiale
4)Innervation des muscles oculomoteurs
A)Données générales sur les oculomoteurs
•
Disposition des nerfs oculomoteurs droits en vue latérale
B) Le nerf oculomoteur (III)
•
•
•
•
Vue endocavitaire du nerf oculomoteur (III) gauche
Division du nerf III droit en vue latérale
Division de la branche inférieure du III droit en vue latérale
Portion de la branche supérieure innervant le releveur
supérieure de la paupière
C) nerf trochléaire (IV)
•
Vue supérieure du nerf trochléaire (IV) gauche
D) nerf abducens (VI)
•
Le nerf VI droit en vue latérale
4
5)Eléments de fixité et de suspension de l’orbite
A)Fascias
1°) Fascias musculaires
2°) Fascias intermusculaires
B)La capsule de tenon
C)Graisse orbitaire
6)Actions musculaires
A) Axes de déplacements de l’orbite
B) Position des yeux
C) Mouvements des yeux
1°) Mouvements selon l’axe horizontal
2°) Mouvements selon l’axe vertical
3°) Mouvements selon l’axe antéro-postérieur
4°) Tableau récapitulatif des actions musculaires
5°) champs d’actions anatomiques des muscles oculomoteurs
III- Matériel et méthode……………………………………….p.28
IV- Résultats…………………………………………………p.29
A) Muscle oblique supérieur
•
•
•
•
Muscle oblique supérieur gauche et sa trochlée en situation
anatomique : vue supérieure
Muscle oblique supérieur droit en vue supérieure
Détail de l’insertion sclérale de l’oblique supérieur droit en vue
supérieure
Détail de la poulie de l’oblique supérieur
B) Muscle oblique inférieur
•
•
•
Origine de l’oblique inférieur droit en vue frontale
Rapport entre le droit inférieur et l’oblique supérieur droit
Insertion sclérale de l’oblique inférieur droit en vue inférieure
V-Discussion………………………………………………..
.p.36
VI- Conclusion……………………………………………….p.38
VII- Références bibliographiques……………………………….p.39
5
I-Introduction
Etant donnée l’orientation des corps musculaires des 4 muscles droits leur contraction
devrait logiquement entraîner une enophtalmie . Or ,en condition physiologique, l’œil ne
recule pas lors des mouvements oculaires.
On notera qu’en conditions pathologiques l’enophtalmie peut être de cause atrophique
, traumatique ou musculaire .
Concernant la cause musculaire en prenant pour exemple le syndrome de StillingTurk-Duane [2]:
Carter et coll. retrouve à l’exploration dynamique une hypertrophie du droit médial
durant sa contraction [2]
Breinin quant à lui suggère une innervation aberrante du droit latéral par le III
entraînant une co-contraction du droit latéral et du droit médial en adduction d’où
l’enophtalmie.( données électromyographiques) [2]
On constate donc qu’au cours de cette pathologie les muscles droits ont une action
augmentée que ce soit par hypertrophie ou action synergique ; on peut donc supposer qu’il y a
rupture de l’équilibre entre les muscles droits, entraînant une enophtalmie, et les mécanismes
empêchant celle-ci.
Il existe donc physiologiquement des mécanismes intra-orbitaires empêchant cette
enophtalmie.
A l’aide des données apportées par la dissection et de celles fournies par la bibliographie sur
les pathologies oculomotrices induisant ou non une enophtalmie, nous nous attacherons à
définir les mécanismes musculaires empêchant celle-ci.
6
II- Rappels anatomiques
1) Données générales
• Vue supérieure de l’orbite gauche
Haut
Médiale
Muscle releveur
de la paupière
V-1
IV
Muscle droit latéral
II
III
7
2) Glande lacrymale
•
Vue frontale de la glande lacrymale gauche
Glande située à la partie supéro-externe de l’orbite limitée en haut par la fosse lacrymale du
frontal et en bas par la face externe du releveur supérieur de la paupière.
Haut
Latérale
1
1
Glande lacrymale
8
• Innervation de la glande lacrymale : vue supérieure
Le nerf lacrymal est issu du ganglion de Gasser il forme une branche avec le nerf
frontal avant de se diviser et de rejoindre la glande lacrymale .
Haut
Avant
Droit latéral
Glande lacrymale
Nerf lacrymal
Droit supérieur
9
3) Insertion bulbaire des muscles droits
Les muscles droits sont au nombre de 4 :
-Droit supérieur
-Droit inférieur
-Droit latéral
-Droit médial
Ils déterminent avec leurs fascias intermusculaires le cône fascio-musculaire à base
antérieure bulbaire et à sommet postérieur (apex orbitaire). Au niveau de l’apex ils s’insèrent
sur le tendon de Zinn.[2] ; [3]
Sur le versant bulbaire les muscles droits s’insèrent tous en avant de l’équateur du
globe . La distance entre les insertions tendineuses et le limbe cornéen augmente du droit
médial au droit supérieur déterminant ainsi leurs insertions anatomiques : la spirale de
Tillaux. [1] ; [2] ; [3]
Leurs insertions fonctionnelles correspondent à la partie postérieure de l’arc de contact
avec le globe.
•
Schéma de la spirale de Tillaux
d
a
c
b
Figure 1 : insertion bulbaire des muscles droits [1] ; [2].
a=5.5mm ; b=6.5mm ; c=7mm ; d=7.75mm
L’orbite est orienté en avant et en dehors ce qui conditionne le trajet des muscles :
Le droit médial a un trajet pratiquement sagittal dans le plan antéro-postérieur.
Les trois autres muscles suivent l’orientation de l’œil en avant et en dehors.[2]
10
A)Muscle Droit supérieur
Recouvert par la muscle releveur de la paupière supérieure , Son corps musculaire se continue
par un tendon qui s’insère sur le quadrant supérieur.
• Insertion bulbaire du droit supérieur droit en vue
supérieure
Avant
latéral
Equateur de
l’orbite
Droit supérieur
Oblique supérieur
Droit latéral
11
B) Droit latéral
Son corps musculaire décrit un trajet quasi sagittal et se continue par un tendon qui
s’insère sur le quadrant latéral.
•
Insertion bulbaire du droit latéral droit en vue latérale
Avant
inférieur
Equateur de l’orbite
Oblique inférieur
Droit supérieur
Droit latéral
Branche inférieure
du III pour
l’oblique inférieur
12
C) Droit inférieur
Recouvert dans sa partie terminale par l’oblique inférieur son corps musculaire se
continue par un tendon qui s’insère sur le quadrant inférieur.
•
Insertion bulbaire du droit inférieur droit en vue
inférieure
Avant
médial
Equateur de l’orbite
Oblique inférieur
récliné
Oblique supérieur
Droit inférieur
Branche inférieure
du III pour
l’oblique inférieur
Droit médial
13
D) Droit médial
Recouvert par l’oblique supérieur son corps musculaire se continue par un tendon
qui s’insère sur le quadrant médial.
•
Insertion bulbaire du droit médial droit en vue
médiale
Avant
supérieur
Equateur de l’orbite
Droit médial
oblique médial
récliné
Oblique inférieur
Droit inférieur
Branche inférieure
du III pour
l’oblique inférieur
14
4) Innervation des muscles oculomoteurs
A) Données générales sur les oculomoteurs
Les nerfs II , III et VI traversent le tendon de Zinn : de haut en bas on trouve :
- le nerf optique II
- le nerf oculomoteur III
- le nerf abducens VI
[1]
Le nerf IV ,quant à lui, reste extérieur médialement au tendon de Zinn et passe au dessus de
celui–ci pour innerver l’oblique supérieur.
•
Disposition des nerfs oculomoteurs droits en vue
latérale
Haut
Postérieur
Nerf trochléaire
IV
Nerf optique II
Nerf
oculomoteur III
Nerf abducens
VI
15
B) Le nerf oculomoteur (III)
Le nerf III innerve 5 des 7 muscles de l’orbite :
- le droit médial
- le droit supérieur
- le droit inférieur
- l’oblique inférieur
- le releveur de la paupière supérieure
Il innerve également le sphincter pupillaire et gère l’accommodation.
• Vue endocavitaire du nerf oculomoteur (III) gauche
Cette vue bien qu’imparfaite par ses difficultés de mise au point permet de montrer
dans sa situation anatomique de base au sein de la cavité orbitaire.
Haut
Latéral
Branche
inférieure du III
pour le droit
inférieur
Branche médiale
du III pour le
droit médial
Branche
inférieure du III
pour l’oblique
inférieur
16
Le III se divise en : III supérieur et III inférieur .
Le III supérieur innerve ensuite le droit supérieur et perfore le muscle pour innerver ensuite le
releveur de la paupière supérieur.
Le III inférieur quant à lui se divise en 2 branches : une pour le droit médial et une pour le
droit inférieur qui se divise ensuite très rapidement et donne une branche pour l’oblique
inférieur.
• Division du nerf III droit en vue latérale
Haut
Avant
Branche
supérieure du
III pour le droit
supérieur
Division du III
supérieur et du
III inférieur
2
Branche
inférieure du III
pour l’oblique
inférieur
3
4
1
5
III
Division entre la
branche médiale
et la branche
inférieure du III
inférieur
Légende
1) Nerf optique II
2) Droit supérieur
Branche
inférieure du III
pour le droit
inférieur
Branche médiale
du III pour le
droit médial
3) Releveur de la
paupière supérieure
4) Droit médial
5) Droit inférieur
17
• Division de la branche inférieure du III droit en vue
latérale
Cette vue après résection du globe oculaire ;du nerf optique (II) et du droit latéral
permet de voir plus précisément la division entre la branche inférieure droit inférieur et la
branche inférieure du droit médial.
Haut
Avant
Branche médiale du
III pour le droit
médial
Branche
supérieure du
III pour le droit
supérieur
Branche inférieure
du III pour
l’oblique inférieur
Branche inférieure du
III pour le droit
inférieur
Division entre la
branche médiale et
la branche inférieure
18
• Portion de la branche supérieure innervant le releveur
supérieure de la paupière
Haut
Latéral
Releveur
supérieur de la
paupière
Droit supérieur
Branche du III
supérieur pour le
releveur
supérieur de la
paupière
19
C) nerf trochléaire (IV)
Le nerf trochléaire IV innerve le muscle oblique supérieur .
• Vue supérieure du nerf trochléaire (IV) gauche
Médial
Avant
Nerf trochléaire
IV
Oblique supérieur
20
D) nerf abducens (VI)
Le nerf abducens VI innerve le droit latéral.
•
Le nerf VI droit en vue latérale
Médial
Avant
Nerf abducens
VI
Droit latéral
21
5) Eléments de fixité et de suspension de l’orbite
A) Fascias
Ils forment une gaine autour des structures musculaires et de l’orbite. On peut les
diviser en 2 types.
1°) Fascias musculaires :
Ils engainent chacun des 6 muscles extrinsèques de l’orbite sur toute leur longueur [1] ;
[2].
2°) Fascias intermusculaires
Ils relient les fascias musculaires deux à deux :
L’ensemble constitué par les muscles , les fascias musculaires et intermusculaires
forme un espace en arrière du bulbe appelé le cône fascio musculaire[1] ; [2].
B) La capsule de tenon
Elle engaine la sclère, on la divise en deux partie :
Une partie antérieure musculaire : du foramen ténonien jusqu’à
l’insertion sclérale des muscles oculomoteurs.
Une partie rétro bulbaire : de l’insertion sclérale jusqu’au nerf
optique.
On lui attribue deux rôles pour chaque muscles droits :
la sortie des muscles oculomoteurs de la capsule de tenon détermine
leur origine fonctionnelle ( l’origine anatomique correspond à
l’anneau de Zinn) :Rôle d’une poulie qui dévie le trajet musculaire
Rôle d’un anneau de suspension dont la position s’ajuste en fonction
des mouvements du globe. [2].
C) Graisse orbitaire
Elle entoure et protège les éléments contenus dans l’orbite ; elle est limitée par
le périoste orbitaire.[1] . [8]
22
6) Actions musculaires
A) Axes de déplacements de l’orbite[3]
Les mouvements oculaires sont considérés selon trois axes dits axes de Fick :
•
Un axe XX’ horizontal et un axe ZZ’ vertical déterminant le plan de
Listing :plan frontal fixe dans le crâne correspondant au plan
équatorial de l’œil en position primaire.
•
Un axe YY’ antéro-postérieur qui n’est en fait pas fixe dans l’orbite
mais détermine une ligne courbe fixe dans l’espace « space
centroid » à laquelle correspond des axes mobiles avec l’œil
permettant de définir une seconde courbe fixe dans l’œil : « body
centroid »
B) Position des yeux[3]
Position primaire : « c’est la position des yeux en vision binoculaire , se situant à
l’intersection du plan sagittal de la tête et du plan horizontal passant par les centres de
rotation des deux globes oculaires , le sujet ayant la tête droite et fixant un objet situé à
l’infini » Scobee : position des yeux du soldat au garde à vous
Positions secondaires : En partant de la position primaire ; les yeux tournent autour
de l’axe horizontal ou de l’axe vertical mais pas autour de l’axe antéro-postérieur .
Positions tertiaires : Rotation autour d’un axe oblique situé dans le plan de Listing.
Pas de rotation autour de l’axe antéro-postérieur .
C) Mouvements des yeux
1°) Mouvements selon l’axe horizontal[3]
Les mouvements autour de cet axe entraînent des mouvements verticaux .
Figure 2 : muscles élévateurs : droit supérieur et oblique inférieur ²,¹
23
Figure 3 : muscles abaisseurs :droit inférieur et oblique supérieur [1] ; [2]
2°) Mouvements selon l’axe vertical[3]
Les mouvements autour de cet axe entraînent des mouvements horizontaux.
Figure 4 : muscles abducteurs :droit latéral, oblique supérieur et inférieur [1] ; [2]
Figure 5 : muscles adducteurs :droit supérieur ,droit inférieur et droit médial [1] ; [2]
3°) Mouvements selon l’axe antéro-postérieur [3]
On considère qu’il n’existe pas de mouvements volontaires autour de cet axe : il s’agit
de mouvements de torsion ; il en existe différentes sortes :
•
Intorsion ou incycloduction : l’extrémité supérieure du méridien vertical
s’incline vers le nez.
24
Figure 6 : muscles intorteurs :droit supérieur et oblique supérieur [1] ; [2]
•
Extorsion ou excycloduction : l’extrémité supérieure du méridien vertical
s’incline vers la tempe.
Figure 7 : muscles extorteurs :droit inférieur et oblique inférieur [1] ; [2]
•
Cycloversion : Mouvement oculaire conjugué quand les deux yeux effectuent
une torsion dans la même direction :
Dexcycloversion :Le méridien vertical de chaque œil s’incline vers la droite :
pour l’œil droit il s’agit donc d’un mouvement d’extorsion et l’œil gauche d’un
mouvement d’intorsion.
Levocycloversion : Le méridien vertical de chaque œil s’incline vers la
gauche : pour l’œil gauche il s’agit donc d’un mouvement d’extorsion et l’œil
droit d’un mouvement d’intorsion.
•
Cyclovergence : mouvement oculaire conjugué amenant le méridien vertical
des deux yeux à s’incliner dans des directions opposés :
Incyclovergence : Les méridiens verticaux s’inclinent vers le dedans.
Excyclovergence : Les méridiens verticaux s’inclinent vers le dehors.
25
Par ailleurs l’association des mouvements oculaires obéit au principe de noncommutativité : l’association des mouvements dans un ordre A+B n’est pas équivalent à une
association B+A .
4°) Tableau récapitulatif des actions musculaires [3]
Muscles
Action primaire
Action secondaire
Action
tertiaire
Droit médial
Droit latéral
Droit
inférieur
Adduction
Abduction
Abaissement
(maximale et quasi
exclusif en
abduction /
minimum mais
toujours significatif
en adduction)
Elévation
(maximale et quasi
exclusive en
abduction /
minimum mais
toujours
significative en
adduction)
Excycloduction(pas
de linéarité avec les
mouvements
verticaux)
Incycloduction (pas
de linéarité avec les
mouvements
verticaux)
-
-
Droit
supérieur
Oblique
inférieur
Oblique
supérieur
Excycloduction
Adduction
(déplacement vers l’avant
de l’origine fonctionnelle
stabilisant l’action torsive ;
cette action sera plus
importante si la ligne de
visée est éloignée)
Incycloduction(déplacement Adduction
vers l’avant de l’origine
fonctionnelle stabilisant
l’action torsive ; cette action
sera plus importante si la
ligne de visée est éloignée)
Elévation (moins
importante que les droits
verticaux ; maximale en
adduction)
Abaissement(moins
important que les droits
verticaux ; maximale en
adduction)
5°) champs d’actions anatomiques des muscles oculomoteurs
Schématiquement les champs d’actions sont pour:[2] ; [3]
-
Le droit médial : en dedans
-
Le droit latéral : en dehors
-
Le droit supérieur : en haut et en dehors
-
Le droit inférieur :en bas et en dehors
-
L’oblique supérieur : en bas et en dedans
-
L’oblique inférieur : en haut et en dedans
26
Action
orbitaire
Rétracteur
Rétracteur
Rétracteur
Rétracteur
Abduction
Protracteur
Abduction
Protracteur
III- Matériel et méthode
1°) Matériel
Pièces anatomiques
Dissection de 3 sujets formolés (6 yeux) :
-sujet n°1 : femme 99 ans
-sujet n°2 : femme 86 ans ( sujet injecté)
-sujet n°3 : homme 73 ans ( sujet injecté)
Instruments utilisés :
-
bistouri n°3 et n°4 et une série de lame n°15 et n°23
une pince à disséquer microchirurgicale.
une paire de petit ciseaux microchirurgicaux à pointe droite.
Lunettes de micro-dissection
Marteau et burin
Pince gouges
Une scie à ruban
Pince à disséquer
2°) Méthode
Sujet n°1 : Après ouverture de la calvaria à l’aide d’une scie à ruban et retrait du
cerveau on ouvre l’orbite par voie supérieure à l’aide d’un marteau et d’un petit burin ;
les morceaux d’os sont ôtés à l’aide d’une pince à disséquer pour ne pas abîmer le
périoste intra-orbitaire .
Pour accéder à l’insertion distale du releveur de la paupière supérieure on ouvre
également l’os frontal à l’aide d’un marteau et d’un burin.
Sujet n°2 : Après injection et utilisation du cerveau pour les besoins d’un autre master
la tête est coupée selon un plan sagittal à l’aide d’une scie à ruban.
Sujet n° 3 : Après injection et utilisation du cerveau pour les besoins d’un autre
master l’orbite est disséqué par voie antérieure . Il est secondairement ouvert par voie
supérieure à l’aide d’un marteau et d’un petit burin ; l’œil est ensuite énucléé pour le
disséquer seul. Enfin on retire le globe et ouvre le cône musculaire pour mieux
objectiver l’innervation .
27
IV- Résultats
A) Muscle oblique supérieur
•
Muscle oblique supérieur gauche et sa trochlée en situation anatomique : vue
supérieure
Latéral
Avant
Droit supérieur
Poulie de
réflexion de
l’oblique
supérieur
Os frontal
28
•
Muscle oblique supérieur droit en vue supérieure
On utilise du papier millimètré pour déterminer l’équateur de l’orbite.
Haut
Latéral
Papier millimètré
l
Poulie de
réflexion de
l’oblique
supérieur
Equateur de
l’orbite
Droit supérieur
Droit latéral
29
•
Détail de l’insertion sclérale de l’oblique supérieur droit en vue
supérieure
L’oblique supérieur s’insère en arrière de l’équateur sous le droit supérieur selon un trajet
oblique vers l ‘arrière, le bas et le dehors.[3] ; [8]
Haut
Latéral
Equateur de
l’orbite
Poulie de réflexion de
l’oblique supérieur
Insertion de
l’oblique
supérieur
Droit supérieur
Droit latéral
30
•
Détail de la poulie de l’oblique supérieur
La poulie de réflexion de l’oblique supérieur s’insère sur la partie antéromédiale du plafond
orbitaire , dans la fossette trochléaire de l’os frontal. Elle permet de changer l’orientation de
l’oblique supérieur qui d’un trajet vers l’avant et le haut passe à un trajet vers l’arrière , le bas
et le dehors.[7] . ; [8]
Poulie de l’oblique supérieur
31
B) Muscle oblique inférieur
•
Origine de l’oblique inférieur droit en vue frontale
L’oblique inférieur est le seul muscle oculomoteur ne prenant pas son origine sur l’apex
orbitaire. Il s’insère sur le plancher orbite dans le secteur antéromédial et le corps musculaire
se dirige vers l’arrière et le dehors.[1] ; [2] ; [3]
Haut
Médial
Glande
lacrymale
Plancher
orbitaire
Origine de
l’oblique
inférieur
32
•
Rapport entre le droit inférieur et l’oblique supérieur droit
L’oblique inférieur passe obliquement au dessus de l’insertion sclérale du droit inférieur et
s’insère en latéroinférieur sur la sclère.
Haut
Médial
Oblique inférieur
Branche
inférieure du III
pour l’oblique
inférieur
Droit médial
Droit inférieur
33
• Insertion sclérale de l’oblique inférieur droit en vue inférieure
L’insertion sclérale de l’oblique inférieur en arrière de l’équateur de l’orbite selon un trajet en
arrière ,en haut et vers le dehors. [3]
Avant
Médial
Equateur de
l’orbite
Insertion sclérale
de l’oblique
inférieur
Droit latéral
Branche
inférieure du III
pour l’oblique
inférieur
34
V- Discussion
Selon les données constatées lors des dissections et celles retrouvées dans la littérature il
semble que seuls les obliques (supérieur et inférieur ) soient en mesure d’empêcher le recul du
globe dans l’orbite ; du moins du point de vue musculaire.
En effet les muscles droits de part leurs trajets et leur insertions en avant de l’équateur de
l’orbite entraînent un recul du globe lors de leur contraction. Seuls les obliques possèdent une
insertion sclérale en arrière de l’équateur et donc les caractéristiques nécessaires pour
empêcher l’enophtalmie :
- L’oblique inférieur : son seul point fixe est son origine puisqu’il est difficilement
imaginable que l’insertion sclérale permette une action sur le plancher de l’orbite !
En considérant donc ce point fixe qui se situe en avant de l’insertion sclérale la
contraction du muscle entraîne le globe vers l’avant et le dedans le corps musculaire
formant un angle de 51° par rapport au plan vertical de l’orbite et contrecarrant en
partie l’action rétrotractive des muscles droits .[8] ; [7]
-
L’oblique supérieur : l’appréhension de son fonctionnement est plus complexe .
Il faut distinguer l’insertion anatomique au dessus du tendon de Zinn et l’origine
fonctionnelle qu’est la trochlée qui transforme une contraction d’avant en arrière en
une contraction d’arrière en avant et de dehors en dedans le tendon formant un angle
de 54° par rapport au plan vertical de l’orbite. Ainsi l’oblique supérieur en se
contractant induit une avancée du globe vers le dedans et l’avant participant également
à empêcher l’enophtalmie qu’induiraient les muscles droits.[8] ; [7]
•
En terme de pathologies cliniques atteignant les muscles obliques :
-
Il existe des paralysies de l’oblique supérieur congénitales ou acquises ; dans la
forme acquise il existe des absences totales du muscle oblique supérieur ou de son
tendon .
Cette pathologie entraîne notamment un torticolis compensatoire , une diplopie verticale et
oblique et un trouble torsionnel de type excycloduction mais pas d’enophtalmie.
Une explication possible serait l’hyperactivité du muscle oblique inférieur décrit par certains
en per opératoire mais non retrouvée à l’IRM qui serait responsable de l’excycloduction
décrivant un pseudo syndrome de Brown ( rétraction de la gaine de l’oblique supérieur
entraînant un tableau de pseudo paralysie de l’oblique inférieur) ; l’un des traitements
chirurgicaux consiste d’ailleurs en l’affaiblissement de l’oblique inférieur par recul de celuici. Cette hyperactivité pourrait expliquer l’absence d’enophtalmie par un mécanisme
compensatoire.[2] ; [5] ; [6] ; [8]
-
La paralysie isolée de l’oblique inférieur est rare.
•
-
Concernant les pathologies entraînant une enophtalmie :
Nous avons déjà pu constater dans l’introduction que le syndrome de StillingTurk-Duane entraînait une enophtalmie par augmentation de l’action rétrotractive
des muscles droits.[2] ; [4] ;[5]
35
-
Il existe également une enophtalmie dans le syndrome de Claude-BernardHorner par atteinte du sympathique cervical ; le sympathique assurant la
trophicité des tissus on retrouve une atrophie du contenu orbitaire notamment la
graisse orbitaire : la présence de graisse orbitaire empêcherait également
l’enophtalmie. [2]
-
On peut également citer les causes traumatiques où la fracture du plancher de
l’orbite entraîne une chute du globe et donc une enophtalmie . Les tumeurs qui
lysent le plancher de l’orbite reproduisant les mécanismes de l’enophtalmie
traumatique ou les tumeurs très antérieures qui refoulent le globe en arrière. [1];
[8]
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VI- Conclusion
Après dissection on constate que les muscles obliques de part leurs insertions semblent bien
empêcher l’enophtalmie:
-pour l’oblique supérieur :en se contractant il induit une avancée du globe vers le dedans et
l’avant grâce à la trochlée qui transforme une contraction d’avant en arrière en une
contraction d’arrière en avant et de dehors en dedans.
-pour l’oblique inférieur : la contraction du muscle entraîne le globe vers l’avant et le dedans
car le seul point fixe du muscle est son insertion sur le plancher de l’orbite.
D’autres part les données bibliographiques sur leurs actions musculaires confirment leur rôle
dans la protraction de l’œil.
Cependant la clinique laisse suspecter d’autres acteurs telle que la graisse orbitaire
responsable d’enophtalmie dans le syndrome de Claude Bernard Horner ou la capsule de
tenon.
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VII- Références bibliographiques
[1]. H.SARAUX C.LEMASSON H.OFFRET G.RENARD , Anatomie et histologie de l’œil ,
2ème édition MASSON , 1982, p.48-49;61
[2]. C.BAMMERT-PETILLOT , Muscles oculomoteur et IRM, thèse pour le diplôme d’état
de docteur en médecine , qualification en ophtalmologie , 2005 , p.9-17
[3].F.LEFEVRE , Etude de la torsion oculaire chez le sujet normal, paralysie du IV et signes
cliniques, thèse pour le diplôme d’état de docteur en médecine , D.E.S d’ophtalmologie,2006 ,
p.6-15
[4]. P.V. BERARD M.A.QUERE A.ROTH A.SPIELMANN M.WOILLEZ , Chirurgie des
strabismes , édition MASSON , 1984, p.366-375
[5].M.A . ESPINASSE-BERROD , Strabologie: approches diagnostique et thérapeutique ,2nde
édition ELSEVIER, 2008, p.4-7 ; 190-193
[6]. A. PECHEREAU , La paralysie de l’oblique supérieur, www.strabisme.net , 2011
[7]. M.A.QUERE A. PECHEREAU F. LAVENANT , Physiologie clinique de l’équilibre
oculomoteur , édition MASSON , 1983 , p.1-11
[8]. Y.POULIQUEN , Précis d’ophtalmologie , édition MASSON , 1984 , p.1-11 ; 371-378
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Muscles obliques et enophtalmie.
Alizée RAIMBEAU, Olivier HAMEL, Antoine HAMEL, Stéphane PLOTEAU, Stéphane
LAGIER, Yvan BLIN, Roger ROBERT., Jean-Michel ROGEZ
Laboratoire d’Anatomie, Faculté de Médecine de Nantes.
BUT
Etant donnée l’orientation des corps musculaires des 4 muscles droits leur contraction devrait
logiquement entraîner une enophtalmie . Or ,en condition physiologique, l’œil ne recule pas
lors des mouvements oculaires. Il existe donc physiologiquement des mécanismes intraorbitaires empêchant cette enophtalmie. A l’aide des données apportées par la dissection et de
celles fournies par la bibliographie sur les pathologies oculomotrices induisant ou non une
enophtalmie, nous nous attacherons à définir les mécanismes musculaires empêchant celle-ci.
MATERIEL ET METHODES
: Dissection de 6 yeux provenant de trois sujets formolés ont été réalisées. Trois de ces
dissections ont été effectuées par voie d’abord supérieure ; deux par voie d’abord sagittale et
une par voie d’abord antérieure
RESULTATS:
Les dissections ont permis de mettre en évidence les différentes insertions sclérale des
muscles extrinsèques de l’œil et confirment que seuls les muscles obliques ont une insertion et
une insertion pouvant empêcher l’enophtalmie.
CONCLUSION
Après dissection on constate que les muscles obliques de part leurs insertions semblent bien
empêcher l’enophtalmie.:
-pour l’oblique supérieur : en se contractant il induit une avancée du globe vers le dedans et
l’avant grâce à la trochlée qui transforme une contraction d’avant en arrière en une
contraction d’arrière en avant et de dehors en dedans.
-pour l’oblique inférieur : la contraction du muscle entraîne le globe vers l’avant et le dedans
car le seul point fixe du muscle est son insertion sur le plancher de l’orbite.
D’autres part les données bibliographiques sur leurs actions musculaires confirment leur rôle
dans la protraction de l’œil.
Cependant la clinique montre que la paralysie de l’oblique supérieur n’entraîne pas à elle
seule l’enophtalmie . Ceci laisse suspecter d’autres acteurs telle que la graisse orbitaire
responsable d’enophtalmie dans le syndrome de Claude Bernard Horner ou la capsule de
tenon
: Mots-clés : enophtalmie , muscles obliques, muscles oculomoteurs
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