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Le langage est une arme extrêmement puissante car il est à la base de l’expression et de la
diffusion des idées et de la structuration de la pensée. À ce titre, il fait l’objet de l’attention des
publicitaires qui veulent par son intermédiaire faire appel à notre subconscient pour nous faire
admettre, avec le moins de réflexion ou de regard critique possible que tel ou tel produit nous est
devenu indispensable. Aussi l’objectif de la publicité sera-t-il le même : celui d’ « accrocher » le
consommateur, d’établir entre lui et le produit une relation consciente ou non. Quant aux méthodes,
elles varieront en fonction du produit, du client ou de la période choisie pour le lancement.
Selon Jean-Marie Floch2, il y a quatre types de publicité : la publicité référentielle,
substantielle, mythique et oblique, la différence majeure se situant au niveau du rapport entre le
discours publicitaire et le produit. Si, avec la publicité référentielle et celle substantielle on est dans
l’aire de la crédibilité, de l’information, de la simplicité, avec la publicité mythique et celle oblique
on entre sous l’impacte de l’imaginaire, des pièges langagières, de la manipulation de la réalité.
Pourquoi défaire la réalité ? Pourquoi présenter le produit non pas comme il est, mais de telle
manière que le client ait envie de l’acquérir ? Une des réponses est qu’il n’y a pas de clients, mais
des clients potentiels partagés en plusieurs catégories en fonction de l’âge, de la personnalité du
système de valeurs de chacun. Un objet, un mot, une idée provoquent des réactions différentes chez
des personnes différentes. Les superlatifs relatifs des adjectifs, par exemple, compris dans un
message publicitaire garantissent à certains clients la suprématie du produit visé, tandis que pour
d’autres ils ne font que diminuer la valeur de celui-ci. Ou bien un message du type « C’est la chose
qui vous manquait » pourrait déclencher une réaction soit d’approbation, soit de méfiance ( de la
part de ceux qui considèrent que les autres ne peuvent décider à leur place.) L’homme d’affaires
doit connaître très bien ses clients, tellement bien que ceux-ci n’aient plus envie de tester les
produits de la concurrence. C’est le client et non pas l’industriel à prendre les décisions majeures
concernant le produit qui sera vendu.
Pour arriver à ces résultats, les publicitaires se servent des études de psychologie qui
les aident à mieux comprendre la manière de penser et de réagir des clients potentiels. Certains
pensent que la vente d’un objet doit tenir compte de la hiérarchie sociale en fonction de laquelle
chaque groupe essaye à la fois :
• de se distinguer des groupes placés en dessous de lui ;
• d’imiter la consommation du groupe situé immédiatement au-dessus.
Ainsi un bien nouveau sera-t-il d’abord acquis par les membres du groupe supérieur
cela leur permettant de montrer leur position sociale. Non seulement ils dépensent beaucoup, mais
ils consomment les choses les plus bizarres qu’ils importent à grands frais des pays exotiques.
D’ailleurs, le caviar dont ils se régalent n’est pas tant qu’ils y prennent goût, ils le consomment
surtout pour montrer qu’ils peuvent se l’offrir. Leur consommation est ostentatoire. Dès que le prix
devient accessible à d’autres, le bien est acheté pour imiter le groupe supérieur (« Si les Démiaux
ont la Renault, pourquoi ne l’aurais-je pas ? Si eux, pourquoi pas moi ? »)
C’est que les fabricants vendent avant tout de la sécurité émotive. Un réfrigérateur
représente pour quelques-uns l’assurance d’avoir toujours de quoi manger à la maison et ce fait
équivaut à la sécurité et à la chaleur. Ou bien ils vendent le sentiment de puissance. Lors d’un
sondage psychiatrique, une agence de publicité a conclu que quelqu’un qui achète une voiture
neuve tous les deux ans c’est qu’elle lui donne un sentiment renouvelé de puissance et le rassure
quant à sa virilité.
Une autre classification réalisée par Bill Gallagher3 met en évidence sept types ou
phases de personnalité se constituant pour les spécialistes en une sorte de « carte de l’esprit ». Dans
2. Jean-Marie Floch, Sémiotique, mareting et communication. Sous les signes, les stratégies in Anca Romanţan şi
Bogdan Aldea, Postmodernité et médias, Echinox, Cluj-Napoca 2000, p.74
3 .Bill Gallagher, Guerilla Selling.Arme şi tactici neconveoţionale pentru creşterea vânzãrilor, Ase World Enterprises,
Bucureşti, 1995 p.69