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Hebamme.ch
Sage-femme.ch 1/2009
puisque 90% d’entre elles ont consulté.
Près de la moitié d’entre elles considèrent
qu’elles l’ont fait grâce aux informations re-
çues durant la PAN.
Concernant l’accouchement, le plus sa-
tisfaisant pour les futurs parents est d’avoir
pu Comprendre le déroulement de l’ac-
couchement (78,7%) et Comprendre à quel
moment venir à la maternité (76,6%).
D’ailleurs, les principales raisons qui ont
poussé les femmes à se rendre à la mater-
nité pour accoucher sont: Des contractions
régulières rapprochées (43%) et La perte
du liquide amniotique (23%). Si c’était à
refaire, 7 femmes sur 10 reviendraient à la
maternité au même moment.
Le fait d’avoir été informé de la prise en
charge qui les attend en salle d’accouche-
ment est perçu très favorablement par
76,7% des femmes. Plus de 80% des
femmes estiment qu’elles ont su rester
calmes au moment où les contractions sont
devenues fortes. Les réponses montrent que
les parturientes utilisent principalement les
techniques de respiration et de positionne-
ment pratiquées durant la PAN. Les infor-
mations reçues durant la PAN permettent
aussi aux conjoints de rester calmes (81,2%)
et les aident ainsi à mieux accompagner leur
femme.
Pour l’allaitement, le plus satisfaisant
pour les futurs parents est d’avoir pu com-
prendre la mise en route de l’allaitement
(70,1%), anticiper les joies et les contraintes
de l’allaitement (66,8%), identifier un ré-
seau de soutien en cas de difficultés liées à
l’allaitement (67,3%). Près de 9 femmes sur
10 considèrent que la PAN les a éclairées
dans le choix de l’alimentation à donner à
leur bébé. Malgré la bonne compréhension
de la mise en route de l’allaitement, une
femme sur deux (51%) dit avoir rencontré
des difficultés (crevasses, douleurs, tétées
insuffisantes, fatigue) au début de son allai-
tement. Les informations abordées durant
la PAN ont été utiles aux femmes pour dé-
buter l’allaitement.
Pour le retour à domicile, les éléments
perçus comme les plus satisfaisants pour les
futurs parents sont d’avoir pu identifier un
réseau de soutien en cas de difficultés liées
aux soins de l’enfant (69,3%), détecter les
signes du baby blues (56%), comprendre les
rythmes sommeil/éveil de l’enfant (51,6%).
73% des femmes considèrent que la PAN
leur a fourni des informations utiles concer-
nant leurs propres besoins après l’accou-
chement. Lorsqu’elles ont expérimenté le
découragement (22,7%), l’incapacité à se
réjouir (10,9%) ou encore le manque d’in-
térêt à s’occuper de leur bébé (3,4%), les
femmes ont surtout demandé de l’aide à
leurs proches (40%) et à une sage-femme
indépendante (14,8%). Cette aide a été
qualifiée d’utile par 99% des femmes.
Un stress différent pour
les nouveaux parents
Les sages-femmes de la PAN constatent
que les couples d’aujourd’hui, lorsqu’ils at-
tendent leur 1
er
enfant, vivent un niveau de
stress
3
élevé (4,5). Lorsqu’on leur demande
d’évoquer la situation qui a été la plus stres-
sante pour eux dans le processus de paren-
talité, c’est l’accouchement qui est cité
pour presque la moitié des pères (44%)
alors que le post-partum constitue le prin-
cipal facteur de stress des mères (53%).
Quoique ces données doivent être inter-
prétées avec précautions, les couples affir-
ment que la PAN contribue à réduire leur ni-
veau général d’inquiétude en la faisant pas-
ser de 45% (au début des cours) à 16% (à
la fin des cours).
Favoriser des
comportements de santé
Le lien entre la satisfaction et l’adoption de
comportements de santé étant établi, les ré-
sultats démontrent que la PAN, en préconi-
sant un modèle d’accompagnement, amé-
liore la capacité des couples à mobiliser leurs
ressources cognitives, comportementales et
émotives durant le processus de parentalité
(grossesse, accouchement, post-partum).
Pour Vial et Mencacci
[6]
, l’accompagne-
ment professionnel concerne des praticiens
exerçant une fonction éducative et suppose
que l’accompagnateur soit une personne-
ressource qui met ses compétences au ser-
vice de l’accompagné pour favoriser le po-
tentiel de celui-ci. Or, en augmentant la ca-
pacité des couples à participer aux décisions
entourant la naissance de leur enfant, la
PAN peut contribuer à creuser l’écart entre
ces futurs parents et l’environnement hospi-
talier pour lequel, le partenariat
4
soignant-
soigné demeure un défi
[7]
. Effectivement, le
soignant contemporain doit constamment
adapter sa pratique entre le patient soumis
d’hier et le patient empouvoiré
5
de demain.
A l’instar de toutes pratiques visant la pré-
vention et la promotion de la santé, la PAN
ne peut assumer l’entière responsabilité du
bon ou du mauvais déroulement de la gros-
sesse, de l’accouchement ou du post-par-
tum. Par contre, en proposant des moyens
aux couples pour mieux faire face à des si-
tuations caractérisées par une partie d’im-
prévus et d’imprévisible, la PAN représente
une opportunité indéniable de faire se ren-
contrer, en milieu hospitalier, la promotion
de la santé et le soin.
Bibliographie
[1] FEDERATION SUISSE DES SAGES-FEMMES.
Fonctions, objectifs de formation et qualifica-
tions-clés. Berne, 1998. http://www.sage-
femme.ch/x_dnld/doku/funktionenf.pdf
(consulté le 11 juillet 2007).
[2] LINDER-PELZ S. (1982) Toward a theory of pa-
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ne, 16, 577–579.
[3] CLEARY P. D., McNEIL B. J. (1988): Patient sa-
tisfaction as an indicator of quality care. In-
quiry, 25, 25–36.
[4] QUINTARD B. (1994): Du stress objectif au
stress perçu. In BRUCHON-SCHWEITZER,
DANTZER, R. Introduction à la psychologie de
la santé, Presses Universitaires de France PUF,
Paris, p. 43–66.
[5] LAZARUS R.S., FOLKMAN S. (1984): Stress,
appraisal, and coping. New-York, Springer.
[6] VIAL M., CAPARROS-MENCACCI N. (2007).
L’accompagnement professionnel? Méthode
à l’usage des praticiens exerçant une fonction
éducative. Bruxelles, De Boeck.
[7] LEFEBVRE H. Les rouages de la communica-
tion. Perspective infirmière, juillet/août 2008,
vol. 5, no 6.
3
Les auteurs adoptent le point de vue qui veut que le stress
ne soit «ni une caractéristique des situations ni une ca-
ractéristique des individus» (Bruchon-Schweitzer in Quin-
tard, 1994) mais plutôt «une transaction particulière entre
la personne et l’environnement dans laquelle la situation
est évaluée par la personne comme excédant ses ressour-
ces et menaçant son bien-être» (Lazarus et Folkman,
1984, p.19) En d’autres termes, le stress ne peut être ré-
duit à la notion de stimulus ou de réponse au stimuli mais
englobe les moyens mis en œuvre par la personne pour
faire face aux événements.
4
Le partenariat est défini ici comme «l’association d’une
personne, de ses proches, des infirmières [sages-femmes],
qui reconnaissent leurs expertises et leurs ressources réci-
proques dans la prise de décision par consensus en visant
la réalisation du projet de vie de la personne. Il [le par-
tenariat] s’actualise par l’appropriation de compétences
nécessaires menant à l’autodétermination de chacun».
(Lefebvre, 2008).
5
Selon l’European multilingual thesaurus on health pro-
motion, l’empowerment se traduit par l’empouvoire-
ment, soit la capacité d’un individu à prendre des déci-
sions et à exercer un contrôle sur sa vie personnelle. (B. Is-
raël et al. 1994).
Photo: CEMCAV-CHUV, P. Dutoit