Pas dans mon jardin! Le syndrome NIMBY. Une enquête auprès de 60 responsables de la communication révèle que : Le syndrome « NIMBY » est en pleine expansion : 3 responsables de la communication sur 4 relèvent une augmentation La communication paie : 8 répondants sur 10 sont convaincus que la communication représente un investissement rentable à terme La communication traditionnelle doit de plus en plus céder le pas au « dialogue » Les médias sociaux sont encore trop souvent considérés comme une « boîte de Pandore » Les élections jouent un rôle, aussi bien dans le secteur privé que public mai 2012 1. Introduction Au cours des mois et des années écoulés, l’attention (de la presse) s’est fortementfocalisée sur les citoyens qui émettent des protestations contre un projet ou certaines activités dans leur environnement résidentiel.Songeons à la mobilisation citoyenne contre la carrière de Mâle Plume à Andenne, aux opposants au projet de relocalisation du siège européen de FedEx à La Hulpe, ou, last but not least,aux manifestations contre la rénovation de l’Avenue du Port à Bruxelles.A cela s’ajoutent, aux quatre coins du pays, de nombreux autres exemples de protestations contre des extensions d’entreprises, des nouveaux magasins, l’implantation d’éoliennes ou d’autres travaux d’infrastructure... Ceci nous amène à la question suivante :le nombre croissant de telles formes de protestation n’est-il qu’une simple impression ou assiste-t-on, au contraire, à une réelle propagation du fameux syndrome NIMBY ? « NIMBY » est l’acronyme de « Not In My Backyard ».Il renvoie à l’attitude révoltée de riverains contre (le développement d’)un projet ou (d’)une activité dans leur environnement immédiat, en raison de (prétendus) risques, nuisances ou autres inconvénients.Les motifs de telles protestations sont aussi variés que la manière dontelles sont exprimées:c'est pourquoi nous utilisons le terme « syndrome ». Auparavant, cette NIMBY-attitude induisait systématiquement une connotation négative.Elle était considérée comme une protection égoïste et irrationnelle d’intérêts particuliers au détriment de l’intérêt sociétal au sens large.Le NIMBY a donc été associé à la mesquinerie, à l’égocentrisme, voire à l’amertume. Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le simplisme de cetteatmosphère négative dans laquelle gravite le syndrome NIMBY.On ne se pencherait ainsi pas suffisamment sur la diversité des motivationssous-tendant les protestations des riverains – pas plus que sur la façon de les gérer rationnellement.S’agit-il, par exemple, toujours d’une menace ou peut-il également enrésulter des opportunités ? whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 2 En raison de l’attention accrue et du nombre croissant de questions que suscite le syndrome NIMBY, il nous a semblé intéressant, chez Whyte Corporate Affairs, d’étudier l’évolution de ce syndrome et la manière dont les entreprises et les services publics1 belges (ré)agissent lorsqu’ils sont confrontés à des protestations de type NIMBY. Forte de son expertise dans le domaine de la communication d’entreprises et institutionnelle, Whyte Corporate Affairs a sondéla vision que tant le secteur privé que le secteur public se fontdu phénomène NIMBY. Cette étude examine comment les acteurs eux-mêmes perçoivent cette situation et si les conceptions généralement acceptées se confirment effectivement sur le terrain. Whyte Corporate Affairs a travaillé pour cette étude avec le concours de deux étudiants, l’un en Master complémentaire en communication d’entreprises multilingue à l’Université de Gand et l’autre en Master en sciences de l’information et de la communication à l’Université Catholique de Lille. Les résultats du sondage qu’ils ont réalisé ont été traités conjointement avec les consultants spécialisés de Whyte Corporate Affairs. Leurs principales conclusions sont résumées dans le présent rapport et étayées au moyen de données chiffrées.Les résultats sont analysés et mis en perspective à la fin de ce rapport. Nous adressons nos plus sincères remerciements à Wim Lefebure et Marine Lhomel pour leur persévérance ainsi qu’à tous les répondants pour leur coopération et leur sincérité. 1 Dans ce Whyte Paper, le terme ‘services publics’ regroupe les entreprises de service public et les institutions gouvernementales. whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 3 2. Méthodologie Au cours du deuxième semestre 2011, 60 responsables de la communication d’entreprises et de services publics, actifs en Belgique, ont été interviewés. Parallèlement à quelques résultats quantitatifs, l’accent a été mis sur des questions qualitatives. Les répondants se sont ainsi vu offrir la possibilité de présenter leur vision détaillée du syndrome NIMBY. Ce feedback a été traité de façon systématique et structurée sur base d'une liste de sujets, afin de garantir une comparabilité optimale ainsi qu’une généralisation des opinions exprimées. Malgré nos efforts pour interroger des répondants issus d’un nombre prédéterminé de secteurs professionnels différents (industrie lourde, logement, installations d’utilité publique, ...), nous n’avons pas relevé de divergence significative entre les répondants de ces divers secteurs. C’est pourquoi nous nous concentrons dans ce rapport sur les différences entre les secteurs privé et public, d’une part, et entre des régions, d’autre part (Flandre – Wallonie – national2). En raison de la nature même de notre enquête et du nombre limité de répondants, les pourcentages figurant dans ce rapport présentent un caractère purement indicatif. Secteur privé Secteur public Flandre 3 21 24 40% Wallonie 3 13 16 26,7% Echelle nationale 18 2 20 33,3% 60 100% TOTAL 24 40% 36 60% TOTAL Tableau 1 : Répartition des répondants par secteur et par zone d’activité Au vu de l’approche exploratoire de cette enquête, la liste de sujets englobait des thèmes très variés. La liste contenait pas moins de seize questions, chacune d’entre elles étant complétées par plusieurs sousquestions. Ce n’est cependant pas le questionnaire qui constitue la base de ce rapport, mais bien les principales conclusions de l’enquête : nous décrivons dans ce Whyte Paper les cinq conclusions les plus marquantes. Nous avons garanti l’anonymat absolu à nos répondants, de sorte qu’ils ont pu s’exprimer le plus librement possible. C’est pourquoi les auteurs des citations figurant dans ce document peuvent uniquement être situés au moyen de leur secteur (public ou privé) et de leur langue. Ces citations sont représentatives : elles illustrent les tendances générales qui ont été identifiées. 2 La catégorie ‘national’ comprend toutes les organisations dont les activités ont une portée nationale. whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 4 3. Résultats du sondage Cinq grandes conclusions sont ressorties des quelque 60 interviews menées auprès de responsables de la communication dans des entreprises et des services publics actifs en Belgique. 1er constat : Oui, on assiste effectivement à une nette percée du syndrome NIMBY. Les résultats révèlent que la percée du syndrome NIMBY n’est pas une simple question de perception. D’après l’expérience pratique de nos répondants, le phénomène se manifeste dans un nombre croissant de projets. Trois répondants sur quatre (46/60) constatent une augmentation des protestations de type NIMBY. Ce constat concerne tant le secteur privé que public. Evolution du syndrome NIMBY Augmentation Diminution Pas de tendance / Sans avis TOTAL Secteur privé Secteur public TOTAL 19 79,2% 27 75% 46 76,7% 4 16,7% 3 8,3% 7 11,7% 1 4,2% 6 16,7% 7 11,6% 24 100% 36 100% 60 100% er Tableau 2: 1 constat, nombre de répondants par secteur « L’évolution est phénoménale, le moindre changement que l’on souhaite apporter à la situation existante provoque un véritable bouleversement. Les gens se préoccupent exclusivement de leur propre personne. Ils deviennent en outre plus médiagéniques de jour en jour. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) « Le phénomène croît et s’amplifie, à cause des médias qui ne ratent pas une occasion de faire de l’audience. » (Répondant francophone du secteur privé) whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 5 Il ressort des explications des répondants que cette percée trouve son origine dans une double évolution. (i) Les citoyens n’ont jamais été aussi bien armés Les gens sont devenus plus émancipés. Les riverains veulent savoir le fond des choses, que ce soit pour être impliqués dans le projet ou pour tenter de l’empêcher. L’intérêt personnel est également mis dans la balance et pèse de plus en plus lourd. Ce phénomène est lié à des évolutions sociétales telles que l’individualisation et la densité croissante de la population. « Nous vivons dans une société de plus en plus individualiste qui fait passer son confort personnel en priorité » (Répondant francophone du secteur privé) Le « citoyen émancipé » n’est plus un spectateur passif, mais il a un avis et il compte bien le faire entendre. (ii) Le seuil d’intervention n’a jamais été aussi bas Un activiste sommeille en chacun de nous... et avec les armes désormais à la portée de tout un chacun, nous nous lançons de plus en plus souvent et de plus en plus rapidement dans la bataille. Grâce aux multiples formes de communication numérique, les citoyens n’ont jamais disposé d’autant de moyens qu’aujourd’hui pour entreprendre une action. Ils ne dépendent plus des médias traditionnels pour exprimer leur opinion. « Nous nous adaptons à l’évolution du citoyen, qui dispose et s’adjuge davantage de possibilités d’être impliqué. » (Répondant néerlandophone du secteur public) « Ces phénomènes sont de plus en plus récurrents.Cela est lié, d’une part, au nombre et à la diversité des canaux de communication auxquels les riverains ont accès et qu’ils utilisent de plus en plus pour poser leurs questions ou manifester leur désaccord. » (Répondant francophonedu secteur public) « L’émancipationdu citoyen s’est considérablement accrue et l’évolution des médias électroniques joue un rôle important à cet égard. » (Répondant néerlandophone du secteur public) L’Internet, et en particulier les médias sociaux, jouent clairement un rôle important dans l’abaissement du seuil d’intervention. Les citoyens individuels peuvent acquérir un statut de faiseur d’opinion. Un comité de quartier aux moyens limités peut mobiliser efficacement. Dans les émissions de radio et de whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 6 télévision interactives, les « grandes entreprises » et les « petits citoyens » ont accès à la même plateforme pour s’exprimer. Les médias traditionnels sont de plus en plus alimentés par toutes sortes d’initiatives citoyennes – qu’il s’agisse de protestations ludiques ou plus radicales. 2ème constat : La communication paie. La percée du syndrome NIMBY pousse-t-elle les entreprises et institutions concernées au défaitisme ? La protestation NIMBY est-elle une chose « avec laquelle nous devons apprendre à vivre », où chaque effort visant à offrir une réponse n’est que peine perdue ? Ou la communication peut-elle faire la différence ? Pas moins de 8 répondants sur 10 (49/60) considèrent la communication plutôt comme un investissement que comme un simple poste de coût. Cela signifie qu’ils voient un retour sur les efforts consentis (investissement). Les responsables de la communication flamands s’avèrent davantage convaincus (22/24) de cet aspect-là. On relève des résultats similaires dans les secteurs public et privé. La communication, c’est… Un coût Secteur privé Secteur public 2 8,3% 3 8,3% 5 8,3% Un investissement 19 79,2% 30 83,3% 49 81,7% Ni l’un ni l’autre 3 12,5% 3 8,3%% 6 10% TOTAL 24 100% 36 100% 60 100% Tableau 3 : 2 ème constat, nombre de répondants par secteur La communication, c’est… Un coût - - 2 Un investissement 22 91,7% Ni l’un ni l’autre 2 TOTAL 24 Tableau 4 : 2 ème TOTAL 15,4% Echelle nationale 3 15% 5 8,8% 10 76,9% 15 75% 47 82,5% 8,3% 1 7,7% 2 10% 5 8,8% 100% 13 100% 20 100% 57 100% Flandre Wallonie TOTAL constat, nombre de répondants par zone d’activité (3 répondants bruxellois ont été retirésdu comparatif) Bien que la communication à court terme soit davantage considérée comme une activité coûteuse et fastidieuse, les responsables interrogés considèrent qu’elle offre une valeur ajoutée à long terme. Ils estiment que la communication facilite le déroulement du projet, que ce soit en créant un soutien du whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 7 public pour le projet ou le propriétaire du projet, en anticipant les questions des intéressés ou encore en levant les éventuels obstacles au projet. « La communication est un investissement rentable. Elle peut être un frein car elle ralentit le projet au début mais elle permet ensuite de gagner du temps et de l’énergie quand elle a pu susciter l’adhésion des citoyens et donc créer un terrain favorable pour le projet. » (Répondant francophone du secteur privé) Certains répondants évoquent directement le concept du « retour sur investissement ». Ils évaluent les actions de communication en procédant à un exercice comparatif entre (i) le coût de la communication et (ii) le coût éventuel qu’entraînerait une non-communication. « Le coût du projet sans communication est un multiple du coût, du temps et des efforts que l’on injecte dans la communication. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) Pour réduire au maximum les coûts engendrés par une absence de communication, il est impératif de commencer la communication le plus rapidement possible. « Dans un premier temps, cela représente uniquement un coût. Mais à long terme, il s’agit très clairement d’un investissement. Il faut inévitablement passer par cette phase. Il n’est pas possible de procéder autrement. Alors, au plus tôt au mieux, faute de quoi on risque de courir après pendant toute la durée du projet. » (Répondant néerlandophone du secteur public) Les responsables de la communication sont toutefois fermement convaincus qu’il ne suffit pas d’agir en temps utile pour gérer la communication de manière optimale. Le choix des canaux de communication joue aussi un rôle important, comme l’indiquent les constats suivants. 3ème constat : Les médias traditionnels restent « incontournables », mais il est indispensable de communiquer également via ses propres canaux. La problématique NIMBY induit également un dilemme de communication : comment gérer les médias? D’un côté, les médias sont extrêmement puissants et constituent un excellent moyen pour toucher un large public mais, de l’autre, on dépend dans une large mesure de la sélection, de l’interprétation et de l’opinion de la presse. Bien que l’importance des médias traditionnels soit généralement reconnue en matière de communication, de nombreux répondants estiment que leurs messages ne trouvent pas suffisamment whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 8 d’écho dans la presse. Un répondant sur quatre (16/60) affiche même une défiance manifeste envers les médias. « Lors d’une conférence de presse, on constate que les médias prennent ici et là les éléments qui les intéressent, et ne tiennent pas toujours compte des ‘préoccupations locales’. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) « Les médias ne représentent pas un partenaire loyal, mais un canal nécessaire pour toucher le public. »(Répondant néerlandophone du secteur public) L’explication avancée le plus fréquemment est la commercialisation des médias, qui a pour conséquence une réduction du temps disponible, du nombre de journalistes spécialisés et un sens accru du sensationnel. Si l’on en croit les répondants, les informations importantes pour les riverains sont insuffisamment prises en considération. Les entreprises et les institutions sont par conséquent renvoyéesà leurs propres canaux de communication pour informer correctement leurs groupes cibles. « Les médias sont très particuliers en tant que parties prenantes.Ils n’ont pas vocation à transmettre les messages de l’entreprise.Ils utilisent l’entreprise pour vendre plus et augmenter leur audience (opportunisme médiatique).Il faut à la fois les soigner et s’en méfier. » (Répondant francophonedu secteur privé) « Ils jouent un double rôle : d’un côté, ils représentent un canal indispensable pour diffuser votre message et, de l’autre, ils vous tombent dessus au moindre faux pas. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) « Aujourd’hui les journaux sont conçus comme des produits à vendre et non plus comme des outils pédagogiques, ce qui les poussent vers plus de sensationnalisme. » (Répondant francophonedu secteur public) Les responsables interrogés sont toujours convaincus que les médias traditionnels (une forme de communication « indirecte ») revêtent une importance cruciale pour la diffusion de leurs informations.Mais il n’empêche que 8 répondants sur 10 (44/54) estiment qu’il est indispensable de communiquer via ses propres canaux (communication « directe »). Une communication “propre” est indispensable pour pouvoir diffuser des informations plus exhaustives et plus nuancées sur des thèmes spécifiques. En recourant à des canaux de communication “directs”, ils peuvent diffuser leur message dans le monde entier. whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 9 Le recours à la communication directe est bien plus fréquent dans le secteur public (91%) que dans le secteur privé (65%). Cela s’explique très vraisemblablement par le fait que les institutions publiques disposent de toute façon de leurs propres canaux de communication auprès du grand public (par ex., les magazines urbains et les journaux communaux) parce que cela fait également partie « in tempore non suspecto » de leur mission. « Nous publions même des articles pour apporter des nuances ; nous donnons une image neutre, que les médias détournent parfois en positions nettement plus tranchées. » (Répondant néerlandophone du secteur public) « Nous utilisons intentionnellement nos propres canaux également, mais ce n’est pas par défiance vis-à-vis des médias. C’est plutôt une question de sens des responsabilités : nous devons le faire, car cela relève de notre mission en tant que service de communication auprès des citoyens. » (Répondant néerlandophone du secteur public) Utilisation d’autres canaux propres en plus des médias traditionnels? Secteur privé Secteur public TOTAL Oui 13 65% 31 91,2% 44 81,5% Non 7 35% 3 8,8% 10 18,5% 20 100% 34 100% 54 100% TOTAL Tableau 5: 3 ème constat, nombre de répondants par secteur 4ème constat :Les médias sociaux sont toujours une « boîte de Pandore ». On n’aura jamais autant parlé et écrit au sujet de l’importance des médias sociauxdans l’ensemble des moyens de communication – un battage médiatique qui contraste vivement avec les résultats de notre sondage. Nous avons interrogé nos répondants quant à leur présence et leur activité dans les médias sociaux. Seuls 35% d’entre eux (21/60) sont présents pour leur organisation dans les médias sociaux. Il s’agit toutefois souvent d’une présence relativement “passive”, qui manque de stratégie spécifique et/ou de moyens pour une utilisation active des médias sociaux. La grande majorité de ces institutions (65%) ne sont toujours pas actives dans les médias sociaux. whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 10 Médias sociaux Secteur privé Secteur public 9 37,5% 12 33,3% 21 35% 12 50% 9 25% 21 35% Actives N’envisagent pas de les utiliser Envisagent de les utiliser Non activ es Tableau 6 : 4 Actives N’envisagent pas de les utiliser Envisagent de les utiliser TOTAL Tableau 7: 4 ème 3 12,5% 15 41,6% 18 24 100% 36 100% 60 30% 100% constat, nombre de répondants par secteur 8 33,3% 5 38,4% Echelle nationale 8 40% 5 20,8% 5 38,4% 10 Médias sociaux Non activ es 35% 65% TOTAL ème TOTAL Flandre Wallonie 50% TOTAL 21 36,8% 20 35,1% 36,8% 63,2% 11 45,8% 3 23,1% 2 10% 16 24 100% 13 100% 20 100% 57 28,1% 100% constat, nombre de répondants par zone d’activité (3 répondants bruxellois ont été retirés du comparatif) « Les médias sociaux sont plutôt une source d’ennuis pour l’entreprise, il n’y a pas de contrôle de l’information et beaucoup de dérives. » (Répondant francophone du secteur privé) « Nous sommes actuellement en train de découvrir les médias sociaux, d’étudier comment les intégrer dans notre politique. » (Répondant néerlandophone du secteur public) IL EXISTE UNE TRIPLE CRAINTE VIS-A-VIS DES MEDIAS SOCIAUX... (i) « Par quoi vais-je commencer? » De nombreux répondantsne savent pas comment utiliser les médias sociauxà des fins professionnelles. De plus, si l’utilisation des médias sociauxne constitue pas une fin en soi, on remarquera que de nombreux répondantsémettent des doutes quant aux médias sociauxen tant que « canal adéquat pour diffuser des informations ».L’aspect interactif (feedback, dialogue) peut cependant compter sur l’intérêt (voir ci-dessous), mais on relève là aussi encore beaucoup d’incertitudes. whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 11 (ii) « C’est une tâche intensive ! » Une large majorité des répondantsévoque spontanément le fait que l’utilisation à titre professionnel des médias sociauxreprésente une tâche intensive, qui nécessite à la fois du temps et de l’argent. L’absence de tels moyens a presque systématiquement été avancée lors des interviews. « Nous ne sommes pas actifs dans les médias sociaux.Il ne s’agit pas uniquement de créer un compte.Il faut également en assurer le suivi et l’actualisation.C’est déjà bien assez de le faire pour le site Internet. » (Répondant néerlandophonedu secteur privé) « Un canal de communication dangereux qui nécessite la présence d’un modérateur parce qu’il n’y a pas d’analyse de l’information, ni de vérification des sources. » (Répondant francophone du secteur public) « Les médias sociaux représentent un outil efficace mais à surveiller.Être présent sur les médias sociaux nécessite un effort constant (via le recrutement d’un community manager) en raison, notamment, de la rapidité de diffusion de l’information, de son impact. On peut vite perdre le contrôle. »(Répondant francophone du secteur public) (iii) « On sait où cela commence, mais pas où cela se termine ! » Le doute règne chez de nombreux répondantsen raison du caractère prétendument « incontrôlable » desmédias sociaux. Ce qui nous amène à comparer ces médias à une boîte de Pandore, dans la mesure où plusieurs responsables de la communication craignent que l’utilisation active des médias sociaux n’entraîne des problèmes de communication supplémentaires et difficiles à contrôler. « Le problème, c’est qu’il s’agit d’un forum ouvert que l’on ne contrôle pas. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) « Sur les réseaux sociaux règne souvent une prose injurieuse. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) « Ils peuvent être un outil de communication efficace dans le sens où ils sont très mobilisateurs, positivement ou négativement. » (Répondant francophone du secteur privé) « L’intérêt des médias sociauxréside dans la rapidité de la communication à double sens, mais évidemment cela cacheaussi des dangers. Il faut constamment rester vigilant. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 12 ...MAIS UN REVIREMENT EST EN VUE... L’utilisation limitée des médias sociaux n’aboutit donc qu’à un résultat mitigé? Pas nécessairement, si l’on considère que près de la moitié desrépondantsnon actifs (18/39) envisagent de recourir aux médias sociauxdans un avenir proche.Ils pensent en général qu’une évolution irréversible est en train de se produire, qui mènera à une utilisation active des médias sociaux. Le plus grand intérêt reconnu aux médias sociaux est l’interactivité et le contact direct avec le public. Les médias sociaux peuvent parfaitement jeter un pont entre une politique de communication « unidirectionnelle » et une stratégie qui est davantage axée sur le « dialogue ». Les médias sociaux sont considérés comme un canal supplémentaire dans l’arsenal de moyens de communication disponibles, un support qui offre la possibilité d’interagir avec le public et de faire entendre sa voix dans le débat depuis son entreprise ou son service. « C’est une nouvelle donne à laquelle chaque service public se trouve désormais confronté.Ils font partie intégrante de la société d’aujourd’hui et nous devons apprendre à nous en accommoder. » (Répondant néerlandophone du secteur public) « Les médias sociaux deviennent de plus en plus importants et incontournables. Ils constituent un outil efficace quand on sait les utiliser. » (Répondant francophone du secteur public) « Les médias sociaux permettent de faire des recommandations, d’influencer, de faire du viral mais on observe une grande différence entre l’intention virtuelle et l’action concrète (notamment en termes de participation à des événements). » (Répondant francophone du secteur public) …AVEC UN RATTRAPAGE INATTENDU DU SECTEUR PUBLIC Les utilisateurs les plus actifs des médias sociaux appartiennent aujourd’hui au secteur privé et aux grandes organisations (publiques et privées).Sur la base des résultatsde notre sondage, le mouvement de rattrapage le plus marqué se situera dans le secteur public. Le secteur public semble, bien plus que le secteur privé, tenté de recourir à l’avenir à ces nouveaux canaux de communication.C’est sans doute à mettre en rapport avec leurdépendance et leur exposition plus directe à l’opinion publique : si des citoyens ont adopté en masse ce nouveau média, le secteur publictrouve logique de se rendre sur le même terrain.Les institutions publiques peuvent ainsi optimiser la communication d’informations et la prestation de services au citoyen ; et ce dialoguepeut également whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 13 étayer la politique.Bien que les appréhensions soient encore grandes, les médias sociauxne sont plus simplement considérés comme une menace, mais également comme une opportunité. « L’intérêt des médias sociauxréside dans lecontact direct réciproque.D’un côté, c’est positif parce que cela débouche sur une réaction et un contact rapides, mais d’un autre côté,on voit que la qualité de cette rétroaction ensouffre tout de même parfois terriblement. » (Répondant néerlandophone du secteur public) « Nous tâchons detenir compte le plus possible des remarques pertinentes.Il s’agit en l’occurrence de prise de connaissance de l’avis des autres, de consultation et éventuellement de participation. » (Répondant néerlandophone du secteur public) 5ème constat :Les élections produisent un impact ! Enfin, avec les élections communales de 2012 en vue, nous avons demandé aux répondantssi les élections, et le climat politique qui y est lié, ont une influence sur le phénomène NIMBY. Les élections influencent-elles le déroulement de leurs projets, et plus particulièrement la communication afférente ? Plus de 7 répondants sur 10 (44/60) perçoivent un impact substantiel des élections. Ce ne sont pas uniquement les répondantsdu secteur public (85,3%) qui confirment cet impact, mais également ceux du secteur privé (78,9%).La communication institutionnelle n’est pas immunisée contre ce qui se produit sur la scène politique, et ce d’autant plus que les relations entre les entreprises et les riverains n’échappent pas à l’impact de la politique et des élections. Elections Secteur privé Secteur public TOTAL Impact 15 62,5% 29 80,6% 44 73,3% Pas d’impact 4 16,7% 5 13,9% 9 15% Sans avis 5 20,8% 2 5,6% 7 11,7% TOTAL 24 100% 36 100% 60 100% Tableau 8: 5 ème constat, nombre de répondantspar secteur « Les élections sont difficiles pour le département de communication vu que tout projet peut faire l’objet d’une propagande. » (Répondant francophone du secteur privé) « Absolument, nous ne pouvons pas y échapper, que ce soit au niveau fédéral, régional ou des communes.C’est sur le timing qu’elles exercent la plus grande influence. » (Répondant néerlandophone du secteur privé) whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 14 « Les périodes électorales peuvent être un frein comme un accélérateur de projet, notamment pour ceux à venir. » (Répondant francophone du secteur public) Constat remarquable: on réagit très différemment face à cet impact politique dans le secteur privé et dans le secteur public. (i) Opportunisme dans le secteur privé Les acteurs privés qui perçoivent l’impact desélections, ne le considèrent pas toujours comme quelque chose de négatif. L’impact des hommes politiques est souvent perçu comme une opportunité, et utilisé en tant que tel. Alors que les politiciens utilisent des projets d’entreprise pour attirer l’attention des médias, ces mêmes hommes politiques sont « intégrés » par des entreprises dans leur propre stratégie de presse et de communication. « Cela marche en réalité dans les deux sens, car nous pouvonsjouer sur la présence de politiciens dans notre communication et il ou elle peut apparaître (encore) dans les médias nationaux. » (Répondant néerlandophonedu secteur privé) (ii) Défiance vis-à-vis des communicateurs institutionnels Les responsables de la communicationdu secteur publicaccordent quant à eux une grande importance à leur neutralité. Ils préfèrent tenter d’éviter que des politicienstirent parti de leurs initiatives de communication, en particulieravant des élections. « Les hommes politiques essaient de peser sur la communication. Ils contrôlent le contenu des messages, à quel moment ils doivent être diffusés et où ils doivent l’être. » (Répondant francophone du secteur public) whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 15 4. Analyse et commentaire: le syndrome NIMBY comme stimulant Le sondage de Whyte CorporateAffairs confirme l’expansion de la protestation NIMBY – et fournit une image plus nuancée, parfois même surprenante, de la façon dont il convient de s’en accommoder. C’est ce qui nous a inspiré les conclusions et considérations suivantes. Embrassez vos « adversaires » : la parole est d’argent, mais le dialogue est d’or Le schéma de communication classique, où un « émetteur » envoie un « message » à un « groupe cible », semble mort et enterré. Le citoyenne forme plus un groupe cible impuissant, dont le seul moyen de défense consiste à envoyer une lettre à un journal ou, dans le pire des cas, à descendre dans la rue (songeons aux manifestations antimissiles dans les années quatre-vingt). Le citoyense trouve quasiment sur un pied d’égalitédès lors qu’il est question de moyens de communication, etil dispose d’un avantage dès lors qu’il s’agit de« goodwill » et de crédibilité. La légitimité d’un riverain protestataire n’est pas vraiment remise en question ; les organisations bien établies sont analysées de façon beaucoup plus critique. Une approche communicationnelle « paternaliste », qui repose sur une relation à sens unique, est vouée à l’échec. Une stratégie qui ne tient pas uniquement compte de l’interactivité, mais qui l‘intègre également dans l’approche de communication, offre la meilleure garantie de succès. En offrant une plateforme à vos adversaires potentiels et en canalisant leurs réactions, vous évitez que la protestation ne vous prenne de court. Concrètement :impliquez les riverains le plus rapidement possible dans un projet, évitez de les placer devant des faits accomplis. L’expérience des répondantsde notre enquête nous enseigne que la principale motivation des citoyens découle de leur désir d’implication, de leur souhait d’être reconnus. C’est pourquoi consultation et concertation sont les deux maîtresmots. whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 16 De « inside-out » à « outside-in », de « l’implémentation » à « l’apport stratégique » La communication ne se fait pas sans engagement. C’est un instrument stratégique pour défendre des intérêts... au même titre que le riverain le fait !La protestation NIMBY peut entraîner des retards, des frais supplémentaires (de communication et autres),... voir le sabordage d’un projet !La stratégie de communication doit donc veiller à soutenir et à préserver un projet. Cela va donc bien plus loin que la communication « simplement pour notre réputation » ou « parce que l’on ne peut pas faire autrement ». Cela signifie également que la communication est un pilier stratégique : non seulement pour aider à concrétiser la stratégie, mais aussi et surtout pour contribuer à déterminer la bonne stratégie. Les entreprises et les organisations qui définissent leur stratégie de manière isoléeet tentent ensuite de l’imposer autour d’elles, courent à l’échec. Pire encore : une stratégie qui ne tient pas compte de l’environnement externe (comme les riverains et leurs desiderata) est une non-stratégie. La détermination de la stratégie doit radicalement passer d’une logique « inside-out » à une approche « outside-in ». La tâche du responsable de la communication passe d’une « aide à l’implémentation » d’un projet à la « codétermination » de la bonne stratégie. Le responsable de la communication doit donc exiger sa place à la table où sont prises les décisions stratégiques ! « Avantage au premier entrant » : bien commencer, c’est à moitié gagné L’une des règles d’or de la communication de crise, c’est la rapidité. Plus on (ré)agit rapidement, mieux on peut contrôler la communication. Pour gérer des situations à problèmes comme des protestations de voisins, ce principe doit être impérativement respecté, car une réaction rapide ne suffit plus en pareil cas. Traçons un parallèle avec l’« avantage au premier entrant », un terme de marketing qui désigne l’avantage stratégique dont bénéficie le premier à occuper un segment de marché (parce que c’est plus facile que de le reprendre à quelqu’un d’autre). « L’avantage au premier entrant » doit plus que jamais constituer le point de départ de la gestion des sujets difficiles – comme une protestation NIMBY. Déplacez votre pion en premier, avant même que votre adversaire ait la chance de le faire (et vous mette peut-être rapidement échec et mat). whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 17 Le contre-argument classique est plus que jamais : « il ne faut pas réveiller un chien qui dort ». Mais les témoignages de nos répondantsne laissent planer aucun doute : à une époque où de nombreux citoyens veillent au grain comme des chiens de garde, et ont la possibilité de donner très fortement de la voix, ce raisonnement ne tient cependant plus très souvent la route. Les communicateurs privés et institutionnels peuvent mutuellement s’apprendre des choses Last but not least... l’image classique selon laquelle les « pouvoirs publics », et donc également la communication institutionnelle, restent à la traîne en comparaison avec le « secteur privé », est en train d’évoluer rapidement. Tous deux peuvent apprendre des choses l’un de l’autre, et ils ont tout à gagner à renforcer les interactions entre les professionnels deleur secteur respectif : D’une manière générale, notre sondage confirme une différence en matière de culture, d’approche et de moyens de fonctionnement. Rien que pour cette raison, il serait utile de regarder plus souvent « au-dessus du mur » et de s’inspirer d’un autre environnement de travail. La « mobilité de l’emploi » réduite entre le public et le privéest clairement perceptible, et c’est bien dommage. Le secteur privé peut assurément tirer un enseignement du secteur public, à tout le moins en ce qui concerne la communication avec le « citoyen ». Les entreprises ont l’habitude de s’adresser à des groupes cibles tels que les « consommateurs » ou les « travailleurs », mais se sentent nettement moins à l’aise dès lors qu’il s’agit de communiquer à un groupe plus large de notre société, à un échantillon varié de citoyens avec lesquels ils n’entretiennent aucune autre relation (commerciale, de travail,...). C’est également ce qui explique pourquoi le secteur publicsemble prendre l’initiative en matière de médias sociaux. Nous constatons par ailleurs que les acteurs des deux secteurs collaborent encore peu. Diverses formes de « coalition » et de « partenariats stratégiques » réciproques offrent de nombreuses possibilités intéressantes, mais elles ne sont encore que très peu transposées dans la pratique. Alors que les entreprises accèdent difficilement au « citoyen » et que de nombreuses institutions publiques considèrent le « citoyen » comme leur seul groupe cible, la réalité du terrain est beaucoup plus complexe. Il faut inclure dans la stratégie toutes sortes de faiseurs d’opinions, d’experts ou de groupes d’intérêts, en tant que partisans ou détracteurs potentiels. Cela implique une vision intégrée plus largede la gestion des parties prenantes, qui dépasse de loin l’approche classique de la communication. Les deux secteurs peuvent apprendre beaucoup de choses l’un de l’autre. whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 18 5. A propos de Whyte Corporate Affairs Le cabinet de conseil en communication « Whyte Corporate Affairs SA » a été créé en 2008 par quatre associés qui, après plus de dix ans de collaboration dans un autre contexte, ont uni leur expérience dans une nouvelle société. Whyte est spécialisé en « Corporate Affairs », un mélange de communication d’entreprises et d’affaires publiques, et dispose d’une expertise spécifique dans le domaine de la communication de crise. Whyte se distingue tant par cette spécialisation que par son indépendance. L’équipe de Whyte compte aujourd’huiune vingtainede consultants, tous spécialistes expérimentés en communication. Whyte Corporate Affairs a récemment été élue « Best Benelux Consultancy of the Year 2012 » par le Holmes Report, après avoir été élue « Meilleure nouvelle agence d’Europe » en 2010 par le jury des « European Excellence Awards ». Whyte offre à ses clients (entreprises et institutions) du conseil, des stratégies et des plans d’actions en gestion de la réputation et défense d’intérêts à l’égard des médias, de l’opinion publique, du personnel, des institutions publiques et du monde politique, économique, social et académique. Plus d’informations sur www.whyte.be. Coordonnées Pour plus d’informations au sujet de ce rapport ou de Whyte Corporate Affairs : Sandrine Agie | [email protected] | T +32 2 738 06 24 | M +32 475 71 67 71 whyte paper | Pas dans mon jardin ! Le syndrome NIMBY. | 19