
envisager d'abord la possibilité d'un geste de revascularisation. D'après une étude récente,
les autres facteurs de risque étaient l'âge, le sexe féminin, les troubles de la vue et la taille
de l'ulcère. Les amputations majeures sont associées à un taux de mortalité élevé et à un
risque considérable de perte de la capacité de marcher et d'indépendance chez les
survivants. Les résultats à long terme suggèrent aussi un risque élevé d'amputation majeure
de la deuxième jambe.
Il est à souligner qu'un ulcère qui ne cicatrise pas n'est pas une indication d'amputation
majeure. Celle-ci est indiquée pour traiter les nécroses ischémiques en progression ou des
douleurs de repos sévères qui pour quelque raison ne peuvent être revascularisées,
contrôlées par des médicaments ou améliorées par une amputation mineure. Une autre
indication est l'infection sévère évolutive du pied diabétique sur un membre sans
artériopathie significative, avec ou sans sepsis, qui ne peut être maitrisée par le débridement
et un traitement conservateur optimal comprenant des antibiotiques actifs contre les
germes en cause. Occasionnellement, les déformations sévères de la neuro-
ostéoarthropathie peuvent nécessiter une amputation majeure. Ainsi, l'absence d'ischémie
critique n'exclut pas du tout le risque d'amputation. Cependant, les amputations motivées
par des causes non ischémiques sont souvent le résultat d'un traitement trop tardif ou
inadéquat. Ainsi, un objectif majeur des spécialistes du pied diabétique est de prévenir les
amputations pour des raisons non ischémiques, de même que celui des chirurgiens
vasculaires est de s'efforcer de prévenir les amputations dues à l'ischémie.
Pour faciliter la réadaptation, il est très important de conserver le genou. Les amputations
trans-fémorales de première intention sont indiquées chez les patients chez qui des
complications majeures de la plaie ne peuvent être tolérées. Une amputation trans-fémorale
ou une désarticulation du genou doit aussi être envisagée chez les patients avec fixité de
l'articulation du genou ou qui sont confinés au lit ou qui sont sévèrement handicapés d'une
manière ou d'une autre. Ces patients se trouvent mieux avec un moignon long qui facilite le
passage en position assise et les mouvements dans le lit. Chez certains patients atteints
d'ischémie critique sans possibilité de revascularisation, la perfusion tissulaire sous le genou
est tellement pauvre qu'un niveau plus haut d'amputation doit être décidé. Le niveau
d'amputation pour lequel il existe une chance raisonnable de cicatrisation post-opératoire,
peut être défini par des techniques comme la mesure de la pression de la perfusion en
oxygène de la peau (TcPO2), la pression systolique poplitée au Doppler et le flux sanguin
cutané par isotopes radio-actifs ou laser-Doppler. La mortalité post-opératoire est
significativement plus élevée lors des amputations trans-fémorales (10-40%) que lors des
amputations trans-tibiales (5-20%), vraisemblablement en raison de la plus grande fragilité
des patients sélectionnés pour une amputation trans-fémorale.
Après une amputation majeure, le patient doit participer à un programme de réadaptation
sur mesure qui doit être préférentiellement débuté avant l'amputation. On suppose que les
résultats de la rééducation et l'adaptation des prothèses sont comparables chez les
personnes avec ou sans diabète, bien qu'aucune étude n'ait été publiée sur ce sujet. Dans les
centres d'excellence, jusqu'à 80% des amputés ont été appareillés avec succès mais la
plupart de ces études portent sur des groupes de patients sélectionnés assez aptes pour la
réadaptation. L'âge avancé (> 80 ans), le fait de vivre seul et la présence d'autres maladies
chroniques réduit grandement les chances d'une marche autonome après amputation
majeure.
Puisque les patients qui ont subi une amputation majeure ont un risque élevé d'une future
amputation contro-latérale, un programme de surveillance pour le pied restant est crucial.