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de se dégrader ou de libérer du CO2, selon ses partisans. Les arbres et
d’autres matières végétales, telles que les résidus de cultures, peuvent être
utilisés pour absorber le carbone présent dans l’air, puis brûlés dans un
environnement pauvre en oxygène an de produire du charbon. Ceux qui
proposent d’utiliser cette technique, au titre de l’action climatique mondiale,
afrment que l’addition de grandes quantités de biochar dans
les sols pourrait permettre de séquestrer jusqu’à 12 % des émissions
mondiales de GES. Cependant, ces mêmes acteurs ont également admis
qu’il faudrait près d’un milliard d’hectares de terres pour cultiver et brûler
assez de biomasse pour atteindre ce but.3 Ceux qui dénoncent cette
approche font remarquer que cela alimenterait des acquisitions foncières
immenses pour mettre en place de vastes plantations d’arbres à croissance
rapide. Il n’y aurait pas assez de terres disponibles pour cultiver sufsamment
de biomasse et en brûler de telles quantités, et la stabilité et les qualités sur
le long terme du biochar etant également très discutables.4
L’usage de ces technologies en tant que stratégies d’atténuation pour
le changement climatique impliquera un développement colossal de la
production de biomasse nécessitant de vastes surfaces de terres.
Cela les mettra inévitablement en conflit avec la production alimentaire et
les droits fonciers des communautés.
Dans son Cinquième Rapport d’évaluation, le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GEIC) a passé en revue de
nombreuses stratégies de compensation an d’identier les scénarios selon
lesquels la hausse des températures postindustrielles ne dépassait pas 2°C.
Malheureusement, la majorité des scénarios limitant les émissions à l’équivalent
de 450 ou 500 – 550 ppm de CO2 (les taux supposés avoir, respectivement,
les plus fortes chances ou de très fortes chances de maintenir le réchauffement
en-dessous de la barre des 2°C), estimait qu’entre 500 millions et 6 milliards
d’hectares de terres seraient nécessaires pour stabiliser les températures
moyennes mondiales à ces niveaux.5 et 6 Pour remettre ces données dans
leur contexte, la production agricole mondiale s’étend actuellement sur
1,5 milliards d’hectares de terres. 6 milliards d’hectares équivalent au double
de la surface de l’Afrique.
Bien que ces scénarios de « zéro émission nette » soient absolument
irréalisables, ils sont susceptibles de provoquer une compétition pour l’accès à
la terre telle que le monde n’en a jamais connu.
3. Nature Communications 1, doi : 10.1038/ncomms1053, Dominic Woolf et al, Sustainable biochar to mitigate global climate
change (« Le biochar durable dans l’atténuation du changement climatique mondial »)
4. African Biodiversity Network (2010) Biochar Land Grabbing, the Impacts on Africa (« Accaparements de terres pour le
biocharbon, les impacts en Afrique », disponible en anglais sur http://www.biofuelwatch.org.uk/docs/biochar_africa_briefing2.pdf)
5. GIEC, Climate Change (2014) Mitigation of Climate Change, Summary for Policy Makers, p 12 (« Changements Climatiques
2014: Atténuation du Changement Climatique », disponible en anglais sur http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg3/
ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakers.pdf)
6. GIEC (2014) Fifth Assessment Report, Working Group III, Chapter 6, p 446