Matinée d'information Les cancers de la prostate Samedi 24 mai 2014 Diamant Center Boulevard Auguste Reyers 80 - 1030 BRUXELLES Cette matinée d'information est organisée par la: Avec le soutien de SOMMAIRE Faut-il traiter tous les cancers de la prostate? ............................................................................... 3 Docteur Françoise Mambourg, KCE (Centre Fédéral d'Expertise des Soins de Santé) Tour d'horizon des traitements du cancer de la prostate ............................................................... 7 Professeur Johan Braeckman, UZ Brussel L'incontinence urinaire après chirurgie radicale pour cancer prostatique: risques et solutions ...... 13 Professeur David Waltregny, CHU de Liège Prise en charge et accompagnement des troubles de la sexualité ................................................ 27 Professeur Thierry Roumeguère, CHU Erasme, Bruxelles Les traitements hormonaux du cancer de la prostate .................................................................. 35 Professeur Bertrand Tombal, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles Quid en cas de métastases osseuses, de récidive ou d'échec du traitement hormonal? ................ 40 Professeur Brieuc Sautois, CHU de Liège Quand le patient joue un rôle actif dans sa prise en charge..................................................... 46 Madame Christine Remacle, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles 2 Faut-il traiter tous les cancers de la prostate? Docteur Françoise Mambourg KCE (Centre Fédéral d'Expertise des Soins de Santé) La réponse à cette question est OUI et NON. OUI, il faut prendre en charge tous les cancers de la prostate et NON, il ne faut pas traiter immédiatement tous les cancers débutants. Pour situer cet exposé, il est nécessaire de distinguer les trois stades du cancer de la prostate: • 1er stade: La tumeur est encore localisée dans l'enveloppe de la glande. • 2ème stade: La tumeur grossit localement: les cellules cancéreuses sont sorties de l'enveloppe, mais n'ont pas diffusé à distance. Les premiers signes apparaissent. • 3ème stade: Des cellules cancéreuses ont touché des ganglions et des os et ont formé des métastases. Cet exposé porte sur les cancers de la prostate au stade débutant (1er stade). Le nombre de ces cancers a augmenté dans des proportions importantes à cause du dépistage par le PSA (l'antigène prostatique spécifique). Le cancer de la prostate n'est pas un cancer comme les autres Le cancer de la prostate est un cancer d'évolution lente. C'est ce qui explique ce paradoxe: le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez l'homme, mais il n'est responsable que de 3% des décès des hommes. L'histoire naturelle (c.-à-d. sans traitement) du cancer de prostate nous apprend qu'il faut en moyenne sept ans pour qu'un cancer diagnostiqué à la suite d'un dépistage ait une taille suffisante pour provoquer des gènes et/ou des symptômes. Le problème est que certains de ces cancers ont un potentiel évolutif très faible, tandis que d'autres évoluent plus rapidement. Est-il possible de distinguer les formes rapides des formes lentes? A nouveau, la réponse à cette question est OUI et NON. OUI, car il est possible de classer les cancers en trois catégories de risque au moment du diagnostic et NON, car cela ne suffit pas pour prédire leur vitesse de développement. Au moment du diagnostic, les cancers débutants et localisés sont 3 classés en fonction de leurs caractéristiques en: tumeur "à risque faible"1, tumeur "à risque intermédiaire"2 et tumeur "à risque élevé"3. Peut-on prédire la vitesse de développement des ces tumeurs? Actuellement, nous ne le pouvons pas encore avec certitude malgré les nombreuses recherches en cours à ce sujet. Il est toutefois possible de surveiller ces tumeurs. Cette étape a été franchie il y a près de vingt ans pour les petites tumeurs à risque faible ou certains cas de tumeurs à risque intermédiaire, avec l'approche dite de "surveillance active". La surveillance active consiste à ne pas traiter ces tumeurs tout de suite après le diagnostic, mais bien à en contrôler l'évolution. Pour ce faire, on dose régulièrement le taux de PSA et on effectue des biopsies de la prostate (avec une aiguille) à intervalle régulier. Et bien sûr, si la tumeur donne des signes d'évolution, on applique un traitement curatif "classique" tel qu'il sera décrit dans les exposés qui me suivront. Mais, pourquoi retarder ce traitement "curatif"? Les traitements classiques ont des conséquences Les traitements curatifs classiques sont une épreuve à court terme car ils entrainent au minimum des perturbations de la vie quotidienne (arrêt de travail, etc.) et sont pénibles à supporter (hospitalisation, douleurs, anxiété et fatigue). Toutefois, leur inconvénient principal est qu'à long terme, une minorité seulement des patients traités retrouve son état physique préexistant. Les effets secondaires les plus fréquents et les mieux documentés sont les changements importants dans la vie sexuelle, l'incontinence urinaire et les troubles digestifs. Ces effets secondaires varient en fonction des traitements et sont persistants. Je laisse aux orateurs qui me suivent le soin de les détailler. Le but de la surveillance active est de retarder voire d'éviter le traitement curatif et par conséquent les souffrances qui y sont associées. La surveillance active n'est pas une perte de chance La surveillance active peut être recommandée si le cancer est petit et à risque faible (parfois aussi à risque intermédiaire) car elle n'implique pas une perte de chances. La surveillance active est une modalité thérapeutique qui est testée depuis plus de vingt ans dans des études "dites de cohortes". Ces études ne contiennent pas de comparaison directe entre patients traités d'emblée et patients placés sous surveillance active. Toutefois, elles montrent que la mortalité observée (1,9% à 10 ans et 1 2 3 (T1-2a* et score de Gleason < 7 et PSA < 10 ng/ml). (T2b-c ou Gleason=7 ou PSA entre 10 et 20 ng/ml). (T3a ou Gleason >7 ou PSA >20 ng/ml). 4 5,7% à 15 ans)4 est concordante avec celle des malades de même profil de risque traités de façon radicale dès le diagnostic posé. Dans ce type d'études, environ 70% des patients sous surveillance active n'ont pas besoin de traitement curatif. Les autres, dont la tumeur avait évolué, ont été traités, avec, pour la plupart, de bons résultats. Nous ne disposons pas encore de comparaison directe entre patients traités de manière curative d'emblée et patients placés sous surveillance active. Mais nous disposons de l'étude PIVOT qui est randomisée et compare des patients traités d'emblée par chirurgie et des patients qui ont observés et traités seulement quand les symptômes sont apparus. (Cette technique ne correspond pas aux critères de la surveillance active). Les résultats de cette étude après 10 ans de suivi n'ont pas montré de réduction de la mortalité (totale ou liée à la maladie) dans le groupe traité par chirurgie par rapport au groupe traité en cas d'apparition des symptômes. Par contre, les problèmes de difficultés sexuelles et d'incontinence étaient significativement plus fréquents dans le groupe traité par chirurgie. Sur base de ces études, les experts du KCE ont conclu que si la tumeur est "à risque faible" (et dans certains cas de tumeur "à risque intermédiaire"), la surveillance active devrait être envisagée pour le patient en tenant compte de ses préférences et de l'état de ses fonctions urinaire, sexuelle et digestive5. A quoi faut-il s'attendre en cas de surveillance active? La surveillance active implique que le patient devra consulter régulièrement son médecin. Celui-ci suivra le taux de PSA au fil du temps et toute modification dans les observations lors des touchers rectaux. Il faudra vraisemblablement réaliser plusieurs biopsies pour déterminer s'il y a eu une progression importante du cancer. En cas de progression importante, le médecin proposera vraisemblablement de modifier les options de traitement. Les inconvénients de la surveillance active sont principalement l'anxiété liée à la répétition des tests et l'inconfort et la douleur consécutifs aux biopsies. Ajouter de la vie aux années Bien que cet exposé soit focalisé sur les cancers débutants à risque faible ou intermédiaire, il est utile d'ajouter que la possibilité de retarder un traitement classique peut également être envisagée pour 4 5 Klotz 2014. Rapport KCE N° 194. http://kce.fgov.be/publication/report/a-national-clinical-practice-guideline-on-themanagement-of-localised-prostate-ca. 5 certains patients atteints de cancers au 2ème ou 3ème stade. Ces patients sont principalement des personnes âgées ou dont la santé est déjà altérée par d'autres pathologies. Dans ces situations, la recommandation est la suivante: si l'espérance de vie du patient est < 10 ans ou s'il a des comorbidités (maladies) sérieuses, la temporisation sans projet curatif est recommandée. La temporisation sans projet curatif consiste à assurer une surveillance de l'état d'un patient sans lui administrer d'examens systématiques ni de traitement, sauf si des symptômes apparaissent ou se modifient. Parlez-en à votre médecin! Prenez le temps de discuter du choix de la prise en charge de votre cancer. Cela peut être difficile vu l'état émotionnel associé à l'annonce du cancer, mais vu la longue durée d'évolution du cancer de la prostate, il n'y a aucun inconvénient à différer de quelques semaines une décision qui peut avoir des implications irréversibles sur votre état de santé. 6 Tour d'horizon des traitements du cancer de la prostate Professeur Johan Braeckman UZ Brussel Ce qui était encore inconcevable il y a vingt cinq ans est devenu tout à fait raisonnable et acceptable aujourd'hui: tous les cancers de la prostate ne doivent pas être traités tout de suite. Dans certains cas le traitement peut être reporté même de plusieurs années; parfois, un traitement ne sera même jamais nécessaire. C'est la conséquence d'une "politique" de diagnostic trop précoce d'une part, et d'une meilleure connaissance de l'histoire naturelle du cancer de la prostate, d'autre part. Aujourd'hui, l'approche holistique nous guide vers le traitement optimal. Nous tenons aussi bien compte de facteurs personnels du patient que des propriétés pathologiques du cancer en question. Ces dernières sont en général les plus faciles à déterminer: l'agressivité de la tumeur (score de Gleason après biopsie), le stade local et peut-être le volume de la tumeur (du moins si l'imagerie est capable de nous donner cette information), le PSA et le bilan d'extension. Il faut tenir compte de l'âge (réel et biologique) du patient, son espérance de vie, ses symptômes, ses priorités concernant la qualité de vie (pour certains c'est vivre plus longtemps, pour d'autres c'est vivre "mieux"), ses angoisses, son acceptation des complications possible du cancer de la prostate et des complications éventuelles des traitements. Un patient qui se présente avec des plaintes suite à un cancer de prostate devrait toujours être traité. Pour un patient qui ne présente aucune plainte, il faut évaluer la balance "bénéfices-risques" avant de prendre une décision. Les bénéfices, guérison ou rémission, ne seront pas identiques pour des patients atteint par un cancer apparemment comparable. Par ailleurs, les risques seront acceptés de façon différente par chaque individu. L'art consiste à choisir le traitement optimal, parfois donc l'abstention de traitement, pour chaque individu, comme un costume-sur-mesure. La surveillance active implique de remettre le traitement à plus tard, jusqu'à ce qu'il devienne nécessaire ou indispensable. Dans l'intervalle, le patient sera interrogé et examiné (examen physique, PSA, imagerie, parfois nouvelle biopsie) de façon régulière, en général tous les 6 mois, pour revoir cette décision. Cette surveillance active est un traitement régulièrement accepté pour: 7 - une tumeur localisée de bon pronostic; - une tumeur localement avancée sans plaintes ni métastases et espérance de vie < 5 ans; - une ou quelques métastases asymptomatiques et espérance de vie limitée. Il y a plusieurs interprétations de la "tumeur prostatique localisée à bas risqué" mais, en général, cela indique un cancer à un stade local de maximum T2a (tumeur palpable ou visualisée sous échographie et jugée < ½ lobe de prostate), score de Gleason < 7 et PSA < 10 ng/ml. Une tumeur localisée à "risque moyen" ou à "haut risque" peut être traitée par prostatectomie radicale. Celle-ci peut se faire par voie ouverte, par laparoscopie ou assistée par le robot opératoire Da Vinci. Les bénéfices seront surtout évidents chez les patients jeunes (espérance de vie > 15 ans), opérables, souffrant de troubles urinaires, et acceptant les risques de cette intervention. Diverses complications péri-opératoires peuvent survenir. Il s'agit de: Chirurgie ouverte Laparoscopie Robot Perte de sang 300-1000 ⇓ ⇓⇓ Analgésie ++ + + Hospitalisation 4-7 jrs 2 jrs 2 jrs Convalescence 2-3 sem 1-2 sem 1-2 sem Chirurgie ouverte Laparoscopie Robot 5% < 5% < 5% Incontinence à l’effort 3-15% 5-15% 5-10% Dysfonction érectile 30-80% 25-75% 20-60% … et des complications tardives: Sténose du col de la vessie Il faut préciser ici que la récupération de l'incontinence et de la dysfonction érectile semble se faire plus vite après l'intervention laparoscopique ou robotisée. Si l'examen pathologique de la prostate enlevée indique des marges chirurgicales envahies par les cellules cancéreuses, ou si le PSA ne tombe pas à 0, cela signifie qu'il subsiste des cellules cancéreuses dans la région opérée ou à distance (métastases non décelées avant l'opération par les 8 examens de stadification). Dans ces cas, on peut ajouter une radiothérapie quelques semaines après l'intervention, ou traiter plus tard quand on peut localiser précisément le problème. Les mêmes tumeurs peuvent également être traitées par radiothérapie externe (ce qui demande 3035 sessions, de 10 minutes chacune) ou par brachythérapie (administrée par des implants radioactifs dans la prostate). Cette dernière est administrée en un jour d'hospitalisation et sous anesthésie, mais les indications sont plus limitées que pour l'irradiation externe. Tous les traitements radiothérapeutiques de la prostate peuvent provoquer des symptômes gênants, tels qu'une radiocystite (troubles urinaires, sang et parfois caillots dans les urines) et une radiorectite (diarrhée, sang dans les selles, incontinence fécale). Le traitement HIFU (ultrasons de haute fréquence ciblés) est un traitement alternatif pour les cancers localisés de la prostate, mais sa place n'est pas encore bien définie dans l'arsenal thérapeutique actuel. Si l'évolution de l'imagerie du cancer de la prostate (RNM, échographie assistée d'HistoScanning™ ou d'élastographie) se confirme favorablement dans les années à venir, il est fort possible qu'un traitement ciblé viendra s'ajouter à ces modes de traitements pour le cancer localisé de la prostate. On s'imagine facilement qu'une lésion visible peut être détruite par une ou autre énergie externe en laissant le reste de l'organe intact. Ce type de traitement est déjà appliqué dans d'autres domaines, comme l'ablation percutanée par radiofréquence des cancers du rein mesurant < 3 cm. Pour les tumeurs localement avancées, dépassant donc les marges de la prostate mais sans métastases, le traitement de choix, si possible et si acceptable pour le patient, est une combinaison de la radiothérapie externe et d'une déprivation androgène (par castration ou par anti-androgènes) pendant 2 ou 3 ans. Pour les cancers localisés à haut risque (stade local T3 ou 4, Gleason > 8, PSA > 20), on peut envisager également un traitement multimodal combinant la chirurgie, la radiothérapie et le traitement hormonal. On sait depuis plus de 50 ans que le cancer de la prostate est initialement androgèno-dépendant et que la castration réduit les symptômes et le développement des métastases pendant "une certaine" période, appelée période de rémission. Nous savons aussi qu'il existe une relation entre le taux sanguin d'hormone masculine (testostéronémie) et l'incidence du cancer de la prostate. La 9 déprivation androgénique est aujourd'hui le traitement de première ligne pour le cancer de la prostate avec métastases. Ici aussi, on peut discuter du moment optimal pour démarrer ce traitement, tout en prenant conscience qu'il sera rarement durable. Il est logique de traiter sans perdre de temps en cas de plaintes invalidantes (surtout des douleurs osseuses dues aux métastases) ou en cas de signes de mauvais pronostic (Gleason et/ou PSA élevé). On peut choisir d'emblée pour la castration, qui peut se faire par chirurgie (ablation des testicules) ou par castration chimique. Tout dépend de l'acceptation (psychologique) du patient envers la castration chirurgicale. S'il accepte sans problèmes, c'est la solution la plus facile et la moins onéreuse. Si ce n'est pas le cas, on optera alors pour des injections sous cutanées ou intramusculaires régulière. Dans ce contexte, différents produits sont utilisés: 1. Un antagoniste de l'hormone LHRH (degarelix = Firmagon ®) qui bloque d'emblée la production de l'hormone LH dans la glande hypophysaire, et ensuite la production de testostérone dans les testicules. C'est la façon la plus directe de castration chimique, mais elle a été développée tardivement car la préparation chimique de ce produit est compliquée et nécessite une injection mensuelle. 2. Un analogue de l'hormone LHRH (Decapeptyl ®, Depo Eligard ®, Leuprorelide ®, Lucrin ®, Vantasse ® ou Zoladex ®) qui stimule la production LHRH, puis la bloque après 3-4 semaines. Ainsi, il y a d'abord une augmentation de la testostérone, ce qui peut nuire au patient. Cette poussée de testostérone est contrée par l'administration orale d'un anti androgène pendant le premier mois du traitement (de 14 jours avant, jusqu'à 14 jours après la première injection). Ces produits sont injectées 1 x par 1-3-6-12 mois, en fonction du dosage et du produit employé. La castration chimique ou chirurgicale s'accompagne de symptômes typiques comme des vapeurs, une prise de poids (surtout au niveau du ventre), avec sarcopénie, fatigue, dépression, perte de libido, anémie et une décalcification osseuse. Ces effets peuvent être contrés par un mode de vie axé sur des exercices physiques et musculaires et un régime alimentaire. Pour éviter ou traiter des problèmes du squelette du patient sous castration, il faut optimaliser la santé des os avec des suppléments de Calcium et vitamine D. Parfois, on ajoute aussi un traitement spécifique pour contrer les métastases osseuses par l'administration de bisphosphonates par baxters ou par des injections sous-cutanées mensuelles de denosumab (Xgeva ®). 10 Moins efficaces, mais provoquant moins d'effets secondaires, sont les anti-androgènes purs. Ce sont des médicaments à prendre par voie orale, qui bloquent partiellement les récepteurs androgènes sur et/ou dans les cellules concernées (prostate en l'occurrence). Ces médicaments sont intéressants pour les patients qui ne sont pas atteints par de nombreuses métastases et qui veulent éviter les inconvénients de la castration, tout en étant conscient d'une efficacité moindre. Les produits utilisés actuellement sont les suivants: - flutamide (Eulexin ®, Flutaplex ®) - bicalutalide (Casodex ®) Il existe deux nouveaux produits présentant un effet anti-androgène, réservés aux patients ne répondant plus à la castration: - enzalutamide (Xtandi ®), bientôt sur le marché belge - abiraterone (Zytiga ®) Selon la tolérance du patient, l'agressivité et le stade de la maladie, ces traitements hormonaux, qui peuvent être séquentiels, deviennent inefficaces après une période de quelques mois à quelques années. En général, le taux de PSA remonte d'abord et, quelques mois plus tard, de nouvelles lésions métastatiques apparaissent: le cancer est devenu androgène-résistant. A ce moment-là, plusieurs traitements peuvent encore être envisagés: - un autre anti-androgène comme l'enzalutamide (Xtandi ®) - l'abiraterone (Zytiga ®), un produit qui bloque la conversion de précurseurs androgènes - le docetaxel (Taxotere ®) ou le cabazitaxel (Jevtana ®) sont des agents chimio-thérapeutiques - l'immunothérapie (par vaccination individuelle). L'indication exacte de chaque produit dépend de plusieurs facteurs qui sont souvent sujet d'une discussion multidisciplinaire avec l'urologue, le médecin traitant, l'oncologue, le radiothérapeute, le radiologue et l'anatomopathologiste. La chimiothérapie est en principe réservée aux patients qui présentent des lésions métastatiques mesurables, hormis les métastases osseuses. D'autres traitements plus spécifiques sont indiqués en cas de manifestations spécifiques du cancer de la prostate évolutif. Il peut s'agir d'une obstruction de l'urètre par la tumeur, laquelle peut être opérée par résection endoscopique. Ou des ganglions lymphatiques dans le petit bassin, qui 11 obstruent l'uretère causant une obstruction du rein, ce qui demande parfois un drainage rénal par sonde interne ou percutanée, et parfois une radiothérapie ciblée des ganglions. Finalement, dans certains cas d'évolution sans expectations thérapeutiques valables ou quand le traitement présente une toxicité inacceptable pour le patient, le traitement sera purement palliatif. Il faut toujours être conscient du fait que, pour certaines personnes, c'est la qualité de vie qui prime sur le nombre d'années à vivre. 12 L'incontinence urinaire après chirurgie radicale pour cancer prostatique: risques et solutions Professeur David Waltregny Service d'Urologie, CHU de Liège Les points clés La cause la plus fréquente d'incontinence urinaire masculine est une lésion iatrogène du complexe sphinctérien urétral au cours d'une chirurgie radicale pour cancer prostatique, la prostatectomie totale (PRT). L'incidence réelle de l'incontinence post-PRT reste mal définie, parce qu'il n'existe pas de définition standardisée de celle-ci et que les méthodes d'évaluation et les groupes de patients analysés varient largement dans les études publiées. Malgré une meilleure connaissance de l'anatomie chirurgicale de la glande prostatique et certaines évolutions de la technique opératoire, l'incontinence urinaire reste une complication (trop) fréquente de la PRT qui affecte à des degrés divers la qualité de vie des patients. De nombreux facteurs de risque d'incontinence post-PRT sont suspectés et sont liés aux caractéristiques du patient, du chirurgien, de la lésion cancéreuse et de la glande prostatique, à la technique chirurgicale utilisée, ainsi qu'à la survenue ou non de complications per- et/ou postopératoires. Parmi les facteurs prédictifs potentiels d'incontinence, un âge avancé du patient au moment de l'intervention semble le plus significatif. La préservation de l'intégrité fonctionnelle du sphincter strié externe reste l'élément clé pour le maintien de la continence post-opératoire. Il est préférable d'attendre 12 à 18 mois avant d'envisager un traitement invasif de l'incontinence urinaire après PRT car la continence peut largement s'améliorer spontanément ou à l'aide de la kinésithérapie durant cette période. Le traitement chirurgical de référence de l'incontinence post-PRT demeure l'implantation d'un sphincter urinaire artificiel. Ce traitement onéreux et qui nécessite une dextérité suffisante du patient pour manipuler la poire située dans le scrotum, est associé à un taux de succès élevé mais aussi à des complications (érosions dans l'urètre de la manchette, infection du matériel) et des pannes justifiant une révision chirurgicale dans ± un quart des cas endéans 5 ans après implantation du sphincter artificiel. 13 Depuis quelques années, l'implantation d'un "sling" (ou fronde), à savoir une bandelette prothétique entraînant la compression fixe de l'urètre bulbaire, apparaît comme une alternative intéressante au sphincter urinaire artificiel. Actuellement, c'est l'approche trans-obturatrice qui est la plus populaire car elle réduit le risque de lésion des organes (vessie, intestin) et vaisseaux présents dans le pelvis. Les complications sont peu fréquentes et les taux de succès élevés à moyen terme. 1. Chirurgie radicale pour cancer prostatique: la prostatectomie totale (PRT) La chirurgie radicale pour cancer prostatique consiste en la prostatectomie totale (PRT), opération qui classiquement permet l'extirpation en bloc de l'entièreté de la glande prostatique avec les 2 vésicules séminales et la portion distale des 2 ampoules déférentielles. Connue depuis plus d'un siècle, cette intervention a connu plusieurs modifications de la voie d'abord chirurgicale. Tout d'abord périnéale, elle fut ensuite réalisée par voie transvésicale puis par voie rétropubienne stricte. Au cours des années 80, une série de travaux anatomiques ont été menés dans le but de réduire les complications péri- et post-opératoires de la PVR rétropubienne, qui jusqu'à cette époque était grevée d'une morbidité énorme et d'une mortalité significative. Ces travaux ont permis à Walsh de décrire la PRT rétropubienne "anatomique" qui reste à ce jour la technique de référence la plus couramment employée [1, 2]. L'intervention peut être réalisée par voie ouverte ou, depuis la fin des années 90, par laparoscopie (assistée ou non par robot) selon un abord trans- ou pré-péritonéal. 2. Incidence et définition de l'incontinence urinaire après PRT Suite à l'avènement du dosage du PSA sérique dans les années 80, l'incidence du cancer prostatique localisé a connu une augmentation quasi exponentielle. Le dépistage à large échelle de la maladie cancéreuse prostatique à l’aide du test du PSA a ainsi conduit à la réalisation d'un nombre croissant de PRT au cours des 20 dernières années; en Belgique, on estime le nombre à 3500 le nombre de PRTs réalisées chaque année. Cette observation est particulièrement pertinente dans les pays dont les populations sont vieillissantes puisque le cancer de la prostate est rarement détecté avant l'âge de 50 ans. L'on comprend mieux dès lors que la PRT est devenue dès la fin du 2ème millénaire la cause la plus fréquente d'incontinence urinaire chez l'homme. En effet, malgré les avancées anatomiques, techniques et technologiques, la PRT reste génératrice d'un pourcentage significatif d'incontinence post-opératoire. L'incidence réelle de l'incontinence post-PRT reste mal précisée car elle dépend largement des critères utilisés pour la définir et la période de suivi post-opératoire après laquelle elle est évaluée. Dans la littérature, les taux d'incontinence après un minimum d'un an de suivi varient de 5% à 45% [3-8]. Cette variabilité de l'incidence de l'incontinence après PVR est largement attribuable 14 aux différentes définitions utilisées: nombre de protections utilisées quotidiennement par le patient (0 ou 1 versus ≥1 protection ou 0 versus ≥1 protection), méthode d'interrogatoire du patient vis-à-vis de ses fuites urinaires (auto-questionnaire versus interview par le médecin), type de questionnaire utilisé, quantification ou non des pertes urinaires par mesure du poids des protections, … [2, 8-12]. Il est estimé que 2 ans après l'intervention, environ 10% des patients caractérisent leur incontinence comme un problème modéré à important [12, 13]. Aujourd'hui, les plus récentes évaluations dans la littérature rapportent un taux 'réaliste' d'incontinence post-PRT invalidante aux alentours de 15%, 5 ans après l'intervention [13, 14]. Bien entendu, l'incontinence urinaire, la complication post-opératoire la plus redoutée par les patients qui optent pour la PRT, peut affecter de manière profonde la qualité de vie. Il est généralement accepté que l'utilisation d'une protection maximum par jour est souvent synonyme d'une incontinence responsable d'une détérioration mineure de la qualité de vie des patients [15]. En effet, de nombreux patients portent une seule protection diurne essentiellement par "sécurité" ou parce qu'occasionnellement ils perdent seulement quelques gouttes. L'impact indéniable de l'incontinence post-PRT sur la qualité de vie est diversement appréciée dans la littérature; néanmoins, l'incontinence sévère est un problème extrêmement invalidant pour ceux qui en souffrent [16]. Il est estimé que 8% à 12% des opérés de PVR présentent une incontinence dont la sévérité est telle que ces patients demandent un traitement pour leur incontinence [17]. Il est important de souligner que la sévérité de l'incontinence s'améliore souvent progressivement dans la période post-opératoire, jusqu'à 12-18 mois après l'intervention [12, 15, 18]. C'est la raison pour laquelle il est instamment recommandé de ne pas traiter cette complication de manière invasive dans les 12 premiers mois suivant la chirurgie [19]. Certains auteurs ont en outre décrit une majoration de la sévérité/incidence de l’incontinence entre les 2ème et la 5ème années postopératoires [14, 15]. Ainsi, l'évaluation des taux de continence réalisée à 2 ans après PVR pourrait sous-estimer les taux de continence à plus long terme; cette observation n'est pas inattendue eu égard le vieillissement des patients et l’augmentation des co-morbidités ou des traitements de cellesci qui peuvent altérer la continence [15, 20]. 3. Physiopathogénie de l'incontinence après PRT Pour la grande majorité des patients affectés par une incontinence urinaire post-PRT, il s'agit d'une incontinence à l'effort ("sphinctérienne") de sévérité variable [21, 22]. Dans certains cas, l'incontinence est mixte, survenant à l'effort et par urgences, ou encore moins fréquemment par urgences uniquement [19]. Dans ces cas, une hyperactivité du muscle de la vessie et/ou un déficit de compliance de la paroi vésicale sont incriminés dans la pathogénie de l'incontinence [23, 24]. 15 L'incontinence à l'effort survenant après PRT est causée par un dysfonctionnement du sphincter strié externe [21, 25-31]. Plusieurs mécanismes hypothétiques ont été proposés: lésion directe du composant musculaire strié du sphincter externe (rhabdosphincter), lésion des structures nerveuses responsables de l'innervation du sphincter strié externe, lésion vasculaire responsable d'une ischémie/hypoxie des composants sphinctériens et atrophie secondaire, réduction de la longueur fonctionnelle du sphincter strié externe ("sphincter court") par exemple suite à une section de l'urètre trop distale, fibrose du complexe sphinctérien ou péri-sphinctérienne, rendant le sphincter 'immobile' ou 'figé', délocalisation du complexe sphinctérien par perte de supports et attaches nécessaires à son activité Outre des atteintes musculaires, vasculaires, neurogènes, fibrogéniques, ou anatomiques, transitoires ou permanentes, du sphincter strié externe, un dysfonctionnement vésical pourrait aussi participer dans la genèse de l'incontinence postopératoire. Ce dysfonctionnement vésical peut exister avant l'intervention (par exemple en raison d'un obstacle prostatique préexistant, d'une maladie de Parkinson, d'une neuropathie diabétique, d'un problème médullaire, …) ou être secondaire à celle-ci [31, 32]. D'un point de vue urodynamique, la majorité des patients souffrant d'incontinence post-PRT présentent une insuffisance sphinctérienne urodynamique [21, 22, 24, 29, 30, 33-36]. Parmi les patients présentant un déficit sphinctérien, celui-ci est isolé chez seulement 65% d'entre eux [32, 3739]. On retrouve un dysfonctionnement vésical concomitant chez environ 35% des patients présentant un déficit sphinctérien [32, 37, 38, 40]; un dysfonctionnement vésical sans insuffisance sphinctérienne associée est retrouvé chez près de 15% des patients souffrant d’incontinence urinaire après PRT [37]. Sous l’angle physiopathologique, s’il est vraisemblable que la PRT puisse entraîner un dysfoncionnement vésical (par décentralisation de la vessie, inflammation, fibrose, lésions neurologiques, hypoxie), le rôle de ce dernier en tant qu’agent étiologique de l’incontinence postopératoire reste à définir. En tout état de cause, une exploration urodynamique est très largement recommandée avant tout traitement chirurgical de l’incontinence post-PRT, car les résultats de cette exploration peuvent orienter le type de traitement à proposer, voire réfuter un traitement invasif [40, 41]. Finalement, il ne faut pas oublier qu’un rétrécissement (sténose) de l’anastomose vésicourétrale peut entrainer une incontinence par regorgement. Il faut exclure cette situation chez tout patient présentant une incontinence après PRT [19]. 16 4. Peut-on prédire ou idéalement réduire le risque d’incontinence après PRT? La qualité de vie après traitement représente un facteur majeur dans le choix de la modalité thérapeutique pour les patients porteurs de cancer cliniquement localisé de la prostate. D'où l'importance, en ce qui concerne la PRT, de pouvoir déterminer, de manière fiable, les facteurs prédictifs d'incontinence postopératoire et estimer leur impact sur le taux de continence. L'information des patients sur les bénéfices et risques liés à la chirurgie est capitale. Néanmoins, prédire à l'échelle individuelle les chances de préservation de la continence et/ou le temps qu'il faudra pour la récupérer après l'intervention reste une tâche virtuellement impossible. De nombreux auteurs ont tenté de dégager, à l'aide d'analyses uni- et/ou multivariées, les différents facteurs qui pourraient être associés à des taux accrus ou réduits - ou une récupération plus ou moins rapide - de la continence. Ces paramètres sont détaillés dans le tableau 1 ; ils sont liés à des facteurs pré-, per-, et postopératoires, liés au patient, au chirurgien, aux caractéristiques du cancer prostatique et de la glande elle-même, et à la technique chirurgicale utilisée. De manière générale, aucun paramètre ne permet de déterminer de manière précise si la continence sera préservée - et dans quel délai - après PVR. Si certains facteurs comme l'âge élevé ou le développement d'une sténose de l'anastomose vésico-urétrale sont largement suspectés comme paramètres pouvant affecter le maintien de la continence, aucun ne fait l'unanimité dans la littérature. Cela est sans doute très largement lié au caractère rétrospectif de la majorité des études réalisées, à l'hétérogénéité des cohortes de patients analysées, à la variabilité des définitions utilisées, des méthodes de recueil des données, des analyses statistiques, et des durées de suivi des malades. Au total, s'il est un facteur de risque d'incontinence relativement accepté dans la communauté urologique, il s'agit de l'âge élevé des patients au moment de l’intervention (≥ 65-70 ans) [8, 13, 15, 41-54]. D'un point de vue physiopathogénique, il a été suggéré sur base d’investigations urodynamiques qu'avec l'âge, la fonction sphinctérienne urétrale se dégrade progressivement [20]. Il est important de souligner que l'âge du patient au moment de l'intervention peut non seulement conditionner les chances de maintien de la continence et/ou la rapidité de récupération de celle-ci mais aussi l'avenir oncologique du patient. En effet, la seule étude disponible ayant évalué de manière prospective et randomisée les résultats de la PVR versus ceux du 'watchful waiting' a montré que pour les patients âgés de ≥ 65 ans, les incidences cumulées de décès lié au cancer prostatique sont très similaires (± 9 %) dans les 2 groupes de patients [55]. Ainsi il apparaît que chez les patients plus âgés, la PRT est très vraisemblablement associée à un risque accru d'incontinence alors que cette intervention pourrait n'apporter qu'un bénéfice très limité en termes de survie, du moins après 10 ans de suivi. 17 5. Quelles solutions? Les patients incontinents ont besoin de se protéger initialement, à l'aide de protections ou langes ou grâce à des collecteurs (étui pénien) ou clamps péniens. Un traitement conservateur est initié, en particulier la kinésithérapie et les auto-exercices de retenue. En cas de vessie hyperactive conduisant à ou favorisant des fuites d'urines par urgences, des médicaments visant à diminuer l'hyperactivité du muscle détrusor de la vessie peuvent être administrés s'ils ne sont pas contre-indiqués. En l'absence d'amélioration d'une incontinence d'effort - qui est parfois totale, dès que le patient se met debout -, une solution plus invasive, chirurgicale, généralement après un délai minimal postopératoire de 12 mois, peut être proposée au patient. Ces solutions chirurgicales font appel à l'implantation de systèmes permettant de comprimer l’urètre de manière fixe ou dynamique, afin d’augmenter la résistance urétrale et ainsi réduire le risque de fuite urinaire à l’effort. Toute incontinence masculine nécessite une mise au point précise avant d’envisager une solution chirurgicale, a fortiori lorsque l’implantation de matériel prothétique est considérée. Outre l’examen clinique, avec un test de compression para-bulbaire si une fronde ("sling") est envisagée, la stérilité des urines sera vérifiée. On fera réaliser par le patient un calendrier mictionnel avec des questionnaires d’handicap mictionnel et de qualité de vie. Une étude urodynamique est effectuée ainsi qu’une urétrocystoscopie (voire une urétrocystographie). Les compressions dynamiques de l’urètre bulbaire ont été proposées par Foley en 1947 [56] puis par Scott en 1973 [57]. Le sphincter urinaire artificiel AMS 800® avec manchette gonflable étroite (1987) est la version finale du sphincter artificiel développé par Scott [58]. Il reste considéré comme le système de référence pour le traitement de l’incontinence sphinctérienne (en particulier sévère) avec 61% à 96% de succès (mesure de l’efficacité variable dans la littérature). Ce système est néanmoins onéreux, impose une dextérité et des capacités mentales suffisantes du patient pour manipuler la poire située dans le scrotum, et est associé à un certain nombre de complications (infection du matériel, érosion de la manchette dans l’urètre) et de pannes (mécaniques ou récidive de l’incontinence suite à l’atrophie de l’urètre par la manchette) justifiant une révision chirurgicale dans 17% à 47% des cas dans les 5 ans après implantation. Depuis les travaux de Kaufman au début des années 70 [59], plusieurs systèmes de compression fixe de l’urètre bulbaire utilisant différents matériaux prothétiques ont été décrits et implantés chez les patients souffrant d’incontinence urinaire d’effort après PRT et dans certains cas également dans le cadre de pathologies neuro-urologiques. On parle généralement de "sling" ou fronde, qui offre 18 l’avantage de ne nécessiter aucune manipulation de la part du patient. Dans les années 90, les premières frondes appliquées avec tension pour comprimer l’urètre bulbaire comportaient 2 bras qui étaient passés par voie rétropubienne. De bons résultats en termes de continence étaient obtenus mais les slings rétropubiens étaient associés à un risque au moins théorique de perforation de la vessie ou de l’intestin et de saignement dans l’espace prévésical [60-63]. En 1998, Schaeffer utilise comme système de compression 3 segments de prothèse vasculaire ou de polyéthylène; chaque extrémité se termine par un fil de nylon qui est passé en rétro-pubien avec une aiguille du type Stamey et fixé à la gaine des grands droits. La tension appliquée correspond à une pression abdominale de fuite de 150cm d’H2O. Les bons résultats sont de 64% mais avec des taux de révision et d’ablation de 27% et 9%, respectivement [60]. Certains auteurs ont proposé des systèmes ajustables [64, 65] mais il n’a pas été démontré que ces systèmes ajustables améliorent les taux de succès (Expert panel of the EAU guidelines on Incontinence). Au cours des 10 dernières années, les systèmes prothétiques de compression urétrale bulbaire ont connu un regain d’intérêt, notamment suite à l’émergence de l’approche trans-obturatrice pour le passage des bras de la prothèse de compression, réduisant ainsi le risque de perforation vésicale ou intestinale et d’hématome pelvien liés au passage rétropubien des bras. Aujourd’hui, plusieurs systèmes sont commercialisés; ils utilisent le plus souvent une prothèse de polypropylène, un matériau largement utilisé pour les bandelettes de soutènement urétral chez la femme. Les avantages de la voie trans-obturatrice pour le traitement de l’incontinence d’effort chez la femme ne sont plus à démontrer. Ainsi, certains ont proposé cette approche pour l’homme. La situation est cependant différente pour des raisons anatomiques: l’ossature de l’homme est plus développée, les branches ischio-pubiennes sont plus rapprochées, le trou obturateur est arrondi et plus petit, la glande prostatique est absente et de ce fait, la vessie est "abaissée". Sur le plan physio-pathologique, il existe un déficit sphinctérien intrinsèque qu’il faut corriger par une mise en tension de la prothèse, contrairement à la bandelette sous-urétrale chez la femme qui est appliquée sans aucune tension sous l’urètre. Aujourd’hui, plusieurs systèmes sont disponibles; peu ont été étudiés de manière extensive. Les résultats à moyen terme (2-3 ans) sont prometteurs [66, 67] avec des taux de succès élevés (±85%) et peu de complications. Dans notre expérience, une guérison (plus de protection après l’intervention) est obtenue chez près de 55% des patients et une amélioration chez 35% (maximum 1 ou 2 protections postopératoires et réduction du nombre de protections ≥ 50%) [67]. Comme pour le sphincter urinaire artificiel, les résultats sont inférieurs chez les patients qui ont subi antérieurement une irradiation pelvienne. 19 6. Références bibliographiques 1. Walsh, P.C., The discovery of the cavernous nerves and development of nerve sparing radical retropubic prostatectomy. J Urol, 2007. 177(5): p. 1632-5. 2. Walsh, P.C., A.W. Partin, and J.I. Epstein, Cancer control and quality of life following anatomical radical retropubic prostatectomy: results at 10 years. J Urol, 1994. 152(5 Pt 2): p. 1831-6. 3. Fowler, F.J., Jr., et al., Patient-reported complications and follow-up treatment after radical prostatectomy. The National Medicare Experience: 1988-1990 (updated June 1993). Urology, 1993. 42(6): p. 622-9. 4. Kielb, S., et al., Assessment of early continence recovery after radical prostatectomy: patient reported symptoms and impairment. J Urol, 2001. 166(3): p. 958-61. 5. Bates, T.S., M.P. Wright, and D.A. 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Faire préciser les troubles pré-existants - Informer avant la chirurgie des conséquences Les traitements associés • Radiothérapie-curiethérapie – Infertilité – Dysfonction érectile – Troubles de l’éjaculation, douleurs, hémospermie • Hormonothérapie: – Infertilité – Désir sexuel hypoactif, Dysfonction érectile • Chimiothérapie – Infertilité temporaire ou permanente – Asthénie, Dysfonction endothéliale. • Antalgiques majeurs: DE, Anorgasmie… Cancer de la prostate • Le plus fréquent • Plus de 400 000 hommes vivants avec un Ca Prostate • Cancer localisé: • Chirurgie, Radiothérapie, Curiethérapie • Cancer métastasé: •Traitement hormonal •Chimiothérapie •Thérapies ciblées sur l’os Dysfonctions sexuelles constantes 29 Les traitements du cancer localisé sont tous délétères pour la sexualité Fonction Sexuelle Curiethérapie Chirurgie Radiothérapie Dysfonction Erectile, Dysorgasmie, Anéjaculation, Ejaculations douloureuses, Perte de libido… Effets secondaires du traitement hormonal PERTE DE LA LIBIDO DYSFONCTION ERECTILE BOUFFEES DE CHALEURS SYNDROME METABOLIQUE FATIGUE ANEMIE OSTEOPOROSE TROUBLES COGNITIFS Effets secondaires sexuels du traitement hormonal • Testostérone: conditionneur central et périphérique de la réponse sexuelle. • Désir: diminué puis quasiment nul • Excitabilité: persiste mais seuil s’élève progressivement. • Érection: – Disparition des érection nocturnes – Persistance des érections en réponse à une stimulation…au début • Variabilité individuelle 30 LES ÉTAPES DE LA PRISE EN CHARGE Informer • Le patient, la partenaire des conséquences sexuelles du traitement • Des alternatives thérapeutiques • Des possibilités de prise en charge Evaluer La sexualité antérieure, la motivation Les facteurs de risque Les dysfonctions sexuelles de la partenaire Ouvrir le dialogue Facteurs associés à une préservation de la sexualité... • • • • • Avoir moins de 65 ans Avoir des érections normales avant... Sexuellement actif… Avoir un(e) partenaire sexuel(le) actif(ve)... Choisir un traitement avec l’espoir de préserver sa sexualité… Avoir une chirurgie avec préservation nerveuse 31 Dépister les dysfonctions sexuelles chez la partenaire • 42% souffrent de troubles du désir • 10% de problèmes de santé interférant négativement avec la sexualité • 13% de sécheresse vaginale • 14% de troubles de l’orgasme • Les difficultés sexuelles – différemment ressenties par les femmes – minimisent parfois la difficulté de performance sexuelle – plus déprimées et expriment plus de détresse. Organiser la prise en charge • Qui fait quoi ? • Cancer: Chirurgien, Oncologue, Radiothérapeute. • Sexualité Homme/Femme: Andro, Sexo, Gynéco – Stomathérapeute, Kiné, Psychologue. – Médecin traitant La rééducation sexuelle Les Objectifs Le Protocole Les Intervenants LES ARMES DU TRAITEMENT 32 Les Médicaments oraux (iPDE5) – A la demande d’action rapide, de plus courte durée d’action (6-12h) • Sildenafil, Vardenafil et Avanafil – A la demande de longue durée d’action (36-48h) • Tadalafil – Prise quotidienne (?) • Contre-Indication formelle : association aux dérivés nitrés Pas d’efficacité si pas de préservation nerveuse Les traitements de seconde ligne Injections intracaverneuses (IIC) Vacuum: érecteur à dépression Implants péniens gonflables Rééducation Erectile, Conseiller… • Débuter un traitement rapidement dans les 3 mois qui suivent l’opération: – Utiliser un iPDE5 si Préservation nerveuse et érections / tumescences naturelles. – Utiliser des IIC ou le Vacuum si pas de préservation nerveuse ou pas d’érections/tumescences naturelles. • Traitement personnalisé • Tenir compte des attentes • Prises à la demande recommandées 33 Accompagner Prise en charge globale: – « Sexologique » – – – Le couple : DSF, motivation Anxiété de performance La dépression Traitement des échecs de la rééducation • • • • IIC à la demande Vacuum Implants péniens Associations. Conclusions Risques et Solutions? • Multifactoriels – Terrain, lésions, contexte… • Prix de la guérison en cancérologie! – difficile à évaluer par le chirurgien, le cancérologue – mal exprimé par le patient reconnaissant • Information pré-thérapeutique – essentielle et obligatoire • Prise en charge active et organisée / centres de soins. – Équipe multidisciplinaire – Propositions thérapeutiques adaptées 34 Les traitements hormonaux du cancer de la prostate Professeur Bertrand Tombal Service d'Urologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles L’hormonothérapie est le traitement "systémique" de référence des cancers prostatiques qui récidivent après un traitement par chirurgie ou radiothérapie, ou aux cancers qui, au moment du diagnostic, présentent des métastases lymphatiques, viscérales, ou osseuses. On prescrit également l’hormonothérapie pendant une période de temps limitée en association avec la radiothérapie pour en augmenter son efficacité. On parlera alors d’hormonothérapie adjuvante. Le principe de base de l’hormonothérapie est de supprimer la production des hormones mâles (androgènes), par les testicules, les glandes surrénales, et les cellules cancéreuses, ou d’en bloquer directement l’effet au niveau des cellules cancéreuses. La croissance et le renouvellement des cellules prostatiques dépendent en effet de ces hormones mâles. La testostérone, produite par les testicules, est l’androgène le plus abondant. En l’absence de testostérone les cellules prostatiques cancéreuses vont être soumises à un rapide processus d’autodestruction, nommé apoptose. Pour qui et quand? Pour un patient atteint d’un cancer, en particulier lorsqu’il s’agit d’une récidive, il paraît toujours évident que plus le traitement est initié rapidement, plus les chances de guérisons sont importantes. Cette idée est fausse en ce qui concerne l’hormonothérapie. Tout d’abord, parce que l’évolution des cancers prostatiques est généralement lente et que beaucoup de patients mourront avec le cancer plus souvent que du cancer. Ensuite, parce que supprimer les hormones mâles est loin d’être dénué d’effets secondaires. Finalement, dans les formes agressives de cancer, l’adaptation à l’hormonothérapie sera généralement rapide. On parle de résistance à la castration. Dès lors, il est extrêmement important de limiter la prescription d’hormonothérapie aux patients qui en ont réellement besoin: - En association avec une radiothérapie externe, uniquement en cas de cancer localisé agressif ou localement avancé, pour une durée de 6 mois à 3 ans. 35 - Lorsque l’urologue constate pendant ou après la prostatectomie radicale que plusieurs ganglions lymphatiques sont envahis par le cancer alors que rien ne le laissait présager avant l’intervention. - En cas de récidive après la chirurgie ou la radiothérapie uniquement en cas d’élévation rapide du PSA, que le médecin évaluera généralement par le "temps de doublement du PSA". - En cas de cancer métastatique. La tendance actuelle, basée sur les résultats de grandes études récentes, est de postposer la mise en route de l’hormonothérapie jusqu’à l’apparition des métastases. Cela permet d’éviter au patient, pendant parfois plusieurs années, les effets secondaires des traitements. Cette tendance est maintenant confirmée dans les critères de remboursement des nouvelles molécules enzalutamide (Xtandi®) et abiraterone acétate (Zytiga®) qui sont réservées aux patients métastatiques. Les différentes modalités de l’hormonothérapie Plus de 95% de la testostérone est produite par les testicules et sa libération est régie par une autre hormone, l’hormone lutéinisante (LH), synthétisée par l’hypophyse, une glande située à la base du cerveau. Les 5% restants sont synthétisés dans les glandes surrénales, qui sont situées, comme leur nom l’indique, au-dessus des reins. Jusque dans les années 80, le traitement de choix du cancer de la prostate était l'ablation chirurgicale des testicules (orchidectomie), responsables à 95% de la production de testostérone. Ce traitement est rarement pratiqué aujourd’hui. Les médicaments qui suppriment la production d’hormones mâles LES AGONISTES DE LA LHRH. Les agonistes de la LHRH sont des agents qui bloquent la production de l’hormone LHRH au niveau de l’hypothalamus. Cette hormone est responsable de la sécrétion de l’hormone lutéinisante (LH) par l’hypophyse (glande endocrine du cerveau), elle-même responsable de la libération de testostérone. Les agonistes de la LHRH les plus courants sont la goséreline (Zoladex®), la triptoréline (Decapeptyl®), le leuprolide (Eligard®, Lucrin®), et l’histréline (Vantas®). Il s’agit d’injections mensuelles, trimestrielles, semestrielles, ou même actuellement annuelles. Normalement, en début de traitement, les agonistes de la LHRH ne peuvent pas être utilisés seuls. En effet, lorsque ces molécules sont injectées pour la première fois, elles activent temporairement le 36 récepteur à la LHRH avant de le bloquer ("flare-up"), ce qui cause une élévation passagère de la testostérone ("hormonal surge"). Cette augmentation peut activer transitoirement le cancer. Les conséquences qui en résultent peuvent être très graves, particulièrement si l’urètre était déjà comprimé par la tumeur prostatique ou la moelle épinière par une métastase osseuse. Pour cette raison, la première injection d’agoniste de la LHRH est le plus souvent associée à un anti-androgène afin de bloquer l’effet de la testostérone. LES ANTAGONISTES DE LA LHRH Les antagonistes de la LHRH, une nouvelle génération de médicaments, permettent d’éviter ce problème de "flare-up", en bloquant directement le récepteur à la LHRH. Ils agissent donc beaucoup plus rapidement que les agonistes. Des études préliminaires suggèrent que les antagonistes sont plus efficaces en cas de cancer avec un PSA > 20 ng/ml, en cas de métastases osseuses, ou en cas de symptômes urinaires importants. Ils semblent aussi associés à moins d’effets secondaires osseux et urinaires. En particulier le risque d’accident cardiovasculaire tels que infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral, est réduit chez les patients qui ont déjà présenté de tels événements. En Belgique, le seul antagoniste disponible est le dégarelix (Firmagon®). Il n’est malheureusement disponible qu’en injection mensuelle. Les inhibiteurs de la synthèse des androgènes En plus de la sécrétion d’androgènes par les glandes surrénales, la cellule prostatique a la possibilité de fabriquer ses propres hormones afin d’échapper au traitement hormonal et de subvenir à ses propres besoins. C’est un des mécanismes responsables de la « résistance à la castration », un phénomène d’échappement aux agonistes ou aux antagonistes de la LHRH qui apparaît chez les patients atteints de tumeur agressive. L’abiraterone (Zytiga®) est un nouveau médicament qui bloque ce mécanisme de production intracellulaire d’androgène. Ce médicament est réservé aux patients qui présentent un échappement au traitement hormonal et des métastases osseuses. Le Zytiga doit être associé à des petites doses de cortisone et nécessite un suivi régulier du potassium, de la fonction hépatique et de la tension artérielle. 37 Les médicaments qui bloquent l’action de la testostérone dans la cellule prostatique. Les anti-androgènes sont des molécules qui bloquent directement le récepteur à la testostérone dans la cellule prostatique. Les molécules les plus courantes sont l’acétate de cyprotérone, le bicalutamide, le flutamide et le nilutamide. Initialement développées pour bloquer la sécrétion résiduelle de testostérone par les glandes surrénales, les anti-androgènes sont généralement administrés en association avec les agonistes de la LHRH pour prévenir le "flare-up". Dans certains cas, ils peuvent aussi être associés en permanence aux agonistes de la LHRH. On parle alors de blocage androgénique total. Le bicalutamide (Casodex®) peut-être prescrit seul à la dose de 150 mg chez les patients qui ont besoin d’une hormonothérapie mais ne présentent pas de métastases osseuses. Ce traitement permet d’éviter certaines des complications liées à la suppression de la testostérone. Comme la plupart des médicaments, les anti-androgènes présentent néanmoins certains désagréments comme le gonflement douloureux des seins ou la survenue de troubles digestifs. Ces effets secondaires indésirables sont généralement modérés et disparaissent le plus souvent à l'arrêt du traitement. L’enzalutamide (Xtandi®) est un nouvel anti-androgène qui est actif en cas d’échappement hormonal chez des patients métastatiques. Cette molécule, très prometteuse parce que peu toxique, n’est disponible que dans le cadre d’essais cliniques. Les effets indésirables des traitements hormonaux Les traitements hormonaux prescrits pour traiter le cancer de la prostate induisent différents effets indésirables, relativement semblables aux désagréments observés durant la ménopause chez la femme: diminution de la libido, prise de poids, bouffées de chaleur, dépression, … Pourtant, ces symptômes ne sont pas une fatalité: en changeant en profondeur son style de vie, le patient peut combattre ces effets secondaires. Parmi les effets secondaires les plus fréquents, on retiendra: 38 - Des troubles de l’humeur, qui le plus souvent se traduiront par de la fatigue, un désintérêt pour les activités autrefois considérées comme agréables, une perte de vitalité. Dans certains cas, ces modifications psychologiques peuvent aller jusqu’à une réelle dépression. - Une baisse de la libido et généralement, mais pas toujours, des troubles de l’érection. - Une augmentation de la masse graisseuse, du risque de diabète, et une fonte musculaire. L’association de ces trois phénomènes peut aggraver le risque de maladie cardiovasculaire, en particulier chez les patients qui présentent déjà un diabète. - Les bouffées de chaleur, caractérisées par des accès de chaleur au niveau du visage et du torse, qui peuvent ensuite envahir l’entièreté du corps, les bouffées de chaleur sont bénignes mais souvent très gênantes. - La prise de poids et l’augmentation de la masse graisseuse favorisées par le traitement sont généralement associées à une augmentation du taux de cholestérol, de triglycérides et de glucose dans le sang. L’hypercholestérolémie, l’hypertriglycéridémie et le diabète sont des facteurs de risque importants de maladies cardiovasculaires (angine de poitrine, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral). - L’ostéoporose. Le traitement hormonal peut entraîner de l’ostéoporose, une maladie caractérisée par une fragilité excessive de l’os. L’ostéoporose augmente le risque de fracture, dont les conséquences sont souvent plus sévères lorsqu’on avance en âge. Il est important de mesurer la masse osseuse avant et pendant le traitement et d’envisager éventuellement un traitement spécifique préventif. Comment diminuer ou prévenir les effets indésirables de l’hormonothérapie ? Il est capital d’adopter un style de vie sain. Une alimentation riche en fruits et en fibres, pauvre en graisse et en viande est importante pour minimiser le risque cardiovasculaire. Il est également important de dépister et, si nécessaire, traiter un diabète, une augmentation des lipides, ou une hypertension. Un supplément en calcium et vitamine D est important pour diminuer le risque d’ostéoporose L’effet bénéfique de l’exercice physique, en particulier des programmes dits de "résistance" n’est plus à démontrer. L’exercice permet de minimiser l’augmentation de la masse graisseuse, la prise de poids et les troubles lipidiques. Après parfois des années de sédentarité, se remettre au sport n’est pas facile et non dénué de risque. Il est judicieux et plus efficace de se joindre à un groupe organisé. Plusieurs hôpitaux proposent le programme Feel+/Dynamic life à cet effet en Belgique. 39 Quid en cas de métastases osseuses, de récidive ou d'échec du traitement hormonal? Professeur Brieuc Sautois CHU Sart Tilman, Liège L’échec du traitement hormonal En dépit de son efficacité fréquente, l'échappement au traitement hormonal survient invariablement. L’échec du traitement hormonal, également appelé résistance à la castration, est défini par une hausse confirmée du PSA ou une progression radiologique, osseuse ou au sein des tissus mous en présence d’une testostérone sanguine effondrée. Le PSA (Prostate Specific Antigen) est un marqueur tumoral sanguin spécifique du tissu prostatique, normalement indosable après prostatectomie radicale et souvent très bas après radiothérapie à visée curative. Des critères précis sont utilisés pour définir son augmentation dans le cadre du suivi des patients ayant présenté un cancer de la prostate. L’élévation isolée du PSA peut être la seule manifestation de l’échappement à l’hormonothérapie. Les métastases sont le développement de cellules tumorales prostatiques dans un autre organe réalisant un nouveau foyer tumoral responsable de la destruction des tissus sains infiltrés. Les principaux tissus cibles de métastases prostatiques sont le squelette, les ganglions (surtout abdominaux), plus rarement les poumons ou le foie, mais virtuellement tous les organes peuvent être atteints. La mise en évidence de métastases signifie, à de rares exceptions près, la présence d’une maladie incurable "chronique". Celles-ci peuvent occasionner divers symptômes tels que des douleurs, des œdèmes des membres inférieurs ou une altération de l’état général. Dans certains cas, les patients porteurs de métastases sont asymptomatiques et celles-ci sont découvertes lors de la réalisation d’un bilan (une scintigraphie osseuse ou un scanner abdomino-pelvien par exemple) soit systématique soit dans un contexte d’élévation du PSA. 40 Les traitements Diverses options thérapeutiques peuvent être envisagées dans le contexte de la résistance à la castration. Le choix du traitement sera fonction de la situation particulière de chaque patient mais également de ses préférences. Les principales options thérapeutiques sont l’observation, le renforcement de la structure osseuse, la chimiothérapie, l’hormonothérapie de rattrapage, l’utilisation de radio-éléments ou la participation à une étude clinique. Les métastases osseuses et les traitements ciblant l’os L’incidence élevée des métastases osseuses justifie de leur consacrer un chapitre particulier. Elles affectent essentiellement la colonne vertébrale et le bassin et sont susceptibles d’être responsables de douleurs, de fractures, de tassements et parfois de compressions médullaires susceptibles de conduire à des troubles neurologiques graves. Les traitements spécifiques des métastases osseuses poursuivent 3 buts : soulager les symptômes, renforcer le squelette et détruire spécifiquement les cellules métastatiques. Le traitement antalgique est assuré par les médicaments antalgiques habituels y compris les morphiniques. La radiothérapie ciblée sur une zone douloureuse contribue également efficacement à soulager les douleurs tout en assurant la destruction partielle des cellules tumorales impliquées. Les lésions osseuses sont susceptibles d’occasionner des compressions de la moelle épinière et l’on a parfois recours à une chirurgie décompressive vertébrale pour libérer les fibres nerveuses engaînées ou comprimées par la tumeur ou les segments osseux effondrés. La prévention de ces complications sévères peut être assurée par l’administration de divers traitements qui renforcent le squelette. Celui-ci est en perpétuel remaniement avec un équilibre entre construction et résorption osseuse. En inhibant la résorption osseuse par les ostéoclastes, des médicaments tels le dénosumab (Xgéva®) et l’acide zolédronique (Zométa®) permettent de réduire l’incidence et de retarder la survenue d’événements osseux péjoratifs tels que des fractures ou des compressions médullaires avec les lourds traitements que ceux-ci requièrent. Ces médicaments imposent la prescription concomitante de calcium et de vitamine D ainsi qu’une situation dentaire saine pour éviter des effets secondaires comme l’ostéonécrose mandibulaire (une destruction des os de la mâchoire). 41 Des radio-isotopes peuvent également s’avérer utiles dans la gestion des maladies prédominant au niveau du squelette. Le strontium-89 et le samarium-153 permettent d’obtenir un effet antalgique chez les patients présentant une maladie osseuse diffuse et douloureuse. Ils sont souvent utilisés tardivement (parfois trop) car ils risquent de compromettre l’aptitude à surmonter la toxicité hématologique de la chimiothérapie. Plus récemment, on a montré que l’administration de radium223 permettait d’obtenir un impact sur la survie chez les patients inaptes à recevoir un traitement chimiothérapique ou après échec de celle-ci. Il a été approuvé par l’Agence Européenne du Médicament (EMA) mais n’est pas encore disponible en routine en Belgique. Les traitements non spécifiques au squelette Outre les traitements spécifiques dirigés contre les manifestations squelettiques, diverses approches systémiques sont également mises en œuvre. Celles-ci font essentiellement appel à la chimiothérapie et à diverses formes d’hormonothérapie. Dans certains cas, face à une hausse isolée du PSA sans mise en évidence de lésions métastatiques ni présence de masse prostatique, on pourra opter pour une simple observation permettant d’évaluer la vitesse d’augmentation du PSA. En effet, dans ce contexte, aucun bénéfice en survie n’a été démontré par l’instauration précoce d’un nouveau traitement. Des études cliniques évaluent l’intérêt de l’instauration précoce d’une hormonothérapie de rattrapage chez les patients qui, dans cette situation, présentent une augmentation rapide du PSA. Chez les patients présentant des métastases symptomatiques et dont l’état général est satisfaisant, la chimiothérapie constitue une option thérapeutique bien établie. Le docétaxel est la première chimiothérapie qui a permis d’obtenir un impact sur la survie chez les patients métastatiques résistant à la castration. Si ce bénéfice en survie est modeste (environ trois mois en médiane), il s’assortit d’une diminution de la symptomatologie douloureuse, d’une amélioration de la qualité de vie et d’une tolérance satisfaisante en dépit d’effets secondaires tels que la fatigue, le risque infectieux et parfois l’alopécie. Ce traitement est administré par voie intraveineuse une fois toutes les trois semaines en hôpital de jour généralement pour un maximum de 8 à 10 cycles à la fois. Plus récemment, de nouvelles hormonothérapies ont vu leur bénéfice reconnu dans ce même contexte. L’abiratérone ou Zytiga® est un inhibiteur de la synthèse de testostérone à la fois par les tissus surrénaliens mais également au sein des tissus tumoraux ; il est administré oralement accompagné d’une petite dose de corticoïdes pour limiter les effets secondaires métaboliques. Ce 42 traitement a permis d’améliorer la survie sans progression radiologique au prix d’une faible toxicité ; il s’adressera plus volontiers aux patients faiblement symptomatiques et sans entreprise viscérale. En l’absence de critères stricts, le choix d’instaurer une chimiothérapie ou un traitement par abiratérone se fera sur une base individuelle en concertation avec le patient en tentant d’établir dès que possible une stratégie thérapeutique afin de faire l’usage le plus raisonné des traitements disponibles. L’enzalutamide (Xtandi®), un puissant anti-androgène, sera vraisemblablement prochainement disponible dans le même contexte. De façon intéressante un protocole de vaccination anti-tumorale (Sipuleucel-T, Provenge®) a également montré son efficacité en améliorant la survie de patients porteurs de cancers prostatiques métastatiques résistants à la castration et n’ayant pour la plupart pas été traités par chimiothérapie. Cette approche nécessite la ré-infusion de "globules blancs" modifiés in vitro au moyen d’une infrastructure lourde qui, avec son prix élevé, freine sa diffusion en dehors des USA malgré l’approbation par l’EMA. Les options thérapeutiques de seconde ligne Bien que la chimiothérapie ou l’hormonothérapie soit susceptible de permettre l’obtention d’un recul des manifestations cancéreuses, ce bénéfice n’est jamais maintenu durablement et une nouvelle progression tumorale survient invariablement. Il est donc nécessaire d’avoir recours à des traitements dits de seconde ligne. Pour les patients ayant bénéficié d’un traitement par docétaxel en première intention, on pourra envisager principalement 3 options: la reprise du docétaxel, une chimiothérapie par cabazitaxel ou une hormonothérapie par abiratérone. Pour les patients traités d’emblée par abiratérone, on envisagera le plus souvent l’instauration d’une chimiothérapie par docétaxel. La reprise d’une chimiothérapie par docétaxel est une option thérapeutique chez les patients qui, après avoir reçu une première série de chimiothérapies, se trouvent dans un état de réponse clinique durable a priori supérieure à 6 mois de sorte que l’on peut espérer l’obtention d’un résultat similaire avec la réintroduction du même traitement. Malheureusement, la progression tumorale survient le plus souvent précocement après la fin de la chimiothérapie par docétaxel voire durant celle-ci. Le cabazitaxel (Jevtana®) est une chimiothérapie de deuxième ligne administrée par voie intraveineuse une fois toutes les trois semaines à l’hôpital de jour. Comparativement à l’administration d’une chimiothérapie par mitoxantrone (une 43 chimiothérapie qui améliore la qualité de vie mais pas la survie), elle permet d’obtenir une amélioration de la survie globale de l’ordre de trois mois. Ses effets secondaires sont assez similaires à ceux du docétaxel avec une majoration du risque infectieux, une fatigue parfois intense et éventuellement des diarrhées. L’abiratérone est également une option thérapeutique validée après échec du docétaxel. Elle est administrée dans les mêmes conditions que précédemment décrit et permet l’obtention d’une amélioration de la survie d’environ trois mois en médiane par rapport à l’administration d’un placebo. Les mêmes résultats ont été observés sous enzalutamide dont le remboursement est attendu dans ce contexte. Y a-t-il une troisième ligne? Si les traitements de deuxième ligne, qu’il s’agisse de chimiothérapie ou d’hormonothérapie, permettent d’obtenir une nouvelle régression de la pathologie tumorale ou même simplement sa stabilisation, il faudra malheureusement faire face à une nouvelle progression tôt ou tard. Les études cliniques actuellement en cours tentent d’identifier des nouveaux traitements susceptibles d’aider les patients dans ce contexte. Actuellement, les données scientifiques sont pauvres quant à l’aptitude à améliorer la survie des patients se trouvant dans cette situation. Dans des cas bien sélectionnés en concertation avec l’équipe médicale multidisciplinaire et avec les patients, l’utilisation successive et dans un ordre non défini du cabazitaxel, de l’enzalutamide et de l’abiratérone, parait légitime. D’autres approches thérapeutiques cliniquement utiles mais moins bien établies par une littérature scientifique incontestable sont également fréquemment employées telles les chimiothérapies par mitoxantrone, étoposide, carboplatine ou cyclophosphamide métronomique. Des hormonothérapies par œstrogènes (Distilbène®) ou corticoïdes s’avèrent également utiles. Si l’état général du patient ne permet pas d’envisager ces approches thérapeutiques, il faudra se consacrer exclusivement à la qualité de vie au moyen de soins palliatifs appropriés soit au domicile soit dans un service de soins palliatifs en concertation avec le médecin traitant et l’éventuelle équipe de soutien au domicile. 44 Conclusion Le cancer de la prostate hormono-résistant est une pathologie incurable mais qui peut revêtir diverses présentations cliniques selon qu’il s’agisse d’une élévation isolée du PSA ou d’une maladie métastatique avérée, qu’elle soit osseuse, ganglionnaire ou viscérale, symptomatique ou non. De nombreux traitements permettant d’améliorer la survie ont été développés ces dix dernières années tels que les chimiothérapies par docétaxel et cabazitaxel, les hormonothérapies par abiratérone et enzalutamide, les radio-isotopes tels le radium-223 et même des vaccinations, ces dernières non disponibles en Europe. L’ordre dans lequel ces différents traitements doivent être employés ne fait pas encore l’objet d’un consensus incontestable. Le coût de ces différentes options thérapeutiques est également très important et devra sans doute un jour être pris en compte. Références bibliographiques • Comment j’explore … Actualités thérapeutiques dans le traitement médical du cancer de la prostate résistant à la castration. B. Sautois, C. Gennigens, Revue Médicale de Liège, 2013, 68, 2, 94-96 • Guidelines on prostate cancer, Mottet et al., European Association of Urology, 2014. Retrieved from : http://www.uroweb.org/gls/pdf/08%20Prostate%20Cancer_LR%20March%2013th%202012. pdf 45 Quand le patient joue un rôle actif dans sa prise en charge Madame Christine Remacle Coordinatrice de Soin Oncologique, Groupe Génito-urinaire Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles Introduction Avec l’avènement des tests de dépistage, le cancer de la prostate est devenu une maladie extrêmement hétérogène. Le prix à payer du dépistage intensif est que de nombreux malades seront diagnostiqués avec des maladies très peu agressives qui nécessiteront simplement une surveillance. Pour d’autres, la maladie est localisée et ils auront besoin d’un traitement radical, et finalement d’autres, moins chanceux, auront besoin de traitements systémiques, parfois lourds et contraignants. Pour le patient atteint de cancer, cette complexité est parfois difficile à cerner. Les patients discutent avec leur entourage, lisent et éprouvent souvent des difficultés à comprendre leur maladie. Pour chaque stade, les options thérapeutiques seront souvent multiples et les choix parfois difficiles. Pourquoi le médecin spécialiste propose-t-il une "surveillance active", un traitement dit "radical", une "hormonothérapie"? Quel est l’élément de diagnostic qui permet à ce professionnel expert d’annoncer et proposer tel plan de suivi, tel plan de traitement. La surveillance active ne veut pas dire "ouf, j’y ai échappé belle"; le traitement curatif, dit radical, ne signifie nullement "tranquille, je subis le traitement et ensuite j’oublie tout …"; l’hormonothérapie n’est pas "qu’une petite piqure" mensuelle, trimestrielle, … Il est extrêmement important de procéder par étapes dans la prise en charge du patient et la première étape dans le rôle actif du patient pose les fondations de sa prise en charge. Fondation: comprendre Connaître et apprivoiser l’adversaire pour mieux le combattre, c’est vieux comme le monde! L’information claire et adaptée, l’échange d’information entre l’équipe de soins et le patient ouvrira à une relation de confiance. C’est la condition sine qua non d’une prise en charge de qualité. Trop 46 souvent encore, le patient, par manque d’information ou par non compréhension de sa maladie, attribue l’évolution de sa maladie à une erreur d’appréciation: "c’est la faute de…", "on ne m’a pas dit que…", "je ne savais pas que…", "si j’avais su…". Pour certains patients, la surveillance active, quand elle est recommandée, n’est pas une solution facile à accepter. Ce suivi demande un accompagnement particulier. Le fait de ne pas se faire traiter à l’annonce du diagnostic de cancer n’est pas sans conséquence psychologique pour le patient. Pour ceux qui ont besoin d’un traitement, les effets secondaires des traitements sont loin d’être négligeables. Nous parlons, en fonction du traitement choisi, d’un risque d’incontinence urinaire ou d’autres troubles urinaires, de stérilité, de dysfonction érectile, de baisse de la libido, de prise de poids, de bouffées de chaleur, de l’induction d’un syndrome métabolique avec un risque cardiovasculaire, ou une perte osseuse. Le rôle de l’équipe multidisciplinaire et de chaque professionnel de la santé qui gravite autour du patient est dès lors de prendre en soin le patient avec les connaissances de son expertise. Le médecin (urologue, oncologue, radiothérapeute) annonce, explique la maladie, le traitement. Le rôle de l’infirmier coordinateur de soins (CSO) dans la prise en charge des patients est de situer le degré de compréhension du patient, d’échanger des informations et des conseils, de planifier le plan de diagnostic et de traitement, de repérer les risques et comorbidités et, s’il s’avère nécessaire, de rediriger vers un autre spécialiste, une diététicienne, une assistante sociale, un psycho-oncologue. Le CSO, non seulement accomplit un rôle de centralisation de l’information, mais aussi d’accompagnement, de soutien, d’éducation et d’autonomisation ("empowerment") du patient. Dans une relation de soin qui s’appuie sur une philosophie humaniste, le patient est invité à exprimer ses choix. Le médecin propose et négocie plutôt que prescrit le traitement. L’infirmier CSO aide le patient à trouver ses préférences. Chaque individu a le droit à l’autodétermination qui reconnaît à chaque personne la capacité et le désir d’être acteur de sa vie. Le terme d’empowerment est régulièrement utilisé pour désigner ce cheminement, ce processus par lequel une personne malade, au départ d’un sentiment d’impuissance, augmente sa capacité à identifier et satisfaire ses besoins, résoudre ses problèmes et mobiliser ses ressources de manière à avoir le sentiment de contrôler sa propre vie. Qu’est ce qui va aider le patient à contrôler sa propre vie? Qu’est ce qui va l’aider à faire face? Outre le besoin d’information adaptée, ce seront tout d’abord ses ressources internes, sa personnalité, la 47 tendance "naturelle" de se confronter activement ou non à la maladie qui l’aideront à faire face à la maladie et aux traitements. • Certaines personnes ont ces ressources en elles; elles sont capables de se refaire une vie, de s’épanouir en surmontant un choc grave. On appelle cela la résilience. Pour d’autres, les ressources externes seront utiles et nécessaires. • Respecter son traitement, suivre les consignes données par les professionnels de la santé, être observant, est un autre facteur de l’adaptation du patient à sa maladie. • Le degré de motivation à changer de comportement fait partie intégrante de ce cheminement. Si cette motivation est faible ou non pertinente, il s'agira pour le professionnel de la santé de la situer, afin de convenir d’objectifs à atteindre avec le patient. Comment le patient peut-il contribuer au contrôle de sa propre vie, être acteur de sa prise en charge? Comment peut-il activer ses mécanismes de défense? Les diverses études de l’activité sur les globules blancs montrent que ceux ci réagissent à notre alimentation, au mouvement physique et aux événements émotionnels. Quels sont les piliers de cette approche? Pilier 1: Parler Le dialogue entre l’équipe soignante et le patient est essentiel. La discussion autour de paramètres sanguins, ce "fameux" taux de PSA ne doit pas rester le fil conducteur de l’échange en consultation. Il est plus facile de parler d’un chiffre que de son humeur. Pourtant, pour beaucoup de patients, la qualité de vie reste leur priorité. Alors, il s’agira de ne pas étouffer les choses en soi. Parler de ses tourments physiques et/ou moraux à un professionnel de la santé en qui l’on a confiance sera bienfaisant. Un professionnel expert aide à remettre les choses dans le bon ordre. Il ne faut pas hésiter à faire appel à une personne qualifiée en psycho-oncologie, rejoindre un groupe de parole, une association de patients. Des programmes tels que FEEL+ ou Dynamic Life, ne sont pas faits que pour les autres. C’est une ressource supplémentaire et toutes ces ressources sont complémentaires. Pilier 2: Aborder pro-activement les effets secondaires La première étape pour les aborder, est de les comprendre. Savoir ce qui se passe dans son corps, pour y faire face. Ensuite, il s’agira d’y croire; nous avons à l’heure actuelle de plus en plus de preuves scientifiques du bénéfice d’une hygiène de vie adaptée. Parmi celles-ci, une revue systématique de la littérature (niveau de preuve élevé) conduite par des chercheurs aux Etats Unis 48 montre les effets bénéfiques de l’exercice physique comprenant de l’aérobic et/ou un entrainement à la résistance approprié (adapté). Il y a réduction d’une série d’effets secondaires liés aux traitements, notamment les traitements par suppression androgénique (hormonothérapie) des patients atteints d’un cancer de la prostate. Aborder pro-activement la maladie et les effets secondaires du traitement avec un cancer de la prostate prolonge la survie, améliore la qualité de vie et diminue les symptômes de dépression des messieurs âgés. De plus, la proportion d’interruption de traitements est réduite par la prise en charge des effets secondaires. Finalement, trouver une motivation pour y arriver et persévérer, c’est se fixer régulièrement des objectifs à atteindre. Cela demande de s’efforcer à garder un rythme minimum et de ne pas lésiner sur les ressources existantes. Pilier 3: Bouger "Il existe des preuves solides et cohérentes que l'activité physique réduit le risque de la plupart des principaux sites de cancer, et que, entre 9% et 19% des cas de cancer pourraient être attribués au manque d'activité physique suffisante en Europe". L’exercice démontre un bénéfice au niveau de la force musculaire, un effet bénéfique au niveau cardiorespiratoire, une meilleure performance des tâches, un effet sur la masse graisseuse, et la fatigue. Alors bougez! C’est le mot d’ordre, il s’adresse au corps et à la tête. En Belgique, voilà quelques années que nous défendons l’idée d’une activité spécifique et régulière pour soutenir le traitement et le moral des patients atteint d’un cancer de la prostate. Idéalement, les exercices adaptés à la condition physique de chaque patient doivent être encadrés par un kinésithérapeute, de préférence au sein même du centre hospitalier. L’expérience du programme FEEL+ pratiqué au sein des Cliniques universitaires St-Luc depuis 2010 est encourageante par le nombre de participants satisfaits. Je ne manquerai certainement pas de vous rapporter ce que ce patient de 80 ans ayant un cancer de la prostate métastatique, sous hormonothérapie, n’ayant jamais pratiqué de sport et de nature très anxieuse, me dit un jour après sa séance FEEL+: "Madame Remacle, depuis que je fais ce sport, je ne me suis jamais senti aussi bien de ma vie ... et tout le monde autour de moi me dit que j’ai changé et que j’ai bonne mine… Je ne ressens pas les effets secondaires de cette hormonothérapie, je ne sais pas ce que c’est…". 49 Pilier 4: Mieux manger Nous consommons trop de calories et ne faisons pas assez d’exercices. Il est important de rappeler que notre alimentation nous aide à construire notre "capital santé". Une alimentation variée et équilibrée et un maximum d’activité physique constituent des facteurs de protection. Alors, il est temps de s’y mettre, de suivre les recommandations et d’adopter une alimentation saine en se référant à la pyramide alimentaire qui représente un régime varié et équilibré. Il s’agira de consommer abondamment les aliments des étages inférieurs et, à l’inverse, avec modération et juste mesure ceux des étages supérieurs. N’oublions pas une hydratation suffisante. S’hydrater, c’est boire un litre à un litre et demi d’eau par jour; les boissons autres que l’eau sont à additionner. Evoquer ce vieil adage "un petit-déjeuner de roi, un déjeuner de prince et un souper de pauvre" aidera le patient à mieux comprendre comment répartir la consommation énergétique durant la journée. Conclusion La littérature (preuves scientifiques) et le témoignage de patients nous montrent le bénéfice du rôle actif du patient atteint d’un cancer de la prostate dans sa prise en charge. Le patient confronté à de nombreux événements stressants tout au long de son cheminement dans la maladie et dans son parcours thérapeutique y peut quelque chose. La "bonne" information, la compréhension de ce qu’il lui arrive apparaît comme facteur de l’empowerment; elle va à la rencontre d’une meilleure participation, d’une implication du patient dans sa prise en charge globale. Elle augmente sa capacité à identifier et satisfaire ses besoins, résoudre ses problèmes et mobiliser ses ressources, de manière à contrôler sa propre vie et à améliorer sa qualité de vie. Garder autant que possible une attitude positive en parlant, en bougeant, en mangeant mieux, c’est non seulement aborder pro-activement les effets secondaires des traitements et agir pour freiner l’évolution de la maladie, mais également et certainement, c’est contribuer à maintenir et améliorer sa qualité de vie. 50 Notes personnelles 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