1. HISTORIQUE : La plupart des méthodes ont été mises au point pour mener à bien l'effort de reconstruction après la seconde guerre mondiale. La méthode « PERT » (Program Evaluation and Research Task ou Program Evaluation and Review Technic) a été mise au point lorsque les Etats-Unis ont entrepris de créer leur force d'attaque nucléaire (sousmarins et fusée Polaris). Il fallait aller vite pour rattraper le retard pris sur l'URSS. Ce projet était soumis à de nombreux problèmes techniques : − délai fixé, − coordination de 250 fournisseurs et 9000 sous-traitants. Pour obtenir l'efficacité maximale des efforts de chacun pour l'agencement du projet, il fallait disposer d'une méthode systématique de planification, de contrôle, et de correction. La création de la méthode PERT fut décidée dans ce but, et son utilisation ramena la durée du projet de six ans à deux ans et demi. Dans le même temps pour les même raisons d'autres méthodes ont fait leur apparition : réseaux de PETRI, méthode MPM (Méthode des Potentiels Métra) en France, diagrammes de GANTT, ou encore graphes « chemin de fer ». 2-INTRODUCTION : Toute entité économique (entreprise industrielle, entreprise du bâtiment, administration, sous-traitant, ...) doit assurer la cohérence technique et économique de la réalisation du produit et/ou service avec le contrat qui la lie au client. Cette réalisation doit amener la satisfaction du client (voir concept de qualité) en respectant le cahier des charges, les délais, et les coûts. Pour cela il faut effectuer deux types de gestions : − une gestion technique : spécifications, délais, − une gestion économique : coûts, prix de revient ... Les différentes méthodes utilisées permettent de faire apparaître clairement et rapidement les données liées à la réalisation d'un projet , telles que : − les temps, les délais, − les moyens, ou ressources, − les coûts. De plus, ces méthodes peuvent permettre de prévoir au moment opportun, les contrôles qui s'imposent en cours de réalisation (le suivi). Les méthodes d'ordonnancement des tâches permettent d'avoir un représentation graphique (immuable ou non) d'une réalisation en représentant chaque opération (ou tâche) par un arc, une liaison, ou un rectangle qui peut être proportionnel ou non à la durée. Ce graphique dans tous les cas permet le positionnement relatif des opérations dans le temps. 3-Architecture du système : A) Principe : À partir des prévisions et des commandes clients, la méthode MRP2 gère la production du long terme au très court terme à partir de quatre niveaux de planification et d’un niveau d’exécution (figure 1). Figure 1. Architecture du MRP2 MRP (Material Requirement Planning ou calcul des besoins nets). À chaque niveau de planification, il s’agit de satisfaire la demande client (priorité du marché) en intégrant la disponibilité des ressources (adéquation charge/capacité). Pour cela, on vérifi e la charge plus ou moins détaillée (quantité de travail homme et/ou machine à effectuer) par rapport à la capacité (disponibilité des ressources). Cette méthode répond aux questions suivantes : que fabriquer, combien, quand et avec quelles ressources disponibles ? B)Les niveaux de planification : • Plan stratégique Ce plan, sous la responsabilité de la di rection, a pour objectif de définir les orientations stratégiques de l’entrepri se en termes de parts de marché, de choix de site de productio n ou d’organisation généra le, de politique sociale et de type de financement. Couramment, sur un horizon de 2 à 5 ans, ce plan est revu tous les 6 mois ou tous les ans. Ce niveau de planification : – donne les objectifs généraux ou stratégiques de l’entreprise (vision ou politique d’entreprise, choix des marchés, achat d’usines…), – est basé sur des études de marché à long terme (enquêtes d’opinion…), – prend en compte les contraintes et les objectifs des fonctions marketing, financière et de la production, – intègre l’évolution des technologies (robotique, automatisme, informatique, centre d’usinage à commande numérique…). • Plan industriel et commercial À partir du plan stratégique, on élabore les plans industriels et commerciaux (PIC) par famille2 de produits. À ce niveau de détail de la planification, ces plans fixent : – les volumes de production par période, – les niveaux de stock en début et en fin de période, – les ressources humaines et matérielles nécessaires, – les besoins financiers. Ces plans doivent satisfaire les objectifs fixés par le plan stratégique. Ils sont le résultat d’un consensus entre les directions marketing, financière et production. Couramment, sur un horizon de 6 à 18 mois, ils sont révisés tous les mois. Pour vérifier la faisabilité du PIC, on calcule les charges globales à l’aide de ratios de production (ratio = volume/période). • Programme directeur de production Appelés PDP, ces plans essentiels au niveau de la méthode MRP2 sont élaborés à partir des plans industriels et commerciaux . À partir des besoins indépendants3 (prévisions et commandes fermes), ils définissent précisément, par produit, la quantité par période en tenant compte des options et variantes. L’horizon du PDP se définit au minimum par le cumul des délais les plus longs d’approvisionnement, de fabricatio n et d’assemblage pour les composants et le produit fini. Il peut varier de trois mois à un an selon les types de produits. Il est revu couramment chaque semaine. Pour le PDP, on calcule les charges globales au niveau des ressources critiques, afin de vérifier la faisabilité. • Calcul des besoins À partir des nomenclatures et des PD P de chaque produit, on calcule les besoins dépendants de chaque élément, sous-ensemble, matière première à acheter ou à fabriquer. L’horizon de planification tient compte des délais d’achat et de fabrication des éléments à fabriquer. Couramment , sur un horizon de un à trois mois, ils sont révisés toutes les semaines, parfois tous les jours. Au niveau du calcul des besoins, on évalue les charges détaillées générées par les ordres de fabrication, qu’ils soient planifiés ou lancés. • Pilotage d’atelier Le but du pilotage d’atelier est de lancer les ordres d’achat ou de fabrication au niveau de l’atelier. L’horizon de planification est de l’ordre de la journée à la semaine, la révision est journalière, parfois horaire. Les ordres de fabrication sont lancés et suivis à l’atelier selon les priorités fixées par le gestionnaire d’atelier. Au niveau du pilotage d’atelier, on contrôle les ordres réalisés par rapport aux ordres planifiés. C’est le tableau de bord du pilotage d’atelier ( cf. § 1.6.5). ** Autres méthodes associées à la planification : Il existe beaucoup de méthodes permettant de planifier, organiser, gérer, des projets, des chantiers ou toute opération. Ces méthodes sont pour la plupart informatisées, mais nécessitent toujours une analyse. L'optimisation des moyens mis en oeuvre pour réaliser un projet nécessite de faire des hypothèses initiales et doit ensuite toujours faire face aux incertitudes, aléas, du monde réel. Le « management » des ressources humaines et techniques doit alors permettre une réalisation satisfaisante du projet. Il y a bien des « recettes », mais c'est le « bon sens », la maîtrise des moyens, et la rigueur méthodique qui favorisent cette réussite. Voici encore quelques « outils-méthodes » disponibles : - Planning ou graphe « chemin de fer », - Gestion assistée par ordinateur (GMAO, GPAO), - Méthode MRP, ..., - Lissage des charges, analyse des charges et capacités, - Méthode SMED, ... 4-Base de données : Tout système de gestion de production fonctionne à partir d’une base de données structurée et suffisante. • Données statiques (données techniques) – Fichier articles . – Fichier nomenclatures . – Fichier centre de charges . – Fichier gammes . – Fichier gammes . – Fichier clients . • Données dynamiques (données de flux) – Fichier prévisions . – Fichier commandes . – Fichier stocks . – Fichier des ordres de fabrication . –Fichier des ordres d’achat. 5-Incidence du délai client sur la production : • Production ou assemblage à la commande Généralement, on produit à la commande lorsque le délai accepté par le client est supérieur au délai de production ou si le niveau de détail du produit fini n’est pas connu à l’avance. La production à la commande peut intervenir depuis la conception ou uniquement à pa rtir de la fabrication, voire de l’assemblage. Ce type d’organisation a l’avantage de diminuer les niveaux de stock et s’inscrit souvent dans le cadre d’une production à la demande. • Production sur stock On produit sur stock, par anticipation des demandes. Cela arrive lorsque le délai client est inférieur au délai de pr oduction. Cette organi sation est courante pour des produits saisonniers, comme les équipements de sport d’hiver ou les vêtements. La standardisation des produits facilite la mise en œuvre de ce type de production, car elle minimise le nombre d’articles et par voie de conséquence le nombre de références en stock. • Production mixte Usuellement on fabrique des éléments ou des composants standards sur stock, puis on les assemble ou on réalis e les dernières opérations des produits à la commande. Cette production mixte (sur stock et à la commande) a pour objectif de diminuer le délai de production en reta rdant le plus possible le point de différenciation 5 des produits, appelé « point de découplage » (figure 2). Figure 2 Production mixte 6-Les différents cycles et les délais : Les auteurs distinguent un certain nombre de cycles ou de délais existants comme : – Cycle de production : c’est le délai de passage d’une pièce dans les ateliers au cours de la production. – Cycle commercial : c’est le délai entre la commande client et la livraison du produit. – Cycle d’approvisionnement : c’est le délai entre la commande de matière et sa livraison. – Cycle financier : c’est le délai entre la réception des produits par le client et le règlement de ces produits. 7-Données de production : Pour construire un échéancier de calcul des besoins, certaines informations sont nécessaires. – Taille de lot . – Délai d’obtention : durée nécessaire à la réalisation de l’ordre (de fabrication ou d’approvisionnement). -Le délai de fabrication comprend le temps de file d’attente devant la machine, le temps de préparation de la machine, le temps de transformation, le temps d’attente et le temps de transfert. -Le délai d’approvisionnement correspond à la durée entre l’expression d’une demande et la mise à disposition de l’article. – Lien de nomenclature : relation entre le composé et le (ou les) composant(s) qui le constitue (nt). Ce sont des relations « parent-enfant ». Cette relation est affectée d’un coefficient d’emploi. – Stock physique de départ : stock réel d’articles au magasin au moment du calcul des besoins. – Stock prévisionnel : stock obtenu après chaque calcul des besoins par période. 8-Délai de fabrication : C’est la durée nécessaire pour la fa brication d’un article. Ce délai est composé de différentes composantes : – La file d’attente est la durée d’attente devant une machine, avant que l’opération commence. – Le temps de changement d’outillage (ou temps de préparation) est la durée nécessaire pour équiper une machine lors d’une nouvelle opération. – Le temps d’exécution est le temps standard prévu pour réaliser une ou plusieurs opérations. – Le temps d’attente est la durée d’attente du lot de pièces traitées à un poste donné avant d’être transféré au poste suivant. – Le temps de transfert est la durée de déplacement d’un lot vers la machine suivante. Figure 3 Composantes du délai de fabrication 9- synthèse des différents modes de pilotage des flux de production : *Les principaux flux de production qui traversent l'entreprise sont : - les flux physiques : composants achetés, fabriqués, pièces de rechange, sous-ensembles, produits finis, etc... - les flux informationnels : commandes, ordres de fabrication, ordres d'approvisionnement, gammes, fiches opératoires, fiches de suivi, etc... *Les principaux flux de production qui traversent l'entreprise sont : - les flux physiques : composants achetés, fabriqués, pièces de rechange, sous-ensembles, produits finis, etc... - les flux informationnels : commandes, ordres de fabrication, ordres d'approvisionnement, gammes, fiches opératoires, fiches de suivi, etc... Les principaux objectifs d'amélioration des entreprises industrielles fonctionnant en Juste à Temps sont : - de simplifier les flux physiques. - d'accélérer les flux physiques. - de rendre les flux informationnels plus cohérents et de faciliter la communication. On distingue différents modes de pilotage des flux de production qui sont conditionnés par les flux d'informations qui contrôlent la production. A)Pilotage centralisé : Ce mode de pilotage s'applique aussi bien à la production de masse qu'à la petite série, chaque fois que des produits définis et planifiables existent. Le pilotage est réalisé à partir d'un programme directeur de production (PDP) sur un horizon de planification de plusieurs semaines à plusieurs mois (plus précisément de 1,5 à 2 fois le cycle de production). Ce type de pilotage s'est particulièrement développé avec la création du MRP (Material Requirements Planning ou calcul des besoins nets) puis du MRP2 (Manufacturing Ressource Planning ou Management des Ressources de Production) [ORLICKY 75],[WIGHT 84]. Le flux d'informations est déconnecté du flux de produits de par sa centralisation. B) Pilotage par l'aval et décentralisé : C'est le mode de pilotage développé par l'industrie japonaise au début des années 60 et baptisé "Kanban", du nom des étiquettes servant d'ordres de fabrication [SHINGO 90]. Il est adapté aux productions en séries répétitives avec une demande régulière. C'est essentiellement un système de pilotage de l'atelier, ce qui fait qu'il est souvent couplé avec un système centralisé de type MRP. Le flux de produits est tiré par l'aval (le client), ce qui correspond à un flux d'informations remontant à contre-courant le flux physique. C) Pilotage par l'amont et décentralisé : Le flux de produit est dans ce cas poussé par l'amont. Ce pilotage est bien adapté à la fabrication sur commande de produits non planifiables, par petites séries non nécessairement répétitives [MULKENS 93]. D) Pilotage synchronisé entre flux physique et flux informationnel : Ce pilotage est particulièrement adapté aux processus dont le transfert de produit est automatisé (système de convoyage, chariots filoguidés, etc...). On peut ainsi associer à chaque produit toutes les informations nécessaires à son élaboration (par exemple à partir d'étiquettes électroniques) [MULKENS 93].