EVOLUTION DU SITE DE L’USINE
Au tournant du XXème siècle, la production chocolatière
ne cessant de s’accroître, les Menier décident de construire
un nouveau bâtiment pour le mélange du sucre et du ca-
cao, opération auparavant effectuée dans le moulin.
Implantée sur l’île à l’emplacement d’une usine à gaz qui
sera détruite, la nouvelle chocolaterie, surnommée par les
ouvriers la Cathédrale , sera reliée aux ateliers de dressage
et empaquetage sur l’autre rive, par un pont couvert d’une
verrière : le pont Hardi.
Afin de conserver son hégémonie, largement entamée par
des concurrents étrangers sur un marché en cours de diver-
sification, l’entreprise procède dès le début du XXème siè-
cle à l’étoffement de son catalogue, en proposant notam-
ment des produits nouveaux tels que les confiseries. Ceux-
ci sont alors fabriqués dans un nouveau bâtiment cons-
truit dans les années 1920 sur l’île, près de la
Cathédrale et de l’imprimerie.
Dans les années qui suivent le départ des Menier en 1959, l’usine est peu à peu désaffectée et seuls quelques ate-
liers conserveront une activité, sous la direction de la société Rowntree Mackintosh.
La lente agonie de l’usine est bientôt stoppée par la reconnaissance de la richesse patrimoniale et historique du site.
Parallèlement, la prise de conscience nationale de l’intérêt de préserver, conserver, voire réhabiliter le patrimoine
industriel, permet à certains bâtiments de l’ancienne chocolaterie de faire l’objet de procédures de protection par
leur inscription sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques ou leur classement. Ce fut le cas de la
halle des refroidisseurs, de la Cathédrale et du Pont Hardi ainsi que du moulin Saulnier.
Après le rachat de Rowntree par Nestlé en 1988, le site de la chocolaterie tombe naturellement dans le panier de la
multinationale suisse, qui décide en 1991, l’arrêt total de l’activité de l’usine.
De nombreuses inquiétudes quant à l’avenir du site se font jour. Acteurs locaux et amoureux du patrimoine se
voient proposer de nombreux projets, notamment de complexes touristiques et hôteliers. Cependant, la direction de
Nestlé France à la recherche d’un site où installer son siège social et réunir l’ensemble des unités opérationnelles
du groupe propose de s’y réinstaller, d’une tout autre manière. (voir chapitre sur la réhabilitation)
Le bruit des grues remplace bientôt celui des machines de la chocolaterie pour faire de l’usine une des réhabilita-
tions les plus exemplaires du moment, menée par le cabinet d’architectes Reichen et Robert.
De nombreux éléments parasites sont abattus (cheminée, centrale thermique), certains bâtiments, désormais
inadaptés sont totalement vidés et réaménagés, tandis que les édifices les plus somptueux, sont minutieusement
nettoyés et restaurés (le moulin, la halle des refroidisseurs, la Cathédrale). Tout en respectant l’environnement
végétal et architectural du site, de nouveaux bâtiments, d’un aspect résolument moderne, sont ajoutés, achevant de
replacer l’usine dans notre époque.
Pendant la seconde guerre mondiale, les ate-
liers sont partagés afin d’accueillir l’empa-
quetage de tabac et la fabrication de tisanes
venus s’ajouter à celle du chocolat, afin de
compenser une baisse inéluctable de la
consommation durant le conflit.
Si l’entreprise retrouve une certaine crois-
sance après la guerre, certains bâtiments
comme la Cathédrale, bien qu’épargnés par
les destructions de la guerre, n’en seront pas
moins désaffectés, victime de la perte des
parts de marché du chocolat Menier. L’usine
est bientôt en surcapacité de production face à
une diminution de la demande, entraînant les
premières vagues massives de licenciements.
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