Applications du théorème de Rolle 419
Le théorème de Rolle nous dit alors qu’il existe un réel c∈]a, b[tel que g0(c) = 0,ce qui équivaut
àf0(c)
f(c)=g0(c)
g(c).
Pour gconstante égale à 1,on retrouve le théorème de Rolle.
Exercice 20.2 Montrer que si f: [0,1] →Rest telle que Z1
0
f(t)dt =1
2,alors fa un point
fixe dans ]0,1[ .
Solution 20.2 La fonction gdéfinie sur [0,1] par g(x) = Zx
0
f(t)dt −x2
2est continue sur
[0,1] ,dérivable sur ]0,1[ avec g(0) = g(1) = 0.Le théorème de Rolle nous dit alors qu’il existe
c∈]0,1[ tel que g0(c) = 0,ce qui signifie f(c) = c.
20.2.2 Sur les racines de polynômes réels
Théorème 20.8 Si Pest un polynôme réel de degré n≥2scindé sur Ralors il en est de
même de son polynôme dérivé.
Précisément si λ1< λ2<··· < λpsont les racines réelles distinctes de Pavec p≥2,la racine
λjétant de multiplicité mj≥1(p
P
j=1
mj=n), alors le polynôme dérivé P0admet les réels λj
pour racines de multiplicités respectives mj−1,pour 1≤j≤p(une multiplicité nulle signifie
que λjn’est pas racine de P0) et des racines simples µj∈]λj, λj+1[pour 1≤j≤p−1.
Démonstration. Pour j∈ {1,··· , p}tel que mj≥2, λjest racine d’ordre mj−1du
polynôme P0.Ce qui donne p
P
j=1
(mj−1) = n−pracines réelles pour P0.D’autre part, le
théorème de Rolle nous dit que pour tout jdans {1,··· , p −1}il existe µj∈]λj+1, λj[tel que
P0(µj) = 0,ce qui donne p−1racines réelles supplémentaires et distinctes pour P0.On a donc
un total de n−1racines réelles pour P0et les µjsont nécessairement simples.
On peut remarquer que toutes les racines de P0sont dans l’intervalle [λ1, λp].
De manière plus générale, si Pest un polynôme non constant à coefficients complexes, alors
les racines du polynôme dérivé P0sont dans l’enveloppe convexe de l’ensemble des racines de
P(théorème de Lucas).
Exercice 20.3 Soient n≥2, a, b réels et P(x) = xn+ax +b. Montrer que si nest pair alors
Pa0,1ou 2racines réelles et si nest impair alors Pa1,2ou 3racines réelles.
Solution 20.3 On utilise la conséquence suivante du théorème de Rolle : si fest une fonction
dérivable sur un intervalle Iet à valeurs réelles telle que f0admette exactement pracines réelles
distinctes avec p≥0,alors fa au plus p+ 1 racines réelles distinctes. En effet, si fap+ 2
racines réelles λ1< λ2<··· < λp+2,le théorème de Rolle nous assure l’existence d’au moins
une racine réelle sur chaque intervalle ]λk, λk+1[pour kcompris entre 1et p+ 1,ce qui donne
au moins p+ 1 racines distinctes pour f0.
Supposons npair. On a alors P00 (x) = n(n−1) xn−2>0pour tout réel non nul xet P0est
strictement croissante sur Rde degré impair, elle s’annule donc une fois (théorème des valeurs
intermédiaires) et une seule (P0est injective). Avec le théorème de Rolle on déduit alors que P
s’annule au plus 2fois.
Supposons nimpair. Alors P0est strictement décroissante sur ]−∞,0[ ,strictement croissante
sur ]0,+∞[,avec P0(0) = a. Il résulte que P0a2racines réelles −ρet ρ > 0si a < 0,0pour
unique racine réelle si a= 0 et pas de racine réelle si a > 0.Avec la théorème de Rolle, on
déduit alors que Pa au plus 3racines réelles.