Etude nationale La formation professionnelle et la protection

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Etude nationale
La formation professionnelle et la
protection de l’environnement
Côte d’Ivoire
Ce projet est financé par
l’Union européenne
Ce projet est mis en œuvre par
sequa gGmbH
Etude nationale: La FP et la protection de l’environnement en Côte d’Ivoire
Table de Matière
INTRODUCTION
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1. DONNEES GENERALES SUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
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2. LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET LA FORMATION
PROFESSIONNELLE
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3. CRITIQUES, POSSIBILITES, PERSPECTIVES
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« Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles de la
Commission européenne »
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Etude nationale: La FP et la protection de l’environnement en Côte d’Ivoire
Introduction
Dans le cadre du projet RIFA, la Chambre Nationale des Métiers de Côte d’Ivoire (CNMCI)
et la Chambre des Métiers de la Saar ont réalisé une étude sur la formation professionnelle et
la protection de l’environnement en Côte d’Ivoire.
Cette étude fait partie d’une série d’études conduites dans les pays partenaires du projet
RIFA, notamment au Bénin, au Maroc, au Brésil, au Guatemala, au Salvador et au Honduras.
Les résultats des études seront présentés aux autres délégations lors de la conférence
interrégionale pour permettre un échange de connaissances et de bonnes pratiques puis, une
fois enrichis par les informations de la conférence interrégionale, les résultats seront aussi
présentés lors de la conférence nationale.
L’étude a été structurée par un questionnaire préparé par bfz, partenaire du projet RIFA.
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Etude nationale: La FP et la protection de l’environnement en Côte d’Ivoire
1. Données générales sur la protection de
l’environnement
Depuis son indépendance, la Côte d’Ivoire a entrepris d’améliorer la gestion de
l’environnement, que ce soit sur le plan institutionnel que juridique. Ainsi, plusieurs
institutions en charge de la gestion de l’environnement ont été créés, à commencer par la
commission nationale de l’environnement en 1973 et la création d’un Ministère de
l’Environnement en 1981.
Le pays a confirmé son engagement face aux objectifs du millénaire pour le développement
(OMD), surtout le septième portant sur la durabilité environnementale qui exige l’intégration
des principes de développement durable dans les politiques et les programmes du pays. La
Côte d’Ivoire a ratifié pratiquement tous les textes internationaux portant sur la protection de
l’environnement. Ensuite, elle s’est dotée d’une Commission Nationale du Développement
Durable (CNDD) créée et rendue opérationnelle en novembre 2005 par l’établissement de son
Secrétariat Permanent. En outre, en 2011, elle a renforcé ce cadre institutionnel par la création
d’un Ministère de l’Environnement et du Développement Durable.
Sur le plan juridique, la Côte d’Ivoire s’est véritablement engagée dans le processus de la
protection de l’Environnement par l’élaboration, en 1995 du Plan National d’Actions pour
l’Environnement (PNAE). Ce programme (1996-2010) contient dix volets :
-
Développement agricole durable ;
Préservation de la biodiversité
Gestion des établissements humains ;
Gestion de l’espace littoral ;
Lutte contre les pollutions et les nuisances ;
Gestion intégrée de l’eau ;
Amélioration de la gestion des ressources énergétiques ;
Recherche, éducation, formation et sensibilisation ;
Gestion intégrée et coordonnée de l’information environnementale ;
Amélioration du cadre de vie.
Son application a commencé par l’adoption d’une loi-cadre portant Code de l’Environnement
en 1996 (loi 96-766 du 03 octobre 1996 portant Code de l’Environnement) et ses décrets
d’application, notamment les décrets 96-894 déterminant les règles et procédures applicables
aux études d’impact environnemental ; 97-678 du 3 décembre 1997 portant protection de
l’environnement marin et lagunaire contre la pollution ; 98-43 du 28 janvier 1998 relatif aux
installations classées pour la protection de l’Environnement, le Code de l’eau et ses décrets
d’application ainsi que le code minier, le code maritime, etc.
Cependant, plusieurs problèmes subsistent au niveau de la gestion de l’environnement dont
l’insuffisance du cadre institutionnel et juridique. En effet, plusieurs décrets d’applications
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des lois citées plus haut ne sont pas encore pris et les structures, si elles sont mises en place,
n’ont pas encore le potentiel nécessaire pour accomplir leur tâches.
En ce qui concerne les entreprises, un mécanisme est mis en place pour le contrôle de leur
dispositif de protection de l’environnement. Il s’agit du service d’inspection des installations
classées. Les inspections sont faites pour amener les entreprises à se conformer aux
prescriptions environnementales. Par ailleurs, les projets sont soumis à une étude d’impact,
une évaluation environnementale, un audit environnemental selon leur taille.
Cependant, le nouveau code des investissements prévoit des stimulants pour l’installation
d’entreprises ayant des dispositifs de protection de l’environnement. Ces mêmes stimulants
sont prévus dans les dispositions à paraître au niveau des politiques et stratégies de
l’environnement et du développement durable. Les dispositions dont le principe du pollueur
payeur ne sont pas encore prises. Mais, des ONG ou les groupes de populations constituent
aussi des groupes de pression pour amener certaines entreprises polluantes à prendre des
dispositions de protection de l’environnement.
Il convient de signaler que les dispositions ne sont pas toujours respectées par les entreprises.
Ce qui entraine souvent des rejets dans la nature de produits ou déchets.
Les régulations environnementales sont perçues comme une charge par les entreprises. En
effet, l’étude d’impact préliminaire n’est pas souvent évaluée dans le coût d’installation des
entreprises. De plus, les promoteurs n’ont pas toujours la culture environnementale pour
mieux apprécier l’avantage de se conformer aux prescriptions.
Cependant, certaines entreprises s’y conforment de plus en plus et il devient systématique de
faire son étude d’impact avant toute implantation. En effet, avec la sensibilisation, les
avantages comme la santé du personnel, l’hygiène des produits, l’impact de la salubrité des
lieux, sont vus comme tels par les promoteurs.
2. La protection de l’environnement et la formation
professionnelle
Au demeurant, la protection de l’environnement est encore au stade embryonnaire dans la
formation en Côte d’Ivoire. En effet, elle est enseignée à travers la matière dite SVT (Science
de la vie et de la terre) ou ECM (Education Civique et Morale) au collège et au niveau du
primaire. Au Supérieur, l’on note l’existence d’une Université dédiée à l’Environnement, de
l’Institut National Polytechnique HB. Mais les modules dans les collèges et les écoles
primaires ne traitent pas de la préservation de l’environnement.
La prise de conscience, ces dernières années, a fait naître quelques écoles traitant du sujet au
niveau du privé. Ainsi, quelques écoles supérieures forment des BTS (brevet de technicien
supérieur) et des DUT (diplôme universitaire de technologie) en Environnement, mais dans
des domaines spécifiques (Gestion des déchets, qualité des eaux, assainissement) ou encore
des masters en développement durable, mais essentiellement au niveau du privé. L’on note
également des modules de formation continue délivrés par des cabinets de formation.
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Les formations se sont spécialisées dans des disciplines traditionnelles telles que les travaux
publics (spécialité hydraulique, hydrologie), les eaux et forêts, l’électronique industrielle, les
énergies nouvelles, la biologie, la botanique ; mais tout cela est remarqué au niveau supérieur,
en dehors des lycées agricoles.
Ainsi donc, les professions dans le domaine de l’Environnement sont des professions de cadre
et non d’ouvriers. L’avènement de profession ouvrière en matière d’Environnement serait une
panacée pour la Côte d’Ivoire. Mais cela demande le développement de filières vertes et
l’adoption d’un profil de carrière pour la profession environnementale. En effet, les
possibilités de perfectionnement pour obtenir une qualification en matière de protection de
l’environnement sont quasi inexistantes. La nouvelle stratégie de développement durable (en
gestation) voudrait mettre l’accent sur cet aspect en préconisant l’introduction du
développement durable dans les cursus scolaires.
Au demeurant, la protection de l’environnement n’est pas une préoccupation pour certaines
entreprises, surtout les plus petites (PME/PMI). En effet, le profit étant mis au-devant de tout,
elles ne mettent pas en œuvre les prescriptions. Il convient de signaler aussi que la
nomenclature des installations classées ne prend pas en compte le secteur informel, qui
pourtant, porte également atteinte à l’environnement.
Les grosses entreprises sont celles-là qui prennent en compte le recyclage, la réduction de la
consommation d’énergie, pour leur propre profit (utilisation des tourteaux pour le chauffage
par les agro industries, recyclage de l’eau de refroidissement).
Certaines entreprises n’hésitent pas de plus en plus à employer des qualiticiens, à se faire
certifier. Mais tout cela pour mieux vendre leurs produits.
Au total, des possibilités de perfectionnement existent sur place pour une qualification
particulière en environnement. Ces perfectionnements sont offerts par des organismes ou des
cabinets de formation, des écoles privées et des instituts de formation. Certaines écoles
supérieures offrent des formations à la carte ou des formations continues.
3. Critiques, possibilités, perspectives
Les qualifications actuelles dans le domaine de l’environnement conservent certes leur utilité,
mais sont dépassées par les exigences d’une gestion intégrée de l’environnement dans le
contexte du Développement Durable. Il faut non seulement les redynamiser pour sortir du
cadre traditionnel, mais aussi développer des qualifications nouvelles. Ainsi on pourrait
former à la collecte et à la transformation des déchets, à la fabrication des emballages
biodégradables, à la valorisation des ressources génétiques, aux énergies nouvelles et
renouvelables.
Cela suppose la redéfinition des curricula dans le système de la formation professionnelle et la
création de centres de formation spécialisés dédiés à la protection de l’environnement car, le
rôle et la place réservés à la fonction de protection de l’environnement dans le système actuel
ne sont pas adéquats. Mais l’introduction de la protection de l’environnement dans
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l’enseignement professionnel va demander aux pouvoirs publics et aux promoteurs privés des
efforts supplémentaires dans la formation des formateurs.
Dans le système actuel, le nombre d’instructeurs est insuffisant, et ils ont une qualification de
niveau supérieur. Ils sont formés pour l’essentiel à l’université d’Abobo-Adjamé, dans les
écoles de travaux publics et dans les écoles spécialisée sous-régionales.
Malgré la montée en puissance du rôle de la protection de l’environnement les profils de
métiers n’ont pas évolué en fonction de cette donne importante. Pis encore dans
l’administration publique, il n’y a pas jusque-là un profil de carrière pour les agents de
l’environnement. Pourtant la vulgarisation des métiers dans la protection de l’environnement
impose la formation même d’ouvriers. La formation des ouvriers par l’ouverture des centres
de formation continue ou non ou bien des recyclages serait un soulagement pour les
populations et l’économie.
Il faut également procéder à une véritable éducation environnementale au-delà de l’aspect
professionnel. Cela signifie l’introduction de la protection de l’environnement dans
l’enseignement général et technique. Il faut par ailleurs organiser l’accès du public à
l’information environnementale et sa participation à la prise de décision en matière
d’environnement. Ces mesures doivent être complétées par des foires. Certes il existe déjà, la
quinzaine de l’environnement et la journée de l’arbre, organisées par les pouvoirs publics.
Mais ces événements n’impliquent pas suffisamment le public, réservés qu’ils sont aux agents
de l’administration. En développant par exemple les filières vertes, on inciterait le secteur
privé à organiser des foires sur des sujets importants de l’environnement. L’objectif est
d’arriver à faire de chaque habitant de la Côte d’Ivoire un éco citoyen.
Les média sont appelés à jouer un rôle important dans la sensibilisation du public sur les
questions d’environnement. Mais, ils ne jouent pas encore ce rôle suffisamment. Peut-être
parce que eux-mêmes n’ont pas la connaissance nécessaire du sujet ou par manque d’intérêt
pour un domaine qui pourtant, conditionne désormais la survie de l’humanité.
En Côte d’Ivoire, certaines questions comme la collecte des déchets, le recyclage, le
traitement des eaux usées, la pollution de l’air et du sol revêtent une importance particulière
en ce qu’elles posent le problème global de la pollution. En effet la ville d’Abidjan est
envahie par les dunes de déchets ménagers depuis au moins dix ans sans qu’il y ait une
politique cohérente et rationnelle en vue de leur enlèvement et élimination.
En plus de cette situation déjà catastrophique, il y a celle des déchets industriels qui a atteint
un seuil dramatique avec l’affaire du déversement des déchets toxiques dans la capitale. Mais
passée la période d’émoi, les média font très peu cas de ces déchets de tous ordres.
La réussite de l’éducation à l’environnement n’est pas que du ressort des média. Elle dépend
en grande partie des autorités politiques qui doivent agir sur le système de formation formel
notamment en émettant des exigences environnementales. Mais en dehors des écoles
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Etude nationale: La FP et la protection de l’environnement en Côte d’Ivoire
supérieures spécialisées, les pouvoirs publics ne formulent pas
environnementales particulières relativement à l’enseignement professionnel.
d’exigences
Aucune exigence n’est non plus adressée aux entreprises en matière de recyclage. Il n’y a que
des incitations sous la forme d’avantages fiscales. De sorte que le recyclage dépend de la
volonté des entreprises. Cependant, pour d’autres aspects tels que les études d’impact
environnemental, la pollution marine, il y a des exigences dont l’application est garantie par
l’existence d’une brigade.
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