MAPAR 199988
4.3. PETCO2 ESTIMATION DE LA PACO2: GRADIENT P(A-ET)CO2
En présence de conditions de mesure correctes : étalonnage effectué, absence de
fuite et fréquence respiratoire < 30 min-1, la PetCO2 permet l’estimation de la PaCO2
chez le sujet sain en ventilation spontanée. Sous anesthésie, en particulier en ventila-
tion mécanique, le gradient P(a-et)CO2 ne peut être négligé.
Ce gradient varie d’un patient à un autre et augmente avec l’âge, le tabagisme, la
classe ASA, la pathologie pulmonaire (surtout en cas d’embolie pulmonaire) et la bais-
se du débit cardiaque. Il n’est pas stable au cours de l’anesthésie, pouvant varier de 4,5
à 13 mmHg [2]. Il est aussi plus faible chez la femme enceinte [3] et chez l’enfant.
L’emplacement de la prise d’échantillon peut influencer le gradient, plus l’empla-
cement est proche du patient, plus le gradient est faible (diminution de l’espace mort
instrumental) [4].
Certaines manœuvres, comme une simple expiration prolongée, ont été proposées
pour réduire P(a-et)CO2[5]. Sur une série de 16 patients devant subir une œsophagec-
tomie thoraco-abdominale, Tavernier et al. [6] ont montré la diminution du gradient
P(a-et)CO2, après une expiration prolongée ou une expiration prolongée précédée d’une
hyperinflation des poumons, celui ci passant de 1,3 ±0,4 kPa à respectivement
0,8 ±0,5 kPa et 0,6 ±0,5 kPa. L’auteur conclue néanmoins que, du fait de l’extrême
variabilité interindividuelle, ces manœuvres ne permettent pas d’améliorer l’évaluation
correcte de la PaCO2 par la PetCO2.
Toutefois, la PetCO2 permet d’identifier les hypercapnies et les hypocapnies les
plus sévères. Un objectif de PetCO2 comprise entre 30 et 35 mmHg, correspond le plus
souvent à une normocapnie (35 à 45 mmHg).
Même chez des patients sans antécédents respiratoires, certaines situations opéra-
toires élargissent le gradient au point de rendre impossible l’extrapolation de la valeur
de PaCO2 à partir de la mesure de PetCO2. C’est ainsi le cas de la position de lomboto-
mie, où le gradient P(a-et)CO2 passe de 4,8 ±3,9 mmHg, en décubitus dorsal, à
7,9 ±3,5 mmHg (p < 0,01), en lombotomie, sans changement hémodynamique nota-
ble [7].
4.4. PICO2: TEMOIN DE REINHALATION
Une PICO2 supérieure à 0 indique une réinhalation du CO2 expiré, et doit faire
suspecter un épuisement de la chaux sodée ou une panne du système d’anesthésie. Son
intérêt est évident en cas d’anesthésie à bas débit de gaz frais (circuit filtre). Il est tout
aussi indispensable avec les systèmes dit ouverts : ils peuvent être sujet à des dysfonc-
tionnements et certains d’entre eux impliquent une réinhalation partielle des gaz expirés
(Mapleson, Circuit de Bain).
4.5. VARIATION DE LA PETCO2 ET DEBIT CARDIAQUE (DC)
Il est maintenant bien démontré qu’il existe une corrélation entre les variations de la
PetCO2 et du DC [8, 9], et cela même pour des DC extrêmement faibles [10]. Deux
mécanismes ont été proposés pour expliquer cette relation entre le DC et la PetCO2: la
diminution de la délivrance du CO2 aux poumons et l’augmentation du nombre d’al-
véoles à haut VA/Q, augmentant le rapport espace mort alvéolaire / volume courant
(Vd/Vt). Cette augmentation du rapport Vd/Vt est en relation avec la diminution du
débit sanguin pulmonaire. La corrélation entre les variations de la PetCO2 et du DC est
la même qu’entre celles de l’élimination du CO2 (VECO2) et du DC (Figure 2 et 3).