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L’infection est grave par ses conséquences.
C’est un facteur de déclenchement de réponse inflammatoire et, de là, de
défaillance multiviscérale. L’effort supplémentaire demandé peut aggraver une
insuffisance cardiaque systolique et déclencher par la tachycardie un épisode
d’insuffisance cardiaque diastolique.
Toute inflammation sévère entraîne une fatigue, qui, si elle est impor-
tante, est une cause d’immobilisation avec tous ses risques. Il est essentiel de
limiter la période d’alitement, de reprendre une mobilisation et une verticalisa-
tion dès que l’état du malade le permet.
Les infections sont une cause de complications liées aux médica-
ments. Chez le malade âgé polypathologique, donc polymédicamenté, on ne
pense jamais assez à suspendre momentanément certains des traitements de
prévention au long cours qui n’ont aucun intérêt en cette phase aiguë.
On ne pense parfois pas à arrêter les traitements rendus dangereux par
les modifications métaboliques dues à l’infection : par exemple, les antihyper-
tenseurs chez des malades en risque de bas débit, les médicaments pouvant
altérer la fonction rénale chez des malades avec filtration glomérulaire altérée à
qui on prescrit d’autres médicaments d’élimination rénale.
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Une clinique atypique
Le diagnostic peut être facile : fièvre et signe de localisation indiquant le siège
de la maladie. La clinique est souvent moins évocatrice : le malade peu fébrile,
parfois en hypothermie, la toux peut être remplacée par un encombrement
bronchique, l’interrogatoire rendu impossible par une somnolence ou une
confusion. L’infection doit être suspectée devant toute modification du com-
portement : somnolence (ou agitation), confusion, déshydratation, fatigue,
dysurie, diarrhée, sueurs, signes d’insuffisance cardiaque. Chez les malades
incapables d’expression verbale, l’infection doit être suspectée lors de tout
nouveau symptôme.
L’examen physique recherche un signe de localisation : auscultation
pulmonaire, cardiaque, palpation de l’abdomen, des lombes, des bourses, exa-
men cutané à la recherche d’une éruption et oropharyngé, palpation des aires
ganglionnaires, recherche d’une raideur de la nuque, otoscopie, toucher rectal
pour la prostate.
Les signes de gravité sont l’hypotension, le pouls filant, la torpeur, la
cyanose (ou un teint terreux), une tachycardie dissociée de la température.
ABORD CLINIQUE DU MALADE ÂGÉ
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