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L'Europe centrale se retrouve divisée par des questions nationales et
territoriales et les foyers de crise sont nombreux.
Les nouvelles frontières font vivre deux millions de Hongrois en Roumanie ou
en Tchécoslovaquie.
La Pologne est en conflit avec la Lituanie au sujet de Vilnius : la ville est
surtout peuplée de Polonais, mais sa province, majoritairement russe et lituanienne,
est revendiquée par la Lituanie. Au sud-est, c'est avec la Tchécoslovaquie qu'il y a un
conflit au sujet de la Silésie, riche en charbon. Les frontières avec la Russie n'ont été
fixées en 1919 que de manière provisoire et dès 1920, elles deviennent cause de
guerre.
La Grèce et la Turquie sont également en conflit. A la tête du mouvement
révolutionnaire turc, Mustapha Kemal obtient par le traité de Lausanne la révision de
celui de Sèvres. Le tracé de la nouvelle frontière conduit à un grand déplacement de
population entre la Grèce et la jeune République de Turquie.
Contrairement aux promesses de 1915, l'Italie n'a pas reçu la Dalmatie, réunie à
la Yougoslavie et s'en montre aigrie. En effet, la politique wilsonienne ignore les
accords secrets entre les Alliés. Déçus, des nationalistes diffusent le thème de "la
victoire mutilée". En réalité, elle a tout intérêt à gagner de la disparition de son vieux
rival qu'était l'Autriche-Hongrie.
La paix, œuvre fragile
L'absence des vaincus à la conférence de paix semble également une fragilité
des traités. Ils sont très vite contestés car ils apparaissent comme "la paix des
vainqueurs" et non pas comme une œuvre de conciliation.
En Allemagne, la population et la classe dirigeante n'acceptent pas le traité de
Versailles, considéré comme une paix dictée par la force, un "Diktat". A l'est, la
création du corridor de Dantzig qui sépare la Prusse orientale l'indigne. Le traité est
donc perçu comme injuste et l'Allemagne cherche par tous les moyens à en obtenir la
révision. En plus des réparations imposées à un pays lui-même très affaibli,
l'occupation de la Ruhr achève de ruiner l'Allemagne et conduit à une grave crise
économique.
Wilson se heurte à l'opposition du Congrès américain qui repousse le traité de
Versailles et n'accepte pas de n'avoir qu'une seule voix à la S.D.N. Après l'élection de
Harding en 1920, les États-Unis signent un traité séparé avec l'Allemagne et refusent
de siéger à la S.D.N. Cette abstention américaine affaiblit la S.D.N. dès sa création.
Ce refus américain, mais également chinois, de les ratifier apparaît comme la
plus grande faiblesse des traités.
Si l'Angleterre est prête à s'allier aussi bien à l'Allemagne qu'à la Russie, pour
défendre ses intérêts économiques, elle refuse d'assumer seule le système de garanties
promis à la France dont l'Amérique s'est retirée.
La France se trouve donc dans la solitude. Sa politique extérieure se fonde sur
l'application du traité de Versailles. Pourtant, de nombreux députés ne l'approuvent
pas, à l'instar de Foch qui estime que ce texte compromet la sécurité en France.
La paix, œuvre lacunaire
Parmi les lacunes des traités apparaît le fait d'avoir totalement laissé de côté le
problème de la Russie. Sous prétexte qu'elle a déjà signé avec l'Allemagne une paix
séparée des Alliés et qu'elle refuse de payer les dettes de régime tsariste, la jeune