Le cerveau, le scientifique et l’oiseau chat Le cerveau Le scientifique L’oiseau chat Kookaburra Oiseau lyre La méthode scientifique (1) La méthode scientifique repose sur un ensemble de techniques utilisées pour: • comprendre des phénomènes • acquérir de nouvelles connaissances • corriger et intégrer des connaissances précédentes Pour collecter des preuves observables et mesurables, le scientifique utilise des règles établies de raisonnement. Le processus doit être 1) le plus objectif possible et 2) contrôlé par d’autres chercheurs. La méthode scientifique (2) La méthode scientifique L’exemple de l’ADN L’état de l’art En 1950 on sait que: • La transmission des gènes suit des lois mathématiques • Le mécanisme de fonctionnement du gène est incompris • En 1889, Richard Altmann isole de l’acide nucléique (en réalité de l’ADN) à partir de sperme de saumon • En 1929, Phoebus Levene identifie les composants (quatre bases, un sucre, la chaîne phosphate) et montre qu’ils sont liés dans l’ordre phosphate-sucre-base. Il suggère que les nucléotides sont associés de manière linéaire et toujours dans le même ordre. • En 1937, William Astbury réalise la première image de l’ADN après diffraction aux rayons X. Des hélices mais… Combien de brins? Le même nombre de brins pour chaque hélice? Les bases sont elles orientées vers l’extérieur ou l’intérieur? Quels sont les angles et les coordonnées des liens? La méthode scientifique L’exemple de l’ADN L’hypothèse Sur la base de ses travaux de cristallographie, Linus Pauling proposa que l’ADN était une triple hélice. Francis Crick et James Watson comprirent que Pauling avait tort et que bientôt il réaliserait son erreur. Ils imaginaient, eux, que l’ADN était une double hélice. La course était commencée Une course à trois Rosalind Franklin Maurice Wilkins King’s College, London Linus Pauling Caltech, USA Francis Crick James Watson Cambridge Un duo doué et chanceux Visite d’Erwin Chargaff en 1952 dans le labo de Cambridge. En 1947, il avait observé que la proportion des nucléotides variait d’un échantillon à l’autre mais pour certaines paires (A/T; C/G) le nombre de bases est identique. Résultats non publiés (MRC et assistance de Max Perutz) de Rosalind Franklin qui confirment que le squelette est à l’extérieur, symétrique et les deux brins sont arrangés dans des directions opposées. La photo 51 de Franklin fut montré à Crick et Watson qui en déduisirent que la distance entre les deux brins était constante (égale à 2 nanomètres) et que le pas de l’hélice était de 3.4 nanomètre par dizaine de paires de bases. Enfin Jerry Donohue explique à Watson que les livres rapportent une version erronée de la structure des bases (forme keto et non enol du tautomère) La méthode scientifique L’exemple de l’ADN La prédiction Si l’ADN est une double hélice, l’image diffractée par les rayons X de la molécule devrait représenter un X. La méthode scientifique L’exemple de l’ADN Les expériences Après de nombreuses expériences infructueuses et malgré les incitations des supérieurs à tout arrêter, Watson et Crick ont modélisé la molécule d’ADN en s’aidant des images de Rosalind Franklin et des longueurs des liaisons calculés par Linus Pauling. Un trio récompensé •Conclusion de la modélisation: 21 février 1953 •Annonce de leur découverte: 28 février 1953 •Publication dans Nature: 25 avril 1953. Molecular structure of nucleic acids. deoxyribose nucleic acid A structure for « It has not escaped our notice that the specific pairing we have postulated immediately suggests a possible copying mechanism for the genetic material », Nature, 1953 •Formulation du « Dogme Central »: 1957 •Confirmation du Dogme: expérience de MeselsonStahl en 1958 •Prix Nobel de Médecine à Crick, Watson et Wilkins en 1962 L’article scientifique Un canevas immuable Un résumé •La question scientifique •Les méthodes employées •Les résultats •Une brève discussion et conclusion La démonstration •Introduction •Matériels et méthodes •Résultats •Discussion •Conclusion La méthode scientifique L’exemple de l’ADN La méthode scientifique n’est pas une recette. Elle requiert intelligence, imagination, créativité et chance. Le scientifique se tient sur les épaules d’un géant «Lorsque j’ai commencé la recherche en 1950, j’ai eu la chance d’arriver au bon endroit et au bon moment. Au bon endroit, parce que là-haut, dans les combles de l’Institut Pasteur, une nouvelle discipline émergeait dans un climat fait d’enthousiasme, de lucidité critique, de non conformisme et d’amitié. Au bon moment parce qu’à l’époque, la biologie bouillonnait d’activité; son mode de pensée changeait, on découvrait dans les micro-organismes un matériau nouveau et simple, les liens avec la physique et la chimie se resserraient. C’était un de ces moments uniques où l’ignorance peut devenir une vertu » François Jacob, 1965 Serendipity: la chance en langage scientifique Invention d’un mot à partir d’un livre de contes par Horace Walpole en janvier 1754 Serendipity is the effect by which one accidentally discovers something fortunate, especially while looking for something else entirely. Serendip = Ceylan = Sri Lanka « Pour découvrir, il faut de la chance, de l’invention et de l’intelligence; l’une de ces qualités ne suffit pas: il les faut toutes ensemble » Von Goethe L’«électricité animale» de Galvani Luigi Galvani, Bologna, 1737 - 1798 Durant un orage, Galvani suspendit les muscles d’une grenouille sur des crochets en laiton, eux mêmes placés sur un treillis en fer. A chaque éclair, les muscles se contractaient. De la même manière, les muscles se contractaient s’ils étaient touchés simultanément par les crochets en laiton et le treillis en fer. Il fit l’hypothèse que le muscle génère une “électricité animale”. De son côté, à partir de l'observation de Galvani, Alessandro Volta a l'intuition que la production d'électricité est liée à la présence de métaux différents, reliés par un conducteur (la cuisse), ce qui lui permet d'inventer la pile électrique en remplaçant la cuisse par du carton imbibé d'eau salée. Cette différence d'interprétation a donné lieu à une féroce controverse entre Volta et Galvani. Galvani ne voulut pas démordre de sa théorie et mourut désenchanté en 1798. A droite, la bouteille de Leyde, un appareil permettant de stocker l’électricité statique. Un jour, alors qu’il avait suspendu les muscles de la patte d’une grenouille sur un support métallique, la décharge d’une bouteille de Leyde posée à côté produisit une étincelle qui, d’après Galvani, coincida avec une contraction des muscles. Même phénomène lorsque les muscles sont touchés avec un scalpel métallique. Les expériences de Galvani ont permis de jeter les bases de la neurophysiologie. Les nerfs sont des conducteurs électriques et non pas, comme le croyait Descartes, des canaux remplis de fluide. « … et avec tout le respect dû au génie de Goethe, j’ajouterai : mais la patience et l’espoir y jouent un rôle esssentiel » Helmut Stähle La clonidine et ses avatars Helmut Stälhe, qui travaillait pour Boehringer, recherchait un vasoconstricteur pour remédier aux écoulements nasaux consécutifs à un refroidissement. Il synthétisa une série d’analogues des imidazolines. L’un d’entre eux, la clonidine, fut confié au Dr Wolf, responsable des tests humains. Ce dernier l’expérimenta sur sa secrétaire. Il lui instilla dans le nez une solution de clonidine à 0.3%. Cette dernière tomba dans un sommeil qui dura 24 heures et subit une forte chute de tension. Il fut démontré par la suite que la clonidine stimule les adrénorécepteurs alpha centraux, responsable de l’activité du système nerveux sympathique périphérique. Georges Albert Édouard Brutus Gilles de la Tourette Inhibition transmission Contraction muscles lisses Contraction muscles lisses Contraction muscle cardiaque Relaxation muscles lisses En faisant croire au cerveau que le niveau de catécholamines est supérieur à ce qu’il est réellement, la clonidine induit une réduction des signaux envoyés aux glandes surrénales qui, à leur tour, réduisent la production de catécholamines. Conséquences: baisse du rythme cardiaque et de la pression artérielle; bouche sèche et fatigue. L’expérience de Wolf déboucha sur l’élaboration d’un médicament hypotenseur qui s’avéra, par la suite, utile pour le traitement du glaucome et de la migraine. Il est également utilisé pour soigner les enfants victimes du syndrome de Tourette, une affection neurologique caractérisée par des perturbations du système moteur et des comportements compulsifs, notamment la répétition d’obscénités. Autres usages: lutte contre l’insomnie, la sudation, les désordres de l’attention… «Si nous ne sommes pas prêts à poser nos questions sous un nouvel angle, nous ne sommes pas à même d’aller au-delà de la première question que nous avons formulée » G.F. Kneller Mutations et machine à sous A la fin des années quarante, Luria travaillait un été avec Max Delbrück sur la génétique des bactériophages (les virus qui s’attaquent aux bactéries). Il était intrigué par le fait que des bacilles résistaient à l’attaque des virus. Il se demanda si la mutation était produite par l’agent infectieux ou s’il s’agissait d’une mutation spontanée. « La solution me vint en février 1943 lors d’une soirée dansante à l’université d’Indiana. Pendant une pause de l’orchestre, je me retrouvai à côté d’une machine à sous dans laquelle un collègue enfilait sans répit des pièces de monnaie. Bien entendu, il perdait la plupart du temps. N’étant pas joueur moi-même, j’entrepris de lui faire la morale, lorsqu’il toucha soudain un jackpot d’environ 3 dollars. L’incident me laissa songeur et il m’apparut bientôt que les machines à sous et les mutations bactériennes avaient d’étroits points communs » 1912-1991 Prix Nobel Médecine 1969 Médecin en 1935, Salvatore Luria prend connaissance des théories de Max Delbrück sur les gènes en tant que molécule. En 1938, il reçoit une bourse mais le régime fasciste bannit les juifs. Luria gagne Paris et, après l’invasion allemande, fuit à bicyclette jusqu’à Marseille. Il obtient alors un visa pour les USA. Si la résistance se développe de façon aléatoire au contact des bactériophages, le nombre de cellules résistantes devrait être constant, conformément aux lois de la statistique. Si la résistance résulte d’une mutation spontanée, le nombre de cellules résistantes dépendra du nombre de mutations enregistrées avant l’infection. En d’autres termes, le nombre de mutants variera d’une culture à l’autre. Luria démontra que l'apparition aléatoire de bactéries mutantes pouvait conférer une résistance à un virus même si celui-ci n'est pas présent. Cela permet d’expliquer comment les bactéries développent des résistances aux antibiotiques. «Je remercie Dieu de ne pas avoir fait de moi un manipulateur doué; la plupart de mes découvertes importantes, je les ai trouvées dans mes échecs » Humphrey Davy L’éprouvette brisée En 1952, Luria fit une découverte accidentelle. Il poursuivait son étude du processus d’infection par les phages. Luria avait trouvé un phage mutant qui infectait son hôte bactérien mais ne pouvait s’y reproduire. Un jour qu’il s’apprêtait à étudier cette infection non productive, son éprouvette se brisa. Son collègue, Gio Bertani lui donna alors une culture d’une bactérie apparentée. Mais, celle-ci, une fois infectée, produisit une quantité abondante de phages incapables d’infecter les cellules hôtes initiales (colibacilles). Il découvrit ainsi que des lignées spécifiques de bactérie produisent des enzymes capables de couper l'ADN au niveau de certaines séquences spécifiques. Ces enzymes prirent le nom d'enzymes de restriction (on en connaît aujourd’hui plus 700) et sont devenues un des principaux outils de la biologie moléculaire actuelle. 1912-1991 Prix Nobel Médecine 1969 De 1943 à 1950, Luria travaille à l'université d'Indiana. Son premier étudiant de troisième cycle est un certain James D. Watson. Luria était également un homme engagé. Il protesta contre les tests d'armes nucléaires et la guerre du Vietnam. « Je n’ai jamais été un expérimentateur très soigneux mais, cette fois, la casse fut providentielle. (…) Ma découverte fut totalement accidentelle. Je m’efforçais d’expliquer une observation mineure et le résultat fut complètement inattendu, non prémédité » «Les graines des grandes découvertes flottent en permanence autour de nous, mais elles ne s’enracinent que dans les esprits préparés » Jacques Henry La pénicilline, 7 hasards 1881-1955 Prix Nobel Médecine 1945 Le 3 Septembre 1928, Alexander Fleming étudiait les propriétés des staphylocoques. Il avait la réputation d'être un chercheur remarquable mais négligent; il oubliait le plus souvent les cultures sur lesquelles il travaillait et son laboratoire était d'habitude en plein désordre. Après des grandes vacances, il remarqua que beaucoup de ses boîtes de culture avaient été contaminées par un champignon et les avait donc mises dans du désinfectant. Devant montrer son travail à un visiteur il récupéra certaines des boîtes qui n'avaient pas été complètement trempées et c'est alors qu'il remarqua autour d'un champignon une zone où les bactéries ne s'étaient pas développées. Il isola un extrait de la moisissure, l'identifia correctement comme appartenant à la famille du pénicillium et appela cet agent pénicilline. Ce n'était certes pas la première fois qu'une culture bactérienne était infectée; le génie d'Alexander Fleming est qu'il a compris l'importance du phénomène et l'a expliqué. Les 7 hasards • • • • • • • Laboratoire mycologie à l’étage inférieur La contamination accidentelle Les vacances Vague de froid Retour de la chaleur Staphylocoques sensibles Travail antérieur sur lysozyme «Celui qui n’est pas capable de voir ce qu’il trouve ne trouvera jamais ce qu’il cherche » Simon Roman L’anaphylaxie et l’homme de guerre portugais Charles Robert Richet (1850-1935) Prix Nobel Médecine 1913 « Ma découverte n’est en aucun cas le fruit d’une réflexion profonde, mais une simple observation, presque fortuite; de sorte que mon mérite fut de voir ce qui était évident avant moi » L'anaphylaxie est une réaction immunologique qui, au lieu de conférer une protection à l’animal ou à la personne après injection répétée de matériel protéinique, entraîne une hypersensibilité. Richet étudiait sur le yacht du Prince Albert de Monaco, le poison de Physalia physalis (homme de guerre portugais). Ce dernier peut être extrait des tentacules (2 à 3 m de long) par le glycérol et ensuite testé sur des animaux. « La dose létale était de 0,1 ml par kg mais certains chiens survivaient, soit que la dose ne fut pas assez forte, soit pour quelque autre raison. Comme ils semblaient normaux, je les réutilisais 2 ou 4 semaines plus tard pour une nouvelle expérience. Un phénomène inattendu survint, que nous jugeâmes extraordinaire. Un chien qui auparavant n’avait reçu que la dose la plus faible présenta immédiatement des symptômes sévères: vomissements, diarrhée sanglante, syncope, perte de conscience, asphyxie et mort » Physalia physalis La physalie n'est pas une méduse. Il s'agit d'un siphonophore, c'est-à-dire une colonie de 4 types de polypes soutenue par un flotteur de 10 à 20 cm. Richet répéta ces expériences et trouva que cette réaction anaphylactique était conditionnée par un contact antérieur avec l’antigène, que les symptômes étaient tout à fait différents de ceux provoqués par le contact initial et que l’état anaphylactique se manifestait après 3 à 4 semaines d’incubation. D’autres chercheurs découvrirent plus tard que non seulement les poisons mais toutes les protéines pouvaient déclencher une réaction anaphylactique. «L’expérience est l’unique interprète des artifices de la Nature » Léonard de Vinci Le LSD au bout des doigts Albert Hofmann à l’âge de 100 ans La dose choisie par Hofmann (environ 250 µg) représente trois à cinq fois la dose considérée aujourd'hui comme normale. Le LSD fait partie des plus puissants hallucinogènes connus. Son expérience a été baptisée "Jour du vélo" par les adeptes du LSD. Dans le cadre de recherches pharmaceutiques portant sur l'ergot de seigle et avec pour objectif de développer un stimulant circulatoire, Hofmann synthétise en 1938 différents dérivés amides de l'acide lysergique, parmi lesquels le diéthylamide LSD-25 (le 25ème de cette série). Lors des tests, la substance provoque chez les animaux un état d'agitation mais ne présente aucune propriété exploitable ou intéressante d'un point de vue pharmaceutique, et elle n'est donc pas étudiée plus en détail. Néanmoins, en 1943, Hofmann décide de produire à nouveau du LSD. Tandis qu'il travaille à son laboratoire, il est soudainement pris d'un état d'agitation et de malaise qui le conduit à interrompre son travail et à rentrer chez lui. Une fois rentré, il a en fermant les yeux des visions intenses, kaléidoscopiques et colorées. L'expérience dure environ deux heures. D'après ses dires, il aurait pu absorber une petite quantité de substance en se frottant les yeux. Les drogues psychédéliques ont été décrites au XVIe siècle par Francisco Hernandez, médecin du roi d’Espagne, Philippe II, qui avait appris des Aztèques les effets psychédéliques de l’ingestion de peyotl. En 1918, on découvrit que ce cactus contenait de la mescaline. Par la suite, des prêtres espagnols décrirent des rituels indiens et indiquèrent que le champignon « teonanactl » (nourriture des dieux) provoquait visions et hallucinations. En 1955, le champignon fut identifié comme étant le psylocybe. «L’invention et la découverte ont toujours quelque chose qui relève de l’imprévisible » Hideki Yukawa Trembler de froid ou de malaria Au cours des années 1600s, le paludisme était endémique dans les marais qui entouraient Rome. Cette maladie causa la mort de deux papes, de nombreux cardinaux et d’un nombre incalculable de Romains. La plupart des prêtres présents à Rome étaient familiers avec la phase de tremblements qui caractérisent la période froide la maladie. Le frère Jésuite Agostino Salumbrino (1561-1642), un apothicaire de formation qui vivait à Lima, observa que les indiens Quechua utilisaient l’écorce de l’arbre Cinchona pour lutter contre le froid. Cette écorce contient un relaxant musculaire utilisé par les Indiens pour lutter contre les tremblements de froid. A la première occasion, Salumbrino en envoya une petite quantité à Rome. Ce fut un succès immédiat bien qu’inattendu. La quinine fut extraite de l’écorce en 1817 par Pierre Joseph Pelletier et Joseph Bienaimé Caventou. Avant 1820, l’écorce était broyée et mélangée à une boisson, généralement du vin. La quinine inhibe la protéase qui dégrade les acides aminés de l’hémoglobine pour former la paroi des mérozoïtes. Elle inhibe aussi la polymérisation de l'hème de l'hémoglobine et donc empêche la reproduction des plasmodiums. Elle inhibe la voie des schizontes et est antipyrétique.Cependant : elle est toxique pour le système nerveux. Les firmes pharmaceutiques ont synthétisé des analogues n'ayant pas ce défaut. La quinine a aussi joué un rôle important dans la colonisation. Grâce à la quinine, l’Afrique a cessé d’être “la tombe de l’homme blanc”. « L’inertie du pouvoir établi est le pire ennemi de la vérité » Albert Einstein Peyton Rous (1879–1970) Prix Nobel en 1966 Barbara McClintock (1902-1992) Prix Nobel en 1983 Peyton Rous se heurta à un total scepticisme lorsqu’il découvrit en 1913 l’existence de virus carcinogènes en analysant des filtrats acellulaires de sarcome de poulet. Il fallut plus de 15 ans pour que l’idée fasse son chemin. Dans l’intervalle, certains répétaient volontiers que « Rous avait soit un trou dans le filtre soit un trou dans le cerveau ». Et la communauté scientifique ne reconnaîtra sa découverte qu’après avoir reçu le Prix Nobel. C’était en 1966. Il avait alors 87 ans. Barbara McClintock reçut le Prix Nobel en 1983 pour une découverte – l’identification des gènes sauteurs du maïs – qu’elle avait faite 40 ans plus tôt. Barbara avait publié ses résultats en 1950 dans PNAS mais, comme le déclara plus tard M Asburner, du département de génétique de Cambridge, « c’était tellement nouveau que personne ne fut capable de mettre en relation ces résultats avec ce que l’on savait à l’époque du génome ». De la difficulté de contester les dogmes • • NSE BrdU • Neurofilament GFAP GABA Substance P Neurones et astrocytes formés à partir de cellules indifférenciées du striatum de rat adulte (Reynolds et Weiss, 1992) • • 1897: Schaper décrit des « cellules indifférentes » (aujourd’hui, on emploie le terme de « cellules non différenciées ») capables de se diviser et de se différencier en neurones 1912: Allen observe des mitoses dans la zone sousventriculaire de rats adultes 1963: Joseph Altman démontre l’existence concomitante d’une prolifération cellulaire, d’une migration de neuroblastes et d’une néo-neurogenèse dans le bulbe olfactif et l’hippocampe de rats et de chats adultes 1977: Michael Kaplan et James Hinds observent en microscopie électronique des neurones néo-formés dans le bulbe et le gyrus denté 1984: John Paton et Fernando Nottebohm mettent en évidence une neurogenèse permanente dans le centre du chant chez les canaris 1992: deux laboratoires situés à deux extrémités de la planète (Australie et Canada) publient indépendamment un article scientifique décrivant la présence de cellules souches dans le cerveau « Dans le maelström d’une révolution, chacun doit choisir son camp et, au cours des années 1960 et 1970, ceux qui ont soutenu le concept de neurogenèse dans le cerveau adulte ont été ignorés ou réduits au silence », Michael Kaplan Un exemple récent venu d’Australie Barry J. Marshall J. Robin Warren Nobel Prize in Medicine 2005 for their discovery of the bacterium Helicobacter pylori and its role in gastritis and peptic ulcer disease Les neurosciences Les neurosciences: des sous-disciplines aux frontières souvent floues Les neurosciences regroupent toutes les sciences permettant l’étude de l’anatomie et du fonctionnement du système nerveux • • • • • • • la neurophysiologie étudie le fonctionnement physiologique des unités constitutives du système nerveux la neuroanatomie caractérise la structure anatomique (morphologie, connectivité...) du système nerveux la neurologie est la branche de la médecine s'intéressant aux conséquences cliniques des pathologies du système nerveux et à leur traitement la neuropsychologie s'intéresse aux conséquences cliniques des pathologies du système nerveux sur la cognition, l'intelligence et les émotions la neuroendocrinologie étudie les liens entre système nerveux et système hormonal les neurosciences cognitives cherchent à établir les liens entre système nerveux et cognition les neurosciences computationnelles cherchent à modéliser le fonctionnement du système nerveux au moyen de simulations informatiques Un cerveau, cinq lobes Le cerveau (100 milliards de cellules nerveuses) ne représente environ que 2 % du poids du corps humain. Pourtant, il mobilise en permanence environ 20 % du sang, de l'oxygène et du glucose de notre organisme. Lobes frontaux sont impliqués dans le raisonnement et la planification. Ils modulent nos émotions et sont impliqués dans ce qui fait notre personnalité. Les mouvements volontaires du corps sont initiés dans la partie postérieure. Lobes temporaux permettent de distinguer les sons et leur intensité. Ils sont impliqués dans la formation et la remémoration des souvenirs. Le lobe droit est davantage impliqué dans la mémoire visuelle et le gauche dans la mémoire verbale. Lobes pariétaux sont impliqués dans les perceptions sensorielles: goût, toucher, température, douleur. Ils intégrent les signaux auditifs et visuels qu’ils mettent en relation avec nos souvenirs et leur donnent du sens Lobes occipitaux sont principalement consacrés au décodage de l’information visuelle (on parle de cortex visuel). En reliant les perceptions visuelles aux images mémorisées, ils permettent de reconnaître et d’identifier les choses. Un cerveau, cinq lobes Le système limbique est un groupe de structures du cerveau jouant un rôle très important dans le comportement et dans diverses émotions comme l'agressivité, la peur, le plaisir ainsi que la formation de la mémoire. Le système limbique influe sur le système endocrinien et le système nerveux autonome. Il consiste en plusieurs structures subcorticales situées autour du thalamus : hippocampe, amygdale, circonvolution cingulaire, fornix, hypothalamus. Le système limbique est parmi les plus anciennes parties du cerveau en terme d'évolution : il se trouve aussi chez les poissons, amphibiens, reptiles et mammifères. Un organe très protégé Le cerveau est l'organe le mieux protégé du corps • • • • Mécaniquement: le crâne et la colonne vertébrale font office d'armure contre les coups. Anatomiquement: les méninges, les trois membranes qui l'enveloppent, l'empêchent de s'abîmer contre l'intérieur du crâne. Physiquement: cerveau et moelle épinière baignent dans le liquide céphalo-rachidien. Ce fluide circule à travers une série de cavités communicantes appelées ventricules et entre la pie-mère et l'arachnoïde des méninges. Ce liquide diminue la pression à la base du cerveau en faisant ''flotter'' le tissu nerveux. Produit par les plexus choroïdes dans les ventricules les plus hauts et absorbé dans le système veineux à la base du cerveau, le liquide céphalo-rachidien circule vers le bas en évacuant les déchets toxiques et en transportant des hormones entre des régions éloignées du cerveau. Physiologiquement: la barrière hémato-encéphalique filtre et contrôle le passage des substances sanguines et les empêche de passer librement du sang au liquide céphalo-rachidien. Elle isole ainsi le système nerveux central du reste de l'organisme et lui permet d'avoir un milieu spécifique, différent du reste de l'organisme. Le système nerveux Le cerveau est un peu comme la tour de contrôle de notre corps. Il doit être tenu au courant rapidement des besoins de l'organisme et des ressources disponibles dans l'environnement pour les satisfaire. Il y parvient grâce à un vaste réseau de câbles disséminés partout dans l'organisme : les nerfs. Avec le cerveau et la moelle épinière, ils forment le système nerveux. Pour distinguer les centres de commande des voies d'information, on subdivise le système nerveux en deux entités: le système nerveux central et le système nerveux périphérique LE SYSTÈME NERVEUX SOMATIQUE Ces nerfs participent à mise en relation de l'organisme avec son milieu extérieur. Ils transmettent au cerveau de l'information en provenance des différents détecteurs sensoriels et ils permettent de répondre à ces stimulations en bougeant dans cet environnement LE SYSTÈME NERVEUX VÉGÉTATIF Ces nerfs interviennent plutôt dans la régulation des fonctions vitales internes. Ils contribuent donc à l'équilibre de notre milieu intérieur en coordonnant des activités comme la digestion, la respiration, la circulation sanguine, l'excrétion ou la sécrétion d'hormones. On le subdivise en deux catégories Le système nerveux sympathique prépare l'organisme à l'activité physique ou intellectuelle. Devant un stress important, c'est lui qui orchestre la réponse de fuite ou de lutte. Il dilate les bronches, accélère l'activité cardiaque et respiratoire, dilate les pupilles, augmente la sécrétion de la sueur et de la tension artérielle, mais diminue l'activité digestive. Il est associé à l'activité de deux neurotransmetteurs : la noradrénaline et l'adrénaline. Le système nerveux parasympathique amène un ralentissement général des fonctions de l'organisme afin de conserver l'énergie. Ce qui était augmenté, dilaté ou accéléré par le système sympathique est ici diminué, contracté et ralenti. Il n'y a que la fonction digestive et l'appétit sexuel qui sont favorisés par le système parasympathique. Ce dernier est associé à un neurotransmetteur : l'acétylcholine. Matière grise, matière blanche Dans le système nerveux central, ce qu'on appelle la matière grise correspond aux corps cellulaires des neurones avec leur dense réseau de dendrites. C'est le centre de la moelle épinière ou encore la mince écorce de nos hémisphères cérébraux, communément appelée cortex. La matière blanche correspond quant à elle à la gaine de myéline qui recouvre les axones de ces mêmes neurones pour en accélérer la conduction. Ces axones myélinisés s'assemblent en faisceaux (l'équivalent des nerfs) pour aller établir des connexions avec d'autres groupes de neurones. Les régions où l'on retrouve de la matière grise dans le système nerveux central (donc des corps cellulaires de neurones) sont souvent appelées "noyau" ou "ganglion". Certains groupes d'axones que l'on retrouve dans la matière blanche reçoivent pour leur part le nom de "voie" ou de "faisceau". Les neurones Le neurone est une cellule hautement spécialisée qui a accentué des caractéristiques de base des cellules, comme le fait d'avoir un potentiel trans-membranaire, de pouvoir prolonger son cytoplasme, etc. Ses prolongements se sont à leur tour spécialisés, de sorte que les canaux ioniques et les récepteurs de la membrane des dendrites sont différents de celle de l'axone. De plus, chaque neurone est unique de par sa forme particulière, la position qu'il occupe dans le système nerveux et les connexions qu'il entretient avec d'autres neurones ou avec des cellules réceptrices (sensorielles) ou effectrices (musculaires ou glandulaires). On compte plus de 200 types différents de neurones. Certains axones peuvent par exemple faire leurs synapses directement sur le corps cellulaire ou même sur l'axone d'un autre neurone. Les corps cellulaires montrent également une grande variabilité de forme (étoilés, fusiforme, conique, polyédrique, sphérique, pyramidale) et de taille (petits, moyens, grands ou géants. La géométrie des dendrites et de l'axone varie aussi énormément selon le rôle du neurone dans le circuit nerveux. Certains neurones forment jusqu’à 10 000 synapses. Les cellules gliales Différents types de cellules gliales assurent, chacune à leur façon, le bon fonctionnement des neurones du système nerveux central: • Les astrocytes, de forme étoilée, assurent un support mécanique aux neurones. Ils les approvisionnent en nutriments et assurent l'équilibre du milieu extracellulaire. Les astrocytes sont couplés les uns aux autres par des " gap-jonctions " à travers lesquels peuvent circuler divers métabolites. Ils digèrent et éliminent aussi les débris de toutes sortes. Ce réseau d'astrocytes forme un véritable syncytium au travers duquel se propagent des vagues d'ions calcium dont l'effet régulateur pourrait se faire sentir dans un grand nombre de synapses en même temps. Le réseau astrocytaire constituerait donc un système de transmission nonsynaptique qui se superposerait au système neuronal pour jouer un rôle majeur de modulation des activités neuronales. • La microglie constitue la première ligne de défense contre les envahisseurs étrangers. Ce sont les macrophages du cerveau. • Les oligodendrocytes constituent la gaine de myéline qui entoure les axones de nombreux neurones. La myéline permet d’accélèrer la conduction nerveuse. La vitesse de propagation du potentiel d'action dans un axone non myélinisé peut être aussi lente que 0,5 mètres par seconde. La conduction saltatoire des axones myélinisés permet au potentiel d'action d'atteindre les 120 m/s, soit plus de 400 km/h. Le cerveau peut communiquer avec le gros orteil en quelques centièmes de seconde. Cerveau câblé et cerveau hormonal Notre cerveau possède deux visages: un premier fait de circuits nerveux au câblage précis, et un second plus proche d'une soupe de molécules aux effets diffus. Cerveau câblé et cerveau hormonal se complètent mutuellement. Le câblage de notre cerveau est dû aux prolongements des neurones qui font des connexions avec d'autres neurones. Différentes régions de notre cerveau peuvent ainsi, grâce aux axones de leurs neurones, se tenir au courant de ce qu'ils font. Le cortex "rationnel" dialogue ainsi constamment avec le système limbique "émotif" et les structures hypothalamiques " pulsionnelles ". C'est de cette façon que l'intégration entre les besoins du corps et les désirs de la pensée se réalise. L'influx nerveux ne rencontre jamais de "culde-sac" dans le cerveau. Son point d'arrivée dans une région est toujours un point de départ potentiel vers d'autres neurones. Cet assemblage de milliards de circuits qui se bouclent sur eux-mêmes fait qu'il est très difficile d'avoir des pensées entièrement rationnelles ou des émotions pures. Les neurones du cerveau hormonal sont regroupés dans le tronc cérébral et la région centrale du cerveau. Ils forment de petits amas de milliers de cellules qui projettent leurs axones dans de vastes régions de l'encéphale. Un seul de ces neurones peut en influencer plus de 100 000 autres grâce aux neuromodulateurs qu'ils déversent dans l'espace extracellulaire plutôt que dans la fente synaptique. Il en résulte des effets plus longs à s'établir et qui durent plus longtemps que ceux des neurotransmetteurs des circuits du cerveau câblé. La communication neuronale La puissance du cerveau vient de la capacité d'intégration de son unité de base, le neurone. Chaque neurone reçoit des influx nerveux de plusieurs milliers d'autres neurones. Certains de ces influx sont excitateurs et favorisent le déclenchement d'un autre influx dans le neurone. Mais d'autres sont inhibiteurs et diminuent au contraire les probabilités de déclenchement d'un nouveau potentiel d'action. De petits potentiels sont donc générés sur les dendrites et le corps cellulaire du neurone suite à la fixation du neurotransmetteur sur son récepteur synaptique. La diffusion passive de ces potentiels récepteurs (leur intensité diminue avec le trajet) amène une sommation de leurs effets excitateurs ou inhibiteurs. C'est au niveau du cône d'implantation du neurone (l'endroit où l'axone sort du corps cellulaire) que le résultat de cette sommation va être déterminant. S'il atteint le seuil d'excitation du neurone, un nouvel influx nerveux sera généré et s'élancera le long de l'axone. S'il reste en dessous, aucun influx nerveux ne sera transmis au neurone suivant. Un potentiel excitateur amène l'entrée de charges positives à l'intérieur du neurone. On dit alors que le neurone est dépolarisé parce que son potentiel membranaire est moins négatif que son potentiel de repos (situé aux alentours de - 70 mV). Un potentiel inhibiteur produit quant à lui un potentiel membranaire plus négatif que le potentiel de repos, l'éloignant d'autant plus du seuil de déclenchement du potentiel d'action. On dit alors que le neurone est hyperpolarisé. La conduction nerveuse Toutes nos perceptions, nos pensées et nos souvenirs seraient impossibles sans la conduction nerveuse qui permet à l'influx nerveux de se propager le long de nos neurones. Cette conduction est de nature particulière : on dit qu'elle est électrochimique. C'est donc de l'électricité faite avec des molécules chimiques. En effet, l'électricité dans notre cerveau n'est pas produite par des électrons qui circulent comme dans les fils électriques de nos maisons. C'est plutôt le mouvement de molécules chargées électriquement à travers la membrane du neurone qui en est la cause. La membrane des neurones, comme celle de toutes les cellules, possède de petits trous appelés canaux. C'est par ces canaux que les molécules chargées traversent la membrane. Mais contrairement aux autres cellules, les canaux de la membrane des neurones se sont spécialisés à un point tel qu'ils arrivent à coordonner le mouvement de ces charges à travers la membrane pour produire la conduction nerveuse. La conduction nerveuse La propriété fondamentale de la membrane est d'être semi-perméable: elle laisse passer certaines molécules chargées, des ions, plus facilement que d'autres. Parmi ces ions qui jouent un rôle important dans le système nerveux, le potassium (K+) qui possède une charge positive est celui qui traverse le mieux la membrane au repos. Le sodium (Na+) qui a lui aussi une charge positive et le chlore (Cl-) qui a une charge négative, circulent plus difficilement à travers la membrane. De grosses molécules chargées négativement à l'intérieur de la cellule ne peuvent en sortir mais influencent aussi le potentiel de la membrane. L'ion calcium (Ca++) joue aussi un rôle important, mais au niveau de la transmission synaptique. Le potentiel de repos est l'équilibre qui résulte de la répartition de ces ions de part et d'autre de la membrane. Dans cet état de base qui sera modifié par le passage de l'influx nerveux, l'intérieur du neurone est chargé négativement par rapport à l'extérieur. Ce potentiel de repos est d'environ - 70 millivolts. Plusieurs types de canaux ioniques dépendants du voltage existent selon leur capacité de sélection ionique. Le sens du courant qui traverse chaque type de canaux ioniques dépend du sens du gradient électrochimique de chaque ion sélectionné. Les principaux types de canaux ioniques dépendants du voltage sont au sodium (Na+), au potassium (K+) et au calcium (Ca++). La transmission synaptique C'est grâce à la transmission synaptique que l'influx électrique peut passer d'un neurone à l'autre. Ce passage est assuré par des molécules chimiques, les neurotransmetteurs, qui se fixent sur des récepteurs. En variant la quantité de neurotransmetteurs émis, de récepteurs disponibles, ou encore de l'affinité entre les deux, nos synapses se modifient constamment pour nous permettre d'apprendre. On distingue 4 étapes. 1. Synthèse. Les neurotransmetteurs sont synthétisés localement dans le bouton terminal de l'axone. Les précurseurs de ces petites molécules sont transformés en neurotransmetteurs actifs grâce à un ou plusieurs enzymes localisés dans l'axone. C'est le cas de la choline acétyltransférase qui combine la choline avec l'acétyl coenzyme A pour produire l'acétylcholine, La taille beaucoup plus importante des neuropeptides, comme les opioïdes endogènes par exemple, les obligent pour leur part à être synthétisés dans le corps cellulaire, là où se trouve les organites cellulaire nécessaires pour assembler les acides aminés. 3. Fixation. La fixation de l'acétylcholine sur ses récepteurs canaux provoque l'ouverture de ceux-ci et permet l'entrée de sodium dans le neurone post-synaptique. Celle-ci s'accompagne d'une dépolarisation de la membrane et donc d'une excitation neuronale. L'ouverture des canaux chlore, des récepteurs du GABA ou de la glycine, entraînent pour leur part une hyperpolarisation de la membrane et donc une inhibition neuronale. 2. Excrétion. Les vésicules contenant les neurotransmetteurs sont attachées à des éléments du cytosquelette non loin des zones actives où elles fusionneront avec la membrane. L'entrée massive de calcium qui accompagne l'arrivée du potentiel d'action dans le bouton terminal va générer une cascade de réactions qui aboutira au détachement des vésicules et à leur migration rapide vers la zone active. L'exocytose des vésicules les amène à se fondre avec la membrane du bouton terminal, puis à se refermer vers l'intérieur, prêtes à être remplies à nouveau de neurotransmetteurs. 4. Inactivation. Les neurotransmetteurs brisent leur lien avec les récepteurs et retournent dans la fente synaptique où ils sont inactivés. Les moyens utilisés sont: la simple diffusion hors de la fente synaptique ; la dégradation par un enzyme présent dans la fente (par ex, l'acétylcholinestérase brise l'acétylcholine en choline et en acétate); le neurotransmetteur est repris par le bouton terminal (c'est le cas avec la dopamine, la sérotonine ou la noradrénaline); les astrocytes interviennent pour éliminer les neurotransmetteurs de la fente synaptique. Une histoire ancienne Des découvertes récentes Une chirurgie ancienne Préhistoire De nombreux témoignages du passé (ossements, outils, dessins…) indiquent que nos ancêtres avaient compris que le cerveau est un organe vital. On a retrouvé, au sein de diverses cultures, les traces d’opérations chirurgicales telles que la trépanation. Evidence d’une intervention chirurgicale de l’époque préhistorique. Ce crâne humain date de plus de 7 000 ans. Il a fait l’objet d’une intervention du vivant du sujet. Le précurseur Alcmeon de Crotone (vers 500 av JC) Disciple de Pythagore, il serait le premier à avoir pratiqué la dissection. Il aurait notamment découvert les nerfs optiques. Il est le premier à déterminer ce qui différencie les animaux et les hommes. Selon lui, «l’homme est le seul à disposer de la conscience, alors que les autres ont des sensations sans avoir la conscience». Toutes les sensations sont transmises au cerveau, transmissions qui peuvent être altérées par les mouvements du sujet. Il attribue au cerveau le rôle de sens commun et de siège de la pensée. Des divergences antiques Hippocrate (460-379 av JC) pensait que le cerveau était le centre des sensations et le site de l’intelligence. Platon (427-357 av JC) sépare l’âme en trois parties dont l’une, immortelle, se situe dans la tête. En revanche, Aristote (384-322 av JC) croyait que le centre de l’intellect était dans le cœur. Selon lui, le cerveau était une machine thermique servant à refroidir le sang surchauffé par les émotions ressenties par le cœur. Cette vision des choses dans des expressions courantes: « apprendre par cœur », « tu me brises le cœur », « avoir un cœur de pierre »… Hérophile (331-250 av JC) et Erasistrate de Céos (310-250 av JC), pères de l’anatomie, remarquent au cours des dissections que chaque région du corps est connectée à la moelle épinière par des nerfs spinaux distincts. Ils distinguent les principales structures de l’encéphale et font le lien entre gyrification et intelligence. Les humeurs de Galien Monde romain Galien (130-200 ap JC), gladiateur et médecin, nota que le cerveau est formé de deux parties distinctes: l’encéphale, responsable des sensations, et le cervelet qui semblait commander les muscles. Galien fut également le précurseur de la théorie des «humeurs aqueuses». Selon lui, les nerfs étaient des tubes creux dans lesquels quatre types de fluides pouvaient circuler. Les sensations et les mouvements résultaient d’un judicieux mélange de ces 4 humeurs qui circulaient notamment au sein du cerveau dans les cavités appelées ventricules. Le glacis moyen-âgeux Pendant près de mille ans , la progression des idées sur le cerveau reste figée sur la controverse grecoromaine. Durant cette période il n’est pas de bon ton de « toucher » au corps humain et il faut attendre la Renaissance pour que des ‘renégats’ décident de disséquer à nouveau. Léonard de Vinci et André Vessale, pionniers de l’anatomie, réalisent de nombreux croquis et envisagent que les fonctions cérébrales découlent de la matière grise plutôt que du liquide dans lequel baigne le cerveau Représentation des ventricules cérébraux du cerveau humain, à l’époque de la Renaissance (Vessale, 1543). Le sujet fut probablement un condamné à mort décapité Le dualisme cartésien Au début du XVIIe siècle, la mécanique des fluides est en vogue et René Descartes conforte la théorie des humeurs aqueuses et apporte un nouvel élément de controverse. Selon lui, il est impossible que l’esprit humain puisse résulter d’un processus mécanique. Il élabore la théorie de la dualité corps-esprit, mettant en jeu une séparation entre fonctions physiques et mentales. Les unes sont régies par les mouvement des ‘humeurs’, les autres par Dieu, la communication entre ces deux parties se faisant via la glande pinéale. Vers la fin du XVII et le début du XVIII siècle, des chercheurs notent deux types de substance: une substance blanche assez massive recouverte d’une fine pellicule de substance grise. Ils remarquent que les mêmes sillons et circonvolutions se retrouvent sur tous les cerveaux. Cela ouvre la porte à la localisation cérébrale. Les entrées sensorielles sont transmises par les organes sensoriels à la glande pinéale dans le cerveau, puis à l’esprit immatériel. Le créateur de la neurologie Thomas Willis est l’un des pionniers de la recherche neuro-anatomique. Il est le créateur du terme « neurologie ». Il décrivit les méfaits du paludisme en Angleterre, la névrite diabétique et la myasthénie («paralysia spuria non habitualis»). On lui attribue également la première description du syndrome des jambes sans repos. C’est à lui que l’on doit la découverte du « polygone de Willis » (circulus arteriosus). Thomas Willis a été le premier à numéroter les nerfs crâniens dans l’ordre dans lequel les anatomistes les énumèrent habituellement. Thomas Willis, 1621-1675 La phrénologie L’homme criminel Franz J Gall Suite aux expériences de Galvani, l’idée d’une transmission nerveuse basée sur la transmission électrique prend corps. Au début du XIXe siècle, Charles Bell et François Magendie montrent que les nerfs se subdivisent en deux faisceaux au niveau de la colonne vertébrale: l’un responsable de l’information motrice, l’autre de l’information sensorielle. De son côté, Franz Joseph Gall fut le premier à se demander si les diverses circonvolutions de la surface du cerveau ne sont pas impliquées dans diverses fonctions. Il développe une science nouvelle, baptisée « phrénologie », basée sur l’idée que l’on peut déchiffrer les traits de caractère d’une personne en étudiant sa boîte crânienne. Cette théorie, erronée, fut la première à attribuer une localisation aux différentes fonctions du cerveau. Carte phrénologique. En accord avec les travaux et de ses disciples, les traits du comportement peuvent être mis en rapport avec la forme des différentes parties du crâne. Les aires cérébrales Finalement, ce sont les expériences du neurologue Paul Broca, au milieu du XIXe siècle qui convainquent les scientifiques que les différentes fonctions du cerveau sont localisées anatomiquement. Broca décrivit le cas d’un de ses patients qui comprenait le langage mais ne pouvait parler. A la mort du patient, Broca découvrit une petite lésion dans une région spécifique du cerveau. Plusieurs expériences effectuées sur des animaux renforcèrent cette nouvelle vision. La découverte de la cellule nerveuse Vers 1840, Theodor Schwann proposa une théorie selon laquelle les tissus vivants sont composés d’unités microscopiques qu’il appela cellules. L’histologie est née de la combinaison de l’invention du microscope et de l’élaboration de nouvelles techniques permettant de fixer et de couper les tissus vivants. Franz Nissl découvrit une teinture qui permet de colorer les noyaux des cellules et Camillo Golgi mit au point la fameuse coloration qui porte son nom qui permet de mettre en évidence la structure arborescente des neurones. Santiago Ramon y Cajal fit du neurone l’unité de base du système nerveux. Les Nobels en neurosciences 1906 Camillo Golgi (Italie), Santiago Ramon y Cajal (Espagne) Structure du système nerveux 1911 Allvar Gullstrand (Suède) L’optique de l’œil 1914 Robert Barany (Autriche) Physiologie et pathologie de l’appareil vestibulaire 1927 Julius Wagner Jauregg (Autriche) Inoculation de la malaria pour traiter la démence paralysante 1932 Edgar Adrian, Charles Sherrington (Grande Bretagne) Fonctions des neurones 1936 Henry Dale (Grande Bretagne), Otto Loewi (Allemagne) La transmission chimique des cellules nerveuses 1944 Joseph Erlanger, Herbert Gasser (Etats-Unis) Les fonctions des fibres nerveuses 1949 Walter Hess (Suisse), Antonio Moniz (Portugal) L’organisation fonctionnelle de la région interhémisphérique 1961 Georg Von Bekesy (Autriche) La fonction de la cochlée 1963 John Eccles (Australie), Alan Hodgkin, Andrew Huxley (Grande Bretagne) Les mécanismes ioniques de la membrane des cellules nerveuses 1967 Ragnar Granit (Finlande), Halden Hartline, George Wald (Etats-Unis) Les mécanismes de la vision 1970 Bernard Katz (Grande Bretagne), Ulf von Euler (Suède), Julius Axelrod (Etats-Unis) La transmission synaptique 1973 Konrad Lorenz, Karl von Frisch (Autriche), Nikolaas Tinbergen (Pays Bas) Ethologie Les Nobels en neurosciences 1976 Baruch Blumberg, Daniel Gajdusek (Etats-Unis) Origine et dissémination des maladies infectieuses 1977 Roger Guillemin (Etats-Unis), Andrew Schally (Pologne) Les hormones peptidiques dans le cerveau 1979 Allan Cormack (Afrique du Sud), Godfrey Hounsfield (Grande Bretagne) Invention de la tomographie assistée par ordinateur 1981 Roger Sperry, David Hubel (Etats-Unis), Torsten Wiesel (Suède) La spécialisation fonctionnelle des hémisphères cérébraux, le système visuel 1982 Bengt Samuelsonn, Sune Bergstrom (Suède), John Vane (Grande Bretagne) Découverte des prostaglandines 1986 Stanley Cohen (Etats-Unis), Rita Levi-Montalcini (Italie) Les facteurs de croissance 1991 Erwin Neher, Bert Sackmann (Allemagne) Le fonctionnement unitaire des canaux ioniques des cellules nerveuses 1994 Alfred Gilman, Martin Rodbell (Etats-Unis) Les récepteurs couplés aux protéines G 1997 Stanley Prusiner (Etats-Unis) La découverte des prions 2000 Arvid Carlsson (Suède), Paul Greengard, Eric Kandel (Etats-Unis) La transduction des signaux dans le système nerveux 2003 Paul Lauterbur (Etats Unis), Pater Mansfield (Grande Bretagne) L’imagerie par résonance magnétique 2004 Richard Axel, Linda Buck (Etats-Unis) Récepteurs aux odeurs et organisation du système olfactif 2007 Mario Capecchi (Italie), Martin Evans, Oliver Smithies (Grande Bretagne) Transgenèse et utilisation des cellules souches Une introduction au travers de cinq exemples 1. Le langage 2. L’olfaction 3. L’empreinte sensorielle 4. La maladie de Huntington 5. La schizophrénie Une approche intégrée 1. Social 2. Psychologique 3. Cérébral 4. Cellulaire 5. Moléculaire Les binômes pour les Nobels 1906 Golgi, Ramon y Cajal Coline Nicolotto, Gabrielle Stoven Wagner-Jauregg + Moniz Guillaume Bron, Khaola Al-Kazaz 1929 Eijkman, Hopkins Marine Besnard, Céline Damiano 1932 Adrian, Sherrington Marie Amalbert, Elsa Gremeaux 1936 Dale, Loewi Charlotte Jaloux, Isabelle Conforto 1944 Erlanger, Gasser Marie Pey, Audrey Ragot 1949 Hess Benoit Meunier, Clément Alarcon 1963 Eccles, Hodgkin, Huxley Aurélia Hili, Pablo Carrasco 1967 Granit, Hartline, Wald Edouard Dessyn, Henri Caccamo 1970 Katz, Euler, Axelrod Mathilde Alzai, Lauren Sauvan 1973 Von Frisch Maelle Raucau 1973 Lorenz Carole BoulzeJulia Nadolny 1973 Tinbergen Philippe Lasselin Gilles Martin 1981 Sperry Maeva Jego, Benoit Requier 1981 Hubel, Wiesel Caroline Lavie, Charlene Cordray 1986 Levi-Montalcini Chrystel Cheraud, Amandine Elie 1991 Neher, Sakmann Sarah Ariey-Bonnet, Astrid Bellissen 1997 Prusiner Julien Vaccaro, Anais Samonini 2000 Kandel Jonathan Garnier, Tiffanie Viaud 2000 Greengard Damien Sarradon, Michèle Jasmin 2000 Carlsson Laurie Ducros, Marion Bourdeloie 2003 Lauterbur, Mansfield Kelly Marchi, Céline Gastaldi 2004 Axel, Buck Pascal Woaye-Hune, David Tonon 1927+1949