King - Les Canadiens et la Liberation de l`Europe-1939

publicité
Canadiens
et la Libération de l'Europe
Les
1939-1945
Jacques Teyssier
Ce document veut être un hommage à ces « Combattants de
la Liberté » que furent les soldats canadiens venus nombreux
d'un pays lointain et pacifique pour libérer l'Europe de
l'emprise nazie.
Mes plus vifs remerciements vont au Dr. Serge Bernier,
Directeur Histoire et patrimoine au Ministère de la défense à
Ottawa, pour avoir bien voulu superviser les textes de la
série vidéo « Les Canadiens et la Libération de l’Europe » d’où
sont tirées la plupart des pages de ce document.
Éditions Giteys - 1682 #4, rue de Bergerville Québec, Qc, Canada G1S 1J1
www.caplib.com - [email protected]
Les Canadiens et la Libération de l'Europe. 1939-1945
ISBN 978-0-9952426-0-9
© Jacques Teyssier, 2016
- 2 -
Les Canadiens
et la Libération de l'Europe.
1939-1945
Jacques Teyssier
1
Le 19 août 1942 s'appelle… DIEPPE.
2
La bataille du St-Laurent. 1940-1945.
3
4
5
6
L'effort de guerre.
Sicile-Italie. Juillet 1943-février 1945.
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-mai 1945.
Cliquez sur le chiffre
correspondant à votre choix.
- 3 -
Les Canadiens
et la Libération de l'Europe.
1939-1945
1
Le 19 août 1942 s'appelle…
DIEPPE.
Contenu interactif
Chapitres
- 4 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Contenu interactif
1 - Le contexte politique et militaire
2 - Les préparatifs de l'opération
3 - Les conditions de l'opération
4 - Configuration du site de débarquement
5 - Opération « Jubilee »
6 - Berneval
7 - Puys
8 - Quiberville
9 - Pourville
10 - Dieppe
11 - Le bilan
12 - La fin
Chapitre 1
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Le 19 août 1942 s'appelle… DIEPPE
Dans l’aube brumeuse d'un jour d'août 1942, une armada
de 250 navires de toutes tailles se dirige vers les côtes
françaises de la Manche. Elle emporte plus de 6000
hommes de troupe et marins, pour ce qui sera le plus grand
raid du IIe conflit mondial. 74 escadrilles de chasseurs et
de bombardiers en assureront la
couverture aérienne.
Fer de lance de l'opération, 5000 soldats canadiens. Leur
objectif: un port difficilement accessible et puissamment
défendu, incrusté dans les falaises abruptes de la côte
française... Dieppe.
Pour la première fois dans l'histoire de la IIe Guerre mondiale,
des hommes vont se ruer à l'assaut de ce que les Nazis
appellent « Festung Europa » - la Forteresse Europe.
Le contexte politique et militaire
demeure énorme et les colonnes motorisées nazies progressent à vive allure vers les
gigantesques complexes industriels et pétroliers de la Volga.
1942 - « L'année terrible » voit l'Allemagne triompher sur tous les fronts.
L'Angleterre vient de perdre Tobrouk, aux portes de l'Égypte,
et le Canal de Suez, artère vitale pour son économie de
guerre, est directement menacé.
L'Union-soviétique, au
prix de pertes énormes en hommes et en matériel, contient
difficilement la progression de l'armée allemande vers le
Caucase, aux frontières de l'Iran et de la Turquie.
Entre les deux pinces de l'étau… quelques centaines de
kilomètres de désert et de montagnes seulement et le rideau
fragile de quelques divisions du Commonwealth.
Depuis plusieurs mois, Staline insiste de plus en plus
fermement auprès des gouvernements américain et
britannique sur l'urgence d'ouvrir un second front à l'ouest de l'Europe afin d'obliger
l'Allemagne à redistribuer ses forces et à diminuer ainsi la pression qu'elles font subir à
l'Armée Rouge. Roosevelt et l'État-major américain laissent entendre à Molotov,
ambassadeur de Staline à Washington, qu'un débarquement pourrait avoir lieu sur les
côtes françaises au cours de l'année 1942.
Été 1942 - L'Allemagne étend son emprise de Brest à Léningrad, de la Norvège à
Athènes, de l'Atlantique au Caucase. La victorieuse guerre éclair qu'espéraient Hitler et ses
généraux a échouée devant Moscou en décembre 1941, néanmoins la pression exercée sur
l'Armée Rouge par le commandement allemand, à la tête de 200 divisions très combatives,
Churchill est très réticent à l'initiative américaine car sa vision politique du conflit le
pousse plutôt à considérer qu'un débarquement en Afrique-du-Nord, et ensuite dans les
Balkans « ventre mou de l'Europe », conviendrait mieux aux intérêts britanniques.
Retour
-- 6 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Néanmoins, afin de donner des gages de bonne volonté aux Russes au moindre coût, car
il doute désormais de leur capacité de résister beaucoup plus longtemps à la pression
allemande, il accepte qu'une opération de portée limitée soit lancée sur les côtes
françaises. Ce sera « l'Opération Rutter » et le port de Dieppe en sera l'objectif.
Les préparatifs de l'opération
Lord Mountbatten, proche du Roi d'Angleterre, et chef du Quartier
général des opérations combinées depuis mars 1942 est chargé de
son organisation à laquelle participeront la marine et l'aviation
anglaise ainsi que quelques navires des Forces navales françaises
libres. Les troupes d'assaut seront constituées par des unités du 1er
corps d'armée canadien, commandé par le général Crerar qui sont
cantonnées depuis le début de la guerre en Grande-Bretagne et qui
sont restées inutilisées jusqu'alors.
L'opération « Rutter » devait se dérouler début juillet 1942. Elle est annulée, en
raison des très mauvaises conditions météorologiques qui régnaient sur la
Manche, alors que les hommes des troupes d'assaut étaient embarqués depuis
plusieurs jours à bord des bateaux qui devaient les déposer sur la côte française.
Pour l'État-Major anglais et pour le général Montgomery, commandant en chef
des Forces britanniques du sud de l'Angleterre, l'annulation devait rester définitive car le
secret de l'opération ne pouvait plus être assuré du fait que plusieurs milliers d'hommes
avaient regagnés leur cantonnement à terre. Le succès d'une reprise de l'opération
paraîssait, dans ces conditions, sérieusement compromis.
Tel n'était pas l'avis de Mountbatten et de ses collaborateurs du Quartier général des
opérations combinées qui, avec la plus grande désinvolture et soumis par ailleurs aux
pressions américaines, décident, de leur propre autorité, la reprise du raid... quels qu'en
soient les risques. Les conditions en sont allégées - il n'y aura pas de lâcher de
parachutistes en arrière des zones de débarquement et les bombardements aériens seront
moins massifs que prévus.
« À cet égard, Mountbatten bénéficie d’un soutien inespéré : celui du commandant en
chef de l’armée canadienne, Andrew G. L. McNaugton et du lieutenant-général Harry
D. G. Crerar, commandant du 1er corps d’armée, lesquels disposent de troupes
terrestres prêtes à en découdre : celles de la 2e division canadienne. » Béatrice
Richard - 70 ans après le raid de Dieppe revisité.
En outre, depuis peu, le commandement canadien a la capacité d'engager ses hommes
sans en référer au préalable au gouvernement. Cette décision est d'autant plus facile à
prendre que Montgomery est alors affecté en Égypte à la tête de la 8e armée britannique
et que le contre-amiral Baillie-Grohman, commandant les forces navales de l'opération,
qui avait, lui aussi, manifesté de sérieuses réserves, est remplacé par le capitaine HughesHallett, bras droit de Mountbatten.
Les conditions de l'opération
L'opération « Jubilee » est lancée. Elle repose désormais exclusivement sur les
épaules des troupes d'assaut de la 2e division canadienne commandées par le
major-général Roberts.
Retour
- 7 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Ses hommes, en dépit d'un entraînement intense en Angleterre, n'ont jamais été
auparavant exposés à l'épreuve du combat. Soldats et officiers canadiens allaient
chèrement payer, de leur sang et de leur liberté, le prix de la légèreté et de l'ambition de
quelques hommes.
.
En effet, Lord Mountbatten et ses collaborateurs - concepteurs de l'opération, n'auraient
pas dû ignorer que la plage et le site de Dieppe était totalement impropre au succès d'une
opération amphibie qui n'aurait pas été précédée de bombardements aériens massifs et
d'un appui-feu permanent de la part de l'artillerie de marine neutralisant les défenses
ennemies. Il est vrai que ces bombardements massifs auraient inévitablement transformé
la ville en un monceau de ruines sans, pour autant, garantir de façon absolue la réussite
de l'opération. De plus, outre une étude sérieuse des photographies aériennes qui auraient
dû être prises avant le raid (mais ont-elles été réalisées ?…), il aurait été facile d'obtenir
discrètement des renseignements précis sur les approches de Dieppe auprés des marins et
officiers de marine français des FNFL (Forces navales françaises libres) qui se trouvaient
en Angleterre, ou encore auprès des nombreux Britanniques familiers de cette partie du
littoral normand qui a toujours été très prisée sur l'autre rive du « Channel ».
Retour
- 8 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Configuration du site de débarquement
1 - La plage est constituée de galets instables, de plus, elle présente une forte déclivité de 12 %.
De ce fait, elle rend difficile sinon impossible tout mouvement de véhicules - engins à quatre
roues motrices qui s'enlisent ou chars d'assaut dont les chenilles se bloquent et se brisent en
raison des galets qui, inévitablement, s'introduisent à l'intérieur de leur bande de roulement.
2 - À la mi-marée, la
plage est large de 73 mètres.
Elle est barrèe sur toute sa
longueur par une digue en forme de
muret haut de 50 à 60 cm qui la sépare
d’un terre-plein large de 143 m que les
hommes devront franchir sans la
moindre protection contre les tirs
ennemis qui prennent la plage
et la Promenade en
enfilade.
3 - À l'est, elle est sous le feu de la batterie de canons de Puys et du canon d'un char embusqué
près de l'entrée du port. À l'ouest, les Allemands ont installé des nids de mitrailleuses et de
l'artillerie en position dominante dans la cour du château qui surplombe la plage et le casino
est transformé en blockhaus. Au sud, postes de fusils-mitrailleurs dans les immeubles du front de
mer. Des blocs de béton interdisent l'accès à la ville.
On est surpris de constater que lors de la préparation de l'opération, aucun responsable n'ait mis en évidence,
étant connus la topographie du site et le système de défense mis en place par les Allemands,
que toute tentative de débarquement sur la plage de Dieppe serait inévitablement vouée à l'échec à moins d'être
précédée d'un bombardement aérien massif et d'un appui-feu intense de l'artillerie de marine.
Retour
- 9 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
L'opération « Jubilee»
Le 19 août 1942, à 4h45, les C anadiens et deux commandos britanniques accompagnés
de 50 rangers américains et de quelques « Français libres » vont débarquer, sur un front
de 20 km en quatre points de la côte de part et d'autre du port de Dieppe où sera porté
l'effort principal une demi heure plus tard.
Des réseaux de fil de fer barbelé souvent hauts de plusieurs mètres ferment les plages et
obstruent les rares ravines qui permettent d'accéder au sommet des falaises où l'ennemi
s'est retranché.
Au total, les troupes embarquées comptent quelques 6100 soldats de tous grades, dont
4963 Canadiens et quelque 1075 Anglais, ainsi qu'une cinquantaine d'hommes
appartenant au 1st US Rangers répartis dans les diverses unités en qualité
d'observateurs et 20 militaires du 10e Commando interallié. Parmi ces derniers, 15 sont
des Français et 5 sont des Allemands anti-nazis qui pouvaient s'attendre à être fusillés
s'ils étaient fait prisonniers. C'est à l'assaut d'une véritable forteresse que ces hommes
vont se lancer - 950 y trouveront la mort et 2000 d'entre eux y seront blessés ou faits
prisonniers.
À 4h50 les attaques latérales de part et d'autre de Dieppe, seront menées :
1 - Contre la batterie installée près de Berneval (plages «Yellow I » et «Yellow II » )
par le Commando Nº3, commandé par le lieutenant-colonel J. F. Durnford-Slater.
2 - Contre la batterie côtière de Varengeville (plages « Orange I » et « Orange II »)
par le Commando Nº4, sous les ordres du lieutenant-colonel Lord Lovat.
3 - Sur Puys (plage « Blue ») par le Royal Regiment of Canada, commandé par le
lieutenant-colonel D. E. Catto.
4 - Sur Pourville (plage « Green ») par le South Saskatchewan Regiment, commandé
par le lieutenant-colonel C. C. I. Merritt .
Depuis Berneval et Puys, à l'est, jusqu'à Pourville et Quiberville, à l'ouest, la côte est
inhospitalière, bordée par des plages de galets que surplombent les parois verticales des
falaises que l'état-major allemand a truffé de défenses de toutes sortes: batteries de
canons à longue portée, mortiers, nids de mitrailleuses, bunkers bétonnés, emplacements
de tir individuels, mines anti-personnel.
L'attaque principale sera déclenchée sur la plage longeant le front de mer devant Dieppe
à 5 h 20 du matin.
Retour
- 10 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
1 - Berneval
Lors de l'opération « Flodden » – opération dans l'opération « Jubilee » - sur Berneval,
situé à 11 km de Dieppe, le 3e Commando débarque en deux points de la plage espacés de
800 mètres avec pour mission de neutraliser la batterie côtière « Goebbels » de 7 canons
de 170 et 105 mm servis par une compagnie de 130 hommes. Vingt trois péniches de
débarquement transportent le Commando Nº 3 scindé en deux groupes qui devront
attaquer la batterie qui domine la plage simultanèment par l'est et par l'ouest. Sept
d'entr'elles seulement, atteignent la côte, les autres ont été dispersées à la suite d'un
combat avec des navires de ravitaillement allemands faisant route sur Dieppe et dont la
présence a été signalée à deux reprises par l'Amirauté britannique au capitaine HughesHallett, commandant les forces navales de l'opération, qui ne reçoit pas les messages...
ou les ignore délibérément. Aucune péniche de débarquement n’a été coulée pendant le
combat naval mais l’une d’entre elles a été perdue lors du débarquement sur Yellow I,
trois au cours d’une tentative de débarquement, et deux ont dû être abandonnées parce
qu’elles prenaient l’eau. Huit au moins sont restées plus ou moins intactes, et le système
de défense côtière n’a pas été alerté par le combat naval.
L'opération se poursuit.
Sous les ordres de Durnford-Slatter les 120 hommes du commando britannique et
quelques rangers américains à bord de 6 péniches débarquent au Petit-Berneval à l'est de
la position qu'ils doivent attaquer avec 20 minutes de retard sur l'horaire prévu. Ils sont
immédiatement cloués sur la plage par le feu des défenseurs allemands retranchés au
sommet de la falaise et qui tirent comme à l'exercice. Ils luttent âprement pendant plus
de 5 heures, puis, succombant sous le poids de leurs morts et de leur blessés, ils sont
contraints de se rendre.
La 7º péniche dépose le major Peter Young, 3 officiers et 17 hommes à l'ouest de la
position, en face de la valleuse (gorge) du « Val-au prêtre » dans laquelle ils s'engagent.
Ils grimpent le long de la falaise en s'agrippant aux réseaux de barbelés et parviennent à
atteindre Berneval. Les renforts prévus du groupe Durnford-Slatter n'arrivant pas, les
20 hommes prennent position sur l'arrière de la batterie, l'attaquent avec un armement
réduit à quelques armes individuelles et deux mortiers et en neutralisent l'action pendant
près de deux heures.
Un rapport allemand devait signaler qu'entre 5h10 et 7h45 du matin, la batterie dut se
limiter à ne tirer contre les attaquants que quelques coups de canon seulement qui,
d'ailleurs, manquèrent leur but. Young et ses hommes se replient sur la plage sans subir
la moindre perte. Ils y sont recueillis par la péniche commandée par le lieutenant Buckee
qui les avaient débarqués. La D.S.O. (Distinguished Service Order) a été décernée au
major Young et au lieutenant Buckee pour l'audace et la détermination dont ils ont fait
preuve au cours de l'opération.
3 - Puys
À quelques centaines de mètres à l'est de l'entrée
du port de Dieppe, la falaise de Puys se dresse
verticale au-dessus d'une plage étroite, barrée par
un mur haut de 4 mètres surmonté par un réseau
de fils de fer barbelés dont la présence n'avait pas
été décelée avant le déclenchement de l'opération.
Le lieutenant-colonel Catto, en chef avisé, avait
veillé à ce que son unité soit munie de «
bangalore » - explosifs qui permettent d'ouvrir des
brèches dans les rouleaux de barbelés. Les pièces
d'artillerie de la batterie « Bismarck » que les allemands y ont installé commandent
directement l'entrée du port de Dieppe et toutes les maisons qui bordent la falaise et la
plage ont été transformées en blockhaus.
Retour
- 11 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Les 600 hommes du Royal Regiment of Canada et du Black Watch of Canada lancés à
l'attaque ne pouvaient trouver pire comme point de débarquement.
La première vague d'assaut aborde le rivage avec 20 minutes de retard sur l'horaire prévu.
Le jour est maintenant levé. La défense allemande est en état d'alerte.
Des tirs d'armes automatiques, des explosions d'obus et de grenades, des tirs de mortiers
d'une violence inouie immobilisent les hommes sur la plage, alors que leurs camarades,
sont tués ou blessés avant même d'avoir pu quitter la passerelle de mise à terre de leur
péniche. Un enfer mais aussi une tragédie. En cinq minutes le bataillon est réduit à
l'effectif de quelques dizaines d'hommes et le carnage ne fait que s'aggraver au fur et à
mesure que débarquent les vagues d'assaut suivantes. Les survivants s'entassent au pied
du mur, qu'ils ne peuvent franchir, pris en enfilade par les armes automatiques situées sur
chaque côté, ne pouvant même pas situer les positions des Allemands qui dominent la
plage d'une trentaine de mètres.
À 8h30, après 3 heures de
martyre, ce qui reste du
Royal Regiment of Canada
rendait les armes. Des
survivants
du
Royal
Rgiment, ainsi que des
documents
allemends,
attestent que les positions
défensives des Allemands
étaient cncentrées sur la
falaise de l'est où se dresse
une maison en briques avec
un terrain sur lequel les Allemends avaient camouflé en kiosque de jardin un nid de
mitrailleuses bétonné qui prenait la plage en enfilade. Cette casemate (qui, lorsque le
colonel Stacey l'examina en 1944, portait de nombreuses traces de balles) a été
responsable des nombreuses pertes subies sur la plage par le Royal Regiment.
Seuls quelques hommes, sous le commandement du colonel Catto, ont pu dépasser la
plage, grimper sur la falaise et s’emparer de deux maisons fortifiées. Mais leur retraite
est rapidement coupée. Isolés en terain ennemi, ils sont contraints de se rendre quelques
heures plus tard.
L'épisode de Puys est le plus sombre de toute la désastreuse opération sur Dieppe. Le
Royal Regiment y a subi des pertes terribles, bien supérieures à celles subies par les
autres unités qui prirent part au raid. Au pied de la digue infranchissable, les gars de
Toronto gisaient en monceaux. Le nombre de morts du régiment en comptant ceux qui
sont morts des suites de leurs blessures et les 18 qui moururent dans les « stalags »
camps de prisonniers en Allemagne, s'éleve à 227 sur un total de 554 qui avaient
débarqués.
L'échec de Puys a eu un effet extrêmement défavorable sur l'issue du raid, du fait que les
canons de la batterie « Bismarck » qui suplombent la plage de Dieppe n'ont pu être
réduits au silence.
2 - Quiberville
À l'ouest de Dieppe, Lord Lovat, qui devait s'illustrer plus tard lors du débarquement du
6 juin 1944, débarque entre Quiberville et Ste-Marguerite-sur-mer avec les 160 hommes
qui composent le Commando Nº4 avec pour mission de neutraliser la puissante batterie
côtière de 6 canons de 150 mm qui interdit l'entrée du
port de Dieppe.
Le détachement progresse rapidement le long de la rive
droite de la Saâne jusqu'à environ 1500 m, à l'abri des
pentes qui descendent du plateau, pour obliquer vers le
nord, en direction du bois de Blanc-Mesnil, afin de s'y
mettre à couvert avant l'attaque de l'objectif en le prenant
à revers. Au moment où les hommes de Lovat parviennent
à la lisière du bois, l'éclaireur de gauche signale une
patrouille allemande montant en renfort vers la batterie
Retour
- 12 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
où le combat a débuté entre le groupe Mills-Roberts et les artilleurs. Une embuscade est
rapidement montée et la patrouille est neutralisée par les commandos qui continuent leur
progression et prennent position sur les arrières de la batterie. A 6:10, le groupe tire une
fusée blanche pour avertir les hommes de Mills-Roberts de l'imminence de l'assaut.
Par la valleuse de Vasterival, Mills-Roberts, adjoint de Lovat, et ses 90 hommes attaquent
de front. Les deux groupes chargent à la baïonnette, neutralisent la batterie, font sauter
les culasses des 6 canons afin de les rendre inutilisables et redescendent sur la plage où ils
rembarquent emmenant des prisonniers. Modèle d'éxécution, ce fut la seule phase de
l'opération sur Dieppe qui se déroula comme prévu.
retrouvent les hommes du lieutenant-colonel Merritt qui couvrent héroïquement leur
retraite sous le feu des défenses allemandes, tandis que sont coulées la moitié des
péniches qui devaient les rembarquer.
5 - Dieppe
L'assaut principal sur Dieppe est lancé à 5:20. L'attaque de front est menée, sur la droite
-
4 - Pourville
Au même moment, à Pourville, le South Saskatchewan Regiment est mis à terre avec
mission de tenir la plage et le village afin de permettre aux Queen's Own Cameron
Highlanders of Canada, qui débarqueront une demi-heure plus tard, de faire leur jonction
avec les chars du Régiment de Calgary qui doivent accoster à Dieppe, en vue d'attaquer
l'aéroport de St-Aubin et le Quartier général de la division allemande que l'État-major
anglais croit situé à Arques.
Le South Saskatchewan Regiment qui devait aussi
s'emparer d'une station de radar située sur la falaise et
la détruire après en avoir prélevé les instruments
scientifiques échoue dans sa tentative. Les Queen's
Own Cameron Highlanders of Canada progressent
de 1,5 km à l'intérieur des terres jusqu'au village de
Petit-Appleville. Attaqués par le 571e régiment
d'infanterie allemande arrivé en renfort, ils doivent refluer vers la plage où ils
plage « White » - par le Royal Hamilton Light Infantry, commandé par le lieutenantcolonel R. R. Labatt et, sur la gauche - plage « Red » - par l'Essex Scottish, commandé
par le lieutenant-colonel F. K. Jasperson. Au moment où les embarcations approchent
de la rive, des chasseurs et des bombardiers légers de la Royal Air Force et de la Royal
Canadian Air Force attaquent, tandis que d'autres livrent des combats sans merci aux
avions de la Luftwaffe. Les canons de quatre destroyers de la Royal Navy pilonnent
sans discontinuer les fortifications allemandes.
Retour
- 13 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Les neuf premiers chars du 14e régiment de chars, commandés par le lieutenant-colonel
J. G. Andrew s, devaient débarquer en même temps que la première vague d'infanterie. A
titre de réserve, le général Roberts disposait d'un bataillon d'infanterie, les Fusiliers
Mont-Royal, commandé par le lieutenant-colonel Dollard Ménard et aussi du Commando
« A » des Royal Marines, sous les ordres du lieutenant-colonel J. P. Phillipps. Les
Marines avaient pour tâche particulière d'agir en qualité d'équipe de destruction qui
accosterait au port avec la canonnière Locust et six chasseurs de la « France libre ».
Cette équipe devait « s'emparer d'autant de péniches que possible dans le temps dont elle
disposerait, détruire les autres, ainsi que tout autre navire qu'il n'était pas possible
d'enlever. » Les Fusiliers Mont-Royal devaient débarquer dès la prise de la ville, leur tâche
consistant à former un périmètre défensif intérieur, puis à former l'arrière-garde lors du
rembarquement.
Les tirs très meurtriers de la défense allemande qui prennent la plage et la Promenade en
enfilade sèment la mort parmi les hommes du Royal Hamilton Light Infantry. Ils se
lancent à l'assaut, traversent la plage sous un déluge de feu et parviennent, après une
heure de combat, à pénétrer dans le casino transformé en blockhaus très puissamment
défendu. Situé en avant de la ville, en bordure de plage, le casino forme une sorte de
passage couvert menant vers le boulevard de Verdun. Grâce à cet abri, un groupe du
Royal Hamilton Light Infantry et un détachement commandé par un sergent de sapeurs
pénétrent dans la ville et s'y maintiennent quelque temps. Des petits détachements
progressent au-delà de la Promenade et pénétrent dans l'agglomération. Celui que
commande le capitaine Hill atteint même le centre de la ville près de l'église Saint-Rémy,
mais isolés, ses hommes sont bientôt contraints de refluer vers la plage.
Le sergent Hickson et son groupe de 18 hommes dont la mission est de faire sauter le
central téléphonique, traversent le casino et le théâtre, pénétrent dans la ville et attaquent,
au corps à corps, un point d'appui allemand dont ils éliminent les défenseurs et
parviennent à regagner la plage.
À l'est de celle-ci, l'Essex tente à plusieurs reprises de franchir le mur qui la sépare de la
Promenade sans y parvenir tant est intense le feu de l'ennemi. Seul le groupe du sergentmajor Stapleton parvient à ouvrir une brêche dans les barbelés, à traverser le terre-plein
de la Promenade et à progresser de maisons en maisons vers le port.
Les 9 chars du régiment de Calgary qui devaient soutenir l'assaut de la première vague
ont été débarqués par erreur trop à l'ouest de la plage et avec 15 minutes de retard
pendant lesquelles l'infanterie est privée d'appui-feu et l'effet de surprise, qu'ils devaient
provoquer est perdu. 29 chars au total, ont été débarqués durant l'opération. Quatre ou
peut-être cinq d'entre eux (selon certains témoignages) seulement parviennent à atteindre
le terre-plein de la Promenade mais sans pouvoir pénétrer dans la ville dont les issues
sont barrées par d'énormes blocs de béton. Les autres sont immobilisés - chenilles
brisées par les galets de la plage.
Depuis le début des combats, le major-général Roberts, commandant en chef des
opérations terrestres, ne reçoit à bord du « Calpe », son navire de commandement, que
des renseignements fragmentaires et par conséquent
inexacts sur ce qui se déroule réellement à terre car les
moyens de transmission de la plupart des unités sont détruits
ou endommagés. Il croit que l'Essex a pu pénétrer dans la
ville, alors qu'il ne s'agit que du petit groupe de Stapleton et
afin d'exploiter la situation qu'il pense encore favorable, il
prend la décision de faire débarquer les 600 hommes des
Fusiliers Mont-Royal. Ce qui ne fait qu'accroître les pertes
en vies humaines et ajouter au drame.
A 7 heures, à bord de 26 vedettes, les Fusiliers approchent
sous un feu implacable. A leur tête, le lieutenant-colonel
Ménard, gravement blessé dès l'accostage, débarque avec ses hommes qui sont
imméditement cloués sur la plage.
Seuls quelques-uns d'entre eux, commandés par le sergent-major Lucien Dumais,
parviennent à pénétrer dans la ville, mais harcelés par les patrouilles allemandes, ils
refluent vers le casino et sont faits prisonniers.
Retour
- 14 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
D'autres avec Pierre Dubuc, traversant toute la ville, s'infiltrent jusque sur les quais du
port où ils attaquent un bateau allemand. Cernés, à court de munitions, ils sont faits
prisonniers eux aussi mais réussissent à s'échapper et à regagner la plage où ils rejoignent
leurs camarades avec lesquels ils se défendent désespérément à l'abri précaire du muret
qui borde la Promenade.
Au milieu d'eux, le capitaine Foote, aumonier du Royal Hamilton Light Infantry, se
dévoue sans souci des risques auprès des blessés
et des mourants. Il poussera l'abnégation jusqu'à
refuser d'être évacué se laissant faire prisonnier
pour pouvoir continuer à exercer son ministère
auprès de ses soldats.
Roberts a fait aussi débarquer le Commando A
des Royal Marines. Le colonel Phillips à la tête
de sa formation s'approche de la côte sous un feu
terrible et se rend compte immédiatement de
l'impossibilité absolue de tout débarquement.
Debout sur le pont de son embarcation il fait signe aux autres bateaux de faire demi-tour
afin de se mettre à l'abri de l'écran de fumée, jusqu'à ce qu'il s'écroule mortellement
atteint, sauvant ainsi la plupart de ses hommes.
Quatre heures après que les premières vagues d'assaut ont été débarquées l'échec de
l'opération est total en dépit des remarquables succès obtenus par les groupes de Peter
Young et de Lord Lovat. C'est aussi un désatre stratégique.
Le bilan
Il est sévère. Les pertes canadiennes s’élèvent à près de 3000 hommes, dont 907 soldats
morts durant l'opération ou des suites de leurs blessures et près de 2000 prisonniers. Les
Fusiliers Mont Royal ont perdu 88,4% de leur effectif, le Royal Hamilton Light Infantry
82,7%, le Royal Regiment of Canada 87,3% et l’Essex Scottish Regiment 96,3%.
Légèreté et improvisation dans la préparation, manque de jugement, dilution des
responsabilités, choix désastreux des sites de débarquement de Dieppe et de Puys, telles
sont les charges que l'on doit retenir à l'encontre de Mountbatten qui, dit-on, avait
coutume d'afficher avec arrogance un dilettantisme qu'il pensait être le summum de
l'intelligence et de l'élégance.
Béatrice Richard, agrégée d’histoire et professeur au Collège militaire St-Jean écrit dans
son ouvrage « 70 ans après, le raid de Dieppe revisité » :
« Lord Mountbatten en tête, les responsables du raid ont toujours soutenu que "la
bataille du Jour J avait été remportée sur les plages de Dieppe" et que le sang versé
avait épargné des vies à ce moment-là. Or, aucun élément de « Rutter », a fortiori de «
Jubilee », ne permet d’affirmer qu’il s’agissait d’une « reconnaissance en force » ou
encore d’un « test » en vue d’un débarquement futur. Dieppe représente davantage une
nouvelle forme de raid, plus imposant en termes d’effectifs et de blindés certes, mais
avec toujours les mêmes objectifs – destruction d’installations, de navires, capture de
prisonniers, exfiltration, etc. Bref, un travail de commando à plus grande échelle.
Pour autant, on ne s’appliqua pas à présenter les coups de main ayant précédé «
Jubilee » comme autant de "répétitions" de l’invasion du continent européen. Des
opérations telles "Archery"et "Chariot" - avaient déjà mis en évidence l’importance de
bombardements préliminaires et d’un appui-feu mobile dans la phase initiale de
débarquement – apparemment, on n’en tint pas compte à Dieppe. »
Retour
- 15 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
Et Brian Loring Villa dans son étude « Unauthorized Action: Mountbatten and the
Dieppe Raid » conteste la thèse des soi-disant leçons qui en auraient été tirées pour
assurer la réussite d'Overlord. Selon ses habitudes, Mountbatten a lancé l'Opération «
Jubilee » sans obtenir l’aval de la chaîne de commandement, servant ainsi ses ambitions
personnelles sans souci des conséquences qui pourraient en résulter pour des hommes
impliqués dans une opération qui ne pouvait se terminer que par un désastre. La thèse des «
leçons » n'a servi qu'à masquer hypocritement ses propres déficiences et à protéger sa
réputation.
Le tir incessant des armes automatiques, celui des mortiers, les explosions d'obus, le
hurlement des avions qui attaquent en piqué, les cris des blessés enfin, transforment la
plage en un véritable enfer et le repli en carnage.
« Journée héroïque et amère. »
Alors que les rares rescapés regagnent l'Angleterre, là-bas, des captifs
par centaines entament leur longue marche vers les camps de prisonniers.
Les blessés et les morts, eux, gisent sur la plage, là où ils sont tombés,
tandis que la mer montante les recouvre peu à peu.
La fin
À Dieppe, le 19 août 1942, « Vanquish », nom de code pour l'ordre d'évacuation des
plages, est lancé pour 11 heures. Les opérations de rembarquement s'effectuent sous la
protection des canons du « Calpe » et des autres destroyers qui se sont avancés au plus
près de la plage.
La Royal Air Force et la Royal Canadian Air Force multiplient leurs attaques tandis que
s'intensifient les tirs de la « Flak », la défense anti-aérienne allemande - 106 avions ne
rejoindront pas leur base en Angleterre.
« Vanquish » à 11:00
À cette heure-là, la marée est basse et laisse toute la plage à découvert que les hommes
vont devoir franchir en cherchant un abri précaire derrière les carcasses de chars et
d'embarcations qui jonchent la plage pour se jeter à la rencontre des bateaux sauveteurs.
Retour
- 16 -
Les Canadiens
et la Libération de l'Europe.
1939-1945
2
La bataille du St-Laurent.
Contenu interactif
Page Titres
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Contenu interactif
1 - 1942
2 - 31 juillet
3 - 27 août
3 - 3 septembre
4 - 6 septembre
5 - 7 septembre
6 - 9 septembre
7 - 11 septembre
8 - 15 septembre
9 - 21 septembre
10 - 24 et 25 septembre
11 - 29 septembre
12 - 9 octobre
13 - 11 octobre
14 - 14 octobre
15 - 9 novembre
16 - 1943
17 - 1944
18 - 14 octobre
19 - 2 novembre
20 - 24 novembre
21 - 24 décembre
22 - 1945
23 - MacKenzie King
Chapitre 2
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
La bataille du Saint-Laurent.
1942-1945
En 1939, la Grande-Bretagne est vulnérable. Le pays est le plus gros importateur du
monde. Du blé au pétrole en passant par le coton et le beurre, tout ou presque arrive par
bateau. La moitié de la nourriture est importée
ainsi que les deux tiers des matières premières.
Pour nourrir ses 50 millions d'habitants, pour
survivre, la Grande-Bretagne doit, absolument
assurer la libre navigation, chaque mois, de
milliers de navires marchands, sinon, c'est le
risque de mourir d'inanition, physiquement
comme financièrement.
Les sous-marins de la Kriegsmarine, la marine militaire du IIIe Reich allemand, sous le
commandement du grand-amiral Dönitz attaquent les convois alliés qui, depuis
l'Amérique du Nord, ravitaillent la Grande-Bretagne en guerre. Ils livrent ce que l'on a
appelé la « Bataille de l'Atlantique » dont une partie s'est déroulée au Canada dans
l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent. En effet, les U-Boote devaient impérativement
bloquer la circulation maritime sur le fleuve, le port de Montréal exportant à lui seul plus
de marchandises que l'ensemble des ports de la côte est du Canada.
Sur le plan tactique la situation se présentait favorablement pour les Allemands. Le
fleuve relativement étroit donc facile à surveiller débouche sur la haute mer par deux
détroits tout aussi faciles à contrôler même avec un nombre réduit de sous-marins.
La configuration des rives du Saint-Laurent permet aux U-boote d'échapper aux
repérages visuels et la superposition des couches d'eau à différentes températures rend
l'utilisation de l’ASDIC (sonar) inefficace.
De plus l'estuaire du Saint-Laurent ne possède que deux voies de sortie vers l'océan
Atlantique aisémant contrôlables :
- le détroit de Belle Isle entre TerreNeuve et le Labrador
- le détroit de Cabot entre Terre-Neuve
et l'Île du Cap-Breton.
En outre, le Canada ne possède alors
que des moyens très limités de défense
maritime. Le sous-marin n’existe que
pour transporter ses quatorze torpilles
Retour
- 20 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
En effet, dans un discours prononcé à la Chambre des communes le 25 mars 1942, McKenzie King, 1er ministre du Canada, déclare :
« Les agents au service de la Marine canadienne se sont montrés d’avis que, d’ici quelques mois, on pourrait
très bien repérer des sous-marins évoluant dans le golfe, voire dans le fleuve Saint-Laurent. Il est bien connu que les sous-marins
ennemis sont en mesure de quitter leurs bases en Europe, se rendre jusqu’à notre continent, traquer leurs proies pendant
quelques jours ou semaines, puis regagner leurs ports d’attache sans devoir se ravitailler en carburant. »
et les lancer vers l’objectif à une vitesse de l'ordre de 25 noeuds (40-50 km/h). Avec ses
six mètres de long et son poids de deux tonnes, chaque torpille est une arme très délicate
qui exige des soins attentifs.
« Les torpilles ne sont pas de simples projectiles, mais de véritables submersibles
miniatures dont les mécanismes sont fort complexes. Elles sont munies non seulement de
gouvernes de direction, comme n’importe quel bateau, mais aussi de gouvernes de
plongée. Il s’agit, en somme, de petits sous-marins autonomes transportant des charges
de 350 kilos de trinitrobol. » (Lothar-Günther Buchheim, Le Styx, Albin Michel.)
De juin à décembre, les U-Boote coulent 343 navires. Winston Churchill ne s’y trompe
pas. Il écrit dans ses Mémoires:
« La seule chose qui m’effraya vraiment pendant la guerre fut le péril sous-marin. Cette
bataille m’inquiétait bien plus fortement que les combats pleins de gloire qui ont été
désignés comme la bataille aérienne de l’Angleterre. »
Appelée NCSM Fort Ramsey, elle ne possédait qu'un seul navire de faible tonnage, le
NCSM Venning long de 18 mètres. Dès mars
1942, le premier-ministre canadien William
Lyon Mackenzie King faisait part de ses
craintes de voir l'arrivée des U-boote dans le
golfe et l'estuaire du Saint-Laurent et ajouta à la
tâche de la marine canadienne qui escortait déjà
les convois dans l'Atlantique, celle de les
protéger le long des côtes canadiennes.
Des postes d'observation sont construits sur
les côtes de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent
et de la Côte-Nord. Un aérodrome militaire est
aussi aménagé à Mo-Joli au Québec. Une
station DGRS (Degaussing Gear Ranging Station) est érigée sur l’île d’Orléans pour
repérer les sous-marins susceptibles de se frayer un chemin vers Québec.
En 1940, les autorités canadiennes avaient décidé, devant la menace d'une invasion de la
Grande-Bretagne par la Wehrmacht, de transformer le petit port de Gaspé au Québec en
une base navale destinée à accueillir les navires de la Royal Navy.
1942
Dans la nuit du 11 au 12 mai 1942 à 15 kilomètres au
nord de Pointe-à-la-Frégate, le U-Boote U-553
affecté à l'opération allemande « Paukenschlag1 »
(dont la mission était d'interdire le trafic maritime sur
Retour
- 21 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
la côte est du Canada et des États-unis) sous le commandement du capitaine Karl
Thurmann attaque et coule le Nicoya, un navire marchand britannique qui transportait du
ravitaillement à partir de Montréal, entraînant dans la mort six membres d'équipage. Le
lendemain, au large de Rivière-de-la-Madeleine, il envoie par le fond le Leto, un navire
hollandais affrété par le ministère du Transport de guerre britannique, tuant ses dix
marins.
Dans les jours qui suivirent , la RCAF envoie des renforts à Mont-Joli et déplace le 117e
Squadron (bombardement et reconnaissance), équipé d'avions Canso et d'hydravions
Catalina, à North Sydney (Nouvelle-Écosse) et un détachement permanent est installé à
Gaspé.6 juillet - le convoi QS-15 (Québec-Sydney) est attaqué
par l'U-132 commandé par le capitaine Ernst Vogelsang et voit
trois de ses douze navires coulés en moins de trente minutes.
Deux sont des navires britanniques le Dinaric et le Hainaut,
l'autre est grec l'Anastassios Pateras. Le sous-marin est pris en
chasse par le navire d'escorte, le dragueur de mines de classe
Bangor, NCSM Drummondville commandé par le lieutenant J.P.
Fraser qui lançe une série d'attaques à la grenade sous-marine. Quatre chasseurs Curtiss
Kittyhawk du 130e Squadron basé à Mont-Joli participent à la chasse sous le
commandement de J.A.J. Chevrier qui devait perdre la vie au cours de cette mission. 20
juillet - le capitaine Vogelsang et son U-132 coulent le navire britannique Frederika
Lensen à
Frégate.
l'ouest
de
Pointe-à-la-
31 juillet - le commandant du 113e
Squadron de Yarmouth , le Squadron
Leader Norville E. Small, repère le U754 au sud de Yarmouth en NouvelleÉcosse aux commandes de son
Lockheed Hudson. Il l'attaque à la
mitrailleuse et à la grenade anti-sous-
marine avec une telle précision que le sous-marin est atteint avant qu'il n'ait eu le temps
de plonger. Une énorme explosion sous-marine se produit et le U-Boote disparaît alors
dans les profondeurs entraînant dans la mort ses 43 membres d'équipage. Bien que le
naufrage du U-754 se soit déroulé à l'extérieur du golfe du Saint-Laurent cet évènement
doit être mentionné ici car il s'agit là du premier sous-marin ennemi coulé par un avion
du Commandement aérien de l'Est de la Royal Canadian Air Force (RCAF).
Au mois d'août, l'amiral Dönitz déploie trois U-boote
dans le détroit de Belle-Isle en vue d'attaquer les
convois de matériaux nécessaires à la construction de
la base aérienne américaine de Goose Bay au Labrador
et ceux qui se rendaient de Sydney au Groenland où
les Américains aménagent des bases et des
aérodromes. Il y avait parmi eux le U-517 du capitaine
Paul Hartwig2 et le U-165 du capitaine Eberhard
Hoffman.
27 août - Deux convois, le SG-6 (Sydney-Groenland) et le LN-6 (Québec-Goose Bay),
entrent dans le détroit de Belle-Isle. Le U-517 torpille et coule le transport de troupes
américain Chatham transportant 562 soldats. Treize hommes perdent la vie malgré les
efforts des gardes-côtes américains et
de la corvette NCSM Trail sous les
ordres du lieutenant G.S. Hall.
Le lendemain, le cargo Laramie est
torpillé et endommagé par le U-165
tandis que le U-517 coule le bâtiment
américain Arlyn. Ces deux navires faisaient partie du convoi SG-6. En septembre, une
partie du 113e Squadron de Yarmouth en Nouvelle-Écosse, équipé d'avions de repérage
Hudson, est détaché à Chatham au Nouveau-Brunswick pour mener la chasse contre les
U-Boote qui se révélaient de plus en plus dangereux.
Retour
- 22 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Otto Kretschmer, commandant du U-Boote 99, parle de sa guerre sous-marine:
« L’important pour moi était de torpiller un bateau avec une seule torpille et de ne pas
tirer en éventail de l'extérieur du convoi. Je pénétrais â l'intérieur du convoi entre les
escortes et le convoi pour les torpiller de très près. Cette tactique s'est avérée efficace,
alors je l'utilisais presque toujours. »
3 septembre - Le lacquier3 Donald Stewart est envoyé par le fond avec trois de ses
membres d'équipage. Le NCSM Weyburn, une corvette commandée par le lieutenant
Tom Golby, attaque le U-517, mais sans l'atteindre. Quelques heures plus tard, un Digby
du 10e Squadron de Gander piloté par le lieutenant J.H. Sanderson de la RCAF grenade
le sous-marin sans plus de résultats.
15 septembre - Le convoi SQ-36, sous escorte du HMS Salisbury de la Royal Navy,
est attaqué par les U-Boote U-165 et U-517. L'U-165 coule le cargo Joannis, alors que
l'U-517 envoie par le fond les cargos Saturnus et Inger Elisabeth. Le sous-lieutenant
R.S. Keetley du 113e Squadron attaque l'U-517 le lendemain sans réussir à l'atteindre.
21 septembre - Le dragueur de mines NCSM Georgian qui escortait le convoi QS-38,
aperçoit le U-517 et l'attaque avant que
celui-ci n'ait eu le temps de tirer ses
torpilles, mais le sous-marin réussit à
s'enfuir.
24 et 25 septembre - Le U-517 subit
trois attaques aériennes de la part des
appareils du 113e Squadron. Sans
résultat.
6 septembre - Le navire marchand grec Aeas du convoi QS-33 est coulé par le U-165.
Dans la nuit qui suit, le yacht armé NCSM Racoon parti à la poursuite du sous-marin est
atteint et coule avec ses trente-sept marins.
29 septembre - Le lieutenant Bélanger
Squadron à l'assaut contre l'U-517 sans plus de résultats.
7 septembre - Le U-517 attaque le reste du convoi. Les bâtiments grecs Mount-Pindus
et Mount-Taygetus chargés de chars d'assaut sont attaqués et sombrent leur tour.
L'Oaktor, un navire marchand canadien avec sa cargaison de charbon attaqué lui aussi,
sombre avec trois de ses marins.
mène encore une fois le
9 septembre. La fermeture du St-Laurent au navires transatlantiques est décidée par le
gouvernement canadien. Dix-sept corvettes quittent le Saint-Laurent pour participer au
débarquement en Afrique-du-Nord. Le même jour le sous-lieutenant R.S. Keetley du
113e Squadron attaque le sous-marin U-165 mais sans grands dommages pour celui-ci.
11 octobre - Le Waterton du convoi BS-31 est coulé par le U-106 du capitaine
Hermann Raschle. Le yacht armé NCSM Vison et les appareils du 117e Squadron
parviennent à forcer le sous-marin à faire surface.
11 septembre - L'U-517 envoie par le fond une corvette le NCSM Charlottetown.
faisant dix victimes parmi les personnes qui observaient le naufrafe depuis la rive. JeanPaul Fortin, matelot â bord du Charlotettown, témoigne: « Le 11 septembre 1942 à huit
heures du matin, on se dirigeait vers Gaspé... la torpille a frappé l’arrière du bateau...
le bateau a disparu en à peu près cinq minutes. »
113e
9 octobre - Le vraquier Carolus coule en emportant onze membres de son équipage à la
suite de l'attaque par le U-69.
14 octobre - Le traversier S.S. Caribou, sous le
commandement du capitaine Ben Taverner, qui
effectuait la liaison entre Sydney et Port-aux-Basques
à Terre-Neuve, escorté par le NCSM Grandmère, un
dragueur de mines, commandé par le lieutenant James
Retour
- 23 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Cuthbert est coulé par le U-69. Cent trente-sept passagers et membres de l'équipage
trouvent la mort dans cette terrible tragédie.
apprendre à vivre. Vous êtes déchiré. Démoralisé. Vous vous sentez terriblement seul »,
déclare-t-il plus tard.
À l’aube, l’U-69 se trouve dans le détroit de Cabot, de retour après une campagne
infructueuse dans le Saint-Laurent, lorsqu’il repère le traversier SS Caribou. Ce dernier
effectue la traversée nocturne de Sydney à Port-aux-Basques, à Terre-Neuve.
« J’aurais dû continuer à pourchasser le sous-marin, mais je ne le pouvais pas. Surtout
pas en sachant qu’il y avait des femmes et des enfants en détresse non loin. Si j’en
avais fait davantage, j’aurais largué des grenades sous-marines parmi eux. » Parmi
les morts figurent Ben Taverner, le capitaine du Caribou, et ses deux fils, cinq paires de
frères tous membres de l’équipage et, parmi les dizaines de passagers, dix enfants.
« Un désordre indescriptible règne à l’intérieur. Où que l’on aille, il faut jouer des coudes, escalader des
obstacles. Des hamacs bourrés de pains oscillent sous les plafonds. Des caisses de vivres, des piles de boîte de
conserve, des sacs encombrent les coursives. Mais où donc va-t-on ranger tout cela? Pas un recoin qui ne soit déjà
occupé. Les constructeurs (…) ont utilisé toute la place disponible pour leurs machines, partant du principe qu’en
dépit de la densité extrême du réseau des collecteurs, du volume occupé par les colossales unités de propulsion, de la
multiplicité des appareils auxiliaires et de l’armement, il resterait toujours assez d’angles morts pour l’équipage.»
(Lothar-Günther Buchheim, Le Styx, Albin Michel)
237 passagers et membres d’équipage se trouvent à bord.
Lorsque la torpille frappe le Caribou, le NCSM
Grandmère suit les consignes de la marine en ontreattaquant aussitôt. Son équipage tente d’éperonner l’U-69
puis lance des grenades sous-marines mais le U-boot
parvient à s’échapper. Lorsque le NCSM Grandmère
abandonne la chasse au bout de 90 minutes, son équipage
ne retrouve que 103 survivants, dont deux meurent
ensuite de froid.
La décision de retarder la recherche de passagers, en
dépit de sa conformité aux consignes, est déchirante pour le capitaine du Grandmère, le
lieutenant James Cuthbert. « Mon Dieu. Je suis passé par la panoplie d’émotions que
l’on ressent dans pareilles situations. Ce sont des choses avec lesquelles il faut
9 novembre - Un espion allemand, le lieutenant von Jarnowski, a été débarqué près de
Gaspé. Il sera arrêté presque aussitôt
dans le train reliant Gaspé à Québec.
La bataille du Saint-Laurent est
catastrophique pour le Canada. Les
pertes
canadiennes
sont
considérables alors que celles des
Allemands sont presque nulles. Les
sous-marins allemands bloquent la
navigation sur le fleuve et la
population vit dans une psychose de
peur.
Mais, la vie déjà difficile des sous-mariniers allemands va bientôt se tranformer en un
véritable cauchemar.
Retour
- 24 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
1943
En effet, à partir de 1943, la situation se renverse. La participation de l'aviation aux
missions de surveillance navale et le développement de nouvelles technologies, comme
le sonar et le radar, permettent un meilleur repérage des sous-marins en plongée.
L'utilisation de grenades sous-marines de grande puissance lancées par les navires
d'escorte assurent une meilleure protection aux convois de ravitaillement vers l'Europe.
Enfin, le tonnage des navires construits par les nations alliées dépasse maintenant les
pertes causées par les allemands.Au cours de l'année, une station météorologique WFL26 est installée clandestinement par les Allemands sur la côte est du Labrador à Martin
Bay.
Puis, en mars, une série de coups durs pour l'amiral Dönitz : Le 7 mars, Gunther Prien
trouve la mort dans son U-Boot attaqué par un destroyer. Neuf jours plus tard, des UBoote s’en prennent au convoi HX12 et expédient par le fond cinq bâtiments. Un
destroyer fonce sur le U-100 commandé par Joachim Schepke et parvient à
l’éperonner. Un autre destroyer grenade le U-99 et capture Otto Kretschmer son
commandant, l’as de la Kriegsmarine, qui aurait coulé 44 navires.
En l’espace de dix jours, Dönitz a perdu trois de ses plus brillants commandants.Ces
défaites sont dues à la mise en service de groupes d’escortes bien commandés et bien
entraînés.
De plus, la plupart des destroyers qui protègent les convois sont maintenant équipés du
radar qui, à la différence de l’asdic, repère les sous-marins en surface quelles que
soient les conditions de visibilité.
Le 6 mai, une tentative d'évasion de prisonniers de guerre allemands, dont le capitaine
Otto Kretschmer par le sous-marin U-262, est déjouée par la Police militaire dans le
secteur de North Point à l'Île-du-Prince-Édouard.
En juin, l'U-119 mouille des mines à Halifax. Le 28 septembre, nouvelle tentative ratée
d'évasion de prisonniers, cette fois avec le U-536 à Pointe de Maisonnette au
Nouveau-Brunswick. En octobre, le U-220 mouille des mines à Saint-Jean de TerreNeuve.
1944
En 1944, les U-Boote sont maintenant équipés d'un « snorkel», appareillage qui leur
permet de recharger leurs batteries en plongée périscopique, ce qui les rend plus
difficiles à repérer.
14 octobre - La frégate NCSM Magog est gravement avariée par le U-1223 près du
phare de Pointe-des-Monts sur la Côte-Nord. Elle pourra néanmoins rallier Québec par
ses propres moyens mais sera déclarée perte totale à son arrivée. j’aurais largué des
grenades sous-marines parmi eux. »
Parmi les morts figurent Ben Taverner, le capitaine du Caribou, et ses deux fils, cinq
paires de frères tous membres de l’équipage et, parmi les dizaines de passagers, dix
enfants.
2 novembre - Le U-1223 endommage le céréalier Fort Thompson près de Matane.
24 novembre - Dans la soirée du 24 novembre 1944, l’U-1228 repère la corvette
NCSM Shawinigan mouillant au large de Port-aux-Basques en attendant d’escorter le
traversier Burgeo vers Sidney en Nouvelle-Écosse. La torpille lancée par le sous-marin
provoque des dommages si considérables que le NCSM Shawinigan coule sans même
avoir eu le temps d'envoyer un signal de détresse - 91 membres d’équipage y trouvent
la mort.
24 décembre - Le U-806 coule le NCSM Clayoquot, un dragueur de classe Bangor4.
Retour
- 25 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La bataille du St-Laurent. 1942-1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
1945
Le U-190 va couler le dernier navire de la
Bataille du Saint-Laurent le 16 avril près
d'Halifax. Il s'agit du NCSM Esquimalt, un
dragueur de type Bangor. Le U-Boote 190 se
rendra à la Marine royale du Canada le 11 mai,
trois jours après l'arrêt des combats. En juin, il
sera intégré à la flotte canadienne sous le nom
de NCSM U-190, puis sera sabordé en 1947
sur le site même du naufrage de l'Esquimalt.
Notes :
1 - Paukenschlag : Opération « Roulement de tambour »
2 - Paul Hartwig raconte : « Nous avons fait seulement notre devoir, convaincus de défendre ceux que
nous aimions... tout comme les Canadiens. La guerre en sous-marin, c'était très dangereux... 35 000
marins sont morts en pleine action. ».
Le capitaine Paul Hartwig, après la guerre, deviendra vice-amiral de la Marine de la République
Fédérale d'Allemagne (RFA)
.3 - Lacquier : navire pouvant passer les écluses du Saint-Laurent pour rejoindre les Grands-Lacs.
4 - Bangor : type de dragueur de mines à faible tirant d’eau de construction très rustique.
Retour
- 26 -
Les Canadiens
et la Libération de l'Europe.
1939-1945
3
L'effort de guerre.
Contenu interactif
Page Titres
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
L’Effort de guerre.
Contenu interactif.
1 - Économie de guerre et contrôle économique.
2 - McKenzie King, Premier ministre canadien
3 - Les femmes et la guerre sur le front intérieur.
4 - Les chantiers navals.
5 - La production industrielle et agricole.
6 - L'industrie aéronautique.
7 - L’effort financier
Chapitre 3
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
L’Effort de guerre.
L'effort de guerre canadien. 1939-1945
La guerre a influencé pratiquement tous les aspects de la vie quotidienne au Canada.
L'activité dans les villes et les villages fourmillait alors que les usines produisaient jour et
nuit de l'équipement militaire. De nouvelles industries ont vu le
jour, ainsi que de grandes bases des forces aériennes, navales et
terrestres. Les rues regorgeaient de militaires – non seulement de
militaires canadiens, mais aussi de milliers de militaires des pays
alliés de partout dans le monde. La guerre était aussi omniprésente
dans les médias. La radio, les cinémas, les journaux et les
magazines diffusaient en permanence les nouvelles de la guerre et
les publicités du gouvernement et des groupes de citoyens pour
promouvoir l'effort de guerre.
Économie de guerre et contrôle économique.
Clarence Decatur Howe (1886-1960) est le grand
organisateur de l'économie de guerre canadienne.
Homme d'action dynamique et énergique, ministre des
Munitions et des Approvisionnements il dirige le
programme de production de guerre du gouvernement.
Assisté par une équipe d'économistes, il oriente les
efforts de l'industrie canadienne afin de l'adapter à la
production d'énormes quantités d'approvisionnements de toutes sortes - navires, avions,
chars d'assaut, véhicules automobiles, armes, munitions, matériel électronique - radar et
radio, pour les forces armées canadiennes, pour celles de la Grande-Bretagne et de ses
Alliés.
Son ministère crée des sociétés d'État, entreprises
publiques exclusivement canadiennes, pour produire
des articles tels que du caoutchouc synthétique, dans
des secteurs où aucune industrie n'existait jusque-là.
En octobre 1944, il assume aussi les responsabilités de
ministre de la Reconstruction pour superviser la
transition vers une économie de libre entreprise en
temps de paix, tout en cherchant à limiter le chômage
et l'inflation. Il devient rapidement connu comme le « ministre de tout ». Le
gouvernement exerçe une mainmise totale sur l'économie dont il fait une arme pour
gagner la guerre.
Au printemps 1940, le gouvernement crée, sous la
gouverne de C.D. Howe, le ministère des
Munitions et des Approvisionnements et la
Commission de contrôle des industries en temps
de guerre. Il applique de sévères mesures de
contrôles des prix et des salaires en 1941. Il
accorde des prêts sans intérêt. Il fait don
Retour
- 30 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
L’Effort de guerre.
d'approvisionnements de guerre en janvier 1942 à la Grande-Bretagne. Par l'intermédiaire
de l'Office canadien de l'aide mutuelle, le Canada mettait l'excédent de sa production de
guerre à la disposition de ceux de ses alliés qui ne pouvaient se permettre de l'acheter.
Le pays était prospère. Le chômage inexistant. Il est vrai que les salaires étaient limités et
qu'on ne pouvait choisir son emploi ni changer tout à fait librement. Il fallait aussi
composer avec quelques pénuries et un certain rationnement de denrées alimentaires et
d'autres produits. L'impôt sur le revenu, invention de la Première Guerre mondiale, a été
augmenté. Le gouvernement exerce des pression sur les travailleurs pour que ceux-ci
placent leur argent dans les obligations de la Victoire et dans des régimes d'épargne.
Les femmes et la guerre sur le front intérieur.
Durant la guerre, le gouvernement canadien incita
activement les femmes à travailler pour l'effort de guerre
pour soutenir l'industrie qui produisait toujours plus, et pour
compenser l'absence des hommes enrôlés dans les forces
armées. En 1942, Ottawa inscrit toutes les femmes nées
entre 1918 et 1922 (donc âgées de 20 à 24 ans) dans le
Service sélectif pour faire face à d'éventuelles pénuries de
main-d'œuvre.
« Le Canada a fourni aux Alliés 500 navires, 8 000 avions,
25 000 chars et engins blindés, 500 000 véhicules. »
.L. Mackenzie King, Premier ministre du Canada. 1938-1945. Discours devant le Parlement.
En août 1944, sur une population de 11 500 000 habitants, le
Canada compte 780 000 combattants, tous volontaires.
Le nombre de Canadiens enrôlés durant le conflit s'établit à 1 100
000, soit près de 9,5 % de la population du Canada.
40,6 % de la population masculine de 18 à 45 ans a servi dans les
Forces armées canadiennes durant le IIe Conflit mondial.
En 1943-1944, 439 000 femmes travaillaient dans les secteurs des services de
l'économie canadienne. 373 000 autres femmes occupaient des emplois dans les
industries manufacturières dont envion 261 000 directement dans les industries de
fabrication de munitions.
Bon nombre d'entre elles effectuaient des tâches traditionnellement réservées aux
hommes. Par exemple, dans les chantiers navals et les fonderies à Sudbury, les femmes
représentaient 30 % de la main-d'œuvre.
Retour
- 31 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
L’Effort de guerre.
Les chantiers navals.
Pour
acheminer
de
telles
quantités
d'approvisionnements vers l'Europe en guerre et
pour assurer la protection des convois contre les
sous-marins
allemands
qui
quadrillent
l'Atlantique-Nord, il faut toujours plus de
navires, cargos, destroyers, contre-torpilleurs,
corvettes, et donc, toujours plus de chantiers
navals d'où sortiront, au cours de la guerre, plus
de 1 000 bateaux, faisant du Canada la troisième
puissance navale alliée.
Le Canada n'avait construit que très peu de bateaux durant les années d'avant-guerre car
la Grande-Bretagne ne souhaitait pas encourager ses
anciennes colonies à produire des navires car elle
refusait d’exporter son savoir-faire afin d'éviter que
ces dernières ne deviennent ses concurrentes. Mais en
1940, se trouvant isolés et désarmés au lendemain de
la défaite de la France, les Britaniques devaient
impérativement remplacer un grand nombre de leurs
cargos coulés par la Kriegsmarine. L'appel à l'aide qu'adresse alors la Grande-Bretagne au
Canada déclenche un essor de la construction navale sans précédent.
À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, la Marine royale
canadienne ne possède qu’une douzaine de navires
- en août 1945, elle sera devenue la troisième flotte
en importance au monde. Pour atteindre ce rang à
l’échelle mondiale, le Canada a bien sûr affrété des
navires existants, certains transférés par la
Grande-Bretagne, mais de 1940 à 1945, les
chantiers navals canadiens ont construit 224
navires et 80 bateaux à moteur Fairmile B
destinés à la marine de guerre canadienne. À ce nombre doivent s’ajouter les navires
livrés à la Royal Navy et à la Marine américaine, ainsi que de nombreux navires
marchands comme les Liberty Ships.
Cette forte demande en navires a favorisé l’expansion de certains chantiers navals et a
permis l’émergence de nouveaux chantiers. Situés sur les rives du Saint-Laurent ils ont
été les deuxièmes plus grand constructeurs de navires durant la Seconde Guerre, après
ceux de la côte Est du Pacifique aux USA.
Dans la région de Québec, cinq chantiers se partagnt la production : Davie Shipbuilding
and Repairing Co. Ltd., à Lauzon; George T. Davie & Sons, à Lauzon; Davie Brothers,
à Lévis; Morton Engineering and Dry Dock Co. Ltd. sur la rivière Saint-Charles et le
Chantier maritime de Saint-Laurent, situé sur l’Île d’Orléans. Il faut aussi mentionner
également deux autres chantiers importants : Marines Industries Ltd. de Sorel et la
Canadian Vickers, situés dans la région montréalaise. Ces chantiers ont construit des
corvettes, des dragueurs de mines, des frégates, des transporteurs de troupes et des
navires marchands, en plus d’effectuer des réparations et des reconversions.
À plusieurs endroits le long du Saint-Laurent, en particulier à proximité des grandes
agglomérations, le paysage s’est
transformé et les populations
environnantes
voient
passer
nombre de navires de guerre
nouvellement lancés. Dès 1941,
les chantiers navals canadiens ont
entrepris
un
deuxième
programme de construction pour
la marine canadienne.Ils se sont
mis à l’œuvre en construisant des
dragueurs de mine de type
Bangor1 , comme le chantier
Marines Industries Ltd., à Sorel,
Retour
- 32 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
L’Effort de guerre.
qui a eu la tâche d’en construire quatre dont le HMCS Trois-Rivières lancé en 1942.
activement au conflit. Par les fonctions qu'elles occupent, elles apporteront une
contribution inestimable à l'effort de guerre canadien.
À la fin de 1943, le chantier Davie Shipbuilding and Repairing Co. Ltd., à Lauzon, a
reçu le contrat de construction pour 12 des 29 frégates du programme 1943-1944. Le
travail des chantiers navals a permis à la Marine royale canadienne de devenir la troisième
puissance maritime mondiale. Le travail et la compétence de milliers d’ouvriers et de
centaines d’ingénieurs et d’architectes ont créé au Canada une industrie qui, au cours de
la Seconde Guerre mondiale, a connu
son heure de gloire.
La production industrielle et agricole.
Les agriculteurs canadiens firent ce prodigieux effort de guerre en dépit d'un manque
chronique de main-d'œuvre. Les jeunes
Dès l'origine du conflit, Mackenzie King, Premier ministre du Canada, gens quittaient les fermes pour les
définit l’attitude du Canada contre l'agresseur allemand :
forces armées ou pour des emplois
Au cours de la IIe Guerre mondiale, le
«
Des
forces
qui
cherchent
à
dominer
le
monde
nous
menacent.
mieux rémunérés dans l’industrie.
Canada joue un rôle essentiel dans
L’effort de guerre du Canada ne cessera pas avant que la paix
Cependant,
l'aide
temporaire
l'évolution du conflit. L'effort de guerre
soit rétablie dans la liberté. »
d'étudiants, de soldats de la défense
réalisé par les Canadiens va être
territoriale,
de
groupes
de
déterminant pour donner la victoire aux
moissonneurs
allant
d'une
région
à
l'autre,
de
prisonniers
de
guerre
atténuait
la
pénurie
nations alliées. Par patriotisme, par souci de recherche d’un travail, par goût de
de main-d’oeuvre L'exemption du service militaire obligatoire pour les fils de fermiers et
l'aventure, de nombreux canadiens s'enrôlent. La Marine canadienne, qui ne compte que
les ouvriers agricoles aida également à compenser le manque de main d'oeuvre agricole.
1 700 hommes quand éclate la IIe Guerre mondiale, enregistre plus de 100 000
engagements pendant le conflit.
Québec, sur les rives du Saint-Laurent, devient l'un des
points stratégiques pour le recrutement d'officiers et de
matelots. Leur mission... assurer la protection des convois
de ravitaillement vers la Grande-Bretagne et apporter leur
contribution à la lutte contre l'hégémonie allemande.
Pendant quatre ans, ces hommes vont sillonner les mers
avec pour compagnons de voyage, le froid, l'inconnu, le
danger et la volonté farouche de mettre fin aux menaces de
l'Allemagne nazie.
Des femmes aussi endosseront l'uniforme, près de 7 000 d'entre elles s'engageront dans
le Royal Canadian Naval Service. Connues sous le nom de WRENS, elles participent
À la campagne comme à la ville, où les usines tournent à plein régime, hommes et
femmes travaillent sans relâche et dans la plus grande discrétion pour respecter le secret
militaire. Sur les quais des ports règne
une activité débordante qui témoigne de
l'intensité de l'effort de guerre que
fournit le Canada : jamais le pays n'a
connu un tel essor industriel et agricole.
Les usines canadiennes du secteur agroalimentaire
déshydrataient
choux,
carottes, oignons, pommes de terre. On
était certes loin de la haute gastronomie,
mais les Britanniques purent tenir bon grâce à cette aide dans cette guerre très dure où
ils se trouvaient en première ligne.
Retour
- 33 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
L’Effort de guerre.
Aircraft Limited, sont créées pour assurer une production rapide et efficace. Des souscontrats pour la réalisation de pièces d'avion sont même accordés à des entreprises sans
grande expérience dans la construction d'avions, comme Cockshutt Plow, de Brantford,
en Ontario, qui s'occupait d'hydraulique, et Otaco Limited, d'Orilia, en Ontario, qui
concevait et fabriquait des trains d'atterrissage. Le fameux bombardier Lancaster sortait
de la ligne de montage à Malton, en Ontario.
Principal fournisseur de blé des nations alliées le
Canada est aussi au premier rang mondial pour la
production d'amiante, de nickel, de platine, de
radium. Ses mines fournissent de l'or, de
l'aluminium. des matériaux stratégiques. De ses
usines sortent des camions, des tanks, des avions,
des munitions.
L'effort entrepris est gigantesque afin de subvenir
aux besoins des forces alliées et à ceux des
populations civiles européennes démunies, vivant le
plus souvent dans des villes dévastées par les
bombardements aériens.
L'effort financier.
« Tout notre effort de guerre, chez nous comme outre-mer, tant militaire
qu’économique, dépend, je l’ai déjà dit, des ressources financières. Sans une répartition
sagement conçue de nos ressources financières, ni nos forces militaires ni nos ressources
industrielles et agricoles ne pourraient être mises en oeuvre pour la défense de notre
cause.
L'industrie aéronautique.
Au cours de la IIe Guerre mondiale, l'industrie aéronautique canadienne va employer
près de 116 000 ouvriers, dont 30 000 femmes. Elle livra 16 418 avions pour répondre
aux commandes alliées, émanant de
Grande-Bretagne et des États-Unis, et bien
sûr pour la RCAF. Avant la guerre, il n'y
avait que huit petites usines dans tout le
pays, qui fabriquaient une quarantaine
d'avions par année. La Direction générale
de la production aéronautique du ministère
des Munitions et des Approvisionnements
enregistre les commandes. Des sociétés
d'État, Victory Aircraft Limited et Federal
A l’intérieur comme à l’extérieur, nous sommes en
mesure, mieux que nous ne l’étions en 1914, de
réglementer nos finances et de faire en sorte que tous
les citoyens se partagent équitablement le fardeau
économique de la guerre. »
W. L. Mackenzie King - Premier ministre du Canada.
Grâce à une fiscalité équitable et justement répartie, le
Canada acquitte au fur et à mesure, autant que
possible, ses frais de la guerre. Le budget de guerre,
bien qu’inévitablement énorme, doit se fonder
néanmoins sur le seul principe fiscal réellement
équitable - les moyens du contribuable.
Retour
- 34 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
L’Effort de guerre.
Un lourd impôt frappe les excès de profits des gens auxquels la guerre rapporte des
bénéfices. Le succès du récent emprunt à court terme et portant intérêt à 2% démontre
la prudence de la politique
financière canadienne. Une bonne
partie du produit de l’emprunt de
guerre servira à racheter une
tranche de valeurs mobilières
canadiennes, portant intérêt à
3,5%, que le gouvernement
britannique désire vendre, afin
d’acheter aux Canadiens du blé, du bacon, du fromage et d’autres denrées alimentaires,
aussi bien que des munitions ou des fournitures de guerre. De cette façon, l’emprunt de
guerre aide non seulement la Grande-Bretagne mais aussi le Canada.
Par le sacrifice de ses soldats, aviateurs et marins, par le travail acharné de sa
population civile, par la production de centaines d'avions, de navires de combat ou de
transport, de milliers de tanks et de camions, le Canada a largement rempli sa mission
pour la Libération de l’Europe.
Parmi les autres importantes mesures d’ordre financier adoptées au cours du premier
mois de la guerre, il faut signaler la création d’un régime complet de réglementation des
changes, destiné à préserver les ressources financières canadiennes et, notamment, les
réserves de devises étrangères. Cette mesure a constitué l’un des moyens les plus
efficaces et les plus justes d’empêcher la dispersion des capitaux canadiens à l’étranger
dans des entreprises non essentielles à la production de guerre ou dans des opérations
spéculatives.
1 - Bangor - Dragueurs de mines. Ce sont des vaisseaux à faible tirant d'eau dont la
production n'exige pas l’expertise que nécessite la construction de navires de fort
tonnage comme les cuirassés et les destroyers. Ils seront construits dans des chantiers
navals de taille modeste, le long du Saint-Laurent ou des Grands Lacs. La MRC
disposera d'une cinquataine de dragueurs de mines de la classe Bangor.
Retour
- 35 -
Les Canadiens
et la Libération de l'Europe.
1939-1945
4 Sicile-Italie.
Juillet 1943-février 1945.
Contenu interactif
Page Titres
Contenu interactif
1 - La situation géopolitique après le raid sur Dieppe.
13 - La ligne « Gustav »
2 - Les opérations militaires en Sicile.
14 - La ligne « Gothique »
3 - La situation politique italienne
15 - Opération « Goldflake »
4 - Les opérations militaires en Italie
16 - Italie du Nord
5 - Combats dans le sud de la péninsule
6 - La ligne « Bernhardt »
7 - La bataille du Sangro
8 - Le passage du Moro
9 - La bataille d'Ortona
10 - Ortona
11 - Hiver 1943-1944
12 - La ligne « Adolf Hitler »
Chapitre 4
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
Sicile-Italie
1943-1945
La situation géopolitique après le raid sur Dieppe.
Au cours des mois suivants la désastreuse opération anglo-canadienne sur Dieppe, la
situation militaire de l'Allemagne va se dégrader. Sa formidable puissance militaire sera
mise en échec par celle plus formidable encore, en hommes et en matériel, des armées
alliés. Soumise aux terribles bombardements aériens de son territoire, sur tous les fronts,
l'Allemagne sera désormais contrainte à la défensive.
3 novembre 1942 - El Alamein. La victoire de la 8e armée britannique de Montgomery
stoppe la marche de l'Afrika-Korps du général Rommel vers le Canal de Suez. De
semaine en semaine, les forces germano-italiennes sont repoussées toujours plus loin à
travers la Cyrénaïque, l'actuelle Libye, jusqu'en Tunisie.
8 novembre 1942 - Débarquements anglo-américains au Maroc
et en Algérie. La France joint ses forces aux armées alliées.
2 février 1943 - Stalingrad. La 6e armée allemande du général Paulus, forte de 400 000
hommes, est anéantie. Les opinions publiques européenne et mondiale font le constat que
désormais l'Allemagne et ses alliés n'échapperont pas à la défaite.
7 mai 1943 - Tunisie. Les armées de l'Axe - Allemands et Italiens - sous la pression
conjuguée des forces britanniques à l'est et franco-américaines à l'ouest, sont vaincues et
jetées hors d'Afrique du Nord.
Lors des conférences de Casablanca en janvier 1943 et de Washington en mai 1943,
Roosevelt et Churchill ont pris la décision d'effectuer
des débarquements en Sicile, puis en Italie, afin de
porter un coup fatal au régime fasciste, allié de
l'Allemagne, « maillon faible » de l'Axe et d'assurer
la liberté de leurs communications maritimes en
Méditerranée. Ils ont pris aussi la décision d'exiger
de l'Allemagne et de ses alliés une reddition sans
conditions
qui
aura
des
conséquences
catastrophiques puisqu'elle poussera la population
allemande, tous âges confondus, à combattre jusqu'à
la dernière cartouche entraînant de part et d'autres d'énormes pertes de vies humaines et
de gigantesques dégats matériels.
La conjoncture militaire est favorable: l'armée italienne n'a pas compensé les énormes
pertes qu'elle a subies en Afrique-du-Nord contre la 8e armée de Montgomery et en
Russie contre l'Armée-Rouge. En outre, elle est engagée en Yougoslavie où les partisans
de Tito lui infligent de sérieux revers.
En Sicile, elle n'aligne que 10 divisions dont la valeur combative est médiocre. Son
aviation est faible. Sa marine, sérieusement malmenée par la flotte et l'aviation alliée, s'est
réfugiée dans le port de La Spezia dans le nord de l'Italie.
Retour
- 39 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
Les opérations militaires en Sicile.
Juillet-Août 1943
10 juillet 1943 - L'opération « Husky », nom de code pour le débarquement angloaméricain et canadien en Sicile, est déclenchée. L'ouverture d'un « Second front », si
souvent réclamée par Staline à ses alliés occidentaux, est devenue réalité.
L'opération « Husky », a été précédée par une manoeuvre d'intoxication, nom de code:
«Mince Meat» conduite par les services secrets alliés. Au large des côtes espagnoles, le
corps d'un homme vêtu d'un uniforme
d'officier des services spéciaux britanniques
est découvert porteur d'une mallette
renfermant des documents indiquant que le
prochain débarquement allié pourrait avoir lieu
en mer Égée au large de la Grèce et qu'un
éventuel débarquement en Sicile, suite pourtant
logique des débarquements en Afrique-duNord, ne serait qu'un leurre. Comme prévu par
les Services secrets britanniques cette information est transmise par la police espagnole
aux services d'espionnage nazis qui mordent à l'appât. Les Allemands envoient une
division blindée en Grèce et négligent la défense de la Sicile.
Les Alliés ont réuni des forces et des moyens considérables: 160 000 hommes, une
couverture aérienne de 4 000 avions, 3 200 navires.
Le principal objectif du XVe Groupe d'armées du général Alexander était la prise de
Messine afin d'empêcher l'arrivée de renforts ou l'évacuation des troupes par le détroit,
ainsi que celle des autres grands ports de l'île : Catane, Palerme et Syracuse. Cependant,
tous ces ports n'étaient pas couverts par le parapluie aérien fourni par les bases de Malte,
de Gozo et d'Afrique du nord. Les expériences de Dieppe et d'Oran (au cours de
l'opération Torch) démontraient l'extrême difficulté à attaquer un port de front, bien
défendu par des mines sous-marines, de l'artillerie lourde côtière, des ouvrages anti-chars
et de solides fortifications. La solution : débarquer directement sur les plages, s'en
dégager le plus vite possible et prendre à revers un port
afin de disposer d'une base de ravitaillement convenable.
C'est au cours du débarquement de Sicile que fut
expérimenté le dépôt massif d'hommes et de matériel
directement sur les plages grâce aux barges et aux
DUKW, sorte de camions amphibies qui pouvaient
emporter une charge de 4 tonnes. Les troupes débarquées
devaient bénéficier du soutien de l'artillerie navale de
quatre cuirassés
britanniques
HMS
Nelson,
HMS Rodney, Warspite et Valiant.
Le premier « Plan Husky » prévoyait un débarquement américain à Palerme et anglocanadien vers Catane. Montgomery protesta : il craignait en effet une résistance aussi
forte qu'en Afrique-du-Nord et préférait une attaque concentrée au sud-est, qui
parviendrait à neutraliser rapidement les aéroports siciliens
situés principalement dans cette région. Le plan fut
finalement établi ainsi : la 8e armée britannique débarquerait
au nord et à l'ouest du cap Passero, la 7e armée US du
général Patton plus à l'ouest dans le golfe de Gela, jusqu'au
petit port de Licata. La 8e armée devait se diriger vers
Messine en suivant la côte, la VIIe armée US devait
traverser l'île jusqu'à Palerme.
La moitié des hommes qui débarquent le premier jour sont
américains, sous le commandement du général Patton, l'autre moitié, britanniques et
Retour
- 40 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
canadiens, sous le commandement du général Montgomery. L'opération est dirigée par le
général anglais Alexander, adjoint d'Eisenhower. Les forces canadiennes, composées de
la 1re division canadienne et de la 1re brigade canadienne de chars sont rattachées à la 8e
armée britannique. Elles sont commandées par le lieutenant-général Simonds.
côtières (dont la 206e division côtière autour du Cap Passero, futures plages britanniques
de débarquement et la 18e brigade côtière plus à l'ouest, sur les futures plages
américaines), et quatre divisions de campagne. On trouvait à l'ouest le 12e Corps avec les
divisions de campagne « Aosta » et « Assietta » et à l'est le 16e Corps avec les divisions
de campagne « Livorno » (entre Caltagirone et Caltanissetta, la seule division de
La météo exécrable perturbe d'abord les troupes aéroportées : le vent, combiné à la DCA
ennemie, provoque de grosses difficultés de navigation pour les avions de transport et de
remorquage qui peinent à atteindre leurs cibles. Les 3400 parachutistes de la 82e
Airborne US se retrouvent dispersés par petits groupes, à l'intérieur d’une zone de
véritable valeur) et « Napoli » (à Vizzini, à l'ouest de Syracuse).
quelques 80 kilomètres de diamètre.
Même constat d'échec pour les planeurs britanniques: 70 d’entre eux sur les 144 qui ont
décollé s'écraseront, balayés par le vent ou atteints par la DCA et 47 d’entre eux
s'échoueront en mer.
Toutefois, cet effet de dispersion provoque une certaine confusion chez l’ennemi : les
informations sur la présence et les mouvements des troupes alliées semblent
contradictoires et complexes à décrypter par les Italiens : les paras du colonel James
Gavin réussiront, dans l’ensemble, à se rendre maître des points vitaux qui leur étaient
assignés par le haut commandement.
VIe
Les forces italiennes, mal équipées et peu entraînées, sont constituées par la
armée
du général Guzzoni, vétéran de l'Albanie rappelé de sa retraite pour défendre la Sicile.
Son quartier-général est situé au centre de l'île, à Enna : six divisions et deux brigades
Les forces allemandes comprennent deux divisions blindées reconstituées après la
campagne d'Afrique du nord : la 15e Panzergrenadier et la « Division Hermann Göring ».
Retour
- 41 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
Les Américains de Patton débarquent sur
la côte sud-ouest de la Sicile, les
Britanniques sur la côte sud-est, près de
Syracuse. Les Canadiens, au centre du
dispositif, débarquent dans la presqu'île de
Pachino sur huit kilomètres de plage avec
pour mission de s'emparer de l'aérodrome
voisin. Malgré la présence de bunkers, de
nids de mitrailleuses et d'une batterie de
défense côtière, ils ne rencontrent tout
d'abord que peu de résistance. Les soldats
italiens s'enfuient à leur approche ou se laissent faire prisonniers.
Les Américains, par contre, doivent réagir à une sérieuse contre-offensive allemande de
la puissante division blindée « Hermann Goering » contre leur tête-de-pont de Gela. Les
Britanniques progressent rapidement le long de la côte, vers Syracuse et Catane, en
direction de Messine. Menacés d'encerclement, les 90 000 Allemands qui occupent la
partie ouest de l'île, se replient méthodiquement vers le carrefour stratégique routier
d'Enna. Leur tactique consiste à établir une série de points d'appui de retardement afin
d'évacuer vers la péninsule italienne le maximum de leurs hommes et de leur matériel,
avant que le piège ne se referme sur eux. Montgomery lance les 1re et 2e brigades
canadiennes vers le centre de l'île dans une opération coup-de-poing pour les prendre de
vitesse et leur couper la route.
Les Canadiens progressent grâce à une succession de coups-de-main que les Allemands
qualifieront «d'Indianer Krieg» , une guerre à l'indienne, dans laquelle l'infanterie
canadienne va se révéler particulièrement efficace.
Les 1re et 2e brigades avancent vers leur objectif commun: la ville d'Agira. La 1re brigade,
à gauche, nettoie le secteur de Leonforte, pendant que la 2e brigade, à droite, s'empare
d'Assoro en avant d'Agira, au prix de lourdes pertes. Le 24 juillet, le Royal Canadian
Regiment et un escadron de chars du
régiment de Trois-Rivières se lancent à
l'assaut du village escarpé de Nissoria qui
défend l'entrée d'Agira. Ils sont repoussés
durement et ce n'est qu'à la suite d'un
barrage d'artillerie intense que les
positions allemandes sont neutralisées par
les hommes du Princess Patricia, du
Seaforth Highlanders et du Loyal
Edmonton, qui entreront dans la ville le 28 septembre, après trois jours de violents
combats au cours desquels ils ont dû conquérir une à une les hauteurs qui dominent la
ville.
Début août, le Royal 22e Régiment fonce sur Adrano,
au pied de l'Etna, et pénètre dans ses faubourgs pour
constater que les Allemands viennent d'abandonner la
ville. Après quatre semaines de combats
impitoyables, toujours à la pointe du combat, les
Canadiens sont mis en réserve afin de préparer leur
débarquement dans la péninsule italienne. Ils
n'entreront donc pas en vainqueurs dans Messine,
qu'Américains et Anglais libèrent le 16 août. 200 000
italiens ont été fait prisonniers, mais le gros des
troupes allemandes a réussi à passer en Italie et à
échapper au piège. Après 38 jours de combats, la
prise de Messine et la jonction entre les troupes britanniques et américaines marquèrent la
fin de la campagne de Sicile. Le renfort de trois divisions allemandes venues prêter mainforte aux Italiens ne réussit qu'à ralentir l'avancée alliée : les jeux étaient faits et la
campagne d'Italie allait devenir la prochaine étape de la libération de l'Europe.
Retour
- 42 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
La campagne de Sicile n'est qu'un demi-succès. Certes, le commandement allié a réussi à
occuper totalement l'île mais les Allemands ont réussi à mener des combats d'arrièregarde efficaces et à évacuer en bon ordre leurs troupes vers le continent. Alors que le
plan initial prévoyait l'arrivée rapide de la VIIIe armée sur Messine pour contrer cette
évacuation et isoler les Allemands dans le nord-ouest, ce furent les Américains débarqués
plus à l'ouest qui précédèrent les Britanniques. Le soutien de l'artillerie navale a été
précieux pour les troupes débarquées et les Alliés ont réussi une opération amphibie de
grande ampleur. Par contre, les largages de parachutistes ont subi plusieurs fois le feu
des canons de l'artillerie alliée, à cause d'un manque de coordination. Si l'on excepte les
Divisions Napoli et Livorno, les Italiens ont peu résisté.
diriger le nouveau gouvernement qui ordonne l'arrestation du dictateur.
Badoglio se déclare tout d'abord fidèle à l'alliance allemande, tout en négociant
secrètement un armistice avec les Alliés. D'où, une période d'ambiguïtés qui aura des
conséquences dramatiques pour les Italiens.
Les Allemands voient avec inquiétude l'évolution de la politique italienne. Rommel reçoit
l'ordre d'occuper le Nord de l'Italie. La capitulation italienne est annoncée le 8 septembre.
Les Allemands occupent Rome le 10 septembre. Le 13, ils libèrent Mussolini et le placent
à la tête d'un contre-gouvernement. Badoglio ne prend aucune mesure sérieuse pour
tenter de s'opposer à l'avance allemande. En quelques jours, la plus grande partie de
l'Italie se trouve sous contrôle nazi. Néanmoins, quelques rares unités résistent, certaines
se reconstituent clandestinement dans les zones montagneuses, des groupes de partisans
se forment. La marine italienne rallie la flotte alliée à Malte.
La situation politique italienne
En 1943, la situation politique et économique de
l'Italie est catastrophique. Le mécontentement de
la population est général. Les produits de
première nécessité font défaut. L'hostilité vis-àvis des Allemands et du régime fasciste,
manifeste.
De nombreux complots se trament dans
l'entourage du roi Victor-Emmanuel III pour
éliminer Mussolini. Le Grand conseil fasciste
refusant de lui faire confiance plus longtemps,
Mussolini est contraint à la démission le 25 juillet.
Le roi fait appel au maréchal Badoglio pour
Il faudra près de 20 mois de combats acharnés pour libérer
un pays affamé, démoralisé, sinistré politiquement et
économiquement.
Vingt longs mois d'une lutte impitoyable et souvent
incertaine. Sous la pression des armées alliées, les 27
divisions allemandes du très habile général Kesselring vont
reculer pied à pied vers le Nord en s'accrochant obstinément
aux lignes de défenses successives qu'elles ont étagées à
travers la péninsule italienne.
Les opérations militaires en Italie
Septembre 1943-Février 1945
Retour
- 43 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
La 8e armée a franchi le détroit de Messine le 3 septembre. Anglais et Canadiens ne
rencontrent, tout d'abord, qu'une résistance modérée en Calabre, où les Allemands ne
leur opposent que des éléments légers dans des combats de retardement.
L'Italie est parcourue du nord au sud par la chaîne montagneuse des Apennins. Les
rivières et les torrents qui descendent de ses sommets vers l'Adriatique du côté oriental
de la botte italienne et vers la mer Tyrrhénienne de l'autre, ont creusé des gorges et des
vallées qui sont autant d'obstacles difficilement
franchissables. Son climat est rigoureux en
toutes saisons: le froid et la neige de l'hiver
succèdent aux pluies diluviennes de l'automne
et la chaleur torride de l'été, aux brutales crues
printanières des cours d'eau.
Routes, ponts, tunnels… tout est détruit ou
miné, ou encore tenu sous le feu allemand. Le
relief est tel qu'une seule mitrailleuse bien
placée et servie par quelques hommes aguerris
peut tenir en échec toute une compagnie.
L'emploi des unités mécanisées et des chars y est limité, sinon impossible. Seule
l'infanterie, ravitaillée parfois par des colonnes de mulets qui évacuent aussi les blessés,
peut se frayer un chemin dans ce chaos minéral. Mais au prix de combien de vies !
Combats dans le sud de la péninsule
Septembre - novembre 1943
Tel est le contexte dans lequel se dérouleront les offensives alliées dans leur longue et
terrible marche vers le nord.
Par contre, le 9 septembre, la 5e armée américaine du général Clark, composée du 6e
corps d'armée américain et du 10e corps d'armée
britannique, est confrontée à une très forte opposition
lors de son débarquement à Salerne, au sud de Naples.
Le général Kesselring attaque la tête-de-pont angloaméricaine avec 5 divisions blindées. Les Allemands
parviennent à 5 km du rivage. Clark frôle la catastrophe.
L'aviation et la marine alliée appuient les troupes au sol
de toute la puissance de leur feu. Pour soulager le front
de Salerne, les Canadiens de la 3e brigade, sous les
ordres du lieutenant-général Simonds, foncent vers la
ville de Potenza, en arrière de la ligne de front. Les
Allemands y dépêchent des renforts qui arriveront trop tard et la ville sera prise le 20
septembre.
Après deux semaines de combats défensifs, les Anglo-américains parviennent à sortir de
leur tête-de-pont. Le 1er octobre, les Allemands évacuent Naples.
Le 3 octobre, un débarquement de commandos britanniques sur le port de Termoli,
derrière les lignes allemandes, subit une violente contre-attaque de chars. L'infanterie
britannique recule et n'échappe au désastre que grâce à l'intervention des chars du
régiment de Trois-Rivières qui contraignent les panzers à se retirer.
La ligne « Bernhardt »
Retour
- 44 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
Les Allemands se replient sous les attaques, méthodiquement, de positions défensives en
points d'appui jusqu'à la ligne « Bernhardt » qui coupe transversalement la péninsule
italienne, en suivant les vallées du Sangro à l'est et du Garigliano à l'ouest. Cette puissante
ligne de fortifications défend Rome, objectif de l'offensive alliée. Dans sa partie ouest, la
ligne « Bernhardt » est doublée par la ligne « Gustav », qui s'appuie sur le mont
Au début du mois de novembre, la 3e brigade canadienne parvient à occuper les hauteurs
qui dominent le Sangro. Elle multiplie les patrouilles à longue portée à l'intérieur des terres
pour convaincre les Allemands que toute la 1re division canadienne est présente dans ce
secteur central du front et les inciter à y maintenir des troupes, pendant que Montgomery
déploie son offensive principale à l'est, le long de la côte Adriatique.
Les Allemands s'emparent de toutes les provisions qu'ils trouvent en fouillant les
maisons, et de tout le bétail, ils chassent les habitants, démolissent ou brûlent leurs
domiciles. Le 19, le journal de marche de la
brigade canadienne signale: « Castel del Giudice
est visiblement en feu ... San Pietro est rasé et
également en flammes. L'incendie consume
Ateleta de même que Capracotta. Dix villages
subissent
une
destruction
ordonnée
et
systématique. Aucune maison n'est restée debout.
Les paysans chassés de leurs foyers vont errants
dans la montagne, certains poussant des chariots, ou conduisant leur mulet. Ils bloquent
les routes et inconsciemment ils gènent la progression de la brigade. »
Cassin, clef de voûte du système de défense allemand qui commande les approches de
Rome par la vallée du Liri. Celle-ci est barrée par une troisième ligne de défense, la ligne
« Adolf Hitler ».
Le plan de Montgomery consiste à pousser vers le nord puis à infléchir son mouvement
vers l'ouest en direction de Rome et soulager ainsi la 5e armée américaine de Clark qui est
bloquée devant Cassino. Dans un premier temps, les hommes de la 78e division
britannique tentent de franchir le Sangro mais ils doivent battre en retraite devant la
puissance de la riposte allemande. Ce n'est qu'après huit jours de combats qu'ils
parviennent à établir une tête-de-pont sur l'autre rive.
Le passage du Moro
La bataille du Sangro
Retour
- 45 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
Les Néo-Zélandais prennent le relais et s'infiltrent jusqu'à la vallée suivante, très
encaissée, qui est celle du Moro, dominée
par la petite ville d'Ortona. Ils occupent la
rive sud et subissent des pertes
effroyables en tentant d'escalader les
hauteurs qui bordent sa rive nord.
Les Canadiens du général Vokes,
commandant la 1re division, reçoivent l'ordre d'intervenir. Leur mission: franchir la
rivière et s'emparer de la ville. Mission de sacrifice qu'ils réaliseront en trois semaines de
combats acharnés et au prix de pertes très lourdes.
Sur un front de 8 km, Vokes lance son offensive en trois
points. À l'est, le long de la route côtière, les hommes du
Hastings and Prince Edward Regiment franchissent la rivière
mais ne peuvent se maintenir. Ils font une nouvelle tentative le
lendemain et parviennent à établir une tête-de-pont. À l'ouest,
l'infanterie légère du Princess Patricia progresse de nuit vers
le village de Villa Rogatti dont il s'emparent et où ils se
maintiennent malgré de violentes contre-attaques d'infanterie
et de chars. Au centre, le Seaforth ne parvient pas à percer
vers le village de San Leonardo et doit ramener sur la rive sud
les trois compagnies qui avaient réussi à traverser.
La bataille d'Ortona
Décembre 1943
San Leonardo, verrou sur la route d'Ortona, doit absolument tomber pour que la
progression puisse se poursuivre. L'artillerie canadienne prépare le terrain. Le 48th
Highlanders franchit la rivière et établit une tête-de-pont que doit venir renforcer le Royal
Canadian Regiment à partir de sa position de départ à l'est. Sa manoeuvre est stoppée
par une violente contre-attaque allemande. Les combats sont acharnés. Durant la nuit,
sous les tirs ennemis, le génie parvient à aménager un passage destiné aux véhicules et à
l'artillerie. Le Seaforth et les chars du Calgary Regiment passent, écrasent la résistance
allemande et s'emparent de San Leonardo. Les pertes canadiennes sont très lourdes mais
la tête-de-pont est définitivement consolidée.
Le dernier obstacle sur la route d'Ortona est une ravine longue de 7 km creusée par un
ruisseau. Un simple accident de terrain que les
Allemands ont fortifié de façon formidable et qui
nécessitera 10 jours de combats avant de tomber. La
2e brigade lance des attaques successives contre un
carrefour de routes de l'autre côté de la ravine. Mais
en vain. La 3e brigade intervient, sans plus de succès.
Les attaques de front ayant échoué, Vokes fait
intervenir les hommes du Royal 22e Régiment qui
attaquent latéralement en direction d'une ferme fortifiée sur le versant nord de la ravine,
la Casa Berardi, qu'ils prennent à la suite de combats désespérés où le capitaine Paul
Triquet et les quelques hommes qui lui restent se distinguent par leur folle bravoure.
Renforcés durant la nuit, ils résisteront trois jours durant à des contre-attaques et à des
tirs d'artillerie continuels.
Sous la protection d'un puissant barrage d'artillerie, le 48th Highlanders et les chars du
Régiment de Trois-Rivières élargissent la position conquise par le Royal 22e Régiment. Le
tir de barrage s'allonge et laisse intactes deux positions de défense allemandes qui brisent
l'assaut des compagnies de tête du Royal Canadian Regiment vers le carrefour de routes
qui est leur objectif. Elles sont décimées. Le lendemain, le Royal Canadian Regiment
Retour
- 46 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
repart à l'attaque avec l'appui de l'artillerie et des chars et atteint le carrefour. La route
d'Ortona est dégagée.
Ortona
La ville aux rues étroites est située au sommet d'un escarpement rocheux qui domine un
petit port de pêche sur l'Adriatique. Pour
mettre la ville en défense les Allemands
ont fait sauter les maisons dont les ruines
s'amoncellent dans les rues. Les
parachutistes
allemands
s'y
sont
solidement retranchés. Pour nettoyer la
ville, les hommes du Loyal Edmonton
aidés par les Highlanders du Seaforth
progressent de maison en maison, de rue
en rue, à l'aide de charges explosives pour s'ouvrir un chemin à travers cette masse de
décombres et réduire une à une les positions allemandes. Puis, les chars du Régiment de
Trois-Rivières s'infiltrent dans la ville en dépit des obstacles et des canons anti-chars
ennemis.
Hiver 1943-1944
tentatives sont faites afin d'élargir le secteur. En pure perte. L'offensive alliée est stoppée.
La ligne « Bernhardt » tient toujours. Elle tiendra tout l'hiver.
Pour tenter de prendre les Allemands à revers, les Américains débarquent à Anzio, le 22
janvier 1944, en arrière des lignes allemandes, à 50 km au sud de Rome. La surprise est
totale, mais les Allemands se ressaisissent rapidement et parviennent à contenir la tête-depont. Pendant tout l'hiver les Alliés tenteront d'effectuer la jonction entre les deux fronts
sans y parvenir.
Au printemps, le commandement allié
prend la décision de concentrer ses
forces et d'attaquer la ligne
« Gustav » à l'ouest, vers la vallée
du Liri. Le 11 mai, la 8e armée
britannique attaque. La défense de la
ligne était dévolue au général Heinrich
von Vietinghoff de la Xe armée
comptant une quinzaine de divisions.
Le 15 mai, une manœuvre audacieuse
du Corps expéditionnaire français
permet la prise du mont Maio qui
commande la position de Cassino,
verrou de la défense allemande et
prend les Allemands à revers. Une brigade anglo-polonaise s'empare de la ville et de
l'abbaye qui la surplombe. En quatre jours de combats les hommes de la 8e armée,
Britanniques, Indiens, Canadiens, percent et obligent les Allemands à se replier le long du
Liri sur leur dernière ligne de défense avant Rome: la ligne « Adolf Hitler ».
Les Alliés piétinent toujours devant la ligne « Bernhardt », seuls les Canadiens ont réussi
à percer et occupent un saillant au nord de la ligne qu'ils tiendront tout l'hiver. Des
Retour
- 47 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
La ligne « Adolf Hitler »
Mai-Juin 1944
L'attaque de la ligne « Adolf Hitler » va se dérouler sur trois axes. Au nord, une
tentative de débordement par le 13e corps britannique est stoppée. Au sud, le Corps
expéditionnaire français progresse en arrière des positions allemandes, mais il doit ralentir
son avance car il s'expose dangereusement à une contre-attaque. Au centre, les
Canadiens de la 2e et de la 3e brigade constituent le fer de lance de l'attaque. Ils
progressent derrière un barrage d'artillerie jusqu'aux réseaux de barbelés ennemis. La 2e
brigade subit un feu si violent qu'elle ne peut recevoir aucun appui de la part des chars et
reste bloquée devant la ligne où elle perd beaucoup d'hommes. La 3e brigade réussit à
passer et ouvre la voie aux chars qui
consolident l'objectif en dépit de pertes terribles.
Le général Vokes fait alors intervenir sa réserve
pour exploiter la percée. Cette nouvelle attaque
déstabilise l'ennemi. L'opération est un succés.
La résistance allemande est écrasée et les chars
de la 5e division blindée canadienne foncent à
travers la brêche à la poursuite des Allemands
en déroute. Pendant ce temps, la 1re brigade
canadienne s'est frayé un chemin le long de la rive nord du Liri et s'est emparée de la ville
de Pontecorvo.
Les Canadiens franchissent la vallée de la Melfa, affluent du Liri et marchent sur Rome
qui tombera le 4 juin 1944, deux jours avant le débarquement en Normandie. Les
Allemands refluent vers le nord cédant peu à peu le terrain sous la pression alliée lors de
combats très coûteux en pertes humaines. Le Régiment de Trois-Rivières perd ainsi la
moitié de ses officiers avant que le front ne se stabilise près de Florence. Les unités
canadiennes qui ont progressé durant l'été de 400 km sont mises en réserve afin de se
réorganiser en vue de leur offensive contre la ligne « Gothique », dernière ligne de
défense allemande avant les Alpes.
La ligne « Gothique »
Profonde de 16 km, cette ligne de fortification s’étend du sud de La Spezia, sur la côte
ouest, jusqu’au Foglia et sa vallée, situés près de Ravenne, sur la côte Est en prenant
appui sur le massif des Apennins. Traversant l’Italie de part en part, cette chaîne
montagneuse forme une redoutable forteresse naturelle. Elle assure à l'Allemagne le
contrôle des ressources agricoles et industrielles du nord de l'Italie. De plus, elle permet
le maintien des communications avec les Balkans et les autres régions de l'Europe
orienta
les
occupées par l'Allemagne. La dernière digue que les Alliés devaient faire sauter avant de
déferler sur la plaine du Pô.
Les défenses allemandes sont constituées de nombreux points d’appui : d'innombrables
tranchées garnies de nids de mitrailleuses, des tobrouks (blockhaus individuel doté d'une
Retour
- 48 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
mitrailleuse MG34 ou MG40) et autres bunkers de béton. Viennent s’ajouter plusieurs
centaines de positions pour armes antichar mortiers, canons, obusiers. Derrière les
barbelés et les fossés antichars, les soldats allemands montrent leur détermination à
continuer la lutte.
Les Alliés, de leur côté, bénéficient d'une supériorité aérienne et matérielle écrasante et
de l'appui des formations de partisans italiens qui ont prouvé leur efficacité dans la
guerilla qu'ils mènent en montagne, en particulier pour rompre les lignes de
communication allemandes.
En effet, depuis le début de l’automne, l’occupant éprouve les plus grandes difficultés à
circuler librement à l’arrière de ses propres lignes en raison de l’intense activité des
résistants, ciblant plus particulièrement les hauts-gradés.
Commandant le XIV e Panzer Corps, le lieutenant-général Frido von Senger écrivit après
la guerre, qu’il avait pour habitude de voyager sans aucun signe distinctif sur son
véhicule. Moins prudent, le général commandant la XX e Luftwaffe-Sturmdivision, fut
capturé et exécuté par les partisans.
Tout au long de la campagne italienne, les soldats alliés souffrirent du fait que, pour le
haut commandement, ce théâtre d’opération passait au second plan, au profit de
l’offensive en France. Cela était particulièrement vrai depuis que le débarquement de
Normandie avait eu lieu. Le retrait au cours de l’été 1944 de sept divisions appartenant à
la Ve armée américaine afin de leur permettre de prendre part aux débarquements dans le
sud de la France est effectif : au mois d’août, les contingents des Ve armée américaine
et VIIIe Armée britannique sont réduits de 100 000 hommes.
Le plan d'Alexander consiste à attaquer le long de la côte Adriatique avec la 8e armée
britannique pour forcer Kesselring à engager ses réserves dans ce secteur, puis pousser
au centre en direction de Bologne avec la 5e armée américaine. Les deux armées
débouchant ensemble dans la plaine du Pô.
Toutefois, pour des raisons politiques, Churchill et l’état-major britannique insistent pour
qu'une percée significative soit effectuée plutôt que de se contenter de fixer les forces
allemandes. En effet, leur vision stratégique était d’ouvrir une route vers le Nord, à
travers le couloir de Ljubljana en Yougoslavie et ainsi pénétrer en Autriche et en Hongrie
afin de barrer la route des Balkans aux Soviétiques et d'étendre ainsi la zone d’influence
occidentale en prévision de la fin des hostilités.
Les Américains s’opposèrent à ce projet, arguant que cette stratégie risquait d’affaiblir
considérablement les troupes prévues pour l’ouverture d’un second front en Europe de
l’Ouest. Partisan d’une attaque directe à travers la France jusqu'au cœur de l’Allemagne,
l’état-major américain s’y tint. Cependant, rassuré par le succès du débarquement en
France et le développement favorable des opérations, le haut commandement américain
accepta le principe britannique lors de la Seconde conférence de Québec.
La traversée des Apennins par le 1er corps
canadien est une véritable épopée. En
quelques jours, le Génie a aménagé 200
kilomètres de chemins pour permettre à ses
11 000 véhicules, 650 chars et 300
chenillettes de rejoindre, dans le plus grand
secret, ses positions de départ dans la vallée
du Metauro, à l'est de la ligne
« Gothique ».
Le 25 août, les Canadiens de la 1re division
franchissent le Metauro, sans opposition
notable car les Allemands se replient à
l'intérieur de leur ligne de défense. Ils se
ressaisissent très vite, mais sont délogés de
deux villages après de furieux combats. Le
Retour
- 49 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
30 août, la 1re division d'infanterie et la 5e division blindée exploitent aussitôt la situation et
foncent vers le nord.
Livourne, leur port d'embarquement vers Marseille en France. Elles remontent la vallée
du Rhône et en cinq jours elles atteignent la Hollande.
C'est le succès, en dépit d'une puissante contre-attaque au cours de laquelle le British
Columbia Dragoons perd une douzaine de chars. 24 autres sont mis hors de combat, des
hommes tombent… mais la ligne « Gothique » est percée.
Les hommes du 1er corps se joignent à leurs camarades de la 1re armée canadienne dans
la région de Nimègue et, le 3 avril, ils engagent la bataille décisive contre le IIIe Reich,
libérent la Hollande et occupent l'Allemagne du Nord.
Le secteur occupé par les Canadiens forme un triangle dont la pointe est constituée par la
ville de Rimini, au sud, et la base, par la vallée du Senio au nord. C'est une plaine basse
qui s'étend sur une longueur de 60 km, entrecoupée par les vallées d'une dizaine de
rivières.
Sous les ordres du général Crerar, la 1re armée canadienne a acquis désormais sa pleine
Les pluies d'automne ont transformé le moindre ruisseau en torrent et les routes en
fondrières où la progression des véhicules devient impossible. Les vignobles inondés sont
impénétrables, même aux chars. Du mois de septembre 1944 au mois de février 1945, il
faudra cinq mois de luttes implacables pour que les Canadiens parviennent à s'établir sur
la vallée du Senio, au nord de Ravenne, qui marquera le point ultime de leurs combats en
Italie.
Opération «Goldflake»
Février 1945
En effet, à la fin du mois de février 1945, le 1er
corps canadien comptant 60 000 hommes est
transféré dans le plus grand secret vers le front
européen. Lors de cette opération logistique de
grande envergure, nom de code « Goldflake », les
unités canadiennes traversent avec leurs véhicules et
leurs chars la péninsule italienne pour se rendre à
autonomie de commandement et d'action au sein des forces alliées.
Italie du Nord
En Italie, Mussolini qui tentait de s'enfuir camouflé sous un uniforme allemand est arrêté
par les partisans italiens et
exécuté. Gênes, Turin, Milan et
de nombreuses villes du Nord
de l'Italie sont libérées, sous la
pression des armées alliées, par
des soulèvements populaires
encadrés par la Résistance
italienne. Les cols des Alpes
sont bloqués par l'avance alliée
en
Autriche
privant
les
Allemands de toute voie de retraite, démoralisés, ils se rendent en masse et capitulent
sans condition le 2 mai 1945.
Retour
- 50 -
Le 19 août
1942 s'appelle... DIEPPE.
Sicile-Italie 1943-1945
Retour
- 51 -
Les Canadiens
et la Libération de l'Europe.
1939-1945
5
De Juno Beach à Dieppe.
La Longue route.
Contenu interactif
Page Titres
Contenu interactif
10 - La bataille de May-sur-Orne
1 - 6 juin 1944. À l'aube
11 - La crête de Verrières
2 - Utah Beach
12 - Verrières
3 - Omaha Beach
13 - Tilly
4 - Gold Beach
14 - Opération Totalize
5 - Juno Beach
15 - Opération Tractable
6 - Sword Beach
16 - La « poche » de Falaise
7 - La bataille pour Caen.
17 - La poussée vers la Seine
8 - La route de Falaise
18 - Dieppe
9 - Opération Spring
19 - Carte Bataille de Normandie
Chapitre 5
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
De Juno Beach à Dieppe... La longue Route
Juin-septembre 1944
6 juin 1944. À l'aube.
polonaise. Au Sud, les alliés occidentaux, après avoir débarqué en Sicile puis en Italie,
viennent de libérer Rome.
Les guetteurs allemands des bunkers qui bordent les côtes normandes de la Manche
n'en croient pas leurs yeux. À perte de vue la mer est couverte de bateaux de tous
tonnages... plus de 7000 navires qui
s'immobilisent tour à tour à quelques
encablures des plages. Une nuée de
péniches de débarquement se détachent
de leurs flancs pour porter à terre des
hommes, des soldats,
Américains,
Anglais, Canadiens, quelques Français
aussi, pour ce qui sera la plus prodigieuse opération amphibie de tous les temps.
Tandis que les croiseurs alliés tirent de toutes leurs armes, les défenses allemandes que
les bombardements de la nuit précédente n'ont qu'à peine ébranlées ouvrent le feu sur
ces cibles mouvantes qui tentent de prendre pied sur les plages en s'abritant derrière les
obstacles que les Allemands ont dressés par milliers tout au long du littoral.
Partout les armées alliées se heurtent à une résistance opiniâtre de la part des troupes
allemandes très aguerries par quatre ans de combats ininterrompus. Sous le
commandement de chefs de guerre de grande
valeur qui savent admirablement exploiter le
terrain, les soldats allemands s'accrochent en
dépit d'une infériorité en hommes et en matériel
qui, au fil des semaines, ne fait que s'accentuer
sous la pression des troupes alliées et sous les
coups de boutoirs des bombardements aériens
qui épuisent peu à peu l'économie de guerre
allemande.
Roosevelt, Staline et Churchill lors de la
conférence de Téhéran sont convenu de poursuivre leur effort de guerre par
l'organisation d'un débarquement en Europe jusqu'à l'effondrement et la reddition du
De l'embouchure de l'Orne à la presqu'île du Cotentin, sur un front de 80 km, les
troupes alliées débarquent, alors que les unités parachutées durant la nuit bouclent le
dispositif à ses deux extrémités.
régime hitlérien.
1944 - Le Reich allemand est attaqué de toutes parts. À l'Est les forces soviétiques
ont percé sur un front de 1000 kilomètres et atteignent maintenant la frontière
Alors que le « rouleau compresseur » soviétique accentue sa pression sur les troupes
allemandes du front oriental, les alliés occidentaux rassemblent dans le sud de
l'Angleterre une gigantesque armada destinée à jeter sur les côtes françaises de la
En août 1943, à Québec, Américains et Anglais fixent la date et les modalités d'un
débarquement dans le nord de la France.
Retour
54
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Manche les centaines de milliers d'hommes et les millions de tonnes de matériel, de
munitions et d'équipements nécessaires au succès des opérations de débarquement, à
l'établissement de têtes de pont et à la poursuite de l'ennemi jusqu'au coeur du Reich.
Une telle masse d'hommes et de matériel ne pouvait manquer d'attirer l'attention des
services de renseignements nazis.
L'État-major allemand qui pensait que le
débarquement s'effectuerait à travers la partie la plus étroite de la Manche, vers les
côtes françaises du Pas-de-Calais, est conforté dans son erreur par l'État-major allié
qui concentre dans le sud-est de l'Angleterre de nombreuses unités de combat
canadiennes et américaines, mais aussi, des centaines de fausses embarcations et de
faux chars d'assaut. La multiplication des raids aériens sur le Pas-de-Calais ajoute
encore à la confusion du Haut-commandement allemand ainsi que la présence renforcée
de nombreux agents du SOE (Special Operation Executive) dans la région. Gigantesque
manoeuvre d'intoxication, l'opération « Fortitude », est un succès. Pendant plusieurs
semaines, Hitler et son entourage persisteront à penser que le débarquement en
Normandie n'est, peut-être, qu'une diversion et n'engageront pas la puissante
armée allemande qui restera immobilisée au nord de la Seine.
6 juin 1944 - Utah, Omaha, Gold, Juno, Sword...
Depuis 6h30 l'enfer se déchaîne sur les plages.
Utah Beach
À l'ouest du dispositif sur Utah Beach, dans la partie sud-est de la presqu'île du
Cotentin, les Américains débarquent avec des pertes légères, bien appuyés par leur
artillerie de marine qui fixe l'ennemi et désorganise ses défenses. Dès la fin de la
matinée les hommes de la 4e division US se sont assurés d'une large bande de plage et
commencent leur progression vers le sud pour faire leur jonction avec les points
d'appui constitués durant la nuit par les unités parachutistes des généraux Ridgeway et
Taylor.
Omaha Beach
XVe
La mer violente, les obstacles sous-marins, le feu intense de l'ennemi ont détruit
nombre d'embarcations et causé de lourdes pertes avant même que les bataillons
n'atteignent le rivage. Le 2e bataillon est cloué sur la plage par un feu extrêmement
puissant venant des bunkers qui sont demeurés pratiquement intacts malgré les
bombardements aériens intensifs de la nuit
précédente. Les tirs d'artillerie, de mortiers,
de mitrailleuses sont violents, précis et
causent des pertes sévères parmi les
assaillants. À quelques kilomètres d'Omaha
Beach, la Pointe du Hoc, est une promontoire
rocheux défendu par une puissante batterie
d'artillerie.
Les
Rangers qui tentent
héroîquement d'escalader la falaise sont taillés
en pièces par le feu de l'ennemi. L'artillerie de
Retour
55
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
marine cogne. Les Rangers survivants qui parviennent à pénétrer dans les casemates
bétonnées constatent que les Allemands ont eu le temps de déplacer leurs canons vers
l'arrière du front.
1re
Ce n'est qu'en fin de matinée que les hommes de la
division d'infanterie parviennent
à s'établir sur les hauteurs qui dominent la plage couverte de morts et de blessés.
Horse et quelques heures plus tard, les hommes du Régiment de la Chaudière s'intègrent
au dispositif et élargissent la tête de pont. Au soir du 6 juin, deux groupes de chars du
1st Hussars atteignent la route Caen-Bayeux mais ils sont contraints de se retirer non
sans avoir infligé de fortes pertes à l'infanterie ennemie. Des éléments de la 9e brigade,
le North Nova Scotia Highlanders et le Sherbrooke Fusiliers Regiment, maintenus en
réserve jusque-là, percent vers le sud et se concentrent, à l'approche de la nuit, à
quelques kilomètres de Caen.
Gold Beach
Les vagues d'assaut de la 50e division d'infanterie britannique débarquent sous la
protection des chars qui nettoient la plage de ses obstacles et de ses mines et réduisent
au silence les batteries de canons et les nids de mitrailleuses que les Allemands ont
installé dans les maisons qui bordent la plage. Les Britanniques progressent
rapidement et avec peu de pertes à l'intérieur des terres vers Bayeux, leur objectif
principal, contournent Arromanches et marchent sur Port-en-Bessin pour faire leur
jonction avec les Américains.
Juno Beach
Les troupes très combatives de la 3e division d'infanterie canadienne commandées par le
major-général Keller atteignent la plage dans une mer démontée qui interdit la mise à
l'eau des chars amphibies devant Bernières et St-Aubin où doit débarquer la 8e brigade.
Par contre, en face de Graye-sur-mer et de Courseulles où débarque la 7e brigade,
quelques chars du 1st Hussars sont mis à terre évitant ainsi des pertes encore plus
sérieuses au Royal Winnipeg Rifles et au Regina Rifle Regiment qui se heurtent à une
très forte résistance. Malgré l'absence de soutien des chars, les hommes du Queen's
Own Rifles et du North Shore appartenant à la 8e brigade, s'infiltrent entre les points
d'appui allemands et progressent vers l'intérieur des terres. Les blindés du Fort Garry
Sword Beach
Une contre-attaque de chars de la XXIe division de panzers parvient à s'insérer entre les
positions canadiennes et anglaises et atteint la côte en fin de journée, mais elle est r
epoussée par les défenses anti-chars de la 3e division d'infanterie britannique qui a
débarqué sur Sword
Beach accompagnée
par les commandos de
marine qui viennent de
s'emparer
de
Ouistreham après de
durs combats.
Au soir du 6 juin, 130
000
hommes
ont
débarqué, mais aucun
des objectifs prévus
dans les plans du commandement allié n'a été atteint. Néanmoins, les têtes de pont sont
solidement tenues et se renforcent au fur et à mesure que de nouvelles troupes et que
des tonnes de matériel et de munitions sont mis à terre au cours des heures suivantes.
Les hésitations du Haut-commandement allemand qui n'engage pas ses réserves, les
conceptions tactiques divergentes du général Rommel et du maréchal Von Rundstedt
Retour
56
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
qui commandent les forces allemandes en Normandie, permettent aux alliés de gagner
un temps précieux. Lorsqu'enfin l'ordre de mouvement des divisions de panzers arrive il
est trop tard et l'aviation alliée matraque leurs itinéraires d'attaque. Les voies de
communication allemandes vers le front sont désorganisées par des bombardements
incessants, et la Normandie est pratiquement isolée en raison des sabotages de routes et
de voies ferrées et des attaques de la Résistance française.
La bataille des plages est gagnée.
Il n'y aura pas de nouveau Dunkerque.
Mais Caen, ville martyre, objectif principal du jour "J" et pivot de la
défense allemande en Normandie n'est pas tombée.
La bataille pour Caen.
Le 19 juin, une violente tempête souffle sur la Manche. Pendant plus de trois jours le
déchargement des navires est interrompu. Le port « Mulberry » du secteur américain
est tellement endommagé qu'il est devenu inutilisable - celui d'Arromanches est
gravement atteint. Le mauvais
temps des jours précédents
avait déjà affecté l'arrivée des
renforts de troupes et de
matériel alliés. Dans la soirée du
20 juin, Montgomery informait
Eisenhower et le chef de l'étatmajor britannique que les
réapprovisionnements avaient
pris un retard de cinq jours et
que des éléments importants du
8e corps d'armée étaient encore en mer - le 25 juin devenait par conséquent la date la
plus probable pour l'attaque-éclair vers Caen qu'il projetait. Le 22 juin la tempête
diminuait d'intensité et quatre jours plus tard, le 26 juin, le 8e corps d'armée
britannique lançait l'opération « Epsom » - nom de code pour l'attaque décisive sur
Caen.
L'offensive anglo-canadienne prend la ville en tenaille. Les Canadiens reprennent les
villages qu'ils avaient été contraints d'abandonner au soir du 6 juin et libèrent l'ouest de
la ville tandis que les Anglais libèrent sa partie Est.
Retour
57
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Le 8 juillet, c'est une ville ravagée par les bombardements aériens alliés et comptant
des milliers de victimes civiles, qui accueille avec ferveur ses libérateurs. 5000 soldats
canadiens sont tombés pour la prise de la ville.
À l'ouest les Américains déclenchent une offensive dont le but est de percer les lignes
allemandes puis de libérer la Bretagne, et enfin, dans un gigantesque mouvement de
fauchage, de se rabattre vers la Seine pour couper la route de retraite aux troupes
allemandes. Pour que ce plan réussisse, il est impératif que les forces anglocanadiennes fixent le plus longtemps possible le maximum de divisions ennemies dans
la région de Caen et leur infligent le maximum de pertes.
Retour
58
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
La route de Falaise.
9 juillet-17 août
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer il faut savoir que les unités allemandes
of Canada, soutenu par les chars du Sherbrooke Fusiliers. Les Camerons livrent des
opposées aux Canadiens entre Caen et Falaise ont conservé la plus grande partie de leur
combats acharnés dans les bâtiments de Saint-André-sur-Orne et de Saint-Martin-de-
potentiel de combat : « Le deuxième Corps d'armée canadien a dû se mesurer aux plus
Fontenay. Ils sont confrontés à rude partie. En effet, la présence au sud de Saint-André-
puissants dispositifs de défense allemands qu'eut à affronter une armée alliée tout au long
sur-Orne, au lieu-dit La Fabrique, d’un puits de mine creusé au centre d'un groupe de
de la bataille de Normandie.» Gregory Liedke Revue militaire canadienne. Été 2007.
bâtiments industriels communiquant directement avec tout un réseau de galeries
souterraines, permet aux allemands de se déplacer sans danger d'une position à une autre
Les forces allemandes sont étagées sur trois puissantes lignes de défense tout au long des
et même de réoccuper des positions après en avoir été délogés.
34 kilomètres de la route nationale 158 qui conduit de Caen à Falaise et qui deviendra, au
cours de quatre semaines tragiques, le « calvaire » des Canadiens.
De plus, le 2e SS-Panzerkorps tient la colline 112 et les autres positions élevées de la rive
gauche de l’Orne ce qui lui permet de faire feu de flanc et de l’arrière sur les deux villages
en appui au 272e. Des projecteurs éclairent les nuages qui donnent un semblant de « clair
1 - L'opération « Spring » 25-27 juillet
de lune » au théâtre d'opération. Vers minuit, les Camerons annoncent la « prise partielle
» de Saint-Martin-de-Fontenay et juste dans les temps, à 3 h 30, la prise de Saint-André-
La partie ouest de la RN 158 est tenue par la 272e division d'infanterie dont le potentiel est
pratiquement intact. Elle tient un front étroit de 4 km, de la vallée de l'Orne à Verrières,
ce qui lui permet de disposer de réserves conséquentes.
La gauche de la RN 158 est tenue par la 1re SS Panzer Division avec ses quatre bataillons
d'infanterie motorisés, ses 79 blindés, ses 25 canons d'assaut et une batterie de canons de
88 mm.
De plus, ces deux puissantes formations disposent d'importants effectifs de soutien sur la
rive droite de l'Orne et à l'est près de Saint-Sylvain.
Sur un front de 7 km le 2e Corps d'armée canadien engage seulement six bataillons qui
seront rapidement surclassés.
La prise de Saint-Martin-de-Fontenay et de Saint-André-sur-Orne, positions avancées de
la 272e division d'infanterie allemande, est confiée au Queen's Own Cameron Highlanders
Retour
59
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
sur-Orne. Ils ne réussiront à les investir totalement que plus tard avec le renfort du
d'avancer sans fléchir entraîné par le major Griffin. Sur les 325 hommes de tous grades, une
Régiment de Maisonnneuve.
soixantaine seulement atteignent le plateau au sommet de la crête. Ils se heurtent à une
position de la 272e d'infanterie bien camouflée, renforcée de chars enterrés de la 503e
Panzerdivision. Ils sont cloués au sol par la puissance de feu de l'ennemi.
La bataille de May-sur-Orne.
Griffin est dans l'impossibilité de communiquer avec la 5e brigade d'infanterie, sa jeep
À 3 h 30, le Calgary Highlanders attaque à partir de Saint-André-sur-Orne avec pour
radio étant détruite dès le début de l'attaque. Comme il n'est plus possible de progresser,
Griffin ordonne à ses hommes de rebrousser chemin, chacun pour soi. Seuls quinze d'entre
objectif May-sur-Orne.
eux
Des éléments du bataillon atteignent les limites nord de May mais ils doivent reculer sur
leur ligne de départ devant la contre-attaque de la 272e division d'infanterie.
réussissent
à
regagner
les
lignes
canadiennes.
Le
lieutenant-colonel D. G. MacLauchlan, commandant le Calgary Highlanders, est dans
l'impossibilité de se faire une idée précise des actions de ses compagnies du fait de
mauvaises communications radio, et laisse ses troupes à leurs initiatives.
Verrières.
À droite de la route, le Royal Hamilton Light
Elles repartent à l'attaque en milieu de matinée, mais une fois de plus la résistance
allemande les repousse aux environs de Saint-André, en infligeant au bataillon de lourdes
pertes. L'échec du Calgary Highlanders laisse à découvert le flanc droit du Black Watch
qui doit opérer en direction de Fontenay-le-Marmion. C'est pourquoi un escadron des 1st
Hussars est envoyé en direction de May pour soutenir le Black Watch par des tirs de flanc.
Au cours de la journée, tous les officiers de l'escadron sauf un seront portés sur la liste des
Infantry se lance à l'assaut de la crête et occupe
le village de Verrières dans lequel il parvient à
se maintenir.
Canada
Mais le Royal Regiment of
qui essaie de progresser au-delà du
village se heurte à des tirs d'artillerie et reste
immobilisé.
pertes.
La compagnie du Royal Hamilton Light Infantry qui tient le village de Verrières repousse
une contre-attaque de chars au moyen de lances-rocket PIAT et, après de rudes combats, le
La crête de Verrières.
bataillon est maître de Verrières. La journée se passe sans action notable quant à 18 h00 la
9e Panzerdivision SS Hohenstaufen déclenche une puissante contre-attaque contre
À 9 h 30, le Black Watch parti de Saint-Martin-de-Fontenay, avance en terrain découvert
Verrières, seul objectif atteint et tenu par les troupes canadiennes. Le Royal Hamilton
à l'extrémité ouest de la crête, en direction de Fontenay-le-Marmion. Le bataillon affronte
Light Infantry tient héroïquement ses positions avec l'aide des chars et de l'aviation, au
immédiatement le feu intense et précis de la 2e Panzerdivision sur la crête de Verrières, de
prix de 53 nouveaux tués et de nombreux blessés.
la 272e division d'infanterie de May et des positions de la 10e Panzerdivision SS
Frundsberg au-delà de l'Orne. Les pertes sont importantes mais le Black Watch continue
Retour
60
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
La poussèe du Royal Regiment of Canada au-delà de Verrières vers Rocquancourt est
bloquée par l'intensité des tirs allemands et l'une de ses compagnies est pratiquement
anéantie.
Le Black Watch attaque les premiers contreforts de la crête de Verrières, il avance à travers
des champs de blé qui n'offrent aucune protection et tombe sous un barrage puissant de
tirs de mortiers, de mitrailleuses et d'artillerie qui l'enserrent de toutes parts. Le major
Griffin parvient à établir une soixantaine d'hommes sur la crête défendue par des chars
lourds soigneusement camouflés sous des meules de foin et 15 de ses hommes seulement
parviennent à échapper au massacre.
Tilly
À gauche de la route, le North Nova Scotia Highlanders se lance en direction de Tilly et
s'empare partiellement du village, l'infanterie et les chars de la 1re Division Panzer SS lui
opposent une résistance farouche. À la nuit tombante, les survivants sont contraints de
refluer vers leur ligne de départ tandis que d'autres continuent à se battre désespérément
dans les ruines du village pendant des heures, jusqu'à ce qu'ils succombent.
Considérant l'ampleur de ses pertes le lieutenant-général Simonds met fin à une
opération qui était dans l'incapacité de réaliser son objectif de percer le front allemand
avec les faibles moyens dont disposait ses six régiments face à la puissance de feu de 19
bataillons d'infanterie et de six bataillons de blindés allemands.
Retour
61
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
2 - Opération « Totalize ».
7-10 août
La nouvelle offensive - nom de code «Totalize » débute le 7 août au sud de Caen, elle
est menée par la 1re armée canadienne sous les ordres du général Crerar. Le début de
« Totalize » est signalé peu avant 23h00 par le vrombissement étourdissant de plus de
1000 bombardiers qui larguent 3,5 tonnes de bombes sur les villages situés de part et
d'autre de la ligne d'attaque. À 23h30, colonnes blindées et infanterie se lancent dans
l'obscurité.
Les axes de marche sont balisés par le tir de balles traçantes . Un clair de lune artificiel
est créé par des projecteurs pointés vers les nuages. En dépit de ces aides à la
progression, des erreurs se produisent. Les nuages de poussière soulevés par les
centaines de véhicules se doublent d'une brume au ras du sol.
La colonne de l'Essex Scottish, égarée et désorganisée près de Rocquancourt, est
attaquée et perd un bon nombre de véhicules. Le bataillon ne parvient à se regrouper qu'à
8h45 au sud-ouest du village. Il reprend alors son avance et, vers midi, occupe
Caillouet.
L'offensive allemande vers Mortain étant en cours, il est impossible pour le
commandement allemand de trouver des renforts suffisants pour venir en aide au 1er
corps de Panzer S.S. pour résister à l'offensive canadienne. Les seuls moyens à la
portée de l'ennemi consistent à acheminer vers le point menacé deux bataillons
d'infanterie et un d'artillerie cantonnés au nord de Trun et le bataillon de « Panther » de
la 9e Panzerdivision S.S.
Lorsque débute l’opération Totalize, il ne se trouve qu’un seul groupement tactique de la
12e Division Panzer SS dans les environs immédiats, et il est surtout déployé autour de
Bretteville-sur-Laize. Dès le début de l’après-midi du 8 août, ses unités contre-attaquent
la 1re Division blindée polonaise aux alentours de Saint-Aignan-de-Cramesnil, juste au sud
de sa ligne de départ et parviennent à en stopper l’avance.
Retour
62
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
En outre, la mise en place rapide des batteries de 88 mm du bataillon de défense
antiaérienne de la 12e SS Panzer Division autour de Bretteville-le-Rabet ajoute à la
puissance de feu des avant-postes d’infanterie allemands de Cintheaux et Hautmesnil
pour ralentir la progression de la 4e Division blindée canadienne le long de la route
nationale 158. Enfin, deux autres groupements tactiques, constitués à partir d'autres
unités de la 12e SS Panzer Division, arrivent sur les lieux dans la nuit du 8 au 9 août
pour les renforcer - c’est l’un d’entre eux qui anéantira le British Columbia Regiment
le 9 août.
Les colonnes de blindés alliés foncent vers le sud après avoir percé les positions de la
89e Division allemande durant la nuit mais ses tirs d’artillerie et de mortier ainsi que des
tireurs isolés sèment néanmoins une certaine confusion chez les Canadiens et
ralentissent leur progression. De plus, les garnisons allemandes des villes et villages
contournés ne se rendent pas, même si elles se trouvent encerclées. C’est ainsi que
May-sur-Orne n’est prise qu’à 16h30, après que deux assauts des Fusiliers MontRoyal aient été repoussés. Plus au sud, d’autres unités de la 89e Division continuent de
tenir Fontenay jusqu’à ce qu’ils reçoivent l’ordre de battre en retraite à la fin de l’aprèsmidi du 8 août. Le South Saskatchewan Regiment prend Rocquancourt assez
rapidement mais les derniers tireurs embusqués dans les ruines du village ne seront
chassés que six heures plus tard.
Sur la gauche des Canadiens, la 51e Division d’infanterie britannique sera elle aussi
incapable de prendre Tilly rapidement. Il faudra un assaut d’envergure, mené par deux
bataillons d’infanterie appuyés par des blindés et des tirs d’artillerie, pour venir à bout
de la garnison allemande au matin du 9 août.
À l'avant, les blindés ne progressent que lentement. Cependant, la 4e division canadienne
blindée et la division blindée polonaise ont toutes deux traversé, à l'heure prévue, la route
allant de Bretteville-sur-Laize à Saint Aignan-de-Cramesnil. Mais la résistance autour de
Gaumesnil, immédiatement au sud de leur point de départ retarde leur avance jusqu'à ce
que le Royal Regiment of Canada enlève le village. Les chars sont alors en mesure
d'aider la 10e brigade d'infanterie à progresser. En fin d'après-midi, l'Argyll and
Sutherland Highlanders of Canada et le South Alberta Regiment occupent Cintheaux et
deux compagnies de l'Argyll poursuivant leur marche enlèvent Hautmesnil.
La deuxième partie de l'opération est précédée par un raid massif de 700 bombardiers
qui larguent 1500 tonnes de bombes. Ce bombardement a facilité certainement
l'opération mais il fut marqué par deux graves erreurs de largage. Dans le premier cas le
bombardier de tête largue ses bombes près de Caen du fait d'une mauvaise identification
de la cible. Fort heureusement, les autres appareils de la formation ne suivirent pas son
exemple. Dans le deuxième cas, le bombardier de tête, gravement endommagé, largue
ses bombes prématurément suivi du reste de la formation. Les sites atteints, en arrière
de la ligne de combat, fourmillaient de troupes alliées sur le point de monter en ligne, les
hommes dans leurs véhicules, se croyant évidemment en sécurité. Les principales
victimes de cette erreur furent la division blindée polonaise dans sa zone de
rassemblement près de Cormelles, et la 3e division canadienne d'infanterie qui avançait
vers ses positions de départ.
L'unité canadienne la plus lourdement éprouvée fut le North Shore Regiment, bombardé
pendant que son convoi passait par Faubourg-de-Vaucelles. Une centaine d'hommes
sont mis hors de combat - une de ses compagnie étant totalement incapable de participer
aux opérations lancées deux jours plus tard.
L'opération « Totalize » prend fin.
L'impossibilité d'occuper le bois de Quesnay à l'est de la N 158 a réduit à néant le plan
de Simonds. Depuis le 7 août les Canadiens ont progressé de près de 20 km mais les
Allemands, bien qu'inférieurs en nombre, ont réussi à stabiliser la situation
Pour progresser jusqu'à Falaise, la 1re armée canadienne devra envisager de préparer
une autre opération - ce sera « Tractable ».
Retour
63
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
3 - Opération « Tractable ».
10-18 août
A la fin de la journée, elle se battait dans Saint Sylvain. Les Allemands occupaient encore
Soignolles que les Polonais enlèvent le lendemain.
Le général Simonds ordonne alors aux deux divisions blindées qui n'avaient que peu
avancé de poursuivre leur progression pendant la nuit à l'aide de projecteurs afin de
préparer l'offensive le lendemain.
L'opération Tractable tire les leçons de l'opération Totalize, notamment l'efficacité des
unités d'infanterie mécanisée et des bombardements tactiques par des bombardiers lourds.
Contrairement à l'opération précédente, Tractable a été lancé en plein jour. Un
bombardement initial devait 'affaiblir les défenses allemandes et devait être suivi d'une
Mais, à 10 kilomètres au sud, les
Allemands constituent une deuxième ligne
de défense avec la division SS
« HitlerJugend » fanatisée, les puissants
chars « Tigre » du général Kurt
« Panzer » Meyer et un grand nombre
de canons de 88 à tir rapide auxquels le
blindage d'aucun des chars alliés ne
résiste. Ils utilisent très habilement le
moindre abri qu'offre le terrain et
retardent considérablement la progression
poussée de la 4e Division blindée canadienne sur le flanc ouest de la colline 195, tandis
de la 2e et de la 4e division blindée
canadienne qui parviennent cependant à
avancer. Mais aucun de ses chars ne parvient à s'installer sur les hauteurs qui dominent
la route, ce qui laisse aux Allemands le temps de constituer une troisième ligne de défense
à laquelle s'attaquent l'Algonquin Regiment et le régiment blindé British Columbia qui,
isolé dans les lignes ennemies, perd 47 de ses chars en quelques heures. Durant la nuit
suivante, l'Argyll and Sutherland Highlanders parvient à conquérir, au prix de lourdes
pertes, la Cote 195 qui borde la route de Falaise.
que la 3e Division d'infanterie canadienne attaque son flanc est avec l'appui de la 2e
Brigade blindée. Leur avance serait masquée par le lancement d'obus fumigènes. Le
maréchal Montgomery espère que les Forces canadiennes contrôleront Falaise le 14 août
à minuit. A partir de là, les trois formations marcheraient sur Trun à 18 kilomètres à l'est
de Falaise, avec l'aide de la 1re Division blindée polonaise comptant près de 10 000
4e
1re
Sur le flanc gauche de la division blindée canadienne et la
division blindée polonaise
réalisaient une percée le 9 août, nettoyant les régions boisées au nord de Cauvicourt,
occupant le village et progressant en direction du sud-est.
hommes. Parvenus à Trun, le lien avec la 3e armée américaine à Chambois pourrait être
rapidement effectué.
Retour
64
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Sur le flanc gauche de la 4e division blindée canadienne et la 1re division blindée polonaise
réalisent une percée le 9 août, nettoyant les régions boisées au nord de Cauvicourt,
occupant le village et progressant en direction du sud-est. A la fin de la journée, elle se
battait dans Saint Sylvain. Des éléments de cette division s'étaient approchés de la position
du British Columbia mais avaient été repoussés. Les Allemands occupaient encore
Soignolles que les Polonais enlevaient le lendemain.
Au cours de la journée, les attaques continuelles de la 4e division canadienne et la 1re
division polonaise blindée ont réussi à forcer un passage à niveau de la rivière Laison . La
ville de Potigny est enlevée par les Polonais en fin d'après midi. À la fin de la première
journée, les éléments des 3e et 4e divisions canadiennes avaient atteint la cote 159, au
nord de Falaise, mais ils n'ont pas été en mesure de pénétrer dans la ville.
Afin d'étoffer son offensive, Simonds ordonne à la 2e Division d'infanterie d'avancer,
avec l'espoir que ce renfort sera suffisant pour s'emparer de la ville.
Retour
65
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Après des combats difficiles, la 4e division blindée entre dans Soulangy mais les gains
réalisés sont minimes du fait de la forte résistance allemande qui a empêché la percée
vers Trun.
La « poche » de Falaise.
Bien que les progrès de la première journée ait été plus lents que prévu, l'opération
Tractable se poursuit le 15 août. Deux divisions blindées poussent au sud-est en
direction de Falaise.
La poche de Falaise représente un quadrilatère de 40 sur 20 km entre Argentan et
Falaise. Ce rectangle est divisé par deux vallées orientées nord-sud : l'Orne à l'ouest et
la Dives au centre. Ces deux cours d'eau ont creusé des vallées encaissées bordées de
rives présentant de fortes dénivellations. Les ponts et les passages divers deviennent
rapidement des objectifs stratégiques.
À la tombée de la nuit, les pointes de la 3e division canadienne ne sont plus qu'à 5
kilomètres de Falaise. Mais un groupement tactique de la 12e division blindée SS,
renforcé par une dizaine de pièces de 88 mm, barre le passage sur la dernière crête avant
Falaise. Des notes concernant la tactique prévue par Simonds et qui indiquent clairement
la direction de l'axe de l'offensive alliée sont saisies par les Allemands sur le corps d'un
officier canadien égaré dans leurs lignes puis exécuté. La manoeuvre est éventée. De
nuit, des patrouilles atteignent la route de Falaise à Saint-Pierre-sur-Dives. Toutefois, les
Allemands résistent toute la journée du lendemain 15 août avec l'acharnement du
désespoir.
Trois routes le traversent d'est en ouest : Falaise-Vire, Argentan-Flers et la
départementale Argentan-Vire, qui sera la voie d'évacuation principale de la Wehrmacht.
Cette dernière route traverse une hauteur escarpée au nord-est de Trun, le Mont-Ormel,
secteur stratégique dont la valeur n'échappe pas aux belligérants. Falaise constitue la
limite nord du bocage normand. Le terrain des combats est ainsi semé de champs
ouverts, et donc moins propices aux actions défensives, hormis dans les agglomérations
adjacentes.
Pendant ces événements, la 1re division blindée polonaise parvient à franchir la Dives à
Jort, ce qui constitue un exploit.
Le 16 août, la 2e division d'infanterie canadienne attaque brusquement Falaise par l'ouest
et surprend la petite garnison allemande. Au soir, toute la ville est aux mains des
Canadiens, à l'exception de l'École normale qui ne cède que le lendemain du fait de la
résistance acharnée d'une cinquantaine de Hitlerjugend fanatisés au point que seuls trois
survivants sont capturés. Deux jours encore pour éliminer toute résistance dans la ville et
le premier objectif de l'opération « Tractable » est atteint. Le général Simonds réorganise
alors le gros de ses forces pour une nouvelle poussée vers Trun au sud de Falaise afin de
fermer le piège.
Retour
66
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Le 6 août, contre l'avis de ses généraux, Hitler avait ordonné à ses troupes de contreattaquer en direction de l'ouest afin de couper les unités américaines de leurs bases de
ravitaillement. L'opération Lüttich visait à scinder la 1ère armée américaine en deux
fractions le long d'une ligne reliant Mortain à Avranches. Si les objectifs étaient atteints,
les ravitaillements et les renforts alliés ne pourraient alors plus parvenir à la 1ère armée
américaine tandis que la 3ème armée, l'armée de Patton, serait totalement isolée.
Décision insensée, compte tenu de l'absence de réserves de carburant pour les chars et
les véhicules de la Wehrmacht et de l'énorme supériorité aérienne des alliés. En outre, le
risque était grand pour les forces allemandes ainsi exposées, de se voir prises au piège
dans un vaste mouvement d'encerclement.
145 chars allemands attaquent à l'aube par un brouillard impénétrable. La 2e S.S.
Panzerdivision progresse rapidement vers Avranches sur une distance d'environ 10
kilomètres. Les Américains contre-attaquent en engageant la 3e division blindée,
conscients cependant que les chars « Sherman » ne font pas le poids face aux chars «
Tigre » allemands. Ils cherchent à briser rapidement ou au moins ralentir l'offensive
allemande.
L'aviation alliée ne peut pas intervenir dans la matinée en raison de mauvaises conditions
météorologiques. Vers midi le brouillard se lève. La chasse américaine décolle aussitôt
et attaque les colonnes de Panzer. L'intervention des chasseurs-bombardiers américains
marque la fin de l'opération Lüttich, car avant même que les chars « Tigre » ne
rencontrent la 3e division blindée, l'aviation américaine a entièrement stoppé la
progression allemande et détruit près de 60 chars.
Les Américains, qui ont atteint Le Mans, pivotent alors vers le nord tandis que
Montgomery demande au général Crerar, commandant en chef des forces canadiennes,
de donner l'ordre à ses troupes de s'emparer immédiatement de Falaise. Le lieutenantgénéral Simonds lance les 3e et 4e divisions d'infanterie canadienne de part et d'autre de
la route nationale 158. Leur progression est freinée par la résistance opiniâtre des
Allemands qui disposent encore de chars et de nombreux canons antichars sur le peu de
terrain qui leur reste au nord de la ville. La 4e brigade blindée charge à travers les
champs de blé et perce les lignes allemandes tandis que l'infanterie, surgissant de ses
chenillettes blindées, nettoie la vallée et fait de nombreux prisonniers. Le 16 août, les
hommes de la 6e brigade commandés par Young pénètrent dans Falaise, alors que les
troupes américaines, au sud, s'emparent d'Argentan.
Le général Patton, qui commande la
3e armée américaine, demande alors
au général Bradley, chef d'Étatmajor, l'autorisation de fermer la
poche en rejoignant les Canadiens à
Falaise.
Mais Bradley est inquiet en raison
des risques de « Friendly Fire » des tirs fratricides - qui peuvent se
produire lorsque les formations
ennemies sont au contact. Il demande à Patton de rester au niveau d'Argentan et de
sécuriser ses environs. Cette décision met le bouillant général hors de lui car il pense,
à juste raison, que s'il boucle la poche rapidement s'en sera fini de l'armée allemande
en Normandie. Mais le haut-commandement américain est formel, Patton doit stopper
sa progression pendant quelques heures. Des heures dont profiteront des milliers de
soldats allemands et en particulier les formations SS, déclarées prioritaires par le
commandement allemand. Ils parviendront à s'échapper de la poche et à rejoindre la
vallée de la Seine.
25 kilomètres seulement séparent les machoires de l'étau, qui se rapprochent
inexorablement au cours des heures suivantes. Le 20 août, les Canadiens de la 9e
brigade et de la 4e division blindée ferment la poche. 130 000 allemands sont pris dans
un piège dont ils tentent désespérément de s'échapper en plein jour, sous le tir
Retour
67
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
incessant de centaines de pièces d'artillerie, sous les rafales de mitrailleuses et sous les
bombes des chasseurs-bombardiers alliés qui pilonnent les fuyards et les itinéraires
Témoignage de Henri Halluin, 19 ans, de Colombelles.
« Nous avons pu sortir de notre étable et nous avons constaté le désastre :
des centaines de morts affreusement mutilés, des chevaux morts et blessés
en grande quantité. J’ai parcouru à pied le chemin qui va de la route de
Trun au gué de Moissy, appelé depuis le couloir de la mort. J’ai vu des
véhicules de toutes sortes, brûlés, entassés les uns sur les autres ; parmi
tout cela des centaines de cadavres, hommes, chevaux, la plupart
carbonisés, des hommes restés morts, assis au volant de leur camion.
(…) Une grange qui servait d’infirmerie pour les blessés allemands avait
brûlé. Dans cette grange, des dizaines de soldats morts carbonisés ».
La bataille de la « poche » de Falaise ne fut pas, comme il a été dit trop
souvent, un « Stalingrad en Normandie » puisque plusieurs dizaines de milliers
d'Allemands réussirent à s'échapper du piège entre le 12 et le 20 août.
Ce qui ne fut pas le cas à Stalingrad. La comparaison est donc fausse. Il est vrai
cependant que les Allemands durent laisser dans la nasse une grande partie de
leur matériel, près de 50 000 prisonniers et 6 000 morts.
Retour
68
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
d'évacuation. Heure après heure et durant trois jours, c'est une hécatombe effroyable
d'hommes et de matériel dans ce que les Allemands appellent désormais
« der
Kessel von Falaise », le chaudron de Falaise, où disparaît une partie de cette armée
qui avait terrorisé l'Europe.
Ce couloir de quelques kilomètres entre
Trun et Chambois qui permet aux unités
allemandes de se replier vers l'est, se réduit
drastiquement d'heure en heure sous la
poussée des formations alliés. Depuis le 13
août, début de l'évacuation des troupes
allemandes vers l'est, se sont près de 55 000
hommes qui sont parvenus à échapper au
piège, soit près de 40% de l'effectif menacé
d'encerclement. Le 21 août, la porte est
fermée. Les unités allemandes qui ont pu
sortir de la poche se replient vers la Seine
sous les terribles bombardements et les
mitraillages des chasseurs-bombardiers alliés qui créent un chaos infernal. Elles
abandonneront une grande partie de leur matériel sur la rive gauche du fleuve, mais
90% des hommes parviendront à traverser en utilisant des ponts de bateaux
hâtivement construits par les troupes du génie ou encore n’importe quels moyens de
fortune.
La poussée vers la Seine.
Anglais au nord et Américains au sud foncent maintenant vers la vallée de la Seine.
Paris est libéré le 22 août. Les Canadiens, au centre du dispositif, débouchent sur
Elbeuf et Rouen où ils subissent trois jours de violents combats dans l'épaisse forêt de
La Londe située entre ces deux villes où les Allemands, en arrière-garde, se sont
embusqués. La 2e division ne réussit à réduire
les solides positions ennemies à l'ouest de la
vallée de la Seine qu'au prix de lourdes pertes.
En effet, les Allemands très aguerris qui
défendaient ces positions réussirent à interdire
le passage du fleuve à Rouen et ne se retirèrent
qu'une fois leur mission accomplie.
Les hommes de la 2e division d'infanterie
canadienne franchissent le fleuve à Elbeuf et
pénètrent dans Rouen par ses quartiers sud. Du
27 au 29 août, les Fusiliers Mont-Royal ont
perdu 20 hommes - le South Saskatchewan Régiment, 185 hommes, dont 44 tués - le
Royal Régiment of Canada, 118, les Cameron Highlanders, l'Essex Scottish, 96, et le
Royal Hamilton, 59, soit un total de 577 victimes pour les six bataillons engagés
pendant ces trois jours de combat.
Retour
69
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
La Normandie est libérée.
La bataille de Normandie s'est terminée le 30 août, après 85 jours de combats
acharnés. Durant cette période, près de 20 000 civils normands ont trouvé la mort 300 000 autres sont gravement sinistrés ou sans abri.
L'ampleur de sa défaite en Normandie permet de penser que l'effondrement de l'armée
allemande n'est plus qu'une question de semaines. Amère désillusion...
Huit mois de combats acharnés seront encore nécessaires pour venir à bout d'un
Reich hitlérien désormais affaibli, mais qui, jusqu'à la dernière heure, ne perdra rien de
sa combativité.
Et enfin, c'est Dieppe...
Quand,
au
matin
du
1er
septembre, le 14e Hussars
canadien pénètre dans la ville,
l'ennemi s'est enfui et les
Dieppois, fous de joie, font un
accueil délirant aux hommes
de la 2e division canadienne
dont ils attendent, depuis deux
ans, le retour.
Retour
70
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
De Juno Beach à Dieppe - La Longue route
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Retour
71
Les Canadiens
et la Libération de l'Europe.
1939-1945
6
La Guerre de la boue.
Septembre 1944-Mai 1945
Contenu interactif
Page Titres
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Contenu Interactif
1 - Septembre 1944
12 - Arnhem
2 - Bataille pour Anvers - La bataille de la Scheldt
13 - Ultime confrontation
3 - La poche de Breskens
14 - Reddition
4 - Beveland et Walcheren
5 - Flessingue
6 - Westkapelle
7 - Décembre 1944
8 - Février 1945
9 - Bataille pour le Rhin
10 - Offensive générale alliée
11 - Libération du Nord de la Hollande
Chapitre 6
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
La Guerre de la boue
Septembre 1944 - Mai 1945
Septembre 1944
Le 17 septembre, Britanniques et Américains tentent ce qu'ils espèrent être la percée
définitive vers le Rhin, en lançant trois
La bataille de Normandie s'est achevée par la déroute des armées allemandes du Nord
puissantes opérations aéroportées sur la
de la France qui refluent en désordre vers le Rhin. Les Alliés, lancés à leur poursuite
Hollande.
À Nimègue, les parachutistes
dans un mouvement de ruée gigantesque, foncent vers les frontières du Reich. Les
américains
s'emparent
Britanniques libèrent Bruxelles le 3 septembre. Anvers, le jour suivant. Les Américains
maintiennent sur la Meuse où ils sont rejoints
sont à Liège, tandis qu'au sud, la 7e armée américaine et la 1re armée française, qui ont
par les hommes de la 2e armée britannique.
du
pont
et
se
pris pied le 15 août en Provence, font leur jonction avec les troupes débarquées en
Normandie deux mois plus tôt.
Mais à Arnhem, au delà du Rhin, c'est l'échec. Après 8 jours de résistance héroïque, les
2500 survivants de l'opération sont contraints de se replier dans des conditions
Seuls, quelques ports du Nord de la France et de la Belgique sont encore aux mains des
dramatiques.
Allemands. Leurs garnisons ont reçu d'Hitler l'ordre de résister, coûte que coûte, afin de
gêner l'arrivée des renforts alliés dont les lignes de ravitaillement s'allongent
démesurément sur plus de 400 km, depuis les plages de Normandie. Au cours du mois
de septembre, les Canadiens s'emparent d'Ostende, du Hâvre, de Boulogne, de Calais, et
atteignent l’estuaire de l'Escaut. Le Nord de la France et la Belgique sont libérés et
l'Angleterre est ainsi délivrée des terribles attaques de V1 lancées à partir des bases
allemandes du Pas-de-Calais.
Retour
- 75 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Retour
- 76 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
1
Bataille pour Anvers.
La bataille de la Scheldt.
« Dans toutes nos entreprises et tous nos projets, nous sommes toujours entravés par la question des
approvisionnements sur le continent. Voilà pourquoi, quelles que soient les modifications apportées aux missions et aux
objectifs des deux groupes dans leur mouvement d'offensive vers l'est, la possession de l'entrée d'Anvers demeure pour
nous un objectif de première importance. Sachez bien que rien de ce que je pourrai dire ou écrire au sujet de nos plans
éventuels au cours de notre avance vers l'est, ne signifiera que notre besoin d'Anvers a diminué; au contraire, j'ai
toujours estimé ce besoin vital et il devient plus pressant encore alors qu'on se rapproche de la mauvaise saison.»
Lettre de Eisenhower à Montgomery.
Le Haut Commandement allié doit alors admettre que l'Allemagne, encore puissante et
résolue à résister jusqu'au dernier homme, ne s'effrondera pas avant l'hiver. Dès lors,
pour assurer l'acheminement des renforts et le ravitaillement nécessaires à l'offensive
alliée il devient impératif de rendre le port d'Anvers accessible aux navires de transport,
dans les plus brefs délais.
La ville, libérée depuis le 4 septembre, est située à 80 km de la Mer-du-Nord, au fond de
l'estuaire de l'Escaut, le Scheldt, dont les rives sont tenues par de fortes concentrations
d’artillerie allemandes. Anvers est le premier port dont les alliés s'emparent intact depuis
le débarquement du 6 juin - la résistance belge ayant empêché les Allemands de saboter
les installations portuaires. C'est la 1re armée canadienne, commandée a titre temporaire
par le lieutenant-général Guy Simonds, qui sera chargée de l'opération. Il a sous ses
Retour
- 77 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
ordres le 2e corps canadien ainsi que la 1re division blindée polonaise, les 49e et 52e
canadienne nettoie l'arrière pays.
Durant trois semaines de combats acharnés, la 4e
divisions britanniques et le 1er corps britannique. Rien n'ayant été fait pour débloquer le
brigade poursuit sa progression, et occupe la presqu'île avec l'appui de la 52e division
port d'Anvers durant le mois de septembre - car la majeure partie des ressources
britannique lors de la dernière phase de la bataille.
militaires alliées étaient allouées à l'opération « Market Garden » - les forces allemandes
ont été en mesure d'organiser un puissant système de défense le long de l'estuaire de
La poche de Breskens
l'Escaut.
Au sud, la 3e division canadienne a pour mission de nettoyer la poche de Breskens. Les
Il s'agira donc :
Allemands y sont retranchés derrière les rives du canal Léopold qui constitue un
1 - De dégager la zone située au nord d'Anvers et de garantir l'accès à Beveland-sud.
obstacle redoutable à la progression des troupes canadiennes. Le 6 octobre, le Canadian
2 - D'éliminer la poche de Breskens au nord du canal Léopold.
Scottish et le Regina Rifles Regiment franchissent le canal et établissent deux têtes de
3 - De se rendre maître de Beveland-sud - opération « Vitality ».
pont que les Allemands contre-attaquent furieusement. Le lendemain, le Royal Winnipeg
4 - De libérer l'île de Walcheren qui a été aménagée en une puissante forteresse par les
Rifles arrive en renfort. Au nord de la poche, le Highland Light Infantry et le North
Allemands. Faisant partie du mur de l'Atlantique, l'île de Walcheren est considérée
Nova Scotia, traversent l’anse de Braakman et constituent une troisième tête de pont.
comme la « plus solide concentration de défense nazie jamais construite. »
Trois semaines de combats farouches, seront nécessaires pour colmater la poche.
L'estuaire est bordé, au nord, par la presqu'île de Beveland-sud et l'île de Walcheren, au
sud, par la région de Breskens occupée par 64 000 allemands résolus à se défendre. Le
2 octobre, le Black Watch s'élance à
l'assaut de la presqu'île de Beveland,
attaquant en terrain découvert. Le
combat est effroyable, le régiment
perd en une seule journée nombre de
ses
hommes
et
tous
commandants de compagnie.
Royal
Hamilton
Light
ses
Le
Infantry
parvient à s'emparer de l'entrée de la
presqu'île qu'il défend avec succès
contre de puissantes contre-attaques allemandes, pendant que la 4e division blindée
Retour
- 78 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Beveland et Walcheren.
La plus grande partie de l'île de Walcheren se trouve au-dessous du niveau de la mer, les
seules zones un peu élevées se trouvent aux limites nord et ouest de l'île. Walcheren ne
peut être atteint par voie de terre qu'en empruntant une étroite chaussée longue de
quelques 1000 mètres qui rattache l'île à la péninsule de Beveland-Sud qui communique
par un isthme avec la terre ferme, au
nord d'Anvers. A l'extrémité est de
cet isthme, se trouve le village de
Woensdrecht, dont la position est
l'après-midi du 3 octobre deux cent cinquante bombardiers lourds s'attaquent à la digue
de Westkapelle, lançant près de 1300 tonnes d'explosifs. L'opération, selon le mot du
maréchal Montgomery, a été d'une « magnifique précision ». Des photographies
aériennes prises dans les heures suivantes montraient que la mer s'engoufrait par une
brèche de 75 mètres de large à l'intérieur des terres. Au cours des journées qui suivirent,
d'autres digues furent attaquées près de Flessingue et de Veere inondant une partie des
défenses ennemies. La digue de Westkapelle fut de nouveau atteinte. A la fin d'octobre,
au moment où l'invasion de Walcheren devenait imminente, l'île ressemblait à « une
soucoupe remplie d'eau ». La plupart des canons allemands se trouvaient sur des
hauteurs
d'autant plus importante qu'il domine
légèrement
toute
la
région.
Toute
mais
les
communication avec elles devenant très
difficile, de plus, une partie de leurs
sud par un large canal situé à son
orientale.
inondées,
batteries se trouvaient isolées, toute
Le
Beveland-Sud est coupé du nord au
extrémité
non
munitions est devenue inutilisable.
assaut
maritime aurait à faire face à un formidable déploiement de batteries côtières installées le
Le
long des plages de l'ouest. On voit ainsi que, même pour un assaillant ayant une parfaite
d'y provoquer des brèches. Cette demande est acceptè avec quelques réticences par
Highlanders
force
le
passage et établit une tête de pont dans
maîtrise de la situation, un assaut contre ces régions représenterait un défi considérable.
La général Simonds demande que l'aviation procède au bombardement des digues afin
Calgary
l'île, mais il est contre-attaqué si
violemment qu'il doit se replier. Le lendemain, le Régiment de Maisonneuve rétablit la
l'État-major qui s'inquiète des consèquences matérielles et morales de cette opération sur
tête de pont sous un feu implacable, mais ne peut progresser au-delà. La 152e brigade
l'opinion publique néerlandaise.
britannique vient le relever. La 2e division canadienne peut ainsi intervenir avec ses
véhicules amphiphies, tandis qu’un commando et une brigade d’infanterie britanniques
Déjà le 27 septembre, le Q.G. du maréchal Montgomery avait demandé à SHAEF de
débarquent à Flessingue et à Westkapelle .
lancer des tracts sur les îles de l'Escaut pour informer la population de l'imminence de
bombardements massifs. Ces tracts devraient insister sur le danger d'inondation et
réclamer l'évacuation immédiate des civils vivant dans les zones basses de l'île. Dans
Retour
- 79 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Décembre 44
Flessingue.
Vers 4h00, le matin du 1er novembre, les péniches de débarquement transportant le
Hitler lance une offensive désespérée sur le
Commando n° 4 quittent le port de Breskens. « Presque au même moment le barrage
Massif des Ardennes. Les troupes américaines
d'artillerie commençait et Walcheren apparut en silhouette, illuminée par les lueurs
sont prises au piège à Bastogne où elles résistent
clignotantes des canons ». À 6h20, les commandos débarquent à Flessingue où ils
héroïquement, sans soutien aérien, car la météo
rencontrent une faible résistance bientôt suivi du 4e bataillon des King's Own Scottish
exécrable interdit les sorties de l'aviation alliée.
L'offensive
Borderers et des autres unités de la 155e brigade. Il y eut d'âpres combats sur la plage de
et
allemande,
d'essence
faute
pour
de
moyens
ses
blindés,
Flessingue. La ville avec ses chantiers maritimes (dont les grues dissimulaient des
matériels
snipers) et ses nombreuses fortifications n'a été définitivement nettoyée que le 4
s'essoufle rapidement, mais elle a stoppé l'avance des troupes américaines qui ne
novembre.
pourront reprendre l'offensive qu'à la fin de l'hiver.
Février 1945
Westkapelle.
La première vague de commandos utilise de petites péniches de débarquement
Les armées soviétiques ont atteint la frontière allemande.
d'infanterie, tandis que les autres atteignent le rivage à bord des véhicules amphibies qui
Britanniques, Canadiens et Français déclenchent une vaste offensive sur l'ensemble du
ont été transportées dans des péniches de débarquement prévues pour les chars. Des
front, de la Hollande à l'Alsace.
À l'ouest, Américains,
détachements de couverture s'emparent des épaulements de la brèche (le commando N°
4 sur la gauche et le N° 48 sur la droite) et le gros des troupes franchit ensuite la brèche
dans ses véhicules amphibies. Le N° 41 occupe Westkapelle et y détruit les batteries se
trouvant dans la zone. Le 8 novembre, l'île de Walcheren est libérée.
Les rives de
l'Escault sont nettoyées et, le 28 novembre, après trois semaines de déminage et de
relèvement des épaves, le premier convoi de ravitaillement allié, dont fait partie le cargo
canadien « Fort Cataraqui », pénêtre dans le port d'Anvers.
Retour
- 80 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
2
Bataille pour le Rhin.
Retour
- 81 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
Sur le front de la Reichswald, les 2e et 3e divisions canadiennes d'infanterie vont
de faire des prisonniers.
manifester l'esprit d'agressivité que le général Simonds leur avait demandé. Règle
- Patrouilles de contact, pour assurer les communications avec les unités.
générale, chaque division avait deux brigades en ligne
- Patrouilles stationnaires, effectif un peloton au plus, occupant des postes de garde en
et une en réserve; la relève s'opérait par rotation et les
avant des défenses principales - elles sont chargées d'alerter en cas d'attaque imminente.
brigades passaient deux semaines en ligne et une à la
réserves. Les instructions, à l'échelon divisionnaire,
En plus des patrouilles, des détachements d'un peloton ou plus se livrant à des coups de
ordonnaient une activité locale agressive en vue
main contre des objectifs précis - ils étaient généralement appuyés par des tirs d'artillerie
d'établir et de dominer une vaste zone neutre. Une
et d'autres armes de soutien, mitrailleuses et mortiers.
bonne partie du terrain - sol découvert, valloné et
jonché des débris de planeurs démolis pendant la
Le 8 février l'attaque commence par un un tir de barrage d'une puissance inouie. Les
grande attaque aéroportée de septembre - se prêtait à
divisions
ces manoeuvres. Des pièges étaient fixés sur les
mettent en marche simultanément sur un
épaves des planeurs et les mines étaient très nombreuses - en particulier les mines « Schu
d'infanterie
canadiennes
se
front de 10 km.
» anti-personnel. De nombreux chemins et sentiers accidentés, quelques-uns bordés de
haies, traversent le terrain découvert et relient les hameaux et les fermes isolées.
À partir de sa base de Nimègue, l'offensive
Allemands et Canadiens étaient bien placés pour observer le terrain à l'ouest de la
canadienne va s'insérer entre la Meuse et le
Reichswald durant le jour et ils déployaient, durant la nuit, d'intenses efforts pour s'en
Rhin pour attaquer la ligne « Siegfried »,
assurer la maîtrise. Il y eut de fréquents engagements entre patrouilles allemandes et
réputée invincible. Les moyens engagés
canadiennes, en particulier dans le secteur de Groesbeek.
sont considérables: mille canons, mille
chasseurs, mille bombardiers lourds. Le
Les patrouilles se répartissaient en quatre catégories.
général Crerar a sous ses ordres près de
- Patrouilles de reconnaissance qui avaient pour mission de recueillir des renseignements
400 000 hommes… Canadiens, Anglais,
sans avoir à combattre - elles cherchaient, notamment, à capturer des prisonniers par
Écossais.
À gauche du dispositif, près du Rhin, les routes sont impratiquables,
surprise afin de les interroger.
recouvertes par 1 mètre d'eau.
- Patrouilles de combat de dix ou douze hommes, et parfois même de l'effectif d'un
peloton, leur but était de détruire les positions ennemies, de recueillir des renseignements,
La 3e division progresse sur un terrain marécageux, détrempé par les inondations. Seuls
Retour
- 82 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
l'infanterie et les véhicules légers peuvent s'aventurer dans cette mer de boue.
La ligne de défense allemande est enfoncée et les hommes de la
3e
Offensive générale alliée.
division pénétrent
dans la forêt de Reichwald. Après cinq jours de combats acharnés, la forêt est nettoyée
Le 23 mars, c'est l'offensive générale. Les troupes alliées franchissent le Rhin. Les
et la ligne « Siegfried » est enfoncée.
unités de parachutistes anglais, canadiens et américains, larguées sur les arrières de
l'ennemi neutralisent les positions allemandes et font leur jonction avec l'infanterie.
Le 1er mars, les 2e et 3e divisions canadiennes attaquent en direction de la dernière ligne
de défense allemande qui couvre les massifs
L'Allemagne qui ne dispose plus de réserves suffisantes en hommes et en matériel et
forestiers de Hochwald et de Balbergerwald.
dont les défenses naturelles sont anéanties, s'effrondre chaque jour davantage, malgrè la
Les Allemands défendent âprement ce
résistance acharnée de certaines de ses unités qui poursuivront jusqu'à la dernière heure
territoire vital pour eux, ils parviennent à
une lutte impitoyable.
stabiliser leur ligne de défense et à conserver
la maîtrise des ponts sur le Rhin. L'Essex
Scottish, malgrè de lourdes pertes, s'empare
de ses objectifs dans la forêt de Hochwald. Durant la nuit, le Régiment de la Chaudière
Libération du Nord
de la Hollande.
3
se lance à l'assaut de la forêt de Balberger, mais il est repoussé par une contre-attaque
écrasante d'artillerie et de mortiers. Il attaque à nouveau et, dans la journée suivante,
réussit à enlever la position.
Le Queen's Own Rifles et le North Shore achèvent le
nettoyage de la forêt. Le 10 mars, la bataille de la Rhénanie est terminée.
Au cours des dernières semaines de cette guerre atroce, les troupes canadiennes devront
encore libérer le nord de la Hollande,
s'emparer
La 1re armée allemande a retiré le plus gros de ses divisions, décimées, mais en bon
ordre, de l'autre côté du Rhin. L'offensive a coûté à la 1re armée canadienne la vie de 15
000 hommes dont 5000 sont canadiens.
de
la
zone
côtière
allemande jusqu'à la Weser, enfin
libérer l'ouest de la Hollande. Les
hommes du général Simonds foncent
suivant trois axes vers le nord de la
Hollande où ils se heurtent à des
poches de résistance très opiniâtres
et
délogent
les
Retour
parachutistes
- 83 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
allemands des villes où ils se sont retranchés. La 4e division blindée fonce vers les ports
soirée du 13 avril, la 4e brigade pénétre dans la banlieue sud-ouest de la ville mais des
Wilhelmshaven et de Wesermunde en Allemagne-du-Nord. À la mi-avril, les 2e et 3e
unités allemandes, secondées par des SS hollandais, résistent opiniâtrement". « Le
divisions canadiennes atteignent les rives hollandaises de la Mer-du-Nord après avoir
combat dura jusque dans la nuit, marqué de furieux corps à corps. Nos hommes durent
libéré villes et villages où elles sont accueillies par une population en liesse.
nettoyer chaque pièce d'immeubles hauts de quatre étages et, même alors, les tireurs
ennemis revenaient à la charge, nos troupes ne pouvant être partout à la fois ».
Sur le front ouest, les hommes du 1er
corps canadien, qui ont fait mouvement
depuis
l'Italie
jusqu'au
Rhin,
La défense à cet endroit avait ceci de particulier que l'ennemi avait installé des
mitrailleuses dans les sous-sols des maisons. Des soldats SS portant des vêtements
libèrent
Arnhem après de furieux combats de
maisons en maisons. Ils progressent vers
l'ouest de la Hollande encore occupé par
120 000 allemands et qui compte les villes
les
plus
importantes
du pays.
La
population est affaiblie par les privations et
par les représailles que lui impose depuis le début de la guerre le Commissaire du Reich
pour la Hollande, le nazi Seyss-Inquart.
Le Gouvernement des Pays-Bas, en exil à
Londres, insiste auprès du Haut-Commandement allié pour que la population hollandaise,
qui a atteint l'extrême limite de la souffrance, soit secourue. Une trêve est conclue.
Les bombardiers alliés parachutent des tonnes de nourriture et de produits de première
nécessité qui sont acheminés depuis les lignes allemandes pour être distribués à la
population.
civils et qui tiraient sur nos troupes sont pris sur le fait - ordre est donné qu'ils soient
Le point d'aboutissement de l'offensive canadienne est Groningue, ville hanséatique au
moyen âge, capitale provinciale et sixième ville en importance des Pays-Bas. Dans la
abattus immédiatement. Le soir du 14 avril, l'Essex Scottish parvient à trouver un pont
intact au-dessus d'un large canal dans la partie sud de la ville. La compagnie « A » le
traverse rapidement avec ses « Kangaroos » pour aller s'emparer de maisons qui le
Retour
- 84 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
dominaient. La 8* brigade est alors en mesure de passer et la 5e entrait dans
Hambourg tandis que l'Armée rouge se rapproche de Berlin.
Groningue par l'Ouest.
Le Général Eisenhower, commandant suprême, ayant réaffirmé récemment sa ferme
« En dépit de furieux combats.... des foules nombreuses de civils étaient massées dans
détermination de ne pas tenter de l'y devancer, le 6 avril, Montgomery fit un dernier
les rues, apparemment plus excitées qu'inquiétées par le crépitement rapproché des
effort pour l'amener à modifier sa stratégie, demandant dix divisions américaines pour
fusils et des mitrailleuses ».
l'aider à pousser vers Lübeck et Berlin.
Le 25 avril, les Américains font leur jonction sur l'Elbe avec les Soviétiques et les
Britanniques s'emparent de Brême.
Ultime confrontation entre Eisenhower et Montgomery.
Eisenhower répondait le 8 avril , avec une certaine acrimonie:
« Vous ne devez pas perdre de vue que, durant votre avance sur Leipzig,
Les Canadiens, après avoir libéré la Hollande, font mouvement vers le Nord de
votre rôle consiste à protéger le flanc nord de Bradley. Ce n'est pas à lui
de protéger votre flanc sud. Ma directive est assez claire sur ce point.
l'Allemagne où ils vont liquider les derniers nids de résistance.
Il devenait évident que les dernières opérations du général Simonds se limiteraient
surtout au promontoire Emden-Wilhelmshaven. Les ports eux-mêmes étaient
naturellement les principaux objectifs et le Q.G. de la 1re armée canadienne avait déjà
donné instructions au 2e corps de faire en sorte de s'en emparer intacts si possible «
dans la mesure où cela ne nuirait pas aux opérations en cours ». Lorsque les
formations canadiennes approcheraient Emden et Wilhemshaven, elles devraient
établir un contact étroit avec les commandos de la Marine royale car pour la marine,
le déminage en vue de l'ouverture des ports de Brême et de Hambourg à la navigation
était évidemment lié aux progrès des opérations canadiennes de nettoyage du littoral
nord-ouest de l'Allemagne.
Le 2e corps d'armée devait aussi s'emparer des îles de la Frise orientale et occidentale.
Les troupes britanniques ont atteint l'Elbe et sont sur le point d'entrer dans Brême et
Une semaine plus tard, le général Simpson, commandant de la 9e armée américaine, qui
avait atteint et franchi l'Elbe, demandait lui aussi à marcher sur Berlin dont il n'était plus
Retour
- 85 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
qu'à quelques 80 kilomètres. Eisenhower le lui interdit et il ordonne plutôt au général
Bradley, commandant en chef des forces américaines d'orienter ses troupes à la fois vers
le nord en direction de Lübeck et vers le sud, en direction du « Réduit alpin », ce mirage
nazi qui ne s'était pas encore dissipé.
Il faut noter à ce sujet que les délimitations des zones d'occupation de chaque armée
alliée ont été déterminées lors de la Conférence de Yalta en février - en cas de
dépassement il était prévu entre les puissances signataires que le retrait immédiat des
troupes à l’intérieur de leur zone serait impératif.
Le 20 avril, la jonction entre Russes et Américains est imminente. Les jours de
l'Allemagne sont comptés.
Le 30 avril, Hitler se suicide dans son bunker de la Chancellerie du Reich. Une semaine
de combats encore, violents, impitoyables, et toute résistance cessera.
Le 4 mai, dans le village de Wagningen, le lieutenant-général
Foulkes commandant du 1er corps canadien, impose la reddition au
général Blaskowitz commandant les forces allemandes de l'Ouest
de la Hollande tandis qu'à Zwischenahn, celles de l'Allemagne du
Nord se rendent au général Simonds, commandant du 2e Corps.
Retour
- 86 -
Le 19 août 1942 s'appelle... DIEPPE.
La Guerre de la boue. Septembre 1944-Mai 1945
De Juno Beach à Dieppe. La Longue route.
La reddition sans conditions des forces allemandes est signée le 7 mai à Reims
La confirmation de la reddition de l’Allemagne est signée dans la nuit du 8 au
9 mai à 23 h16, soit à 0h16 - heure russe, à Karlshorst dans la banlieue de
Berlin. Ce qui explique que les Russes fêtent son anniversaire le 9 mai et non
le 8 mai comme le font les Occidentaux.
L'Allemagne, désormais, n'est plus qu'un champ de ruines à
l'image de l'Europe dévastée qui pleure ses millions de disparus
victimes de la barbarie nazie. Le monde découvre avec effroi
l'horreur de la servitude et de l'avilissement auxquels des millions
d'hommes, de femmes et d’enfants ont été soumis dans les camps
par la folie meurtière d'un homme et d'un régime abjects.
Le Nazisme était enfin anéanti grâce au sacrifice de ces
« Combattants de la Liberté » que furent, parmi d'autres, et souvent
au premier rang d'entre eux, les soldats canadiens venus nombreux
d'un pays lointain et pacifique pour libérer l'Europe.
Retour
- 87 -
Bibliographie.
Gouvernement du Canada - Anciens Combattants, La bataille de l'Atlantique, Ottawa.
Atkin, Ronald. Dieppe 1942: The Jubilee Disaster. London: Book Club Associates, 1980.
Gouvernement du Canada - Anciens Combattants, La bataille du golfe du Saint-Laurent.
Campbell, J.P. Dieppe Revisited: A Documentary Investigation. London: Cass, 1993.
John A. English, The Canadian Army and the Normandy Campaign
Denis and Shelagh. Dieppe: Tragedy to Triumph. Whitby, Ontario
Mark Zuehlke, The Gothic Line: Canada's Month of Hell in World War II Italy, Douglas &
McIntyre, 2006 (ISBN 978-1-5536-5023-2)
Dumais, Lucien A. Un Canadien français à Dieppe. Paris: Éditions France-Empire, 1968.
Fowler, Will. Allies at Dieppe. Botley, Oxford, UK: Osprey Publishing, 2012.
Mark Zuehlke, The Liri Valley: Canada's World War II Breakthrough to Rome, Douglas &
McIntyre, 2003 (ISBN 978-1-5536-5013-3)
Henry, Hugh G. Dieppe Through the Lens of the German War photographer.
London: After the Battle, 1993.
Mark Zuehlke, Operation Husky: The Canadian Invasion of Sicily, July 10-August 7, 1943
(2007)
Maguire, Eric. "Evaluation." Dieppe, August 19. London: J. Cape, 1963.
Dan Dancocks, The D-Day Dodgers: The Canadians in Italy, 1943-1945 (1992).
O'Keefe, David. "One Day In August : The Untold Story Behind Canada's Tragedy At
Dieppe", Alfred A Knopf Canada, 2013.
Lo storico Bill McAndrew, del Dipartimento di storia presso il National Defence
Headquarters di Ottawa, ha pubblicato una ricerca nel 1990 dal titolo Battle Exhaustion:
Soldiers and Psychiatrists in the Canadian Army in the Second World War, incui esamina le
cartelle cliniche dei reduci di Ortona sottoposti a terapiapsichiatrica per “shock nervoso e
collasso dovuti allo stress da campo di battaglia”.
Poolton, Jack with Jayne Poolton-Turney. Destined to Survive: A Dieppe Veteran's Story.
Toronto: Dundurn Press 1998.
Richard Béatrice - 70 ans après, le raid de Dieppe revisité.
Fabio Toncelli. Sd Cinematografica, ed. "ORTONA 1943: UN NATALE DI SANGUE, Page
10." (PDF). Retrieved 2015-08-31.
Robertson, Terence. Dieppe: The Shame and the Glory.
Stacey, Colonel C.P. "The Lessons of Dieppe." Report No. 128: The Lessons of Dieppe and
their Influence on the Operation Overlord.
Some Reflections on the Italian Campaign – Terry Copp (Keynote, 2010 Military History
Colloquium)
Villa, Brian Lorring. Unauthorized Action: Mountbatten and the Dieppe Raid. Oxford,
UK:Whitaker,
Crédits photographiques
C.P. Stacey (trad. Bureau de traduction de l'Armée), L'Armée canadienne, 1939 - 1945, Résumé
historique officiel, Ottawa, Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 1949 (lire en ligne)
Library and Archives Canada
Canada at War
BundesArchiv
Süddeutsche Zeitung
C.P. Stacey, Official history of the Canadian Army in the Second World War, Vol III The
Victory Campaign, The Operations in Northwest Europe 1944-1945, Ottawa, Queen's Printer,
1960
Graphisme
G.W.L. Nicholson, Official history of the Canadian Army in the Second World War, Vol II The
Canadians in Italy, 1943-1945, Ottawa, Queen's Printer, 1956
Jacques Teyssier
Téléchargement